Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Tancrède

Members
  • Compteur de contenus

    18 697
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Jours gagnés

    166

Tout ce qui a été posté par Tancrède

  1. La nation ne peut avoir de date de naissance, puisque c'est un processus continu (elle est aujourd'hui encore en train de naître, comme toujours). L'Etat, au sens juridique pur, a deux dates possibles et toutes deux vraies: 496 et 843. On peut même dire qu'au regard du droit canon et du droit romain, 496 est la vraie date de naissance puisqu'il correspond à la reconnaissance par les 2 autorités: l'Eglise et l'Empire Romain (Constantinople). Le titre ainsi reconnu, avec sa légitimité, son alliance à l'Eglise, son rôle, ses lois.... est celui qui sera transmis au fil des dynasties (même si Philippe Auguste change son nom).
  2. La partie I/ C/ 3. est particulièrement indicative: - mentionner les infrastructures portuaires nécessaires et leur coût relève d'une intention d'accroître la perception d'un prix trop élevé. Hors de toute circonstance, cela relèverait d'une question de bonne gestion; mais dans un rapport parlementaire sur un tel dossier dans l'environnement actuel, cela relève d'une intention précise. - ce passage est assez savoureux: "Le coût paraît d’autant plus élevé que le Charles-de-Gaulle est opérationnel en moyenne environ 65 % à 75 % du temps, son entretien mobilisant les 25 % qui restent. Pour assurer la permanence à la mer du groupe aéronaval, il s’agit donc d’acheter, pour au moins 3 milliards d’euros, une unité alors que la marine nationale n’aurait mathématiquement besoin que de combler ces 25 % à 35 % qui manquent…" Besoin de commentaires? - le fait, dans le contexte actuel, de faire surgir l'idée d'un budget "réel" de 3,5 milliards et de souligner le coût de possession sur toute la durée de vie du PA2, n'est pas innocent (au Parlement, même une virgule n'est jamais innocente; même ce qui n'est pas écrit est l'enjeu de négos). - "c) Un processus irréversible ?" Celui-là est grandiose - le I/ C/ 4. est pas mal dans le genre: la partie b) souligne sans le dire que le PA a encore une utilité mais que celle-ci est devenue très relative. C'est sans doute le passage le plus partial, reflet d'un courant d'opinion et non d'une analyse. "Il n’en reste pas moins vrai que dans un rayon d’action limité à une frange littorale d’une profondeur raisonnable, la Marine peut opérer en parfaite autonomie en combinant des appareils armés pour le combat et d’autres pour le ravitaillement. Dans ce cadre-là, le porte-avions reste très précieux.": remarquez le grand art de cette formulation. Cela revient à dire sans le dire qu'un PA est très utile..... dans des circonstances tellement spécifiques que la portée du propos et la pertinence du projet sont plus que limités. Je peux imaginer quelles discussions sans fin ont décidé de cette formulation sybilline et diplomatique. - la partie II est assez forte dans le genre Pour beaucoup, les propos peuvent sembler modérés, voire objectifs et factuels; je peux vous assurer qu'en langage parlementaire, il n'en est rien et chaque phrase a une portée et une résonnance. Elle correspond à des recommandations d'orientation préalables à la mission (sans doute de l'Elysée et/ou de certains groupes Parlement) et à des négociations pendant la mission entre les différentes parties prenantes (groupes d'opinions sur la question au sein des groupes parlementaires, pressions extérieures venant le plus souvent de l'exécutif, et entreprises -je rappelle aussi que Dassaut père et fils siègent au Parlement). RIEN n'est neutre ou objectif au Parlement: ce qu'on choisit de mentionner, de développer, d'oublier, de minimiser.... Tout a un but précis. Dites-vous que chaque argument pour ou contre le PA2 (y compris ceux qui ne sont pas dans le rapport) peut aussi bien être résumé en un nombre équivalent de lignes, généralement une ou deux comme les aiment les parlementaires (expérience perso). Le fait d'en développer ou minimiser certains est hautement politique. Je prends l'exemple déjà cité du I/ C/ 4: la partie b) (Le ravitaillement en vol a relativisé l’intérêt des porte-avions) est complètement absurde. En effet, 1 page entière sur ça!!! On peut le résumer à un petit paragraphe, chose essentielle dans un rapport où la place compte. En faire une sous-partie indépendante est sans objet est exagéré; je constate d'ailleurs que le c) qui vient après a été établi par des rédacteurs différents (vraissemblablement plus favorables au PA2). Aaaaaaaaah, ça me manque ces chinoiseries.
  3. C'est du langage parlementaire; faut apprendre à le lire.
  4. Ce qu'on voit surtout dans ce rapport, c'est la partialité sous couvert de langage parlementaire. Le rapport est clairement contre l'idée du PA2.
  5. Je ne parle pas d'un roi en particulier, mais de ceux qui ont poussé à la centralisation et à l'idée d'un royaume ressemblant à un Etat-Nation. Philippe Auguste est bien sûr dans le top de la liste, avec ce petit quelque chose en plus qui s'inscrit dans la pure tradition française de l'Etat indépendant: la lutte contre la tutelle de Rome. Ceci dit, il n'est pas le premier à avoir eu le sens de l'Etat. Mais on peut aussi ajouter son grand papounet, Louis VI dit le gros: c'est lui qui a développé le symbolisme du roi de France afin d'en faire une entité immortelle ("le roi est mort vive le roi" et tout le tremblement) et amorcé la première vraie centralisation administrative via l'action de Suger, même si son action n'a pas atteint la dimension de celle de son petit fils. Mais Philippe Auguste n'est qu'un des noms dans le haut de la liste, auquel il faut ajouter: Saint Louis, Philippe IV dit le Bel (à mon sens l'un des plus grands), Charles V, Charles VII, Louis XI, François Ier, Henri IV, Louis XIII-Richelieu et Louis XIV-Colbert. S'il y a un Etat français, c'est par ces gars là qu'il est arrivé. Je ne dis pas que le territoire est sans importance, mais qu'au regard de la notion et du concept d'Etat SOUS LA MONARCHIE (nuance capitale), il n'est pas aussi important que le principe du souverain qui est le coeur de l'Etat. Ceci dit, les provinces ne sont pas toutes égales: l'île de France (à cause du Palais de la Cité, de St Denis et du fait qu'il s'agit du patrimoine personnelle des Capétiens), Reims (devinez pourquoi Charles VII en avait autant besoin) et Orléans avaient une importance particulière. De même, après le don du roi René, le Dauphiné acquiert une importance éminente pour la couronne. La Normandie devient un enjeu après sa commise par Philippe Auguste, de même que l'Anjou et le Maine. On négocie plus facilement les provinces frontalières. Après la guerre de Cent Ans, l'Acquitaine, mais aussi la Navarre (avec les Bourbons) deviennent des territoires particuliers. Mais d'une manière générale, c'est avec les Bourbons qu'on commence à rendre le territoire inaliénable: on ne négocie plus un territoire contre un autre; les colonies aident à cela, mais d'une manière générale, c'est Richelieu qui établit l'idée d'un territoire continu avec des frontières défendables comme axe majeur de la politique du pays (l'idée des "frontières naturelles"). Je le répète, l'Etat monarchique s'identifie moins à une terre qu'à un principe centré autour d'une personne. N'oubliez pas que l'idée de nationalité est assez inconnue à l'homme du Moyen-Age: on a conscience de son "pays" (c'est-à-dire sa province) et de son roi. La "nation" n'est à l'origine que l'idée de province (au sens culturel, coutumier, diocésain et linguistique) quand celle-ci est divisée entre plusieurs domaines féodaux: les "nations" à la Sorbonne (équivalent des fraternités sur les campus US, des nations sur les campus suédois ou des collèges sur les campus britanniques) sont les nations picarde, gasconne, provençale, champenoise, grecque (byzantine), anglaise, galloise, bretonne, flamande.... Pas de Bayard à l'école????!!!! Et Marignan, alors?
  6. Moi??!!! Prof!!!! Non mais dis donc! C'est pas parce que je me dois de respecter le nom du maréchal Suchet que je peux me laisser insulter! Mes témoins attendront les vôtres demain sur le pré à l'heure qui vous conviendra: considérez que le gant est jeté! Non mais =( ;).
  7. Le fait n'est pas là; il ne faut pas oublier que la stratégie, c'est ce qui se passe bien avant la bataille. La bataille, ce n'est que de la tactique au niveau des chefs de corps au maximum. En l'occurrence, la surprise n'était pas possible comme à Austerlitz, parce que l'objectif était connu: l'anéantissement de la force adverse. Napoléon exécute néanmoins un beau mouvement en traversant le Rhin pour rendre la bataille jouable et tourner les fortifications autrichiennes. Ce mouvement est vraiment brillant dans le sens où, à son habitude, Napoléon a séparé les armées autrichiennes pour se jeter sur elles individuellement; en l'occurrence, il est toujours admirable de le voir prendre sa décision en un éclair pour attaquer l'archiduc sans attendre que celui-ci reçoive ses renforts. Une bataille est toujours un coup de dés, et celui-là est un des grands (pas le plus grand, certes, certes et re-certes); c'est le mouvement qui est beau. On juge cela facilement, mais regardez l'Histoire: il est TRES rare qu'un chef/général/chef d'Etat (Napoléon a l'avantage d'être tout cela à la fois: il est tous les échelons décision/stratégie/grande tactique/tactique/exécution) prenne ses décisions aussi vite. Et je ne sais pas si vous arrivez à imaginer la somme de décisions et le risque encouru qui se jouent en un éclair. Après, ça se joue à l'usure en attendant le coup, la brêche, la faille qui se révèle en face; ca, c'est 99% de toutes les batailles. Il n'y a pas de vraie supériorité numérique française; les effectifs engagés effectivement n'ont pas reflété un tel déséquilibre (même s'il est vrai que leur seule présence influait sur les calculs de l'archiduc). Entre les dispositifs de terrain et les réserves, on ne change pas un dispositif tactique ainsi; les Autrichiens sont en défense, par ailleurs, ce qui est le plus souvent garant de moindres pertes (sauf si le défenseur craque et doit subir, sur certaines divisions ou l'ensemble de l'armée, une poursuite où l'essentiel des pertes se fait). Et avant tout, le terrain décide, qui ne permet pas d'étendre la ligne pour un débordement. L'objectif stratégique de Napoléon est, au final, atteint, d'abord à Wagram, puis à Znaim quelques jours après: l'armée autrichienne comme force combattante, n'existe plus pour un bout de temps (pas énorme, mais qui se chiffre en années), laissant la route de Vienne (encore) ouverte. La paix est inévitable, et se fait en octobre à Schönbrunn 3 mois après l'armistice, et d'autant plus que la victoire de Bernadotte en décembre sur les Anglais à Walcheren (un désastre parmi d'autres qu'ils oublient toujours, et qui leur coûte une fortune, crée un krach à la City et tape dans leurs troupes de première ligne). Wagram est une grande victoire et une victoire décisive, mais elle n'a rien de brillant dans son exécution (une bataille l'est rarement): la campagne est efficace, brillante même par certains aspects. Et le mouvement qui décide l'engagement est vraiment brillant (je suis prêt à le défendre pied à pied). C'est d'ailleurs pour cela que Wagram (au-delà de la propagande impériale) est toujours vue comme une manoeuvre exceptionnelle. Après, y'a toutes les conneries qui se font toujours sur le champ de bataille (en fait, le gagnant est souvent celui dont les conneries ont le moins de conséquences plus que celui qui en fait le plus; ce n'est certainement pas celui qui n'en fait pas ou peu car celui-ci n'existe qu'à l'école de guerre ;)). Le tir fratricide sur les Saxons fut une erreur cruelle, et le bordel qu'elle entraîna au milieu du dispositif a été un facteur majeur dans l'impossibilité de l'anéantissement (le tempo a été perdu, la brêche potentielle non exploitée). Il faut aussi noter le fait que la Grande Armée de 1809 est une armée en fin de campagne, qui plus est qui sort d'un tempo opérationnel soutenu de plusieurs années: l'armée n'a pas pu se remettre totalement des 3ème et 4ème coalitions et de la guerre en Espagne. Mais surtout, elle a fait une campagne rapide, épuisante et sanglante en 1809 contre un ennemi sur son terrain. La proportion de conscrits y est très élevée, le nombre et la qualité des chevaux en baisse et les rangs y ont été bien percés (avec remplissage de conscrits et de transferts qui amoindrissent toujours la cohésion); qui plus est, les conscrits ont peu de temps pour s'entraîner entre 1805 et 1809 et doivent le faire en route le plus souvent. Le déséquilibre est beaucoup plus sensible dans certains corps que dans d'autres. Mais on notera aussi qu'elle est faite de contingents très inégaux (l'armée d'Italie est moins équipée, moins entraînée, moins motivée, par exemple, mais les contingents de la Confédération du Rhin aussi); on pourra signaler aussi le débat sur l'inflation de la Garde (création de la Jeune Garde) qui draine beaucoup d'éléments de qualité. Même si le but est d'en faire des unités de formations de sous-offs, en 1809, la ventilation ne se fait pas encore bien (elle sera bonne en 1810). Bref, cette armée, mais en fait surtout son infanterie, n'est plus aussi mobile, aussi décisive, et aussi agile au niveau tactique que celle des campagnes de 1805 à 1807. Elle est l'aboutissement d'une usure importante qui limite les capacités de créer et d'exploiter une brêche, d'emporter un dispositif défensif du premier coup et de s'engouffrer sans temps d'arrêt dans et derrière lui.... C'est peut-être aussi cela qui vous déçoit par rapport à Austerlitz. L'outil n'est plus aussi affuté et rapide, et en conséquence, la victoire est moins éclatante. Une infanterie qualitativement moins supérieure a contraint Napoléon (qui savait jauger de ses forces) à se reposer plus sur l'artillerie et la cavalerie. mais la cavalerie ne crée pas la brêche, et l'artillerie oblige à un dispositif tactique de lignes massives centrées sur des batteries puissantes. La colonne de MacDonald en est la conséquence obligatoire et sans recours: il faut percer au plus vite. Sinon, c'est la bataille d'attrition. Faut voir que l'armée qui sort du Camp de Boulogne en 1805 est unique dans toute la période napoléonienne: elle est sans comparaison dans toute la période (et sans doute dans une bonne portion de l'histoire de l'occident). Elle réunit toutes les conditions idéales à une armée: - un Etat-Major ultra-compétent et jeune - des généraux et officiers issus du rang, jeunes et respectés quand ils ne sont pas aimés - des troupes qui sortent de plus de 10 ans de guerre quasi-permanentes (mais avec encore de la réserve de population jeune mais pas trop) et donc à la fois aguerries et écrémées (le darwinisme de la guerre est sans appel) - un moral en béton, l'élan révolutionnaire battant à plein - plus de 3 ans de paix et d'entraînement intensif (individuel et surtout en formations et en grandes manoeuvres; aucune armée européenne n'approchait un tel rythme d'entraînement) - une bonne organisation, de bons appros, un bon matos - des spécialités excellentes: cavalerie, artillerie et Génie Et par-dessus le marché, elle se permet d'avoir un chef incomparable qui concentre à lui seul la décision politique (stratégie), la gestion de la campagne (grande tactique) et le commandement opérationnel (tactique). En 1809, le petit tondu voit où en est son outil, et les 2 ans qui séparent la paix de Schönbrunn de la campagne de Russie lui permettent de remettre sur pied l'armée française qui atteint de nouveau une qualité approchant celle de 1805. S'il ne l'avait pas envoyée en Russie.... =(
  8. j'ajoute que cette fiction et cette volonté partagées sont aussi le résultat de la simple nécessité: on est plus forts ensemble qu'isolés. C'est sur la conjonction de la nécessité, de la relative proximité culturelle et d'une dimension mystique que la volonté peut s'exercer. L'Union Européenne n'a pour l'instant que l'argument de la nécessité. De même, sur le sujet de l'immigration, ce sont là encore la fiction partagée et la volonté qui jouent: un immigrant a le devoir de s'acculturer, de faire sien les usages, les codes et la culture français. Parce qu'en devenant français, il acquiert aussi des ancêtres gaulois. C'est la part de fiction nationale à laquelle il adhère afin d'aider à continuer d'écrire le roman qu'est la France. S'il refuse ces ancêtres là, le ressort se casse et le clash arrivera tôt ou tard. Personne ici n'est vraissemblablement capable de savoir où et qui étaient ses ancêtres au Xème siècle; donc la question de la lignée génétique est d'une connerie monumentale. La question de la race aussi: quand on pense que Pouchkine, blanc de blanc, avait un grand père noir, le fameux général russe pupille de Pierre Ier appelé Gannibal, on voit que ces questions sont triviales au possible. Donc la question des ancêtres, de la région, des racines.... est avant tout morale, intellectuelle et affective. Je citerai pour cela encore un écrivain nationaliste, Barrès, sur "la terre et les morts" qui indiquent à chacun une continuité et une façon d'agir en n'oubliant pas son passé. Je suis absolument incapable de savoir qui étaient mes ancêtres français avant le XVIIIème siècle et je m'en contrefous dans les grandes largeurs. J'ai du Poitevin, du Vendéen, du Charentais (ou Aunis et Saintonge), du Parisien, un peu d'Italien, un doigt d'Allemand, un poil d'Irlandais, pas mal de Suédois ,et une bonne portion de Norvégien dans mon ascendance. Je suis Français par naissance et par choix; mes ancêtres s'appellent Bayard, Vercingétorix, Godefroy de Bouillon, Napoléon, Philippe Auguste, Clovis, d'Artagnan, César, Du Guesclin, La Hire, Jeanne d'Arc, Philippe Le Bel, Buridan, Richelieu, Abélard, Robert le Fort, Guillaume le Conquérant, Charles Martel, Charles de Gaulle, Baudoin de Jérusalem, Turenne, Gaston Phébus, Guillaume d'Acquitaine, René d'Anjou, Clemenceau, Nominoë, Voltaire, Richelieu, Henri IV, Pierre Mendès-France, Blanche de Castille et le soldat inconnu (et quelques autres). Je peux aussi y mettre Gilles de Rais, Charles le Mauvais, Landru, Marat, les rois maudits ou fainéants, Fouquet, Ravaillac, Robespierre, St Just, Marie de Médicis, Pétain.... Après tout, tout n'est pas rose. Ou encore le capitaine Fracasse, Edmond Dantès, Cyrano, Gargantua, Renard, Lancelot, la Princesse de Clèves, Candide, Gavroche, Jacquou le croquant, Mélusine, Merlin, Isis (très vénérée à Paris bien avant le Christ), les neuf preux, Arsène Lupin, Toutatis ou le chevalier d'Amadis. Ca a la classe non comme parenté?
  9. De Charles Martel à Louis le Pieux (enfin la première moitié de son règne), la stabilité a été maintenue; les pressions centrifuges existaient et ont été contenues. Ca fait mine de rien 2 bons siècles. De même, De Philippe Auguste à la fin du règne de Philippe Le Bel, le principe a été plus qu'affirmé envers et contre tout. Je peux aussi aligner les périodes allant de Charles VII à la fin du règne de François Ier, de Louis XIV à la Révolution, de 1870 à 1940. Il y a un mouvement de balancier entre les 2 pôles, le centralisme et les "identités"; mais pendant ces périodes de centralisme/Jacobinisme, les pressions "féodales"/Girondines/décentralisatrices existaient aussi, potentiellement aussi violentes (et parfois violentes: ces périodes sont rarement des périodes de paix). Seulement le pouvoir savait les gérer, leur céder quelque chose (ou reconnaître la légitimité de certaines demandes), les désamorcer ou les combattre. La stabilité était un ajustement constant fait par diplomatie, concertation, négociation, législation, autorité et/ou coercition, sans remettre en cause sa légitimité et son principe, bref, sa volonté. Donc non; chacune de ces périodes indique que l'équilibre peut être trouvé pourvu que l'Etat ne renonce pas à son principe: il est la France et entend le rester. Quand c'est sur ce principe qu'il cède (et non sur des aménagements, répartitions de bénefs....), c'est là que la guerre civile pointe, qui est l'antithèse de l'Etat. Parce qu'il faut toujours garder à l'esprit que la France est en grande partie une fiction qui n'existe que par une volonté permanente, et, dans les moments où celle-ci s'affaiblit, un atavisme dans la population et certaines part de l'élite, qui a jusqu'ici toujours cherché à la rétablir. C'est l'avantage d'être une fiction et une volonté partagée.
  10. On n'est pas dans la gentille glorification du melting pot, là. On va pas entrer dans ce débat: les migrations sont autant une chance qu'un risque pour le pays. Rien de nouveau. A ceci près que toute migration dans l'histoire de France a une condition de réussite, et une seule en fait depuis les Francs: l'acculturation. Ca ne veut pas dire renier d'où l'on vient, mais cela suppose un immense effort de la part des arrivants dont le devoir est de s'approprier la culture, les us et les coutumes de la terre d'accueil. Hors, on assiste à une déculturation au profit des "tribus", le plus souvent autour des identités d'origine. Et la culture française, tronc commun nécessaire, n'est plus apprise pour imposer ce qui unit avant ce qui divise. Le devoir de l'Etat, et son action depuis l'origine, a toujours été d'unifier, de combattre les conséquences de la trop grande diversité de l'espace français. C'est toute l'histoire du centralisme (puis du jacobinisme), des débuts de la monarchie à nos jours. Chaque fois que les identités/communautés ont été trop fortes (je ne nie pas leur légitimité à exister mais le moment à partir duquel elles se mettent à penser en termes de pouvoir et à placer leur droit/bien particulier au-dessus du droit/bien commun), la division au mieux, la guerre civile au pire, en a résulté. Je ne nie pas les abus du centralisme non plus: il s'agit d'un équilibre très délicat et impossible à trouver durablement. Chaque génération doit se démerder avec un équilibre instable. Mais le plus souvent, les mouvements de centralisme ont toujours été en réaction à des abus inverses, qu'il s'agisse de la féodalité en conflit avec les notions de suzerain/souverain (avec comme réaction les grandes heures des Capétiens: Philippe Auguste, Philippe Le Bel), de la féodalité comme désir d'indépendance ou concurrence (et là on a les Valois: Charles V, Charles VII, Louis XI, François Ier; mais aussi des mouvements), des religions (et arrivent Henri III, Henri IV et Louis XIII; mais avant et après cela, on trouve la lutte éternelle entre temporel et spirituel, ultramontains et Gallicans....), de retours de la féodalité (avec son chant du Cygne, la Fronde, et Louis XIV en face), des oppositions juridiques ou de professions (la Fronde Parlementaire, Etienne Marcel).... On y trouve aussi les indépendantismes locaux, les querelles linguistiques, les esprits de clocher.... Toutes ces identités ont une légitimité, mais comme toute logique, elles cherchent à s'affirmer et finissent par dépasser la limite; le plus souvent parce que des hommes les instrumentalisent par ambition, opportunisme, prétention.... Je crois en fait qu'on ne trouvera pas de meilleure définition de la France en tant que nation depuis l'origine: la France est une volonté, c'est à dire une idée exprimée en termes d'action (et non un simple désir). Cette volonté est née avec Clovis, même si elle a été amorcée avant par la résistance à l'invasion romaine (le "big bang" qui a contraint les tribus gauloises à commencer à se penser comme un ensemble) et influencée par la Gaule romaine. Les grandes migrations, d'où la domination des Francs (par assimilation et non séparation entre une caste de dominants et un peuple) a émergé avec adjonction de l'Eglise comme renfort du principe unifiant, ont créé l'Etat et un premier espace où les grandes logiques de l'Histoire de France sont nées. C'est de l'Etat qu'a procédé la France, et l'Etat est né en France avec Clovis. Que la définition du royaume des Francs soit débattue comme origine de la France et de l'Allemagne, c'est plus que légitime et pertinent. Mais entre les Etats mérovingiens, carolingiens et capétiens, il y a une continuité (hors l'épisode impérial de Charlemagne et Louis le Pieux) complète et une permanence dans l'aspiration. Clovis, Clothaire II, Dagobert Ier, Charles Martel, Pépin de Herstal ou Pépin le Bref n'ont pas fait autre chose que ce que les Capétiens ont fait: unifier le royaume. @barbaros Citons, de manière étonnamment contradictoire, un auteur d'extrême-droite légitimiste (mais qui était tout sauf un con), Jacques Bainville: "la France, c'est beaucoup mieux qu'une race: c'est une nation". Qui l'a mieux dit? ;) Et sur tes ancêtres anatoliens, rappelons que le nom de Gaulois leur est lié puisque "Galate", d'où dérive "Gaulois", vient de l'appellation romaine des Celtes d'Anatolie. De là au Galatasaray... :lol:
  11. Grave? Non. Mais c'est triste. Allez, fais bisou et rends ton passeport, méchant faux Gaulois! =( ;)
  12. Pour expliquer l'indisponibilité, il ne faut pas oublier les taux de rotation de 4 mois pour les OPEX, ce qui multiplie par 3 l'effectif nécessaire pour une projection à l'année.
  13. @PhP Je mets la langue latine et ses évolutions sous le terme "culture". Mais faut quand même garder à l'esprit qu'une grande majorité de la population vivait dans des villages et, au cours de leur vie, voyaient rarement plus que le village voisin quand celui-ci n'était pas trop loin. De plus, les variantes entre les évolutions de la langue latine sont trop grandes pour qu'on puisse parler d'un patrimoine commun. Certes, certaines variantes pouvaient, à l'usage, se comprendre quand elles étaient assez proches. Mais entre le Gallo et le Picard, entre le Provençal et le Charentais, le Béarnais et le Savoyard, par exemple, il y avait peu de chances que cela ressemble à un patrimoine commun. Un Catalan avait plus de chances de comprendre l'Occitan qu'un Gascon n'en aurait jamais. Villers-Coterêt et l'alphabêtisation en français par la République n'auraient pas été de tels chocs culturels sans cela (et pas qu'en Bretagne, en Flandres, en Alsace, en Catalogne ou au Pays Basque): Frédéric Mistral aurait-il eu un tel succès sans cela?
  14. RRRRRRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH! C'est mon sujet! Merci de l'avoir sorti! J'en hurle et j'me tape la tête partout! >:( :lol: (d'abord @bouguiboulga: t'as pas plus péremptoire? ;)) Il y a beaucoup plus de facteurs qui font une nation que la culture commune (qui est une construction très lente, s'étalant sur des siècles), le sentiment d'appartenance (pour lequel il faut des facteurs positifs -genre le roi- et négatifs -la différenciation entre "nous" et "eux", une situation d'adversité comme la menace ou l'invasion...) ou un espace juridique. Le fait est que la France n'a pas de date de naissance, simplement parce qu'elle en a trop. Est-ce: - la constitution de la Ligue unissant des tribus germaniques, celtes (y'en avait) et mixtes sous l'appellation de "Francs" (mot issu du Haut germanique "Frekkr", voulant dire "hardi")? - L'ascension d'un chef unique des Francs Saliens (là on est dans les mythes de Pharamon ou Clodion)? - La considération de l'ensemble des territoires indépendants qui la composent sous l'appellation de "Gaule" par les Romains? - Le foedus accordé aux Francs Saliens par Julien l'Apostat? - Le baptême de Clovis? - la reconnaissance de Robert le Fort, au sein de l'ensemble carolingien, comme "Duc des Francs"? - le partage de Verdun? - L'élection d'Hugues Capet (pour reprendre un titre déjà existant)? - Le changement de dénomination de "Rex Francorum" à "Rex Franciae" par Philippe Auguste? - La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen? Tous ces événements ont une légitimité à prétendre être un acte de naissance. On sait qu'en France, c'est l'Etat qui a créé la nation, dans une lente et répétitive construction faite à coups de lois et à coups d'épée. Les Romains, par manipulation politique, ont inventé un espace global entre Pyénées et Rhin qu'ils ont appelé Gaule (ou plutôt Gaules); Caesar avait politiquement besoin de dire qu'il y avait un gros ennemi (même s'il était déjà bien plus petit que Rome) plutôt que de dire qu'il s'agissait de centaines de tribus toutes indépendantes. Cette définition est évidemment arbitraire, mais elle est devenue un fait par la guerre: la Gaule était devenue un espace par un sort partagé et des réactions assez similaires (même les Héduens ont combattu, à un moment). L'entité Gallo-Romaine qui est sortie de ce processus a connu une certaine mesure d'unification via la romanisation (commerce, économie, culture, langue...), renforcée par quelques épisodes marquants (la révolte de "l'empire des Gaules", Julien l'apostat....). La religion chrétienne a ensuite joué son rôle, lentement puis rapidement à partir de l'arrivée des Francs et de leur pacte avec l'Eglise. Les Francs ne sont pas arrivés brutalement; après quelques siècles de luttes frontalières, ils se sont établis comme fédérés dans la province de Belgique Seconde, aussi appelée Toxandrie (couvrant des morceaux des Ardennes, de la Champagne et de la rive ouest du Rhin). Les Francs adoptent une approche différente des autres peuples des grandes migrations: ils s'assimilent rapidement et s'acculturent en grande partie. Les élites gallo-romaines adoptent de même nombre de coutumes des nouveaux arrivants en se fondant avec les élites franques (notamment les noms). C'est de cette matrice gallo-romaine et de l'arrivée des Francs que sont nées les grandes problématiques qui articulent l'histoire de France: recherche constante de l'affirmation d'un pouvoir central contre les grandes féodalités physiques (grandes provinces, potentats locaux) et immatérielles (Eglise principalement, mais aussi certaines branches de métiers imposant leurs conditions dans certains endroits sur certains points: corporation des Nautes, juridictions coutumières....), centralisation, établissement d'une continuité du pouvoir central dans son autorité, mise en commun des ressources (contre les résistances régionales).... Si l'on part du point de vue du droit, le partage de Verdun n'est pas le seul: le titre de "roi des Francs" naît avant même Clovis. Clovis tenait plus à ses titres romains ("homme excellent", "Dux Bellorum", "magister militiae"....) qu'à un titre qui n'avait de valeur que tribale. C'est le baptême de 496 et l'onction de St Rémi (et par là l'alliance avec l'Eglise) qui lui donne la primauté et une force de légitimité sans précédent. Dès lors, le fondement juridique créant l'entité géopolitique et juridique qui est déjà la France sur beaucoup d'aspects. Verdun ne fait que conserver le titre de Roi des Francs au maître de la zone appelée désormais "Francia occidentalis" (on peut aussi le traduire par "partie occidentale du domaine des Francs"). Si Verdun définit quelque chose, ce ne sont pas des frontières ou des prétentions frontalières. Là ou Verdun a une légitimité, c'est dans la séparation des entités. La façon la plus conciliante de le voir est que France et Allemagne sont nées d'une entité initiale unique: le royaume des Francs. mais les tensions et logiques qui articulent la France sont nées avec Clovis. celles qui articulent l'Allemagne sont nées après Verdun, avec l'établissement des Othoniens et la création du St Empire Romain Germanique au Xème siècle. Et c'est en France qu'à tout instant est resté le titre de "roi des Francs". L'aventure carolingienne (et encore, à partir de Charlemagne; Pépin de Herstal, Charles Martel et Pépin le Bref s'inscrivent dans la continuité royale française) est à cet égard, dans l'histoire de France, une exception qui s'insrit plus dans la persistance du mythe romain dans certaines grandes monarchies d'Europe et l'Eglise. Ce que nous entendons, nous aujourd'hui, par "France", n'est qu'une interprétation temporaire appelée à changer encore et toujours; c'est pourquoi je me focalise plus sur l'entité juridique, géopolitique, politique et, dans une certaine mesure, culturelle, sociale et économique. En bref l'Etat proprement dit. Il y a toujours plusieurs possibilités pour cette acception, mais aucune ne peut remonter avant Clovis (sauf peut-être dans l'imaginaire royal purement mérovingien et le mythe des origines troyennes). Les frontières jouent un rôle plus faible, mais il est à noter que l'espace théorique revendiqué tourne toujours autour de la géographie des Gaules. Je signale qu'au Nord, les Flandres sont restées françaises jusqu'au XVème siècle. Mais globalement, la correpsondance entre l'Etat et les frontières n'existe pas avant le XIXème siècle: le principe monarchique n'a rien à voir avec cela et s'en torche même pas mal. La monarchie est un Etat sacral; pas culturel, ni géographique. Considérer Villers-Coterêt est une erreur car Villers-Coterêt n'est qu'un outil, un moyen, une commodité au sein de la politique d'un Etat sacral où la langue compte peu au regard du principe royal de droit divin. Il faudrait quand même penser à mesurer l'impact sur une société uniformément chrétienne (et chrétienne d'une toute autre façon qu'au XXIème siècle) de l'onction divine; même les Protestants ne l'ont jamais remise en cause en France. L'onction des rois de France à Reims était la plus sacrée de la chrétienté, la plus miraculeuse. Pour parler concret, c'est ce qui a fait des Capétiens, seulement élus une entité un cran au-dessus des autres. C'est ce qui a fait qu'après son sacre, Charles VII, vu jusqu'ici comme bâtard, comme le petit "roi de Bourges", pas plus riche ou plus puissant qu'avant la campagne de la Loire, était reconnu par tous comme roi de France devant le petit Henry VI. Les Anglais savaient qu'ils l'avaient dans l'os à partir de ce moment, même s'ils pouvaient encore gagner militairement. Le sacre, c'était tout; c'était le principe de l'Etat; c'était le suffrage universel et la constitution à la fois. Le sentiment d'appartenance est une construction lente: et le sentiment d'appartenance de qui? De tous? La population compte peu à partir des guerres de succession mérovingiennes. Des hommes libres? De l'aristocratie? Il faudrait faire une histoire de "la franchise", c'est à dire de la façon dont les sociétés répartissent les "voix" qui comptent: la démocratie, fait récent, done cette franchise au plus grand nombre (c'est le suffrage). Les Francs la donnaient aux hommes libres jusqu'à la fin des Carolingiens et aux premiers Capétiens, sans que ce soit non plus un droit de vote contraignant. La société s'aristocratise et se ferme nettement sous les carolingiens, et carrément à partir des XIème-XIIème siècles. La franchise n'appartien plus qu'à l'élite nobilaire, et dans une certaine mesure, à certaines entités (Eglise, etats provinciaux, juridictions coutumières, corps de métiers). Le "sentiment d'appartenance" a plusieurs dates de naissance détachées de l'Etat parce que c'est une logique en grande partie territoriale, culturelle, économique et sociale: il y en a une clairement gallo-romaine, peut-être une gauloise pré-romaine (réaction à l'invasion), une sous les mérovingiens, une avec Charles Martel, une, plus puissante avec Charlemagne, une avec Philippe Auguste, plusieurs avec les Croisades et une très puissante avec la Guerre de Cent Ans. On la retrouve avec la fin des Guerres de Religions qui s'achève sous Louis XIV. La Révolution est de loin la plus marquante, la plus définitive. Enfin, il y a une dimension qu'on on oublie trop souvent alors qu'on parle de patriotisme, ou de sentiment d'appartenance, ou encore de conscience qu'il y a un pays, une entité au sein de laquelle on se trouve. C'est la mystique, la mythologie, la "nation affective". Tolkien aimait à dire que sans cette part mythique, les Etats n'étaient que des coquilles vides. Je suis plus que d'accord. Le fait est que Vercingétorix, César, le baptême de Clovis, Charles Martel, Charlemagne, St Louis (il a fallu du temps aux Capétiens pour avoir leur mythe), l'Oriflamme, Jeanne d'Arc, le Roi-Soleil, la Révolution, la Déclaration des Droits, le couicage de Louis XVI, les soldats de l'An II et Valmy, Napoléon, la Marne, Verdun, le 18 juin..... Tout cela fait partie d'une dimension mythique incontournable. Il y en a d'autres et certains sont de la pure mythologie ou sont une déformation sans nom des faits; mais c'est là que réside la puissance d'un mythe. C'est Marc Bloch qui a dit que celui qui ne sentait pas sa nuque se hérisser à l'évocation du baptême de Clovis ET de la fête de la Fédération ne pouvait vraiment se dire français (moi, rien que de l'écrire, ça me le fait encore).
  15. Les Anglais particulièrement essaient toujours de se rassurer avec tous les clichés habituels pour éviter de se rendre compte que seule la Manche les a sauvé, comme souvent, et pour se voir comme "invaincu".
  16. Exact; c'étaient principalement des cavaliers. Mea culpa, j'aurais du mieux m'exprimer: je voulais dire qu'ils étaient fondés sur le même principe que les janissaires, à savoir des troupes d'esclaves formées dès l'enfance après l'arrachage au milieu familial. Comme les janissaires, ils ont évolué politiquement comme toute caste, au point de prendre eux-mêmes le pouvoir dans leur coin (les janissaires eurent une évolution analogue à celles la Garde Prétorienne ou des Sterets russes, régissant les intrigues de Palais jusqu'au moment où l'autorité finit par les éliminer). Tiens, un oubli; un prof à Sciences Po me disait que l'armée turque professionnelle (pas la partie conscrite) aujourd'hui avait un système de recrutement interne amenant ses enfantsdans des écoles militaires dès la petite enfance; le système serait particulièrement notable chez les officiers et dans les armes "techniques" (armée de l'air et marine). Quelqu'un en a entendu parler?
  17. Il est à noter que le système instauré par Lycurgue qui, pour bien en démontrer la nécessité fit raser les murailles de Sparte, correspond à un système social, économique et culturel bien particulier où seuls les hommes libres appartiennent à l'armée de la Cité proprement dite; qui plus est, il y a encore des distinctions entre les hommes libres puisque seuls ceux capables de payer leur équipement de hoplite peuvent prendre place dans la phalange. De plus, avant même la question de l'équipement, l'entraînement en caserne est payant et constitue déjà un premier filtre. C'est d'ailleurs la progression constante du coût de l'entraînement qui a réduit l'armée spartiate au fil du temps et empêché Sparte d'accéder à une vraie position d'"hegemon" sur la Grèce. De même, la tolérance de plus en plus grande aux commodités que s'octroyaient les fils de l'aristocratie en caserne (couvertures, bonne nourriture, vêtements confortables....) a progressivement érodé la solidarité des rangs et la méritocratie du commandement; on oublie de signaler que la victoire thébaine de Leuctres (où seul le bataillon sacré pouvait se comparer aux troupes spartiates en qualité) n'aurait sans doute pas été possible si le système spartiate avait encore été à son apogée. La discipline était encore parfaite, ainsi que la forme physique, mais le commandement issu du rang avait disparu. Quelques sujets que je développerai plus tard: Dans l'empire romain tardif, les difficultés croissantes du recrutement ont amené, entre autres mesures, une imposition de l'hérédité de l'obligation de service armé: les enfants de soldats étaient dès lors mis à l'entraînement le plus tôt possible. Pour les provinces les plus centrales, l'éloignement de la menace, la répugnance à plus de 20 ans de service.... ont amené des vagues de désertion et de mutilation volontaires, notamment l'auto-amputation du pouce (pollex troncatus, qui par contraction a donné poltron en français). L'automatisation du recrutement des peuples vivant dans les provinces frontières a impliqué, avec le déclin démographique en occident, l'accueil organisé de peuples migrants comme colons-soldats. En Turquie, les janissaires étaient des enfants chrétiens enlevés à leur famille très tôt pour recevoir l'éducation qui faisait d'eux des troupes d'élite. Le système commença quand les Turcs, peuple cavalier d'origine, affermirent un empire désormais sédentaire: ils n'avaient pas d'infanterie et durent donc créer ce système où le recrutement d'enfants-esclaves islamisés et endoctrinés permettait de donner à une infanterie faite de levées massives et de basse qualité un coeur solide de troupes d'assaut. Les mamelouks d'Egypte ne furent pas autre chose. Les tribus germaniques et gauloises (effet sur chevalerie) avaient une structure aristocratique où les hommes libres, et particulièrement la noblesse, s'entraînait quasiment uniquement à la guerre par mépris pour le travail, activité réservée aux femmes et aux esclaves. Bien sûr, les hommes libres moins riches (donc la majorité) étaient contraints au travail. Cette structure est plus caricaturale dans les zones de montagne, les zones marécageuses et les forêts, c'est-à-dire les zones peu propices à l'agriculture où les tribus gardaient une structure plus aristocratiques et féodale et des pratiques plus fréquentes de raids et pillages, ainsi que de mobilité-nomadisme du peuple dans son entier(ouest de la France hors Bretagne, Est et Nord, Normandie, Belgique, zone Rhénane, Forêt Noire, Helvétie, Bavière, Nord de l'Allemagne et Danemark). Partout où l'agriculture était possible, les tribus gauloises et germaniques devenaient sédentaires et l'aristocratie y était tempérée (même si incontournable) par des institutions. Le travail y était chose normale et la cavalerie n'était plus dominante (le Centre et le Sud de la Gaule fournirent aux Romains leur meilleure infanterie, mais les peuples plus guerriers et cavaliers au nord et à l'est de la Seine, de Belgique et de la zone rhénane leur amenèrent une cavalerie prodigieuse). Cette culture des raids et de l'économie de guerre donnait une éducation entièrement tournée vers le combat, le pillage, le raid; bref, elle formait des guerriers (non des soldats) qui n'avaient pour ainsi dire aucune autre activité et devaient avant l'adolescence tuer leur premier homme au combat. Elle subsista plus longtemps dans les régions reculées de Scandinavie: les raids des vikings des IXème-XIème siècles sont le chant du cygne de cette culture. Les institutions comme le Holmgang y étaient le mode de règlement interne des conflits entre hommes libres et aristocrates. Il est à noter qu'une autre éducation notable, celle des chevaliers, est une évolution direct de ce système qui s'est de plus en plus refermé sur l'aristocratie au point, à partir des XIIème-XIIIème siècles, de se confondre totalement avec elle. Les grandes migrations des Vème-VIème siècles les ont réintroduit dans l'Europe romanisée, particulièrement dans les Gaules où les Francs se sont vite implantés en s'acculturant et s'assimilant beaucoup plus qu'ailleurs, ce qui permit leur durabilité et leur succès. La tradition de l'éducation combattante des hommes libres s'y rétablit donc et dura à grande échelle jusqu'aux XIIème siècle où elle amorça son déclin. On trouve des règlements carolingiens précisant son importance pour la levée de l'Host (système alors à son apogée d'efficacité). On notera aussi le scoutisme comme résurgence de la nécessité d'éducation militaire de la jeunesse. Si le combat proprement dit n'y est pas vraiment enseigné, tout le point du système tourne autour d'une vie typiquement militaire: vie en commun, discipline, cohésion du groupe, endurance, acivité physique intense, vie au grand air "à la dure"....
  18. Relis un de mes posts plus haut (référence: Samedi Février 02, 2008, 00:01:07); il s'agit des Compagnies de Gendarmes d'ordonnance. @PhP Rien de tel (en plus j'écris comme ça vient); j'aime le sujet (entre autres), j'ai pas mal lu, j'ai réfléchi et il m'arrive de m'emmerder. En conséquence, parfois j'écris de très longs posts.
  19. Tancrède

    "The American Era?"

    @rochambeau J'ai donné l'impression d'en avoir contre les historiens anglais? Désolé si c'est le cas. J'ai plutôt tendance à taper sur les nôtres d'habitude, et encore, plus sur leurs omissions sectorielles (notamment les facteurs militaires dont ils ont perdu la connaissance depuis l'avènement et la décadence de l'école des Annales). Il est vrai que je tape sur des LIVRES d'histoire anglais, spécifiquement sur la période napoléonienne où, en Angleterre, 95% de ce qui sort n'est pas écrit par des historiens mais par des glandus jingoistes en quête de gloriole et tout pleins de certitudes imbéciles (ça s'appelle la "Waterloo industry"). Claude Ribbe n'est PAS un historien; c'est un polémiste, un lobbyiste avec un agenda assez sectaire. Donc, mauvaise impression, ou bien je me suis mal fait comprendre. En revanche, je ne blâme pas l'historiographie anglo-saxonne encore une fois, je souligne que l'histoire romaine a fait d'énormes progrès depuis Edward Gibbons et son Histoire de la décadence et de la Chute de l'Empire Romain qui date quand même du XVIIIème siècle! La science historique, la documentation et les connaissances archéologiques ont fait d'immenses progrès depuis. On est revenu sur TOUS les postulats de Gibbons qui, cependant, restent ancrés dans les imaginaires collectifs grâce aux manuels d'histoire du XIXème siècel qui, s'ils étaient généralement assez faux et pleins de préjugés et de clichés, étaient infiniment mieux écrits et plus inspirants parce que plus lyriques (bref, plus vendeurs). Le cinéma hollywoodien et tous ces péplums nous ont incrustés ces images dans le crâne. Avouons nous le: quand on pense "Empire romain", avant même de réfléchir, on a des images de soldats en jupettes (ce qui est faux), d'empereurs fous et sadiques, d'aristos décadents se vomissant dessus au cours d'orgies dantesques aux couleurs saturées et se foutant totalement de l'empire (ce qui est on ne peut plus faux). On a aussi l'image de cette même aristocratie composée d'enfoirés efféminés, maquillés et corrompus ne pensant qu'à s'envoyer en l'air, torturer et comploter. Ca vous limite les capacités de raisonner sans à priori. Donc, rien contre aucun vrai historien, mais le vieux Gibbons, dont l'oeuvre a été utile en son temps parce qu'elle a été le premier vrai travail historique moderne sur la question (avec les connaissances de l'époque mais aussi ses préjugés et plus encore son besoin d'inventer un fil conducteur expliquant la chute finale de Rome et créant cette légende fausse d'une longue et inévitable décadence). Comme toute oeuvre scientifique, les historiens qui ont suivi ont bâti leurs recherches en confirmant ou infirmant ses postulats; en l'occurrence, il a été invalidé en entier (ou presque). Mais son fil directeur demeure encore fermement ancré dans les esprits.
  20. Tancrède

    [Blindé] AMX-10RCR.

    Ou, je sais pas moi.... tiens une hypothèse: si on avait une base dans les EAU, ça permettrait de faire des trucs en Iran, non? ;)
  21. Tancrède

    "The American Era?"

    @e11 Une crise économique continue depuis Caligula? Ca voudrait dire que l'essentiel de l'histoire de l'empire s'est faite en crise économique constante? :O Je sais pas d'où ça sort mais c'est plus que largement faux. Il n'y a pas de "causes profondes"; sortez de ce mythe créé par un Anglais avec ses visions de race qui s'amollit, de saturnisme omniprésent du aux canalisations, de guerres civiles sur fond d'orgies répugnantes (ou l'inverse). L'historiographie des 60 dernières années est très éclairante sur ce point: il n'y a pas eu de décadence. L'Empire, comme toutes les sociétés antiques, avait toujours vécu avec un haut niveau de corruption (vous croyez que c'était mieux sous la République ou les premiers Césars?); la corruption était un mode de pouvoir. Pour les invasions: les premières remontent à avant l'Empire si on le voit ainsi; mais pendant toute son histoire l'Empire romain a bataillé sur ses frontières, les a étendues, puis maintenues (avec parfois des reculs, puis des reconquêtes). Les guerre avec les tribus germaniques datent de l'époque de Marius! Soit 100 av JC quand ils repoussent Cimbres et Teutons. Marc Aurèle précisément a passé toute sa vie au front, le plus souvent dans l'actuelle Autriche. Jusqu'à Andrinople l'Empire ne se porte pas plus mal qu'avant (hors la transition démographique à l'ouest et la décroissance démographique) et a plutôt plus d'argent et d'infrastructures que jamais. Les cycles de guerres civiles sont toujours arrivés dans l'Empire, autour des successions ou des souverains controversés (voir les Julio-Claudiens, la fin des Antonins, le règne d'Eliogabale, la sécession de "l'Empire des Gaules" au IIème siècle....). Ce qu'Andrinople a changé, c'est le massacre de l'armée professionnelle de manoeuvre (Comitatenses) au cours d'une succession de hasards dantesque. Le problème, c'est que cette armée était arrivée à un tel niveau de spécialisation et de qualité qu'elle n'était pas remplaçable avant des années alors qu'il y avait des besoins urgents. C'est la barbarisation de l'armée (recrutement de mercenaires étrangers, non plus individuellement mais par contingents entiers, sous la direction de leurs rois/chefs) qui a amorcé la fin politique de l'Empire d'occident (qui, au cas où vous l'ignoreriez, fut en 476, un non-événement absolu, parce que l'Empire continuait à Constantinople; ce que les croisés français ont mis à bas en 1204, c'est l'Empire romain; ça le fait hein? Qui peut en dire autant? On a niqué l'empire romain... 8)). Les "barbares" ont chamboulé les luttes de pouvoir en entrant ainsi dans le jeu politique; la force est devenu un ressort plus fréquent, ils avaient des aspirations différentes (ils voulaient être dans l'empire, mais refusaient de plus en plus de se romaniser). @looping le fait est connu que sous Clinton, les Ricains cherchaient encore une ligne politique, mais il y avait beaucoup d'impérialisme, en fait un impérialisme plus de notre temps: consentir d'énormes prêts à des pays qui ne pourront jamais les rembourser en échange de leur attitude "buy american" et d'un contrôle accru sur leur politique. Non, ils ont bien fait de l'impérialisme. Sans compter les réseaux de renseignement (échelon en tête), les marchés imposés (la Corée n'achète que des avions US par exemple...) ou truqués... C'est moins glamour que les images d'Epinal de la conquête coloniale, mais c'est le nouvel impérialisme: les Chinois font la même chose en Afrique et en Amérique du Sud, nous on le faisait en Afrique.... C'est fini l'impérialisme à la papa; on ne conquiert pas les pays mais leur marché; on ne contrôle pas leur gouvernement mais ses décisions sur ce qui nous intéresse; on ne leur impose pas notre culture, on remplit leurs médias....
  22. La différence, c'est qu'à l'ouest, même ceux qui ne sont pas au pouvoir ont des chances de pouvoir se défendre. Malgré qu'on en aie, il y a un minimum de règles dont on ne peut s'affranchir (et crois-moi, y'en a qu'on essayé). Maintenant, si tu as cru un jour que la démocratie, ça voulait dire se respecter, c'est que 1/t'as rien lu dessus et 2/t'as déjà vu ce que c'est qu'un être humain? Lire Montesquieu est vraiment urgent dans ce cas: toute la nécessité de la séparation des pouvoirs comme condition objective (=réaliste et non théorique) première de la liberté est dedans. Pour le reste, relis les posts que j'ai écrit plus haut, j'en ai marre de me répéter; mais grosso modo, c'est pas comme ça que Poutine va vraiment créer de la puissance. Tout ce qu'il vend aux Russes, c'est l'illusions de la puissance. La seule chose où il est vraiment puissant, c'est dans le chantage aux robinets (pétroliers et gaziers). Côté militaire, la Russie en a encore pour un bon bout de temps avant de récupérer une armée opérationnelle à grande échelle (vous croyez que ça leur immobilise combien d'avions pour combien de temps d'envoyer un flight de 12 bombardiers faire les zozos au-dessus de l'Atlantique Nord? Ou le super méchant croiseur qui vient faire le beau à Toulon?). Pour l'instant, tout ce qu'il a les moyens de faire, à part le chantage au robinet, c'est plastronner (et il le fait, et c'est normal, en attendant mieux); une autre preuve? Les gros croiseurs Kirov remis en état: c'est un non sens militaire et stratégique. ils sont trop vieux (au sens de vieillissement des structures, d'usure, de corrosion, de défaut d'entretien...) et coûtent des efforts titanesques (en temps, en argent et en main-d'oeuvre) à maintenir quelques heures à la mer. Mais ils sont symboliques... Je me demande juste ce que la marine russe n'aura pas pour prix ces outils de pure frime. Mais l'absence d'Etat de droit est néfaste au business; hors ce qui tourne autour de l'énergie, du minier et de l'armement (3 business qui se complaisent dans la saleté), on ne peut pas créer d'activité vraiment sérieuse à un haut niveau, parce qu'il n'y a pas de confiance (et en Ukraine, c'est pire =(). De même, dans le spectre national, il encourage les mouvements nationalistes et ses partisans au-delà du raisonnable (je sais, c'est très russe); de cela, il y a toujours un effet retour parce que ce sont des choses qu'on ne maîtrise pas. Et d'une manière générale, il est toujours de mauvaise politique de désigner une partie de son peuple (outre l'étranger) à la vindicte d'une autre, même si cette dernière est la majorité. C'est encore plus de mauvaise politique quand l'être humain jeune est précisément la denrée dont va cruellement manquer la Russie à l'avenir. D'une manière générale, c'est toujours facile de voir qu'on n'a pas les moyens de la puissance: on gesticule, on prend des attitudes... C'est vrai à tous les niveaux, du rappeur qui croit qu'il a des nanas au chef d'Etat qui se donne des airs, en passant par Chirac ou Arielle Dombasle (qui fait comme si elle était encore faite de viande fraîche). C'est l'inconvénient des foules qu'on encourage; elles en veulent toujours plus, et elles sont si agressives. Tout ça, c'est de la politique de court terme, parce que la fièvre n'a qu'un temps: soit elle retombe, et on voit à quel point on a déliré, soit ça empire (à tous les sens du terme?)........
  23. @yamase Le mouvement nationaliste indhou sponsorisé par les Japonais fut créé et dirigé par Subash Chandra Bose et Rashbehari Bose. Le second, révolutionnaire, s'est exilé au Japon dans les années 10-20 (c'est d'ailleurs lui qui y introduisit le curry). Le premier, un homme très brillant, fut élu président du Congrès indien deux fois; il le quitta après s'être opposé à Gandhi en proposant une insurrection nationale. Il alla voir les Allemands puis les Japonais auprès de qui il trouva du soutien: il créa l'armée nationale indienne qui participa à la bataille d'Imphal. Elle a compté jusqu'à 60 000 soldats dont une bonne part de professionnels sortant de l'armée anglaise faite prisonnière à Singapour et en Malaisie. les Japonais le soutinrent et l'aidèrent au travers du "groupe Fujiwara" (du nom de l'officier le commandant) qui fut par la suite rebaptisé "Hikari", une organisation inflitrée en Malaisie avant l'invasion japonaise, qui compta jusqu'à 2000 membres et recruta et organisa la Ligue pour l'indépendance de l'Inde autour de Rasbehari, puis de Subash Chandra Bose.
  24. Non, quelqu'un qui a fait un deal en Russie, qui s'est documenté et qui a eu quelques descriptions arrosées avec des Russes riant de ces choses avec tout le joyeux pessimisme désillusionné dont les slaves sont capables. Pourquoi vous y allez comme si j'insultais la Russie? J'adore ce pays. Je me fais juste absolument aucune illusion sur la nature humaine, et justement, les Russes intelligents à qui je parle non plus. Il ny a qu'à constater; c'est même pas comme si tout ça était caché. Si je voulais m'avancer sur la critique du régime sans preuve, je parlerais directement des dizaines de journalistes qui crèvent chaque année, par exemple; hors, je n'ai aucun preuve, ni aucun nom. Donc je n'utilise pas cela comme un argument. Si à côté de ça vous croyez que je me fais beaucoup d'illusions sur le fonctionnement démocratique à l'ouest, c'est que vraiment vous lisez mes posts comme des ados boutonneux qui se ferment à tout dès qu'on critique un peu quelque chose qui leur tient à coeur. Je ne critique ni la Russie ni les Russes; en revanche, ça me bourre souverainement qu'on essaie de me vendre le régime russe comme une démocratie. Parce que là, c'est insulter même l'intelligence d'un phacochère soudanais.
  25. Tancrède

    "The American Era?"

    Pourquoi n'y aurait-il pas effondrement brutal des USA? C'est improbable à l'horizon visible, bien sûr; mais regardez l'histoire de l'Empire romain, l'entité historiquement la plus comparable aux USA. L'empire, contrairement à la légende historiographique instillée dans les esprits européens depuis Gibbons, n'a pas eu de lente et irrémédiable décadence. Il est resté grand et puissant jusqu'à la fin du IVème siècle et le désastre inattendu et improbable d'Andrinople (en 378) qui l'a ouvert aux migrations massives des peuples germaniques (et de quelques autres). Et encore, c'est la partie occidentale qui a morflé, à une période où c'est elle qui allait mal, principalement en raison d'un déclin démographique accéléré. L'Empire d'Orient a très vite redressé la barre via Theodose et s'en est bien porté plus de huit siècles supplémentaires, merci pour lui. Mais grosso modo, c'est un événement improbable (toujours les impondérables) qui a précipité la chute de la partie occidentale (après 378 et jusqu'en 476, la déliquescence est évidente, notamment en raison de l'importance des nouveaux peuples fédéeés et fédérés mercenaires qui barbarisent l'armée et créent une instabilité politique par refus d'intégration et d'acculturation, avec en prime l'ambition de quelques chefs qui s'ajoute à celles déjà présentes des grandes familles nobles). L'Amérique a plusieurs dangers internes et externes qui la guettent et peuvent jouer le rôle d'éléments précipitateur: - irrédentisme accru de certains Etats - méfiance à l'égard de l'Etat fédéral - accroissement de l'égoïsme de certains Etats ou groupes d'Etats qui ne se préoccuppent que de leurs besoins, ne se focalisent que sur leurs modèles économiques (ouest et sud-ouest partillement latinisés, regroupés autour de la Californie...). L'individualisme, l'égoïsme, l'autocentrisme... encouragés par la société moderne peut amener les esprits à penser franchement en ces termes. - accroissement des tensions interethniques et/ou sociales autour de groupes: latinos, WASPs, Black supremacists type Farrakhan.... Qui dit que face à une crise économique et donc sociale majeure, la solidarité pourrait exister comme en 1929, époque où le sentiment d'être une nation était, en occident, d'un tout autre calibre? - mouvements terroristes de grande échelle trouvant appui, à l'échelon internationale, dans les populations de plus en plus nombreuses écartées de la mondialisation, y compris au sein des pays industrialisés. - émeutes sociales type Los Angeles,; mais à plus grande échelle - le vieux classique: la guerre de trop. Ou la confrontation avec une puissance majeure; quel effet sur les structures sociales et économiques. - le conflit économique - catastrophes climatiques - de grandes vagues de migrations climatiques; plus de 300 millions de personnes et plus risquent de se déplacer par vagues gigantesques en raison de l'évolution du climat (tout comme les peuples germaniques) et de la pression démographique. Tous ces facteurs peuvent agir séparément ou en combinaisons diverses. On peut y ajouter des châînes de micro-événements (résurgence de formes de sectarismes religieux, sociaux et/ou ethniques sous des formes agressives, attaques informatiques et paralysies de services, scandales particulièrement gratinés....); c'est le timing qui décide tout, c'est lui l'allumette. Tout ce qu'on peut peindre dans un long terme, c'est la toile de fond socio-politico-économique, soit le terrain: dans quelle mesure sera t-il combustible? Quand on l'étudie de près, la Révolution Française représente une telle somme de hasards quasi anecdotiques arrivés dans un laps de temps, dans un ordre et aux moments choisis que c'est à se demander s'il n'y avait pas quelqu'un qui manipulait le hasard (si vous vous penchez notamment sur la période juillet 89-septembre 92, c'est hallucinants: Louis XVI vit une suite d'événements tellement statistiquement impossibles qu'une quelconque divinité a du intervenir en disant "toi mon gars tu vas en prendre plein la gueule quoi qu'il arrive"). Pour revenir aux USA: je leur prédis un destin à l'Italienne en plus grand (morcellement).
×
×
  • Créer...