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à l’instant, FATac a dit :
Petite question sur la diplomatie du sport...
Ca donne quoi, en ce moment, pour les sportifs russes, toutes les exclusions de compétition ?
Je pense notamment aux footballeurs, qu'ils soient des sélections nationales ou bien des grands clubs. Ont ils les moyens de maintenir leur niveau (physique, sportif, et de revenus) ? Est-ce que la Russie tente de monter une structure plus ou moins parallèle aux FIFA/UEFA avec des pays "amis" ?
J'avoue, je n'ai pas trop suivi cet aspect jusqu'à maintenant, mais c'est vrai que l'aspect "jeux du cirque" est aussi important que les approvisionnements vivriers pour que le peuple se tienne tranquille (panem et circenses).
De mémoire pas grand-chose n'a changé à part que les athlètes russes concourent désormais sans drapeau.
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il y a 12 minutes, g4lly a dit :
C'est "normal" chez l'enfant ... mais l'éduction est sensé alors les confronter au réel et les transformer en adulte ... qui sont sensé abandonner ce caractère. A l'époque la sélection naturelle faisait le reste ... un adulte non fonctionnel ne vivait pas bien longtemps.
Aujourd'hui se comportement se prolonge de plus en plus ...
... il suffit de voir dans l’éducation. Des enfants qui pensent qu'on peut savoir sans apprendre. C'est typique de l'incapacité du deuil de la toute puissance ... quand tu te retrouve confronter à ça en fac de médecine, face à des gamins qui refusent tout apprentissage "par cœur" ... tu tombes de haut concernant leurs fonctions exécutive notamment leur flexibilité cognitive, et leur mémoire de travail.
Et tu trouve des promos entière t'expliquant qu'en clinique auprès du lit du malade ... il vont sortir leur tablette pianoter sur Google ... pour que chatGPT leur donne la posologie idéal à prescrire au patient. En gros des promos entière de futur médecin qui n'ont absolument rien compris à la clinique. Et on parle plus vraiment de gamins de mais d'adulte de 20 ans et plus ... patiemment sélectionné par l'EN puis par concours.
Et comme le drame c'est qu'en général après l'adolescence les gens ne change plus vraiment ... ils risquent de traîner ces traits de comportement toute leur vie.
Socrate ne parle pas des mêmes enfants que toi.
L'enfant, jusqu'à très récemment (en fait l'époque contemporaine), n'existe pas. Il est considéré comme un individu en devenir, mais pas comme une personne.
A l'époque de Socrate, on désigne par le mot "enfant" les jeunes, à savoir les jeunes adultes vivant encore sous le toit de leur père et encore soumis à sa loi (ce qu'ils seront toute leur vie jusqu'à la mort de celui-ci). De même, lorsque Platon parle de fils (ou Socrate, parce que ce dernier n'a rien écrit et Platon se sert souvent de sa figure pour mettre ses propres idées dans sa bouche), il ne parle pas d'enfants, mais de jeunes hommes.
https://www.plato-dialogues.org/fr/faq/faq003.htm
Grosso merdo, un enfant au sens moderne du terme n'existe pas aux yeux des civilisations antiques, il est confiné au quartier des femmes jusqu'à un âge variable (entre 7 et 11 ans, souvent) où il est récupéré par son père et où il apprend à être un homme, jusqu'à un âge situé entre 16 et 22 ans où il est désormais considéré comme adulte mais encore jeune et enfant.
C'est une chose qui est restée longtemps dans les civilisations occidentales : un jeune ou un enfant, c'était souvent un célibataire, sans aucun rapport avec l'âge de l'intéressé. Un des cas les plus connus est celui de Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke, qui était encore considéré comme jeune à 40 ans car célibataire non marié (il se mariera pour la première fois à 43 ans).
L'enfant pouvait être aussi simplement un homme sans possession : au Moyen-Age comme dans l'Antiquité, il n'y avait pas grande différence entre les deux étant donné qu'un homme sans richesses n'était pas considéré comme un adulte plein. La "Croisade des Enfants" fut le fait de paysans pauvres, pas d'adolescents boutonneux de 14 ans.
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Sur le HS plus haut, juste une petite citation pour contextualiser dans le temps :
CitationNos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans.
Socrate (ou Platon, qui a fait dire beaucoup de choses à son maître car il a eu le privilège d'être son seul biographe de l'époque)
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Il y a 4 heures, Janmary a dit :
Pour Dîen Bîen Phû, il y à des fosses communes vu le massacre engendré par l'artillerie Vietminh. Le sort des colonnes de prisonniers et des camps d'internements fut assez terrible car les taux de décès par manque de nourriture et de soins fut des plus importants. Le colonel Bigeard qui sauta avec son bataillon dans le cuvette, fut prisonnier à la chute du camp dit retranché. Devenu général, il avait demandé qu'à son décès, ses cendres soit rependues sur la cuvette. Je crois que ce fut refusé par les Autorités Vietnamiennes mais qu'une solution fut trouvée d'être inhumé à Dîen Bîen Phû ( à vérifier).
Bigeard repose à Fréjus auprès du mémorial de la guerre d'Indochine.
Il y a également eu une proposition de le transférer aux Invalides, mais le projet fut abandonné pour des raisons que j'ai oubliées (controverses politiques pour un héros de guerres coloniales, il me semble).
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(J'hésite encore à revenir en tant que contributeur régulier, mais ici je fais une exception pour précision)
Les empires centraux ont craqué de partout en 1918, l'intérieur n'est venu qu'en dernier mais après que tout soit déjà considéré comme perdu.
Ca commence par la Bulgarie avec la victoire de l'Armée d'Orient et la prise d'Uzkub, qui brise l'armée bulgare en deux et commence l'encerclement d'une des deux moitiés (l'armée bulgare représentait 500.000 pax à l'époque, pas un petit morceau)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Manœuvre_d'Uskub
Ensuite l'Empire ottoman voit son front ouest s'effondrer avec la chute de la Bulgarie alors même que l'Entente remonte le long de la Méditerranée : en même temps qu'Uzbuk, c'est Naplouse et Jérusalem qui tombent, le front est percé et en un mois l'Entente a remonté la rive méditerranéenne et assiège Alep. L'Empire ottoman n'a aucune troupe disponible à envoyer à l'Ouest et le groupe d'armée Yildirim, qui représente la majeure partie des forces encore existantes, est en miettes dans tout le Mashrek. Après la chute de la Bulgarie, coupé de ses alliés, l'Empire n'a plus d'autres choix que de baisser les armes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d'Alep_(1918)
La chute de la Bulgarie provoque également l'effondrement du front des Balkans : le 12 octobre, Nis est libérée, soit seulement trois semaines après la victoire d'Uzkub et un jour après l'armistice bulgare. Deux semaines plus tard, c'est Belgrade, où le régent Alexandre entre en triomphe le 1er novembre. Dès le 4, les Alliés ont franchi le Danube et avancent sans rencontrer de résistance dans le Banat, alors même que Kotor, l'un des principaux ports de guerre austro-hongrois et le seul à encore avoir un débouché sur la Méditerranée, tombe. Les troupes levées à la hâte pour empêcher cette progression sont balayées, il n'y a plus aucune réserve pour s'interposer entre Vienne et Budapest. Les Austro-hongrois, ignorant que l'Entente est au bout de ses capacités logistiques, se savent vaincus et signent l'armistice à Villa Giusto le 3 novembre, alors même que les avancées alliées continuent dans les Balkans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Serbie_(1918)#Opérations_en_Autriche-Hongrie
Et le meilleur pour la fin : cette chute de dominos entraîne également l'Allemagne dans sa chute. L'armée allemande était consciente du fait qu'il faudrait plusieurs mois aux Alliés pour construire une chaîne logistique suffisante à travers l'Empire austro-hongrois et n'était donc que modérément inquiète quant à la possibilité d'opérations alliées à partir de l'Autriche ou de la Bohême. Par contre, l'effondrement de l'armée allemande et sa désintégration lors de l'offensive des Cent Jours les inquiète beaucoup plus. C'est lorsqu'ils se rendent compte qu'il est impossible de restructurer les troupes revenant de France pour mener une deuxième bataille des frontières qu'ils savent que tout est perdu. L'offensive de printemps avait été celle de la dernière chance pour mettre fin rapidement à la guerre et à leur avantage, l'offensive des cent jours détruit tout espoir d'obtenir une "paix des braves". En effet, dès qu'ils franchissaient la frontière, les régiments allemands se délitaient et partaient de leur propre chef vers leurs pénates pour arrêter de combattre. Les rares unités encore en état de combattre étaient trop peu nombreuses pour changer quoi que ce soit ni même espérer protéger le coeur industriel de la Ruhr. Les milieux politiques n'ont fait pression pour la paix qu'une fois la défaite consommée et les généraux se sont arrangés après coup pour faire passer cette défaite pour une trahison de l'arrière.
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il y a 11 minutes, Wallaby a dit :
Oui mais justement, est-ce qu'on ne peut pas dire qu'à partir du moment où le mythe existe, où le mythe est vivant, où le mythe est cru, les Russes éduqués dans ce mythe se sont donné l'obligation de cultiver ces traditions, fussent-elles "inventées" ?
S'inventer une origine occidentale, n'est-ce pas le plus bel hommage qu'on puisse rendre à l'Occident ? Un peu comme Fukuzawa Yukichi qui invente à la même époque (fin XIXe siècle) l'idée d'un Japon qui "sort de l'Asie" pour se mettre au rang des nations occidentales ?
Mais la Russie ne s'invente pas une origine occidentale. Elle s'invente de toutes pièces une origine romaine.
Et les Japs, puisque tu les mentionnes, ont bien suivi l'idée d'un exceptionnalisme de leur pays qui les a conduit à toute la guerre du Pacifique et ses monstruosités étalées sur dix ans.
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Belle interprétation russe de l'Histoire qui ne repose malheureusement sur pas grand-chose.
Le mythe d'une troisième Rome est exactement ça : un mythe. Moscou n'a pas repris les traditions impériales romaines, n'a pas continué la titulature romaine, ni les institutions, en fait ils n'ont rien de commun avec Constantinople autre que la religion (et encore). Même le titre est différent, les Tsars reprennent une tradition occidentale (les Césars) plutôt que la tradition orientale (le basileus autokrator). À noter que l'argument du sang est parfaitement abscons étant donné que d'une, il existe encore des Paléologues en vie après la chute de la ville avec Demetrios puis son fils Andreas, de deux plein d'autres lignages possèdent plus de sang romain, que ce soit les Paléologues d'Italie (à Montferrat en particulier), les Qara Qoyonlu turcomans ou les Bagration géorgiens dont la moitié de l'ascendance est constituée de princesses comnènes, les Dragas serbes (qui avaient aussi du sang Comnène par Eudoxie Comnène), et bien sûr les Osmanli eux-mêmes, qui avaient une demi-douzaine de princesses byzantines dans leur ascendance.
En ce qui concerne les intellectuels byzantins, la grande majorité a fini en Italie ou dans l'Empire ottoman, très peu ont traversé la steppe sous contrôle des Tatars de Crimée.
Les Russes n'ont pas conquis les pays baltes pour être en contact avec l'Occident mais pour contrôler des ports qui ne soient pas gelés l'hiver et pouvoir vendre leurs production. Ils n'étaient pas intéressés par les progrès économiques, sociaux et intellectuels de l'Europe à cette époque, la preuve : il faudra attendre Pierre le Grand avant que la Russie ne s'ouvre vraiment.
La tradition russe n'a pas été fondée sur les traditions helléniques mais sur le mélange entre Mongols et héritage kiévite de l'ancienne Rous', c'est très différent. À ce titre la Rous' de Kiev n'est pas du tout la Russie actuelle et est une entité complètement différente qui n'a pas grand-chose à voir avec l'État qui aujourd'hui se réclame en être l'héritier. La Rous' était un mélange très étrange entre Varègues païens, Khazars juifs, Slaves orthodoxes et communautés commerçantes grecques de Sébastopol, Caffa, Marioupol etc. Il n'y a aucune continuité entre la Rous' de Novgorod-Kiev et la Russie actuelle, que ce soit en continuité étatique, sociale, politique ou en moeurs. Il y a littéralement plus d'arguments pour dire que la France est l'héritière de l'Empire Romain, alors même que c'est une idée qui ne tient pas vraiment la route.
Ah et en ce qui concerne le Code Russe, le mec oublie qu'il s'agit d'un code norse dans ses coutumes, dans ses moeurs, dans ses édits et dans ses punitions, il n'a aucune similarité avec le code justinien ou basiléen.
Bref, pas un article très intéressant sinon en ceci qu'il répète entièrement le narratif russe sur l'origine de leur pays alors que la vérité est très différente.
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Il y a 4 heures, Clairon a dit :
Ca c'est de la réponse de technocrate, et "mes envies" de tourelles sur camion, c'est simplement qu'un montage simple de 20/25/30 mm sur un camion coute le tiers du quart d'un VBCI 25 mm.
À ton avis, quel genre de pax gravitent en permanence autour de la DGA ?
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il y a 23 minutes, nemo a dit :
Donc soit on pense que ce qu'il dit est parole d'évangile, soit on le considère comme un vil conspirationniste? Je suis toujours bluffé par la binarité absolue qu'on trouve chez certain.
Non. Simplement qu'un mec dont les publications sont de manière récurrentes pourries depuis plusieurs années est une source beaucoup moins fiable qu'un pax qui dirait la même chose mais sans avoir servi la propagande d'un pays ennemi et qui est depuis dans le déni.
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Qu'en pensent les Gagaouzes (tant russophones que gagaouzophones) ?
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Il y a 2 heures, Alexis a dit :Je sais pas si ça a été expliqué ici, mais en russe c'est la transcription littérale de "baratiner", "mentir comme un arracheur de dents", etc.
вешать лапшу на уши signifie grosso merdo "pendre des nouilles aux oreilles de quelqu'un" et est globalement utilisé pour dire qu'on est en train d'arnaquer ou de mentir à quelqu'un. Plusieurs expressions étymologiques ont été proposées, ça viendrait sans doute de l'argot avec une proximité linguistique entre лапша (nouilles) et облапошить (grosso modo tricher).
D'où donc le fait que le député se soit pris un tombereau d'emmerdes depuis.
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il y a 21 minutes, Claudio Lopez a dit :
Une interview dans Sud Radio de Caroline Galacteros , une docteur en geopolitique et surtout, une colonel réserviste opérationelle des armées sans affectation .
Et son discours prend totalement à contrepied celui de ses homologues officiers qui défilent sur LCI depuis des mois.
Selon elle, les occidentaux et surtout les ukrainiens sont dans le déni au sujet de l'évolution de cette guerre,
Du moins, cele concnerne surtout les personnes qui ne sont pas informés et concience des réalités logistiques de la guerre.
Car elle estime,, que tout les responsables de l'otan et du pentagone savent que cette guerre serait intenable pour... les ukrainiens malgré l'aide occidnetale !
Car tout simplement, les occidentaux ne peuvent pas suivre la fourniture et la cadence de consommation des munitions par les troupes ukrainiennes.
En effet, les pays de l'otan (hors USA) sont en train d'atteindre les stock stratégiques et que leur capacité de prod actuelle ne sont pas conçu pour une consommation de guerre de haute intensité.
"On ne peut pas fabriquer au rythme ou il le faudrait "
"Jan soltenberg a clairement dit que l'on avait pas les obus , les munitions par rapport aux rythmes imposés par les russses ."
"Le seul moyen qui pourrait permettre aux ukrainiens de gagner la guerre à court terme serait que l'otan y participe directement ! Bref, quelque chose d'impossible !"
Les russes le savent bien et depuis 6 mois, ils sont passés en économie de guerre et font tout le nécéssaire pour que les obus et les canons soient produit à une cadence indusrielle.
La colonel pense que le pot aux roses va bientôt de voir et que le grand public va finir par réaliser que l'on a raconté n'importe quoi aux opinions publiques occidentales dans les médias mainstreams sur la supposée débandade russe.
La guerre d'attrition des russes commencent à produire ses effets et que le courage et la volonté ukrainienne n'y pourra rien changer .
Et surtout, apparemment le mossad a divulgué que les pertes ukrainiennes seraint aussi très lourdes contrairement à ce que l'on pensait .
Même si les canons russes sont moins précis, la saturation finirait par user les ukrainiens. Bref, l'ami tytelman se serait un trop emballé à force de parler de la médiocrité russe et de l'efficacité ukrainienne fantasmé à outrance.
Biensur l'appuie du renseignement US restera toujours déterminant.
Biensur il y a du vraie sur les très mauvaises décisions militaires russes mais les Russes ont appris et ils se sont réorganisés même si Wagner continue à envoyer des dizaines de milleirs de soldats au casse pipe.
Édit : coiffé au poteau.
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Et surtout pour le système de brouillage portatif le fantassin a déjà suffisamment de choses à porter, il n'est pas une mule et ne peut pas tout avoir. Or, un système de brouillage avec sa batterie ça pèse un âne mort. Peu de chances donc que ça devienne un attribut régulier du soldat débarqué.
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il y a 51 minutes, Wallaby a dit :https://www.foreignaffairs.com/ukraine/george-kennan-warning-on-ukraine (27 janvier 2023)
Dans un document de politique générale intitulé "U.S. Objectives with Respect to Russia" achevé en août 1948, Kennan expose les objectifs ultimes des États-Unis dans l'éventualité où les Russes envahiraient l'Ukraine. Il se rend compte que les Ukrainiens "n'aiment pas la domination russe et que leurs organisations nationalistes sont actives et se font entendre à l'étranger". Il serait donc "facile de sauter à la conclusion" que l'Ukraine devrait être indépendante. Il affirmait que les États-Unis ne devaient cependant pas encourager cette séparation.
L'évaluation de Kennan sous-estimait largement la volonté d'autodétermination des Ukrainiens. Néanmoins, deux problèmes identifiés par Kennan il y a trois quarts de siècle ont persisté, notamment dans l'esprit des dirigeants russes. Kennan doutait que les Russes et les Ukrainiens puissent être facilement distingués en termes ethniques. Il a écrit dans un mémo du département d'État qu'"il n'y a pas de ligne de démarcation claire entre la Russie et l'Ukraine, et il serait impossible d'en établir une." Deuxièmement, les économies russe et ukrainienne sont intimement liées. La création d'une Ukraine indépendante "serait aussi artificielle et aussi destructrice qu'une tentative de séparer la Corn Belt, y compris la région industrielle des Grands Lacs, de l'économie des États-Unis".
Si les Ukrainiens parvenaient à l'indépendance de leur propre chef, Kennan conseillait au Département d'État de ne pas intervenir, du moins dans un premier temps. Il était toutefois presque inévitable qu'une Ukraine indépendante soit "contestée à terme par la partie russe". Si, dans ce conflit, "une impasse indésirable se développait", les États-Unis devraient faire pression pour que "les différences soient aplanies dans le sens d'un fédéralisme raisonnable".
Malgré les vicissitudes des 75 dernières années, les conseils de Kennan restent pertinents aujourd'hui. Une fédération autorisant l'autonomie régionale dans l'est de l'Ukraine et peut-être même en Crimée pourrait aider les deux parties à coexister. De nombreux analystes ont tendance à dépeindre le conflit actuel comme la "guerre de Poutine", mais Kennan pensait que presque tout dirigeant russe fort finirait par s'opposer à la séparation totale de l'Ukraine. Enfin, les réalités de la démographie et de la géographie font que la Russie restera à long terme la principale puissance dans ces "terres de sang" souvent tragiques. Dans l'intérêt de la stabilité régionale et de la sécurité à long terme des États-Unis, Washington doit continuer à faire preuve d'empathie et de lucidité à l'égard des intérêts des Russes, des Ukrainiens et des autres nationalités.
En 1997, Kennan était encore plus alarmé par la décision de Washington de demander à l'OTAN non seulement d'admettre la République tchèque, la Hongrie et la Pologne, mais aussi d'entamer une coopération militaire et navale avec l'Ukraine. La nouvelle ligne de démarcation entre l'Est et l'Ouest obligeait l'Ukraine et d'autres pays à choisir leur camp. "Ce choix n'est nulle part aussi inquiétant et lourd de conséquences que dans le cas de l'Ukraine", prévient Kennan dans une lettre privée à Talbott. Texte intégral de la lettre : https://www.foreignaffairs.com/sites/default/files/public_file/2023/Kennan to Talbott.4.22.97.pdf
Il s'est inquiété en particulier de Sea Breeze, un exercice naval conjoint de l'Ukraine et de l'OTAN qui a défié l'insécurité traditionnelle de la Russie face aux navires de guerre étrangers dans les eaux étroites de la mer Noire. Bien qu'elle ait été invitée à participer à l'exercice, la Russie a refusé avec colère. Le différend en cours à l'époque entre Kiev et Moscou au sujet de la base navale de Sébastopol en Crimée a ajouté à la tension. Comment, demandait Kennan à Talbott, cet exercice naval s'inscrivait-il dans l'effort de Washington "pour persuader la Russie que l'extension des frontières de l'OTAN vers la frontière russe en Europe de l'Est n'a pas de connotations militaires immédiates ?"
Liasse de documents cités dans cet article : https://www.foreignaffairs.com/sites/default/files/public_file/2023/Costigliola_Kennan_Talbott.pdf
Tu veux qu'on parle de toutes les conneries que la diplomatie américaine pensait sur l'Europe centrale et orientale jusqu'aux années 60 ?
Je t'assure, c'est extrêmement croustillant. Jette un coup d'oeil à leurs analyses sur la Yougoslavie, tu vas bien t'amuser. Même les Allemands étaient moins nuls et pourtant ils y ont mis du coeur.
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Il y a 1 heure, olivier lsb a dit :
Pas plus tard qu'aujourd'hui, tu dénonçais (non sans raison, je tiens à le souligner) de l'ambiance douteuse ("JV.com") sur l'autre fil, suite à un post "star wars": les débats se tiennent remarquablement bien depuis un certain temps, est-ce trop te demander que de ne pas être le premier à en rajouter dans ce registre ?
Laisse tomber ça vaut mieux.
Je sais de quoi je parles.
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Un truc aussi avec Taïwan c'est qu'il s'agit d'une île. La logistique nécessaire à un débarquement et le ravitaillement des troupes débarquées est dantesque, et nécessite une domination navale et aérienne totale. Or, s'il y a bien une chose sur laquelle la marine chinoise est loin de pouvoir défier les USA, c'est la domination des mers, que ce soit en navires de lignes, en soums, ou en vecteurs aériens.
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Et l'armée tchadienne, c'est un autre morceau que le Mali ou la Centrafrique.
Ce qui est d'ailleurs ironique étant donné que le pays est encore plus pauvre que ses voisins.
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Peut-être à voir avec la guerre des cartels, plutôt. Donc mauvais fil.
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Il y a 8 heures, FredLab a dit :
Pas vraiment d'accord sur ce plan :
Je suis d'origine Alsacienne (Sundgau pour être précis) ; et mon arrière-grand-mère ayant connu les deux GM répétait à loisir "les Alsaciens sont plus Français que les Français eux-mêmes !"Comme on dit à Strasbourg, tu peux toujours dire à un Alsacien qu'il n'est pas français, à condition de courir vite.
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il y a une heure, nemo a dit :Pour la religion c'est pas toujours le cas. Par contre on peut y ajouter le fait de se "sentir" comme ayant un destin commun.
Plus exactement, la définition de nation suit deux définitions possibles, nées au XIXème siècle puis qui se sont opposées sur la question de l'Alsace-Lorraine.
L'école française, qui aujourd'hui l'a emporté dans la plupart des régions du monde, est celle d'Ernest Renan, soit "un plébiscite de tous les jours"*. La nation est alors nation précisément parce qu'un ensemble de personnes aux destins divers se sent appartenir à la même entité. Un Parisien Juif comme un Alsacien Protestant ou un Breton catholique peuvent à ce titre être français. C'est un héritage du vécu français avec le concept de nation, notamment les résultats du Grand Sanhédrin de 1806-1807 qui avait conclu que bien que de confession différente les Juifs de France se sentaient membres de la même communauté de destin que les autres habitants de France.
L'école allemande considère que la nation est nécessairement culturelle et qu'un peuple partageant une culture ne peut qu'être une nation unique. Par exemple, von Herder puis ses successeurs comme Fichte estiment que chaque peuple a un Volksgeist particulier par nature, qui n'est pas miscible avec les autres et que l'on a par la langue et la culture, et que chaque Volk est supposé être unifié pour pouvoir accomplir sa destinée. D'où l'idée que les Alsaciens-Mosellans, bien que de nationalité et de coeur français, soient Allemands par nature car ils parlent le francique et le platt.
*Le texte intégral de sa conférence à la Sorbonne est disponible ici : https://www.bmlisieux.com/archives/nation01.htm
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Il y a 8 heures, JeanPierre a dit :Ces premières livraisons de MBT occidentaux sont effectivement à comparer aux délais annoncés de modernisation des fameux 800 T62: on parle d'un programme sur 3 ans, si les délais sont tenus (https://www.thedrive.com/the-war-zone/russia-to-modernize-800-vintage-t-62-tanks-due-to-ukraine-losses-report).
Il ne s'agit pas de 800 T62 modernisés qui vont déferler sur la ligne de front d'un seul coup: on parle de 22 tanks par mois en moyenne donc. Et en 3 ans, il peut se passer beaucoup de choses, comme une livraison de MBT occidentaux avec un rythme similaire ou légèrement supérieur à la production des T62 modernisés.
En 2015, le MinDef Russe annonçait 2300 T-14 sur cinq ans.
Aujourd'hui moins de 40 ont été construits.
Et la différence entre chiffres réels et chiffres annoncés est quasiment dans tous les programmes d'armement russes.
Je te laisse imaginer le reste.
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Il ne faut pas oublier que la bataille de Bakhmut est avant tout une bataille politique et non militaire. Pour des questions diverses la ville est devenu un abcès politique en Russie et de ce fait il est devenu impératif pour les Ukrainiens d'en tirer tout le jus possible.
Et l'intérêt de garder la ville vient de disparaître. En effet, d'un point de vue politique, la chute de la ville avant le 24 février et/ou le discours de Poutine aurait été à l'avantage des Russes : la propagande aurait pu en faire ses choux gras et dire que l'invincible armée russe continue d'avancer, etc. Cela permettait de remettre une pièce dans le soutien à la guerre. Passé le discours de Poutine et l'anniversaire de l'invasion, l'effet est exactement inverse : le discours de Poutine apparaît creux, la prise de la ville donne une impression de lassitude et de non-intérêt. En effet, par comparaison, la chute de la ville ne provoquerait pas une galvanisation de la mobilisation mais au contraire un effarement du genre "tout ça pour ça" qui rend la victoire creuse, surtout que les Russes se sont tellement empalés dessus qu'ils n'ont pas d'unités de manoeuvre dans le coin derrière pour tenter de franchir la ligne du canal à la hussarde. En tout cas, c'est le raisonnement que semblent suivre les décideurs ukrainiens.
Par contre, il ne faut surtout pas occulter le fait qu'il s'agit d'une défaite : si Bakhmut a manifestement coûté cher, très cher à la Russie pour des pertes bien moindres côté ukrainien (une fois passé le choc de la nouvelle tactique des groupes successifs et de l'appui mortier, les pertes ont largement baissé avec une dispersion encore plus grande des troupes, alors que celle des Russes sont peu ou prou restées les mêmes), elle reste un carrefour routier important qui donne un grand nombre de pénétrantes possibles sur la ligne ukrainienne : notamment, le long de la T0504 qui fonce droit sur Konstantinyivka et la M03 qui part sur Kramatorsk. Sans parler évidemment de la sécurisation de la T0513 qui simplifie la logistique depuis Horlivka.
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il y a 19 minutes, Wallaby a dit :
Je ne dispute pas ce que tu dis sur le stalinisme, mais le post-stalinisme bien sûr a réprimé le nationalisme politique de la même façon qu'il réprimait toute opposition de quelque idéologie qu'elle fût : le parti communiste était parti unique ne tolérant pas autre chose que des partis satellites.
Mais la culture ukrainienne a pu s'épanouir durant la période post-stalinienne :
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Pétition d'intellectuels majoritairement américains et britanniques :
Non seulement cela criminaliserait le fait de questionner la légitimité d'une organisation (UPA) qui a massacré des dizaines de milliers de Polonais dans l'un des actes les plus odieux de nettoyage ethnique dans l'histoire de l'Ukraine, mais aussi cela exempterait de critiques l'OUN, l'un des groupes politiques les plus extrêmes en Ukraine occidentale entre les deux guerres, et qui a collaboré avec l'Allemagne nazie au début de l'invasion soviétique en 1941. Elle a également pris part à des pogroms anti-juifs en Ukraine et, dans le cas de la faction Melnyk, est restée alliée avec le régime d'occupation pendant la guerre.
Quelle que soit la noblesse de l'intention, la condamnation globale de l'ensemble de la période soviétique comme une période d'occupation de l'Ukraine aura des conséquences injustes et incongrues. Toute personne attirant l'attention sur le développement de la culture et de la langue ukrainiennes dans les années 1920 pourrait se retrouver condamnée. Il en va de même pour ceux qui considèrent la période Gorbatchev comme une période progressiste de changement au profit de la société civile ukrainienne, des groupes informels, et des partis politiques, y compris le Mouvement pour la Perestroïka (Rukh).
C'est marrant tiens ils se concentrent précisément sur la période que j'ai mentionnée, c'est-à-dire les années 20. Après 1930 il n'y eut plus rien.
De plus, renommer une ville nommée après Staline n'a rien de nationaliste dans les années 60 : je te ferai remarquer que c'est un an après que Stalingrad soit devenu Volgograd, or la ville n'est pas peuplée par grand-chose d'autre que des Russes.
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Il y a 3 heures, Wallaby a dit :
Villepin est pris en flagrant délit de ne pas avoir révisé ses antisèches.
D'une part, l'Union Soviétique affirmait explicitement l'identité ukrainienne et ce serait très compliqué pour un pouvoir russe quel qu'il soit de faire table rase du précédent soviétique qui affirmait l'existence de deux identités russe et ukrainienne égales en droit. L'Ukraine soviétique avait d'ailleurs un siège à l'ONU.
D'autre part, Vladimir Poutine a affirmé l'identité ukrainienne lors de son discours du 12 juillet 2021 :
http://en.kremlin.ru/events/president/news/66181
Il peut y avoir un argument : si vous parlez d'une seule grande nation, une nation trine, alors quelle différence cela fait-il que les gens se considèrent comme des Russes, des Ukrainiens ou des Biélorusses ? Je suis tout à fait d'accord avec cet argument. D'autant plus que la détermination de la nationalité, notamment dans les familles mixtes, est le droit de chaque individu, libre de faire son propre choix.
Nous respectons la langue et les traditions ukrainiennes. Nous respectons le désir des Ukrainiens de voir leur pays libre, sûr et prospère.
Je suis convaincu que la véritable souveraineté de l'Ukraine n'est possible qu'en partenariat avec la Russie.
Même en supposant que la logique de Poutine soit "impériale", il est très rare que les empires nient les identités régionales. Pensez à la Chine actuelle qui ne nie pas l'identité tibétaine ou ouïghoure, et tend à les folkloriser pour les contrôler. Est-ce que la France nie l'identité kanak en Nouvelle Calédonie ?
Mais Poutine n'est pas dans une logique impériale. Car il affirme l'existence d'un État ukrainien indépendant. Mais il veut en renégocier les frontières :
http://en.kremlin.ru/events/president/news/66181
Je rappellerai l'appréciation donnée par l'une des personnalités politiques les plus en vue de la nouvelle Russie, le premier maire de Saint-Pétersbourg Anatoly Sobchak. Juriste convaincu que toute décision doit être légitime, il a partagé en 1992 l'opinion suivante : les républiques fondatrices de l'Union, ayant dénoncé le traité d'Union de 1922, doivent revenir aux frontières qu'elles avaient avant de rejoindre l'Union soviétique. Toutes les autres acquisitions territoriales sont sujettes à discussion, à négociations, étant donné que le terrain a été révoqué.
Tout faux.
Si tu veux bien te référer aux liens que j'ai posté concernant l'Holodomor quelques pages plus avant, tu te rappelleras que d'une :
-L'URSS n'a soutenu les nationalismes locaux que pour mieux lutter contre les élites russes blanches de tout poil
-Une fois la victoire acquise, Lénine disparu et Staline fermement assis sur le trône, le braquet est parti complètement dans l'autre sens avec suppression des nationalismes
-Le stalinisme a pratiqué la russification de manière encore plus violente que l'Empire russe avec une dispersion sciemment organisée des minorités ethniques et implantations de Russes à la place. Tous en ont fait les frais : un tiers du Kazakhstan est aujourd'hui peuplé de Russes, pareil chez les Baltes, en Géorgie, à Kaliningrad, dans le Caucase où les Coumans, Tatars et autres Circassiens ont pratiquement disparu, etc.
-Le post-stalinisme n'a rien fait pour arranger les choses, bien content de cet état de fait et pouvant tout blâmer sur Staline tout en continuant la répression des nationalismes. Dans les années 80, quand un Ukrainien dit qu'il est un Soviétique ukrainien et pas russe, ça fait rire tout le monde à Moscou.
-Et sans surprise à l'indépendance c'est le bordel, les frontières ethniques ayant même été brouillées entre minorités avec l'exemple typique du Haut-Karabagh.
En conclusion, si les dix premières années de l'existence de l'URSS ont été relativement clémentes envers les nationalismes (et pas pour tous, c'est pas pour rien que les Républiques polonaises et ukrainiennes se sont mangés des invasions), dès la fin des années 1920 c'est fini et ce jusqu'à la disparition de l'URSS 70 ans plus tard.
Ah, et mettre sur le même plan le traitement des Kanaks et celui des Ouïghours pareil c'est du foutage de gueule. D'ailleurs, si tu relis bien le discours que tu as posté, Poutine ne nie pas juste la souveraineté ukrainienne. IL NIE L'EXISTENCE MEME DE LEUR NATION. L'extrait que tu cites toi-même dis l'exact inverse de ce que tu racontes. Texto, il parle d'une "nation trine". Pas d'une nation différente. Pas d'une nation indépendante. Mais d'une nation russe avec juste quelques variantes locales.
Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques
in Politique etrangère / Relations internationales
Posted · Edited by Heorl
C'est bien le problème.
Si, les autorités soviétiques ont profité de la famine pour faire souffrir voire exterminer les nationalistes ukrainiens comme tels.
La famine n'est pas de leur origine, mais l'ensemble des difficultés, et des réquisitions qui ont suivi malgré leur connaissance des morts sont intégralement de la faute des dirigeants soviétiques. Ils ont même volontairement aggravé la situation afin de se débarrasser des Ukrainiens.
Pour faire bref : qualifier la famine de génocide, non, c'est stupide. Qualifier la réaction des autorités soviétiques à cette famine de génocidaire, oui, c'est non seulement valide mais entièrement justifié.
Cf le message que j'ai posté il y a déjà deux mois sur ce sujet, et avec sources à l'appui s'il-vous-plaît.