Crise au Burundi: l'armée impliquée et ses Casques bleus impactés?

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Le Burundi connaît depuis un mois un mouvement de contestation populaire contre le président Nkurunziza. Au pouvoir depuis 2005, il est candidat à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin (les législatives sont prévues le 5 juin), ce que les accords d'Arusha interdisaient en 2000.

Les manifestations, quasi quotidiennes à Bujumbura, sont émaillées de heurts avec la police qui fait largement usage de ses armes à feu (photo Reuters), avec près d'une trentaine de morts en quatre semaines. Plusieurs responsables de la contestation sont passés dans la clandestinité. L'armée dont des officiers ont tenté un putsch le 13 mai, reste loyale au Président et épaule la police pour réprimer les mouvements de protestation mais les tensions, en sont sein, sont perceptibles.

Vendredi, le Département d'Etat US (DoS) a annoncé la suspension de son programme de formation des casques bleus burundais.

Lors du Press briefing du 22 mais (à lire ici), la porte-parole du DoS a répondu à la question suivante:
"Burundi. Has there been a change in the U.S. funding for Burundi? In particular, is the U.S. looking at cuts in funding that may impact its involvement in AMISOM?"

Voici la réponse de Marie Harf:
"It’s my understanding there hasn’t been a cut to funding. We continue to support Burundian troops currently in Mogadishu under AMISOM, but due to security concerns inside Burundi, the U.S. has temporarily halted peacekeeping training activities such as the Africa Contingency Operations Training and Assistance program. Continued instability and violence in Burundi, and in particular the commission of human rights violations and abuses by security forces, could jeopardize Burundi’s ability to continue to contribute to the AMISOM peacekeeping mission. We also, though, I would say, understand that members of the military have largely acted professionally and neutrally during the recent protest. We’re aware of at least two press reports of soldiers being shot and killed while acting to protect civilians during skirmishes with the police, and we, for that, express our deepest condolences to the family and friends of those soldiers."

En clair, il y a une pause dans les activités en cours (programme ACOTA), pause motivée par des questions sécuritaires.

Burundi-troops.jpgQuelques précisions:
- la pause ne constitue aucunement (pour l'instant) une mesure coercitive pour faire pression sur le pouvoir en place.
- les instructeurs US ont en réalité quitté le pays depuis un mois. Ce qui retarde la constitution du 3e bataillon destiné à l'AMISOM. Ils étaient déployés sur le site de Mudubugu. Des On notera que les autorités américaines n'ont pas demandé aux civils de quitter le pays (ce que Paris n'a pas fait non plus, se contentant d'envoyer des renforts d'une quinzaine de gendarmes à l'ambassade).
- Dans la réponse de Marie Harf, il n'est fait allusion qu'à la seule OMP en Somalie (dans le cadre de l'UA). Or, le Burundi est aussi engagé en RCA au sein de la Minusca. Au total, avec 1 281 Burundais engagés dans des OMP onusiennes, le Burundi est le 25e contributeur du DPKO.
- Cette pause aura-t-elle un effet sur le contrat d'OMP Solutions (Ineo et Marck) avec le Burundi (lire ici)? Pour l'heure, selon des responsables, la crise politique a "peu d'incidences" puisque les équipements fournis par OMP Solutions ont été livrés au Cameroun (pays où une délégation burundaise se rendra la semaine prochaine) avant leur transfert vers la RCA où ils seront remis aux trois unités burundaises sous casque bleu au sein de la MINUSCA.

 

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Publication : lundi 25 mai 2015