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Messages posté(e)s par Wallaby

  1. https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2024/03/oregon-drug-decriminalization-failed/677678/ (17 mars 2024)

    L'expérience américaine la plus radicale en matière de dépénalisation des drogues a pris fin, après plus de trois ans de résultats douloureux. La gouverneure de l'Oregon, Tina Kotek, s'est engagée à signer une loi abrogeant les principaux éléments de l'initiative électorale connue sous le nom de mesure 110 : la possession de drogues dures est à nouveau un crime dans l'Oregon, et les tribunaux recommenceront à imposer un traitement aux contrevenants.

    Les habitants de l'Oregon avaient soutenu la mesure 110 avec 59 % des voix en 2020, mais trois ans plus tard, les sondages ont montré que 64 % d'entre eux souhaitaient son abrogation, en tout ou en partie.

    Bien que notre politique polarisée tende à présenter les choix politiques comme des interrupteurs tout ou rien, en vérité, ils ressemblent davantage à un cadran avec de nombreux réglages intermédiaires. Ce cadran peut être tourné de manière productive dans de nombreuses régions du pays. De nombreux États sont beaucoup plus punitifs à l'égard des consommateurs de drogue que ne l'était l'Oregon avant l'adoption de la mesure 110. Ils accordent trop d'importance à l'incarcération des personnes qui consomment des drogues, ils ne fournissent pas de traitement et d'assurance maladie adéquats et financés par l'État, et ils n'utilisent pas la justice pénale de manière productive pour décourager la consommation de drogues (par exemple, en utilisant les arrestations et les mises à l'épreuve comme moyen de pression pour amener les personnes à participer à des tribunaux spécialisés dans la lutte contre la toxicomanie [1] et à suivre un traitement). Si ces États pouvaient être persuadés de réduire leur approche de la justice pénale pour se rapprocher de ce que l'Oregon avait avant la mesure 110, à l'exception d'une prévention et d'un traitement adéquatement financés et fondés sur des preuves, des gains substantiels en matière de santé et de sécurité publiques s'ensuivraient probablement. L'avenir d'une réforme réussie de la politique en matière de drogues ne réside pas dans un plus grand laxisme dans des États qui sont déjà très progressistes dans leur approche de la consommation de drogues ; il s'agit d'utiliser conjointement la justice pénale et la santé publique de manière équilibrée et pragmatique, comme l'Oregon est maintenant prêt à le faire.

    [1] https://allrise.org/about/treatment-courts/

    Les tribunaux spécialisés dans les affaires de drogue pour adultes sont une alternative à l'incarcération qui combine des approches de santé publique et de sécurité publique pour mettre les personnes impliquées dans le système judiciaire en contact avec des traitements individualisés et fondés sur des preuves et des services d'aide au rétablissement. Les tribunaux spécialisés dans les affaires de drogue pour adultes constituent l'intervention la plus étudiée et la plus éprouvée de l'histoire de notre pays pour sortir les personnes souffrant de troubles liés à l'utilisation de substances psychoactives du système judiciaire et leur permettre de vivre en bonne santé et de se rétablir.

  2. Il y a 1 heure, Alexis a dit :

    Comment interpréter ces dernières phrases ?

    - Bruit blanc de type propagandesque, sans importance réelle, du type "Ce serait bien si vous n'étiez pas va-t-en-guerre cher Emmanuel" ?

    - Discret signal "Je vous ai compris, si vous êtes raisonnable peut-être trouverons-nous une solution" ?

    La deuxième possibilité est d'un optimisme invétéré. Trop beau pour être vrai. Je ne peux pas l'exclure cependant

    Étant donné que nous avons pour président le champion du monde du "en même temps", il mêle toujours à ses discours va-t-en-guerre des messages pas si subliminaux que ça sur la paix :

    https://www.lefigaro.fr/international/il-faut-avoir-le-nerf-de-la-paix-quand-emmanuel-macron-cite-winston-churchill-lors-de-son-interview-sur-l-ukraine-20240314

    Lors de son entretien aux «20 heures» de TF1 et France 2, Emmanuel Macron a tenté de préciser sa ligne de soutien à l’Ukraine, une semaine après avoir évoqué un possible envoi de militaires occidentaux sur le front ukrainien. « Jamais nous ne mènerons d'offensive, jamais nous ne prendrons l'initiative », a-t-il clarifié, assurant que « la France est une force de paix ».

    Moi ce qui m'inquiète le plus c'est ce qu'a dit Medvedev :

    https://www.tf1info.fr/international/direct-guerre-ukraine-russie-combat-autour-d-adviivka-zelensky-poutine-macron-elysee-biden-situation-et-dernieres-infos-aujourd-hui-jeudi-7-mars-2024-2288548.html

    "La Russie n'a plus de ligne rouge pour la France", écrit sur X l'ancien président russe, après les déclarations d'Emmanuel Macron ne fixant "aucune limite" dans le soutien de la France à l'Ukraine.

    Emmanuel Macron a créé un monde où il n'y a plus aucune ligne rouge entre la France et la Russie. Or il faut savoir la doctrine Poutine, depuis l'époque où il était un petit voyou de Leningrad :

    https://www.businessinsider.com/putin-the-streets-of-leningrad-taught-me-one-thing-2015-10?r=US&IR=T (22 octobre 2015)

    S'exprimant sur la Syrie et la lutte contre le terrorisme, M. Poutine a fait part d'un enseignement tiré de son passé.

    "Il y a cinquante ans, les rues de Leningrad m'ont appris une chose : si un combat est inévitable, il faut frapper le premier", a déclaré M. Poutine

    Donc contrairement à Macron qui "jamais ne prendrons d'initiative", il faut être prêt à une "initiative" russe, sans ligne rouge, contre la France.

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  3. https://journals.openedition.org/etudesafricaines/25853 (2019)

    Jean-Pierre Olivier de Sardan, Les conflits de proximité et la crise de la démocratie au Niger : de la famille à la classe politique

    Le microcosme politique nigérien est confronté à des rivalités internes semblables [aux querelles de famille] où les camarades d’aujourd’hui deviennent demain des ennemis. Autre similarité, les conflits de proximité familiaux comme les conflits de proximité politiques sont avivés par les spécialistes de l’occulte qui rendent toujours les proches responsables des problèmes.

    En effet, la vie politique du Niger est dominée, depuis la Conférence nationale en 1991, qui a introduit le multipartisme après trente années de parti unique puis de dictature militaire, par deux phénomènes proches : (a) d’une part le « nomadisme politique » (les militants et les cadres circulent sans cesse d’un parti à l’autre, au rythme soutenu des factions et des scissions) ; (b) d’autre part la « valse des alliances » (tous les partis se sont mutuellement alliés puis combattus, puis alliés, puis combattus, au fil des années). Ce sont les leaders politiques qui ont émergé lors de la Conférence nationale qui dirigent encore aujourd’hui tous les principaux partis, tous ayant alterné au pouvoir comme dans l’opposition dans toutes les configurations possibles.

    Une même classe politique se succède à elle-même sans cesse depuis 25 ans, entre compromis et bras de fer, réconciliations et divorces, fraternisation et haine. Ils dénoncent tous, quand ils sont (à tour de rôle) dans l’opposition, les comportements qu’ils adoptent tous quand ils sont (à tour de rôle) au pouvoir (politisation de l’administration, interventionnisme permanent de type clientéliste dans le fonctionnement des services publics, enrichissement accéléré des dignitaires du régime et de leurs protégés, manipulation des élections, persécution de l’opposition…).

    Cette classe politique se compose en fait de quelques milliers de personnes, qui se connaissent tous personnellement. Une partie importante (et la plus visible) de cette classe politique est composée d’élites instruites, qui ont souvent fréquenté les mêmes écoles et qui appartiennent dans leur majorité aux « grandes familles » du Niger.

    Cette classe politique restreinte a toutes les caractéristiques d’une bourgeoisie politico-économique d’interconnaissance, unie par un même mode de vie, la fréquentation des mêmes lieux, et de multiples alliances matrimoniales : accumulation grâce à la corruption et à l’affairisme, investissements dans l’immobilier et l’élevage, dépenses somptuaires et redistributions clientélistes, multiplication des privilèges de fonction, absence de base idéologique pour les clivages partisans, placement des enfants dans les mêmes écoles privées élitistes et des universités du Nord, soins et évacuations sanitaires à l’étranger, intermariages quasi systématiques, fréquentation mutuelle et sociabilité partagée au fil des baptêmes et noces qui rythment la vie sociale de la capitale, etc. Néanmoins, au sein de cet entrelac de relations mutuelles et croisées, les batailles sont féroces entre les ennemis d’aujourd’hui, qui sont les alliés d’hier, et peut-être ceux de demain. Tous les coups, ou presque, sont permis, l’emprisonnement d’un ancien camarade étant la forme la plus exacerbée des règlements de comptes.

    Cette classe politique est indissociable de la démocratie dont elle tient tous les leviers.

    La démocratie avait suscité à ses débuts beaucoup d’espoir. Mais désormais c’est, de loin, la déception qui domine, dans tous les secteurs de la société, face aux jeux politiciens incessants, aux alliances se modifiant à 180 degrés du jour au lendemain, aux rivalités personnelles exacerbées et aux épreuves de force incessantes, aux luttes de cliques et de clans, le tout sur un fond de faible délivrance des services publics, d’enrichissement spectaculaire des élites, de chômage massif des jeunes, et de corruption généralisée. On assiste donc à un rejet de plus en plus répandu de la « politik » (ce terme est désormais passé en langue songhay-zarma, avec un contenu très péjoratif), sous-entendu la politique des partis, la politique des politiciens, la politique de la démocratie.

    La démocratie est vécue désormais comme un échec. La nostalgie croissante envers le régime militaire de Seyni Kountché (idéalisé a posteriori et crédité de rigueur morale et civique et de sens du service public en opposition aux mœurs politiques actuels) en est un des signes.

    Depuis les débuts de la colonisation (création de la chefferie administrative), les chefs de canton (ou les chefs de groupements en zone dite nomade) sont choisis (par le pouvoir) ou élus (par les chefs de village) au sein de la famille « régnante », autrement dit parmi les « ayant-droits » ayant fait acte de candidature. Ces « ayant-droits » sont les descendants (en filiation patrilinéaire) des premiers chefs de canton. Autrement dit, les candidats rivaux sont tous « frères » (ou cousins parallèles) entre eux (Tidjani Alou 2009).

    Le demi-frère ou le cousin battu deviendra souvent un opposant à vie de son parent devenu chef de canton (Olivier de Sardan 2009).

    On voit que la polygamie est au cœur de ces différents processus. Les baab-izey sont des enfants de co-épouses, qui reproduisent les rivalités de leurs mères. La polygamie alimente un conglomérat de jalousies et de conflits qui prennent place dans l’espace domestique (compétition entre co-épouses et entre leurs enfants respectifs), et parfois au sein de l’espace politique de la chefferie (dans la mesure où celui-ci est co-extensif à l’espace domestique de la famille au pouvoir).

    Ces représentations et ces pratiques sont en contradiction évidente avec nombre de stéréotypes sur « la famille africaine », qui serait avant tout un lieu d’entraide et de solidarités.

    Bien évidemment, une femme ne va pas brimer les enfants de ses co-épouses ou leur parler mal devant le père ou un visiteur. En situation publique, la norme sociale règne, elle est ostentatoirement respectée. C’est dans l’intimité, loin des regards, que la norme pratique sera mise en œuvre et produira des discriminations subtiles (relatives aux friandises, aux jeux, aux corvées, aux réprimandes, aux récompenses, etc.).

    Tout dirigeant, que ce soit à l’échelle locale ou nationale, s’il est mécontent des décisions de son parti, n’hésitera pas à le quitter avec toute sa clientèle électorale pour un autre parti, parfois ennemi déclaré du précédent, ou pour en fonder un nouveau. Les raisons de ces scissions et changements de veste quasi permanents sont presque toujours de type personnel, et ne relèvent que très rarement de divergences programmatiques ou de désaccords idéologiques.

    Les chefs de parti, les ministres, les directeurs, les chefs de service, tendent tous plus ou moins à se comporter comme des chefs de canton, comme si l’entité à la tête de laquelle ils sont était leur propriété privée, avec toutes les caractéristiques de clientélisme, de courtisanerie et de confusion entre bien public et bien privé qui sont des traits structurels du mode chefferial de gouvernance (Olivier de Sardan 2009).

    C’est justement le reproche qui est fait à l’élite politique par une partie de plus en plus importante de la population : cette élite ne pense qu’à elle-même, n’est intéressée que par le gain du pouvoir ou son maintien au pouvoir, et ne songe qu’à s’enrichir. Ce constat alimente une opinion largement répandue : la démocratie introduite dans la fin des années 1980 est un échec.

    À cet échec, certains opposent le sens perdu du bien public, le besoin de renouveler les élites, l’urgence de développer l’esprit civique, l’impérieuse nécessité d’une réforme de l’État. La figure de Thomas Sankara, devenue mythique en Afrique de l’Ouest, est souvent mobilisée dans cette perspective. D’autres, au contraire, rêvent de charia, de gouvernance islamique, d’islam politique, voire de jihad. C’est une autre figure mythique, celle du caliphe, qui est alors mobilisée.

    Ce sont là deux façons opposées de rompre avec le baab-ize tarey généralisé du tout petit monde politique nigérien actuel. On peut aussi penser que cette analyse vaut pour les pays voisins du Sahel, qui non seulement ont un modèle émique analogue des relations intra-familiales, mais qui connaissent aussi un même type de rivalités politiques, et la même crise de la démocratie.

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  4. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240315-sénégal-les-opposants-ousmane-sonko-et-bassirou-diomaye-faye-sont-sortis-de-prison-scènes-de-liesse-à-dakar

    Scènes de liesse à Dakar après la libération des opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye

    L’opposant numéro 1 du pays, le fondateur du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, et son fidèle lieutenant et candidat à la présidentielle du 24 mars, Bassirou Diomaye Faye, ont quitté la prison de Cap Manuel ce jeudi soir. 

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-etrangeres/senegal-la-democratie-sur-la-braise-2211382 (16 mars 2024)

    08:22 Jean-François Bayart : Ousmane Sonko représente comme d'autres figures dans le reste de l'Afrique de l'Ouest, une espèce de remontée d'huile nationaliste, une affirmation de volonté d'indépendance nationale, notamment mais pas exclusivement, par rapport à l'ancienne métropole coloniale, en l'occurrence, la France, et Ousmane Sonko représente un petit peu cette sensibilité anti-impérialiste, que je vais immédiatement qualifier de révolutionnaire conservatrice, au sens où on l'entendait en Europe entre les deux guerres [1]. Ce qui est frappant, en effet, dans le discours de Sonko, entre autres, c'est une forme de ressentiment et je prends vraiment le terme au sens de Max Scheler, de Nietzche, tel qu'il a été utilisé précisément entre les deux guerres en Europe, une forme de ressentiment à l'encontre de la colonisation, à l'encontre de la traite esclavagiste, mais également un ressentiment à l'encontre de tout l'establishment qui, grosso-modo, a dominé la vie politique sénégalaise, depuis plus d'un siècle. Je crois que le tournant fondamental, c'est au début du XXe siècle, autour de 1905, lorsque vous avez un compromis historique, entre d'une part l'administration coloniale française et d'autre part les confréries islamiques qui religieusement dominent à l'époque la Sénégambie. Et ce compromis historique s'est reproduit à travers toute la colonisation, y compris pendant le moment très douloureux et très compliqué de la première guerre mondiale, il s'est reproduit sur le mode du nationalisme notamment sous la houlette du premier président de la République indépendante du Sénégal Léopold Senghor, et aujourd'hui ce à quoi nous assistons, c'est le très très fort tangage de cette formule qui repose sur un compromis historique entre les confréries islamiques et la classe politique établie, voir un petit peu rassise. Et bien entendu, la jeunesse est partie prenante de cette remise en cause de l'establishment qui fonctionnait beaucoup par cooptation, et qui aujourd'hui, manifestement a de la peine à renouveler cet exercice. Ousmane Sonko, pour le dire d'un mot, il représente l'ébranlement de ce compromis historique, d'une part par son positionnement anti-impérialiste, mais également très conservateur sur le plan des valeurs, en particulier avec la stigmatisation de l'homosexualité, et l'une des dimensions conservatrices de son positionnement, c'est son ancrage dans l'islam réformé et non pas dans l'islam confrérique. Et ça, je crois que c'est un élément clé de la formule Sonko dans le contexte politique sénégalais actuel, mais qui n'est pas sans contrepartie dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger.

    12:07 Il ne faut pas sous-estimer l'emprise en particulier économique des confréries sur la société sénégalaise, leur emprise religieuse, morale et politique, même si les confréries, et c'est une grande inflexion par rapport aux décennies passées, même si les confréries ne sont plus les "banques de votes", ne contrôlent plus le vote des Sénégalais, notamment des jeunes Sénégalais, autant qu'auparavant. (...) Il y a un affaiblissement ou une relativisation du poids des confréries sur la société sénégalaise, mais qu'il faut nuancer. Je donnerai quand même un exemple : il ne faut pas s'imaginer que les confréries sont des espèces de forces conservatrices reculées dans la campagne sénégalaise. Elles sont dès le début du XXe siècle très présentes dans le tissu urbain, y compris dans le domaine immobilier, mais ce sont des confréries qui sont largement globalisées. Les Mourides, notamment (...) sont extrêmement présents en Amérique du Nord, notamment à New York, dans le contrôle de toute une série de commerces, y compris high tech, électronique, etc...

    14:12 Ce n'est pas, si vous voulez, d'un côté une espèce de Sénégal profond, obscurantiste, qui serait celui des confréries et puis d'un autre côté un Sénégal moderne. En réalité, il y a une imbrication.

    [1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Révolution_conservatrice_(Weimar)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ousmane_Sonko#Polémiques_et_critiques

    Selon le journal français La Croix, les détracteurs d'Ousmane Sonko lui reprochent d'avoir milité dans sa jeunesse auprès de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal (AEEMS), proche des Frères musulmans. Il promet également de durcir la loi pénalisant l'homosexualité et défend la peine de mort. En juin 2023, le Canard Enchaîné révèle ses liens avec le Qatar, dont il tirerait l'essentiel de ses financements.

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  5. il y a 8 minutes, MIC_A a dit :

    Garder des relations comme si rien ne s'était passé, sérieux ?

    Lorsque la Biélorussie est entrée dans le Partenariat Oriental de l'Union Européenne en 2009, c'était déjà une dictature à élections truquées.

    Et les sanctions sont contre-productives :

    Le 27/02/2024 à 15:54, Wallaby a dit :

    Dans les relations UE-Biélorussie, il y a surtout des problèmes d'idéologie, de marteau et de clou, de cécité stratégique...

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    Le 01/07/2021 à 13:38, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/brusselss-virtue-signaling-on-belarus-may-prove-counterproductive/ (29 juin 2021)

    Selon Vladimir Socor, Senior Fellow de la Jamestown Foundation, "l'UE est notoirement incapable de penser stratégiquement... À ce jour, l'UE et les pays de la 'vieille Europe' n'ont aucune expertise interne sur la Biélorussie. Au lieu de cela, ils ont considéré la Biélorussie [exclusivement] à travers le prisme de la théorie démocratique, tout comme les théoriciens soviétiques avaient l'habitude de considérer les pays étrangers à travers le prisme du 'socialisme scientifique'. Seule la "voie socialiste" d'inspiration soviétique (à l'époque) ou la "voie démocratique" d'inspiration occidentale (aujourd'hui) est considérée comme légitime et, de plus, prédéterminée" (entretien avec l'auteur, 23 juin). À cela, on pourrait ajouter que de nombreux champions des sanctions ont tendance à considérer la politique étrangère comme un jeu de moralité, dans lequel le vice doit être puni par des agents de la vertu, quelles que soient les implications géostratégiques de la punition.

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    Le 30/07/2021 à 11:56, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/europes-sanctions-and-belarus-a-hammer-and-the-nail/ (7 juillet 2021)

     "Lorsque les autorités entrent dans un mode de crise directe avec quelqu'un, la possibilité de dialogue devient nulle", observe Yauheni Preiherman, du Conseil du dialogue de Minsk. "C'est pour cette raison que les espoirs que les sanctions, aussi graves soient-elles, poussent les dirigeants de Biélorussie vers [la réforme politique] reflètent une vision infantile de la situation, et c'est une tragédie" (Gazetaby, 29 juin). "L'UE a saisi un marteau et considère le problème biélorusse comme un clou", observe Pavel Matsukevich, ancien chargé d'affaires en Suisse. "Mais en frappant le clou avec un marteau, elle manque à plusieurs reprises la tête du clou". Selon M. Matzukevich, l'UE n'a pas de stratégie concernant la Biélorussie. Et comme la plupart d'entre eux comprennent probablement que les sanctions ne feront qu'aggraver la vie des Biélorusses ordinaires et renforcer la dépendance du pays à l'égard de la Russie, le recours à cet instrument est "criminel et stupide", affirme-t-il (Gazetaby, 30 juin). "Dans le domaine du commerce, écrit Matsukevich dans un article ultérieur, la Russie a longtemps été le principal marché de vente pour la Biélorussie, mais maintenant il n'y a tout simplement pas d'alternative à la Russie. Dans le secteur énergétique, les sanctions contribuent également à la monopolisation de l'approvisionnement par Moscou, alors que tous les projets alternatifs (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan) sont insignifiants [...] et ne sont pas réalisables sans les pipelines russes. Dans le secteur financier, la Russie est désormais le seul prêteur qui finance non pas tant la Biélorussie elle-même que les prêts antérieurs de la Russie. La suspension de la participation de la Biélorussie au Partenariat oriental [de l'UE] est également du goût de Moscou. L'effet économique du programme pour Minsk s'est traduit par des dizaines et des centaines de millions d'euros et des projets phares ; l'effet politique a consisté à renforcer l'indépendance nationale" (New Belarus, 1er juillet).

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    Le 30/07/2021 à 12:12, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/minsk-retaliates-against-european-sanctions-by-ridding-country-of-agents-of-western-influence/ (20 juillet 2021)

    "Poutine reste un homme politique très populaire en Biélorussie, peut-être même plus populaire qu'en Russie même", observe Pavel Matsukevich, ancien chargé d'affaires de Minsk en Suisse qui a démissionné de son poste en septembre 2020. "L'application de sanctions toujours plus sévères contre la Biélorussie et la poursuite de la confrontation avec l'Occident vont [...] affecter le niveau de vie dans notre pays. Je pense que ce n'est pas une question d'années, mais de mois, quand l'impact des sanctions commencera à se faire réellement sentir... Et ce sera exactement la situation où tout choix des gens ne sera plus fait par la raison mais par le ventre. Et alors, l'enregistrement officiel de notre mariage inégal avec la Russie [...] pourra sembler souhaitable à certains de nos citoyens, parce que l'indépendance et la souveraineté ne se mangent pas, alors que les salaires et les pensions russes peuvent acheter de la nourriture."

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    Le 31/08/2021 à 22:04, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/summing-up-one-year-since-the-disputed-presidential-elections-in-belarus/ (16 août 2021)

    Notamment, Lukashenka s'est emporté contre les sanctions économiques occidentales et s'est vanté de pouvoir les contourner avec l'aide de la Russie, notamment en exportant de la potasse via Mourmansk au lieu de Klaipeda en Lituanie.

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    Le 09/09/2021 à 14:38, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/the-unstable-equilibrium-of-belaruss-political-crisis/ (8 septembre 2021)

    Quant aux sanctions occidentales contre la Biélorussie, leur seule "réussite" à ce jour a été de perpétuer la dépendance de la Biélorussie vis-à-vis de la Russie. Selon Siarhei Bagdan, un historien biélorusse travaillant actuellement pour la Freie Universitaet Berlin, l'effet le plus néfaste des sanctions est le détournement des flux d'exportation en transit de la Biélorussie vers les ports russes. Selon lui, cela "mine les fondements de l'État biélorusse plus que toute autre chose", y compris toute feuille de route pour l'intégration biélorusse-russe (Svaboda.org, 31 juillet). Dans le même temps, la Lituanie est privée des revenus provenant à la fois du transit biélorusse et des projets antérieurs de la Chine d'agrandir le port de Klaipeda (BNS, 3 septembre).

    Même Zianon Pazniak [2], le père du nationalisme biélorusse moderne, le fondateur du Front populaire biélorusse et un ennemi juré du président Alyaksandr Lukashenka, appelle maintenant l'Occident à "suspendre les sanctions économiques contre le peuple biélorusse [et] à mettre fin à la politique de blocus économique total, dans laquelle seuls les dictateurs survivent mais le peuple souffre". À l'instar de nombreux autres observateurs, M. Pazniak considère que Moscou est le seul bénéficiaire des sanctions occidentales contre Minsk (Svaboda.org, 4 septembre).

    L'analyste indépendant Artyom Shraibman (...) pense que le détournement des routes de transit de la Biélorussie vers la Russie pourrait s'avérer encore plus funeste que les programmes d'État Unifié en tant que tels (Carnegie.ru, 3 septembre).

    Par contre je dois avouer que j'ai fait une grosse erreur. Nous ne poussons pas la Biélorussie dans les bras de la Russie. Nous la poussons dans les quadruples bras de la Russie et de la Chine :

    Le 18/08/2023 à 12:06, Wallaby a dit :

    https://politiqueinternationale.com/revue/n180/article/loukachenko-mediateur-ou-complice (Été 2023)

    Les liens qui unissent la Russie et la Biélorussie sont très forts, et ils se sont encore resserrés depuis quelques années. Le processus lancé dans les années 1990, qui consiste à former une union de type confédéral, a franchi une nouvelle étape avec la signature, en novembre 2021, par Loukachenko et Poutine, d’une série de vingt- huit accords portant sur l’intégration des systèmes monétaires, la création d’un espace de paiement commun et l’adoption de nouvelles règles fiscales communes. Ces accords prévoient également l’instauration d’un marché unique de l’énergie, l’harmonisation des règlements et des normes dans de nombreux secteurs d’activité, etc. Au même moment, le président Loukachenko a reconnu la Crimée, annexée par la Russie en 2014, comme territoire légalement russe, ce qu’il refusait de faire auparavant.

    D’après plusieurs spécialistes (4), ce rapprochement s’explique en grande partie par les sanctions particulièrement sévères décrétées par les Occidentaux à l’encontre du régime.

    Il est important de noter le développement spectaculaire de la présence chinoise en Biélorussie ; aujourd’hui, Pékin est le deuxième partenaire de Minsk après Moscou.

    -

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  6. https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/sophie-marceau-felicite-emmanuel-macron-pourquoi-son-message-ne-passe-pas-aupres-des-internautes-2172395 (16 mars 2024)

    Quelques jours après avoir évoqué l’inscription de l’IVG dans la constitution, l’actrice révélée dans La Boum a écrit : "La France, la Pologne et l'Allemagne toutes ensemble pour défendre l'Ukraine contre l'envahisseur. Voilà enfin une belle leçon de l'Histoire qui apprend de ses erreurs passées plutôt que de les répéter", avant d’applaudir le président de la République. Dans la section des commentaires, de nombreux internautes ont fait part de leur indignation. "Je me désabonne, je suis très déçue de votre publication" ; "Mes enfants ne feront pas la guerre. Allez faire vos pubs et gardez vos commentaires pour vous. Vous changez depuis un certain temps, c'est dommage. Déçue. LA PAIX" ; "Cette prise de position est inappropriée et décevante" ; "Est-ce que la paix passe par la guerre ? Est-ce qu'on doit sacrifier nos enfants ? Mes deux garçons doivent partir se faire tuer ? Pour protéger des politiciens et des riches industriels ?", peut-on par exemple lire. Certains internautes ont cependant apporté leur soutien à l’actrice. "Bravo pour votre prise de parole qui prouve non seulement votre courage d’assumer vos opinions, mais aussi votre lucidité. Je ne saurais dire ce qui compte le plus", a écrit une internaute.

  7. il y a une heure, Ciders a dit :

    La vérité ici est nettement plus simple et triste : on a laissé les Biélorusses se faire voler une élection puis se battre seuls. Et aujourd'hui, il en est qui disent que non seulement c'est normal, mais qu'en plus c'est notre faute et que si la Biélorussie devient un oblast russe, ce sera aussi de la nôtre. Voilà ce qui m'effraie.

    Bien sûr que les Biélorusses se sont fait voler une élection, mais les sanctions européennes ont aggravé les choses. Les sanctions sont contre-productives.

    • Confus 1
  8. https://www.msn.com/fr-fr/actualite/culture/la-guerre-en-ukraine-est-existentielle-pour-l-europe-et-pour-la-france-affirme-emmanuel-macron/ar-BB1jToad

    Le président français Emmanuel Macron a affirmé, jeudi 14 mars, au 20 h de TF1 et France 2, que la guerre en Ukraine était "existentielle pour l'Europe et pour la France".

    Je crois qu'on peut décrypter cette déclaration présidentielle avec l'analyse de Mark Galeotti :

    https://www.rusi.org/publication/episode-65-where-war-ukraine-heading-2024 (13 décembre 2023)

    24:33 En public, tout le monde dit les mêmes choses, les bonnes choses : soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faut, autant qu'il le faut, etc. Ce sont des mantras vides de sens. Certains y croient jusqu'à un certain point, d'autres n'y croient pas du tout, mais ils savent simplement qu'ils doivent dire ces choses.

    Il suffit de regarder, par exemple, la part du PIB consacrée au soutien de l'Ukraine. On va de la Norvège avec quelque chose comme 1,6 % jusqu'à la France, l'Espagne et l'Italie avec moins de [inaudible] si je me souviens bien. Mais ce n'est pas parce que les pays d'Europe du Sud sont paresseux, c'est parce que, de leur point de vue, les vraies menaces sécuritaires auxquelles ils sont confrontés viennent du Sud, elles viennent d'un Moyen-Orient et d'une Afrique du Nord turbulents.

    25:25 Et c'est là le problème : il n'y a pas de perspective européenne unique sur ce que signifie l'Ukraine. Il n'est pas impossible, après tout, d'imaginer un monde dans lequel la Russie gagnerait, non pas en s'emparant de toute l'Ukraine, mais en parvenant à contrôler de facto la Crimée et une partie du sud-est ukrainien. Et ce n'est pas la fin du monde [le ciel ne tombe pas sur la tête / the sky does not fall] pour l'Europe. Je veux dire qu'il s'agit en quelque sorte d'une guerre, mais elle ressemble à tant d'autres guerres que l'Occident a menées ailleurs, loin de ses frontières, et qu'il pouvait finalement se permettre de perdre si nécessaire.

    26:02 Je pense que c'est l'un des principaux problèmes, pour revenir à ce que j'ai dit plus tôt sur les narrations : pourquoi - et je les choisis simplement, non pas parce qu'ils sont les pires délinquants, mais peut-être parce que je suis moi-même à moitié italien, mais vous savez, pourquoi un Italien se soucierait-il vraiment de l'Ukraine au point de vouloir que tout le système soit orienté vers le soutien de ce pays ?

    26:24 La Russie peut le faire parce que c'est plus important pour elle, mais surtout parce qu'il s'agit d'un autoritarisme impitoyable, où ce que veut le gouvernement prime sur ce que veulent les citoyens ordinaires.

    27:14 Je pense donc que, d'une certaine manière, nous sommes confrontés à ce défi séculaire de régimes autoritaires qui peuvent faire des choses que les constellations de nations démocratiques ne peuvent pas faire.

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  9. https://www.euronews.com/business/2024/03/15/europes-track-record-of-misdiagnosing-ukraines-economy-requires-a-policy-rethink

    Les institutions formelles ukrainiennes ne sont pas simplement "faibles" ; elles jouent essentiellement un rôle secondaire en Ukraine, par rapport à ce que l'on appelle le "droit coutumier" qui régit la société.

    En outre, ce droit coutumier - constitué de règles informelles - diverge souvent de manière significative de la législation officielle. La corruption n'est que l'une des nombreuses conséquences d'un État de droit inexistant, qui apparaît chaque fois que les règles écrites diffèrent du droit coutumier.

    Même en 2022, les institutions fondamentales de l'Ukraine n'avaient pas atteint le niveau que l'Europe de l'Est avait atteint 30 ans auparavant.

    Le fossé institutionnel entre l'Ukraine et même les pays structurellement les plus faibles d'Europe, comme la Bulgarie, est en fait aussi important que le fossé entre l'Afghanistan et l'Ukraine.

    Pour l'Ukraine, atteindre le niveau de développement institutionnel de la Bulgarie est un défi aussi complexe que pour l'Afghanistan d'atteindre l'état actuel de l'Ukraine - c'est un grand bond en avant.

    La collecte des impôts en Ukraine repose sur des principes très différents des lois formelles, utilisant des mesures discrétionnaires qui sont en fait informelles. Alors que les démocraties occidentales fondent la discipline fiscale sur l'inévitabilité des sanctions en cas d'évasion fiscale, cette approche n'est pas pertinente dans l'environnement ukrainien où l'État de droit est absent.

    En Ukraine, l'impôt sur les sociétés est effectivement perçu sur la base d'"indications de chiffre d'affaires", une méthode employée de manière informelle par les autorités fiscales.

    Elles ne se concentrent pas sur les dépenses ou les bénéfices d'une entreprise, mais plutôt sur son chiffre d'affaires. Les autorités fiscales évaluent facilement le chiffre d'affaires d'une entreprise pour déterminer le pourcentage à taxer.

    En Europe de l'Est, il n'y a pas d'exemple de rupture réussie avec un clientélisme soviétique profondément enraciné, résultant uniquement des recommandations traditionnelles des institutions financières internationales.

    Le seul exemple de démantèlement réussi de la relation institutionnelle de type soviétique est celui de la Géorgie, qui a mis en œuvre des réformes non conventionnelles et novatrices. Entre 2003 et 2012, la Géorgie a simplifié son système fiscal, a procédé à une déréglementation radicale et a complètement remanié les organismes chargés de l'application de la loi, entre autres.

    La Géorgie ne s'est pas appuyée uniquement sur l'Occident, alors pourquoi l'Ukraine devrait-elle le faire ?

    Si l'Ukraine n'est jamais devenue une puissance économique après trois décennies passées à suivre fidèlement les recommandations occidentales standard, il est peut-être temps d'essayer une approche différente. Il n'est pas réaliste d'obtenir de meilleurs résultats en répétant les mêmes erreurs.

    Le temps presse. Si la Banque mondiale et le FMI continuent de mal diagnostiquer les institutions ukrainiennes, la population sera confrontée à des conséquences désastreuses.

    Dmytro Boyarchuk est directeur exécutif de CASE [Centrum Analiz Społeczno-Ekonomicznych] Ukraine à Kiev.

     

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  10. https://www.theatlantic.com/international/archive/2024/03/haiti-ariel-henry-gangs-cherizier/677669/ (7 mars 2024)

    Le pape Jean-Paul II a déclaré - et la phrase est restée célèbre - que "quelque chose devait changer" en Haïti en 1983, sous le règne de Jean-Claude Duvalier. Mais ce n'est qu'en 1986, lorsque le département d'État a décidé d'abandonner Duvalier, que ce dernier a finalement quitté le pays que son père et lui avaient appauvri.

    Hier, les États-Unis ont semblé opérer une rupture similaire avec Ariel Henry, le premier ministre de facto que Washington a soutenu - avec acharnement et contre tout avis sensé - tout au long des deux ans et demi de son administration lamentable.

    Les manifestations de masse de l'année dernière ont laissé les États-Unis insensibles, ne cessant d'insister sur la légitimité de M. Henry. Sous son règne, les gangs criminels n'ont pratiquement pas été réprimés et, au cours de la semaine écoulée, leurs activités meurtrières et perturbatrices ont engendré une crise sécuritaire indéniable. Ce n'est que maintenant que Washington a semblé accéder aux demandes de mise à l'écart de M. Henry, à un moment où les perspectives ne pourraient guère être moins prometteuses pour un démocrate respectable et responsable d'accéder à la présidence haïtienne, et où de nombreux criminels armés sont prêts à intervenir.

    Plutôt que d'être attirés par les gangs, quelque 1 000 policiers, sur un effectif initial d'environ 9 000, ont tout simplement quitté le pays au cours des 18 derniers mois, profitant récemment du plan d'immigration spécial du président Joe Biden pour Haïti.

    À titre de comparaison, on estime qu'entre 20 000 et 30 000 membres de gangs travaillent dans environ 200 gangs à travers le pays. Les gangs les mieux armés et les plus importants contrôlent aujourd'hui au moins 80 % de la capitale. Contrairement aux policiers, ils ne quittent pas Haïti. L'appartenance à un gang est un bon travail, plus lucratif pour beaucoup que de travailler pour la police.

    [Ariel Henry] n'a jamais été élu : Il est arrivé au pouvoir à titre provisoire, avec le soutien des États-Unis, après l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, et de nombreux Haïtiens le considèrent depuis lors comme un obstacle sur la voie d'une véritable démocratie électorale. Jusqu'à présent, les États-Unis ont refusé de soutenir tout effort visant à avancer sans lui, exigeant toujours que les politiciens et les groupes qui espèrent avancer vers les élections incluent Henry et son entourage dans leurs discussions pour mettre fin à la crise.

    Chérizier a récemment rebaptisé son gang G9 Viv Ansanm, qui signifie "Vivre ensemble", et a promis de libérer tous les otages actuels du gang sans demander de rançon (quelle générosité !). Guy Philippe, qui a contribué à renverser le président Jean-Bertrand Aristide en 2004 et qui a ensuite été condamné et emprisonné aux États-Unis pour blanchiment d'argent, est de retour en Haïti et publie des prises de position d'apparence très officielle. Il a formé son propre gang à partir d'une force armée de protection de l'environnement gérée par l'État et a publié un document sur la voie à suivre vers la démocratie, appelant pompeusement à la création d'un conseil présidentiel pour remplacer Henry et nommant lui-même et ses amis à ce conseil, au sein duquel un premier ministre serait choisi.

    Si l'on se fie au passé, les États-Unis pourraient tenter de désamorcer la situation en choisissant et en soutenant un nouveau premier ministre. Mais non seulement Washington devra choisir une personne très spéciale, bien connue et crédible pour occuper cette place et réussir, mais il devra le faire alors que les gangs continuent de régner en toute impunité dans les rues.

    Le ministre des finances d'Henry, Patrick Boivert, dirige actuellement le gouvernement et a déclaré l'état d'urgence pour 72 heures.

    Les États-Unis ont enfin donné à Haïti ce qu'il recherchait depuis deux ans : une voie possible pour contourner le problème d'Henry. Mais un autre problème demeure : les États-Unis eux-mêmes, qui, avec un groupe plus large d'institutions et de pays qui, pour la plupart, suivent le leadership américain en matière de politique haïtienne, ont fait trop de mauvais choix pour Haïti dans le passé pour inspirer confiance.

  11. il y a 7 minutes, Ciders a dit :

    Wallaby, tu négliges très largement l'évolution récente de la Biélorussie.

    J'ai caractérisé l'évolution récente de la Biélorussie comme étant largement l'effet des politiques contre-productives européennes qui jettent Minsk dans les bras de Moscou et de Pékin :

    Le 27/02/2024 à 15:54, Wallaby a dit :

    Dans les relations UE-Biélorussie, il y a surtout des problèmes d'idéologie, de marteau et de clou, de cécité stratégique...

    -

    Le 01/07/2021 à 13:38, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/brusselss-virtue-signaling-on-belarus-may-prove-counterproductive/ (29 juin 2021)

    Selon Vladimir Socor, Senior Fellow de la Jamestown Foundation, "l'UE est notoirement incapable de penser stratégiquement... À ce jour, l'UE et les pays de la 'vieille Europe' n'ont aucune expertise interne sur la Biélorussie. Au lieu de cela, ils ont considéré la Biélorussie [exclusivement] à travers le prisme de la théorie démocratique, tout comme les théoriciens soviétiques avaient l'habitude de considérer les pays étrangers à travers le prisme du 'socialisme scientifique'. Seule la "voie socialiste" d'inspiration soviétique (à l'époque) ou la "voie démocratique" d'inspiration occidentale (aujourd'hui) est considérée comme légitime et, de plus, prédéterminée" (entretien avec l'auteur, 23 juin). À cela, on pourrait ajouter que de nombreux champions des sanctions ont tendance à considérer la politique étrangère comme un jeu de moralité, dans lequel le vice doit être puni par des agents de la vertu, quelles que soient les implications géostratégiques de la punition.

    -

    Le 30/07/2021 à 11:56, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/europes-sanctions-and-belarus-a-hammer-and-the-nail/ (7 juillet 2021)

     "Lorsque les autorités entrent dans un mode de crise directe avec quelqu'un, la possibilité de dialogue devient nulle", observe Yauheni Preiherman, du Conseil du dialogue de Minsk. "C'est pour cette raison que les espoirs que les sanctions, aussi graves soient-elles, poussent les dirigeants de Biélorussie vers [la réforme politique] reflètent une vision infantile de la situation, et c'est une tragédie" (Gazetaby, 29 juin). "L'UE a saisi un marteau et considère le problème biélorusse comme un clou", observe Pavel Matsukevich, ancien chargé d'affaires en Suisse. "Mais en frappant le clou avec un marteau, elle manque à plusieurs reprises la tête du clou". Selon M. Matzukevich, l'UE n'a pas de stratégie concernant la Biélorussie. Et comme la plupart d'entre eux comprennent probablement que les sanctions ne feront qu'aggraver la vie des Biélorusses ordinaires et renforcer la dépendance du pays à l'égard de la Russie, le recours à cet instrument est "criminel et stupide", affirme-t-il (Gazetaby, 30 juin). "Dans le domaine du commerce, écrit Matsukevich dans un article ultérieur, la Russie a longtemps été le principal marché de vente pour la Biélorussie, mais maintenant il n'y a tout simplement pas d'alternative à la Russie. Dans le secteur énergétique, les sanctions contribuent également à la monopolisation de l'approvisionnement par Moscou, alors que tous les projets alternatifs (Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan) sont insignifiants [...] et ne sont pas réalisables sans les pipelines russes. Dans le secteur financier, la Russie est désormais le seul prêteur qui finance non pas tant la Biélorussie elle-même que les prêts antérieurs de la Russie. La suspension de la participation de la Biélorussie au Partenariat oriental [de l'UE] est également du goût de Moscou. L'effet économique du programme pour Minsk s'est traduit par des dizaines et des centaines de millions d'euros et des projets phares ; l'effet politique a consisté à renforcer l'indépendance nationale" (New Belarus, 1er juillet).

    -

    Le 30/07/2021 à 12:12, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/minsk-retaliates-against-european-sanctions-by-ridding-country-of-agents-of-western-influence/ (20 juillet 2021)

    "Poutine reste un homme politique très populaire en Biélorussie, peut-être même plus populaire qu'en Russie même", observe Pavel Matsukevich, ancien chargé d'affaires de Minsk en Suisse qui a démissionné de son poste en septembre 2020. "L'application de sanctions toujours plus sévères contre la Biélorussie et la poursuite de la confrontation avec l'Occident vont [...] affecter le niveau de vie dans notre pays. Je pense que ce n'est pas une question d'années, mais de mois, quand l'impact des sanctions commencera à se faire réellement sentir... Et ce sera exactement la situation où tout choix des gens ne sera plus fait par la raison mais par le ventre. Et alors, l'enregistrement officiel de notre mariage inégal avec la Russie [...] pourra sembler souhaitable à certains de nos citoyens, parce que l'indépendance et la souveraineté ne se mangent pas, alors que les salaires et les pensions russes peuvent acheter de la nourriture."

    -

    Le 31/08/2021 à 22:04, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/summing-up-one-year-since-the-disputed-presidential-elections-in-belarus/ (16 août 2021)

    Notamment, Lukashenka s'est emporté contre les sanctions économiques occidentales et s'est vanté de pouvoir les contourner avec l'aide de la Russie, notamment en exportant de la potasse via Mourmansk au lieu de Klaipeda en Lituanie.

    -

    Le 09/09/2021 à 14:38, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/the-unstable-equilibrium-of-belaruss-political-crisis/ (8 septembre 2021)

    Quant aux sanctions occidentales contre la Biélorussie, leur seule "réussite" à ce jour a été de perpétuer la dépendance de la Biélorussie vis-à-vis de la Russie. Selon Siarhei Bagdan, un historien biélorusse travaillant actuellement pour la Freie Universitaet Berlin, l'effet le plus néfaste des sanctions est le détournement des flux d'exportation en transit de la Biélorussie vers les ports russes. Selon lui, cela "mine les fondements de l'État biélorusse plus que toute autre chose", y compris toute feuille de route pour l'intégration biélorusse-russe (Svaboda.org, 31 juillet). Dans le même temps, la Lituanie est privée des revenus provenant à la fois du transit biélorusse et des projets antérieurs de la Chine d'agrandir le port de Klaipeda (BNS, 3 septembre).

    Même Zianon Pazniak [2], le père du nationalisme biélorusse moderne, le fondateur du Front populaire biélorusse et un ennemi juré du président Alyaksandr Lukashenka, appelle maintenant l'Occident à "suspendre les sanctions économiques contre le peuple biélorusse [et] à mettre fin à la politique de blocus économique total, dans laquelle seuls les dictateurs survivent mais le peuple souffre". À l'instar de nombreux autres observateurs, M. Pazniak considère que Moscou est le seul bénéficiaire des sanctions occidentales contre Minsk (Svaboda.org, 4 septembre).

    L'analyste indépendant Artyom Shraibman (...) pense que le détournement des routes de transit de la Biélorussie vers la Russie pourrait s'avérer encore plus funeste que les programmes d'État Unifié en tant que tels (Carnegie.ru, 3 septembre).

    Par contre je dois avouer que j'ai fait une grosse erreur. Nous ne poussons pas la Biélorussie dans les bras de la Russie. Nous la poussons dans les quadruples bras de la Russie et de la Chine :

    Le 18/08/2023 à 12:06, Wallaby a dit :

    https://politiqueinternationale.com/revue/n180/article/loukachenko-mediateur-ou-complice (Été 2023)

    Les liens qui unissent la Russie et la Biélorussie sont très forts, et ils se sont encore resserrés depuis quelques années. Le processus lancé dans les années 1990, qui consiste à former une union de type confédéral, a franchi une nouvelle étape avec la signature, en novembre 2021, par Loukachenko et Poutine, d’une série de vingt- huit accords portant sur l’intégration des systèmes monétaires, la création d’un espace de paiement commun et l’adoption de nouvelles règles fiscales communes. Ces accords prévoient également l’instauration d’un marché unique de l’énergie, l’harmonisation des règlements et des normes dans de nombreux secteurs d’activité, etc. Au même moment, le président Loukachenko a reconnu la Crimée, annexée par la Russie en 2014, comme territoire légalement russe, ce qu’il refusait de faire auparavant.

    D’après plusieurs spécialistes (4), ce rapprochement s’explique en grande partie par les sanctions particulièrement sévères décrétées par les Occidentaux à l’encontre du régime.

    Il est important de noter le développement spectaculaire de la présence chinoise en Biélorussie ; aujourd’hui, Pékin est le deuxième partenaire de Minsk après Moscou.

    -

     

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  12. il y a 14 minutes, Alexis a dit :

    donc dans le même état de dépendance que la Biélorussie.

    Donc ce que tu appelles "disparaître de la carte", peut être synonyme de "dans le même état de dépendance que la Biélorussie".

    Cette précision étant faite, je peux souscrire à cette hypothèse.

    Ce qui voudrait dire :

    - conserver un siège à l'ONU ;

    - de temps en temps servir d'intermédiaire neutre comme pour les "accords de Minsk", ou pour la reddition en sauvant la face de Prigojine du groupe Wagner ;

    - être pays membre du "Partenariat Oriental"  de l'Union Européenne (de 2009 à 2021) ;

    - de temps à autre avoir une relation tendue avec Moscou :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Milk_War

    La guerre du lait est un conflit commercial qui a opposé la Russie et la Biélorussie en juin 2009. La Russie et la Biélorussie entretiennent des relations étroites et le conflit est né du fait que la Russie aurait tenté de payer 500 millions de dollars à la Biélorussie pour qu'elle reconnaisse l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. La Russie a également exprimé son intérêt pour la privatisation de l'industrie laitière biélorusse. La Biélorussie a réagi en entamant des négociations avec l'Union européenne sur la certification du lait biélorusse conformément aux réglementations de l'UE. La Russie a alors interdit l'importation de produits laitiers en provenance de Biélorussie, invoquant de prétendues préoccupations sanitaires. Le conflit commercial a pris fin le 17 juin 2009, lorsque la Russie a annoncé qu'elle levait l'interdiction.

    Plus tard en 2009, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a exprimé ses regrets de ne pas avoir soutenu la Russie dans la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. La Chambre des représentants biélorusse a envoyé une mission d'enquête dans les régions contestées afin d'étudier si la Biélorussie devait ou non procéder à une reconnaissance diplomatique. La Géorgie a protesté contre cette mission et a exhorté la Biélorussie à maintenir sa non-reconnaissance.

    La Russie a menacé de déclencher une nouvelle guerre du lait en 2013 et a réimposé des interdictions temporaires sur les produits laitiers biélorusses depuis lors. Des interdictions ont été mises en place en juin 2017, puis à partir de février 2018 jusqu'à ce qu'elles soient en grande partie levées en mai 2019.

    Le 19/10/2021 à 15:16, Wallaby a dit :

    https://jamestown.org/program/who-is-losing-belarus-2/ (13 octobre 2021)

    Le 5 octobre, l'un des principaux quotidiens russes, Komsomolskaya Pravda, dont on dit qu'il est le journal préféré de Vladimir Poutine, a fermé sa branche biélorusse. Cela s'est produit après qu'un journaliste de cette branche, Gennady Mozheiko, un citoyen biélorusse, a publié un article dans lequel un ancien camarade de classe d'Andrei Zetser partageait des souvenirs favorables de lui. Zeltser était un associé d'une société informatique qui a tiré sur l'officier du KGB Dmitry Fedosyuk et a ensuite été tué par des tirs de riposte (EDM, 5 octobre). L'article n'a été disponible sur le site Internet du journal que pendant quelques minutes, après quoi le site a été bloqué et le journaliste arrêté (DW, 5 octobre).

    En Russie, la réaction initiale à l'arrestation de Mozheiko a été explosive. L'influent rédacteur en chef du Komsomolskaya Pravda, Vladimir Sungorkin, a protesté, tout comme la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, et l'ensemble de l'Union des journalistes russes. Même l'attaché de presse de Poutine, Dmitri Peskov, s'est opposé au traitement de la "liberté de la presse" par Minsk. Et pourtant, après quelques jours, la Komsomolskaya Pravda a tranquillement fermé sa branche de Minsk, et le scandale a pratiquement disparu du débat public (Naviny, 6 octobre).

     

    D'autre part, une Ukraine assez fortement inféodée à Moscou pourrait toujours jouer la carte de Pékin, et faire comme le Kazakhstan ou l'Ouzbékistan et jouer à l'équilibriste en jouant Pékin contre Moscou et vice versa.

    Je rappelle que la Chine est un important partenaire économique de l'Ukraine :

    https://www.cfr.org/in-brief/whats-stake-chinas-economic-relationship-ukraine (2 mars 2022)

    En 2019, la Chine a remplacé la Russie en tant que premier partenaire commercial de l'Ukraine, devenant le premier importateur d'orge et de minerai de fer ukrainiens, tandis que l'Ukraine a dépassé les États-Unis en tant que premier fournisseur de maïs de la Chine. L'Ukraine est également un important fournisseur d'armes pour la Chine, après la Russie, et la Chine est le premier acheteur d'armes ukrainiennes. Le premier porte-avions chinois, le Liaoning, est un porte-avions soviétique rénové acheté à l'Ukraine.  

    En 2016, le groupe COFCO, le plus grand conglomérat agricole chinois, a construit un terminal de transfert de céréales et de pétrole d'une valeur de 75 millions de dollars dans le port de Mykolaiv, sur la mer Noire. En 2017, des ingénieurs chinois ont achevé la modernisation du port international le plus fréquenté d'Ukraine, le port de Yuzhny, près d'Odessa. La même année, deux entreprises chinoises ont remporté le contrat de construction d'une quatrième ligne de métro à Kiev, avec une disposition prévoyant de lever des fonds pour le projet de 1,3 milliard de dollars auprès d'institutions financières chinoises.

    Les marchés prometteurs de l'énergie éolienne et solaire en Ukraine ont attiré les géants chinois des énergies renouvelables. Parmi les grands projets, citons le parc éolien de PowerChina, d'une valeur d'un milliard de dollars, qui sera la plus grande installation éolienne terrestre d'Europe une fois achevée, et un réseau d'énergie solaire dirigé par China Machinery Engineering Corporation, qui sera le troisième plus grand d'Europe. La société China National Building Material a déjà construit dix centrales solaires en Ukraine, ce qui représente la moitié de la capacité totale d'énergie solaire installée dans le pays. Par ailleurs, les riches réserves de pétrole et de gaz de l'Ukraine ont constitué une source majeure de revenus pour des entreprises énergétiques chinoises telles que Xinjiang Beiken Energy Engineering.

    L'Ukraine a rejoint la BRI (Belt and Road Initiative / Nouvelle Route de la Soie) en 2017, cherchant à tirer parti de sa relation avec la Chine pour accélérer la modernisation de ses transports, en particulier pour les chemins de fer et les routes. Les responsables politiques ukrainiens ont également cherché à positionner le pays comme une porte d'entrée pour l'accès de la Chine à l'Europe. Lors de sa première conversation téléphonique avec le président chinois Xi Jinping en 2021, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a qualifié la Chine de "premier partenaire commercial et économique de l'Ukraine" et a déclaré qu'il espérait que l'Ukraine deviendrait "un pont vers l'Europe pour les entreprises chinoises".

    Les deux pays ont jusqu'à présent signé des contrats de construction liés à la BRI d'une valeur de près de 3 milliards de dollars dans des secteurs tels que les transports et l'énergie, et la Chine a utilisé l'effet de levier de la BRI pour influencer la position de l'Ukraine sur des questions litigieuses. En juin 2021, Pékin et Kiev ont signé un vaste accord d'infrastructure quelques jours après que l'Ukraine se soit retirée d'une déclaration commune signée par plus de quarante pays qui demandaient une enquête indépendante sur les violations des droits de l'homme dans la région chinoise du Xinjiang.

    L'Ukraine est également devenue un marché important pour Huawei, le géant chinois des télécommunications. Après avoir développé le réseau mobile ukrainien, Huawei a remporté en 2019 un contrat pour la construction d'un réseau 4G pour le métro de Kiev. En 2020, Huawei et l'agence de sécurité technique ukrainienne ont convenu de coopérer en matière de cybersécurité et de cyberdéfense.

    https://web.archive.org/web/20131116083851/http://www.razumkov.org.ua/upload/Sidenko_East_European_Studies_2013.pdf

    Volodymyr Sidenko, « Les politiques d'intégration régionale de l'Ukraine : l'UE face à la communauté eurasienne » 2013, 19 pages en anglais

    [page 23] L'implication d'acteurs tiers tels que la Chine est également une entreprise risquée, si l'on prend en compte l'habileté avec laquelle la Chine conquiert les marchés étrangers, sans compter les dépendances que crée l'endettement. Par dessus le marché, la Russie pourrait se montrer jalouse du flirt de l'Ukraine non seulement avec l'UE mais avec la Chine également, cette dernière constituant pour la Russie un allié global problématique et un concurrent...

  13. https://foreignpolicy.com/2024/03/14/united-states-realism-restraint-great-power-strategy/

    Stephen Walt :

    Si les États-Unis n'avaient pas poussé fortement pour un élargissement illimité de l'OTAN et pour amener l'Ukraine dans l'orbite occidentale et à terme dans l'OTAN, la prise de contrôle de la Crimée par la Russie en 2014 et son invasion illégale en février 2022 n'auraient probablement jamais eu lieu. En effet, si l'administration Biden avait fait preuve de plus de souplesse dans les mois précédant l'attaque russe, si elle avait davantage soutenu les efforts de médiation turcs et israéliens au printemps 2022, ou si elle avait poussé à un cessez-le-feu lorsque l'Ukraine a eu le dessus à l'automne, les deux États ne se seraient peut-être jamais battus ou auraient pu mettre fin au conflit avant que l'Ukraine n'ait subi autant de dommages.

    Il est impossible de savoir tout cela avec certitude, bien sûr, mais les responsables américains n'ont pas fait tout ce qu'ils auraient pu faire pour éviter la guerre que l'Ukraine est maintenant en train de perdre.

    Au lieu de jouer l'une contre l'autre les deux principales puissances eurasiennes [Chine et Russie], nous avons passé plusieurs décennies à leur donner des raisons supplémentaires de travailler ensemble.

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  14. https://www.theguardian.com/commentisfree/2024/mar/05/nato-ukraine-russia-germany-military-leak

    Simon Jenkins :

    Aussi horrible que cela ait pu paraître à l'époque, l'accord envisagé au printemps 2022 pour revenir à une version - presque n'importe quelle version - de la frontière d'avant février 2022 aurait eu du sens. Au lieu de cela, l'Ukraine ressemble de plus en plus à un mercenaire de l'OTAN pour des généraux occidentaux désireux d'augmenter leurs budgets et de revivre les jeux de la guerre froide de leur jeunesse. Le prix est payé par leurs contribuables et par les jeunes hommes et femmes ukrainiens.

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  15. Il y a 2 heures, Alexis a dit :

    l'Ukraine qui disparaîtrait de la carte de l'Europe comme la Pologne a disparu en 1795, ce serait moins grave que si c'était l'Allemagne ou l'Espagne. Mais plus grave que lorsque c'est un pays plus lointain

    La Pologne a disparu dans le cadre d'un partage entre trois empires : russe, allemand et autrichien.

    L'Ukraine pourrait perdre cette guerre, être contrainte de capituler et de céder des territoires à la Russie, mais j'ai beaucoup de mal à imaginer un partage de l'Ukraine.

  16. il y a 11 minutes, vincenzo a dit :

    Tu as lu l'article? les journalistes de TF1 ont vérifié les affirmations d'Ancel justement :

    Europe en a pris conscience en février 2022 : la guerre est à ses portes. Se rapprochera-t-elle encore davantage ? Selon l'ancien officier Guillaume Ancel, la Russie ne s'arrêterait pas là en cas de victoire en Ukraine. "Vladimir Poutine a déjà annoncé que s'il gagnait en Ukraine, il s'attaquerait aux pays baltes, à l'est de la Pologne et à la Roumanie", a ainsi argué ce spécialiste de l'analyse des stratégies et du rôle des communications dans les conflits armés. Une affirmation qui fait sursauter les soutiens de Moscou en France, qui s'étonnent de ces propos "délirants". Alors, ce discours a-t-il réellement été "inventé" ?

    Des menaces distillées

    Nous n'avons pas retrouvé de traces récentes de tels propos. Nos recherches montrent que la seule information de cet ordre provenant du chef du Kremlin remonte à 2014. À l'époque, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung révèle que Vladimir Poutine aurait menacé l'ancien président ukrainien, Petro Porochenko, d'envoyer ses troupes en Ukraine et dans plusieurs pays voisins. "Si je le veux, en deux jours, j'ai des troupes russes non seulement à Kiev, mais aussi à Riga, Vilnius, Tallinn, Varsovie et Bucarest", aurait déclaré le président russe à son homologue ukrainien. Cinq pays à la fois membres de l'Union européenne et de l'Otan. Des intentions qui n'ont jamais été confirmées par Vladimir Poutine et sur lesquelles Bruxelles a toujours refusé de s'exprimer.

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    Il ne s'agit donc pas d'une "annonce" à proprement parler. Toutefois, les observations de Guillaume Ancel ne peuvent pas non plus être décrites comme "délirantes", loin de là. Régulièrement, le chef du Kremlin ou ses plus proches conseillers expriment des menaces à peine voilées envers les pays baltes et la Pologne. Dernier exemple en date, le 16 janvier. Tandis que plusieurs centaines de citoyens russes présents en Lettonie sont menacés d'expulsion après avoir échoué à renouveler leur permis de séjour, Vladimir Poutine s'est insurgé que la Lettonie et d'autres États baltes "expulsent le peuple russe" de leur pays. Une situation qui "affecte directement la sécurité" de la Russie, a-t-il insisté selon ses propos cités par Ria Novosti. Or, comme le relève l'Institut pour l'étude de la guerre (ISW) dans une analyse à ce sujet, Vladimir Poutine a toujours utilisé "une définition extensive de la souveraineté de la Russie" dans ses actions, même en dehors de ses frontières. À ses yeux, son armée a le droit de protéger ses "compatriotes à l'étranger".

    Si le chef du Kremlin modère relativement ses propos, ses plus proches conseillers ne font pas preuve d'une telle nuance. À l'instar d'Oleg Morozov, un député russe passé par le cabinet de Vladimir Poutine de 2012 à 2015. En mai 2022, l'élu écrivait dans la presse et sur son compte Telegram que la Pologne "devrait être la prochaine à être envahie et dénazifiée" par la Russie. L'ancien président russe, Dmitri Medvedev, avertissait quant à lui que ce pays membre de l'Otan était désormais considéré comme un "ennemi dangereux". "Quelle que soit l'ambition des plans revanchards, leur effondrement pourrait conduire à la mort de l'État polonais dans son intégralité", écrivait en novembre dernier le vice-président du Conseil de sécurité russe. Enfin, c'est sur le plateau de Rossiya 1, la chaîne de télévision publique russe, que les experts, élus et relais du pouvoir russe distillent cette idée à longueur de journée, prédisant par exemple l'absorption par la Russie des pays voisins dans "un grand foyer russe".

    Les pays concernés se préparent

    Un discours répété et entendu. Si bien que plusieurs pays se préparent à cette éventualité. Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a averti la semaine dernière que l'armée russe pourrait tenter d'avancer plus loin sur le continent européen. Dans la même semaine, le ministre de la Défense polonais, Władysław Kosiniak-Kamysz, a dit se tenir "prêt à faire face à n'importe quel scénario". Ces derniers mois, cette inquiétude s'est même emparée de pays bien plus à l'ouest. Le chef de l'armée belge, Michel Hofman, a prévenu mi-décembre qu'une victoire pousserait Vladimir Poutine à attaquer les pays baltes et la Moldavie. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a quant à lui estimé ce 19 janvier que "compte tenu des menaces quasi-quotidiennes du Kremlin", Moscou était susceptible de frapper un pays membre de l'Otan dans "les cinq à huit prochaines années". 

    Des craintes officiellement balayées d'un revers de la main par le Kremlin. Face à cette rhétorique, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, assurait le 17 décembre dernier que Moscou n'avait "aucun intérêt - que ce soit en termes géopolitique, économique ou militaire - à combattre des pays de l'Otan". Tout en réitérant une vision du monde dans laquelle l'Otan serait démantelée.

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    Si, à l'heure actuelle, aucune déclaration de Vladimir Poutine ne va dans ce sens, le discours des plus proches représentants du pouvoir russe laisse bien penser qu'en cas de défaite de l'Ukraine, les ambitions russes n'en seraient que renforcées. Comme le résume l'Institut pour l'étude de la guerre, Vladimir Poutine est peut-être en train de mettre en place "les conditions pour de futures actions agressives de la Russie à l'étranger". 

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    J'interprête cette déclarations d'Ancel assortie d'une timide réfutation par les journalistes de TF1 comme participant à l'escalade rhétorique des faiseurs d'opinion européens, pris de court face à la lassitude sur l'Ukraine [Ukraine fatigue] des Européens de l'Ouest, comme le dit Galeotti :

    Le 13/03/2024 à 21:21, Wallaby a dit :

    Sur la rhétorique des politiciens européens :

     

    15 janvier 2024

    49:34 Mark Galeotti : Chaque fois que quelqu'un comme Ursula von der Leyen dit qu'il n'y a pas de lassitude à l'égard de l'Ukraine [Ukraine fatigue], je m'enfonce la tête dans les mains parce que, bien sûr, il y a une lassitude à l'égard de l'Ukraine, et nous devons être honnêtes à ce sujet si nous voulons y remédier, et je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles nous recevons maintenant tous ces appels sur le fait que les Russes pourraient envahir l'OTAN dans les deux ou trois ans qui suivent la fin de la guerre.

    Il s'agit en quelque sorte d'une course à l'armement rhétorique que les gens essaient de lancer : "c'est la raison pour laquelle vous devez vous préoccuper de l'Ukraine parce que sinon, à tout moment, les Russes viendront et mangeront vos bébés".

     

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  17. il y a 20 minutes, Fred974 a dit :

    Tout de même, ils y songent au Kremlin, et ils le disent aussi... quand on sait qu'ils ont envahi un pays alors qu'une semaine avant ils déclaraient que "ce n'étaient que de simples exercices", je n'ose imaginer ce qu'ils feront dans un pays qu'ils disent ne pas exister.

    https://www.tf1info.fr/amp/international/video-guerre-russie-ukraine-vladimir-poutine-a-t-il-annonce-qu-il-s-attaquerait-a-la-pologne-et-aux-pays-baltes-apres-l-ukraine-2283712.html

     

    Qu'est-ce qu'il connaît à la Russie, Guillaume Ancel ? Il ne parle pas russe.

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  18. https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/03/15/marche-unique-l-union-europeenne-a-atteint-ou-depasse-le-niveau-d-ouverture-observe-a-l-interieur-des-etats-unis_6222215_3232.html

    De façon inattendue, les échanges entre Etats membres de l’Union européenne sont plus aisés qu’entre Etats fédérés américains, sauf sur le marché du travail, explique l’économiste Marta Santamaria Monturiol dans une tribune au « Monde ».

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  19. La réponse langue de bois d'Antony Blinken est inintéressante, mais la question d'Andrea Mitchell, de NBC, pose clairement le problème :

    https://www.state.gov/secretary-blinkens-remarks-to-the-press-4/ (13 mars 2024)

    Monsieur le Secrétaire, je vous remercie.  Je voulais poursuivre sur cette lancée et poser une seconde question sur Haïti, mais d'abord sur Gaza et le désastre que cela est devenu.  Les États-Unis sont en train d'armer la guerre.  Nous sommes le premier fournisseur d'armes à Israël.  Dans le même temps, vous dirigez un effort de sauvetage international pour acheminer cette aide - malgré les obstacles posés par les membres du cabinet israélien, qui ont retardé l'ouverture d'autres accès terrestres, et qui le font encore.  Et comme vous le soulignez, ces voies maritimes sont lentes - elles sont même plus lentes qu'elles ne devraient l'être, car tous les ports ne sont pas ouverts - et elles ne remplacent pas les centaines de camions qui pourraient arriver par voie terrestre.

    Pouvez-vous expliquer au peuple américain cette politique incompatible ?  Ces politiques sont en conflit.  Et avez-vous reçu d'Israël, comme demandé, un plan pour s'occuper des habitants de Rafah, si - comme le Premier ministre l'a dit, il est déterminé à aller chercher ces quatre derniers - ce qu'il dit être ces quatre derniers bataillons ?

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  20. Il y a 16 heures, zozio32 a dit :

    et comme il pense que les etats baltes, cést pareil aussi, on fait quoi, on attend?

    Non, Poutine ne pense pas que les États baltes, c'est pareil. Voir l'avis de Mark Galeotti à ce sujet :

    Le 11/03/2024 à 10:39, Wallaby a dit :

     

    19 décembre 2023

    Question : La DGAP ["Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik"] le groupe de réflexion du gouvernement allemand, a publié un document d'orientation intitulé "Prévenir la prochaine guerre" [1]. La thèse principale de ce document est que nous, c'est-à-dire l'Europe et l'OTAN, devrions nous préparer d'urgence à un conflit potentiel avec la Russie, car si la Russie voit dans les dix prochaines années qu'elle a la possibilité de s'emparer des pays baltes par le biais d'une invasion militaire, elle le fera, et je serais vraiment curieux d'entendre ce que vous pensez de l'évaluation de base de la situation, si c'est vraiment quelque chose que nous devrions prendre au sérieux et que nous devrions considérer comme une inquiétude imminente et quelque chose qui devrait façonner notre pensée et notre stratégie quand il s'agit de la Russie.

    Mark Galeotti [2]

    Je dois admettre que j'ai trouvé ce document assez inhabituel. Tout d'abord, il n'y a absolument aucune preuve que Poutine ait des ambitions territoriales en Europe, même dans les États baltes.

    Certes, ils faisaient partie de l'ancienne Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, mais néanmoins, vous savez, avec beaucoup de mauvaise grâce, Poutine semble avoir apprécié le fait qu'ils aient suivi leur propre voie.

    Poutine n'essaie pas de reconstruire l'Union soviétique, sinon, vous savez, pourquoi n'avons-nous pas vu d'invasions du Kirghizistan ou d'autres pays.

    Non, je veux dire que nous devons nous rendre compte que c'est beaucoup plus complexe et nuancé que cela.

    Deuxièmement, tout indique que Poutine est bien conscient que la Russie n'est pas l'égale de l'OTAN sur le plan militaire.

    Vous savez, l'article 5, la question des garanties de sécurité mutuelle de l'article 5 est une question sur laquelle les Russes, d'une certaine manière, sont plus confiants [que nous], parce qu'ils considèrent l'OTAN essentiellement comme le Pacte de Varsovie de l'Amérique.

    Ainsi, bien que nous ayons parfois ces préoccupations : l'Espagne se battrait-elle pour l'Estonie ? ou autre, je pense que les Russes ne s'en préoccupent pas, simplement parce qu'ils ont une image miroir et qu'ils supposent que l'Espagne n'aurait pas le choix parce que Washington lui dirait de le faire.

    En fait, je pense qu'ils considèrent l'OTAN comme une alliance défensive très puissante, à juste titre : il convient de noter qu'après tout, l'OTAN européenne a plus de troupes que les Russes, même sans inclure les Canadiens et les Américains, et la plupart de ces troupes sont plutôt de meilleure qualité.

    02:32 Mais au-delà de cela, vous savez, pourquoi s'inquiéter autant de l'adhésion de pays à l'OTAN si vous ne pensez pas qu'une fois qu'ils ont rejoint l'OTAN, ils deviennent beaucoup plus difficiles à menacer, à influencer et d'autres choses de ce genre ?

    Ensuite, il y a la question de la vitesse de reconstitution des forces. Il y a beaucoup de débats sur le temps qu'il faudrait aux Russes pour reconstituer leurs forces après la fin d'une guerre, et encore, une guerre qui malheureusement, il faut le noter, ne montre aucun signe de fin et je pense que 2025 semble être la date de fin la plus optimiste.

    Certains semblent penser que cela va se produire incroyablement vite, mais si l'on considère la capacité de production, à moins que les Russes n'aient l'intention d'acheter toute leur armée sur étagère ou au moins le kit nécessaire aux Chinois, il est tout simplement impossible que les Russes puissent reconstituer leurs forces aussi rapidement.

    03:26 Je veux dire qu'en ce moment, les Russes, par exemple, préparent un grand nombre de chars pour la ligne de front, mais vous savez, sur les quelque mille chars qui ont été préparés, seuls 200 étaient nouveaux, les 800 autres ont été récupérés dans leurs anciens arsenaux, dont une grande partie est franchement inutilisable, et ils choisissent donc en ce moment ceux qui fonctionnent, mais nous voyons des T62 et des T55 qui sont maintenant prêts pour la bataille.

    Ce n'est pas le genre de matériel que l'on peut opposer à des armées d'Abrams, de Challenger 2 et de Leopard 2 avec une quelconque chance de succès.

    De plus, les stocks vont bientôt s'épuiser. Ils n'en sont pas encore là, mais je pense que d'ici à la fin 2024, ils auront essentiellement pillé tous les châssis utilisables des vieux chars.

    Sans entrer dans les détails fastidieux, je pense que même si les Russes sont prêts et capables de dépenser ce que cela coûtera, ce qui sera énorme, et que l'économie russe, si vous regardez le budget actuel pour 2024, envisage de dépenser un tiers de son budget fédéral pour l'armée, ce qui est un montant énorme et le plus important depuis la fin de l'Union soviétique...

    04:41 Toutefois, si l'on examine les hypothèses budgétaires, le ministère des Finances [russe] part du principe que les dépenses réelles seront considérablement réduites en 2025.

    En d'autres termes, même le ministère des Finances [russe] reconnaît que "nous ne pouvons pas dépenser à ce niveau à long terme" et c'est le genre de dépenses dont vous avez besoin pour vous reconstituer aussi rapidement. Je veux dire, je pense qu'il est très douteux que les Russes se reconstituent aussi rapidement, et même s'ils le faisaient, qu'ils sentent qu'ils peuvent se frotter à l'OTAN, qui après tout dépense maintenant plus, certains diraient pas assez, mais au moins plus pour sa défense.

    Cela dit, si l'on regarde la position de l'Allemagne en particulier, bien qu'avec la Zeitenwende, elle s'engage davantage dans sa défense et ainsi de suite, il y a de vraies questions quant à savoir A) si ce qu'elle engage est suffisant et B) si cela se manifestera vraiment dans la réalité et je soupçonne, je ne sais pas, mais je soupçonne que le rapport de la DGAP surjoue en partie le sujet précisément pour essayer d'effrayer l'élite politique allemande afin qu'elle prenne la défense au sérieux.

    Enfin, il y a toujours cette question de la planification de la défense : on pense au pire scénario, mais on ne peut pas toujours prévoir tous les pires cas, donc il faut aussi penser au pire cas plausible.

    Je pense que le rapport pousse les choses au-delà du pire scénario plausible, jusqu'au pire scénario concevable, pour des raisons politiques évidentes. À cet égard, je suis peut-être dangereusement mais néanmoins optimiste, au risque de paraître démodé.

    [1] https://dgap.org/en/research/publications/preventing-next-war-edina-iii (8 novembre 2023)

    [2] https://en.wikipedia.org/wiki/Mark_Galeotti

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