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funcky billy II

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Tout ce qui a été posté par funcky billy II

  1. Mais pour le coup, ce que l'on reproche beaucoup à Macron (à tort ou à raison) dans pas mal de capitales, c'est justement son obsession de laisser une porte de sortie à Poutine. Qu'est-ce qui te permet de dire l'inverse ? Tu penses vraiment que si Poutine avait émis l'idée d'une solution négociée (vraiment négociée, pas où il impose ses vues), la France et l'Allemagne n'en auraient pas voulue ? Tu penses vraiment que la France et l'Allemagne sont depuis février engagées dans un processus de destruction de la Russie type capitulation sans condition ? Quelle vision politique de l'occident entre février et maintenant, autre évidemment que de lâcher l'Ukraine en rase campagne et de céder à Poutine, aurait permis de mettre fin au conflit ? Ça suppose quand même d'imaginer que, hors occident, on est ok pour acter que ça ne pose pas de problème de balancer des bombes H dès que l'on perd une guerre extérieure. Ça suppose aussi que la riposte ukrainienne ou occidentale soit obligatoirement nucléaire. Bref ça fait beaucoup de suppositions d'un coup, je trouve.
  2. Thread très intéressant de Thomas C Theiner sur l'aspect logistique de la chose. (Pour info, il est très pro-ukrainien) Si on s'intéresse une fois de plus aux voies ferrées (la carte est de lui): Les polygones violets, ce sont les noeuds ferroviaires russes et les ronds jaunes, c'est la portée d'un missile Himars. (J'ai l'impression qu'il la calcule en imaginant que le lanceur est sur la ligne de front, donc dans la réalité, j'imagine qu'il faudrait décaler le rond un peu plus du côté ukrainien). On peut en fait, dans cette région, diviser le réseau ferroviaire en deux parties qui ne peuvent pas communiquer (sauf à faire un détour par la Russie en longeant la frontière ukrainienne) du fait que les voies ont été détruites au niveau du front de 2014. Pour la partie nord, la prise de Koupiansk, on l'a vu, empêche les Russes d'alimenter directement le nord du front jusqu'à Severodonetsk depuis la Russie par la voie ferrée. Mais on constate également que, pour la partie sud du réseau, les deux noeuds ferroviaires de Debaltsave et Ilovaisk sont également bien dans la zone que les Himars peuvent cibler. Ce qui, selon lui, force les Russes à prévoir des dépôts bien en arrière du front (± 100km) et désorganise encore un peu plus une logistique déjà mise à rude épreuve et manquant de camions. Le réseau routier de l'oblast de Louhansk étant, en règle générale, moins resserré et les distances à parcourir depuis la voie ferrée la plus proche, supérieure, la situation y est encore bien pire que du côté de Donetsk. Néanmoins, cette logistique défaillante est une des raisons qui contraint les Russes à se tenir sur la défensive. Mais là, on peut se dire que la fourniture à l'Ukraine d'armes de plus longue portée n'y changerait pas grand chose. Bien différente est la situation au niveau de la Crimée: Déja la portion de voie entre Donetsk et Volnovakha est inutilisable car trop proche du front et à portée de l'artillerie ukrainienne. Du coup, conclusion logique, le seul moyen pour les Russes d'approvisionner le front Sud par la train (leur principal atout logistique, rappelons-le), c'est par le pont de la péninsule de Kerch (puis le pont le Syvash pour toute la zone Mélitopol-Marioupol). Problème, ces deux ouvrages d'art sont hors de portée des Himars (toujours les ronds jaunes). Mais: Ils sont à portée des missiles ATACMS, dont les lanceurs peuvent se mettre sur le porteur des missiles HIMARS. Et là, le point intéressant, c'est que l'on peut potentiellement menacer toute la logistique russe du front sud ainsi que d'infliger un camouflet à la Russie si ces missiles, que Washington semble pour le moment réticent à envoyer en Ukraine — même s'ils faisaient partie de la liste des suspects lors de l'attaque de la base de Saki. Toujours est-il que cela montre qu'une capacité d'escalade existe aussi du côté occidental et ukrainien si la Russie commence à franchir certaines bornes et (là, c'est moi qui rajoute), c'est un exemple concret de ce que pourrait être une partie de la réponse à une attaque nucléaire russe, si, cas qui demeure improbable malgré tout, elle devait survenir. Je mets les fils twitter: Les Russes ont manifestement une densité de troupes importante et qui plus est de bonne qualité, certaines ayant été retirées de la zone qu'elle défendaient du côté de Kharkiv, ce qui a laissé la voie libre à l'armée ukrainienne. La zone est pourvue de lignes de défense préparées. Le problème logistique pour les Russes, c'est le franchissement du Dniepr. Les HIMARS ont détruit les passages sur le fleuve ainsi que des dépôts logistiques russes. Ce qui pousse certains commentateurs à comparer la rive nord du Dniepr à une île. Enfin voila ce que j'en ai compris en tout cas...
  3. Si on essaye de faire preuve d'optimisme dans ce monde de brutes: Les menaces nucléaires sont quand même très floues et ne changent pas radicalement par rapport à avant la déclaration. Donc rien de neuf sous le soleil pour Poutine qui a passé son temps à menacer tout le monde de faire sauter la planète depuis 6 mois. Bien moins inquiétant qu'une formulation explicite type: "Si vous reprenez Louhansk, c'est champi", si je pousse le propos jusqu'au bout. On a déjà eu le cas avant: la Crimée a déjà connu un référendum d'annexion, fait partie du territoire russe et est donc normalement "sanctuarisée". Mais quand les Ukrainiens ont effectué des frappes sur la péninsule, la seule réponse russe, ça a été de dire "C'est une cigarette mal éteinte". Donc pour le moment, pas de changement évident non plus. Mine de rien aussi, l'escalade n'est que partielle. Pas de déclaration de guerre. On continue sur une "Opération militaire spéciale" qu'on peut arrêter à tout moment à l'inverse d'une guerre où il y a une vainqueur et un vaincu. Donc, bon, on peut se dire que ça aurait pu être pire. Autre point aussi vu mentionné, le dispositif russe permet de prolonger les contrats des soldats de métiers indéfiniment. Donc ceux qui devait partir cet automne vont devoir rester dans l'armée. Avec un impact évident sur leur moral... C'est une légende urbaine il me semble. Au Vietnam, les américains déployaient aussi tout un dispositif d'avion tactique de guerre électronique pour faciliter l'attaques. Pas sûr que les Russes aient ça en stock. Ils n'ont pas démontré non plus leur volonté d'encaisser de lourdes pertes. Si, a priori, on commence à voir plus de Su-25 au dessus du front, l'aviation russe a brillé par son absence lors de l'offensive ukrainienne près de Kharkiv. Le seul moment où les Tu-22 ont lâché des bombes sur l'Ukraine, c'était, sauf erreur de ma part, au dessus de Marioupol alors qu'il n'y avait aucune DCA ukrainienne à proximité. Bref, je ne prétends pas prédire l'avenir mais ce n'est pas une hypothèse qui est retenue par beaucoup de commentateurs.
  4. Deux remarques glanées au fil de mes pérégrinations sur Twitter: 1°) Au sujet de la poursuite de l'attaque russe sur Bakhmout, une hypothèse de Rob Lee. Cela est plus dû à l'absence d'unité de commandement du côté russe qu'à un plan opérationnel global et réfléchi. C'est Wagner qui a la responsabilité du front de Bakhmout et Wagner ne répond qu'au Kremlin, pas au commandant de théâtre de l'armée russe. Prendre la ville de Bakhmout les mettrait bien plus en valeur auprès de Poutine que de participer à la défense de parties paumées du front. Et donc ils y vont à fond. 2°) Un deuxième effet kiss cool de l'offensive ukrainienne sur le plan logistique qui, personnellement, m'avait échappé, c'est qu'en coupant la voie ferré à Koupiansk, les Ukrainiens ont privé Severedonetsk et Lyssytchansk et toute une partie du front à proximité de ces agglomérations de liaison ferroviaire avec la Russie: Dans la mesure où les lignes ferroviaires ont été coupées en 2014 au niveau de la ligne de contact (ligne rose sur la carte), il y aura désormais forcément une rupture de charge avant la ville et ses environs si on vient du Donbass, ce qui va compliquer l'approvisionnement de la zone, et ce même si d'autres voies arrivent à proximité. Et ça durera jusqu'à ce que les Russes arrivent à rétablir les liaisons. À titre personnel, je te lisais avec beaucoup d'intérêt et je serais ravi que tu nous expliques pourquoi tu trouves que ça fanboyise à fond (pour ne pas que ça prête à confusion, ce n'est pas de l'ironie. Je le dis sincèrement)
  5. Un nouveau fil twitter très intéressant de Stanimir Dobrev pour expliquer les malheurs actuels de l'armée russe. Il avait déjà fait un fil passionnant au tout début de la guerre (le 26 février) où il expliquait une partie des maux dont souffrait l'armée russe, en particulier la corruption endémique, et indiquait que l'attaque éclair n'était en fait qu'un gigantesque foutoir à peine organisé. Je m'en étais d'ailleurs fait écho ici même parce que c'était un des seuls, à l'époque, à aller à contre courant de tous ceux (et Dieu sait qu'ils étaient nombreux) qui saturaient l'espace médiatique en nous expliquant que l'armée russe était un rouleau compresseur qui avait fusionné avec un guépard: Et le fait est que l'avenir lui a donné raison. Mais bref, il a fait un nouveau fil explicatif: Pour lui, un des problèmes russes, c'est que le pouvoir civil s'est montré incapable d'appréhender les capacités réelles dont disposait l'armée russe eu égard au budget qui lui était alloué. Déjà, il pense que l'armée ne s'est pas désintéressée de l'entrainement de ses troupes parce qu'elle avait mieux à faire ou parce qu'elle pense que ça n'a pas d'importance. C'est juste qu'elle n'en avait plus les moyens. En effet, en Russie, il n'y a pas de budget spécial pour les OPEX (ou les opérations militaires spéciales). Typiquement, l'intervention en soutien aux républiques populaires du Donbass en 2014 ou celle en Syrie plus récemment ont été financées grâce au budget courant du ministère de la défense russe (déploiement, bonus financiers aux militaires impliqués...). À cela s'ajoute les milices des républiques populaires qu'il a fallu organiser et équiper en vidant les stocks de l'armée. En dépit de la multiplication de ces ponctions entre 2013 et 2016, le budget de la défense russe n'a pas été augmenté. Du coup, plus d'argent, donc le ministère décide qu'on arrête de s'entraîner. Parce que l'entraînement coûte cher: l'auteur estime que, tout compris, un an d'entraînement sur un char revient à peu près à son prix d'achat. On glisse en passant que, selon l'auteur, les missiles hyper sophistiqués tirés pour l'esbroufe en Syrie, n'ont pas été remplacés nombre pour nombre depuis (ou, plus exactement, il n'est pas prévu d'en racheter plus que prévu à la base pour ce faire), de même que les munitions utilisées dans le Donbass depuis 2014. Bref, le stock de munitions russe a baissé depuis 10 ans. À cela s'ajoute que le salaire de base des militaires russe s'est effondré (rappelez-vous, il n'y a plus une thune). Entre 2013 et 2022, le pouvoir d'achat des hommes du rang russes a été divisé par deux. Autant dire que c'est devenu compliqué d'attirer des recrues de qualité donc la qualité de la troupe en a beaucoup souffert. Les hommes qui ont le choix d'aller ailleurs ne renouvellent pas leur contrat. Comme si ça ne suffisait pas, d'autres branches de l'armée russe proposent des conditions financières bien plus avantageuses. Typiquement, il est financièrement bien plus intéressant de s'engager dans la Rosvgardia que dans l'armée de terre. Et, si la Rosvgardia peut venir en appoint à l'armée de terre, elle ne peut prétendre la remplacer dans son coeur de métier. Si ces problèmes ont touché principalement l'armée de terre qui est, et de loin, la dernière des priorités du ministère de la défense russe (en termes de pièces détachées, d'équipements ou d'avantages financiers), il ne faut pas pour autant en déduire que les VDV et l'infanterie navale ont été épargnées. Pour elles aussi, la qualité de l'entraînement à souffert. Mais la conclusion est simple, chaque fois que l'armée russe entreprend une opération extérieure, cela diminue mécaniquement le budget qu'elle peut consacrer à l'entraînement et à l'achat de nouveaux matériels. Donc elle reste avec du matos ancien sur lequel ses soldats ne peuvent pas s'entrainer assez (voire pas du tout). Évidemment, l'armée s'en est ouverte au pouvoir politique mais celui-ci a fait la sourde oreille. L'argent demandé n'était de toute façon pas disponible et, de loin, on avait l'impression que les interventions russes dans le Donbass ou en Syrie ne se passaient pas trop mal. Le Kremlin en a donc déduit qu'il ne s'agissait que d'un manœuvre politique de la part du ministère pour augmenter sa part du gâteau budgétaire, un réflexe classique pour tout bureaucratie. Et tout ça contribue en partie à expliquer ce que nous constatons aujourd'hui en Ukraine.
  6. D'après l'agence TASS, le porte-parole du Kremlin dément qu'une mobilisation partielle ou générale soit envisagée en ce moment. Dans les réponses du fil de tweets, Mars Attaque parle aussi des canons tractés TRF1 que l'on va envoyer et a priori, on en envoie moins d'une douzaine en fait. edit: @Banzinou Je me permets de répondre dans mon post précédent. La nouvelle information, c'est le nombre qu'on envoie. Elle n'est d'ailleurs pas présente dans l'article que tu cites sauf erreur de ma part. Dans les réponses, il précise aussi que, selon lui, l'AUF1 n'est pas envisageable :
  7. J'ai l'impression qu'on est globalement d'accord. Tant qu'on ne sait pas si une défaite totale le place sur un siège éjectable, on en est réduit à des conjectures. Merci pour les précisions d'ailleurs. Je me permets juste de te répondre sur un ou deux points précis. Edit: Bon, je m'aperçois que j'ai encore écrit une tartine longue et chiante. Donc je le mets en spoiler pour ne pas monopoliser la moitié de la page à raconter ma vie.
  8. C'est bien comme ça que je le vois. On se dit, "Ok, à un moment, il faut voir les choses en face", on lâche des choses parce qu'on a pas le choix en se disant que dans 10-20-30 ou 50 ans, on reviendra conqué libérer ces pays. Mais sur le moment, on lâche quand même un peu parce qu'on ne peut pas faire autrement. Et finalement, ça leur a pas si mal réussi aux bolchéviques...
  9. Je ne sais pas si Poutine a une personnalité qui doit forcément conduire à l'escalade. Pour le coup, et je pense qu'il s'agit là d'éléments d'objectifs (mais peut-être me trompé-je), des choses que j'ai pu lire, se dégage que : Poutine n'est pas une tête brûlée. Il n'a pas une personnalité à la Hitler qui, s'il jouait au poker, ferait tapis toutes les deux minutes. C'est un homme qui s'est lancé dans des entreprises géopolitiques à faible risque jusqu'à cette année. La Tchétchénie, la Géorgie étaient des pays bien loin à même que l'Ukraine de lui infliger des défaites sévères, l'opération en Syrie ne présentait quand même que peu de risques pour les avantages qu'il pouvaient en retirer. L'Ukraine en 2014 est un pays dont l'armée est capable de mobiliser 5 000 hommes à peu près en capacité de combattre. Quant à la fameuse "Opération Spéciale", il se lance parce qu'on lui a affirmé qu'elle ne présentait aucun risque ("On sera à Kiev en trois jours"). Il n'a pas l'impression de faire un pari risqué, bien au contraire. (Bon en fait, je réalise que la distinction en deux points est un peu nulle parce que les deux sont quand même très liés mais la flemme donc bon...) Poutine a une compréhension innée des rapports de force. S'il a l'impression que l'opposition est en situation de faiblesse, il fonce. Si il se rend compte qu'en face, il y a du répondant, il se couche, pour filer la métaphore du poker. Quand on a eu les extensions de l'OTAN aux pays de l'Est, à part chouiner il n'a pas fait grand chose, Tonton Vlad. Il a attendu la remontée des cours des matières premières premières au tournant de la décennie 2010 pour avoir une politique étrangère beaucoup plus affirmée. Plus récemment, la Turquie lui a quand même abattu un Su-24 à la première violation de frontière. Et de mémoire il ne s'est rien passé. Je n'ai absolument pas la prétention de prévoir ce qui va arriver, les enjeux de cette crise sont sans doute bien supérieurs à ceux des précédentes, et il faut bien entendu rester très prudent quand un autocrate qui a l'arme nucléaire se retrouve en difficulté, mais est-ce que le passage de "C'est un joueur d'échec brillant qui a 25 coups d'avance" à "C'est un malade qui a le doigt vissé sur le bouton rouge" n'est pas un peu prématuré ? Son histoire personnelle est plus celle de quelqu'un qui, tant en politique intérieure qu'extérieure, augmente son pouvoir en se débarrassant graduellement de ce qui le gène en empruntant le chemin de moindre résistance. Pas d'un malade qui fait n'importe quoi en permanence. Finalement l'image du joueur d'échec n'est peut-être pas si mauvaise. C'est juste qu'il tourne le dos à l'échiquier et qu'on lui a menti sur les pièces qui étaient posées dessus. Tu as quand même pas mal de commentateurs qui pensent (avec des arguments) que la probabilité qu'on en arrive aux nucs est faible: Sans parler de la réaction des autres pays. Alors que des sanctions, ça s'annule. Tu peux encore construire une forme d'avenir. Il y a pas mal de pays même d'Europe qui ne demandent que ça. Idem pour la fragilisation de son pouvoir. Certes il serait affaibli par une défaite mais suffisamment pour qu'il s'effondre ? En plus de 20 ans, il a quand même eu le temps de repeupler la structure du pouvoir par ses affidés qui sont plus intéressés par leurs gains personnels que par l'extension territoriale de l'empire russe. S'ils continuent de s'en mettre plein les poches, pourquoi prendraient-ils le risque de se prendre une balle dans la nuque. On nous a seriné depuis le début de la crise que le peuple russe allait se révolter et que cette aventure extérieure était le dernier clou dans le cercueil de Poutine. Résultat, il y a toujours 72% des Russes qui soutiennent la guerre, même du bout des lèvres: Encore une fois, je ne sais pas ce qui va se passer, mais je trouve que partir du principe qu'il va forcément sauter ou nous faire sauter, c'est quand même un peu rapide. Il est en difficulté mais rien ne prouve qu'il soit irrationnel ou même que la perte de la Crimée signifierait la perte de son trône. Pourquoi ne réussirait-il pas à "spinner" cette défaite, sinon à son avantage, du moins de manière à conserver son pouvoir. Les éléments de langages sont déjà chauds et prêts à servir si on en a besoin:
  10. Dans The Economist, un article qui revient sur la contre-attaque de Kharkiv et il y a quelques points intéressants: Toujours la même insistance sur l'importance des missiles Harm et de la DCA fournie aux Ukrainiens pour maintenir l'aviation russe à distance. Les Ukrainiens ont le sentiment que les Russes les ont méprisés et ne pensaient pas qu'ils étaient capables de mener une telle opération à bien. Confirmation que la pointe blindée de l'assaut initial n'était composé que d'une quinzaine de chars. Mais cela était délibéré. Il s'agissait de faire croire aux Russes qu'ils étaient confrontés à une attaque localisée destinée à les empêcher de retirer des troupes du front en direction de Kherson. Il s'agissait donc en fait d'une feinte. À un moment donné, l'EM ukrainien était totalement largué devant l'avancée rapide de ses troupes et ne savait plus exactement où ses forces avancées se trouvaient. Mention par les responsables ukrainiens interrogés qu'ils sont conscient du risque d'hyper-extension de leur attaque et qu'à un moment, ils devront faire une pause pour se réorganiser. Sur Kherson, la progression continuer mais les pertes sont lourdes. Rumeur de l'existence d'une troisième force mobile ukrainienne (après celle de Kherson et celle de Kharkiv) qui pourrait frapper dans une autre zone ou servir de réserve opérationnelle pour la poursuite de l'offensive actuelle mais absolument rien de confirmé à ce stade. Poutine a passé la journée d'avant-hier à inaugurer la plus grande grande roue d'Europe dans un parc à thème stalinien. Certains blogueurs russes, dubitatifs quant à l'évolution de la situation sur le terrain, ont tenté de raccrocher cela à la situation militaire en supposant que les lignes de front s'étaient tellement décalées vers l'est qu'elles étaient désormais visibles depuis le sommet de la Grande Roue. Olivier Kempf a également fait un fil analytique sur l'évolution de la situation. Je note quelques points intéressants : La fourniture d'équipements par les occidentaux est importante mais pas essentielle. Ce qui l'est, en revanche, c'est: La formation. Selon lui (ex-officier, on le rappelle), les unités qu'il a vues engagées dans l'offensive avaient de meilleurs réflexes professionnels que ce qu'il a vu depuis le début du conflit. La fourniture de renseignements et leur analyse. Grâce à l'aide occidentale, les Ukrainiens arrivent à avoir une idée extrêmement précise des rapports de forces locaux. La planification. Pour lui, l'EM ukrainien est incapable d'avoir monté deux opérations (Kharkiv & Kherson) d'une telle envergure et a forcément bénéficié d'une aide d'amis bien intentionnés. Rappelons quand même que, selon moi en tout cas et c'est peut-être là où mes propres biais me jouent des tours, Kempf a quand même manifesté une certaine incapacité à imaginer que les Ukrainiens puissent se révéler compétents depuis le début du conflit. Donc à garder en tête quand on lit ses propos. Pour lui, il est trop tôt pour envisager la fin du conflit. Beaucoup de choses peuvent encore arriver. Il note finalement que Lavrov a mentionné cette semaine que des négociations étaient impossibles ce qui est une manière diplomatique de dire exactement l'inverse... Il y a six mois c'était un joueur d'échecs génial et maintenant, c'est une bête sauvage... Pour le moment, il a quand même été plutôt rationnel si on le replace dans sa bulle informationnelle avec un entourage et une chaîne de commandement qui dit ce que l'échelon juste au-dessus veut entendre au mépris de toute vraisemblance. Il ne faudrait pas le faire passer pour un abruti mal dégrossi esclave de ses passions quand même...
  11. C'est déjà pas mal 40 millions d'habitants. Pour ce que ça vaut, c'est à peu près la France en 1914 tu as un peu moins 900 000 hommes sous les armes en temps de paix. (juste un ordre de grandeur dans une situation qui n'a rien à voir, on est d'accord) J'ai cherché vite fait, et j'admets que je n'ai pas de chiffre à te donner. Mais sincèrement, le consensus qui se dégage de toutes les sources c'est: depuis la mobilisation ordonnée par Zelensky, les Ukrainiens n'ont pas un problème d'effectif mais ils ont un problème d'effectif formés et expérimentés. Et d'équipements à leur fournir. Ils ne peuvent pas se permettre de faire n'importe quoi non plus, mais ils ont quand même un avantage. Les Ukrainiens ont mobilisé leur population et pas leur Russes. D'où la différence. En juillet, (après à prendre avec toutes les précautions d'usage évidemment), Zelensky parlait de 700 000 personnes sous les armes. Beaucoup de femmes se sont engagées (le MOD ukrainien dit 50k). Typiquement, le chapeau de cet article du Monde de mai, c'est : (je ne suis pas abonné) Mais c'est tout-à-fait représentatif de la tonalité globale des articles. Mais même les Russes disent que les autres sont plus nombreux qu'eux dans les talks-shows (bon, si tu me dis que ce n'est pas un argument, je ne le prendrai pas mal). Ils parlent de hordes d'Ukrainiens dirigés par des mercenaires anglo-saxons. Typiquement dans l'article du Wapo sur les pertes de l'offensive de Kherson, ils décrivaient la situation ainsi: Des soldats inexpérimentés sont envoyés au combat, ce qui est certes moins efficace sans doute que des troupes très expérimentées, mais démontre bien que l'armée ukrainienne emploie des hommes qui ne faisaient pas partie du corps professionnel pré-existant au conflit, même pour des missions offensives dangereuses et complexes. 150k, j'ai vu des estimations beaucoup plus basses (mais j'ai lu des estimations beaucoup plus hautes). Le truc, en tout cas, aussi c'est que tu as aussi beaucoup de ces 150k qui sont des troupes de soutien ou qui servent dans l'artillerie, si j'ai bien suivi. Si tu te te concentres uniquement sur l'infanterie, qui va tenir la ligne de front et subit la grande majorité des pertes, tu vas arriver à des chiffres beaucoup moins élevés. Et c'est là que le bas blesse. Au moment de l'invasion, a priori, dans certaines unités de fusiliers motorisés, ils étaient deux par BTR-80. Certains BTG étaient complètement déséquilibrés à ce niveau-là, bourrés d'artillerie mais très déficitaires en infanterie et logistique. Si j'ai bien compris, c'est ça qui leur a manqué du côté de Kharkiv et les a forcés à déployer des troupes de la LNR et de la Rosvgardia en nombre insuffisant. Oui on est d'accord. Et même si on part du principe que les Ukrainiens sont plus nombreux, c'était une offensive qui présentait des risques du fait de la densité des défenses russes et de l'inexpérience des troupes ukrainiennes. Au moins pour Kherson, en tout cas, car a priori pour le nord, selon le New York Times, il y a eu une coopération beaucoup plus étroite entre Russes et Ukrainiens qu'à l'accoutumée dans le domaine du renseignement, donc ils ont dû s'engager en connaissance de cause. Après, on peut aussi interpréter le fait qu'ils attaquent sur deux fronts comme: "On a un peu de marge, on peut tenter d'attaquer" ?
  12. Alors, peut-être que je n'ai pas été attentif à l'écoute, mais en fait Kofman est avant tout spécialiste de l'armée russe donc il se concentre surtout sur les forces et faiblesses de ces troupes et, pour les Ukrainiens, ils se borne un peu plus à citer ce qu'il a observé sans vraiment entrer dans les détails (encore une fois, j'espère que je ne déforme pas trop la réalité de ce qu'il dit). Typiquement, il va te citer les noms d'unités russes qui ont participé au combat et les Ukrainiens, et bah, c'est juste les Ukrainiens. Ce qu'il dit, c'est que les deux offensives sur Kherson et du côté de Kharkiv sont le fait de troupes fraiches. Et que manifestement, les Ukrainiens ont mis à profit les six mois qui nous séparent du début de l'invasion pour former des troupes compétentes et ont pu aussi retirer des combats certaines troupes expérimentées pour les faire se reposer. Après, il me semble que c'est un fait acquis depuis longtemps que, du fait des contraintes que Poutine s'est lui-même imposées, les ukrainiens ont plus de ressources humaines que les Russes sur le terrain, non ?
  13. Je suis allé écouter le podcast cité par @Valy* et je l'ai trouvé plus intéressant que ce que les tweets du journaliste (très bon par ailleurs) en laissaient paraître donc je m'en suis fait un résumé que je vous partage dans mon immense magnanimité: C'est un space twitter avec Mike Kofman, qui n’est pas du genre à s'enflammer plus que ça (il faisait partie de la team "l’armée russe à Kiev dans trois jours" , donc je pense que ça calme un chouïa quand tu te plantes à ce point ). Le podcast est ici. Effectifs Les Ukrainiens ont un net avantage en termes d’effectifs. Ils ont pu mener deux opérations en même temps avec les troupes dont ils disposent. Ils peuvent relever leurs effectifs (l’offensive a été menée par des troupes fraiches). À l’inverse les Russes n’ont plus de réserves. Du côté de Kharkiv, les troupes, venues à la base du Belarus, se sont redéployées pour défendre Kherson, tandis que beaucoup d’autres troupes (du district militaire de l'Est, donc de bonne qualité) continuaient à attaquer le saillant de Siversk par le sud, ce qui fait qu’il ne restait plus pour défendre cette zone que qu’un mince rideau de troupes de la Rosvgardia et des mobilisés de la LNR. Les conscrits de la LNR / DPR ont été pour beaucoup mobilisés de force selon les plus pures traditions de la Royal Navy du XVIIème siècle et, s’ils sont employés à autre chose que défendre le territoire de leurs états fantoches, ils vont très rapidement se débander. À Kherson, on a aussi observé que les hommes de la DPR prenaient assez vite la poudre d’escampette. Cela s’explique par le manque de rotation (les Russes n'ont pas assez de troupes pour leur permettre de se reposer) mais aussi parce qu’ils ont pris une part disproportionnée dans les combats urbains et les assauts frontaux contre les positions ukrainiennes plus tôt dans la guerre et ont subi de lourdes pertes. La présence d’unité de l’armée régulière dans la zone de l’offensive du nord a aussi été observée mais on ne sait pas si elles répondaient à l’attaque ukrainienne ou si elles étaient là a priori. De toute manière, ces forces appartenaient au district militaire de l’ouest qui n’a pas brillé au cours de cette guerre et a été bien amoché lors de l’attaque initiale sur Kiev. Plus grave encore, les Russes n’avaient aucune réserve sur cette partie du front. En règle générale, les Russes n’ont pas (plus) les effectifs nécessaires pour mener cette guerre. Ils ne peuvent pas relever leurs troupes qui sont obligées de rester sur le front en permanence et se consumant lentement. Les Russies pourraient envoyer les conscrits au feu mais c’est un énorme risque politique. Et Poutine a tout tenté pour éviter de prendre ce genre de mesure (les prisonniers, les volontaires de 50 ans...). Pour Kofman, la mobilisation générale est techniquement impossible car l’armée russe d’aujourd’hui n’est pas une armée de masse. Pas d’infrastructure pour former ces troupes ou bien à un rythme d’escargot. L’exemple du 3ème corps dont on parle tant démontre que les Russes galèrent à former des troupes ex nihilo rapidement. Ils manquent déjà d’officiers sur le front alors pour la formation… Qui plus est, dans les prochains mois, de nombreux soldats sous contrat russe vont de plus arriver au bout de leur période d’engagement et, aussi riante que soit l’Ukraine en cette période de l’année, il demeure très probable qu’ils ne vont pas renouveler leur contrat. C2. Les Ukrainiens sont capables de mener plusieurs opérations interarmes simultanées et coordonnées. Ce qui n’est pas une mince affaire. L’offensive près de Balakliia a été très rapide. L’état-major russe n’a pas été capable de répondre à l’offensive ukrainienne de manière coordonnée. Déjà, le soutien d’artillerie a été défaillant. Cela est peut-être dû au fait qu’il y a des problèmes d’interropérabilité entre la Rosvgardia et l’armée régulière. L’EM russe n’a pas été capable de faire intervenir ses réserves à temps (90ème DB et 3ème CA) pour endiguer le flot des troupes ukrainiennes. (réserves qui n'étaient pas à proximité immédiate du front) Est-ce que les Russes vont pouvoir contrattaquer à Kharkiv ? Cela dépend déjà des hommes et du matériel qu’ils vont réussir à sauver de leur déroute, des réserves qu’ils vont réussir à rameuter, et, finalement, de la ligne sur laquelle ils vont pouvoir se rétablir. Bref, pour le moment, dur à dire. La guerre aérienne Difficile de comprendre la non-intervention des VVS. Ok, ils galèrent mais, là, c’est une situation d’urgence pour les Russes, ils devraient envoyer leurs avions quels que soient les risques. Il faut néanmoins préciser que l’extrême rapidité de l’avance ukrainienne a compliqué l’intervention des avions russes et que la DCA ukrainienne autour de Kharkiv est sans doute la plus nombreuse de tout le pays. Et il faut bien dire que les pilotes russes sont de base très réticents à prendre des risques, alors dans cette région... En fait, eu égard à la modicité de leurs interventions, on peut même dire que, dans une certaine mesure, l’Ukraine a réussi à neutraliser l’armée de l’air russe. Les pertes Pour les Russes, dur à dire. Est-ce qu’ils ont réussi à évacuer des gens ? Avec ou sans matériel ? Les Ukrainiens ont eux aussi connu des pertes, parfois lourdes. Certains blessés de l’offensive près de Kharkiv ont dû être évacués jusqu’à Kiev. Les munitions Les Russes ont de faibles stocks de certaines munitions: obus de 122mm, roquettes de MRLS, munitions de précision. En revanche, les achats à l’étranger ne doivent pas être interprétés comme une preuve que les Russes manquent de munition au global. Il s’agit plus de manque dans des calibres donnés qui justifient ces achats. Pour Kofman (mais il précise bien qu’il s’agit plus d’une intuition et qu’il n’a pas de preuve irréfutable), les Russes sont entrés en guerre avec des stocks bien inférieurs que ceux qu’on leur attribue généralement (plusieurs années). Il pense également que la consommation de munitions des deux camps est bien inférieure à ce qui souvent rapporté. (15 à 20 000 obus et non pas 50 ou 60 000 comme dit généralement pour les Russes et bien bien moins pour les Ukrainiens) La production russe est néanmoins incapable de tenir le rythme de production nécessaire pour remplacer les munitions consommées même si elle a augmenté la cadence (c’est un processus qui va prendre du temps). Il va y avoir des goulets d’étranglement dans la production, notamment pour tout ce qui concerne le versant chimique notamment les charges explosives. À noter pas mal d’incendies dans les usines de munitions russes ces six derniers mois et l’effet des tirs d’HIMARS sur les dépôts de munitions proches du front. Pour lui, on peut estimer sans trop se tromper que les munitions nord-coréennes vont être de qualité inférieure aux russes mais cela n’est sans doute pas un facteur car la quantité est une qualité en elle-même. Situation dans le Sud L’offensive sur Kherson n’est pas une feinte (il insiste lourdement). C’est une opération qui va nécessiter du temps plusieurs semaines voire mois. On peut avoir l’impression que l’offensive piétine par moment, mais cela peut être car les Russes se sont en fait retirés sur une nouvelle ligne de défense qu’il faut alors réduire, comme si on repartait de zéro. Les Ukrainiens vont tenter de scinder la poche entre le front et la rivière en plusieurs petites poches qu’ils vont ensuite essayer de réduire jusqu’à rendre la situation des Russes impossibles et les forcer à la retraite, à cause de leur logistique défaillante. Au delà des gains territoriaux ukrainiens, ce qui est capital, c’est ce que l’avance ukrainienne et la manière dont elle a été obtenue dit du déséquilibre des forces aujourd’hui en Ukraine. Pour Kofman, quand on considère les facteurs structurels, la Russie ne peut plus gagner la guerre: —> les forces russes ne sont pas assez nombreuses —> La qualité des troupes est trop mauvaise —> Le commandement n’est pas compétent (Ça ne veut pas dire que ça se faire en un jour ou facilement pour les Ukrainiens. C'est juste qu'à terme, la situation pour les Russes est sans issue si on en reste là) À noter qu'il n'est pas le seul à partager ce point de vue. Par exemple, dans cet article de The Economist du 30 avril, Rob Lee estimait qu'il y a avait une vraie chance que les Russie ait d'ores et déjà obéré ses chances de remporter la victoire, parce que ses ressources humaines (notamment pour les troupes de contact qui subissent l'immense majorité des pertes) étaient potentiellement trop faibles pour supporter l'attrition qu'allait provoquer la guerre de position dans le Donbass (quand bien même elle mettait en lumière d'autres points forts de l'armée russe et masquait certaines de ses faiblesses). Il estime désormais, avec le recul, que l'on peut qualifier la victoire russe dans le Donbass de victoire à la Pyrrhus. Ils ont certes conquis des territoires mais au prix de pertes humaines qu'ils n'étaient pas en mesure de supporter. Il a même l'impression que l'attaque russe dans le Donbass était un genre de tapis comme au Poker: on utilise une quantité énorme de munitions d'artillerie et on envoie des miliciens à peine formés à l'abattoir, sauf qu'une fois que ces ressources sont consommées, si un succès complet n'a pas été obtenu, et bien on est en difficulté. *Les gens postent trop vite, je n'arrive pas remettre la main sur ton post, désolé
  14. Dans l'article de The Economist sur l'offensive paru hier, ils disent que, d'après une source dans le renseignement militaire ukrainien, les HARM installés sur les avions ukrainiens ont eu un fort impact sur la DCA russe. Ils soulignent aussi la présence de la DCA ukrainienne (et notamment des Guepard Allemands qui ont l'air d'être particulièrement appréciés) qui dissuade les Russes de venir faire de l'appui rapprochés. Et quand ils essaient de le faire, a priori il essuient des pertes, et, en plus, le problème c'est qu'avec la vitesse à laquelle la situation évolue, ils sont incapables de faire le distinguo entre amis et ennemis, ce qui les empêche d'aider leurs troupes efficacement. Néanmoins, ils ne comprennent pas pourquoi l'aviation russe à échoué à détecter l'attaque imminente et à attaquer les Ukrainiens préalablement à celle-ci. D'autres points notables: Pour The Economist, la situation est, pour le moment, moins brillante à Kherson où les pertes sont très lourdes et les progrès lents (mais est-ce la métrique appropriée ?). L'offensive proprement dite à commencé le 6 (on revient à Kharkiv) mais il y a eu d'importantes préparation d'artillerie le 4 et le 5. La réaction des certaines unités russes sur le front à ces bombardements a apparemment été de... partir. Ils n'imaginaient manifestement pas qu'une avance ukrainienne d'envergure était possible. Les troupes d'élite russes présentes dans la région du nord du Donbass ont été envoyées à Kherson pour résister à la contre-offensive ukrainienne qui s'annonçait et ont fait cruellement défaut sur le front de Kharkiv
  15. C'est effectivement une vraie inquiétude: France 24 et TV5 avaient consacré des reportages à ce sujet. Après, est-ce que Kiev s'imagine réellement qu'il sont capables d'emporter la décision avant l'arrivée de l'hiver ? Peut-être que je suis en train de faire subir les derniers outrages à des lépidoptères, et tu m'en excuseras, mais pour moi, il y a, malgré tout, une différence entre "Ukraine occidentalisée" dont parle @FAFA et "Ukraine américaine". Que les Russes en aient la volonté, sans doute. Mais en ont-ils la capacité technique ? L'argument de "Ils font preuve de retenue parce qu'ils vont devoir gérer le pays après la conquête" peut sans doute tenir au début mais après six mois, est-ce que ça tient encore ? D'autant plus dans la partie occidentale de l'Ukraine qu'ils n'avaient, a priori, pas l'intention d'intégrer dans leurs conquêtes. Et comment ils font ? Ils sont capables de détruire des villes grâce à leur artillerie (cf. Marioupol) donc capables de détruire totalement de larges zones mais pour démanteler des cibles précises à longue distance, comment font-ils ? Parce que leur armée de l'air a un vrai déficit en termes d'armement de précision. Et s'ils envoient des Tu-22 attaquer, mettons une centrale électrique, à la bombe lisse, il faudra en envoyer beaucoup pour avoir une chance de toucher la cible. Et risquer la confrontation avec la DCA ukrainienne. Or, pour le moment, le modus operandi de l'aviation russe consiste à rester au-dessus de la Russie et du Belarus pour tirer des missiles de croisière quand il faut faire autre chose que de l'appui rapproché pour les troupes au sol. Missiles dont on sait maintenant qu'ils souffrent d'une fiabilité et d'une précision largement défaillantes (sans parler du stock restant qui est une question toujours en suspens). Même maintenant, ils préfèrent a priori frapper les civils en attaquant Kharkiv (une cible d'une taille certaine) plutôt que de se lancer dans une campagne systématique de destruction du pays (ou peut-être la répresentation médiatique qui en est donné m'induit-elle en erreur mais pas mal de commentateurs ont noté cet aspect des choses.) Bref, je ne suis pas sûr (mais peut-être fais-je erreur) que ce scénario soit vraiment envisageable. (Ou en tout cas que les Russes puisse en escompter une quelconque chance de réussite). Mais ça, ça constituerait un renversement à 180° de la position russe qui a jusque là consisté à dresser un voile pudique entre sa population et les erreurs et sacrifices qu'allaient entraîner cette guerre. D'autant que, du peu qu'on en sait, le recrutement des bataillons régionaux et les résultats de la campagne de conscription tendraient à démontrer que le peuple russe n'est que peu disposé à mourir pour Lyshansk. Est-ce que Poutine va le risquer ? Il ne faut jamais dire jamais mais cela constituerait, encore une fois, un changement majeur dans la manière dont Poutine mène cette guerre. Est-ce que la population va accepter cela ? Qu'est-ce qui le plus risqué ? Perdre Mélitopol ou déclarer la mobilisation ? Une fois qu'on a dit ça, est que c'est une option techniquement faisable ? Je n'en suis pas sûr mais j'avais cru comprendre que les réformes Serdioukov avaient en fait abouti à une disparition de fait de l'armée de masse. Est-ce qu'il reste des infrastructures, des cadres, des armes, des équipements disponibles pour assurer que ces masses humaines soient réellement utiles ? Ça me paraît deux obstacles majeurs qui pourraient potentiellement nuire à la réalisation de cette hypothèse. Pour le moment, j'ai quand même l'impression que si Vladimir fonctionne selon une logique qui lui est parfois propre et est un tantinet déconnecté de la réalité, il n'en reste pas moins éminemment rationnel. Un tel geste aurait des implications énormes et imprévisibles. Je n'en sais rien mais on peut peut-être proposer des scénarios moins sombres. Genre Vlad ouvre son livre d'histoire russe à la page du traité de Brest-Litovsk, puis retombe sur les épisodes du Tsar et des Boyards, Gerasimov fait une chute du 5ème étage, Shoigu obtient le rôle de l'accusé dans un remake des procès de Moscou, le peuple russe verse une petite larme en se disant que "quand même Vlad est pas aidé mais on a de la chance de l'avoir." et la vie repart comme avant dans la douce et sainte Russie, le FSB veillant à ce que la parenthèse de l'Opération Militaire Spéciale reste bien enfouie dans les mémoires. Je sais pas si c'est beaucoup plus crédible cela dit. Mais si ceux qui nous prédisent la chute de Poutine sont les mêmes qui prévoyaient des manifestations populaires d'ampleur ou une révolution de palais dès le début de la guerre, on peut encore attendre longtemps.
  16. À l'avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique, les studios de télévision moscovites ont vu leur température baisser de plusieurs degrés. On soutient désormais le combat des héros qui font face aux hordes ukrainiennes entrainées à l'ouest, commandées par des officiers américains et bardées d'équipement occidental en tout genre. Et surtout, on convoque la figure tutélaire de Staline qui, lui, savait gérer ce genre de situation où on obtient plus de résultats avec un sourire et un peloton d'exécution du NKVD que juste avec un sourire. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais en tout cas, pour le moment, la télé russe en dissimule pas que les troupes ont subi un revers, et parfois signale même qu'il pourrait être de grande ampleur. Je salue la plaidoirie de l'avocat du diable mais il y a quand même une réelle possibilité que la déroute (ou, à tout le moins le retrait précipité) russe découle de causes structurelles. Logistique défaillante, usure et absence de rotation des troupes qui ont fini par plomber le moral des soldats et leur volonté de combattre. Manque d'effectifs (et d'obus pour l'artillerie ??) qui contraint les Russes à faire des choix dans les zones qu'ils sont capables de défendre avec suffisamment de moyens. Si on suit cette logique, il ne faut pas exclure que, justement, vouloir reproduire les conditions qui, pour le moment, permettent aux Russes d'empêcher une percée vers Kherson soit, in fine, préjudiciable aux Russes en les forçant à dégarnir d'autres parties du front. Et manifestement, les Ukrainiens sont tout-à-fait capables de détecter les opportunités quand elles se présentent. Après, c'est, de toute façon, impossible de savoir ce qu'il en est réellement et peut-être s'agit-il effectivement d'une bévue du commandement russe.
  17. Au cas-où, il y ait des complets béotiens qui, comme moi, sont un peu largués et cherchent à comprendre ce qui se passe (je m'excuse pour le dérangement auprès de ceux qui savent lire une carte), voici des cartes (grossières mais néanmoins instructives) glanées sur Twitter pour y voir plus clair. (en tout cas c'est ce que j'en ai compris, j'espère que je ne raconte pas trop n'importe quoi vous me corrigerez le cas échéant) L'intérêt pour les Ukrainiens de s'en prendre à Kupyansk, c'est qu'il s'agit d'un hub ferroviaire majeur comme illustré (en rouge) sur cette carte du réseau ferroviaire ukrainien. En en prenant le contrôle, ou même en la prenant sous son feu, l'armée ukrainienne peut couper une large part des troupes russes du côté de Kharkiv de leur cordon ombilical ferroviaire. Indépendamment de tout le reste, cela permet aussi de rendre beaucoup plus facile la défense des deux agglomération de Slovyansk et Kramatorsk. En effet, si on coupe la voie ferrée à Kupyansk, cela veut dire que la liaison ferroviaire russe vers Izyum est elle-aussi sectionnée (la voie passe par Kupyansk). Or, Izyum est un hub logistique nécessaire si l'armée russe veut pouvoir attaquer Slovyansk et Kramatorsk par le nord. Le rond jaune c'est Kupyansk, le rond rouge c'est Izyum, le front (avant l'offensive évidemment) est en rouge, la voie ferrée en pointillés noirs et l'attaque ukrainienne c'est la flèche bleue. Slovyansk et Kramatorsk sont juste au sud du rond rouge. Donc, en fait, rien qu'en tenant Kupyansk, on empêche (au moins depuis le nord) les Russes de monter une attaque contre ce qui est sans doute logiquement leur prochain objectif dans le Donbass. À cela s'ajoute, le fait que la région d'Izyum devient beaucoup plus complexe à défendre pour les Russes dans la mesure où ils seraient encore une fois coupés de leur cordon ombilical ferroviaire et dans l'impossibilité d'y envoyer des équipements lourds ou des munitions d'artillerie en grande quantité. Voila, en tout cas, moi perso, en tant que profane absolu, ça m'a aidé à y voir plus clair.
  18. Ça n'a pas l'air d'être lui. Ils ont les mêmes oreilles chelou mais pas la même implantation capillaire ni le même nez (entre autres) on a l'impression:
  19. Excuse-moi, mais pour moi, ce n'est pas tout-à-fait ce qu'il dit. Il dit qu'au vu des déclarations de Zelensky et de l'évolution des opérations, c'est le maintien de la Crimée sous le joug russe qui est en jeu, et que les Russes vont devoir en tenir compte dans leurs prochaines prises de décisions. Pas que la reprise de la Crimée est d'ores et déjà acquise. Pour moi, c'est un peu différent malgré tout.
  20. Si je comprends bien, son argument, c'est que Poutine a envahit l'Ukraine parce qu'il considérait qu'un alignement de ce pays sur l'occident constituait une menace suffisamment grave pour les intérêts de son pays pour risquer de subir l'ire des États-Unis et de leur alliés. Du coup, imagine ce qu'il sera capable de faire si l'armée russe est défaite sur le terrain... Il considèrera sûrement qu'il s'agit d'une menace existentielle sur son pays. Donc réaction encore supérieure. Et là, paf, champi !! Pour moi, il réécrit quand même un peu l'histoire ton ami. Parce que, de ce qu'on sait, ou en tout cas, de ce qui a été rapporté par la presse, c'est que Poutine considère que le calcul coût/avantage de l'invasion de L'Ukraine est en faveur du passage à l'action. Certes parce que les avantages existent bel et bien. Mais aussi (et peut-être même surtout) parce que le prix à payer pour obtenir ces avantages apparaît, à l'époque, modique. Ses services de renseignements lui ont rapporté que les Ukrainiens attendaient les Russes avec du pain et du sel (c'est la coutume, non ? Vous m'excuserez si ils sont censés les attendre avec autre chose), Kiev sera prise en trois jours, le reste du pays en une semaine et Zelensky terminera sa misérable existence en exil ou en pension complète à la Loubianka. C'est un clown de télévision, évidemment qu'il ne va se transformer du jour au lendemain en leader churchilien. La rapidité de l'invasion empêchera européens et américains d'envoyer des armes et Biden a publiquement déclaré dès avant le conflit qu'il n'enverrait pas de troupes en Ukraine. Quant aux sanctions... Poutine a préparé son économie à quelques sanctions pas trop méchantes et il sait que les Européens seront pieds et poings liés à cause de leur dépendance au gaz russe. Rien à craindre donc, sinon quelques diatribles enflammées non suivies d'effets. Tout le monde va pleurer l'Ukraine deux jours et passer à autre chose parce que c'est dans leur intérêt. Personne n'a bougé pour la Crimée, pourquoi ce serait différent au final ? Donc l'invasion de l'Ukraine, ce n'est pas Poutine décidé à défendre les intérêts vitaux de sa nation et prêt à en payer le prix. C'est Poutine qui aperçoit un gain massif pour un coût presque nul. On est à la limite de l'aversion au risque. Il y a va parce tout le monde lui dit que ça va rentrer comme dans du beurre comme en 2014. Donc on peut renverser la logique de J. Mearscheimer. Poutine ne voulait pas prendre de risque au moment d'envahir l'Ukraine. C'est donc que l'Ukraine n'est pas un intérêt vital de son pays qui aurait justifié de courir risques. Donc Moscou déteste le risque et n'emploiera pas l'arme nucléaire. (Note-bien que je ne pense pas que ce raisonnement soit valide même dans l'autre sens. Mais ça a l'air d'être la logique de ce monsieur: si je suis prêt à prendre des risques face à une menace, je suis prêt à prendre plus de risques face à une menace plus importante. Perso je suis pas convaincu... )
  21. Beaucoup se posaient la question de leur devenir, les canons de 155mm TRF1 vont partir en Ukraine. Les Ukrainiens les ont acquis auprès d'une société qui, elle-même, les avait rachetés à l'armée. Je ne sais plus où je l'avais vu, ici ou ailleurs, mais ils parlaient d'une incapacité de l'artillerie, qui dépend de l'armée, et de l'infanterie de la Rosvgardia à coopérer. Les troupes de la Rosvgardia tentant par tous les moyens d'obtenir des frappes d'artillerie que l'armée ne pouvait (ou ne voulait) pas effectuer. Je ne sais pas si c'est ça ou si c'est autre chose encore.
  22. Dans ma compréhension des choses (qui est sujette à caution, je ne prétends pas avoir tout compris ou lu les bonnes personnes, mais bon, c'est en discutant qu'on apprend des trucs donc on pire, on me contredira si je raconte des bêtises, et j'apprendrai un truc), la bataille de Kiev et la poussée russe avortée vers Mikolaïev, ce sont des batailles logistiques (il n'y a certes pas de bataille sans logistique mais disons où la dimension logistique a été encore plus déterminante qu'à l'accoutumée). À Kiev, les Russes ont vu leurs convois logistiques matraqués par les drones, embourbés dans les chemins de campagne, en panne, embouteillés sur les autoroutes, ou juste en nombre insuffisants pour soutenir une armée aussi loin du réseau de chemin de fer russe ou biélorusse. Ils reconnaissent cet état de fait et décident de se retirer pour envoyer ces troupes dans un Donbass bien pourvu en voie ferrée (et ils le font d'ailleurs avec un certain succès). Les Ukrainiens ont, dans les deux cas, résisté admirablement et infligé des pertes aux Russes, et cette résistance a rendu la victoire possible, mais d'autres facteurs au moins aussi déterminants sont rentrés en jeu. L'attaque sur Mikolaïev a été, si je ne dis pas de bêtise, conduite avec des forces relativement faibles car les Russes ont été encore une fois incapables d'alimenter la bataille, leurs forces tentant, dans le même temps, de faire la jonction avec celles du Donbass dans le coin de Mariopol. Rien ne dit, voire même tout indique, que les Ukrainiens tentent à nouveau de mettre à profit ce talon d'Achille russe pour leurs opération dans le sud (les Russes sont séparés de leurs bases logistiques par un fleuve dont les points de passage sont systématiquement détruits par les frappes de précision ukrainiennes) et du côté de Kharkov (coupure des voies ferrées essentielles à la logistique russe et possibilité de battre certaines autoroutes majeures grâce à l'artillerie). Dans les deux cas, le terrain a été préparé par les destructions nombreuses de dépôts et postes de commandement russe. Des troupes russes démoralisées et à la logistique défaillantes finissant par être détruites ou à partir d'elle-mêmes, de manière délibérée ou non. Ça marchera ou ça ne marchera pas. Peut-être que ce sont juste de simples incursions sans grand effet sur la ligne de front. Peut-être même qu'en fait, ils vont faire autrement ou que dans six mois, le drapeau russe flottera à Kiev. Mais je dis juste que se borner à imaginer qu'il faut absolument qu'on ait une redite de la bataille de Prokhorovka ou une reconquête systématique de chaque parcelle du territoire au son du canon, sans quoi la victoire est impossible, c'est oublier une bonne partie des choses qui sont survenues et obérer une bonne partie de nos chances de comprendre ce qui se passe. À mon sens, en tout cas. De même, je ne sais pas si ça va arriver ou pas, mais imaginer d'ores et déjà que les Ukrainiens seront incapables de gagner la guerre sur le terrain c'est aller un peu vite en besogne. Comme quand on disait que les Russes seraient à Kiev en 5 jours grand max. Est-ce qu'on en est si sûr ? Si demain, les américains peuvent arrêter de subventionner à grand frais une autre guerre et concentrer ainsi toutes leurs ressources sur la défense de Taïwan (par exemple), tu ne penses pas qu'ils prennent ? S'ils peuvent arrêter d'observer la descente inexorable de leurs stocks de Javelin et d'Himars, ça les soulagerait sans doute aussi. Alors qu'avec un statu quo, ils ont finalement pas mal à perdre eux aussi si la balance ne penche pas du bon côté à terme. Est-ce que Biden avait vraiment besoin d'un sujet de division supplémentaire en politique intérieure ? Est-ce que Biden a vraiment envie de voir les Russes à Kiev après avoir vu les Talibans à Kaboul ? Que voir les Russes en difficulté ne déplaise pas aux Américains, Ok. Mais dire qu'ils font délibérément durer le plaisir... En plus, comme dit par @Ciders, les Russes étaient, au final, déjà faibles avant la campagne. C'est quand même douteux. Le premier souci des Américains ça a été d'organiser l'évacuation de Zelensky. Et si au bout de deux mois, on avait eu des combats de rue à Lviv, je pense que les Ukrainiens auraient pu attendre longtemps les Himars. On a pas eu de No Fly Zone quand l'Ukraine reculait non plus. D'ailleurs, ce qui se disait, c'est que la nécessité de prouver aux occidentaux que les Ukrainiens obtenaient des résultats était un des facteurs qui avaient conduit à l'offensive ukrainienne. C'est la situation inverse. Quant aux Russes, il n'y pas vraiment eu d'escalade après leurs première défaites. On entendait parler partout de nucléaire tactique ou de mobilisation générale mais finalement on a pas eu grand chose de tel. Ou alors, il faut considérer qu'aller chercher des SDF et des taulards pour reconstituer son armée constitue une escalade. Donc au contraire, les progrès d'un des adversaires contribuent à l'effondrement de l'autre. Ils ont quoi concrètement ? (vraie question, c'est un point intéressant) Non mais, exemple au pif, l'Allemagne n'allait pas jeter l'éponge en 1918 après quatre ans d'effort et des millions de mort. Et puis en fait si. La théorie des coûts irrécupérables, ça marche jusqu'au moment où ça ne marche plus. Encore une fois le marteau et l'enclume. L'Ukraine comme victime expiatoire du conflit jamais vraiment interrompu entre USA et URSS, pardon Russie. Peut-être que les Ukrainiens ont leur mot à dire et qu'ils pensent pouvoir gagner et pas juste avoir le droit de garder Mikolaïev ? Peut-être même qu'ils suivent leur stratégie à eux depuis le début et ne sont pas qu'une marionnette dans la mains des Américains ? Peut-être même que les Ukrainiens ont envie de se battre pour leur pays, qui sait ?
  23. Un fil twitter très intéressant d'un analyste qui bosse pour le RUSI au sujet des réserves d'obus russes. Selon lui, ces réserves ont été / sont très largement surestimées. Déjà comment les ont-ils estimées à la base. Sachant que c'est pas simple, parce que pour avoir le nombre d'obus prêts à l'emploi, tu dois prendre en compte les réserves qui datent de l'URSS, la production depuis 1991 mais aussi le nombre qui a été stocké, la consommation d'obus du fait des guerres de Poutine ou Eltsine et les conditions de stockages russes qui ont la réputation qu'on leur connait. Pour ce faire, ils sont allés voir des gens qui bossaient à l'époque pour l'industrie de l'armement soviétique, ce qui leur a permis d'apprendre la cadence à laquelle bossaient ces usines. Sans surprise, la production d'obus à l'époque de l'URSS était démentiellement haute. Ensuite, ils ont parlé à des "observateurs attentifs" en Finlande, dans les Pays Baltes et en Ukraine qui leur ont confirmé que les usines en question avaient continué leur production après 1991 bien qu'à un rythme moins soutenu. Une ou deux approximations et un calcul d'apothicaire plus tard, tu en arrives à la conclusion que les Russes ont grosso modo six ans de réserves de munitions. Sauf que regarder le nombre d'obus qui sort n'est pas suffisant parce qu'il faut encore mettre des explosifs dedans ainsi qu'une charge propulsive (ma maîtrise de l'aspect technique de la chose est très faible, désolé, mais vous voyez l'idée). Et là, plot twist, d'après l'analyste, ça ne suit pas. Du fait de la corruption, les obus sortent mais vide, tu n'as que de l'acier. La production d'explosifs est très insuffisante. Donc, d'après lui, l'artillerie russe ne va pas pouvoir maintenir la cadence de tir qu'elle avait adoptée en juin indéfiniment. Mais il ne faut pas se réjouir de manière prématurée (ou s'attrister pour certains ici qui se reconnaitront ) parce que c'est malgré tout un défaut assez simple à corriger et donc, en 2023, l'armée russe pourrait se retrouver avec des usines tournant à plein régime s'ils s'en donnent les moyens. Il faut néanmoins garder à l'esprit que, de toute manière, les Russes n'iront pas jusqu'au bout de leur stock en Ukraine dans la mesure où ils doivent se laisser un volant au cas-où un autre menace se fait jour inopinément. Bref, problème à court terme mais à moyen / long, pas besoin de se faire des cheveux blancs. Sinon, il rajoute qu'il ne faut pas trop s'exciter sur la livraison d'obus par la Corée du Nord. Depuis des mois, les russes font le siège de beaucoup de pays étrangers pour leur acheter des obus (pour eux-mêmes mais aussi pour empêcher les ukrainiens de les avoir) et que c'est loin d'être la première livraison de ce type. Ce n'est pas forcément un indicateur de quoi que ce soit donc, d'autant plus que l'usure des tubes russes et les pertes subies les forcent probablement aussi à avoir recours à du matériel plus ancien qui a besoin de munitions d'un autre type qu'il peut être plus simple et plus rentable d'acheter à l'étranger plutôt que de chercher à tout prix à les fabriquer chez soi.
  24. C'est une fausse alternative. Répondre non aux deux questions constitue une position logique et qui, à mon sens, ne correspond pas trop mal au déroulé des faits. Mais là on parle, à mon sens, de situations différentes. Le débat ce n'était pas, est-ce qu'un pays sanctionné est empêché de développer un programme nucléaire ? La question (que je laissais ouverte, rajouterais-je avec un soupçon de mauvaise foi ) c'était: "Est-ce qu'un pays va avoir envie de poursuivre des visées expansionnistes, s'il pense qu'il va se manger un gros train de sanction en pleine figure ?". Ce sont, à mon humble avis, deux question éminemment différentes à plein de niveaux. (questions que je n'ai de toute façon pas les connaissances pour traiter, donc bon... ) C'est une position qui est la tienne et que je respecte mais qui, tu en conviendras, est loin de faire l'unanimité à ce stade. Parce que l'image du joueur d'échec, répétée ad nauseam en février avant de se faire plus discrète dans le débat, a quand même été largement écornée. Le truc, c'est que si tu considères une position aussi maximaliste comme axiomatique, cela empêche tout débat. Vu que nous sommes confrontés à un génie infaillible, la partie est perdue d'avance et nous n'avons plus qu'à nous soumettre au moindre de ses desiderata. Merci pour le rappel. Je ne comprends pas la deuxième phrase en revanche. Quel rapport avec les Allemands ? En février, beaucoup se dont élevés pour dire que si Poutine avait été sanctionné en 2014 comme il l'est aujourd'hui, les choses auraient été bien différentes. Après, ont-ils raison ou tort ? La question me paraît toutefois mériter plus qu'un "Bah non". Pas de souci mais le débat ne porte pas là-dessus. Je me cite de deux post avant (certes peut-être un peu hors contexte et à mauvais escient, mais enfin, contrairement au milieu de l'édition française, j'aime beaucoup ma prose, donc tu ne me pardonneras .)
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