Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Bat

Members
  • Compteur de contenus

    4 348
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    18

Tout ce qui a été posté par Bat

  1. Bat

    La Composante Air belge

    Suite: https://www.lesoir.be/535804/article/2023-09-07/joseph-henrotin-si-elle-le-voulait-vraiment-la-belgique-pourrait-livrer-des-f-16
  2. Le commandement intégré est finalement une sorte d'état-major suprême qui organise l'action des forces sous commandement OTAN, mais: Si la France est sortie de ce commandement intégré en 1966, toute une série d'accords visent à coordonner les forces françaises et les forces sous le commandement intégré de l'OTAN Le commandement intégré n'exclut pas la participation à des commandements locaux, dans le cadre d'opérations spécifiques par exemple. A fortiori dans l'hypothèse d'une opération visant à liquider Khadafi dans une embuscade aérienne (à laquelle j'ai cru plus jeune quand je lisais le Diplo et plein de thèses complotistes, mais que je ne crois plus après avoir creusé les éléments du dossier au-delà du scénario explicatif spéculatif dont je parlais plus haut - mais c'est une autre question): les 2 membres de l'OTAN qui avaient maille à partir étaient précisément les Etats-Unis et la France (et pas encore le Royaume-Uni). Si on accepte cette thèse, il est plus vraisemblable qu'une telle opération soit montée par les 2 pays qui en veulent à Khadafi plutôt que par des pays qui n'ont rien à lui reprocher voire qui coopèrent en loucedé avec lui (comme l'Italie). Dans cette perspective, l'idée que ce serait une opération "de l'OTAN" avec des "chasseurs de l'OTAN" me semble un abus de langage: on aurait plutôt une opération principalement franco-américaine, avec/au départ d'infrastructures OTAN qui ont l'avantage d'être dans la zone et pleine d'officiers américains en mesure de planifier et coordonner une telle action, éventuellement sous couvert d'un exercice sur lequel on met l'étiquette OTAN. Vu ainsi, tu a sun commandement franco-américain pour l'opération, et les décideurs à Paris et Washington. En même temps, ça fait 35 ans (Commission Stragi, 1988) que cette accusation est formulée explicitement de manière chronique par des acteurs politiques et médiatiques italiens, et revient plus ou moins tous les ans à la Une quelques jours avant de disparaître jusqu'à l'année suivante. Il y a aussi (surtout?) une dimension italo-italienne à cette thèse (cf. ce que disait @gianks) et son succès dans une partie de l'opinion (articulée au traumatisme des années de plomb, au foutoir qu'était le SISMI, etc.), voire une dimension "identitaire": selon que tu adhères ou non à la thèse, c'est clairement un marqueur d'appartenance politique.
  3. Alors je ne comprends pas ton discours, qui tend à démontrer le contraire. Si tu es un familier de l'exploitation des archives de Vincennes, non seulement tu as une idée de ce qu'on est susceptible de trouver dans ces archives (et par conséquent de ce qu'on sait qu'on n'y trouvera pas), et surtout des problèmes liés en amont (comment identifier les archives à aller voir dans la masse d'archives rendues accessibles —car on n'a pas un gros carton avec un bandeau rouge "secret" intitulé "tout ce qu'on cache sur le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice"—, ce qui présuppose d'ailleurs que ce soit inventorié ) et en aval (comment exploiter ces archives une fois identifiées et accédées). On est très loin de: "Macron n'a qu'à déclassifier [c'est pas sa compétence] les archives [lesquelles?] et on saura tout [non]". (Et plus encore de l'idée que ces archives seraient classifiées car on y cacherait nécessairement quelque chose.)
  4. Tu ne comprends manifestement pas ce que sont des archives (ni ce qu'on peut en faire). L'idée du président de l'association des victimes selon laquelle il va recevoir une archive qui donne la vérité est un pur fantasme ignorant de ce que sont ces archives (et plus généralement, de pourquoi elles n'étaient pas accessibles: un contexte a priori sans aucun rapport avec l'accident ou une décision politique, mais lié à la législation sur les archives et des conflits internes sur la manière de l'appliquer). C'est limite malhonnête de sa part de vendre cet espoir à ses membres, en fait.
  5. Oui mais non. C'est en fait une autre question, bien plus générale, par ailleurs dénoncée par les historiens. En gros, il y avait une législation (qui imposait une déclassification document par document) et une pratique (dans les faits, différents fonds d'archives concernées donnaient accès aux chercheurs sans passer par la procédure de déclassification). Il y avait donc un hiatus entre la pratique et la règle (en fait, de nombreux travaux historiques produits après 2011 se voyaient "interdits" rétroactivement vu qu'ils étaient basés sur des archives accédées sans respecter le cadre légal). Dans un premier temps, le ministère (suite à des modifications dans le code du patrimoine puis, me semble-t-il, des dispositions de la loi sur la sécurité globale qui a un volet sur les archives) a rappelé aux centres d'archives qu'ils étaient supposés suivre la législation (au lieu de faire un peu chacun leur politique dans leur coin à la tête du client), ce qui a eu un effet assez problématique: logique du parapluie oblige, les centres d'archives ont considéré que tout relevait désormais du secret défense et n'ont plus rien voulu déclassifier (alors qu'ils auraient pu le faire), arguant qu'ils ne le feraient que sur ordre d'en haut et en mettant en place une procédure ultra-restrictive (allant même au-delà de la loi). Le résultat a été une impossibilité de mener des travaux historiques, ce qui a suscité pas mal de protestations dans la communauté historienne. Macron a alors initié une procédure qui permet de résoudre ce problème-là pour la période qui inclut des archives militaires potentiellement liées au crash de la Caravelle. Sur ce, il faut faire 2 remarques: La France n'est pas les Etats-Unis: l'idée que le président classifie ou déclassifie comme ça les documents est un truc américain. L'enjeu ici est l'accès des chercheurs aux archives militaires de plus de 50 ans, en fixant une procédure plus légère de déclassification (càd évitant d'avoir à déclassifier chaque page une à une après examen de l'archive par l'archiviste, qui courageusement refuse de se prononcer renvoie à la hiérarchie ce qui fait que ça prend des mois, mais en permettant de déclassifier les archives par lots sur demande des chercheurs) ce qu'a effectivement initié Macron. Il y a un fantasme sur les archives classifiées, avec l'idée qu'elles recèleraient des tas de trucs incroyables et secrets. Dans la pratique, l'immense majorité sont en réalité purement anodines (genre: listes d'achats de fournitures, congés du personnels, rapports d'évaluations, etc.), et il est manifeste que les familles des victimes semblent croire qu'il existe quelque part dans ces archives je-ne-sais-quel document caché et secret disant "on a descendu l'avion". Dans la vraie vie, c'est généralement pas le cas. Le vrai enjeu est: comment exploiter ces archives rendues plus facilement accessibles? Et surtout: cette exploitation indique-t-elle quoi que ce soit peut-être en lien avec le crash de la Caravelle? Mais ça nous éloigne de l'Italie (sujet du fil). EDIT: Je retrouve cet épisode de podcast qui expliquait assez clairement le nœud du problème de l'accès aux archives et ses conséquences:
  6. À ma connaissance, la procédure de déclassification a bien été effectuée. https://www.corsematin.com/articles/macron-assouplit-le-secret-defense-la-caravelle-ajaccio-nice-concernee-116225
  7. Notons quand même qu'on n'a même pas la preuve qu'il s'agisse d'un missile. Un des rapports d'enquête italiens conclut à cette explication contre les expertises réalisés dans le cadre de la même enquête, qui n'a par exemple retrouvé aucune trace compatible avec cette hypothèse (éclats, etc.). Je ne sais pas ce qui s'est passé celle nuit de 1980 dans le secteur d'Ustica, mais l'idée que c'était un plan secret américano-otanien pour tuer Khadafi est comme je le disais plus haut un scénario spéculatif explicatif cherchant à relier entre eux des éléments disparates avec un récit cohérent (ou semblant l'être). Du coup, tous les éléments que tu mentionnes (que c'est un fox-2, que les Américains ont donné leur feu vert, etc.) est une spéculation dans la spéculation: ce sont des choses probables dans l'hypothèse où le récit explicatif spéculatif initial serait vrai. Mais pour lequel on n'a pas d'éléments concrets, hormis le récit lui-même (en gros: il génère sa propre cohérence, en vase clos en quelque sorte).
  8. Oui, mais sois un peu précis: Delon il pilotait le Mirage 4000 ou le Foch? Car à être flou comme ça, on pourrait croire que tu cherches à cacher des choses, sans doute sur ordre!
  9. Cela n'a rien de nouveau: il raconte ça en moyenne tous les 12 à 18 mois depuis une bonne dizaine d'années. Chaque année ou presque, le sujet est ressorti par l'un ou l'autre média italien et Amato affirme que c'est l'œuvre d'un avion de chasse français qui voulait tuer Khadafi. La thèse, bien que très mal étayée (c'est plus un scénario explicatif spéculatif —avec des variantes— qui tente d'articuler des éléments très disparates et pour certains factuellement faux) est assez populaire en Italie, en particulier à gauche.
  10. Bat

    La Composante Air belge

    Suite: Source: https://www.lesoir.be/529120/article/2023-08-03/les-deux-premiers-f-35-livres-la-belgique-avec-six-mois-de-retard
  11. Comprends-moi bien: je ne dis pas que la Commission se retrouve contrainte à engager une Américaine pour cette raison. Je dis que la Commission (et surtout les services des DG) est contrainte de fonctionner en-dehors d'un cadre de fonctionnaires européens, donc de multiplier les engagements sous des statuts divers et variés (temporaires, salariés de droit privé, consultants, ...) auxquels on ne peut pas nécessairement imposer (ne fût-ce que pour des raisons légales) les mêmes conditions d'engagement qu'à une fonction publique européenne, faisant que cela ouvre structurellement la porte à des situations comme celles-là... ou d'autres (et ce indépendamment de la qualité personnelle des gens recrutés). Franchement, je suis plus préoccupé par le fait que des responsables de sécurité informatique (pour les documents internes, pour la diplomatie européenne, etc.) puissent être recrutés sur le marché international sans conditions claires de nationalité que par le fait qu'on engage une économiste américaine pour un service d'expertise économique.
  12. Si la question est: est-ce une bonne idée? Pour moi, non: on est d'accord. Si la question est: "c'est une honte, démissionnez la dame", c'est une mauvaise façon de réfléchir la question, qui tend à se focaliser sur un cas individuel (indépendamment du cadre général et des contraintes), et à l'interpréter en termes de corruption/trahison/malhonnêteté '(alors que ce n'est pas le fond du problème). Si cette "affaire" (qui n'en est pas vraiment une, au-delà du fait qu'on peut trouver ça peu avisé), révèle quelque chose, c'est le cadre inadéquat laissé à la Commission Européenne pour remplir des missions qui sont interprétées différemment dans les différents pays (sans relancer la machine, à titre de boutade, je dirais que ça pose d'une énième manière le vieux débat de "l'UE doit-elle être une [insérez ici le pays que vous voulez] en plus grand?" et de savoir au départ de quels critères on réfléchit une question). Comme je le disais, tant qu'on ne fera pas de la Commission un gouvernement de l'UE, au sens plein du terme, avec les moyens et le cadre légal d'un gouvernement (et non un montage baroque plus ou moins bricolé de statuts et moyens répondant à des législations différentes), qui plus est dans un cadre que chaque démagogue national peut instrumentaliser pour sa com interne, cela restera insoluble et on aura des difficultés de ce type. Si on crée demains les Etats-Unis d'Europe, il sera plus facile de définir un cadre clair pour leur gouvernement. Ça ne sera pas parfait pour autant, mais cela permettrait d'éliminer la plupart des bizarreries, exceptions, chausse-trapes réglementaires et marges de flou qui rendent ces choses possible s(ou plus facilement possible). Ceci étant, je rêve que Fiona Scott Morton puisse contribuer, au titre de son expertise, à la mise en place d'un dispositif antitrust européen efficace (c'est don domaine de compétence académique). Américaine ou pas, ça serait un réel progrès (auquel malheureusement des gouvernements devraient s'opposer, à commencer par celui d'une grande république francophone qui voit dans l'européisation politiquement soutenue de ses champions économiques nationaux le modèle de construction à suivre).
  13. Il y a manifestement toute une variété d'agents temporaires, chaque variété ayant des conditions spécifiques et des exceptions possibles. J'ai été voir aussi dans les texte s(celui que tu as mis en lien et d'autres), et c'est une jungle réglementaire dans laquelle on se perd assez vite! En Belgique, c'est interdit dans la définition du poste. Les restrictions qui existent le sont en amont, au niveau du statut de la personne (en gros, si elle n'est pas ressortissante d'un des pays de l'UE, elle doit être dans les conditions pour obtenir un permis de travail (et l'avoir obtenu bien sûr), mais un employeur ne peut mettre une condition de nationalité (ou cela tombe sous le coup de la discrimination à m'embauche). (Je dirige actuellement un projet de recherche pour lequel j'ai un budget —de l'argent public!— pour engager des chercheur·euses, je n'ai pas le droit de spécifier que je veux qu'ils·elles aient telle ou telle nationalité. Je peux spécifier d'autres choses, comme la maîtrise de telle ou telle langue, toute compétence utile au poste, tel type d'expérience, etc., mais pas la nationalité. Mon offre d'emploi serait illégale. Mais si je recrute un·e étranger·e, il faut que la personne soit en règle pour pouvoir finaliser l'engagement.) Je ne sais pas ce qu'il en est exactement en France, mais je pense qu'en-dehors de certains postes réservés de la fonction publique, cela doit être plus ou moins la même chose.
  14. Donc cela plaide encore plus pour ce que je disais: pourquoi ce changement (probable) dans les conditions pour cette catégorie de personnel après 2018. Car, comme je le dis, pour cette catégotie spécifique, je ne trouve nulle part de condition de nationalité (et pas uniquement pour ce poste en question). Oui, mais "le personnel [de la Commission]", c'est quoi? Le diable est dans les détails. Comme je le disais, il y a du personnel propre, du personnel détaché, du personnel sur contrats de droit privé, des consultants, etc. Un fonctionnaire n'est pas recruté sur les mêmes critères (ni missions) qu'un conseiller, un responsable d'administration qu'un expert, etc. C'est ce maquis-là qu'il faut comprendre et clarifier. Et c'est une des difficulté: depuis que le cadre de la Commission a été figé (car les états membres trouvent que ça coûte trop cher et veulent moins contribuer à son fonctionnement) et que le spectre des missions et attentes de envers Commission n'ont cessé de croître, on a hélas une explosion des statuts plus ou moins étranges et parallèles (p.ex carrément l'externalisation de certaines fonctions à des boîtes de consultance privées). C'est hélas une conséquence prévisible: faute de pouvoir remplir ses missions avec des moyens propres dédiés, la Commission doit bricoler pour trouver d'autres formes de moyens sans peser sur le cadre. In fine, ces bricolages sont potentiellement néfastes car c'est parfois un peu n'importe quoi, ou parce qu'on doit/peut alors recruter des gens dans des statuts juridiques différents. Par exemple, si quelqu'un n'est pas fonctionnaire européen (ou fonctionnaire d'un pays membre détaché), il a normalement un contrat de droit privé belge (car le poste est basé en Belgique), et il est interdit de faire une discrimantion sur la base de la nationalité.
  15. Complément: c'est un poste "d'Engagement of a Temporary Agent under Article 2(a) of the Conditions of Employment of Other Servants" (le jargon européen). J'ai eu beau cherché, ces postes ne prévoient aucune condition de nationalité (mais juste une procédure pour vérifier la nationalité déclarée par le candidat). Comme le recrutement de 2018 l'était au même statut, soit la condition de nationalité précisée dans le profil était illégale (ce qui expliquerait qu'elle ait été retirée pour le recrutement de 2023), soit ce sont les conditions liées à cet article 2(a) qui ont changé.
  16. C'est pas une question d'être dégoûté ou non par ces gens, mais de source(s) sur la(les)quelle(s) ils se basent. S'ils se citent les uns les autres en interprétant un article US décontextualisé, ça ne vaut pas grand chose. S'ils ont enquêté et ont des éléments concrets à apporter au débat, c'est beaucoup plus intéressant. Ont-ils enquêté, ont-ils des éléments concrets, et lesquels? Quatremer, p.ex, a une excellente connaissance des institutions européennes, mais a tendance à s'emballer dès qu'il sort de son domaine de compétence au risque de dire (souvent) n'importe quoi (généralement répété de trucs qu'il a lus et sur lesquels il brode souvent en roue libre: ses prestations sur LCI à propos de la guerre en Ukraine sont aussi surréalistes que consternantes ). "Qui" n'est pas la question essentielle: ce sont les RH de la Commission. Aucun mystère là-dessus. La vraie question me semble être: pourquoi? À vue de nez, en regardant les offres d'emploi au sein de la CE et services liés, aucun ne semble astreint à une condition de nationalité, sauf les postes de fonctionnaires permanents. Il y a toute une gamme de statuts différents et je ne sais pas bien situer celui sous lequel est engagée Fiona Scott Morton, mais ça semble très loin d'être une exception. Plutôt que se focaliser sur ce cas précis, il me semblerait plus constructif/important de se questionner sur le cadre général (et donc le "statut" de la Commission, comme je le disais, mais aussi les DG et services liés, le Parlement, etc.). De ce que je sais, essentiellement par des personnes de ma connaissance qui y travaillent, les gens qui travaillent pour les institutions européennes le font sous une multiplicité de statuts avec des montages plus ou moins baroques faute de véritable cohérence en la matière (même si ça s'est amélioré depuis les années 2005 avec des formes d'unification du statut des assistants parlementaires, p.ex): on a un mélange de fonctionnaires relevant directement de l'EU, de fonctionnaires nationaux détachés, de gens engagés sous des statuts de droit privé, des consultants de cabinets de consultance accrédités, etc. Et tous ces personnels dépendent de législations européenne, belge ou nationales selon leur statut, leur niveau de rémunération, le lieu du domicile, etc., et parfois de législations différentes pour des domaines différents (recrutement et fiscalité, p.ex). Sur ce plan, on n'est pas vraiment en désaccord sur le constat, mais il faut aussi le contextualiser: la Commission fait avant tout ce que les états membres lui permettent de faire. Et ses possibilités se sont en fait beaucoup réduites ces 15-20 dernières années, en partie pour de bonnes raison (la Commission toute-puissante qui n'avait pas vraiment de comptes à rendre posait un vrai problème démocratique), mais en partie pour de mauvaises qui tendent à monter de plus en plus (à savoir le Conseil qui tend à s'imposer comme véritable organe exécutif de l'UE, et qui lui coupe de plus en plus les moyens depuis 15 ans, en termes de ressources —l'obligation faite à la CE se financer sur recettes propres et non plus sur les contributions des états est une mesure scélérate qui empêche en fait la Commission de fonctionner comme elle devrait—, en termes de personnel, en termes d'initiative politique, ce qui est totalement incohérent alors qu'on attend de plus en plus de la Commission et de l'Europe), sans compter qu'il est difficile de faire une Commission qui puisse être politiquement cohérente (comme on l'attendrait d'un gouvernement) avec le mode de désignation des membres. Au risque de donner l'impression de radoter, si la Commission devenait le véritable gouvernement d'un état européen, elle devrait obligatoirement faire preuve de plus de sens politique, ce qui en l'état est compliqué et, par ailleurs, saboté très régulièrement par le Conseil (ou des chefs d'états ou de gouvernement au sein du Conseil, qui veulents e faire mousser généralement pour des raisons de politique intérieure).
  17. Tout dépend dans quel cadre: c'est justement ce que je disais. Tu sembles penser qu'une personne qui travaille comme consultante pour un cabinet de consultance doit mettre dans son CV tous les clients du cabinet sur/pour lesquels elle a pu travailler. Je ne connais personne qui fasse ça: on mentionne le cabinet de consultance... ce qui est son cas ici. Un avocat met-il dans son CV la liste de ses clients? Non: il dit qu'il travaille dans un cabinet. Idem avec la plupart de s professions, en fait: je vois mal ce qui est différent ici, d'autant que le papier du Prospect ne donne pas vraiment d'éléments documentés: il y a eu "des liens" (on ne sait pas lesquels, dans quel cadre, quand), sans aucun détail montrant qu'on sortirait des missions du cabinet (cité dans le papier). Le seul truc intéressant dans cet article ne porte pas sur ce qui aurait été dissimulé (car finalement l'article ne dit rien de cela), mais plutôt sur les difficultés juridiques qui ont entouré la rédaction de 2 rapports de la section antitrust du département de la justice auxquels elle a contribué sur des entreprises avec lesquelles elle avait travaillé dans le cadre de son boulot au cabinet de consultance Charles River. Cela indique le potentiel conflit d'intérêt, mais nullement une dissimulation comme tu le prétends (cela prouverait même le contraire puisque ce montage juridique a dû être fait pour tenir compte d'une situation connue et déclarée).. Si: cela permettrait de mettre des conditions de nationalité pour le recrutement. Ce qui n'est pas vraiment possible actuellement pour des structures non-étatiques en Europe. La Commission dont fonctionner avec le droit commun du secteur privé (je simplifie un peu, mais en gros ça revient à ça). Par exemple, dans le ca sprésent on a reproché que l'offre d'emploi n'avait aucune contrainte de nationalité, mais vu le statut, n'importe quel candidat hors UE qui s'estimerait lésé pour cela peut faire condamner la Commission pour discrimination. C'est idiot quelque part, mais la Commission ne peut hélas pas vraiment faire autrement en raison de la réalité juridique des services d'appui aux institutions européennes. Si demain on dit que l'UE est un état, le droit de cet état s'appliquerait à ses services d'appui, qui pourrait préciser que pour ces fonctions la nationalité européenne est requise. Et ce que je trouve pathétique et révoltant (raison de mon intervention initiale sur le sujet), c'est que ceux qui gueulent le plus fort contre cette nomination en France sont aussi ceux qui s'opposent le plus à la construction d'institutions européennes avec des prérogatives dignes d'un état. C'est totalement incohérent/inconsistant, et justifie que j'aie qualifié ces cris d'orfraies de mise en scène de soi pour tenter de se faire valoir dans une actualité estivale plate (sachant que la beaucoup de ces âmes soi-disant pures et choquées s'opposeront dès demain à toute évolution des institutions qui pourrait éviter cela (car beaucoup sont plus ou moins ouvertement eurosceptiques).
  18. @Boule75(mais les remarques qui suivent ont une portée plus large), tu spécules quand même beaucoup sur des éléments dont nous ne disposons pas. Par exemple, le fait qu'elle serait nécessairement malhonnête, qu'elle aurait nécessairement des actions des entreprises que la DG concurrence est amenée à réguler, etc. Si cela ne règle pas la question de la nationalité (dont je répète qu'elle serait plus simple à traiter si nous options pour une Europe fédérale et non un truc interétatique qui par nature ne peut que rendre ce type de limitations compliqué/impossible), on note par exemple que les conflits d'intérêts que tu présentes comme évidents n'ont pas empêché l'administration américaine à l'employer dans la direction antitrust du ministère de la justice. Alors soit ils sont aveugles, soit ils s'en foutent, soit ce que d'aucuns présentent comme évident ne l'est pas tant que cela. Et de fait, ça ne l'est pas: elle n'a pas travaillé pour ces géants (Apple, Microsoft), mais pour un cabinet de consultance (Charles River Associates) qui a eu des contrats de conseil avec ces GAFAM. Je ne sais pas si Fiona Scott Morton a personnellement travaillé pour ces clients-là (si on en croit une partie de la presse française, oui, mais je reste prudent parce que nombre d'affirmations lues ces derniers jours ne semblent pas sourcées, en contradiction avec le CV de la dame ou simplement relevant de l'invention - p.ex affirmation qu'elle est une "ancienne lobbyiste d'Apple et Microsoft" plusieurs fois lue ne cadre absolument pas avec son domaine d'expertise et les services de CRA, donc je serais curieux de voir d'où ça sort; j'ai cherché et tout ce que j'ai trouvé est que des politiques français le disent: en terme de qualité de la source, on est quelque part entre le propos de pilier de bar PMU et le serpent qui se mord la queue) mais ce constat fragilise à lui seul 2 de tes arguments: le lien de loyauté présumé à ces GAFAM, et le fait qu'elle en aurait nécessairement gardé des actions (qu'elle n'a probablement jamais reçues, comme consultante et non comme employée). Si vous voulez, son CV est ici: https://spinup-000d1a-wp-offload-media.s3.amazonaws.com/faculty/wp-content/uploads/sites/16/2022/07/Fiona-Scott-Morton-Curriculum-Vitae-2022.pdf On peut, à juste titre, reprocher plein de choses à la Commission Européenne et ses services (même s'il ne faut pas oublier que depuis 2005 son action est en fait cadrée par le Conseil, donc découle directement des décisions et compromis des chefs d'états et de gouvernements, sous contrôle du Parlement sur certains aspects), mais je pense qu'il serait utile de faire ces reproches sur la base d'éléments correctement documentés et non sur la base de slogans creux qui affaiblissent les critiques (mêmes bien intentionnées) et ne font que brouiller un peu plus les choses sur des questions où on gagnerait à plus de clarté et à poser les questions plus intelligemement qu'au café du commerce.
  19. Ça, c'est une lecture possible (encore que je ne sais pas comment tu détermines où "va sa loyauté" exactement), mais il y en a d'autres. À commencer par la nécessité d'expertise sur ces questions et une compréhension du fonctionnement des acteurs économiques à réguler (elle est reconnue comme excellente connaisseuse de la mise en place des régulations antitrusts, sur lesquelles portent quasiment toutes ses publications académiques - c'est une expertise rare en Europe car historiquement on a très peu fait ce genre de choses d'un fait d'une tradition sociale-démocrate assez éloignée des enjeux américains). À nouveau, je rappelle qu'on ne recrute pas une décideuse, une juge ou autre, mais une personne qui va être chargée, au sein d'un service existant, d'éclairer les décideurs pour qu'ils fassent (si possible) moins de bêtises en décidant avec suffisamment de compréhension du cadre et des conséquences de leurs décisions. C'est in fine toute la question de la place de l'expertise dans la société (comment permettre aux décideurs de comprendre les tenants et aboutissants des thématiques dont ils sont amenés à s'occuper sans en être des experts, au sens professionnel du terme) par opposition à la technocratie (idée que les décisions devraient être prises par des gens de métier jugés mieux à même de prendre les meilleures décisions du fait de leurs compétences professionnelles) rendant finalement caduques la politique et la démocratie (sujets à des passions irrationnelles de la part d'ignorants des choses du métier). Dans le cas présent, beaucoup de gens semblent penser que l'UE serait une technocratie pure et parfaite, où les gens du métier prendraient de facto les décisions et les imposeraient aux politiques qui n'auraient aucune marge (politique, justement), face à celles-ci. C'est (heureusement) un peu plus subtil que ça dans les faits. Comprenons-nous bien: je ne suis pas spécialement favorable au recrutement de cette collègue, mais les arguments qui accompagnent la levée de boucliers contre elle sont assez faibles et semblent plus, pour certains de nos politiques notamment, relever de la posture achetée à peu de frais pour se mettre en scène dans une actualité un peu plate au cœur de l'été que d'une véritable réflexion destinée à faire progresser un état fédéral européen ayant les moyens de mener une politique européenne souveraine. En effet, ce genre de recrutements découle aussi et surtout du statut bancal des institutions européennes pour lesquelles ce qu'on trouverait nécessaire pour un état n'est tout simplement pas possible car l'UE n'est pas un état et que la plupart des pays membres ne favorisent pas les mouvements nécessaires pour qu'elle le soit.
  20. Certes. Mais alors la question se pose avec n'importe quel économiste, et du coup on voit mal le problème particulier avec celle-ci.
  21. Je ne comprends pas le "non": je ne vois pas où j'aurais doit le contraire. À une nuance près: prétendre que la sécurité de l'Ukraine post-guerre est assurée est du foutage de gueule à ce stade. Du moins, ça dépend de ce qu'on appelle "assuré". Le memorandum de Budapest et le traité d'amitié Russie-Ukraine "assuraient" la sécurité de l'Ukraine, force est de constater que ça n'a pas vraiment marché. Il est donc logique que l'exécutif ukrainien demande des garanties plus solides, à leurs yeux, que de tels mécanismes. De leur point de vue, ça passe par l'intégration à l'OTAN pour pouvoir dire que toute nouvelle attaque contre l'Ukraine pourra être considérée comme une attaque directe contre l'ensemble de ses alliés. J'ai des doutes qu'ils se contentent de moins.
  22. En l'état, vu la nature du poste, le problème tient plus à certaines de ses activités passées qu'au fait qu'elle soit américaine ou aux procédures d'accréditation de l'UE. Si j'ai bien compris, ce poste consiste essentiellement à fournir une expertise académique (ce qu'elle est puisqu'elle était dernièrement professeure d'économie à l'Université de Yale) pour aider la commissaire européenne en charge de la concurrence à comprendre les fonctionnements de marché et les effets des mesures de régulation. Il n'y a donc a priori, si les articles que j'ai lus sur le poste en question, ni dimension politique, ni accès à des choses classifiées.
  23. La manière dont la plupart des observateurs et décideurs (Zelensky compris) voient la question n'est pas d'entraîner ou non tout l'OTAN dans la guerre, mais celle des garanties de sécurité pour l'Ukraine après. Les garanties précédentes (Memorandum de Budapest, à savoir le renoncement à l'arme atomique contre une inviolabilité territoriale garantie par de grandes puissances) n'a pas marché (puisqu'un des garants a envahi l'Ukraine, et les 2 autres n'ont pas fait grand chose à la première "tranche" d'agression). Du point de vue ukrainien, il est logique de chercher quelque chose qui leur semble plus efficace, plus certain. Et en l'état, les lecture convergent: si l'Ukraine avait été membre de l'OTAN elle n'aurait probablement pas été envahie, et donc si elle l'est à l'avenir les Russes ne l'envahiront plus. Ce n'est pas infaillible, certes, mais ça n'est pas irrationnel non plus de le demander, sachant que les alternatives fortement crédibles ne sont pas légion (à moins que l'Ukraine ne développe l'arme atomique - avec le risque d'être à nouveau attaquée avant qu'elle ne soit opérationnelle pour l'empêcher d'y arriver). Et dans cette logique, certains (notamment dans les pays balte sou certains courants en Pologne) pensent que si l'Ukraine adhérait immédiatement à l'OTAN, cela forcerait peut-être la Russie à cesser son agression pour ne pas se retrouver en guerre contre toute l'OTAN. Et c'est ça qui fait débat à l'ouest: si on laisse de côté le fait qu'il n'y a de toute façon aujourd'hui pas l'unanimité nécessaire à cette option, ça reste quand même un gros pari. Quid si ça ne marche pas et que malgré une adhésion la Russie ne se retirait pas? Est-ce que l'OTAN est prête à aller au bout? S'il n'y a pas accord et unanimité là-dessus, ça ne sert même à rien de le proposer, car ça minerait tout le bluff nécessaire à ce que ça fonctionne. Ce uqi explique que les USA, la France, l'Allemagne et quelques autres sont contre, en fiat.
  24. Effectivement, c'est bien de le rappeler. D'une part il faut que l'invocation de l'article 5 soit faite (demande de l'activation de l'assistance), d'autre part qu'elle soit acceptée par les membres. Enfin, même si ces deux conditions sont remplies, tout état membre peut y donner suite ou non (même si dans ce dernier cas ça compliquera sans doute les relations avec les alliés), ce pourquoi l'URSS n'a eu de cesse d'élaborer de splans de division politique de l'OTAN durant la guerre froide.
  25. Alors ce que je disais est encore plus vrai: en regard des autres circonscriptions françaises, il y avait beaucoup trop de députés à Paris! On ne peut imputer à l'UE les disparités régionales internes à la France, a fortiori pour les comparer à des totaux nationaux. Comparer la France et l'Autriche (ou la Normandie et le Tyrol, ou que sais-je) a du sens de ce point de vue, pas vraiment la Normandie et l'Autriche.
×
×
  • Créer...