Les ratés de l'assistance militaire US au Mali

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Ok, c'est en anglais, mais c'est instructif et excellent: pour aller vite, on peut lire un article critique sur ce mémoire ici sur le blog Bridges of Bamako, ou, si l'on veut mieux comprendre, on peut lire l'intégralité de ce Master ici.

Voici, en français, un résumé d'une étude réalisée par un officier des forces spéciales US détaché au Mali.

Le Major Simon J. Powelson dans le cadre de son Master à la Naval Postgraduate School de Monterey (Californie) a rédigé un mémoire intitulé : "Engagement durable : oui ; engagement épisodique : non. Leçons du Mali pour les forces spéciales".

Le titre est éloquent (quoique la leçon ne s’applique pas aux seules forces spéciales mais aux DoD et DoS) et il résume bien la thèse de l’auteur : la formation épisodique ne vaut pas un engagement durable (enduring).

"C’est une évidence", diront certains qui n’auront pas tort de rappeler
1) la faillite des nombreux programmes militaires US: Pan Sahel Initiative (PSI), Trans-Sahara Counterterrorism Partnership (TSCTP), African Crisis Response Initiative (ACRI), African Contingency Operations and Training Assistance (ACOTA), International Military Education and Training (IMET), Counterterrorism Fellowship Program (CTFP), Global Peace Operations Initiative (GPOI), Joint Combined Exchange Training (JCET), Exercise Flintlock,
2) le désastre de 2012 avec des forces gouvernementales qui se débandent devant les djihadistes en pick-up et une junte qui s’empare de Bamako et du pouvoir.

Mais la thèse de l’auteur doit être replacée dans la logique US d’assistance aux armées africaines. Une logique qui semble toujours d’actualité. Clairement, le Pentagone privilégie toujours l’engagement à répétition mais limité et épisodique (il suffit de voir ici les formations express de l’Africom) et il ne généralise pas l’effort sur la durée.

La démonstration du major Powelson, même si elle aurait dû être plus implacable, est convaincante et illustrée par l’expérience personnelle de l’auteur qui décortique les programmes successifs (en trois phases : 1961–2001, 2001–2009, 2009–2012) de l’assistance militaire US aux forces maliennes. Des forces dont on connaît les piètres performances des années 2010-2013.

Certes, Powelson insiste sur les déficiences de l’armée malienne : le manque d’équipement, la vétusté du matériel, la culture de l’apathie ; mais il n’hésite pas aussi à dénoncer le manque de lucidité des Américains (dans la fournitures des équipements et leur gestion par exemple) ou dans l'ampleur de la formation (l'auteur vante l'approche d'EUTM Mali de travailler au niveau bataillon).

C'est donc à lire. Même pour ceux qui sont déjà convaincus que la formation des armées africaines ne doit rien à l'improvisation et à la simple transposition des recettes occidentales.

 

 

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Publication : mercredi 23 avril 2014