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Tancrède

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Tout ce qui a été posté par Tancrède

  1. Je débarque un peu sur le sujet, n'ayant écouté ce qui se passait en Afghanistan que de très loin jusqu'il y a quelques jours, mais je lisais notamment que les "anciens" de l'Alliance du Nord rassemblaient leur petit monde pour relancer la lutte selon leurs termes... Quelqu'un sait quelque chose là-dessus, ou si c'est juste du voeu pieux par des gens surestimant leur potentiel? Parce qu'au même moment, je regardais la carte la plus récente des zones de contrôle du pays, et l'ancien réduit (surtout tadjik) de Massoud et ses potes était essentiellement sous contrôle taleb, avec notamment le corridor du Wakhan, donc l'accès à la Chine... dont je ne doute pas qu'il voie du trafic de "marchandises" dans un seul sens, politesse de la Chine pour compléter l'action de son allié pakistanais et obtenir des talibans qu'ils ne pensent même pas à aider ou abriter des indépendantistes, réfractaires ou réfugiés ouïghurs. Donc si résistance aux talebs il doit/peut y avoir, notamment par divers groupes surtout non pashtuns... Où pourra t-elle se baser?
  2. Leur donne pas trop d'idées... Non pas que certains n'y aient pas pensé, mais voir une seule personne mentionner ce genre de possibilité semble faire croire à beaucoup de marketers d'Hollywood qu'il y a un vaste marché pour ça, et donc l'obligation d'investir 200 millions de dollars pour un film racontant exactement ça. 200 millions qui ne seront pas utilisés ailleurs.... Comme par exemple la nouvelle franchise que Netflix vient de dégommer avant même que la série soit diffusée: He Man (les maîtres de l'univers/Musclor). Le "nouveau concept" pour cette adaptation? Une série He-Man.... Sans le personnage-titre, qui n'apparaîtra que dans le premier épisode pour ensuite céder la place à un personnage féminin . La fanbase existante, déjà remuée par les rumeurs depuis un mois, fait maintenant feu de tout bois pour boycotter, mais comme pour tant d'autres produits, la mode dans la prod US continue à être de se persuader qu'il y a une vaste audience potentielle encore vierge qui n'attend que ça.... Malgré une longue litanie de foirades réalisées à coup de dégommage de franchises payées à des prix indécents. Y'aura bien besoin de beaucoup de millions et de temps pour essayer de réparer les dégâts après (comme Disney essaie maintenant de faire avec Star Wars), avec probablement peu d'espoir de reconquérir l'intégralité (ou même la majorité) de la fanbase, et certainement aucun espoir de trouver cette fameuse audience fantôme de petits wokesters avides. Ce sera ça ou passer le coût d'achat de ces franchises par pertes et profits (et certaines vieillissent beaucoup plus vite que d'autres, n'accrochant jamais de nouvelles générations). En attendant, les gamins semblent consommer plus de mangas/anime que jamais, et de moins en moins de produits US (encore modéré pour les films/séries, quasi total pour les BD), et la tendance risque de continuer tant que les boîtes de prod japonaises diront merde aux studios US qui continuent à essayer de faire le forcing pour les pressurer dans des directions plus woke qu'ils packagent en disant que c'est "plus moderne", "plus en phase avec la jeunesse" et "plus multiculturel/tourné vers le monde" (ironique venant des ricains qui sont les plus provinciaux, autocentrés et anti-cosmopolites du monde: la mentalité impériale des ploucs). Les Japonais semblent pas avoir remarqué: aux USA, le marché du comics US (qui avait adopté la stratégie actuelle des studios plus tôt) reflète cette tendance depuis une décennie, avec un effondrement complet des productions autochtones (à part quelques auteurs, pas dans le genre superhéros) et une explosion des mangas. L'an dernier, une seule série de mangas (DemonSlayer, le truc "hot" du moment) a vendu (beaucoup) plus d'albums que l'intégralité des maisons d'éditions US.
  3. Humour à part, la perte totale de standards unifiés de jugement, le raz de marée permanent d'informations contradictoires, la crise totale de confiance dans la parole des institutions de tous types (assez pour empêcher un consensus même un peu majoritaire) et la balkanisation des opinions publiques, ont réellement créé ce "village global" ou semi-global, et comme dans tout bon village, la "vérité" sur n'importe quel sujet ou personne, ce n'est plus un compromis négocié et renégocié en permanence qui crée, plus ou moins, quelques postulats fondamentaux acceptés comme solides, mais un vaste et constamment changeant "qui a dit quoi sur qui ou quoi". Dans un tel contexte, il est fort possible qu'on recrée de fait des sociétés fondées sur "l'honneur" et la parole donnée, quelle que soit la forme actualisée que ça prendra, où la réputation, le renom, compte plus qu'aucune vérité censément immanente, qui sera rejetée au rang d'une opinion parmi d'autres, et tout aussi invérifiable, la seule chose qui compte étant ce qu'affirme tel individu, faction ou organisation, l'idée même que des "arbitres" (d'opinions, d'expertises, de médiation des conflits) un tant soit peu neutres soient une possibilité s'effaçant plus ou moins, ou en tout cas passant sous le seuil les rendant possibles avec la masse critique de confiance suffisante. Le mode ultime de résolution des conflits (si toutes les autres étapes ont failli) ne sera sans doute pas le duel, en tout cas le duel physique, dans des civilisations technologiques et urbaines où quasiment tout le monde est une larve physique plutôt lâche, mais les principes de bases qui président au semi état de nature dont sont nées les sociétés fondées sur l'honneur sont désormais de nouveau là, en évidence, quoiqu'on veuille en penser, ne laissant le choix qu'entre une hypothétique institution centrale édictant la vérité (un Etat nettement plus autoritaire, ou une alliance plus structurelle entre un Etat renforcé et une nouvelle "Eglise" -un mix entre élites médiatiques et académiques, totalement aux mains des factions qui les dominent), et un chaos plus ou moins prononcé fait de "villages" et de factions, avec leurs représentants (dont des "influenceurs" avec large following). La lenteur de la justice, ses limites fondamentales et ses limites concrètes (petits budgets...) sont déjà un énorme problème face à la tempête permanente d'internet où des dommages incommensurables peuvent être faits à une réputation, une personne, une famille, une entreprise, avec une instantanéité telle qu'aucun système judiciaire ne peut réellement arbitrer ou réparer, que l'échéance soit proche ou lointaine (et vu la Justice, ce sera toujours une lointaine). Résoudra t-on les querelles au duel sur jeu vidéo, flemmards et lâches que nous sommes à notre époque ? A l'échange de tweets agressifs et cassants arbitré par un jury de nos pairs (qui décrètent donc une fin, un vainqueur et un vaincu à qui le dieu-internet donne tort)? Un cook-off sur une émission télé réalité de cuisine?
  4. La vérité des faits (en tout cas ceux qui sont connus) sera sans doute plus ou moins suivie: le problème sera l'angle de vue, le tramage général de ces faits, qui peut leur faire dire une chose, ou son contraire. Et l'angle présenté dans la bande annonce (qui peut être très réductif, voire complètement différent ces jours ci, du contenu du film), me semble vraiment assez mauvais, reflétant une conception individualiste des choses (très XXème-XXIème siècle) qui serait complètement étrangère aux protagonistes. Ainsi des raisons du duel, de l'honneur et de ce que "justice" veut dire pour ces gens: le personnage de Carrouges est présenté comme un mari cocu, égocentrique et égoïste qui fait en quelque sorte des choix d'enfant gâté à qui on a pris son goûter, dans un monde de méchants hommes machos qui décident tout, soit une vision au final très contemporaine d'une époque complètement différente qui ne comprend pas ce que "honneur" recouvre. La raison de défendre jusqu'à ce point son "honneur" est en fait de protéger sa "marque", sa réputation, le nom de sa famille (donc pas seulement celui qui porte le titre maintenant, mais les ancêtres et les enfants à venir, plus tous ceux qui font affaire avec lui), quoiqu'il pense lui, individuellement, de la situation; peut-être pourrait-il s'accommoder, à titre personnel, de tels ragots, ou même du doute, ou peut-être est-il un mari férocement jaloux et orgueilleux, on ne sait pas. Mais le trip est que quelle que soit son opinion personnelle, un type avec un certain niveau de réputation (qu'elle soit locale ou nationale, grande ou petite) à cette époque, surtout dans la noblesse, ne peut pas laisser passer ce genre de trucs et espérer encore avoir une carrière, des gens qui font affaire avec lui, des gens se fiant à sa parole.... Comme Victor Hugo décrivait le duel encore au XIXème (alors que le duel judiciaire était depuis précisément l'affaire Carrouges, une chose du passé, avec quelques exceptions, comme le duel Jarnac-La Chataîgneraie, expressément autorisé par François Ier): tout le monde sait que c'est stupide, mais aucun homme ici ne peut s'offrir le luxe d'une offense, d'une atteinte à son honneur ou d'un défi direct ou suggéré, sous peine de mort sociale, d'ostracisme de fait. Cette conception de "l'honneur", ce n'est pas la vanité outragée, même si celle-ci peut s'insinuer dans le mix: c'est, bien plus, défendre son renom dans la société, la marque de fabrique de votre famille et de votre personne, votre fiabilité, votre standing, la confiance que votre nom, votre personne et même votre expertise (quel que soit le métier) inspire. Dans le cas de la profession des armes (et évidemment encore plus dans la noblesse), il y a même un certain degré d'incitation à se faire une réputation, ou à l'accroître, en se faisant remarquer par un duel ou plus, surtout s'il est, comme ici, "médiatisé". Donc un angle du film qui reposerait sur "macho bad", "homme enfant plein d'insécurité", "femme opprimée".... C'est complètement hors de propos et étranger aux mentalités du temps, celle des hommes comme celles des femmes, puisque le mariage/la famille (et leurs passé et futur, leur réputation, leur continuation), institutions autrement plus capitales dans ces sociétés, sont l'alpha et l'omega de l'horizon socio-culturel pour ces mentalités. Ca inclue donc la réputation, la certitude que les enfants sont bien du père en titre (légitimité, capacité à défendre publiquement cette certitude), l'obligation d'attaquer tout doute émis à l'encontre du "bon nom" et de la solidité de la famille et de chacun de ses membres (le mari ET la femme, mais aussi tout membre du clan, de la famille étendue, voire même des "clients" et affiliés).... Et ces choses comptent plus que la survie immédiate de l'individu. Encore une fois, la bande annonce peut être radicalement différente du sens du film... Ou tout dévoiler. Mais le ton indiqué là ne me semble pas très juste quelle que soit l'exactitude de la retranscription des faits basiques et des événements connus: ce qui sera inventé pour combler les vides et "faire" les personnages, et le tramage général, peuvent créer plein d'histoires très différentes à partir du même matériau.
  5. Faut procéder avec la méthode suédoise: on se tait, on fait comme si ça n'existait pas, et si des problèmes apparaissent, on nie très très fort en silence (un art consommé en Suède), on regarde ailleurs et, au plus, on dit que c'est très indélicat de parler de telles choses (ça, c'est quand la polémique vous met vraiment en colère).
  6. Le cas archétypique, je crois, fut MASH, pas le film, mais la série: une audience énorme, comme il est impossible d'en avoir (même le quart ou le 8ème) aujourd'hui, de la bonne poilade sans complication, qui a fait son succès, puis une descente dans le pseudo-sérieux de la guerre et des rapports humains, mais avec la superficialité (d'un autre niveau qu'aujourd'hui, mais superficialité quand même) d'une série télé américaine, avec un goût pour le drama facile: si ça avait été un format quotidien continu, on aurait pu appeler ça un soap opéra dans les dernières saisons. Il y a un problème de cul entre deux chaises dans ce type d'évolution, parce que les persos initialement calibrés pour la comédie et la non prise au sérieux forment de mauvaises bases pour de bons persos de drama, et le bagage accumulé en comédie persiste dans la mémoire quand il s'agit de faire la transition vers un pseudo sérieux qui a plus d'ambition que de capacité à la porter. Ca, c'est très vrai: il a montré que c'était lui qui tenait la barre et s'est imposé face à M6. Chapeau, pour ça. Assez d'accord pour les deux premiers.... Pour la 3ème: comment oses-tu ????!!!! Je peux scientifiquement prouver que c'est une grande série, ne serait-ce que pour un point (parmi d'autres):
  7. Je sais pas si c'est juste moi, mais si la première saison de Kaamelott à l'époque m'avait bien fait rire, j'ai très vite trouvé que la ficelle s'usait rapidement, et qu'assez vite, en plus, la série est devenue assez nombriliste, répétitive, et ne visant même plus tellement le marrant, avec une dernière saison pseudo-dramatique mais pour le coup limite déprimante. Au global, j'ai pas vraiment eu l'impression qu'il y avait vraiment une vision derrière qui articulait le tout de façon satisfaisante, une fois passée la bonne poilade simple des débuts.
  8. Ces "idéologies", et les actuels délires débiles et souvent instrumentalisés qui décrètent "décoloniser la culture", ce sont des constructions venues après la conquête coloniale: les Européens du XIXème n'ont pas eu besoin "d'idéologie" pour conquérir ou justifier: ils ont fait ce que tout le monde avait fait ou essayé de faire avant eux dès lors qu'un peu de paix intérieure et de moyens militaires étaient disponibles pour aller voir dehors, la différence étant qu'ils ont été les premiers à pouvoir le faire avec les moyens de l'ère industrielle (cad une forte supériorité matérielle/organisationnelle, à de très grandes distances). Les soi-disant idéologies colonialistes, c'est de la déco qui a ensuite été saupoudrée dessus, couvrant aussi bien le sentiment de supériorité que tout conquérant dans l'histoire a eu sur ses conquêtes, que le besoin d'encourager une certaine propagande pour pacifier les conquis et faciliter la domination. On en fait un plat académique et politique aujourd'hui, mais ça n'a rien de nouveau et a existé sous mille et une formes auparavant, à peu près partout. La "justification" de la conquête n'a jamais vraiment posé de problèmes à l'être humain.
  9. Matthias Warnig certes, mais faut pas oublier aussi le chairman de la structure NordStream2, dont on savait qu'il occuperait ce poste des années avant qu'il ne quitte son précédent job à la tête de l'Allemagne. Ce bon vieux Gerhard... Qui est très bien en cour a Washington. Et tout prêt à faire jouer son carnet d'adresse pour favoriser les actuelles poussées de l'administration Biden quand à l'avenir que les USA voient pour la construction européenne (notamment une armée unique pour l'union).
  10. Merde; ça devait être pas si mal.... Ils l'ont annulée après 2 saisons. De nos jours, ce peut être une preuve de qualité Blague à part, j'ai pas réussi à accrocher à cette série: outre certaines tropes irritantes, il doit y avoir un truc que j'arrive pas à définir exactement, mais qui tourne autour d'un problème de rythme, allié à des persos que j'arrive pas à trouver suffisamment sympathiques/intéressants pour m'accrocher pendant les longueurs.
  11. A noter, dans les outsiders qui viennent de nulle part et profitent des plates-formes actuelles, du moins tant qu'elles ne se soumettent pas encore totalement aux diktats des gros producteurs de contenus (ce qui est en train d'arriver à Youtube, plus ou moins lentement selon les types de vidéos): plusieurs films et séries dérivées de Star Wars par des amateurs, des fans ou de petites sociétés de prod tentant de signaler leur existence à de potentiels bailleurs. Ainsi: - Star Wars Bucketheads, sur la chaîne Transmute Pictures (commence avec la bataille d'Endor vue du sol par les stormtroopers coincés dans la forêt) - les shorts des chaînes Cinematic Captures et Loacher Films Y'a beaucoup de trucs de ce genre à trouver sur Youtube et ailleurs, liés à des tas d'univers de films et séries existants, ou complètement originaux, dont beaucoup de très bonne facture, souvent faits par des amateurs passionnés et des pros entre deux jobs "officiels" ou qui parviennent à se financer avec de telles productions cheap, hors des grosses structures corporate. On savait que ça existait pour les genres cheap comme la comédie, mais il y a vraiment beaucoup de gens capables de produire des trucs assez ambitieux.
  12. Analyse/opinion personnelle sur l'histoire longue du cinéma et du "language visuel" dans ce genre particulier de l'action: pour moi, il y a une rupture embryonnaire dans les années 70 (particulièrement avec l'irruption des arts martiaux via Bruce Lee: traduction: le tout petit gabarit va poutrer la horde de géants et c'est visuellement acceptable) qui explose dans les années 80 avec la génération Stalone & co: le too much dans l'action devient la norme, avec peu/pas de limite sur le niveau d'improbable, la culture des suites (N°2, 3.... "le retour de", "la vengeance de"...) et de leur logique du "encore plus d'explosion et de trucs tarés" favorisée par la nature du business. Dès lors, il ne peut qu'y avoir une culture permanente du "toujours plus" qui se déconnecte de tout rattachement au réel à une vitesse exponentielle. Pour ne pas faire le macho de base, je rappelle que c'est aussi l'époque où on voit se multiplier les séries, et parfois films (séries B, Z...) où des gamins prodiges en arts martiaux foutent aussi des branlées à des adultes baraqués/surentraînés. L'évolution vers ce qui se fait actuellement me semble, à ce titre, le pressurage d'un citron déjà créativement sec: on en est à mettre en exergue les prouesses physiques et martiales des protagonistes les plus improbables pour l'action. Ce qui a commencé avec Schwartzy, qui au moins pouvait avoir l'air du gars qui peut assommer d'un seul gnon, finit avec Enola Holmes, la crevette victorienne qui étend des hordes de gros bagarreurs londoniens avec des arabesques matrixiennes. La quantité/proportion de "suspension of disbelief" requise a grandement augmenté en 40 piges. Matrix, là-dedans, représentait au moins une certaine variante sur le concept dans son évolution: on enlevait pas mal des lois de la physique via un outil narratif offrant cette liberté, alors même que la culture du jeu vidéo atteignait son premier stade de maturité. Je parle du 1er Matrix, évidemment, parce que les deux autres (et sans doute le 4ème, qui arrive bientôt) sont oubliables (pour éviter les arrières goûts et les yeux qui roulent). En ce sens, Matrix n'est pas vraiment l'origine du phénomène, ni même nécessairement un accélérateur: il s'inscrit dans cette évolution, et a le mérite d'en constituer une variante un peu plus maligne (dans l'articulation world building/action visuelle). L'influence ultérieure du film en lui-même? Je sais pas si elle est plus grande que celle d'un John Woo (énorme à la même période) et de tant d'autres sévissant au même moment (y compris l'action made in Seigneur des Anneaux: bonne dans le premier, elle devient délirante après, et absurde dans la trilogie plus récente du Hobbit). J'avais eu un certain espoir pour de l'action plus "grounded" quand Casino Royale et le premier Jason Bourne sont sortis, mais c'est pas cette tendance qui l'a emporté.
  13. Y'a quand même des degrés de merdique: contrairement à beaucoup de monde apparemment, je suis pas vraiment un fan des films d'action type série B des années 80 avec Schwartzy, Stalone, Norris & co. Ils étaient déjà ridicuies, beaucoup trop exagérés, avec un genre de machisme cheap qui m'a jamais (même jeune) beaucoup emballé (convaincu n'étant pas le but: c'était souvent fait pour donner dans le too much). Mais c'est une chose si tu fais ça avec un Stalone/Schwartzy/VanDamme/Willis. C'en est une autre si tu fais la même chose avec une nana de 50kgs toute mouillée qui a l'air d'être du genre à s'essouffler pour couvrir la distance entre la sortie d'un magasin et sa bagnole, et qui visiblement a besoin de beaucoup de jump cuts et de shaky cam, et d'encore plus d'altération des lois (visibles) de la physique et de la biologie pour masquer le fait qu'elle est infoutue d'avoir même l'air vaguement crédible dans une scène d'action, n'étant là que pour des séries de poses jugées "oh so #badass" et sexy. Et, à titre personnel, comme pour John Wick, les archétypes de "l'assassin" de cinéma (et celui de "l'espion") me sortent par les trous de nez depuis très longtemps: c'est vraiment une figure qui a passé le cap de l'absurde depuis beaucoup trop longtemps, et ne se rattache même pas à quoi que ce soit d'un peu réel. Genre des être quasi surnaturels qui attendent un coup de fil et touchent des millions pour faire la partie la plus con et mécanique d'une exécution (en fait juste l'exécution proprement dite), puis se retirent en plus miraculeusement sans qu'on essaie (le plus souvent) de les faire taire/disparaître (à moins qu'ils ne soient des employés de confiance du commanditaire... Ce qu'ils sont rarement dans cet archétype).... Juste pour attendre le prochain contrat, qui ne manque jamais d'arriver aussitôt, puisque c'est bien connu, l'assassinat professionnel, surtout par des sortes d'agences indépendentes de prestataires de service, c'est une grande industrie, qui, comme John Wick nous l'a appris, peut nourrir un important marché de fournisseurs de grand luxe (nettoyage, équipement spécialisé, hôtellerie "améliorée"....). Putain y'a vraiment besoin de renouveler les clichés en grand... On vit sur une fuite en avant dans l'exagération toujours plus absurdes des mêmes stéréotypes et codes depuis 40-50 piges. La révolution de style et référence que la génération Lucas/Spielberg a imparti semble avoir été la dernière fois qu'un tel changement a opéré. J'ai l'impression que si changement il y a, il ne viendra pas d'Hollywood. Coréens, Nigérians, Indiens, Russes.... bougeront quelque chose, peut-être?
  14. Oui et non: oui dans le sens où les séries n'étaient pas des investissements prioritaires jusqu'à la fin des années 90. Non dans le sens où même la réalité que tu évoques était encore nettement au dessus de la masse de ce qui se fait aujourd'hui sur le versant scénario: une bonne partie était due au fait que le travail y était beaucoup plus libre, avec des équipes beaucoup plus permanentes et rôdées, et surtout faites de gens beaucoup plus et mieux formés, et nettement plus expérimentés en moyenne (moins "jetables"), entre autres choses parce que le pool de recrutement tout comme le besoin par l'industrie, étaient des réalités beaucoup plus réduites. Si bien qu'il y avait une énorme différence qu'on pouvait aussi constater à l'époque entre l'univers des séries d'un côté, et l'univers des soap (qui tournent de 100 à 200 épisodes par an pour les "grosses" séries) de l'autre. Et ce qui domine aujourd'hui, c'est le niveau qualitatif du soap, appliqué à la grosse masse des séries produites, alors même qu'aucune série en particulier n'a à produire plus d'une vingtaine d'épisodes par saison. Pour l'exemple particulier de Star Trek TNG: on peut aimer ou pas aimer, trouver qu'il y a de l'intelligence dedans ou voir ça comme un show cheap somme toute assez infantile, mais il y a une réalité plus mature dans l'arrière plan de l'écriture (les dilemmes de personnage, les multiples perspectives qui peuvent se confronter sur un problème en apparence "carré"...), décors en carton pâte et dialogues "légers" mis à part, notamment via la "méthode" Roddenberry; ces "lignes rouges" que tu évoques, qui étaient en fait un patron très développé sur lequel broder l'épisode de la semaine: l'architecture était là avant le travail rapide de ces équipes. Malgré la débauche de moyens et le temps beaucoup plus conséquent dédié à ce qui devait être une série phare pour CBS, le début d'un nouvel univers de séries et films Star Trek, et l'un des produits tête de gondole pour développer leur chaîne de streaming, Star Trek Discovery a failli sur tous les plans: non seulement c'est un échec massif et coûteux d'audience (que Netflix et Amazon n'ont même pas voulu porter à l'international), mais en plus, y'a pas besoin d'être critique d'art, ou même particulièrement anti-wokester pour voir les problèmes de qualité dans le scénar, les persos, les dialogues, l'architecture de l'histoire fondamentale de la série.... Les tâcherons qui pondent une telle merde quand ils ont tous les moyens ont peu de chance de produire quoique ce soit de valable s'ils doivent passer en mode industriel. Ceux qui se plaignent des problèmes des années 90 étaient d'une autre qualité, et pouvaient faire marcher, bon an mal an, des projets dont le mode de production était la va vite. Big difference.
  15. A noter que ça fait au moins 30 ans que, dans les facs américaines, les cursus d'histoire de l'art et de critique artistique sont notoirement, avec d'autres (particulièrement tout ce qui a "critique", ou "education" dans le nom, ou se termine par "studies"), le refuge des mauvais et flemmards à qui on inculque une grande prétention. De même que l'immense majorité des cursus artistiques. J'avais entendu des connaisseurs du système éducatif dire qu'il y avait plus de 1200 "art schools" (= départements d'arts des universités) aux USA, mais que si on appliquait des critères de sélection un peu sérieux au départ, qu'on y dispensait un enseignement correct et suffisamment exigeant (pour plusieurs classes de niveau dans chaque spécialité) et qu'on se reposait sur les perspectives réalistes d'emploi futur (nombres de jobs dispo, essentiellement), il ne devrait pas y avoir plus d'une douzaine de telles écoles. Sans doute moins: le commentateur, lui, disait que personnellement, il ne voyait que 4 à 6 "art schools" qui valaient quelque chose (genre Julliard et consorts), ce à quoi son interlocuteur répondait qu'il était un peu vache. Massification de l'enseignement supérieur converti en business (cad l'enseignement devient hôtellerie/garderie pour enfants gâtés/vaches à lait en termes de mentalité), accaparement des rênes du débat et des décisions dans les domaines artistiques, académiques et médiatiques par une très petite clique idéologique.... Plus 40 ans d'un tel régime = résultat sur vos écrans. La seule illusion de qualité vient en fait des spécialités techniques (imagerie, costumes, cinématographie, son....) qui elles ont des exigences mesurables, du moins quand elles ont les moyens de s'exprimer. Les vrais artistes sont là... Et ce sont, essentiellement, des artisans version contemporaine. Un autre élément souvent négligé: la critique ciné/série. Les gens qui la font, du moins dans les grands médias, viennent tous des mêmes cursus, idéologisent à mort leur "analyse" en plus de reproduire les pires travers de ce secteur éditorial très subjectif et influençable par les producteurs de contenus. Résultat: la boucle de feedback dominante n'a pas été un mécanisme de correction depuis TRES longtemps, et l'est chaque jour encore moins. Pas de baffe publique insistante, couvrage des merdages qui culmine maintenant dans la mentalité établie de blâmer le public (particulièrement dans certains genres où les fans sont décrétés "toxiques" sans même droit de réponse) = c'est un dialogue de sourd où le versant de l'offre se complaît dans sa merde. C'est pas pour rien que Netflix a supprimé son système interne de notation (qui s'en souvient encore?), que Rotten Tomatoes est "harmonisé" sur commande, que Imdb ne prend pas en compte certaines notes (0 et 1 ne comptent pas, 9 et 10 comptent) ou que tous ces sites s'arrangent pour dégager/minimiser le négatif en prétendant lutter contre le "harcèlement", les bots et le "review bombing" (mais apparemment, le review boosting -par des hyperfans, militants et les studios eux-mêmes- n'existe pas)...
  16. J'ai édité le 2ème point, et je te renvoie à ma réponse à cette question dans l'avant dernier point (et celui d'avant, parce que idéologie + création = merde/connerie/incompétence). Je réitère par ailleurs mon insistance sur la réunion de toutes les conditions pour aboutir à de mauvaises équipes de travail qui ne peuvent par essence pas produire du bon boulot, pour l'essentiel, même si tu enlève l'ingérence et la pression du management. Les interactions, la confiance.... Bref, la synergie espérée qui seule peut produire l'entité créatrice qui rédige concepts, scénars et dialogues, ne peut pas être créée vu les mentalités, l'idéologie, la faible qualité des relations interpersonnelles (niveau de narcissisme, de mentalité d'enfant gâté, d'immaturité, surtout émotionnelle....) et l'absence de confiance même minimale (système de dénonciation, culture de peur du "mot de trop"/"cancel culture" et contrôle idéologique paranoïaque des uns par les autres). Au lieu d'être un multiplicateur de force/talent, l'équipe en devient souvent un diviseur.
  17. Rappelle toi qu'il y a beaucoup d'explications à ça: - massification de la production et accélération des rythmes de production avec cette explosion due au streaming = moins de temps pour chaque prod - effort de plus en plus contrasté entre une petite portion de produits "prestige"/tête de gondole/loss leader/vache à lait espérée (sinon pour le produit lui-même, peut-être pour ses dérivés et suites, son "univers"). La vaste masse de la production est plus contrainte, moins financée.... Et reçoit une masse de scénaristes peu payés, souvent peu formés, et aussi souvent peu motivés, qui sont en plus pressurés de chier des scénars et dialogues à toute berzingue avec toute la qualité du plus minable soap opera. - de plus en plus d'importance du versant "distribution" (marketing/diffusion/direction) par rapport au versant "création" (producteurs variés, créatifs purs, aristocratie traditionnelle hollywoodienne): on produit pour des audiences définies et ce qu'on croit être les recettes qui leur plaisent, avec en plus tous les délires et attentes des dirigeants qui tendent à penser non seulement comme si c'était un jeu de lego ou une recette de cuisine où il suffit d'assembler des ingrédients, mais en plus comme si les résultats pouvaient être décidés à l'avance sur un tableau excel. Par ailleurs, les dirigeants se foutent de plus en plus, avec les chiffres du streaming, des projets individuels: ils pensent en terme de l'ensemble des prods, et de rapport coût-bénef: c'est industrialisé, pour eux, maintenant. Plus vraiment de l'artisanat. - la manie des décisions et gestions de projets en comités, qui plus est des comités de parties très adversariales, et ce dans un domaine créatif par définition aléatoire.... Et s'y ajoutent les lourdes et byzantines hiérarchies des très grosses multinationales et des structures compliquées avec des tas de prestataires (beaucoup de structures créatives, surtout liées à des noms connus dans le milieu, sont indépendantes et bossent sous contrat avec un studio: JJ Abrams avec sa boîte Bad Robot....). Le contrôle est maniaque.... De la part de tous ceux impliqués, alors qu'ils sont nombreux, qu'il y a peu de repères quantis pour le résultat à créer à l'écran, aucune garantie de résultat possible (même si on s'entête à faire comme si), et que les structures de management de tels projets sont mal définies, mal définissables, et hyper lourdes et complexes. Le tout dans un milieu où les egos à l'oeuvre sont très, très au-dessus de la moyenne. - il y a des coteries, des querelles de clochers et de personnalités, des ambitions immédiates et de long terme.... Qui se téléscopent plus qu'ailleurs pour torpiller des projets en cours, voter des mauvais, mal allouer ressources et personnels, délayer... - l'idéologie, les connexions politiques, la monoculture qui a atteint un stade terminal après 30-40 de resserrement permanent, les modes et tendances idéologiques et le degré auquel elles sont actuellement poussées, moins par "la culture" actuelle en général que par celle du landerneau audiovisuel et le regard très myopique qu'il a sur la société (syndrôme "twitter, c'est le monde réel"). - la nullité crasse de la majorité des programmes d'écriture créative, eux aussi bouffés d'idéologie et de tous les maux actuels des universités US, y compris la grave baisse de niveau (massification de l'enseignement sup, profs de merde, étudiant vu comme un client à satisfaire, non un élève à former, inflation des notes, pas de contrariété/adversité....) - la salle ambiance qui résulte de tous ces facteurs dans les équipes d'écriture et les limites qui leur sont en plus imposées: l'hypersensibilité, réelle ou performative, aboutit à une culture de la dénonciation pour l'emploi de mots choquants ou le fait de "mal penser" (ce qui est de nos jours très restrictifs), la sélection et l'avancement sont de plus en plus à la case démographique et au relationnel, le niveau moyen est en grave baisse et s'ajoute à la chute de qualité des interactions entre individus, la monoculture ambiante n'aide pas....
  18. Ca dépend des produits. Le point est que, à l'ère du streaming, on n'en sait vraiment pas beaucoup, au moins pour l'instant, étant donné que ce qui compte avec le streaming est moins la réussite individuelle d'un produit que l'abonnement mensuel (ou plus, selon les formules) et son renouvellement, le tout joué non pas avec un nombre réduit de produits (films, séries...), comme c'était le cas pour une chaîne de télé ou même un studio ciné de grande taille (qui, au final, pour sa partie purement ciné, sortait rarement plus de quelques dizaines de films/an, dont une grosse dizaine à tout péter avaient un budget vraiment conséquent -dont 3-5 réels blockbusters), mais se joue maintenant sur des centaines de produits/an (des milliers en cumulé). Les concentrations qui existaient avant et définissaient le marché (un ou plusieurs studios ciné, adossés à une chaîne télé leader, plus un réseau câblé avec plusieurs grandes chaînes et des réseaux régionaux liés, des structures de prod télé multiples....), et comptent encore aujourd'hui, n'étaient qu'une prémisse limitée par rapport à ce qu'offre un gros service streaming actuel qui syntéthise tout cela en un format unique "central" autour duquel s'articuleront toujours plus les autres canaux de diffusion, complémentaires au mieux désormais, appelés à être toujours plus annexes. Le résultat est que le risque lié à un ou même une série d'échecs ne compte vraiment plus autant, étant donné les quantités de productions dont on parle et ce à quoi est liée la décision de s'abonner ou de renouveler son abonnement. Le fait est aussi que l'audience par produit sera de plus en plus homogène et, sans doute, réduite: on vivra tous dans des niches de goûts aux audiences plus ou moins mondialisées (on aura plus des trucs genres "ceux qui aiment les romances féministes anti mecs" non pas aux USA, mais mondialement, et pareil pour "ceux qui aiment la grosse baston macho bien crade et con"....), qui tendront pour beaucoup à être de plus en plus imperméables les unes aux autres... Flattant au passage nos instincts les plus égoïstes et infantiles et nous segmentant toujours plus en créneaux marketing au tribalisme quotidiennement amplifié et affiné (fidélité, dépendance et comportement d'achat sont à ce prix). Les productions réellement rassembleuses seront probablement de plus en plus rares hors de quelques-unes réellement phares, si tant est que le talent pour les faire se maintienne.... Ou renaisse. Dans la mesure où la qualité est subjective, relative, et n'est qu'une adaptation au goût (et aussi une adaptation du goût, cad son façonnement auprès d'un public donné et déjà acquis), ça va pas vraiment changer, ou ça va s'améliorer, du point de vue de chaque "tribu" ciblée par diverses "écoles" de production. Dans la mesure où la qualité peut être objective, et qu'on en vient à l'idée universaliste du vrai, du bien et du beau (et à tous les problèmes d'évaluer la chose de façon fiable.... Mais qu'on discute en commun), là, va y avoir de la chute, sans doute au-delà de ce qui peut être reconnaissable. On en vient presque au mythe de Babel: on croit qu'on fait un édifice commun, mais en fait, avec un tel processus, on ne parle même plus la même langue. On vit juste à côté les uns des autres, mais en pratique dans des univers différents, avec des références, codes et des mêmes mots mais dont le sens est différent selon le groupe (ça sonnera comme la même langue que de l'extérieur).
  19. Je prends ces indications de "chiffres" avec beaucoup, beaucoup de pincettes ou, comme le signalent régulièrement ces commentateurs, "with a grain of salt": pour l'instant, on a très peu de moyens fiables de connaître même à la très grande louche la réalité des chiffres de tous types des services de streaming. Les audiences évidemment (non publiées pour l'essentiel, avec des services qui en plus comptent les "vues" de façon douteuse -genre 30 secondes sur une série = une "vue"- et un watchtime non publié qui est pour l'instant peu évaluable malgré la floraison de boîtes essayant de le faire), mais aussi les abonnements (combien réellement? Combien paient plein tarif? Combien l'ont gratuitement comme à côté d'un autre service/deal? Quelle fidélité d'un mois sur l'autre?). Quand Doomcock, Nerdrotic, Midnight's Edge et consorts parlent de "chutes", et malgré le fait qu'ils aient effectivement beaucoup d'échos internes et caftages très fiables venant de ces boîtes, faut quand même raison garder: les baisses d'abonnements, de vues, de watchtime.... Se chiffrent-elles en millions? Probablement pas: le monde des fans, aussi important et directeur soit-il dans une franchise, reste très minoritaire en termes absolus (ce sont cependant les hyperconsommateurs qui pèsent très lourd dans certains trucs comme les produits dérivés, comme dans tout commerce lié à une passion: 10-20% des consommateurs représentent 50-60% de la demande) dans des trucs comme les abonnements et le temps passé devant l'écran, surtout pour un truc désormais aussi "banalisé" qu'une série ou une franchise dans une chaîne streaming avec des milliers de produits.
  20. Oups. Toujours pas à l'aise avec le changement d'emplacement de la fonction "edit" Je me suis mal exprimé: je ne parle pas des mécanismes à l'oeuvre dans le secteur et ses entreprises. Ca, c'est acquis, et j'en ai parlé abondamment ici. Je parle des résultats à attendre sur le plan des audiences par produit et des retours financiers: est-ce que la vague woke dans la prod américaine va induire des chutes d'audience et des échecs commerciaux de même ampleur (relativement aux tailles des deux secteurs, bien sûr) que dans les comics? Perso, j'espère un peu, parce que rien d'autre ne pourrait induire une reprise en main satisfaisante de la production narrative dans "l'usine à rêves". Déjà plusieurs franchises ont subi des effets néfastes (Star Trek, Star Wars, Terminator, Doctor Who, avec James Bond et le Seigneur des Anneaux dans le futur proche, plus potentiellement Indiana Jones), et ça ne semble pas avoir dissuadé de grand-chose. De telles franchises sont des actifs industriels, avec un capital de popularité dur à bâtir, et rapide à perdre. Et elles ont été mal gérées, récemment. Ca ne se remplace pas sur commande. Si Marvel commence à boire la tasse sur trop de produits, surtout dans une période post Thanos (qui, pour beaucoup, a "conclu" ce qui faisait l'attrait, la tension fondamentale de l'univers Marvel), ce pourrait être un signal fort.
  21. Yup, c'est à peu près ça la prod: quelques produits de luxe (on parle budget, pas qualité) financées sans compter, et un océan de merdes faites à la va vite et sur lesquelles tout le poids des économies repose (sur chaque produit individuellement, parce que l'ensemble représente une masse de fric énorme), et où les personnels, devant comme derrière la caméra, sont payés au lance pierre quand ces fonctions ne sont tout simplement pas outsourcées à l'étranger (les complexes de production en Europe de l'est sont en plein boom, et ça tourne aussi de plus en plus en Amérique du sud, en Inde et dans le sud est asiatique...) où les contraintes légales et conditions financières sont autrement plus avantageuses. Un des premiers secteurs de prod à avoir vu cette évolution, avec le câble/satellite puis dès le début du streaming, fut le plus cheap: les sitcoms. Tous ceux qui travaillent dedans peuvent dire à quel point le salaire moyen y a baissé en 20 ans, à mesure que le nombre de séries produites augmentait: c'est un truc beaucoup plus rapide à faire, où tout le monde est sur un siège éjectable tout le temps, et où on peut non seulement adapter pour pas cher un concept à une audience particulière (pas nécessairement immense), mais en plus le faire évoluer plus facilement "en temps réel" au fil des retours sur épisodes. C'était pas un cas particulier: c'était le modèle qui allait se généraliser. Et plus on peut faire baisser les coûts de prod sur ceci ou cela (c'est en partie dépendant d'évolutions techniques et des compétences et conditions disponibles dans des endroits moins chers), plus ce sera le cas: voir même les cas de Star Wars et De Marvel. Les changements techniques permettent de tourner du format série visuellement qualitative pour nettement moins cher qu'il y a encore 2-3 ans, ce qui ouvre beaucoup de possibilités pour un afflux de produits dans le "Favreau-verse" à venir (débats sur les dommages à la marque SW mis à part). Côté Avengers, le massif virage woke s'accompagne d'une explosion du nombre de produits streaming en format plus sériel, avec insistance sur un tas de personnages qui ne sont woke/divers que, en bonne partie, pour masquer le fait qu'on prend des acteurs beaucoup moins chers que les désormais iconiques classiques têtes d'affiches (désormais hors de prix: Downey jr, Hemsworth.... Sont les acteurs les plus payés au monde), et souvent des persos avec des aventures visuellement moins ambitieuses. On prend aussi des réalisateurs de plus en plus pour leur "identité" (et la promo qui va avec, ce qui vient ironiquement de se retourner contre Marvel en Chine pour le film Eternals), sachant que de toute façon, ils pèsent peu dans ce qui est devenu une machine à la mécanique formulaïque très huilée où les décisions narratives sont prises au sommet (Kevin Feige) et articulées par des comités permanents au-dessus du réalisateur, avec aussi les éléments spécifiques (scènes d'action, scènes CGI....) décidés et tournés hors de l'orbite du même réalisateur. C'est plus vraiment un studio: c'est une usine fordiste. Nonobstant le fait (oui, j'ai casé un "nonobstant") qu'ils suivent le modèle narratif qui a foiré dans les comics, il y a avant tout un calcul économique qui soit pense que l'audience est con et suivra massivement n'importe quoi estampillé Marvel, soit escompte qu'il y aura une audience suffisante et démographiquement "adaptée" (les noirs regardent des persos noirs, et pareil pour les femmes, LGBT....) pour chacun de ces produits, en tout cas suffisante pour couvrir l'investissement dans chacun. Pour le reste, la nature même du streaming et des changements de modes de conso, de même que la concurrence d'autres produits (jeux vidéos, maintenant le premier secteur de l'audiovisuel, mais aussi le streaming "alternatif" genre youtube/twitch: vlogs, streamers de jeux vidéos....), rendent les formats traditionnels et leurs distinctions essentiellement invalides, ou peu importants: n'importe quel "film", blockbuster ou non, peut devenir demain le pilote d'une future série, ou le premier d'une série de "films" sans limitation du nombre de suites qui peuvent aussi être vues comme autant d'épisodes, ou encore le point d'entrée dans un univers fictif qui aura d'autres persos avec chacun leurs films, plus quelques films/miniséries qui rassemblent ces persos, ou qui en voient certains s'entrecroiser.... Des trucs nouveaux, ou qui existaient à un niveau plus embryonnaire quand la dichotomie ciné/télé était plus contraignante, et les moyens de diffusion beaucoup plus chers à l'accès (techniquement, financièrement, légalement/administrativement, et aussi pratiquement, du point de vue d'une audience au processus de décision d'achat/vision jadis plus lourd, limitant la capacité d'attention), et donc limitants. Donc films, miniséries, séries, téléfilms, spin offs, suites, prequels, reboots.... Ce sont des catégories désormais infiniment moins adaptées, et beaucoup trop distinctes, pour établir la nomenclature de ce qui va se faire.
  22. La phase de concentration des grands studios/diffuseurs à l'ère du streaming a commencé: Amazon va acheter la MGM (pour environs 9 milliards), un des grands noms historiques d'Hollywood (avec notamment James Bond dans le larfeuille.... Avant que le prochain opus ne le démolisse à la sauce woke). On a aussi Viacom/CBS, qui, après des années de mauvaises gestion et de démolition de ses grosses franchises (iconiquement Star Trek), est maintenant probablement en piste pour un rachat hostile par Comcast (NBC Universal). Mais la bombe du moment, c'est AT&T (très lourdement endetté) qui a surpris tout le monde en se débarrassant (le mot n'est pas utilisé, mais c'est de facto ça) de sa branche média, Warner/HBO, ou tout au moins de son contrôle direct dessus, qui sera essentiellement repris par Discovery Inc (un vaste ensemble média de 10 milliards de CA -très moyen pour le secteur-, dont l'emblème est la Discovery Channel) pour créer un ensemble peut-être capable de sortir de sa catégorie pour pouvoir rivaliser avec Disney, si pas encore Netflix. Pour l'instant, AT&T affirme garder le contrôle de l'ensemble ainsi créé à 71%: vu leur besoin de liquidités, c'est pas forcément sûr, mais ce qui l'est, c'est que le Goliath Warner Media (30 milliards de CA) va passer sous le contrôle exécutif du David Discovery (10 milliards), avec un jeu de massacre à venir dans la structure exécutive de la Warner (ironie, Jason Killar, le "hatchet man"/cost killer de AT&T, qui a présidé Warner depuis 1 an au grand dam de la coterie hollywoodienne à la tête du studio proprement dit.... A été viré dans ce nouveau changement). Les poids lourds de l'ère du streaming à ce jour sont Netflix, avec Disney assez loin derrière, puis Amazon et Apple (en termes d'investissement, et d'abonnés théoriquement atteignables: les résultats d'audience réelle et de souscription active sont impossibles à évaluer à ce jour). Tout le reste est vraiment loin, loin derrière. Et il semble de plus en plus confirmé que le client lambda ne souscrira pas à plus de 2, peut-être grand maximum 3 services, à la fois (et pour l'instant, Netflix est l'un des deux, dans l'immense majorité des cas, et de façon chaque jour moins déboulonnable). 2 semble être appelé à devenir la norme, surtout si, comme tout le monde l'attend, le prix moyen de l'abonnement est prévu à la hausse (forte) dans les années à venir, tant pour couvrir les dettes immenses que ces services ont déjà encourus pour se mettre en lice (infrastructure TRES chère à la base, et l'extension du service au niveau mondial: technique, juridique, marketing), que pour couvrir l'explosion des investissements dans la production, domestique et internationale: Netflix a prévu un budget prod annuel de plus de 20 milliards, Disney commence à s'aligner, et Apple comme Amazon claquent comme si demain n'existait pas. La série à venir du Seigneur des Anneaux d'Amazon a un coût initial annoncé de plus de 460 millions (de dollars, pas d'anciens francs), et est déjà clamée comme un monument de wokisme "inclusif" avec casting multi ethnique (ironique, vu le but de l'oeuvre de Tolkien), féminisme triomphant, un matériau de base (le Silmarillon) mutilé. Et ce alors même que l'audience d'Amazon Prime est encore très incertaine (moins ils publient, plus ça veut dire que peu regardent: malgré le nombre d'abonnés à Amazon Prime, pas tant que ça activent le service streaming, et encore moins suivent ce qu'il produit): Bezos, comme Apple, a tout le fric du monde à claquer, et a donc moins de problèmes de dettes, mais le fait est que comme Netflix (lourde dette, mais énorme audience et CA), ils donnent le ton du secteur avec cette déferlante de fric.
  23. Insécurité massive masquée par des scénaris glorifiants/validants avec tous les artifices narratifs possibles, souvent au-delà de l'extrême contradiction et de l'absurde, si et seulement si on prend 1 à 2 secondes de recul pour réfléchir.... Et parfois même pas ça, tant l'écriture est souvent grossière. Parce que c'est la seule chose qui permet de vendre cet archétype ciblant le public voulu: l'armure narrative, et l'univers entier d'une série ou d'un film (personnages, réalité, lois de la physique....) qui est tordu systématiquement dans un sens ET dans un autre à chaque seconde pour fournir la justification nécessaire au personnage en toute circonstance, et s'arranger pour la voir triompher malgré des décisions débiles, un comportement immature et égoïste, de clairs manques de capacités.... Une narration plus ou moins subtilement "deus ex machina", dans les petites et les grandes choses, compense à chaque seconde les impérities, contradictions, conneries, saloperies.... Du personnage mis en valeur. Yup, c'est le but.... Et c'est aussi le profil de la majorité des scénaristes de ces trucs. C'est l'acheteur principal qu'on veut avoir, donc faut la flatter comme telle. Dans les années 60 à 80-90 (avec un peu de revival dans les années 2000, pendant le moment jingoiste post invasion de l'Irak), l'archétype américain pour l'étranger était un type prétentieux et grossier, se comportant partout comme chez lui, en maître de maison où qu'il soit, et ce personnage type était le "ugly American". Aujourd'hui, les mêmes tropes et codes sont repris pour ce ou ces archétypes féminins: le "ugly American" actuel est une femme..... Surtout blanche, mais pas que. A ceci près que la qualité d'écriture et la subtilité des codes narratifs a beaucoup, beaucoup baissé, en partie à cause de l'incitation aux grosses ficelles induites par des productions souvent plus influencées par les départements marketing qu'avant, en partie à cause de claires baisses de standards dans les universités US (idéologisation massive et monoculturelle, baisse effective de standards d'exigence...), en partie à cause de l'infantilisation généralisée dans les dernières générations (la mienne, Gen X, incluse, même si j'ose croire, à un moindre degré), en partie à cause de l'hallucinante massification de la production audiovisuelle des 20 dernières années (avec le big bang du streaming depuis quelques années) qui a accéléré les cycles de prod et favorisé à la fois le recrutement massif à vil prix de gens pas/peu qualifiés, la promotion à l'idéologie (connivence/copinage excluant, pouvoir de nuisance....) et le suremploi de la main d'oeuvre déjà existante, le tout dans des équipes de travail instables et pressurées d'en haut tout en étant censurées d'en bas (réseaux sociaux) et par leurs pairs (ambiance de dénonciation permanente pour non conformisme). Je me demande beaucoup si ce qui est arrivé aux comics américains depuis 10 ans n'est pas en train d'arriver, en plus grand, à l'audiovisuel: contamination par wokesters (chasse aux sorcières, copinage, "failure upwards"...), pressions marketing, directions sans comptes à rendre, monoculture, dégradation des relations avec l'audience existante.... Aujourd'hui, les ventes sont quasi inexistantes: les mangas ont pris toute la place et se portent très bien (pour ceux qui pensent que la concurrence d'internet a chassé la lecture), notamment parce qu'ils ne s'embarrassent pas de la "révolution culturelle" woke, tant et si bien que maintenant, les auteurs de comics US, et les boîtes de prod et diffusion culturelle US, essaient de pressurer les compagnies japonaises pour qu'elles se conforment aux codes culturels en vigueur (forcée) aux USA: ça va jusqu'à censurer certains mangas (Amazon, Ebay, divers sites spécialisés mangas....) ou menacer de le faire pour s'arroger le contrôle éditorial, notamment dans les adaptations anime (Netflix, Sony, Amazon, Apple... Essaient de le faire, et réussissent parfois). Il y a une vraie guerre sur les codes culturels et la liberté narrative, qui a atteint un degré réellement inquiétant, et repose sur l'alliance de fait entre des métiers créatifs contrôlés/écrasés par ces gardes rouges fanatisés d'un côté (le goupillon), et des multinationales contrôlant les financements, choix éditoriaux, choix de projets et moyens de diffusion (le sabre) de l'autre: l'essentiel se passe en coulisse, avec peu de commentateurs de grande audience, mais l'effet est réel et sur nos écrans et dans nos pages. Les comics US ont été torpillés en tant que secteur économique par cette évolution (et d'autres trucs), avec le succès et la prospérité du modèle japonais en contre exemple (moins jouissif pour la majorité des mangakas en revanche, mais les petites mains des comics US ne vivent pas mieux, et en fait souvent moins bien), malgré un marché domestique nettement plus petit. Et les mêmes mécanismes sont à l'oeuvre maintenant dans la production audiovisuelle, d'une toute autre importance économique: révoltes de fans/consommateurs, hostilité ouverte des "créatifs" à l'encontre des fans et de la moindre objection ou critique, aussi mineure soit-elle, captation interne des processus de production par des coteries idéologisées....
  24. A se demander dans quelle mesure c'est de la militance intentionnelle ou pleinement "subconscientisée", ou le reflet de scénaristes/productrices qui ont un goût de chiottes en matière d'hommes dans leur vie sentimentale (si bien qu'elles n'ont croisé que des mecs comme ça parce que ce sont les seuls qui les branchent)... Ce qui en dit plus sur elles que sur les mecs, au final. Mais la prévalence de cette caractérisation systématique est réellement la "zeitgeist" du monde de la production audiovisuelle; y'a même pas photo. Bon ou mauvais film, ou série, c'est là-dedans qu'on va encore baigner pour un bon moment. Il est douteux qu'on voit de bons personnages masculins (en tout cas hétéros, et, encore plus, blancs) à la fois "positifs" (y'a encore des chances d'avoir de bons vilains/psychopathes) et qui puissent trancher dans le décor, avant longtemps. Assez marrant à voir, anthropologiquement parlant. Assez marrant aussi est de voir le ou les archétypes audiovisuels féminins (tous genres et formats confondus) ainsi promus: ils forment un portrait assez peu sympathique (je m'attache ici à la production US/nord américaine, surtout) d'un être qui ne "fonctionne" pas réellement, voulant se faire trop parangon et, dans le même temps, auto-indulgent à des cascades de traits aussi contradictoires que franchement asociaux, sous des dehors superficiellement flatteurs/attachants au nom du "tout pour la consommatrice CSP+ nord américaine (surtout blanche, mais pas que). Une vidéo intéressante sur l'une des dernières séries-coqueluches exemplifiant la chose à particulièrement gros traits, par un youtubeur plutot fin dans l'analyse (il a une 2ème vidéo sur la même série, notamment son histoire douteuse aux Golden Globes, qui a aidé à faire exploser le scandale autout de l'institution, qui a fait arrêter la remise de ces prix pour au moins un an):
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