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Napoléon III

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Tout ce qui a été posté par Napoléon III

  1. Chapitre 4 : Fureur du Reich. Panache français. « Hitler, à l'annonce du remplacement de Paul Reynaud par Georges Mandel, resta un temps sans réactions. Puis, sortant de sa torpeur, il vitupéra « Vous voyez messieurs, c'est bien là la preuve de ce que j'ai annoncé dans Mein Kampf. À savoir que la France est l'amie des nègres et sert les desseins juifs à la domination mondiale. Cette sous-nation a mis bas les masques. Soit, nous allons l'écraser définitivement ! » Au delà de l'idéologique, Hitler avait compris qu'il ne pourrait pas s'appuyer sur un gouvernement français à sa solde. Du moins un gouvernement légal. Là où il aurait pu avoir un Chautemps il n'eut qu'un Laval.» John Keegan, La Seconde guerre mondiale La nouvelle de l'arrivée au pouvoir de Georges Mandel, de confession juive, et de son appel à continuer le combat, se répandit comme une traînée de poudres au sein de l'armée allemande. Cela signifiait, pour ces soldats, certes victorieux, mais faisant toujours face sporadiquement à de durs combats, que la guerre n'était pas prête de s'arrêter et que, peut-être, il faudrait poursuivre l'armée française jusqu'à la frontière espagnole. Quant à la religion du nouveau chef du gouvernement français, elle fut le prétexte au déversement de leur propre frustration sous des motifs racistes et haineux. La plus célèbre victime fut le Préfet d'Eure-et-Loire, Jean Moulin. Ce dernier, refusant de signer un document infâme, accusant fallacieusement les Tirailleurs sénégalais de crimes envers des civils, finit fusiller par les Allemands qui l'avaient accusé « d'être à la solde du Juif Mandel » ce à quoi il répondit fièrement « pas à la solde, au service ». Les soldats allemands, déjà brutaux, se comportèrent désormais comme leurs pères en 1914. Destructions de villages, massacres de civils, devinrent le triste lot de la France envahie à tel point que l'OKW dû produire dans les jours suivants une directive appelant ses hommes à la retenue tandis que l'on préféra ne pas afficher les placards annonçant « Populations abandonnées, faîtes confiance à l'armée allemande » et montrant un soldat aryen souriant aux côtés d'enfants français… « Détruisez Bordeaux ! » Ordonne Hitler à son laquais, Goering. Entre temps, la colère d'Hitler ne l'empêche pas de rencontrer, comme prévu, Mussolini au col du Brenner, à la frontière austro-italienne. Après une violente diatribe antisémite, à laquelle l'Italien est de moins en moins insensible, le Führer intime au Duce d’accélérer les préparatifs de sa propre offensive générale alors que partout, l'armée italienne est repoussée par les courageux chasseurs alpins. Mais les chasseurs alpins ne sont pas les seuls à porter haut la valeur militaire française. Envers et contre tout, les jeunes élèves cavaliers de l'école de Saumur ont décidé de tenir, comme il était prévu, la portion de 40 km sur le front de la Loire qui leur avait été dévolu, en dépit d'un ordre de repli sur Montauban en date du 15 juin. Du moins ont-il désormais une raison autre que l'honneur pour laquelle se battre… De Gaulle aimerait compter sur ces courageux garçons pour les placer à la tête des unités de la future armée française mais, effectivement, ces diables d'Allemands risquent fort de profiter de la brèche ainsi ouverte pour déferler vers le sud ! Le Général téléphone personnellement au colonel Michon pour lui ordonner à se tenir prêt à se replier avec ses élèves sur Montauban, comme prévu à l'origine. Le front est déjà brisé et la capitulation imminente, tant pis alors qu’une nouvelle brèche de 40 km s’ouvre sur le front de la Loire... Les généraux des divisions mécaniques allemandes ont d’or et déjà un boulevard devant eux. Ainsi, plus au nord, Rommel, le boucher d'Airaines, toujours à l'avant garde et méprisant du danger, conquiert la Normandie et se rue vers Cherbourg à la tête de sa 7ème Panzerdivision, tandis que sa division sœur, la 5ème, a pour but la Bretagne. À l’est de la France, Heinz Guderian, s'empare, dans la soirée de 17 juin, de Pontarlier, isolant définitivement le Groupe d'armée 2, qui défend l'est de la France. Ce dernier commandant nazi est en effet bien aidé en cela par l’application stricte de l’instruction « NI 1444/3 FT » par celui qui lui aurait dû lui faire face. Le commandant de la seconde armée, le général Henry Freydenberg, qui a abandonné ses troupes, lui et son État-major... Son PC est ainsi à plus de 160 km du front lors du sursaut. Les nouveaux dirigeants français, désireux de faire un exemple, le destituent sur le champ, le cassent de son grade et le chassent de l’armée sans aucun droit à la pension. « Il a de la chance, sous Clemenceau c’eut été minimum 12 balles dans la peau ! » Murmure-t-on. Freydenberg a effet peut être eu la chance que le gouvernement n’avait pas vraiment les moyens d’organiser un procès… Dans l’extrême opposée du domaine militaire, on trouve le général Jean Flavigny, à la tête du XXIème corps qui s’est illustré à Stonne et qui s’apprête à défendre la nasse des Vosges, isolée du reste de l’armée française. Mais c’est un destin autre que la captivité qui l’attend. Il est en effet placé sur la liste des officiers à évacuer vers l’AFN. Ce n’est qu’au prix d’une sortie rocambolesque de la poche, effectuée par avion et de nuit, qu’il rejoint l’Afrique à bord du Farman F.222 Jules Verne, commandé par Henri Daillière. Celui là même qui bombarda Berlin le 7 juin précédent en riposte à l’opération Paula, le bombardement la région parisienne par la Luftwaffe ! Le malheureux GA2, lui, cesse alors toute tentative d'échapper à la nasse et se place en hérisson pour résister aux assauts allemands, conformément aux ordres du GQG et d’Huntziger. L'appel du 16 juin n'a pas remonté le moral qu'aux soldats, il a également touché les marins de l'île de Sein. Après concertation et sous l'impulsion du curé, du maire mais aussi, des femmes de l'île, 128 d'entre eux partent vers l'Angleterre, qui est à la portée de leurs bateaux, contrairement à l'Afrique. La « Nuit des patriotes » n’est cependant, hélas, pas un échec et mat pour la Trahison. Se rendant compte que malgré l'ordre d'embarquer vers l'Afrique fait aux parlementaires, certains d'entre eux ne se sont pas présentés, la police reçoit l'ordre de se lancer à leur recherche mais le principal absent a disparu. Pierre Laval… Si les autres sont rapidement retrouvés et embarqués manu militari à bord du paquebot (avant d'être déchu de leur mandat sur décret), un mandat d'arrêt est lancé contre Laval qui parviendra, grâce au chaos et à des complicités, à traverser la frontière espagnole déguisée en bonne sœur (au prix de sa moustache et de sa dignité)… En parallèle, l'« Anabase » ne concerne pas que les troupes alliées. En effet, Churchill a réitéré sa demande de transférer en Grande-Bretagne ou en AFN la centaine de pilotes allemands capturés par l'armée française. Conscient de l'importance de priver le Reich de pilotes expérimentés, ils seront évacués à fond de cale au-delà des mers et placés dans des camps, hors de portée d'Hitler. D’ailleurs, réunis à Quimper, le Prime Minister et le président du conseil se mettent d’accord sur les modalités d’exécution de l’opération Anabase tandis que toute idée de constitution d’un réduit breton est définitivement abandonnée, le délai pour sa mise en place étant désormais bien trop court, suite à son sabotage par Weygand. Mais l’Anabase n’est qu’un des sujets de discussion entre les deux chefs de gouvernements alliés. Les deux hommes sont en effet inquiets par la perspective d’un second « coup de poignard dans le dos ». L’entrée en guerre de l’Espagne franquiste !1 Entrée en guerre qui entraînerait une double menace. Une menace sur le Maroc français, qui inquiète particulièrement le général Noguès. Mais surtout, plus inquiétante, une menace directe sur Gibraltar, dont la perte permettrait à l’Axe de ferme aux Alliés le détroit de Gibraltar ! Mais le vieux lion anglais a plus d’un tour dans son sac. Un plan vieux de 5 ans, un plan d’attaque sur Tarente, la grande base navale italienne ! Churchill veut rien moins que détruire la flotte italienne en s’en prenant à elle directement dans ses bases ! Mandel est séduit. Déjà, ce raid risque fort de décourager Franco à entrer en guerre. Mais aussi, il va non seulement porter un rude coup à l’Italie mais aussi de permettre aux Franco-britanniques de voir l’avenir plus sereinement, sachant que la flotte française devra se retirer quelques temps de la première ligne pour reconstituer ses stocks de munitions, presque entièrement abandonné dans les arsenaux bretons et toulonnais, en dépit des efforts exceptionnels fournis par l’Amiral de France Darlan pour en évacuer un maximum. L'opération Catapulte/Catapult est prévu pour le début du mois de Juillet. Car en effet, « Hitler voudra faire d’une pierre, deux coups » comme le dit en Français Winston Churchill car pour lui, si l’Angleterre tombe, la France en exil ne pourra continuer la lutte ou sera du moins neutralisée. Ainsi, il réclame rien moins que la majeure partie des excellents chasseurs français Dewoitine 520 pour contrer la très probable offensive aérienne nazie contre l’Angleterre. Pour contrer une éventuelle opposition du dirigeant français, Churchill lui explique que les chasseurs Maurane-Saulnier 406, ainsi que les chasseurs d’origine américaine Curtiss H-75 suffiront à défendre la Tunisie contre l’aviation italienne, la Regia Aeronautica. D’autant que les appareils britanniques basés à Malte participeront aussi à cette bataille, comme l’explique le premier ministre. Mandel hésite. Certes, les arguments du Britannique sont pertinents, mais il craint tout de même un assaut brusqué des Nazis alliés aux Italiens sur l’Afrique du nord française. Cette guerre a en effet prouvée qu’Hitler n’était pas à une offensive des plus osées près. De plus, Churchill a refusé d’envoyer sa RAF pour défendre la France mourante tandis que les forces au sol britanniques ont très souvent décrochés et abandonnés les unités françaises aux côtés desquelles elles combattaient. Mais Mandel, comme il l’expliquera dans ses mémoires, accepta pour des motifs stratégiques d’abord, mais également d’honneur, en démontrant la grandeur de la France qui n’abandonne pas ses alliés. N’a-t-il pas déjà ordonné de tout faire pour dégager et évacuer les forces polonaises combattant en France ? De plus, concernant les gouvernements alliés à l’origine réfugiés en France, le gouvernement Mandel donne comme ordre d’organiser leur repli en Algérie. Ainsi, le gouvernement Sikorski (Pologne) et Pierlot (Belgique)1 s’installent aux côtés de la France en exil. La France républicaine est tout aussi soucieuse d’offrir un refuge à ses amies que de se ménager une clientèle pour l’avenir… Subtil mélange de sincérité et d’intérêt, somme toute très Français… À l’issu de la conférence, les deux dirigeants lancent un appel commun à la poursuite du combat fraternel. Churchill tient à s’adresser aux Français dans leur langue : « Français,c'est moi, Churchill, qui vous parle. Pendant plus de 30 ans, dans la paix comme dans la guerre, j'ai marché avec vous et je marche encore avec vous aujourd'hui sur la vieille route. Aujourd’hui, je m'adresse à vous dans tous vos foyers, partout où le sort vous a conduit. Et je répète la prière qui entourait vos Louis d'or : « Dieu protège la France ». Nous, les Anglais, nous n'oublions jamais quel lien et quelle attache nous unissent à la France. Nous continuerons à lutter à côté de vous de pied ferme et d'un cœur solide pour que la liberté soit rétablie en Europe, pour que les braves gens de tous les pays soient traités décemment et pour amener ainsi le triomphe de la cause qui nous a fait ensemble tirer l'épée. C’est ici, dans cette belle Bretagne, terre de courageux marins français, que j’ai rencontré vos chefs. Nous sommes tombés d’accord pour continuer la guerre ensemble. Herr Hitler, avec ses chars d'assaut et ses autres armes mécaniques et son petit complice Mussolini n’auront bientôt plus qu’à bien se tenir car tous leurs complots sont en train d'attirer sur leurs têtes et sur leurs Régimes un châtiment que beaucoup d'entre nous verront de leur vivant. Il n'y aura pas si longtemps à attendre. L'aventure suit son cours. Nous sommes sur sa piste ;et nos amis de l'autre côté de l'Atlantique y sont aussi ;et vos amis de l'autre côté de l'Atlantique y sont aussi. Si lui ne peut pas nous détruire, nous, nous sommes sûrs de le détruire avec toute sa clique et tous leurs travaux. Ayez donc espoir et confiance. Rira bien qui rira le dernier. Allons, bonne nuit. Dormez bien, rassemblez vos forces pour l'aube, car l'aube viendra ;elle se lèvera brillante pour les braves, douce pour les fidèles qui auront souffert, glorieuse sur les tombeaux des héros. Vive la France ! » L’histoire révélera que Churchill fut aidé dans l’écriture de ce discours par Michel Saint-Denis, homme de théâtre français installé à Londres et fut volontairement conçu pour exprimer le franc-parler churchillien tout en n’étant pas dans un Français impeccable. Saint-Denis sera à la tête de la section française de la BBC ou Radio-Londres, dont les émissions (notamment la célébrissime : Les Français parlent aux Français) seront destinées aux populations captives du nord de la France, hors de portée de Radio-Alger. Le lendemain 19 juin 1940 à Saint-Nazaire, l'équipage du cuirassé Jean-Bart, dont le moral n'a jamais flanché, et qui atteint désormais des sommets depuis l'appel du 17, s'apprête à réaliser un exploit, bien digne du corsaire éponyme. En effet, il va fuir le port pour rallier Casablanca au Maroc afin non seulement de continuer la guerre, comme le veut Darlan, mais également… d'achever sa construction ! En effet, le navire n'est pas encore terminé… À la Charité-sur-Loire les soldats nazis découvrent un train incendié. Il contenait les archives du GQG de l’armée française. Bloqué là suite à la destructions des voies par la Luftwaffe, les Français ont préféré y mettre le feu plutôt que de prendre le risque que ces informations capitales1 ne tombent aux mains de l’ennemi. À l'est, Guderian entame ses coups de boutoirs contre les troupes françaises situées au nord de Lyon mais celles-ci tiennent bon, à l'image des Tirailleurs sénégalais qui défendent Chasselay avec acharnement. Néanmoins, Huntziger, prévoyant, fait déjà placer les charges explosives sur les ponts de Lyon… La barbarie allemande atteindra alors des sommets vis à vis de ses combattants courageux. Les derniers défenseurs des ruines de Chasselay, bientôt encerclés et à court de munitions, finissent bientôt par se rendre aux forces allemandes, nettement supérieure en nombre. Cette résistance héroïque fit l'admiration du Monde tandis que celle-ci, tout comme celle de Lille, de Dunkerque et de la Somme, redonnera à l’armée de la République ses lettres de noblesse. Roosevelt, qui suit avec passion le récit des combats en France, sait maintenant, après les épisodes des combats déjà héroïque sur la Somme, que l'on peut combattre Hitler et ses hordes sanguinaires. Quant à Churchill, il multiplie les glorieux panégyriques sur « les dignes fils des vainqueurs de Verdun ». Les Allemands ont perdus de nombreux vétérans de Pologne et des combats du nord et se vengent de ces pertes en massacrant les tirailleurs sénégalais ayant participé à la défense de la petite ville et parfois des soldats métropolitains ayant pris la défense de leurs camarades africains. L'Afrique noire, déjà pleinement mobilisée contre le Nazisme, est horrifiée et soutient avec encore plus d'ardeur le gouvernement de combat de Georges Mandel et la France. En dépit de l'interdiction faîtes par les Nazis d'enterrer les Tirailleurs sénégalais, de nombreux habitants de la ville passeront outre et leur fourniront une sépulture improvisée.1 De manière générale, la sauvagerie allemande ne connaît plus de bornes. En effet, les Nazis réduisirent ainsi en cendres le monument en hommage aux Tirailleurs sénégalais situé à Reims... Exaspérés par la résistance française, et rendus furieux par le fait que c'est maintenant Mandel qui dirige la France, les tracts appelant à la reddition largués sur les lignes françaises prennent désormais une tournure nettement antisémite. Ainsi, ceux-ci appellent désormais, entre autres, les soldats français à ne pas mourir « pour le cosmopolite Mandel et la Juiverie internationale » et déclarent que « l’Angleterre est prête à vous sacrifier jusqu’au dernier dans cette guerre étrangère aux véritables intérêts de votre pays »… Néanmoins, la chute de Chasselay est révélatrice de l'effritement des lignes françaises au nord de Lyon. Huntziger ordonne alors le repli au sud de la ville pour y mener le dernier combat. Le 19 juin, à son retour de la conférence de Quimper, Churchill s’adresse à la chambre des communes britannique en ces termes. « La chambre ne peut que se réjouir de la décision de la grande nation et du peuple français auxquels nous sommes depuis si longtemps associés dans la guerre comme dans la paix et que nous considérons à l’égal de nous-mêmes comme les dépositaires d’une culture libérale et d’une civilisation tolérante en Europe. » Tandis que Churchill rend hommage à la France, Rommel et sa 7ème Panzerdivision se rue vers Cherbourg. La place de Cherbourg est commandée par l'amiral Jules Le Bigot, qui a reçu l’ordre de tenir jusqu'à la dernière cartouche ou bien, si cela était possible, jusqu'au départ du dernier soldat français. La Marine nationale a fournie plusieurs vaisseaux2 en vue de fournir un appui d'artillerie tandis que dans les airs, sur ordre express de Churchill, qui joint dont l’acte à la parole, la RAF veille. En parallèle, les transports qui ont évacués les soldats britanniques quelques temps auparavant sont de retour, cette fois pour évacuer les soldats français. Au début, Rommel semble en passe de briser les espoirs du gouvernement français de rééditer l'exploit dunkerquois. En effet, des centaines de soldats sont capturés en rase campagne, sur les routes du Cotentin, tandis qu'ils se repliaient vers Cherbourg et la délivrance. Mais les choses changent quand les Allemands atteignent les faubourgs de la cité. Comme à Varsovie, l'assaut brusqué des chars allemands fut stoppé, parfois avec de simples grenades, par les défenseurs, solidement retranchés, qui faisaient généralement partie du 208ème Régiment d'infanterie. Bloqués aux portes de la ville par l'action des défenseurs, il subit également le bombardement de l'artillerie navale française, contre laquelle sa modeste artillerie ne peut rien. C'est plein de rage qu'il assista au rembarquement des soldats français, en relatif bon ordre, rembarquement contre lequel il ne put rien, du fait de l'héroïsme des défenseurs du port, qui reculaient certes cette fois face à l'infanterie allemande, arrivée à marche forcée devant la ville, mais ne rompaient pas. La Luftwaffe, qui se battaient très loin désormais de ses bases, n'y pouvait pas grand-chose non plus, du fait d'une RAF bien décidée à rééditer l'exploit de Dunkerque. Churchill avait le bon choix. Non seulement il brisait encore une fois le mythe de l'invincibilité de la Luftwaffe mais renforçait également les liens avec la France. En France libre, on suivait avec attention, heure par heure, le rembarquement, grâce aux rapports transmis par l'amiral Le Bigot et y trouvait là une raison d'espérer. On pouvait lutter contre les chars allemands et même leur infliger un camouflet ! Quant à Mandel et de Gaulle, en parfaite intelligence avec Huntziger (et Noguès), ils font le compte des soldats sauvés, qui seront autant d'hommes aptes à porter les armes pour la France dans les futurs combats. Par exemple à la future offensive contre la Libye italienne, réclamée par Noguès, et dont le principe ne fait pas que plaire aux membres du gouvernement. En effet, cette attaque est vitale pour empêcher Hitler d'avoir une tête de pont toute prête pour envahir l'Afrique du nord ! Au final, la résistance acharnée des défenseurs français permet l’évacuation de la majeure partie des 30 000 hommes réfugiés dans la ville le 20 juin au soir. Au nez et à la barbe d'un Rommel ulcéré. Cependant la chute de la ville permet de « libérer » la redoutable 7ème Panzerdivision. Sur ordre de son commandant, elle se rue immédiatement vers le sud. Vers la Loire… Manfred Rommel, son fils, dans son Rommel, mon père, aura ses mots. « Tout à la joie de revoir mon père, pour une courte permission certes, après cette campagne victorieuse à l'ouest, je ne cessais de lui poser des questions sur Arras, Saint Valery en Caux, Dunkerque, Lille et la Somme, auxquelles il répondait avec emphase, vantant ses exploits au front. Mais le ton changea lorsque je lui demande de me raconter la bataille de Cherbourg. Il me répondit sur un ton froid, que je ne lui connaissais pas, du moins en famille, que « malheureusement, les Alliés avaient tenus assez longtemps pour pouvoir s'échapper ». Dès lors, je sus que cet échec tourmentait mon père. En effet, c'était le premier qu'il rencontrait dans sa carrière... » En Bretagne, le retrait des troupes britanniques mais également polonaises vers l’Angleterre continue tandis que commence également l’évacuation des unités navales vers l’Angleterre ou l’Empire. L’or de la banque de France est également évacué vers Casablanca par le porte-avions Béarn et 5 paquebots, Ville d'Oran, El Mansour ,El Kantara, El Djezaïr et Ville d'Alger pour qu'il ne tombe pas aux mains de l'envahisseur. De même, le stock d’eau lourde français est évacué vers l’AFN par le contre-torpilleur Milan. Au milieu du chaos, un soldat se démarque encore plus particulièrement que les autres. Il s'agit de Vincent Doblin. Il sait ce qui l'attend si les Nazis ou plutôt quand les Nazis le captureront. En effet, il est non seulement Juif, mais également Allemand anti-nazi ! Pris dans la nasse, il n'a plus d'espoir de pouvoir échapper aux griffes des armées d'Hitler. Alors quitte à mourir, autant emporter avec soi un maximum de ses anciens compatriotes désormais ennemis acharnés. Né allemand, Doblin meurt le 25 juin en Français.1 Un autre Allemand anti-nazi, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel, aura ses mots dans son ouvrage d’après-guerre, Des officiers contre Hitler : Une histoire de la résistance allemande au Nazisme (1933-1945) : 1Son régiment s'apprêtant à se rendre aux ennemis suite à l’annonce de la capitulation militaire, Doblin quitte ses camarades. Il se suicide avec sa dernière balle dans une grange du village d'Housseras. Inhumé en tant que soldat anonyme, son corps ne sera identifié qu'en 1944. Doblin, au-delà de son héroïsme en tant que soldat, fut aussi un brillant mathématicien qui résolu l'équation de Chapman-Kolmogorov comme cela fut découvert par son biographe en… 1958 ! En effet, ce ne fut qu'à cette date que l'on découvrit le pli contenant la solution dans les archives de l'Académie des sciences auprès de laquelle il l'avait expédié en février 1940. « La chute de la France fut pour nous, une véritable tragédie. Mais nous vîmes dans le courage affiché par les dirigeants français qui rejetèrent la défaite, un motif d'espoir et une source d’inspiration pour nous-mêmes, vieux officiers prussiens bloqués par notre serment de fidélité envers la personne d’Adolf Hitler. Un jour, surgirait d'Afrique les armées qui permettraient d'écraser le Führer ! En parallèle, nous priment conscience que cela ne se ferait qu’au prix de la destruction de l'Allemagne si nous ne prenions pas clairement position à temps contre les Nazis. ». Vincent Doblin (1915-1940) Mort pour la France (Source Wikipédia)
  2. Chapitre 3 : Tandis que la France brûle... « Je constata alors avec dédain qu'en dépit des propos belliqueux qu'il tenait encore moins d'une heure auparavant, M. le Président de la Chambre des Députés n'en était resté pas moins qu'un simple politicien, fermement attaché à sa propre réélection. » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – Le Sursaut : 1940-1941 (tome I) Ainsi donc, le gouvernement de la République, désormais dirigé par Georges Mandel, avait pris la décision de continuer la lutte depuis l'Afrique du nord. Mais encore fallait-il décider selon quelles modalités… Se battre jusqu'à la Méditerranée comme le voulait le Général ? Idée sublime sur le papier mais qui aurait sans doute fait exploser le gouvernement. Capituler de suite ? Une économie de souffrances pour le peuple de France dans l'immédiat mais qui prolongerait certainement les douleurs liées, elles, à l'occupation allemande. En effet, cela signifierait la perte de l'intégralité des ressources, encore abondantes, présentes en Métropole. Hélas, la situation dramatique sur le front contraignit Mandel à suivre la majorité des ministres et à opter pour cette seconde option bien qu’il eut envisager de prolonger le combat en Métropole de quelques semaines, le temps d'évacuer un maximum de ressources vers l'Afrique et l'Angleterre puis de capituler seulement une fois qu'une ligne allant de Valence à Bordeaux serait franchie par les armées nazies. Compte-tenu de l’échec de la retraite sur la Loire, déjà franchie à Orléans par les forces allemandes, un effondrement total n’était plus qu’une question de jours. Il fallait donc parer au plus pressé... Priorité fut rapidement accordée à l'unanimité des ministres à l'évacuation des réfugiés anti-nazis austro-allemands présents en France. Concernant les moyens vitaux à la continuation de la lutte qui seront évacués, on décide d'accorder la priorité au transfèrement en AFN des ingénieurs spécialistes de l'armement et de leurs prototypes. En effet, ce n’est pas avec les quelques jours qui restaient à la Métropole que l’on pourra évacuer beaucoup d’hommes. Heureusement, l'Afrique ne manque pas de soldats potentiels. Et des soldats dévoués à la France de plus. Le général Spears, représentant du gouvernement de sa Majesté auprès de celui de la République, annonce que la Royal Navy participera au maximum de ses capacités à cette opération dénommée « Anabase ». Comme l’héroïque retraite grecque au travers un Empire perse hostile… La difficile tâche de signer l’acte de reddition de la Métropole, tâche ardue au cœur d’un soldat, est confiée au successeur de Weygand à la tête des armées françaises, Charles Huntziger. Huntziger, le vaincu de Sedan... Mais comme le fait constater de Gaulle, celui-ci a connu son propre sursaut ensuite[6]. Léon Blum, vice-président du conseil, demande alors « Soit. Mais qui va lui succéder ? » De Gaulle répond alors. « Ce qu'il faut à la France, c'est un officier de haut rang dont la réputation dans le domaine militaire est sans tâche et dont la détermination à poursuivre la lutte n'a jamais vacillé. Oui, celui dont je parle est le général Charles Noguès, commandant le théâtre nord africain, dont les câbles nous appelant à poursuivre la lutte, nous le gouvernement de la République, pourraient facilement recouvrir la table autour de laquelle nous débattons. Cet officier de très haute valeur prépare d'ailleurs déjà activement l'Afrique du nord à la continuation du combat. Mais la France doit également promouvoir aux côtés de notre futur généralissime un autre officier. En effet, dans cette guerre, dans laquelle la vaillance de nos hommes a été vaincue par la supériorité mécanique de l'ennemi, l'homme qui doit prendre la tête de nos futures forces blindées doit être un soldat qui a montré son aptitude à la maîtrise de cette arme. Cet homme, c'est le général Charles Delestraint, qui a admirablement couvert avec ses chars la retraite de nos armées du front de la Somme à celui de la Loire ! Par ailleurs, nombre d'officiers, du lieutenant au général de division, ont prouvé leur aptitude en dépit des difficultés immenses imposées par l'ennemi. Malheureusement, l'Afrique, quoi qu'entièrement à nos côtés, si elle est apte à fournir des fantassins de valeur, ne pourra fournir à moyen terme les officiers de terrain accompagnant nos tirailleurs. Nous nous devons d'évacuer un maximum de ses hommes brillants en vue de les placer à la tête de nos unités.[7] Enfin, il nous faut prendre la décision lourde de rappeler d'Indochine le général Catroux. Oui, je vois sur vos visages que vous craignez pour notre souveraineté sur cette Union. Souveraineté gravement menacé par le Japon. Mais si Catroux serait parfaitement apte à faire face aux prétentions de Tokyo, l'urgence est de regrouper les officiers français valeureux. Mais la France ne manque pas d'officiers coloniaux pouvant tenir tête à Hiro Hito et à ses ambitions. La République dispose aussi d'un homme de valeur pouvant prendre la direction civile de la colonie pour en décharger l'officier désigné par M. le Président du conseil. Les hommes que je vous propose de nommer à la direction de l'Union indochinoise sont Vincent Auriol, pour le volet civil, et Raoul Salan, pour le domaine militaire. Oui, vous ne connaissez pas encore ce dernier, mais il est un proche de M. le chef du gouvernement, un vétéran des colonies et il connaît bien l'Indochine et ses habitants. Mais le plus important, c'est que son unité, le 44e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais, se comporte admirablement sur le front de la Loire. Voilà le militaire apte à remplacer Catroux à Saïgon ! » Conclue le Général. Ce choix est immédiatement approuvé par les autres ministres. Tous ont vu les télégrammes du général Noguès. Voilà l'homme qui pourra non seulement préparer l'armée d'Afrique à l'immense tâche de défendre l'AFN face à un éventuel assaut du Reich mais aussi pourra conduire la réforme de l'armée française afin d'en faire un formidable outil pour la future reconquête. Les ministres ont aussi entendu parler de l'excellente tenue du général Delestraint, qui tranche avec les câbles pessimistes d'un officier comme Alphonse Georges. Soucieux d'éviter une éventuelle capture dans le chaos de la défaite, ordre lui est immédiatement donné de quitter son unité afin qu'il rallie au plus vite Bordeaux. Même chose pour Salan. Certes, l'immense majorité du gouvernement ne le connaît pas encore, mais tous font confiance à l'instinct de de Gaulle dans le choix des officiers à évacuer. Quant à Catroux, il obtient le commandement du théâtre nord-africain, en remplacement de Noguès. Compte tenu de la rapidité de l’avance allemande, Bordeaux n’est d’or et déjà plus sûre. Décision est prise par le gouvernement d’évacuer le lendemain en compagnie des parlementaires sur le paquebot Massilia. De Gaulle et le vice-président du conseil Marin se portent volontaires pour n’évacuer Bordeaux par hydravion qu’une fois la capitulation militaire actée. Le but étant de maintenir une présence gouvernementale en Métropole le plus longtemps possible. Entre-temps, le gouvernement utilisera les moyens de communications bordelais pour transmettre ses décisions et des paroles d'espérances (Le général de Gaulle s'avérant être particulièrement doué dans ce domaine) au reste du pays. Notons que, soucieux d’éviter qu’elle ne tombe entre les mains des Allemands, la dépouille du maréchal Pétain sera de même transportée par le paquebot vers l’Afrique du nord. Au sortir de cette réunion du conseil, Édouard Herriot s'approche de Mandel et lui demande de déclarer Lyon « ville ouverte » comme le fut Paris. En effet, Guderian s’approche rapidement de la capitale des Gaules. La discussion s'envenime et Herriot finit par menacer le président du conseil de lui retirer son soutien si Lyon est défendue ! Mandel, la rage au cœur, cède, mais impose quand même la destruction des ponts, afin de ne pas faciliter à l'extrême l'avance de la Wehrmacht. Herriot accepte, d'autant que le Général n'est pas loin. Ainsi, on se battra, comme pour la Capitale, devant puis derrière la cité, mais non en son sein… Huntziger est informé en catastrophe de cette disposition. Analysant la situation, il exclut désormais l'idée de faire de Lyon un point d'appui défensif et prépare déjà la retraite de ses forces au sud de la cité dès lors qu'il sera devenu impossible de tenir au nord de la ville. Mandel, désireux de montrer qu'il n'a pas cédé à Herriot mais qu'il désire plutôt ménager les grandes villes françaises, déclare « Villes ouvertes », en plus de Lyon, Bordeaux, Toulouse et Marseille. De toute façon, toutes, en dehors de Lyon, sont situées très loin du front et seront de toute façon non encore occupée lorsque les combats prendront fin... Herriot montre donc la part sombre de son combat politique, celui d’un vulgaire politicien déjà soucieux de sa future réélection après la victoire. Cependant, maintenir le Front commun, l'Union sacrée de 1940, contraint malheureusement à certains marchandages… À Londres, Churchill, terrifié à l'idée que la France ne conclue un armistice, reprend du poil de la bête. « Voilà des hommes bien dignes de Clemenceau » pense-t-il. Sa position solidifiée par le « sursaut français », Churchill démet de ses fonctions de Secretary of State for Foreign Affairs, soit de ministre des affaires étrangères, l’appeaser[8] Lord Halifax, partisan d’un compromis avec le Reich au profit du combatif Anthony Eden, jusque là ministre de la guerre[9]. Soucieux de soutenir à fond son allié français dans son projet de repli en Afrique du Nord, il est prêt à faire participer la Royal Navy au maximum de ses capacités à l'opération Anabase comme l'a déjà annoncé Spears. Plus inavouable est l'idée que plus le combat se prolonge en France, plus le Royaume-uni aura du temps pour se préparer au futur assaut nazi sur la Grande-Bretagne avec, en plus, la France en exil à ses côtés… Dès l’annonce du « rebond » français, c’est donc un Churchill considérablement renforcé par la décision française qui informe les nouveaux dirigeants de la République de son souhait de les rencontrer. La nouvelle conférence interalliée se tiendra à Quimper le lendemain, 18 juin. Autre personnalité qui avait des sueurs froides du fait de la situation militaire et politique françaises et qui, désormais, n'a plus qu'à penser à la manière dont il soutiendra la France en exil dans la poursuite de son combat contre Hitler, Franklin Delanoe Roosevelt, président démocrate des États-Unis d'Amérique. Le président américain décide, secrètement, de tout faire pour que le maximum d'armes soit livré à l'Afrique du nord française, des transports étant déjà en route. De même, c’est à une Angleterre désarmée depuis Dunkerque qu’il accepte de livrer immédiatement 200 000 fusils. D’ailleurs, Roosevelt, soucieux de renforcer son cabinet, y intègre 2 Républicains d'envergure. Henry Stimson devient secrétaire d'État à la guerre tandis que Frank Knox devient secrétaire d'État à la Marine. Stimson, adversaire de l'isolationnisme, sera un champion du Lend-Lease, le Prêt-Bail aux nations en guerre contre les puissances fascistes. Dans le même temps, la tragédie française pousse de plus en plus la population américaine, d'abord isolationniste, vers l'interventionnisme dans le conflit contre Hitler. Car si la France est tombée si rapidement, qu'est-ce qui prouve que l'Amérique n'est pas elle-même en danger ? De plus, le panache dont on fait preuve les dirigeants français en décidant, au mépris de la situation militaire, de s’accrocher et de continuer le combat contre l’ennemi, a de quoi impressionner favorablement les Américains. Darlan, désormais ministre de la Marine, s’attelle à une tâche immense. En effet, les bases de Bizerte, Mers-El-Kébir ne sont pas vraiment en mesure d’accueillir sur le long terme les grosses unités de la Royale[10] tandis que l'industrie quasi-inexistante de l'Afrique française mettra du temps à fournir les munitions nécessaires à la Flotte pour lui permettre continuer le combat. Certes, on peut compter sur l'appui américain pour pallier à cette défaillance (tout comme pour l'équipement de l'Armée de terre), mais l'industrie US mettra elle aussi un certain moment avant de pouvoir soutenir efficacement la Marine nationale. De plus, on ne pourra compter sur l'aide britannique, les types de munitions étant incompatibles. Le ministre décide donc d'évacuer massivement vers l'AFN les stocks de munitions de la Royale entreposés à Toulon, quitte à surcharger les vaisseaux évacuant vers l'AFN. Mandel, rapidement convaincu par les arguments de son ministre, lui donne carte blanche dans ses démarches. Le 17 juin au soir, Mandel embarque à bord de l’aviso Chevreuil en direction de Quimper pour y rencontrer Churchill. Mort pour la France (Source Le Printemps Tragique Mai-Juin 1940 : Relecture de la «Grande Défaite» https://leprintempstragique.wordpress.com/2017/09/19/recueil-de-citations-1939-1940/) [6] On pense à la bataille de Stonne. [7] De Gaulle pense, entre autres, aux généraux De Lattre de Tassigny et Fagalde. [8] Équivalent britannique d’un Munichois. [9] Eden deviendra rapidement le dauphin « officieux » de Churchill. [10] Surnom de la marine nationale dont le ministère est situé Rue Royale à Paris !
  3. Bonjour à tous ! J'avais déjà posté ici mon uchronie qui a pour point de divergence la continuation de la guerre par la France en 1940. Je n'ai pas abandonné le projet. J'ai même formaté le récit pour en faire un équivalent de livre. Je vous souhaite bonne lecture. Au plaisir de lire vos remarques. Chapitre 1 : La croisée des chemins « Je sentis, au fond de mon âme, que le mystérieux incident de voiture qui frappa le maréchal Pétain émanait d’une Force désireuse de sauver la France. Je le considéra de suite comme une sorte d'appel du destin. D’ailleurs les évènements qui suivirent le prouvèrent. » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – Le Sursaut : 1940-1941 (tome I) 10 juin 1940, dans la soirée. Une voiture quitte Paris en trombe en direction de la Touraine. À son bord, le vice-président du conseil de la République française, le maréchal Philippe Pétain. Alors que le gouvernement évacue Paris, celui-ci semble véritablement pressé de quitter la capitale. Trop… L’un des pneus cède, faisant quitter la route au véhicule. Il n’y eut aucune survivant. Pour remplacer le maréchal à la vice-présidence, Reynaud nomme en urgence, poussé en ce sens par le Général, un « jusqu’au boutiste », son ministre de l’intérieur, Georges Mandel. Le camp de la continuation des combats sort ainsi grandement renforcé tandis que celui des « Flanchards », comme les surnommait de Gaulle, est quant à lui gravement affaibli par la mort du Maréchal, avec la perte de son héraut. Malgré la catastrophe militaire, on rend les honneurs au Maréchal, qui restera à jamais le « vainqueur de Verdun ». À l’issue de l’hommage, le général de Gaulle murmurera à l’oreille de Mandel, selon les mémoires de ce dernier : « Dieu merci, il ne pourra plus barrer la route au destin de la France... ». C’est encore effarés par la soudaine disparition du Maréchal que les dirigeants français apprennent que leurs homologues britanniques, avec à leur tête Winston Churchill, veulent les rencontrer au GQG du commandant de l’armée française, le général Maxime Weygand, le château du Muguet à Briare[1], le jour même. Sont présents Paul Reynaud, Georges Mandel, les généraux français Weygand, De Gaulle, Winston Churchill, Anthony Eden, les généraux britanniques Ismay et Spears. Après un exposé dramatique de la situation sur le front par Weygand, Reynaud réclame à Churchill l'appui massif de la RAF, qui peut selon lui faire « pencher le plateau de la balance ». Mais Churchill refuse d'envoyer les restes de la chasse britannique en France, après les combats de Dunkerque il ne lui reste que 25 escadrons disponibles dont il estime avoir besoin à tout prix pour défendre son pays. Churchill propose en revanche de se battre dans Paris mais Weygand refuse catégoriquement de transformer Paris « en un nouveau Madrid » Churchill propose alors, pour pousser les États-Unis à intervenir, de conduire une guérilla quotidienne contre l’occupant allemand. Reynaud, cependant, affiche ses réserves, craignant les représailles contre les civils et la destruction des villes françaises, ce qui choque de Gaulle et Mandel, non par volonté de sacrifier délibérément le peuple de France, mais bien car les 2 hommes commencent à percer la fêlure dans l’armure du président du conseil. Churchill a les mêmes sentiments, et promet pour faire pencher la balance du bon coté, le soutien du Bomber Command britannique contre les colonnes de Panzers qui filent vers le sud via des raids nocturnes.[2] Le premier ministre de sa Majesté fait cette promesse, car, en effet, il sent qu’une faille s’est ouverte pour la cause du maintien en guerre de la République française avec la mort de Pétain… Plus tôt dans la journée, d’accord avec le général Georges, Maxime Weygand avait ordonné un repli général de l’armée française sur une ligne allant de Caen à Dôle et s’appuyant largement sur la Loire. La tristement fameuse instruction personnelle et secrète « NI 1444/3 FT » qui ordonne d’appliquer ce retrait « le plus rapidement possible, sans préoccupation d'alignement et sans esprit de liaison. »... Ce repli implique l’abandon de la Ligne Maginot, non préparée pour soutenir une « guerre de siège ». La conférence se poursuite le lendemain, 12 juin 1940, au château de Cangé cette fois. Darlan, cette fois-ci présent, s’engage envers Churchill à ce que jamais la flotte française ne tombe entre les mains des Allemands. L’histoire prouvera qu’il est, à ce niveau, un homme de parole. En revanche, Weygand continue ses exposés catastrophiques sur la situation militaire « et les divisions cuirassées allemandes qui enfoncent notre dispositif et font beaucoup de prisonniers. ». Reynaud, de plus en plus las, travaillé au corps par sa maîtresse, épuisé par la tournure des évènements, promet néanmoins qu’aucune décision de poursuite ou d’arrêt des combats ne sera prise sans en informer les Anglais. Churchill, un peu provoquant, mais pour la bonne cause, dira que si le Royaume-Uni vainqueur restaurera la France « in her dignity and greatness » (« dans sa dignité et sa grandeur »), ajoute dans la langue de Molière « vous les Français avez cette phrase. « Mieux vaut mourir debout, que vivre à genoux ! », et bien je vous le dis mes amis, que si la France se tient debout aux côtés de l’Angleterre, elle ne mourra pas ! En revanche, je ne peux vous offrir ce genre de garanties de la part de Herr Hitler...». Inutile de dire que cette boutade ne fut guère du goût de Weygand. En se retirant pour rentrer à Londres, Churchill murmura, en Français toujours, à l’oreille de de Gaulle « L’homme du destin... » Du soir, les Britanniques partis, le généralissime français expose pour la première fois au conseil des ministres la nécessité d'un armistice. « Il faut éviter avant tout la décomposition de l'armée, dit-il, et pour cela adresser dès maintenant au gouvernement allemand une demande d'armistice. » Il ajoute : « La France peut aujourd'hui demander un armistice sans rougir. Je me félicite d'avoir livré sur la Somme une bataille qui a restitué à l'armée française son vrai visage. Devant le monde, elle a sauvé l'honneur, et traiter, désormais, ne sera plus indigne d'elle. ». Reynaud s’y oppose, il faut soit constituer un réduit breton, soit continuer la lutte depuis l’Afrique du nord en concluant « Qu’Hitler, c’est Gengis Khan ! » et qu’il ne se contentera pas comme Guillaume Ier d’annexer une ou deux provinces… Weygand éructe alors : « La guerre est perdue ! L’Angleterre n’attendra pas 8 jours après l’écrasement complet de notre pays pour demander de son côté les conditions de paix. 2000 soldats tombent chaque jour sous les balles ennemies. Les politiques ont commencé cette guerre, à eux de la terminer ! » Reynaud, faisant preuve cependant de caractère, et en dépit de forts visibles signes de faiblesse[3] réplique à Weygand qu’il a été désigné président du conseil sur ce programme. « La victoire à tout prix ! ». Malheureusement, Hitler a deux atouts. Ses panzers et… la propre compagne de Reynaud, Helène de Portes ! Ainsi, le Reynaud combatif du conseil, en dépit de son stress, se dissout dans la nuit, sa maîtresse l’ayant traité… « D’Isabeau de Bavière ! ». Celle qui en signant avec Henry V, roi d’Angleterre, le traité de Troyes, faillit livrer la France à ce dernier... Ainsi, lorsque de Gaulle et Mandel insiste auprès de Reynaud pour que ce dernier remplace Weygand, celui- s’y refuse. La dernière phase de la conférence se tient à Tours, le 13 juin. Le but de ce dernier jour de conférence est de déterminer le sort de la France pour l’avenir. Doit-on continuer de se battre en créant soit une forteresse en Bretagne, soit en se repliant en AFN, ou bien cesser immédiatement les hostilités ? Dans cette seconde option, comment réagirait l’Angleterre ? À 15h30, Churchill et Reynaud s’entretiennent ensemble. Reynaud qui qu’opposé à la signature d’un armistice, demande tout de même ce qu’en pense le gouvernement anglais. Churchill lui répond après un moment de silence, dans un élan lyrique : « Bien que nous comprenions la situation où vous vous trouvez, le gouvernement que je représente ne peut que s’opposer avec force à cette décision, bien que dans tous les cas, la Grande-Bretagne restaurera la France dans toute sa puissance et sa grandeur qu'elle qu'ait été son attitude après sa défaite. Dans le cas contraire, je puis vous affirmer ceci. La Grande-Bretagne soutiendra avec force votre pays, la France, si vous décidez de vous replier soit en Bretagne, soit en Afrique du nord, avec nos vaisseaux, nos soldats et du matériel. Sachez que la Grande-Bretagne fera bloc derrière vous si vous décidez de continuer la guerre ! » Cette réponse conforte les partisans de la poursuite de la lutte des combats. Les « capitulards » viennent encore de perdre une bataille. C’est dans ce contexte que le gouvernement entame un nouveau repli, cette fois sur Bordeaux. Bordeaux, où règne une atmosphère de fin d’un monde, atmosphère qui impressionna jusqu’au président Lebrun, et où opposants et partisans de l’armistice s’affrontent désormais ouvertement lors des réunions du conseil des ministres. La capitale de la défaite sera-t-elle le tombeau de la grandeur de la France ? Après l’annonce par Weygand de l’effondrement du front, Chautemps, meneur du camp défaitiste propose au vote des ministres une motion appelant non à l’armistice mais ayant comme objectif de demander à l’Allemagne les conditions de celui-ci. Mandel, furieux, s’en prend alors violemment à Camille Chautemps en le traitant ouvertement de lâche. En réponse, ce dernier utilise l’argument premier des futurs laquais français d’Hitler. Mandel serait « indifférent à la souffrance des Français… ». Le pire étant que Reynaud ne défend même pas Mandel. De Gaulle, lui, est en Bretagne, où après avoir conféré avec les généraux Altmayer et Guitry pour, dit-il, « préparer la défense du terrain » à Rennes, se rend ensuite à Brest pour préparer les évacuations. Il ne rentre à Bordeaux que du soir. C’est par la voix de Mandel qu’il apprend que c’est in-extremis que Reynaud a rejeté la proposition Chautemps mais qu’aussi, le chef du gouvernement semble en passe de rompre. De Gaulle répond alors : « Soit, nous n’avons qu’une nuit pour agir ! ». Progression du front dans l’après-midi du 16 juin 1940 (Source [WW2] The Battle of France and the Low Countries: Every Hour https://www.youtube.com/watch?v=fa6FpphhBUo par Yan Xishan 閻錫山) [1] Dans le département du Loiret [2] Churchill a en revanche en plus d’avoir refusé l’envoi d’escadrilles de chasse de la RAF en France, seulement promis 2 divisions d’ici la fin juin et 20 supplémentaires si… la France tient jusqu’au printemps 1941 ! [3] Reynaud a ainsi les jambes flageolantes… Chapitre 2 : Alea Jacta Est « À l’issue de l’écriture de l’adresse aux Français annonçant le « sursaut », le président du conseil me dit, visiblement ému. « C'est parfait mon général, enregistrons l'appel du 16 juin puis diffusons le sur les ondes. Le Monde doit connaître notre résolution ! » Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – Le Sursaut : 1940-1941 (tome I) Le lendemain 16 juin, les ministres continuent de s’entre-déchirer sur le destin de la France. Armistice ou capitulation ? Mandel, le Général mais aussi Louis Marin, Ministre d’État, défendent bec et ongles l’idée d’une continuation de la lutte. Tandis que Chautemps, Weygand mais aussi Paul Baudouin et Bouthillier, qui trahissent donc Reynaud, portent eux, l’étendard blanc de la déroute. Les autres, certes patriotes, n’en constituent pas moins une sorte de marais pouvant bousculer d’un côté ou l’autre, même si, les recherches historiques le prouveront, ils penchaient plutôt du côté de la lutte. Reynaud, livide, effaré et écœuré par la trahison de ceux qu’il pensait être des proches et des soutiens, espérant faire taire les partisans de l’armistice, lit sur un ton qui ne cache pas sa nervosité, le refus catégorique de Churchill de délier la France de son serment de ne pas signer de paix séparée, en réponse à un câble envoyé dans ce sens à Londres la veille. Chautemps, sort alors de ses gonds et dit avec fracas. « Le gouvernement français n’a pas à demandé son accord au gouvernement anglais ! Nous ne sommes, et ne seront jamais, un Dominion ! » « Là n’est pas la question… Il s’agit juste de concertation entre alliés. » répond froidement de Gaulle. Yves Bouthillier, le félon, demande alors, sur un ton faussement conciliant, que comme le gouvernement n’arrive pas à trancher, il faut faire voter les chambres. Il sait très bien le caractère peu combatif d’une majorité de députés. Et en démocratie, le tombeau se joue à une voix... Mandel eut alors ces mots historiques. « Messieurs les ministres, La situation dramatique que connaît notre malheureux pays a fait perdre leur sens du devoir à certains, dont le rôle eut été pourtant d’être des modèles à suivre. De surcroît, face à l’adversité, une fraction des représentants de la nation se sont abaissés jusqu’à plus n’être que les simples représentants d’une fraction de leurs électeurs. Pourtant, ici, il est encore des ministres qui ne sont point sourd au cri silencieux de la majorité des Français, qui est de continuer la guerre, pour, un jour prochain, les restaurer, eux et la patrie, dans leur honneur, leur dignité, et leur droit. Quand aux députés, je puis désormais vous assurer de leur soutien plein et entier. » Chautemps, Baudouin et Bouthillier n’eurent pas le temps de réagir que MM. Herriot, président de la chambre des députés, et Jeanneney, président du sénat, entrent dans la pièce et annoncent leur soutien, et donc celui du parlement, à une reconduction de Paul Reynaud à la tête d’une nouvelle équipe, à la condition qu’elle soit favorable à la poursuite de la guerre depuis l’Afrique du nord, où seraient transportées les institutions de la République. Mandel ajoute alors. « M. Bouthillier, nous sommes effectivement en faveur du vote que vous proposez... » Les « Flanchards » du gouvernement ayant été neutralisés, du fait de leur futur évincement du gouvernement, restait à ajourner le conseil, pour converser avec Reynaud quant à la future composition du nouveau cabinet de la République. Celui du combat. Mais les évènements se précipitent alors... Weygand, apprenant que les événements n'allaient plus dans le sens de son camp, fait soudain irruption dans la pièce. « Messieurs ! Comment pouvez-vous un instant imaginer pouvoir continuer la guerre dans ces conditions ? Nos armées sont disloquées, brisées, à genoux, et ce, en dépit d'un héroïsme sans borne, submergés qu'elles sont par la masse de milliers de panzers ! Nos lignes de défense sur la Somme et l’Aisne ont été écrasé. En cette heure, l’ennemi fonce vers la Loire et menace les arrières de nos troupes stationnées le long de la ligne Maginot ! J'ajoute que la valeur admirable dont font preuve nos soldats fait que vous les politiques, qui seuls ont décidés de cette guerre, doivent de ce pas trouver une solution pour mettre un terme à ce bain de sang ! MM. désirez-vous vraiment que le drapeau rouge flotte sur l’Élysée ? » De Gaulle s'apprêtait à intervenir quand Mandel le devança. « Imaginez-vous, généralissime, ce cabinet inconscient de notre situation ? Ne sachant pas l'héroïsme de nos troupes ? Ignorant de la situation militaire ? Méprisant de la souffrance des Français ? Mais ce cabinet est également conscient de la barbarie de l'ennemi auquel nous faisons face ! Hitler est un nouvel Attila et la France ne pourra vivre que quand lui et ses hordes sanguinaires seront anéanties ! La… » Weygand vitupère alors… « Hitler est un Attila pour certaines catégories seulement... » Mandel le regarde alors froidement puis se tourne vers Reynaud avec un regard explicite qui signifie : « Faîtes quelque chose M. le président du conseil ! » Reynaud, rasséréné par la force de conviction de ses ministres, prononce alors cette phrase décisive. « Vous êtes limogés de votre poste de commandant suprême des armées françaises, général. » Weygand devient alors rouge de colère. « De quel droit vous permettez-vous cela ? » « De par le fait, ou plutôt le principe, que l'autorité militaire est toujours subordonnée au pouvoir politique... » répondit simplement Paul Reynaud. Maxime Weygand avait compris. Le coup de génie de Mandel et de Gaulle avait changé la donne. Lui, le général Weygand, ne pourrait plus faire pression sur la présidence du conseil pour le conduire à prendre la décision, plus honorable selon lui, de conclure un armistice politique plutôt qu'une capitulation militaire de la Métropole. L'ex-généralissime, sur un ton beaucoup plus posé mais toutefois animé d'un tic, signe de son extrême nervosité, demande alors la permission d'être affecté à la tête d'une unité combattante. Reynaud, finalement satisfait de la soumission de Weygand, accepte. Maxime Weygand, salue en silence le président du conseil et se retire. Weygand, qui demanda à être rétrogradé colonel, se suicidera, après s'être vaillamment battu. Le 23 juin au petit matin... Voyant que leur dernier atout vient de s’effondrer avec l’éviction de Weygand, les partisans de l’armistice, menés par Chautemps, qui quoi que muets pour certains lors de cette réunion du 16, mais s’étant de toute façon révélés au grand jour la veille, quittent la pièce. N’ayant commis, heureusement, aucun crime, Mandel, ministre de l’intérieur, ne peut totalement les neutraliser, mais une lourde surveillance s’exerce dès ce jour sur eux.[4] Les tenants de la continuation de la lutte, se doutant bien de leur côté qu’ils sont prolongés dans leur mission, restent dans la pièce, qui est bien évidemment le cas. Les Flanchards partis, Reynaud annonce, à la stupeur des ministres et des présidents des chambres, qu’il va démissionner en faveur de Georges Mandel. Face à leur opposition, Reynaud insiste. « Non non, messieurs les ministres, ma décision est irrévocable. Je ne suis plus l’homme de la situation. L’action de MM. De Gaulle et Mandel l’a prouvé. M. Mandel est le mieux placé pour conduire la France à la victoire finale. Quant à vous mon général, ma dernière décision en tant que président du conseil est de vous nommer général à titre définitif. » Le président Lebrun approuve immédiatement cette double décision. Il restait maintenant à annoncer au monde la nouvelle détermination française. Les mots prononcés par Mandel sur les ondes, bien qu'universellement connus, méritent d'être retranscrit dans cet ouvrage. « Mes chers compatriotes, Le Président de la République m'a désigné pour prendre la tête du gouvernement en ces heures tragiques pour notre pays. Oui, nous subissons une grande défaite. Un système militaire mauvais, les fautes commises dans la conduite des opérations, l'esprit d'abandon de certains, nous ont fait perdre la bataille de France. En effet, bien que nous avons été et que nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi, le dernier mot n'a pas été dit. L'espérance ne doit pas disparaître et la défaite n'est pas définitive ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue lui aussi la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. L'honneur, le bon sens, l'intérêt de la Patrie, commandent à tous les Français de continuer le combat Conscient de tout cela, le gouvernement de la République que je préside a pris la décision de partir pour l'Afrique du nord afin d'y continuer la lutte. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Vive la République ! Vive la France ! » Mais le Général ne s'était pas contenté d'aider Mandel à écrire l'appel à l'attention du peuple de France et de ses amis. De Gaulle aide de même le président du conseil fraîchement nommé à constituer une liste de noms pour son gouvernement. Reconduire l’autre vice-président du conseil du gouvernement précédent, Camille Chautemps étant bien évidemment exclu. Mais qui dès lors pour les remplacer à ce poste qu'en toute logique seules des personnalités politiques majeures pouvaient occuper ? Aux postes de vice-présidents du conseil, de Gaulle et Mandel s’entendent pour nommer Joseph Paul-Boncour et Louis Marin, un ancien président du conseil de la République française de gauche et le meneur de la droite conservatrice française. Le premier, anti-munichois de valeur, fut un chaud partisan d’un rapprochement franco-soviétique lors de la montée des périls. Le second, ministre d’État jusque là, monte en grade. Il servira à rallier les plus conservateurs des Français. Marin est un véritable signe que l’anti-fascisme n’est pas que de gauche. Bien que chef de la droitière Fédération républicaine, cela ne l’a pas empêché d’être un tenant de la résistance à tout prix. 2 poids lourds de la vie politique française pour un gouvernement de combat donc. Un homme de gauche et un homme de droite. L’Union sacrée... Aux affaires étrangères, alors que de Gaulle pressent le caractère mondial du conflit et la future guerre germano-soviétique, et dans la droite ligne de la nomination de Paul-Boncour à la vice-présidence du conseil, celui-ci obtient de Mandel la nomination de Léon Blum. Le chef des socialistes français. Le nommer au gouvernement est donc dans la droite ligne de ce renouveau de l'Union sacrée de 1914. De plus, il permet de placer un individu apte à négocier avec Staline à la tête de la diplomatie de la République. De Gaulle aurait aimé qu’il fut le vice-président du conseil représentant la gauche, mais Mandel refusa catégoriquement. Pour lui placer 2 juifs aux plus hautes sphères de l’État eut pu faire capoter son gouvernement en incitant les antisémites à l’action. Hélas, sa « judéité » est à cette époque source d’un profond complexe chez le nouveau chef du gouvernement français. En effet, au sortir de la réunion qui l’a vu propulsé à la présidence du conseil, Mandel connaît un instant de doute. « Je suis Juif. » dit-il au Général. « Jamais ils ne m’accepteront... » Ce à quoi répond de Gaulle. « La seule dévotion qui compte en ces temps troublés, c’est la dévotion envers la partie, M. Le président du conseil... » Mandel, rasséréné par ces mots justes, mais toujours conscient de la terrible menace intérieure constituée par l’extrême droite antisémite, conserve le portefeuille de l’Intérieur. Et c’est à d’ailleurs à ce titre qu’il publie un décret ordonnant aux autorités civiles de rester sur place, et de maintenir l’autorité républicaine jusqu’à l’arrivée des Allemands. Interdiction est donnée aux policiers et aux gendarmes de se replier. Mieux, ceux-ci doivent aider à contenir l’Exode, qui gène l’armée française et qui est désormais, bien inutile, le pays ayant comme vocation d’être destiné à l’occupation totale à court terme… Mieux, bientôt, la police et la gendarmerie fourniront des renseignements sur les activités des Allemands dans le pays au gouvernement en exil ! Véritable cabinet de lutte, de Gaulle et Mandel s’attachent à se lier les combatifs de la première heure, quitte à leur donner des portefeuilles secondaires sur le papier. Le président du conseil et le Général se mette d’emblée d’accord pour se rallier Henri de Kérillis, seul député de droite ayant voté contre les accords de Munich et qui dénonça vivement devant la capitulation qui livra la Tchécoslovaquie à Hitler. « Messieurs, ceux d'entre nous qui eussent voulu qu'on trouvât beaucoup plus tôt la ligne de résistance aux prétentions allemandes, qu'on sauvât la Tchécoslovaquie et en même temps la paix, on les accuse d'avoir voulu la guerre. (...) Non messieurs, je ne voulais pas la guerre mais lorsque la guerre menace un pays, il ne faut pas donner l'impression de la craindre si on veut la faire reculer. (...) Cette paix consacre le triomphe d'Hitler, c'est-à-dire à la fois celui de l'Allemagne et celui du fascisme international. (...) Je sais bien qu'il y a parmi nous des hommes pénétrés de patriotisme (...) qui espèrent que la France pourra vivre en paix, fière, libre, à côté de cette nouvelle et gigantesque Allemagne. [...] Non ! N'espérez pas ! L'Allemagne est insatiable devant les faibles, l'Allemagne est impitoyable pour les faibles, l'Allemagne ne respecte que les forts et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas ! (...) Vous croyez qu'elle va devenir douce et conciliante. Moi je crois qu'elle va devenir exigeante et terrible. Hitler nous a prévenus, dans Mein Kampf, que son but suprême était d'écraser la France ». Triste présage de la part d’un Cassandre... De Kérillis devient ministre des anciens combattant dans le ministère du sursaut.[5] Enfin, pour montrer une rupture avec Reynaud tout en montrant le caractère jusqu’au boutiste de son cabinet, Mandel rappelle en tant que ministre d’État, celui qui déclara la guerre au Reich après son invasion de la Pologne et qui fut écarté par Reynaud, son ennemi, début juin. Édouard Daladier Mais la continuation de la lutte serait impossible sans l’aide de la flotte, dont l’Amiral de France, François Darlan, a fait sa « chose ». Et, désormais, ses fusilliers-marins quadrillent Bordeaux depuis le milieu de la nuit. Pour maintenir l’ordre mais, surtout, pour éviter un coup de force des défaitistes. En effet, dans la nuit du 15 au 16 juin, de Gaulle et Mandel ont rencontré Darlan à l’Amirauté. Celui-ci, qui affirme la fidélité de la flotte au gouvernement et la volonté farouche des marins français de continuer la guerre. Puis, il souligne la tenue admirable de la marine durant les opérations tout en sous-entendant que l’armée de terre a beau s’être mal comportée durant la Bataille de France, elle a son ministre en la personne de de Gaulle. Il conclut en montrant l’importance de celle-ci pour la poursuite des combats depuis l'outre-mer. Comprenant le message, Mandel et de Gaulle promettent à Darlan le poste de ministre de la marine, qui regroupera les marines marchande et militaire. En échange, Darlan, fournit entre autres des fusilliers-marins donc pour quadriller Bordeaux, noyautée par les défaitistes, dont rien moins que son propre édile, Adrien Marquet, dont l’esprit est gangrené par les idéaux fascistoïdes… Président du conseil : Georges Mandel • Vice-présidents du conseil ◦ Joseph Paul-Boncour ◦ Louis Marin • Ministres : ◦ Ministre de la Défense nationale et de la Guerre : Charles de Gaulle ◦ Ministre des Affaires étrangères : Léon Blum ◦ Ministre de l'Intérieur : Georges Mandel ◦ Ministre des Armements : Raoul Dautry ◦ Ministre des Finances : Paul Ramadier ◦ Ministre du Travail : Charles Pomaret ◦ Ministre de la Justice : Albert Sérol ◦ Ministre de la Marine: François Darlan ◦ Ministre de l'Air : Laurent Eynac ◦ Ministre de l'Éducation nationale : Jean Zay ◦ Ministre des Anciens combattants et des pensions : Henri de Kérillis ◦ Ministre de l'Agriculture : Paul Thellier ◦ Ministre du Ravitaillement : Henri Queuille ◦ Ministre des Colonies : Marius Moutet ◦ Ministre des Travaux publics : Charles Vallin ◦ Ministre de la Famille française : Georges Pernot ◦ Ministre des Postes, Télégraphe, Téléphone et Transmissions : Alfred Jules-Julien ◦ Ministre de l'Information : Daniel Mayer ◦ Ministre du Commerce et de l'Industrie : Louis Rollin ◦ Ministre du Blocus : Georges Monnet ◦ Ministres d'État : Auguste Champetier de Ribes et Édouard Daladier Quant à Paul Reynaud, admirateur des régimes anglo-saxons et parfaitement anglophone, il est nommé au poste non moins capital d’ambassadeur à Washington. Il sera la voix de la France combattante auprès du président Roosevelt. La France ayant un nouveau gouvernement à sa tête, reste à organiser le « sursaut », tandis que l’offensive allemande se poursuit implacablement… Georges Mandel, nouveau président du conseil (Source Wikipédia) [4] Mandel a un temps envisagé de les arrêter pour haute trahison tout de même. [5] Notons qu’il sera l’auteur d’une analyse de qualité sur la défaite de 1940, Français, voici la vérité.
  4. Bonjour Patrick, Tout d'abord, désolé pour la réponse si tardive. Je ne vais plus trop sur le forum. Et bien, je te remercie de l'intérêt porté à mon récit. Ca fait toujours plaisir. Je trouve honnête de ta part de me demander mon avis. Si tu mets un lien vers ce sujet, que tu dis que ça vient de moi et que tu me fournis le lien vers ton sujet sur ce forum anglophone, oui, pourquoi pas :) À bientôt ! PS : Si j'ai bien compris, tu vas quand même modifier le récit, pas juste le traduire en Anglais, non ?
  5. On est loin des disputes que je pressent LFC ;)
  6. Ajout pour Juillet 1940 et l'investiture de Pétain. "Pour l'anecdote, le Maréchal ne devient pas seulement « Chef de l’État français » mais devient également… Co-Prince d'Andorre ! Il succède ainsi à Pierre Laval, reconnu comme tel par le petit pays mais seulement à l'arrivée des premiers soldats allemands à la frontière nord du territoire pyrénéen. D'ailleurs, les Andorrans se sont empressés de justifier cette conduite auprès de Mandel et ce, a priori, avant le départ pour l'Afrique du gouvernement de la République."
  7. Bonjour, Refonte de l'appel du 17 Juin de Georges Mandel. "Mes chers compatriotes, Le Président de la République m'a désigné pour prendre la tête du gouvernement en ces heures tragiques pour notre pays. Au moment où je vous parle, les armées du Troisième Reich, après avoir capturé Paris, ont franchi la Loire et approchent rapidement de Lyon, isolant nos troupes qui gardaient nos frontières de l'Est et ce, en dépit de lourdes pertes et de la résistance acharnée de nos glorieux soldats, dignes fils des héros de Verdun ! Est-ce donc là la fin de la France ? Mes chers concitoyens, la réponse est non ! Le combat contre l'ennemi honni continue et continuera, sur terre, dans les airs et sur les mers ! En effet, si l'actuelle bataille de France semble irrémédiablement perdue, notre patrie dispose d'un vaste empire colonial, aux ressources formidables, et qui en dépit de l'engagement farouche de ses habitants à nos côtés, n'a pas encore donné la pleine mesure de ses moyens et de ses possibilités. Et c'est là l'ancien ministre des colonies qui vous parle ! Soutenus que nous sommes déjà et que nous serons toujours par les ressources formidables de la puissante Amérique, nous finirons par chasser l'ennemi du sol sacré de notre Mère la France avant de le rejeter dans sa tanière où nous l'anéantirons définitivement ! Et ce, aux côtés de l'admirable Angleterre et de ses Dominions, alliés indéfectibles de la République face à l'impérialisme germanique, assoiffés qu'il est de conquêtes et de domination ! La réponse de la France démocratique, laïque et républicaine est et sera donc une opposition ferme et constante à l'envahisseur barbare et à ses affidés de toute sorte ! Jamais la France ne s'agenouillera face à l'Hitlérisme ! Qu'importe où, nous trouverons une nouvelle « Marne » aux colonnes infernales du Führer ! Nous lutterons aussi longtemps qu'il le faudra, nous avons déjà résisté à des invasions. Et nous repousseront les hordes fanatisées d'Adolf Hitler. Car s'il nous fallu parfois jusqu'à cent ans, nul n'a jamais conquis la France. Mes chers compatriotes, je vous fait ce serment. Un jour, l'heure de notre revanche sonnera, et c'est la France qui sera en première ligne dans sa propre libération. Françaises, Français ! Jeanne d'Arc, Du Guesclin, Napoléon et les héros morts lors de la dernière guerre, pour la sauvegarde de notre liberté, nous regardent, nous les héritiers d'une tradition nationale millénaire, nous les dignes défenseurs de la Révolution ! Aux armes, Citoyens !" Mandel tînt ici un discours capable de toucher l'ensemble des Français patriotes, en alliant Jeanne d'Arc et la défense des valeurs de la Révolution, en alliant laïcité, République et invocation d'une tradition millénaire. Cependant, la teneur des propos de Mandel enragea les Allemands et causa indirectement la mort du Préfet d'Eure-et-Loire, Jean Moulin. Ce dernier, refusant de signer un document infâme, accusant fallacieusement les Tirailleurs sénégalais de crimes envers des civils, finit fusiller par les Allemands qui l'avaient accusé « d'être à la solde du Juif Mandel » ce à quoi il répondit simplement « pas à la solde, au service ».
  8. Janvier 1946 Un hélicoptère Sikorsky R-5 de l'armée américain établit un record officieux à Stratford (Connecticut), en atteignant une altitude de 6 400 m. 1er Janvier : Indépendance des Philippines. À Londres, Clement Attlee nomme Lord Mountbatten Vice-Roi des Indes avec pour mission d’accélérer la « liquidation » du Raj britannique. Le Premier Ministre travailliste étant poussé à appuyer sur l’accélérateur de la décolonisation par la Marche inexorable de l'histoire. Grâce à Wavell, le prédécesseur de Mountbatten, Hindous et Musulmans ont appris à travailler ensemble et Jinnah est prêt à se contenter de larges droits pour les Musulmans du sous-continent tel plusieurs portefeuilles ministériels garantis au sein du gouvernement du futur « Dominion » et une très large autonomie pour les Provinces de la future Inde indépendante. Discours de Winston Churchill à Fulton (Missouri) sur le « rideau de fer » en présence du président Harry S. Truman : « De Stettin sur la Baltique à Fiume sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent. Varsovie, Berlin, Prague, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia - toutes ces villes fameuses et les peuples qui vivent aux alentours font partie de la sphère soviétique et sont soumis, d'une manière ou d'une autre, non seulement à l'influence soviétique, mais à des mesures de contrôle très sévères et toujours plus fortes, édictées par Moscou. (...) ». Churchill qui alors n’a plus aucune fonction gouvernementale veut mettre en garde les pays occidentaux et leurs opinions publiques contre le danger de l’avancée communiste en Europe qui met en péril la liberté et la démocratie chèrement acquises et récemment retrouvées. Ce discours peut être considéré comme l’acte fondateur qui va conduire, après le coup de Prague, à la création du pacte militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. En France, tandis que la loi Houphouët-Boigny abolit le travail forcé dans l'Union française, la loi Lamine Guèye généralise le statut de citoyen à l'ensemble des territoires colonisés (à la suite de l'abolition de l'indigénat). Dans la foulée, la Loi Abbas abolit le statut coranique et accorde la pleine égalité aux Musulmans algériens. C'est le Décret Crémieux de 1946 ! Concernant le volet économique, vote de la loi qui institue le FIDES (Fonds d'investissement pour le développement économique et social des territoires d'outre-mer) devant permettre aux anciennes colonies de contracter des crédits peu coûteux et donc d'y établir de nouvelles institutions ou infrastructures, grâce à des contributions de la métropole mais aussi des pays concernés. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni lancent un appel aux Espagnols en faveur du renversement du régime franquiste. La France, sincèrement reconnaissante envers les Républicains espagnols, qui furent des Résistants très actifs, fut néanmoins contrainte de ménager Franco tant que l'Allemagne n'était pas vaincu. Trop tard pour les Républicains comme Cristino García qui tentèrent de libérer leur pays de l'oppression par la force en 1944… Si une partie de la Droite rappelle que l’État espagnol ne fut qu'une partenaire de l'Axe et qu'il accepta de rester neutre, cette objection est vite balayée par les autres dirigeants français qui veulent faire tomber le Caudillo. Mais comment faire sans s'engager dans une nouvelle guerre ? On décide donc à une mise à l'écart stricte du Régime franquiste et un embargo (passant par la fermeture de la frontière donc). Objectif ? Pousser à bout Franco et le contraindre à accepter le retour de la Démocratie dans son pays. La Grande-Bretagne reconnaît l’indépendance de la Transjordanie, placée sous mandat depuis 1922. La présence militaire britannique reste inchangée. L'Empereur Hiro-Hito Showa prononce le Ningen-sengen, sa « Déclaration d'humanité » en Français, dans le cadre de sa déclaration de Nouvel An du 1er janvier 1946 à la demande du commandant suprême des forces alliées, l'Amiral Nimitz. L'Empereur renonce officiellement à son statut divin. Les alpinistes autrichiens Heinrich Harrer et Peter Aufschnaiter, évadés d’un camp de prisonniers en Inde, parviennent à Lhassa après avoir traversé l’Himalaya. Ils y rencontrent le jeune dalaï-lama et gagnent sa confiance.
  9. Décembre 1945 Le Norvégien Trygve Lie est élu secrétaire général des Nations unies. Premier vol du prototype de l'hélicoptère américain Bell 47. En France, premier numéro du journal sportif L'Équipe. Il remplace le magazine L'Auto, qui a outrageusement collaboré avec l'ennemi... Face aux pressions du Conseil de sécurité de l'ONU et pensant, à tort, que le gouvernement iranien avait cédé à son chantage, Staline retire l'Armée rouge d'Iran. En revanche, il renforce sa mainmise en Europe de l'Est en truquant les élections en Hongrie. Officiellement un net succès des Communistes et de leurs alliés (forcés) socialistes, elles furent, en réalité, une victoire du Parti des petits propriétaires de Zoltàn Tidly selon diverses sources occidentales et neutres. En Autriche, restauration officielle des Habsbourgs. L'Autriche redevient officiellement un Archiduché mais surtout devient une Monarchie constitutionnelle débarrassée du Nazisme. Parution à Hambourg, avec l'aval des forces d'occupation britanniques du premier numéro de l'hebdomadaire libéral allemand Die Zeit, le magazine de l'intelligentsia protestante. Après s'être emparé d'Haiphong, les soldats de Bao Daï, soutenus par ceux de la France, prennent d'assaut Hanoï. Il faut noter l'assistance efficace fournie par l'allié lao de la France. En effet, des soldats hmongs des forces armées royales laotiennes s'emparent, après une attaque pleine d'audace, du poste communiste de… Dien Bien Phu. En revanche, la reconquête néerlandaise tourne au vinaigre aux Indes orientales. Les troupes de Sukarno, équipés du matériel « abandonné » par les Japonais repoussent l'assaut des forces de La Haye sur Batavia/Djakarta ! Ce désastre montre bien l'affaiblissement dramatique de l'Armée hollandaise pourtant soutenue par la Marine nationale française. La débâcle batave encourage les mouvements indépendantistes en Asie, obligeant les Britanniques à accélérer les négociations avec ceux-ci et à lâcher encore un peu plus de lest quant à leurs propres prétentions. En Espagne, l'exécution de 14 opposants au régime franquiste, crée une vive émotion internationale (notamment celle de Cristino García, Grand Résistant durant l'occupation de la France). Le gouvernement français décide de fermer la frontière à partir du 1er Janvier. En Égypte, la tension ne cesse de monter. Le quotidien alternant en effet entre les attaques contre les soldats britanniques et les attentats antisémites des Frères musulmans…
  10. Ajout pour Juin 1945 Débarquement d'un petit contingent français à Kouang-Tchéou-Wan afin de rétablir la souveraineté française dans le « Hong Kong français ».
  11. Ajout pour Septembre 1945 Élections législatives au Japon impérial. Les Japonais, qui n'ont pas le sentiment d'avoir été écrasés, du fait que le sol sacré du Japon n'a subi que quelques raids aériens et que l'Armée impériale est rentrée dans une large mesure en bon ordre au pays, le Parti le plus à droite autorisé par les Alliés, et qui soutient la cause Showa, le Parti libéral, obtient 40 % des voix aux Législatives. Le reste des voix étant éclaté entre le Parti progressiste et le Parti socialiste qui arrive en deuxième position avec 28 % des voix (La partie du peuple japonais qui n'est pas Anti-communiste par nature n'ayant aucune raison d'être effrayée par le terme socialiste, l'URSS n'ayant pas fait la guerre au Japon). Ichirō Hatoyama devient Premier Ministre après une alliance avec les Progressistes, malgré quelques réserves américaines.
  12. Novembre 1945 Pilotant un Gloster Meteor F.4, le capitaine Wilson établit le premier record du monde de vitesse de l'après guerre en atteignant 975 km/h. En parallèle, le lieutenant Jack C. West effectue le premier appontage d'un avion à réaction, un Ryan FR Fireball, sur un porte-avions. Coup de théâtre à la Chambre des députés ! De Gaulle, déçu voire écœuré du refus des Représentants de la Nation d’amender la Constitution en vue de renforcer le pouvoir exécutif annonce sa démission ! Qui choisir à sa place, les 2 blocs non communistes étant incapables de former une majorité sans un accord ? L'heure revient rapidement aux basses manœuvres politiciennes et aux trahisons. En effet, le Général pousse les députés issus du PSF à refuser la confiance à quiconque autre que lui même, espérant, en créant la « Chienlit », revenir très vite au pouvoir et imposer sa réforme constitutionnelle. La manœuvre gaullienne rabat non seulement vers la gauche l'équilibre des forces, la droite étant désormais affaiblie sans pour autant que le Général ne soit inquiet du risque de l'entrée de Communistes au gouvernement, les savant trop haïs par les autres. Mais Charles de Gaulle provoque surtout l'ire de De la Rocque, furieux que l'ancien Ministre de la Guerre ne se comporte comme le seul Chef du PSF et ne l'affaiblisse, en y portant la division entre Gaullistes, qui voteront non à toutes candidatures non gaullienne et Rocquistes, prêts à certains compromis ! Mais ce basculement à gauche de la Chambre profite toute naturellement à son chef, Léon Blum, qui est investi. Daladier, son allié au sein du Front républicain, devient Vice-Président du conseil, tout comme Robert Schumann, avec le porte-feuille des Affaires étrangères,en tant que représentant de la faction de la droite qui a votée l'investiture. Cependant, le Colonel, pourtant prêt au compromis, est contraint à quitter le gouvernement, étant désormais à la tête d'une force affaiblie par le sécession rapide des Gaullistes, qui fonderont le RPF, le Rassemblement pour la France. En Italie, De Gasperi fait voter une Loi constitutionnelle accordant l'autonomie aux provinces suivantes : -La Sardaigne et la Sicile, isolées du continent, pauvres au plan économique et sujettes à des tensions séparatistes. -Le Trentin-Haut-Adige pour protéger sa minorité germanophone. -La Vallée d'Aoste pour la protection des francophones et dans la continuité des pressions exercées par le gouvernement français. -L'Istrie (capitale Trieste) en vue de calmer l'Irrédentisme des majorités slovènes et croates, véritablement draguées par Tito mais aussi pour soutenir une province frontalière du Bloc de l'Est. L'amertume sera grande pour les Italiens vivant en Yougoslavie. En effet, là où les Croates et les Slovènes d'Istrie obtiennent une large autonomie et des droits linguistiques, les Italiens de Dubrovnik, entre autres, ne se voit proposer qu'entre « la valise et le cercueil » par les Communistes... -La Province de Zara, tête de pont de l'Ouest et menacée également par la Yougoslavie. Exécution de William Joyce, speaker anglophone de la radio allemande pendant la guerre.
  13. Août 1945 En Iran, les Soviétiques soutiennent désormais ouvertement les insurgés en empêchant les troupes régulières d'intervenir (n'oublions pas qu'ils occupent le nord du pays depuis 1941), comme ils le firent en Roumanie l'année précédente lors de la « Révolution ». Au Vietnam, la méthodique reconquête de De Lattre se poursuit. Le Ve Congrès panafricain de Manchester proclame la « détermination des Africains à être libres ». Kwame Nkrumah crée un Secrétariat National Ouest-Africain, activement soutenu par la WASU (West Africa Students Union) pour en appliquer concrètement les résolutions. Ce mouvement promeut l’idée d’une Fédération ouest-africaine, premier échelon vers la réalisation d’États-Unis d’Afrique. Adoption de la Charte des Nations unies à l'issue de la Conférence de San Francisco. Naissance de l'ONU. Son siège est temporairement installé à Londres. Notons que c'est le gouvernement Tito qui représente la Yougoslavie tout comme le gouvernement communiste polonais représente Varsovie. À l'inverse, c'est Zog Ier qui incarne l'Albanie. Le Conseil de sécurité de l'Organisation est composé de l'URSS, le Royaume-Uni, les États-Unis, la République de Chine et la France. Septembre 1945 Imitant leurs voisins azéris, les Kurdes se soulèvent contre le gouvernement impérial. Staline, sachant la Turquie solidement ancrée dans le camp occidental (et ne parlons pas de l'Irak, vassale des Britanniques), n'a donc aucune raison de ne pas s'appuyer sur le séparatisme kurde. À Tabriz, les Azéris proclament la « République populaire d'Azerbaïdjan ». Conformément à ses engagements, la République française accorde l'indépendance à la République libanaise et à la République fédérale syrienne. Cette dernière est composée de 4 entités. L’État alaouite le long de la côte, l’État kurde au nord-est, l’État druze au sud et la République syrienne en elle-même sur le reste du territoire. Cette fédéralisation a été presque imposée par Paris, désireuse d'empêcher la majorité arabo-sunnite de « vampiriser » l'intégralité du pouvoir en écrasant démographiquement les minorités mais aussi dans le dessein, plus inavouable, de « Diviser pour mieux régner »… Les Franco-Vietnamiens attaquent Hué, transformée en champ de ruines, les Communistes incendiant notamment le Palais impérial. En Chine, à l'issue d'une longue série de réunions conduites à un rythme infernal, le Président Zongren publie le « Grand programme de Reconstruction nationale », alors que Mao continue ses coups de boutoir contre les forces de Nankin. En effet, tandis que sa force principale, équipée d'armes lourdes japonaises, avance toujours vers le sud, d'autres sections, plus petites, mènent une intense guérilla en Chine du sud, sur les arrières de l'Armée nationaliste. Création de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) par 44 pays. Fondation à Québec de la FAO (Food and Agricultural Organisation) par l'ONU. Ouverture du procès de Nuremberg de 23 chefs nazis (verdict le 1er Août 1946). En guise de prélude, le chef du gouvernement collaborateur norvégien, Vidkun Quisling, est condamné à mort pour haute trahison et est exécuté. En Autriche, victoire des Conservateurs, soutiens du chef du gouvernement provisoire, Otto Von Habsburg, face aux Socialistes. Élections législatives au Japon impérial. Les Japonais, qui n'ont pas le sentiment d'avoir été écrasés, du fait que le sol sacré du Japon n'a subi que quelques raids aériens et que l'Armée impériale est rentrée dans une large mesure en bon ordre au pays, le Parti le plus à droite autorisé par les Alliés, et qui soutient la cause Showa, le Parti libéral, obtient 40 % des voix aux Législatives. Le reste des voix étant éclaté entre le Parti progressiste et le Parti socialiste qui arrive en deuxième position avec 28 % des voix (La partie du peuple japonais qui n'est pas Anti-communiste par nature n'ayant aucune raison d'être effrayée par le terme socialiste, l'URSS n'ayant pas fait la guerre au Japon). Ichirō Hatoyama devient Premier Ministre après une alliance avec les Progressistes, malgré quelques réserves américaines. Octobre 1945 Au Brésil, un coup d’État militaire renverse le Président Vargas. À Mahabad, les Kurdes proclament à leur tour leur indépendance via la « République du Kurdistan ». Le gouvernement iranien, en la personne du Premier Ministre Hakimi, proteste avec véhémence auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, dont c'est la première expérience. Ce dernier décide de conseiller aux Iraniens de négocier directement avec Moscou. Les exigences du Vojd sont claires. Il exige de Téhéran qu'elle accepte que : « 1. Les troupes soviétiques restent stationnées indéfiniment dans le nord de l'Iran. 2. Le gouvernement iranien reconnaisse l'autonomie de l'Azerbaïdjan. 3. L'Iran et l'Union soviétique établissent une compagnie pétrolière irano-russe qui prenne en charge l'exploitation, la production et la commercialisation de pétrole iranien ; l'Union soviétique devait recevoir 49 % des gains totaux de la société et l'Iran 51 % » Pendant ce temps, le puissant parti communiste iranien, le Tudeh, prépare un soulèvement contre l’État impérial. Ce mois d'Octobre 1945 voit également le retrait des troupes britanniques d'Iran, 6 mois après le Conférence de Potsdam. Staline, contrairement à ses engagements, rechigne à se retirer, malgré les pressions américaines. Abolition de l'indigénat dans l'Union française. Depuis l'élection du Conseil de l'Empire puis l'accession des Conseillers au statut de Députés, ce statut était déjà vidé de sa substance et ce même dans les territoires n'ayant pas accédé au statut de DOM à la Libération. Cependant, la nouvelle entraîne des scènes de liesse en Afrique française. Les élections générales en Italie voient le triomphe de la Démocratie chrétienne, dirigée par Alcide de Gasperi qui devient Président du Conseil. Comme prévu, l'institution d'une République n'est plus à l'ordre du jour. L'investiture de De Gasperi a montrée au grand jour la césure qui touche le Parti Socialiste italien, entre les tenants de la Sociale-Démocratie, qui voteront pour De Gasperi et la formation d'une grande coalition, et l'aile gauche du Parti, qui votera non et ce, main dans la main avec les Communistes, tenant de la « Politique du pire ». Chute de Hué. Le Président Truman, pariant sur une chute prochaine du gouvernement d'Hô Chi Minh, rappelle Archimedes Patti aux États-Unis. Sa carrière est terminée. Il retourne dans un néant qu'il n'aurait jamais dû quitter...
  14. Juillet 1945 Mao s'empare de Pékin. Face à l'ampleur d'un désastre qui a en plus mis au grand jour son incapacité, les dirigeants chinois (discrètement conseillés par les Occidentaux) décident d'écarter Tchang au profit de Li Zongren, qui devient donc Président de la République de Chine. En charge pour lui de redresser une situation fort mal engagée. Le pourra-t-il seulement ? Pour commencer, celui-ci décide de rédiger en urgence le « Grand programme de Reconstruction nationale » que n'avait même pas ébauché Tchang, en dépit de ses promesses faîtes aux Français. Plus au sud, Saïgon tombe enfin aux mains des Français qui peuvent donc enfin y amener Bao Daï. De Lattre peut également quitter le Laos et rejoindre le gros de son Armée en y installant son QG. Notons que sous son commandement, les forces issues de la Résistance ainsi que les premiers éléments des nouvelles armées cambodgiennes et laotiennes ont intelligemment harcelés les avants postes du Viet-Minh à la frontière occidentale du Vietnam. Heureusement, la France et l'Empire vietnamien trouvent rapidement des partisans, que ce soit parmi les proscrits du Communisme qui n'ont pas été massacrés par les soldats de la RDVN avant leur départ, ou bien même parmi les habitants écœurés par la brutalité des Communistes. Mais aussi les simples opportunistes… En France, Laval est condamné à mort et exécuté à son tour à l'issue d'un rapide procès. Joseph Darnand, ex-commandant des Forces de Sécurité Légionnaires, subit également son juste châtiment. En Iran, la gendarmerie signale que l'URSS commence à livrer des armes à la population azérie de Tabriz. Peu après, les postes de police de la région sont attaqués par des hommes armés. En effet Staline, ayant assuré son glacis protecteur à l'ouest, tourne désormais ses yeux vers le sud. Celui-ci a dans cette optique publié en Mai un appel à la sécession de la province turcophone iranienne d'Azerbaïdjan afin d'en faire un de ses satellites et ainsi s'emparer des réserves pétrolières du nord de l'Iran. À Alamogordo, au Nouveau-Mexique, a lieu le premier essai, qui s'avérera « concluant », d'une bombe atomique. Les Américains s'empressent de diffuser dans le Monde les images de l'explosion de « Trinity », soucieux d'en informer un Staline… déjà au courant ! Soutenus par Tito, qui a largement le dessus sur les Tchéniks dans la guerre civile yougoslave (la présence de l'Armée rouge dans le pays y étant pour beaucoup…), les Communistes albanais lancent une série d'attaques contre les troupes du Roi Zog. Début de la guerre civile albanaise. Les armées françaises et surtout britanniques y participeront aux côtés des troupes royales. En Corée, un certain Grigori Semenov, Russe blanc ayant pu fuir la Mandchourie à temps, fonde à Séoul le « Gomorrah ». Cet établissement offre des « divertissements » aux GI's occupant le pays. Cet événement marque la naissance d'un puissant Empire du crime.
  15. Pour la mise à mort si rapide de Pétain, je me suis inspiré de la rapide exécution de Laval quelques jours après la fin de son procès.
  16. Salut Collectionneur ! Merci de ton passage tout d'abord. Quel délai proposes-tu ?
  17. Mai 1945 En France débute le procès du Maréchal Pétain qui s'est rendu spontanément aux troupes françaises en Février. Laval, lui, est toujours en Espagne, d'où il prépare sa défense, l’État franquiste ne lui ayant laissé le droit de ne rester en Espagne que quelques mois… L’orgueilleux Maréchal se contente, pour toute défense, de lire une lettre écrite de sa main dans laquelle il ne se déclare responsable que devant la France et les Français et non devant la Haute cour de Justice et que, par conséquent, il ne répondra à aucune des questions qui lui seront posées. Le procès est suivi presque heure par heure par les Français via les journaux et la radio. De Gaulle a un œil sur le Procès Pétain mais l'autre est tourné vers l'Italie. En effet, contrairement à l'avis de la majorité de son gouvernement, il décide de soutenir la maintien de la dynastie de Savoie « et de ce ballot d'Humbert » à la tête de l'Italie. Or, le principal obstacle est que Victor-Emmanuel III, le monarque qui nomma Mussolini à la tête du pays, est toujours officiellement Roi. Multipliant les pressions, à la fois sur le Roi pour qu'il abdique et sur Ferruccio Parri (qui vient de succéder à Bonomi à la tête du gouvernement italien) pour qu'il accepte de se contenter d'une Monarchie constitutionnelle, le Général finit par enfin obtenir la « tête » de Victor-Emmanuel et l'accord du Président du Conseil italien pour une simple révision du « Statuto » de 1848. En échange, de Gaulle retire ses troupes du Val d'Aoste (qui devient cependant une Province italienne francophone à part) ainsi que de Tende et de la Brigue. De Gaulle fait ainsi tout pour placer l'Italie dans l'escarcelle de la France. En parallèle, commencent les préparatifs du « Procès de Milan », le grand jugement des dirigeants fascistes dont Mussolini lui-même, livré par les autorités suisses aux Alliés ! Concernant la Belgique, un autre monarque félon, indigne de son grand peuple, Léopold III, décide, sous la pression à la fois de la foule belge mais aussi des Français qui l'ont libérés, d'abdiquer au profit de son fils Baudouin. Celui-ci, depuis son futur exil suisse, ne cessera de crier que son abdication lui avait été imposée par les soldats du « Colonel ». Comme Laval et les Fascistes surnommaient De Gaulle au début… Son fils aussi conservera un sévère ressentiment contre la France, mais il ne sera heureusement qu'un monarque sans pouvoir. Le Prince Charles exercera la Régence en attendant sa majorité. À Paris, le mois de Mai 1945 se termine par un coup de théâtre. Laval se livre aux autorités françaises… En Yougoslavie, tandis que la guerre civile fait toujours rage contre les Tchéniks, Tito est officiellement élu Président de la République fédérative populaire de Yougoslavie et se voit octroyer le grade de « Maréchalissime » par l'Assemblée constituante, uniquement composée de Communistes (Tito ne voyant pas l'intérêt de cacher son jeu…). La Yougoslavie nouvelle sera composée de 6 Républiques (la République populaire de Bosnie-Herzégovine (capitale Sarajevo), la République populaire de Croatie (capitale Zagreb), la République populaire de Macédoine (capitale Skopje), la République populaire de Monténégro (capitale Titograd), la République populaire de Serbie (capitale Belgrade), incluant le Kosovo (capitale Pristina) et la Voïvodine (capitale Novi Sad), et la République populaire de Slovénie (capitale Ljubljana)). Une Constitution est adoptée. Elle est quasiment une traduction en Serbo-croate de la Constitution soviétique de 1936, « la plus démocratique du Monde »… Juin 1945 Un Focke-Achgelis Fa 223 Drachen est le premier hélicoptère à traverser la Manche, il est piloté par son ancien équipage de la Luftwaffe. En France, De Gaulle institue l'ENA et suite à un vote du Parlement, commence la mise en place de la sécurité sociale. Mais l’événement majeur de ce mois de Juin 1945 est la condamnation à mort du Maréchal Pétain à l'issue de son procès. De Gaulle demandera sa grâce à Mandel qui la lui refusera. Pétain est fusillé au Fort de Montrouge dans lequel il était détenu. Mais le gouvernement français ne se contente pas de punir les traîtres, il récompense aussi les héros. Noguès (en tant que Généralissime et « âme » du Sursaut), De Hauteclocque (pour ses exploits à la tête de la 2ème DB), Giraud (pour ses succès en tant que commandant de la 1ère Armée française, notamment lors de la Libération de la Corse), Delestraint (comme commandant victorieux à la tête de la Seconde Armée française) et De Lattre (pour ses grandes qualités combatives) obtiennent la dignité de « Maréchal de France », par décret du Président Mandel. Cette dignité sera refusée par de Gaulle, arguant qu'il n'a pas commandé de troupes après le Sursaut. En Chine, l'offensive du gouvernement contre Mao tourne à la débâcle pour les troupes de Tchang. En effet, c'est à dessein que Mao laisse tout d'abord l'Armée de Nankin s'enfoncer en Mandchourie avant de lancer une violente contre-attaque sur ses flancs démesurément étendus grâce à l'action déterminante des blindés que lui ont fournis les Japonais. Des dizaines de milliers de soldats sont capturés et la plupart choisissent de rallier Mao, renforçant d'autant la capacité militaire du Communiste ! Profitant de son succès, Mao se rue sur Pékin. Au Vietnam, la Puissante Flotte d'Extrême-Orient transportant les renforts destinés à de Lattre arrive au large de Saïgon. Les soldats français font immédiatement face à la résistance acharnée des soldats d'Hô, lourdement armés, solidement retranchés et, surtout, brillamment commandés par le redoutable Giap. Seule la puissance de feu de la Flotte française permet de faire sauter le verrou Viet-Minh et permet aux soldats de la République d'entamer une cruelle guerre urbaine en plein cœur de la capitale de la Cochinchine. Dans le même temps, un petit contingent débarque à Kouang-Tchéou-Wan afin de rétablir la souveraineté française dans le « Hong Kong français ». Le Général, profitant que le Monde a les yeux tournés en direction de ces événements déterminants pour son avenir, s'estimant de plus solidement ancré à la Présidence du Conseil mais surtout se doutant également qu'il sera soutenu par l'immense majorité des Français, promulgue un décret proclamant le retour à la frontière française de 1814. Sarrelouis et Landau redeviennent françaises ! Les Actualités cinématographiques ne se priveront pas de montrer l'oriflamme Bleu-Blanc-Rouge et les armes républicaines être installés sur les bâtiments officiels. De Gaulle, interrogé à ce sujet, expliquera que « Le Maréchal Ney se retournait depuis 120 ans dans sa tombe de voir sa ville natale, la belle Sarrelouis, détachée de la Mère-Patrie ! La France victorieuse se devait de réparer cette grave injustice !» Face au tollé provoqué par les Alliés, De Gaulle s'emporte et explique à l'ambassadeur britannique que son pays a fait bien moins de cas lors du déplacement vers l'Ouest de la Pologne… Les Soviétiques se montrent plus « compréhensifs », il faut dire que Paris et Moscou se rapprochent secrètement, du moins sur la question allemande. Les 2 puissances voulant faire de l'Allemagne un État faible et neutre. D'ailleurs, en signe de rapprochement, le Général nomme un grand Français comme Ambassadeur en Union soviétique en remplacement d'Eirik Labonne Le Maréchal de France Henri Giraud… Cet échange de bon procédé est réciproque. Staline nommant Maxime Litvinov, ancien Chef de la diplomatie soviétique à la tête de laquelle il fit tout pour la mise en place d'une grande alliance anti-hitlérienne avec la France et le Royaume-Uni, ambassadeur à Paris. Les cruels chefs de l'URSS ne sont cependant pas avares de sarcasmes à son égard. « Litvinov a beaucoup de chance. Il aurait été en effet plus probable, vu son parcours, qu'il soit devenu notre ambassadeur aux Enfers ! » Viatcheslav Molotov Quant à Staline, il annonce avec un sourire moqueur à Litvinov qu'il va probablement se sentir comme chez lui en France... En effet, Litvinov est d'origine juive. Quant au sarcasme antisémite du Vojd, il touche également le Président Mandel !
  18. Avril 1945 Le lendemain de l'arrivée dans la sphère soviétique des premiers convois de soldats soviétiques de la Wehrmacht, Staline permet le départ du premier convoi de prisonnier de guerre français vers la France. Quelques semaines plus tard, l'un d'eux parmi les plus charismatiques devient sous-secrétaire d'état aux Anciens combattants. François Mitterrand... À Potsdam, près de Berlin, se tient la dernière Conférence interalliée, destinée à régler les derniers détails de l'après-guerre. On y décide de la séparation définitive entre l'Allemagne et l'Autriche, la division de la première en 4 zones d'occupation tandis que la seconde retrouve sa pleine souveraineté (sans que Staline ne reconnaisse cependant le gouvernement provisoire de l'Archiduc Otto). Pourtant, Staline surprend Roosevelt et Churchill lorsqu'il déclare souhaiter, concernant la division de l'Allemagne, que « cette situation ne s'éternise pas ». Le Géorgien va-t-il réunir de force l'Allemagne en lançant ses chars à l'ouest ? De Gaulle a la réponse, lui. Il s'est entretenu en secret avec Staline. Les 2 ont fait part de leur souhait de voir l'Allemagne devenir un état tampon neutre et démilitarisé entre l'Est et l'Ouest. Ainsi, le Général suit strictement de la « Ligne Mandel ». Roosevelt, en tout cas, est inquiet et ordonne d’accélérer les préparatifs de la bombe A, bien que la guerre soit finie. On décide également d’entériner les nouvelles frontières orientales de la Pologne et de l'Allemagne. L'expulsion en masse des Allemands de ces zones, soit 11 millions de personnes, est décidé. Mise en place des 5 « D » à savoir -Démilitarisation -Dénazification avec l'installation aux postes importants des opposants au Régime nazi et le jugement des dirigeants de ce dernier dans un grand procès qui se tiendra à Nuremberg. -Décartellisation par la scission des grands groupes regroupés de force par les Nazis. -Démocratisation -Décentralisation afin d'éviter le retour à la dictature. Concernant l'Italie, elle perd l'ensemble de ses colonies et rétrocède le Dodécanèse à la Grèce. Quant à sa Métropole, elle est gardée intacte, à la grande fureur de Tito qui lorgnait sur l'Istrie et Zara. En dépit des tentatives de Staline en ce sens, on ne discutera pas du Japon impérial durant la Conférence. Le Japon est donc considéré comme une affaire principalement américaine. Hormis le toast de Staline à l'unité allemande, le château de Cecilienhof connaît 2 autres coups de tonnerre. Le premier a lieu lorsque Churchill apprend que les Travaillistes ont gagnés les élections législatives en Grande-Bretagne. Pressentant cela, Churchill s'était fait accompagné de son successeur potentiel, Clement Atlee. Le second est rien moins que le décès de Roosevelt, au dernier jour de la Conférence ! Ce dernier est remplacé par son Vice-Président, Harry Truman, encore présent aux États-Unis. Quelques jours avant la Conférence, les Occidentaux avaient évacués Magdebourg et les parties de la Saxe et de la Thuringe qu'ils occupaient tandis qu'en échange, Staline leur cédait une partie de Berlin. Notons que les Français hissent le drapeau bleu-blanc-rouge sur la colonne commémorant la victoire allemande en 1870-1871 ! Dans le même temps, tout en préparant l'avenir de l'Europe, de Gaulle continue à peaufiner la destruction d'Hô Chi Minh et de la République démocratique du Vietnam. De Lattre est déjà sur place mais à la tête des seules forces qui combattent depuis 1941 et qui firent partie de la Résistance. Soit trop peu pour espérer chasser Hô du pouvoir. Mais le Général prépare un puissant corps expéditionnaire qui sera transporté par la Marine nationale. Les plans sont déjà sur la table. Un assaut massif est prévu pour Juin sur Saïgon. Puis, on y installera Bao Daï afin de montrer qu'il ne s'agit plus d'une guerre coloniale mais bien d'une lutte contre le Communisme. S'ensuivra la reconquête méthodique du pays par l'Armée d'Extrême-Orient, via un assaut terrestre et des débordements conduits via des débarquements. En parallèle, on instituera une Armée impériale vietnamienne dont le commandement sera confié à Nguyễn Văn Xuân, un Vietnamien chaud partisan de la France, ancien membre du cabinet de Georges Mandel lorsqu'il était Ministre des colonies et qui a combattu aux côtés de Salan. En parallèle, les Japonais quittent en masse le pays, à l'aide de leur propre Flotte de transport mais certains fanatiques s'engagent dans le Viet-Minh, par haine des Occidentaux ! De Gaulle est furieux, les Japonais ont non seulement laissé Hô massacrer les colons, mais voilà que certains Nippons rejoignent les rangs des ennemis de la France ! Dans le même temps, les Pays-Bas, désormais libérés, préparent également leur propre revanche contre Sukarno. Ils cherchent des alliés dans la région pour y prendre la tête d'un gouvernement autonome. De Gaulle propose aux Néerlandais une aide matériel car leur Armée est très mal au point. En Chine, Tchang commence à masser ses troupes à la frontière du territoire contrôlé par Mao au nord de Pékin. Cependant, Jean Escarra multiplie les rapports sur l'incompétence du Président chinois et, surtout, la corruption de son Régime. À Paris, on craint de voir la gigantesque Chine tomber dans l'escarcelle de Staline. De plus, le gouvernement français constate que Tchang n'a pas tenu sa promesse de promulgation d'un vaste programme de réformes politiques et sociales. La Roumanie expulse la minorité des Hongrois de Transylvanie, reconnus coupables de collaboration avec le gouvernement Croix-Fléché. La Tchécoslovaquie en fait de même avec sa propre minorité magyare ainsi qu'avec les Sudètes.
  19. À cause de la limitation (bug ?) de la taille des messages, Mars 1944 est amputé. Je ne peux poster la bataille :(
  20. Bonjour à tous chers lecteurs ! Grosse refonte de la Bataille de la Mer des Philippines. Avant édition du message originel, je poste ici la nouvelle mouture de l'affrontement. Bonne lecture Dans le Pacifique, déclenchement de l'Opération Forager, l'invasion des Îles Mariannes. Elle doit permettre non seulement de s'approcher encore plus du Japon, mais aussi, dans un avenir proche, de fournir la base qui permettra aux B-29 de frapper directement le Japon. Georges Louis Nicolas Blaison, capitaine du « Requin », un sous-marin français de classe Balao, construit par les Américains, participe à la bataille. Il doit avec son bâtiment repérer et, si possible, attaquer l'Armada japonaise si elle tente cette fois de s'opposer à l'assaut américain. C'est dans cette optique que plusieurs sous-marins alliés ont été positionnés en Mer des Philippines, sur les différents axes de progression possibles de la Flotte impériale japonaise. Tandis que le Capitaine du sous-marin français traquait l'ennemi, Saipan, cible du premier assaut amphibie de l'invasion, était le théâtre de rudes combats au sol mais l'aviation japonaise n'était pas encore apparue une seule fois dans le ciel de l'archipel. Cependant, Spruance, Amiral commandant la Vème Flotte US en charge de l'invasion savait, du fait que les codes secrets japonais avaient été percés, que l'ennemi avait sciemment évacué son aviation des Mariannes, où elle aurait été trop exposée mais l'avait rassemblé en une importante force aérienne à Iwo-Jima et Chichi-Jima dans l'archipel des Bonin au nord. Les Américains sachant que la « Flotte combinée » japonaise, commandée par l'Amiral Tamon Yamaguchi, successeur désigné de Yamamoto, mettrait plusieurs jours à arriver suffisamment prêt de la Flotte alliée pour pouvoir envoyer ses appareils au contact, envoyèrent 1 petite force attaquer l'archipel des Bonin. Le raid allié sur les bases terrestres de l'aviation japonaise fut une cruelle surprise pour les Japonais. Ceux-ci subirent de lourdes pertes (nombre d'appareils étant détruits au sol) en en infligeant que de légères en retour aux Américains. Mais la bataille ne faisait que commencer… Au sol, ce n'est qu'au prix de lourdes pertes (2000 morts en 3 jours) que les Américains parviennent à refouler les Japonais vers l'intérieur de l'île, Japonais qui savaient que la Flotte de Yamaguchi arriverait bientôt et écraserait à coup sûr les Alliés ! Nagumo, le lieutenant de Yamaguchi, qui commandait en personne la Flotte nippone comme toujours, était confiant. Les premiers rapports sur les aviateurs étaient positifs. Non seulement ils étaient motivés (mais un seul soldat japonais ne l'était-il pas ?…) mais étaient également relativement prêts grâce à l'apport de l'expérience des vétérans retirés du Front pour les former. De plus, les nouveaux modèles d'avions leurs avaient été livrés. Bref, le désastre d'Iwo Jima ne le perturbait pas outre mesure. Mais ce que l'Amiral nippon ne soupçonnait pas, c'est qu'il était désormais la proie d'un « Requin », en l’occurrence le vaisseau du Capitaine Blaison, passé expert dans l'art de dénicher et d'envoyer les navires japonais au fond du Pacifique… Le « Requin » poursuivait la Flotte de Yamaguchi depuis plusieurs heures. Blaison et ses seconds avaient déjà transmis la position des Japonais à Spruance et à Nimitz. Un autre sous-marin, américain cette fois, venait de rejoindre la zone quand la vigie du sous-marin français repéra que la Flotte nippone venait brusquement de virer de bord en plein dans la direction du « Requin ». « La fête peut commencer » dit avec un sourire maléfique le Capitaine français. En effet, les Nippons, voulant se placer en position idéale pour faire décoller leur escadrille, allaient placer involontairement son sous-marin en plein centre de leur dispositif, à un endroit parfait pour attaquer le Zuikaku, le Porte-avion, vétéran de Pearl Harbor, servant désormais de vaisseau-amiral à Nagumo. Blaison plonge en profondeur pour ne pas être repéré et grâce à ses détecteurs acoustiques, sait à quel moment remonter en immersion périscopique. Déployant son périscope, le Français voit apparaître le Zuikaku, décoche une salve de torpille dans sa direction et replonge immédiatement pour échapper à la fureur de destroyers. Ce n'est donc qu'à travers les sons amplifiés par l'océan que l'équipage du « Requin » put « assister » à la mort du Porte-avion japonais. Grâce à la grande expérience des hommes à son bord, le sous-marin parvînt à échapper à la contre-attaque nippone. Les Japonais furent de prime abord fortement perturbés par ce véritable coup du sort. Cependant, alors qu'ils envoyaient leurs destroyers à la recherche du sous-marin français, ils lancèrent également leur aviation à l'attaque de la Flotte US. Dotés des tous nouveaux bombardiers en piqué Judy et torpilleurs Jill, les Japonais se ruèrent avec un enthousiasme retrouvé sur la Flotte américaine, désireux de venger le Zuikaku et l'affront que sa destruction constituait. Désormais obnubilés par les Porte-avions et non plus par les Cuirassés, considérés à présent comme des cibles de second ordre, les Nippons attaquèrent le premier Porte-avions qui se dressa sur leur chemin, le (CV-9) Saint Mihiel, nommé ainsi non seulement en l'hommage à la victoire américaine en France à la fin de l'été 1918 mais aussi pour montrer la fraternité d'arme Franco-américaine, unis depuis des années contre l'impérialisme germanique. C'était sans compter sur la chasse américaine qui en dépit des efforts des A6M5, les Zéros nouvelle génération, préleva un lourd tribut aux bombardiers navals japonais. Néanmoins, les survivants nippons n'en furent que plus acharnés. En dépit du véritable mur de plomb constitué par la DCA américaine, une pluie de bombes et de torpilles s'abattit sur le malheureux Porte-avions allié. Pire, 2 bombardiers de l'Axe s'écrasèrent même sur la superstructure du vaisseau allié ! Mais le valeureux équipage du bâtiment américain refusa de capituler et maintînt en vertu d'efforts quasi surhumains un long moment le navire à flot ! Ce fut là à un véritable drame pour les Forces de l'Empire du Soleil levant qui s'épuisèrent sur un navire qui refusa pendant longtemps de mourir… Une fois les Japonais partis, hormis quelques bâtiments voisins très légèrement endommagés, les Américains ne comptaient qu'un Porte-avions hors jeu et ce, en dépit d'un assaut massif des Nippons ! Pire pour eux, un lourd tribut fut prélevé sur leur aviation embarquée. Spruance, qui avait préféré attendre l'assaut japonais pour le repousser avant d'attaquer la Flotte combinée dont il connaissait pourtant la position grâce à Blaison (et qui fut critiqué pour cela) lança enfin sa contre-attaque. Concernant le Requin, le bruit inquiétant des destroyers et des charges de profondeur japonaises couvrit celui d'autres explosions. Celles des bombes et torpilles des appareils embarqués américains attaquant le Flotte japonaise et coulant cette fois le Hiyo et le Taiho, grâce à la supériorité de leurs propres appareils, lourdement blindés (non sans que les Japonais ne réussirent à détruire plus de 80 des assaillants) et commandés par de valeureux pilotes. Lorsque le « Requin » refit surface, ce fut dans une guerre du Pacifique totalement transformée, et ce, en grande partie par son action. En effet, non seulement il avait coulé une des pièces maîtresses du dispositif ennemi, mais de nombreux pilotes et appareils japonais avaient été foudroyés au décollage ou juste avant par la destruction du Zuikaku. L'efficacité du sous-marin et des bombardiers américains laissa aux sous-marins de l'US Navy la portion congrue en terme de proies. Soit 2 croiseurs et 1 pétrolier ce qui acheva de transformer une déroute en humiliation car les submersibles américains refusèrent longtemps de lâcher la Flotte ennemie en retraite. La cruelle bataille de la Mer des Philippines fut rapidement surnommée « La grande boucherie des Mariannes ». La victoire était néanmoins totale pour les Alliés au final. Les Japonais avaient perdus 3 porte-avions et, surtout, une centaine de pilotes péniblement formés durant les mois précédents. Blaison et son équipage, après être rentrés à Eniwetok, leur nouvelle base, reçurent la plus haute décoration de chaque pays allié, mais bien évidemment, ce fut la « Légion d'Honneur » remise par Mandel qui leur fit le plus chaud au cœur. Mais Hollywood dans les décennies suivantes fit de l'équipage du Saint-Mihiel le véritable héros de la bataille... À l'inverse, Yamaguchi, s'estimant déshonoré par cette déroute, met fin à ses jours. Il est remplacé par l'Amiral Toyoda tandis que Nagumo est « muté » à un poste de terrien aux Philippines. Désormais, l'Aéronavale japonais ne compterait plus, mais ça, un certain « Bull » l'ignorait encore...
  21. Mars 1945 En France, de Gaulle est pris à parti à la Chambre des députés par un député communiste (ou frontiste) qui hurle « 18 Brumaire ! 18 Brumaire ! ». Le Président du Conseil garde son sang froid et répond calmement mais suffisamment fort pour qu'on puisse l'entendre au milieu de la bronca déclenchée par les députés non communistes. « Monsieur le député. La France a eu son 18 Brumaire. Vous, vous aurez toujours le 23 Août... » Cette réponse, intelligente et sublime, fait se calmer le député contestataire tandis qu'elle déclenche un tonnerre d'applaudissement chez les députés non frontistes. Les débris du Reich moribond, désormais sous l'autorité de l'Amiral Donitz, se sont repliés à Flensbourg, au nord de l'Allemagne. Le gouvernement de l'Amiral tente de négocier une trêve et une lutte commune contre l'URSS avec les Alliés occidentaux, Anglo-Saxons en particulier (Donitz et les Nazis se doutant de la répons des Français en général et de Gaulle en particulier à une telle offre…). Mieux, Mandel entre dans une colère comme on en lui a rarement connu lorsqu'il apprend l'existence d'une telle offre et téléphone à Churchill pour lui demander explicitement de rejeter l'offre et de mettre au pas les « derniers criminels nazis encore libres de leurs mouvements ». Churchill, explique au Président de la République française qu'il est très en colère qu'on est pu douter de sa résolution à lutter jusqu'au bout contre le Nazisme et ses affidés et que Donitz et les autres finiront « suspendus au bout d'une corde ». Mandel se calme et se permet même un trait d'humour noir avec le Premier ministre. « J'accepte cette concession envers votre culture. Nous aurions plutôt tendance à les guillotiner, nous les Français ». Ainsi, le pseudo-gouvernement de l'Amiral finit comme il le mérite, pitoyablement. Donitz et ses ministres finissent capturés par l'Armée britannique. Donitz a au préalable envoyé ses délégués à Reims pour signer l'acte de Capitulation totale du Reich mourant, mais de Gaulle, quoi qu'il aurait été fier que l'acte signifiant la déroute finale de l'adversaire honni soit signer en France, refuse l'offre, et demande instamment qu'il soit signer à Berlin en présence des Soviétiques ! Joukov avouera dans ses mémoires que ce geste parvint à toucher Staline lui même ! À Berlin, dont les ruines sont encore fumantes, c'est Noguès, le généralissime des Armées de la République française et une des âmes du Sursaut, qui signe l'acte de la capitulation allemande. De Dunkerque à Libreville, de Papeete à Djibouti en passant par Fort de France, partout en célèbre la victoire de la France. Malheureusement, des émeutes éclatent à Sétif lorsqu'une manifestation organisé par le PPA (Parti du Peuple Algérien) dégénère. On compte des centaines de morts des 2 côtés mais principalement côté Musulman. Blum se rend personnellement à Alger sur ordre du Général pour faire un rapport. De Gaulle doit tancer les autorités Pieds-noirs pour qu'elles permettent à Blum de se rendre à Sétif (elles avaient bloqués Blum à Alger). Le rapport du Vice-Président du Conseil est cinglant et augure d'un avenir bien sombre pour l'Algérie si jamais rien n'est fait en faveur des populations musulmanes. Il ne préconise rien moins qu'un Décret Crémieux en faveur des populations musulmanes ! 80 ans après Napoléon III… De Gaulle à Paris est partagé. Certes, il ne veut certainement pas lâcher l'Algérie comme on l'a fait pour l'Indochine, mais accorder l'égalité aux Musulmans ne lui plaît pas beaucoup. Mais le Général ne peut non plus abandonner la « Terre d’exil » de la France. Il réunit à Matignon les principaux dirigeants issus du Conseil de l'Empire (aujourd'hui député de la République) et entame des discussions avec eux. Rapidement on se dirige vers une Solution de type « Union française » avec une large autonomie pour les colonies d'Afrique noire. Quant à l'Algérie, il sait qu'il tombera s'il en propose l'autonomie, la France n'est pas encore prête. Et puis, pourquoi ne pas tenter l'intégration de la population musulmane à la nation française ? Voilà qui, encore une fois, ne plaira pas à Londres... La guerre terminée, la Finlande doit maintenant préparer son avenir. Or, comment maintenir le régime démocratique du pays sans mécontenter Staline ? C'est à cette tâche ardue que doit atteler le Président Mannerheim. Trop à l'Ouest et Staline envahira le pays, trop à l'Est, et le pays sera un simple satellite de l'URSS. C'est donc vers une ligne de neutralité bienveillante envers l'Union soviétique que dirige son pays le Maréchal-Président. Il faut parfois faire avec ce qu'on a. Paris, via René Cassin, fait part en secret de sa compréhension envers cette décision et exprime toute sa sympathie envers la courageuse Finlande. Pendant ce temps, la Grèce est dans le chaos. Certes, Venizélos est parvenu à rallier l'aile modérée du Parti communiste, mais l'aile dure stalinienne n'a pas rendu les armes et les utilise désormais contre l'Armée royale grecque. Une partie du pays est d'ailleurs au main des Communistes. D'ailleurs, cette situation pourrait donner de mauvaises idées aux Communistes albanais et les pousser à se ruer sur le gouvernement du Roi Zog… À Prague, qui s'est soulevée contre l'occupant honni, les Soviétiques s'installent et apportent dans leurs valises Benes. Celui-ci est associé à Zdeněk Fierlinger, son Premier Ministre. Officiellement Social-démocrate, ce dernier est en réalité un proche de Klement Gottwald, chef du Parti communiste tchécoslovaque. Avec de tels hommes au pouvoir, Staline peut se permettre de maintenir une démocratie de pacotille… Pendant, ce temps, les Tchéniks meurent sous les balles soviétiques et des Titistes tandis que l'Armée rouge et ses « frères » polonais commencent à traquer l'AK clandestine… Notons que la France ne reconnaît ni l'annexion des États baltes, ni les gouvernements communistes polonais, yougoslave et roumain (pour les deux premiers, elle accueille même des gouvernements en exil comme on le sait) tandis que les relations sont désormais catastrophiques avec les Tchécoslovaques. En revanche, la France a reconnu de plein droit la « République démocratique de Hongrie » par vengeance envers ce pays qui fut un des plus fidèles acteurs de l'Axe et qui a profité de l'Hitlérisme pour dévorer certains de ses voisins. On reste quand même les fils spirituels de Clemenceau... La Bulgarie stalinienne est également reconnue par la France. D'ailleurs, concernant la Hongrie, des milliers de croix fléchés ont franchis la frontière autrichienne et se sont rendus aux hommes de de Hauteclocque. De Gaulle, en accord avec ses alliés, décide de les livrer au gouvernement hongrois pro-soviétique. Cependant, le transfert à l'Est des Fascistes hongrois aura lieu en même temps que celui des supplétifs soviétiques de l'Armée allemande capturés par les Alliés, afin de ne pas mettre la puce à l'oreille à ces derniers. Certes, livrer à Staline les Soviétiques l'ayant combattus au sein de divers pelotons SS équivaut à les condamner à mort, mais il faut bien apaiser le tyran rouge qui peut à tout moment lancer son armée sur les Occidentaux. De plus, l'immense majorité des prisonniers de guerre français sont toujours détenus du côté stalinien de l'Europe… Partout dans le Reich dont les ruines sont encore fumantes, Soviétiques, Américains, Britanniques et Français se ruent sur les scientifiques du Führer afin de les ramener dans leurs pays et les faire participer à l'essor de sa propre science dans le cadre de la vaste compétition entre les nations du Monde. Von Braun se livrer de lui-même aux Américains et participera au développement de leur réseau de fusées.
  22. Février 1945 Soucieux d’appliquer le principal point de son programme qui est tout bonnement le rétablissement de la démocratie en France, le gouvernement Mandel organise des élections générales pour renouveler l’ensemble des Corps élus de l’État. Si ces élections sont seulement interdites aux anciennes forces de la Collaboration, on distingue 3 principales forces. À savoir, le Mouvement républicain populaire qui regroupe l’Alliance démocratique, le Parti démocrate populaire, le PSF et les débris des formations de droite anéanties par la collaboration d'une partie de leurs cadres à l'instar de la Fédération républicaine. Il coalise les forces de droite qui ont rallié Alger ou résisté donc. Les meneurs du MRP sont Mandel, Maurice Schumann et le Colonel de la Rocque. La seconde force est le Front républicain. Il regroupe la SFIO et le Parti radical. Il est dirigé par Blum (qui prendra la tête du gouvernement si le Front républicain l’emporte) et Daladier. Enfin la troisième force est représenté par les Communistes qui ont résisté bien après les deux autres forces. Ces derniers, qui n'ont aucune vergognes, n'hésite pas à se présenter sous l'étiquette de leur principal mouvement de résistance. Front national... A l’issue du scrutin, si des indépendants sont élus, c’est bien ces 3 forces qui se partagent la part du lion mais sans majorité claire ce qui oblige à une coalition. Cependant, si le gouvernement de la République française a des membres communistes en son sein depuis Octobre 1941, il est inutile de préciser que la méfiance vis à vis des Communistes, ou plutôt des Frontistes, est de mises au sein des autres coalitions. En effet, elles n'ont pas oubliées qu’elles ont été pendant près d’un an les seules à avoir résisté à l’Allemagne et à Pétain. Pire, leurs membres voient avec horreur la mainmise de Staline sur l’Europe de l’est. C’est donc tout naturellement que le Front républicain et le MRP s’entendent pour former un nouveau gouvernement afin de faire barrage aux Communistes. Mais quelle personnalité peut à la fois se considérer comme apolitique tout en rassemblant dans une large mesure les Français ? C'est dans cette perspective que Mandel et Blum se mettent d'accord sur le nom de Charles de Gaulle. Blum et Maurice Schumann (Le Colonel étant jugé comme allant effrayer la gauche) deviennent Vice-président du Conseil. Au poste de Ministre de la guerre, le Général nomme Raoul Salan, rappelé du Laos. Salan prépara bientôt activement sa revanche et celle de la France contre le Viet-Minh en fournissant à de Lattre, son successeur à la tête de l'Armée d'Extrême-Orient, les moyens d'écraser Hô. Que devient donc Mandel ? Il est tout simplement élu Président de la République française après la démission d’Albert Lebrun, soucieux de laisser une place d’honneur au héros de la nation française. Notons que de la Rocque aura ses mots fameux et terribles envers l'Allemagne dans une entrevue accordé au quotidien « Le Figaro ». À une question concernant la situation militaire, il répondit. « Il paraîtrait que l'Allemagne perd la guerre. Il me semble que c'est effectivement le cas. J'ai vu les images de ces flots de réfugiés pitoyables venus de Prusse et des provinces orientales du Reich. Jamais spectacle aussi beau ne fut offert à mes yeux. Vous allez me dire qu'il y a la Libération de Paris. Certes, mais Paris, c'est notre liberté. La Prusse, c'est leur destruction, leur débâcle, leur écrasement ! Sedan, les 2 Sedan, sont effectivement sur le point d'être vengés. Les cortèges de fuyards, des ces Prussiens hier si arrogants, aujourd'hui si pathétiques, est la plus belle revanche accordé à nos pious-pious de 1870, 1914 et 1940 ! La cruauté de Bismarck a donc trouvé ici sa punition, que dis-je, son juste châtiment ! L'Allemagne est au bord du gouffre. Poussons là !" Peu de temps après les élection générales françaises, à Yalta, en Crimée (en RSS de Russie donc) se tient une conférence historique. La volonté farouche de De Gaulle de limiter l'influence de Staline en Europe de l'Est est manifeste. Pourtant, Staline a un « gage » qui lui permet de faire pression sur son homologue français… Le million et demi de prisonniers français détenus en Pologne et en Allemagne orientale ! Le dictateur de l'URSS pourrait retarder leur libération, voire pire, si le Général se montre trop ferme, surtout avec un Roosevelt malade et complètement aveugle face au Soviétique. Mais le nouveau Président du Conseil de la République française joue finement son jeu. S'il est prêt à montrer les crocs quand il s'agit de la Pologne, il se rapproche de Staline quand celui-ci propose le démantèlement économique et politique de l'Allemagne. Mieux, il se déclare secrètement prêt à accepter la Ligne Oder-Neisse comme frontière orientale de la nouvelle Allemagne et la ligne Curzon comme frontière polono-soviétique. En échange, De Gaulle obtient du dictateur soviétique la promesse de l'inclusion de membres du gouvernement polonais en exil à Paris au sein du gouvernement pro-soviétique (qui administre déjà de facto le pays) et la formation d'une « coalition ». Secrètement, le dirigeant français demande aux membres du gouvernement Sikorski de refuser l'offre, se doutant du piège mais Mikołajczyk, un de ses membres les plus éminents, accepte l'offre ! Ce dernier devient Vice-président du gouvernement polonais qui siège à Varsovie tandis que celui en poste à Paris continue de fonctionner en exil. Lors de ces mêmes échanges secrets, Charles de Gaulle accepte de faire pression sur ses Alliés pour que les prisonniers de guerre soviétiques qui seraient du côté occidentale de l'Europe à la fin de la guerre reviennent rapidement en URSS. En échange, Staline n'offre que de vagues garanties concernant leur sécurité et accepte de faire du transport vers leur pays dans de bonnes conditions des prisonniers français. Pour les zones d'occupation, la France reçoit la rive gauche du Rhin, le Bade et le Wurtemberg. Paris abandonne cependant son projet de faire participer la Belgique à la Commission interalliée d'occupation de l'Allemagne tout en laissant l'armée belge installer des bases le long d'une bande de territoires située du côté allemand de sa frontière. Les accords conclus à l'issue des rencontres prévoient : - Des élections libres dans les États européens libérés, les quatre alliés s'engageant à « constituer des autorités gouvernementales provisoires largement représentatives de tous les éléments démocratiques des populations et qui s'engageront à établir, dès que possible, par des élections libres, des gouvernements qui soient l'expression de la volonté des peuples ». - L'organisation en avril 1945 de la conférence de San Francisco. - La destruction du militarisme allemand et du nazisme. - La division de l'Allemagne en quatre zones occupées par les quatre vainqueurs : États-Unis, URSS, Royaume-Uni et France. - Déplacement de la Pologne vers l'ouest : elle cède des territoires à l'URSS et reçoit en compensation des territoires enlevés à l'Allemagne. - L'établissement de la frontière soviéto-polonaise sur la ligne Curzon. - La réorganisation du Comité de Lublin en vue d'intégrer des personnalités du gouvernement polonais en exil à Paris. - Quelques modalités concernent le fonctionnement de l'ONU, dont la création a été décidée en 1944 à la conférence de Dumbarton Oaks : le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité jouera pour tous les cas sauf pour les questions de procédure ; l’URSS demande autant de sièges qu'elle compte de provinces et de régions (soit 16), mais en obtient « seulement » trois (Russie, Ukraine, Biélorussie) ; les Nations unies auront un droit de regard sur l'organisation de l'Europe. En ce mois de Février 1945, Staline déclenche son assaut final sur la capitale du Führer. Le maréchal Joukov donne son ordre de bataille : « L'ennemi doit être écrasé sur la route la plus courte qui mène à Berlin. Vous devez vous emparez de la capitale de l'Allemagne fasciste et hisser le drapeau de la victoire au-dessus de la ville ! » En dépit d'une ligne de fortifications bien pensée autour de Seelow, rien n'arrête l'Armée rouge. Le fanatisme des SS et autres Jeunesse hitlérienne, des enfants de 14 ans qui n'ont connus que le Nazisme, ne peut rien contre la puissance de feu des troupes soviétiques. Après l'effondrement du Front de Seelow, Hitler envisage de se replier en direction du nord de l'Allemagne, pour y poursuivre la « lutte ». Cette proposition est vivement rejetée par Goebbels qui convint Hitler de rester à Berlin, car dit-il, « Le Führer ne doit pas mourir dans une station balnéaire. » Les combats dans les ruines de Berlin sont meurtriers. Les derniers défenseurs du Bunker d'Hitler et du Reichstag sera un conglomérat de traîtres venus de toute l'Europe. Dans ce maelstrom de criminels, on compte les derniers survivants de la Division Charlemagne, composée des traîtres FSL qui ont jurés fidélité à l'Hitlérisme. La désorganisation et la folie sont telles côté allemand qu'au cours de la bataille, les Soviétiques prennent d'assaut un cinéma et se battent dans une salle obscure dans laquelle on diffusait encore « Le sac du Palatinat »... Ainsi, en dépit de la résistance désespérée de la garnison de la Capitale du Reich, Berlin tombe aux mains des Soviétiques. Hitler se suicide (ainsi que Goebbels, devenu Chancelier du Reich, qui a tenté en vain de négocier une paix séparée avec les Soviétiques !) mais son successeur à la Présidence, l'Amiral Donitz (qui a déclaré à la radio « mon devoir est de sauver le peuple allemand de la destruction des Bolcheviques »), décide de continuer la guerre le temps qu'un maximum de troupes puissent se rendre aux Occidentaux et que ces derniers puissent avance le plus rapidement possible vers l'est. Staline est furieux et menace les Occidentaux de « mesures de rétorsion » s'ils acceptent de négocier séparément avec les « autorités » de Donitz. Roosevelt, Churchill et De Gaulle le rassurent sur ce point. D'ailleurs, n'ont-ils pas fait cesser la marche en avant de leurs propres forces en direction de la capitale du Reich allemand ? C'est ainsi que les troupes alliées font leur jonction avec les Russes sur l'Elbe. À certains de ses ministres qui le poussaient à demander aux Alliés la ruée sur Berlin, afin que la victoire finale revienne aux Occidentaux, Mandel (encore Président du Conseil à la veille des élections) donne cette réponse. « Messieurs, c'est l'honneur qui vous pousse à demander cela. Moi, ce qui me pousse à renoncer à Berlin, c'est l'avenir. En 1940, Weygand était prêt à sacrifier la France en poussant le gouvernement à un Armistice purement politique pour sauver l'honneur de l'Armée. C'est pour sauver notre avenir que nous nous sommes exilés ! Si nous prenons Berlin, non seulement Staline ne nous le pardonnera jamais, mais l'Allemagne amputée de ses provinces orientales sera entièrement aux mains des Alliés occidentaux et deviendra un partenaire de l'Occident. Pour faire face à Staline, nous serons contraint d'accepter, suite aux « amicales pressions » de nos partenaires, son réarmement. Cela est contraire à nos intérêts et donc à notre avenir. Staline à Berlin, l'Allemagne sera coupée en deux. Cette situation est déjà plus conforme aux intérêts de la France. Au pire, nous aurons une Allemagne encore plus affaiblie et constituée de 2 entités rivales. Au mieux, nous la pousserons à la neutralité dans cette « Quasi-guerre ». Elle sera isolée et sans armée. La France sera dès lors en tête de file des puissances européennes car, comme vous l'avez tous compris, l'Angleterre tourne le dos au continent pour se tourner vers la puissante Amérique. Car voilà ses véritables intérêts. Comme me l'a dit M. Spaak, « si vous faîtes l'Europe maintenant, vous ferez l'Europe française. ». Messieurs, nous avons l'occasion de rayonner du Cap nord à la Sicile (car oui, l'Italie sera notre alliée dans la nouvelle Europe que nous allons bâtir). De Brest aux palais de Vienne (si De Hauteclocque maintient son allure actuelle, ce dont je ne doute pas). Dans l'entre-deux-guerres, nous avons échoués à bâtir une Europe française avec nos frères d'Europe de l'est. Ils sont aujourd'hui perdus pour toujours pour la France. (De Gaulle a un léger rictus, lui croit en la chute irrémédiable de l'Empire soviétique) Messieurs, tâchons de réussir à unir autour de nous la partie occidentale du continent ! » Notons ce trait d'humour devenu célèbre au sein d'un peuple allemand qui n'avait plus que ça pour oublier où les Nazis l'avaient conduits. À des soldats construisant une barricade à Berlin, une civile rétorque que les Russes vont mettre 1 heure et 5 minutes à la défaire. Demandant pourquoi, le soldat se voit répondre que les Russes vont la détruire en 5 minutes après avoir était pliés de rire pendant 1 heure en la voyant. Staline propose de négocier le sort définitif de l'Allemagne dans une conférence qui devra se tenir à Potsdam et d'y partager le défunt Reich sur les bases des décisions prises à Yalta. En Autriche, Vienne est capturée par l'Armée française tandis que Karl Renner proclame pour la seconde fois (après 1918) la République autrichienne. Les avants gardes françaises font jonction avec les Soviétiques à la frontière austro-hongroise. Pour éviter que l'Autriche subisse une occupation quadripartite, et donc éviter d'en laisser un morceau à Staline, il lui faut un gouvernement digne de ce nom, une autorité morale, qui doit de plus être assurément anti-bolchévique. Or, Renner ne répond absolument pas à ce dernier critère. C'est alors que Paul Reynaud propose un nom, celui d'une personne correspondant à ces critères et qui, en plus, a le mérite d'être Francophile. Otto de Habsbourg-Lorraine. Ainsi, la France, contrairement à la tradition monarchique depuis François Ier (sauf pour la période située entre la guerre de Sept ans et la Révolution française bien sûr), contrairement à Clemenceau, le maître à penser du Président Mandel, va désormais soutenir les Habsbourg en leur redonnant leur trône ! Mandel, craignant une sorte de délire « Charles-Quintois » chez le Habsbourg, insistera pour que le titre du souverain restauré soit celui « d'Archiduc » et non « d'Empereur ». C'est 1918 à l'envers ! Plus au nord, voulant par là punir Benes qui s'est volontairement livré à Staline, les Alliés font en sorte de ne franchir nulle part la frontière Tchécoslovaque. Au cours de leur marche en avant à travers la Bavière en direction de l'Autriche, les soldats français libèrent Dachau et diverses autres structures de morts bâties par les criminels nazis. Toute l'horreur et la barbarie dont sont capables les Allemands sautent au visage des courageux soldats de la République qui n'en avaient donc vu que les prémices en France avec ce flot de villages détruits et de civils massacrés dans la Vallée du Rhône, les destructions de Lyon et de Tulle etc. Ce n'est qu'avec peine que de Hauteclocque se retient de faire passer par les armes les gardiens des camps libérés qui ont l'outrecuidance de s'être déguisés en détenus pour échapper à la juste revanche des Alliés ! En Italie, les Partisans, quoi que retardés par la résistance des troupes allemandes en Croatie (alors que de leur côté, les troupes allemandes en Italie ont jetées leurs armes conformément aux ordres de Doenitz) n'en franchissent pas moins l'ancienne frontière italo-yougoslave en plusieurs points et proclament l'annexion des villages ainsi occupés à la Yougoslavie. Le lendemain de la capitulation allemande, des troupes alliées débarquent à Fiume, considérée comme cité italienne. On aurait pu croire que l'opposition du Général à Staline aurait au moins satisfait le dirigeant anglais. Mais Churchill est mécontent contre la France et l'a fait savoir à De Gaulle à Yalta. Accorder l'indépendance aux 3 nations de la défunte Indochine accentue en effet la pression des indépendantistes des colonies britanniques sur Londres. « Nous allons devoir vous imiter » Conclue le « Prime Minister ». Première cible, et cette accession au statut de Dominion est cependant assez facile à accorder car le pays sera verrouillé par un dirigeant qui aurait facilement ses accès dans les meilleurs salons londoniens… Le Sarawak. En effet, c'est une dynastie britannique, surnommée les « Rajas blancs », qui règne sur le pays. Churchill fait rapidement voter par le Parlement britannique l'abandon du protectorat sur le Royaume et lui cède même la pointe nord de Bornéo. Churchill est conforté dans ce choix par le retour triomphale du « Raja blanc » à Kuching, sa capitale. Au Laos, Salan et bientôt de Lattre, n'auront pas à affronter que la crise vietnamienne. En effet, ce diable de Phibun est toujours au pouvoir à Bangkok et n'a toujours pas évacué les régions laotiennes et cambodgiennes annexés par son Armée ! Pire, s'appuyant sur les unités de l'Armée japonaise encore présente dans l'ex-Siam, il a fait prendre d'assaut l'Assemblée nationale qui avait voté la défiance contre lui puis a fait purger l'Armée de ses opposants. Étant aux premières loges de l'incendie de l'Orient, il sait que les Occidentaux oublieront bien vite son alliance avec Tokyo au profit de son anti-communisme et, sûr de sa force, il abolit la monarchie. Néanmoins, la Thaïlande ne portera pas le titre d’État thaï, dans le plus pur style fasciste, mais bien celui de République, il faut quand même s'adapter à l'ère du temps… Ce mois de Février 1945 voit également le débarquement des forces d'occupation américaines au Japon impérial ainsi qu'en Corée où Yo Unhyŏng a proclamé, à l'annonce de la capitulation japonaise, la « République populaire coréenne ». Jeté en prison par les Japonais, il y est maintenu à l'arrivée des GI's, Roosevelt préférant installer à la tête du pays son jouet, Syngman Rhee. Le despote sera bientôt l'instrument de la lutte anti-communiste dans la péninsule et engagera une lutte sans merci contre Kim-Il-Sung, qui dirigera l'insurrection communiste contre Rhee depuis Vladivostok. En Birmanie, les Britanniques acceptent d'entamer des négociations avec Aung San sur l'indépendance future de son pays. Londres évite ainsi une guerre de décolonisation grâce à l'intelligence politique de Wavell qui a poussé au compromis avec le Birman. Notons que tout comme avec l'Indochine, les Britanniques évitent soigneusement le territoire sous contrôle de Sukarno. Des défuntes Indes orientales néerlandaises, seule la Papouasie occidentale a vu le retour des troupes alliées.
  23. Janvier 1945 Alors qu'à l'ouest de l'Allemagne, les Anglo-Américains franchissent en masse le Rhin, prenant en tenaille les importantes mais démoralisées troupes allemands défendant la Ruhr, au sud du Reich mourant, c'est la ruée française sur la Bavière et, au-delà, l'Autriche. De Hauteclocque et la 2ème Division blindée se ruent sur le « Nid d'aigle » du Führer et s'en empare sans combat. Le glorieux Picard aimerait ensuite foncer sur Berlin mais Mandel lui donne l'ordre, tout comme Eisenhower, son supérieur direct, de continuer à marcher sur l'Autriche, à la fureur du général français et de son grand ami, Patton. Malheureusement, des vétérans français se battant parfois depuis la première campagne de France en 1940 tombent sous les balles d'embusqués allemands fanatisés. En dépit du fait que son Empire de 1000 ans craque de toute part, Hitler n'en oublie pas moins ses ennemis. L'Amiral Canaris, l'ancien chef de l'Abwehr, le Général Oster, son ancien adjoint et le pasteur Bonhoeffer, antinazi notoire qui a transmis des preuves du Génocide juif aux Français, sont pendus sur ses ordres après une parodie de procès… À l'Est, en Poméranie, Kolberg, connue pour avoir résisté héroïquement à Napoléon en 1807, et désormais défendue par… la Division SS Charlemagne, tombe aux mains des Soviétiques. Immédiatement, les Polonais y reproduisent la cérémonie du « Mariage de la Pologne et de la mer ». Visite triomphale de Churchill à Paris. Celui-ci remonte les Champs-Élysées aux côtés de Georges Mandel. Mais Mandel est préoccupé. Le Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté n'a en effet pas très envie d'envoyer ses troupes au Vietnam pour y désarmer les Japonais, conscient que cela entraînerait une guerre avec le Viet-Minh, guerre dans laquelle il n'aurait rien à gagner et cela suffit pour un Britannique pour en rester à l'écart, et ce, même pour un Britannique comme Churchill… Ainsi, alors que l'Armée britannique reprend pied à Rangoon, en Malaisie et au nord de Bornéo, elle évite soigneusement l'Indochine... Pire, Roosevelt se venge de ses « arrogants de Frenchies » qui ont osé presque lui imposer un compromis avec le Japon impérial en nommant un « Commissaire spécial » auprès d'Hô Chi Minh !!! Un certain Archimedes Patti. Un membre de l'OSS, chaud partisan d'Hô, en qui il voit rien moins qu'un nouveau Georges Washington... Reste la carte chinoise, mais elle est à double tranchant. En effet, Tchang qui vient de se réinstaller à Nankin pourrait certes envoyer un Corps expéditionnaire au Vietnam, mais rien ne dit qu'il ne finirait pas par vouloir le conserver. Pire, les soldats chinois les plus proches sont ceux du Seigneur de la guerre Long Yun qui est donc encore plus imprévisible que son « Président ». De toute façon, les Chinois ont rapidement d'autres chats à fouetter. En effet, s'inspirant de l'action de Tsuchihashi au Vietnam, le commandant en chef de la redoutable Armée du Guandong basée au Mandchoukouo, Otozō Yamada, désireux de rallumer les feux de la guerre civile chinoise, laisse Mao doubler Tchang et occuper l'ex-Empire de Pu-Yi, lui fournissant au passage un important matériel. Déjà stratège brillant, voilà maintenant le Communiste à la tête d'une troupe non seulement très motivée, mais désormais bien équipée. En effet, Tchang a trop tergiversé et son vaste programme de réformes sociales n'est toujours pas publiée là où Mao promet « 3 vrais repas par jour » aux paysans chinois. Or, chaque jour passé renforce la mainmise des Communistes sur le Vietnam. Reste le courageux Salan et les héroïques cambodgiens et laotiens. Bien que la guerre ne soit pas terminée, Mandel nomme son ami Maréchal de France et le place à la tête de « L'Armée d'Extrême-Orient », en fait de la Résistance renforcée des troupes françaises qui avaient pu fuir en Chine en 1942. C'est alors que le Président du Conseil prend une de ses décisions qui change la face du Monde d'une manière presque aussi considérable que le fit Paul Reynaud le 16 Juin 1940… Georges Mandel accorde par décret l'indépendance complète au Royaume du Laos, au Royaume du Cambodge et à… l'Empire du Vietnam ! Dans les heures qui suivent, c'est un Bao Daï dont l'émotion est nettement perceptible qui s'adresse à son peuple à la radio. Au delà de célébrer l'indépendance, l'Empereur du Vietnam, désormais indépendant, appelle la France à l'aide et demande « aux citoyens vietnamiens » d’accueillir l'Armée française à bras ouverts. Hô fera punir de mort quiconque célébrera l'indépendance de l'Empire ou transmettra l'appel de Bao Daï. Mais comme le dira de Gaulle, dont l'intelligence politique prend le pas sur le principe sentimental du maintien de l'intégrité de l'Empire colonial, « le Président du Conseil a fait à Hô Chi Minh la pire chose que la France, en l'état actuel des choses, pouvait lui faire. Offrir sûrement à l'Indochine, et au Vietnam en particulier, tout ce que les Communistes ne pouvaient que lui promettre. » Mais comme en 1940, la flamme de la Résistance vietnamienne s'allume et ne s'éteindra plus. Rapidement, les groupes opposés à Hô, qu'ils soient Chrétiens, Vietnamiens pro-Français, anti-communistes et même métis, tous victimes de la brutalité des Communistes, prennent contact avec Salan qui a l’intelligence de faire couvrir par ses troupes la frontière occidentale du Vietnam, pour éviter des incursions Viet-Minh, sans pour autant la franchir. Pour le moment… C'est à Vientiane que s'installent Bao Daï et Vinh San. Le Maréchal de France a l'intelligence de ne pas marcher sur les plates bandes du fraîchement indépendant Laos et c'est bien le Roi Sisavang Vong qui accueille et installe l'Empereur et son Premier Ministre dans un palais de la capitale, et non l'officier français. Quant au Cambodge, le héros de 1940, le Monarque Sisowath Monireth, y fait un retour triomphal. Certes, le Roi aimerait lancer de suite la tâche primordiale de modernisation de son pays, mais il sait que la priorité est la création d'une « Armée royale cambodgienne ». Or, ce ne sont pas les volontaires qui manquent, simplement les armes…
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