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olivier lsb

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Tout ce qui a été posté par olivier lsb

  1. Le meilleur spécialiste français de la culture stratégique russe vient de publier une étude éditée par l'IFRI, sur la politique du Président vis à vis de la Russie, depuis 2017. C'est un peu long, mais ça se lit d'une traite. C'est pédagogique, lumineux et ça fait écho à chaque paragraphe à des discussions que nous avons pu avoir ici. La France tient vis-à-vis de la Russie une position ambivalente depuis des décennies, une position en partie fondée sur des mythes, des projections et des ambitions peu réalistes. Les deux pays se sont historiquement et principalement perçus comme des appuis, voire des alliés potentiels, dans des rivalités respectives sur le continent européen et ailleurs dans le monde. Au cœur de ces rivalités depuis le second 20è siècle : les USA. Toutefois, la relation franco-russe a progressivement connu une forme de « banalisation » sous les présidences de Nicolas Sarkozy et, surtout, de François Hollande. Trois écueils majeurs ont conditionné les faibles perspectives de la relation franco-russe, sans, pour autant, jamais entraver le dialogue : - premièrement, la question des valeurs et des principes ; - deuxièmement, le rapport différent aux États-Unis ; - troisièmement, les divergences de vues et d’approches entre la France et l’Allemagne sur la nature du rapprochement à opérer entre l’Europe et la Russie. Si Emmanuel Macron a cherché à poursuivre la politique de « dialogue et de fermeté » de son prédécesseur, il a aussi prôné, comme Barack Obama en 2009, une politique de reset avec la Russie. Les efforts d’Emmanuel Macron ont été largement vains, symboliques et unilatéraux. Cette politique de rapprochement, et même d’inclusion, fut finalement très contreproductive pour son projet européen, qui se trouve pourtant au cœur de ses ambitions. Emmanuel Macron a commis trois erreurs majeures dans sa relation avec la Russie, erreurs dont il ne se départira que très progressivement, y compris après le 24 février 2022. Premièrement, il a considéré Vladimir Poutine comme un homme pragmatique et raisonnable, capable de compromis et avec qui l’établissement d’une relation de confiance, d’« homme à homme », permettrait des avancées. Deuxièmement, il a sous-estimé la nature, le cynisme et la radicalité des intentions russes, qui ne sont pas tant de se faire accepter et reconnaître par l’Occident, ou encore d’équilibrer le rapport de force en Europe, que d’assouvir des ambitions impérialistes et hégémoniques. Troisièmement, Emmanuel Macron a lié son projet de « refondation » de l’Europe et de souveraineté européenne, à la création d’une nouvelle architecture de sécurité entre l’Europe et la RU, auquel les membres centraux et orientaux de l’UE ne croyaient pas et ne s’associaient pas. [...] Le président français, n’ayant rien de substantiel à offrir à la Russie, a surestimé ses propres capacités à dialoguer avec le Kremlin – révélant ainsi les limites de l’idée d’une France « puissance d’équilibre(s) » et « médiatrice ». Ainsi, bien qu’Emmanuel Macron se soit montré ouvert à la construction d’une nouvelle architecture de sécurité qui permettrait d’inclure la Russie et de réaliser les ambitions françaises et européennes de Paris, il a, dans le même temps, maintenu une politique de sanctions, est resté intransigeant sur les valeurs et les principes qui devaient sous-tendre ce nouvel « ordre européen » et, surtout, ne voulait pas (et ne pouvait pas) renoncer aux partenariats de sécurité avec les États-Unis. Des conditions évidemment inacceptables pour Moscou. L’approche de Macron s’est avérée stérile et délétère dans le cas russe, à la fois en démontrant la désunion de l’UE et en donnant de faux espoirs au Kremlin. Poutine a sûrement de son côté surestimé la volonté et la capacité de la France à modifier le statu quo. Cependant, dès 2022-2023 (de l’ONU en sept. à Bratislava en mai), la politique russe d’Emmanuel Macron a connu une profonde mutation. Le changement d’approche très progressif du président français est le fruit d’une triple prise de conscience. Premièrement, celle de la radicalité de la politique russe et de la nécessaire adoption d’une posture plus dure pour peser dans le rapport de force. Deuxièmement, celle de s’être bercé d’illusions dans sa relation avec Poutine. « En même temps », il serait injuste de faire à Macron un procès en naïveté et en faiblesse : il a montré, depuis 2017, qu’il était conscient de la nature du régime russe et de ses actions hostiles. Il n’en reste pas moins qu’il a cru, à tort, qu’une relation de confiance permettrait d’infléchir certaines positions du président russe, de l’empêcher de déclencher la guerre contre l’Ukraine et le pousser à la paix. Troisièmement(et surtout), la prise de conscience que sa politique russe compromettait son projet européen et la crédibilité de la France en Europe.
  2. "The Kremlin has repeatedly said that any seizure of its assets would go against all the principles of free markets" C'est quand même assez savoureux quand ta plus grande menace de rétorsion consiste à dire que l'adversaire ne respecte pas sa parole et que ça va briser la confiance. Signé: le Kremlin
  3. Ils ont démontré un certain savoir-faire en la matière, je ne me risquerais certainement pas à dire qu'on ferait mieux, sans parler du coût politique face aux pertes à consentir.
  4. Je ne serais pas si dur sur la question des J.O. On a pris un engagement international vis à vis d'à peu près tout le monde, assurer la sécurité fait partie de cet engagement. Est-ce qu'on aurait pu être plus audacieux, en demandant le prêt d'un système à un pays qui n'était pas disposé à le donner à l'Ukraine, pour permettre à notre tour de donner un système ? Peut être, mais ça ne fait pas disparaître les impératifs de sécurité autour des J.O, qu'on accueillera dans un des pires moment géopolitique de la décennie. Mais ça, on ne pouvait pas le prédire et on ne refera pas l'Histoire.
  5. Je pense qu'ils ont bien conscience des difficultés des uns et des autres, et ils sont dans leur rôle de réclamer: je peux difficilement leur en vouloir de chercher à défendre leurs pays par """"tous"""" les moyens (aka, demander poliment aux principaux concernés une aide militaire matérielle). Il y a beaucoup d'argents mis sur la table, sans compter les budgets que nous pourrions rediriger. T'imagines que dans la suite de la crise du Covid, pas un seul des plans de relance qui sont tout juste en cours distribution, ne prévoie de soutien à l'industrie de l'armement parce-que-l'Europe-paie-et-que-les-armes-c'est-sale. https://www.economie.gouv.fr/france-2030 Résultat, le gouvernement fanfaronne France 2030 pour 54 milliards d'euros (350 millions d'euros juste pour le cinéma), sans piper un seul mot ni un seul écu pour l'industrie de défense... Alors qu'en 2030, on inaugurera à peine la nouvelle ère stratégique qui est en train de s'ouvrir, et dont on négocie en ce moment même les termes avec la Russie: comprendre qu'on aura 30 ans d'une tranquillité future qui reste à déterminer, au poids des dégâts et des pertes qu'on leur aura causé. Alors certes, notre production de films d'exceptions culturelles peut traumatiser à vie des générations, mais je pense qu'il en faudra quand même un peu plus pour négocier avec les russes. Et je ne te parle pas de l'Italie: c'est 200 milliards que l'UE (donc nous) débloque pour les infrastructures du pays... https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/04/19/le-grand-plan-de-relance-qui-pourrait-changer-l-italie_6228751_3234.html#:~:text=Avec près de 200 milliards,la pandémie de Covid-19. Je passerais également outre les millions de l'aide française au développement et les pays de destination, et ce que ça nous a amené en retour: je risquerais de vraiment me fâcher. Alors si j'étais Ukrainien et que je voyais tous ces milliards défiler et issue d'un temps de paix révolu (mais eux, enfin nous, ne le savent pas encore), oui je tenterais ma chance pour quelques systèmes supplémentaires et ses missiles, qui ne pèsent pas bien lourd au regard de ce qu'on vient d'évoquer et qui assurent beaucoup plus notre sécurité collective qu'on ne le réalise encore. On s'en mordra les doigts le jour où il n'y aura plus les poitrines Ukrainiennes pour faire barrage aux russes.
  6. Pourquoi le Crotale NG est maintenable que jusqu'en 2026 ? C'est une obsolescence inévitable ou bien il serait tout à fait possible, en admettant un peu moins de performances que le standard du moment, de conserver les systèmes ?
  7. Steve Rosenberg, le correspondant de la BBC en Russie, nous donne les réactions russes suite à l'adoption du plan d'aide du congrès. Un savant mélange de réactions contrastées, ayant pour but de susciter du fatalisme.
  8. Oui, outre le nombre de systèmes restreints (j'ai un mal fou à comprendre les correspondances entre "système", batterie, modules de lancement terrestre), les JO (j'ai lu que ça occuperait deux systèmes) + le déploiement d'une batterie en Roumanie, ça réduit pas mal les marges de manœuvre. Après, tout se planifie, surtout si des commandes de remplacement sont envisageables, mais çà, c'est une question politique. Je comprends à ce stade qu'elle n'est pas sur la table.
  9. Production industrielle: la production de Mistral a été multiplié par 4, des difficultés avec l'Italie pour se mettre d'accord sur un nouveau don d'une batterie SAMP-T. D'ailleurs, si je ne m'abuse, ce n'est une batterie que nous avons donné mais une demi, avec la contribution Italienne.
  10. Effectivement, une illustration très concrète. Les pilotes sont pro, mais quand la famille est menacée, si ça permet aux Russes d'introduire 1% de doute au moment où il faudra tirer, par peur des représailles, alors le préjudice est immense.
  11. Après les obus à devoir acheter de toute urgence à l'étranger, l'histoire semble vouloir se répéter sur la DSA. Les pays de l'UE (et nous au premier plan) paient l'étroitesse de leurs budgets des années passées et l'absence de volonté sérieuse d'européaniser ses achats. https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/22/guerre-en-ukraine-les-europeens-demunis-pour-renforcer-la-defense-antiaerienne-de-kiev_6229091_3210.html
  12. On verra en novembre ce qui se passe: la Russie malheureusement semble disposer d'une marge humaine et sociétale pour encaisser les pertes que causeront les 61 milliards d'aide US à l'Ukraine + les 8 milliards d'actifs russes gelés (s'ils vont jusqu'au bout). Ainsi que de la volonté politique pour continuer dans cette voie. En sera-t-il de même si la perspective d'un maintien de l'aide se dessine pour 4 années supplémentaires ?
  13. Vieux comme la guerre froide (Vietnam, Kippour), certains diront même, vieux comme la guerre Russo-Japonaise de 1904, la bonne vieille ficelle #escalade #cobelligerance de l'envoi de conseillers et observateurs militaires. Ambiguïté stratégique les US ?
  14. Je veux bien admettre que je ne suis pas spécialement pro russe, mais au moins, je le documente. Quand bien même on admettrait que Bellingcat = la Perfide = travail de renseignement déshonorable (ton article... pour l'exercice je veux bien le lire mais enfin, ça ne pèsera pas bien lourd face aux interviews de feu Prigojine ou aux déclarations de nos services sur la menace russe), rappelons que ni Bellingcat, ni le SIS n'ont menacé si ouvertement nos intérêts, le secret défense, la préservation de l'identité de nos militaires et personnel des FdO, bref la liste est longue. Et que sur le sujet Russie-Ukraine, on parle des menaces Russes, documentées, faute de pouvoir évoquer les menaces Ukrainiennes à notre encontre.... Faute de menace. Je donne un point spécial aux anglo-saxons: ils savent très bien cacher leurs traces, ça rend le débat très difficile autour de leurs supposées actions à notre encontre. Une voie dans laquelle tu ne voudrais pas t'engager sur le forum: si l'on parle en tenant pour acquis ce qui n'est pas étayé venant de l'Oncle et de la Perfide, ça va être open bar par le même procédé sur ce qu'on attribuera aux Russes et qui ne sera ni écrit dans un article de presse, ni un compte rendu parlementaire ou une interview d'un responsable de nos services.
  15. Qu'un adversaire cherche à vous réduire, à vous vaincre par n'importe quel moyen, n'a effectivement rien de surprenant ni de spécifique. Et donc ? On ferme les yeux, on ouvre les vannes ?
  16. Il n'y a rien qui va dans tes sous-entendus: Bellingcat, l'outil d'investigation indispensable à la CIA qui ne saurait faire autrement ? Soyons sérieux, je ne sais pas comment comprendre ton commentaire, à part une déclinaison de whataboutism les américains. Oui il n'y a pas toujours besoin de divisions pour être une menace, je maintiens. Encore faut-il incarner le gouvernement des intérêts d'un Etat, pour concevoir l'existence d'une menace: c'est ici que s'arrête la comparaison entre le journalisme de Bellingcat et le Telegram officiel de Wagner/GRU.
  17. Episode 357 magnum de "La Russie ne menace la France et ses intérêts car les chars ne sont pas sur les champs": un compte telegram anciennement affilié à Wagner (donc au GRU maintenant) appelle à lui transmettre contre rémunération, toutes bases de données sur les militaires français, renseignement et FdO. C'est drôle et en même temps universel, que les russes n'arrivent pas à se départir de leurs biais culturels. Demander à acheter des informations issus de bases de données, c'est très courant en Russie ou le darknet y est réputé pour contenir beaucoup d'informations personnelles en tout genre, qui s'achètent contre rémunération. Marrant de les voir répliquer la même approche (fainéante) que ce qu'ils auraient fait à domicile. Un article sur le sujet: https://www.bbc.com/news/world-europe-48348307
  18. On y arrive ! Le FPV assisté par un algo de ciblage autonome (non, je ne parlerais pas d'IA)
  19. Un éloge témoignage russe sur le CAESAR, vu de l'autre coté.
  20. Par une coïncidence étrange (ou pas), nous apprenons que l'AfD est mis en difficulté par des affaires de financement par des fonds russes. La République Tchèque est au centre de ces révélations, avec un enregistrement du N°2 de la liste de l'AfD aux Européennes, en train de compter une liasse de billets remise par une personne travaillant pour Voice of Europe, un media pro-Kremlin installé en Rep Tchèque et financé par Medvetchouk. https://www.rfi.fr/fr/europe/20240420-allemagne-nouveaux-éléments-dans-l-affaire-de-potentiels-financements-russes-à-l-afd?utm_slink=rfi.my%2FAX6u
  21. Les US l'ont fait, aussi simplement qu'on pouvait se douter qu'ils le feraient: une loi au parlement et les voilà autorisés à saisir tous les actifs Russes, inclus ceux de l'état (et non plus seulement ceux des personnes physiques). A suivre par chez nous.
  22. Quand c'est au milieu de la Russie, c'est proche d'une installation civile pétrolière, pas un actif militaire. Et le drone ne reste pas sur zone très longtemps. Ici le scenario Ukrainien est légèrement différent: aérodrome militaire, nécessité d'avoir un minimum de persistance sur zone, actifs stratégiques à protéger etc...
  23. Oui ce qui est très surprenant et gênant, c'est qu'un drone Russe puisse se promener tranquillement aussi loin de la frontière: celui ci doit avoir une certaine masse pour l'autonomie, émet assez fortement pour transmettre le flux vidéo. Et il a permis le guidage de la munition, donc c'est un échec complet coté Ukr. J'ai pas mal lu sur l'amélioration russe de l'accès à l'imagerie satellite, via des achats d'images sous couverture et à l'apport possiblement des Chinois. Mais dans le cas précis, il s'agit d'un "banal" drone en vadrouille, sans perturbation.
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