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Révélation
Le porte-avions « Charles-de-Gaulle » aura un successeur à propulsion nucléaire, annonce Emmanuel Macron
Le président de la République a dévoilé mardi les contours de ce nouveau bâtiment, qui doit être mis en service en 2038 : une fois et demie plus imposant que son prédécesseur, il devrait coûter sept milliards d’euros.
La ministre des armées, Florence Parly, devant une maquette du « Charles-de-Gaulle », en 2018 au Bourget. ERIC PIERMONT / AFP
La France va se doter pour 2038 d’un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire, un navire de 300 mètres déplaçant 75 000 tonnes, une fois et demie plus imposant que l’actuel Charles-de-Gaulle auquel il succédera. Cette annonce, plusieurs fois repoussée depuis l’été pour des raisons liées à l’actualité ou au Covid-19, a été faite mardi 8 décembre par le président Emmanuel Macron lors d’une visite sur le site industriel de Framatome, au Creusot (Saône-et-Loire).
Le moment est toujours choisi, pour parler d’un tel outil militaire. Seule une poignée d’Etats ont opté pour des porte-avions nucléaires avec des catapultes projetant à longue distance des appareils lourdement armés : les Etats-Unis, la France, la Russie, la Chine (les autres ont des porte-avions diesel ou, comme le Royaume-Uni, des porte-aéronefs à décollage vertical).
Lire le récit : « C’était “faites au mieux les gars !” » : le récit de la contamination du « Charles-de-Gaulle »
Ces bateaux sont considérés comme des armes de « projection de puissance ». Le Charles-de-Gaulle a été employé dans cet esprit en 2019-2020, bien visible en Méditerranée orientale, à Singapour, ou en Inde, au nom de l’engagement indo-pacifique de la France. Le chef de l’Etat devait donc réaffirmer le statut de puissance atomique du pays, sa force de dissuasion relevant bien, selon lui, des secteurs nucléaires civil et militaire pris ensemble.
Examen des options futuristes
« Notre question de départ était de concevoir un outil, quel qu’il soit, capable de nous donner une supériorité aérienne dans des espaces contestés par d’autres, avec des portées de milliers de kilomètres autour de lui pour assurer une domination sur un morceau d’océan », a résumé l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la marine, qui a bouclé le dossier de ce « porte-avions de nouvelle génération » avant de quitter son poste à l’été 2020.
Le bateau sera construit à Saint-Nazaire. La marine souhaite procéder aux premiers essais en mer en 2036. Un contrat est donc attendu par les industriels début 2021, au plus tard, pour tenir cet objectif militaire. Il s’agit d’un projet d’environ 7 milliards d’euros. En 2019, 154 millions d’euros d’études préalables avaient été prévus – couvrant la définition des besoins militaires par le ministère et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (avec les entreprises Naval Group, Thalès, MBDA et Dassault) et le design du navire (avec les Chantiers de l’Atlantique et TechnicAtome). Le projet de loi de finances pour 2021 ajoute 442 millions d’euros.
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Pendant deux ans, le ministère a étudié toutes les options futuristes possibles : des îles flottantes, un navire avec plusieurs ponts d’envol superposés, deux bateaux voguant ensemble en se répartissant l’envoi et la réception des aéronefs… « Nous nous sommes demandé s’il y avait d’autres manières de faire que d’employer un porte-avions. Des débats très dépassionnés ont conduit à une conclusion construite, nous confiait l’amiral Prazuck. Car vous ne faites pas la même chose avec un porte-avions qu’avec un groupe de frégates, par exemple. Avec lui, vous être actionnaire majoritaire dans une opération. Vous pouvez éclairer ce qui se passe à 2 000 km, avoir une capacité de commandement, avec une fusion des données d’écoute et d’observation sur un territoire plus grand que la France. »
« Une dépendance assumée à l’égard des Etats-Unis »
La physionomie des avions des années 2040 et la vitesse du bateau nécessaire pour les réceptionner, 27 nœuds, ont été les paramètres d’entrée. Le porte-avions mettra en œuvre des appareils de combat beaucoup plus lourds que les actuels – jusqu’à 35 tonnes, armés, contre 25 pour un Rafale – et ils voleront avec des drones de tous types, comme l’a souligné à plusieurs reprises la ministre des armées Florence Parly. Ils relèvent d’un autre programme considéré par Paris comme crucial pour la souveraineté européenne, le projet franco-allemand du Système de combat aérien du futur (SCAF).
Résultat : le navire aura un profil classique, bien qu’avec de plus fortes capacités d’autodéfense, et les ruptures technologiques viendront de son système d’armes. Il s’intégrera à « la famille du combat collaboratif » du futur, c’est-à-dire entièrement connecté, avec l’aide d’intelligences artificielles. Il mettra en œuvre des armes à énergie dirigée. Le successeur du Charles-de-Gaullecomptera une piste oblique et deux catapultes, de quoi lancer et récupérer en même temps des avions, ce qui n’est pas possible actuellement. Les catapultes seront électromagnétiques et non plus à vapeur. « Une dépendance assumée à l’égard des Etats-Unis, qui en fournissent la technologie », ont indiqué les sénateurs Olivier Cigolotti et Gilbert Roger dans un rapport paru en juin.
De vrais débats ont eu lieu quant à sa propulsion, nucléaire ou classique. Les progrès récents des moteurs diesel électriques ont en effet été importants en matière de puissance et d’autonomie. Les experts du nucléaire ont toutefois fait valoir que le pays risquait une perte de compétences dans ce domaine au début des années 2030, horizon auquel doit s’achever le programme des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de troisième génération.
L’argument l’a emporté au nom de la consolidation de la filière. Cela vaut pour les missiles comme pour les chaufferies des navires – douze réacteurs à uranium faiblement enrichi sont embarqués dans la marine nationale. « Nul hasard à la très forte corrélation entre le statut d’Etat disposant d’armes nucléaires et le recours à la propulsion nucléaire : il existe une cohérence scientifique, technologique et humaine dans l’investissement qui est ainsi fait », analyse Bruno Tertrais, directeur adjoint de la FRS. Le Charles-de-Gaulle sert en outre la dissuasion nucléaire, quand il embarque le missile ASMP-A sur ses Rafale.
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La chaufferie du futur bateau, baptisée K22, « sera 50 % plus puissante » que la K15 du Charles-de-Gaulle dont elle est dérivée, tout en restant « compacte » avec ses deux réacteurs, explique Bernard Gauducheau, directeur des réacteurs de défense chez TechnicAtome. Ce co-traitant s’est, lui, lancé dès 2016 sur le projet avec le CEA. « La chaufferie devra fournir du courant électrique supplémentaire pour les nouvelles catapultes », précise son responsable. « Le cœur sera plus gros, car il est également demandé une autonomie plus importante pour le bateau ; il devra fonctionner avec une capacité opérationnelle supérieure, pendant dix ans avant une opération de rechargement. » Lancé en 2001, le Charles-de-Gaulle a connu deux arrêts techniques majeurs, en 2008 et en 2018.
« Il a fallu s’assurer que l’outil industriel français était capable de répondre à ces besoins », relate M. Gauducheau. Pour réaliser la cuve abritant les futurs réacteurs de 220 mégawatts, Framatome va fabriquer des pièces métallurgiques nettement plus importantes, avec des composants nouveaux.
L’ambition des deux porte-avions
Le retour de mastodontes dans les marines de guerre modernes suscite des débats d’experts. Aux Etats-Unis notamment, où l’USS Gerald-R.-Ford, un navire de 110 000 tonnes à 13 milliards de dollars (10,7 milliards d’euros), est actuellement à l’essai, cette démesure est critiquée. L’Inde serait en train de renoncer à son porte-avions nucléaire au profit d’autres navires.
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La marine française n’a pas abandonné l’idée de posséder deux porte-avions, comme ce fut le cas des années 1960 à la fin des années 1990, avec le Foch et le Clemenceau. « Disposer à terme de deux porte-avions annoncerait le retour à la permanence d’alerte, c’est-à-dire la capacité de disposer en permanence d’un groupe aéronaval en opérations ou prêt à partir dans un délai réduit », a rappelé l’amiral Pierre Vandier, nouveau chef d’état-major de la marine, le 14 octobre devant la commission de la défense de l’Assemblée. Mais, a-t-il précisé, « ce n’est pas un choix à conduire à ce stade du projet. Nous devrons nous poser cette question en 2025, dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire ». Les sénateurs Cigolotti et Roger ont suggéré, déjà, d’accélérer le projet du nouveau navire pour que le Charles-de-Gaulle cohabite quelques années à Toulon avec son successeur. Celui-ci doit naviguer au moins jusqu’en 2080.
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Il y a 15 heures, hadriel a dit :Le CEMA a donné une interview au Monde, y'a des abonnés qui pourraient jeter un coup d'oeil?
RévélationLe général Philippe Lavigne, chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, en juillet 2019. PHILIPPE DESMAZES / AFP
A 55 ans, le général d’armée aérienne Philippe Lavigne est, depuis le mois de juillet, le premier chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace (AAE). Alors que doit se tenir, mardi 24 novembre, le colloque annuel de l’AAE, il détaille comment la France se prépare à un éventuel conflit de « haute intensité » en la matière. C’est à dire un conflit majeur entre Etats mobilisant l’ensemble des moyens militaires.
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Quelles sont les évolutions des conflits en cours qui, vus du ciel et de l’espace, vous obligent à vous adapter ?
Avec la guerre en Syrie, durant ces dix dernières années, le contexte a changé. La Russie se déploie. La Turquie bouge. L’Iran aussi. Nous assistons à une démonstration de force des grandes puissances, à une contestation des espaces aériens, à une diversification des menaces et à une désinhibition dans l’emploi de la force.
Des bombardiers russes à long rayon d’action partent du Grand Nord et descendent le long de nos côtes jusqu’à l’Espagne, ou passent par la mer Noire, et remontent en Méditerranée. L’année 2020 a vu la démonstration de force d’un avion russe qui a effectué plus de vingt-cinq heures de vol en Russie. L’élément marquant est la densification des défenses sol-air et leur combinaison avec l’aviation de combat, ainsi que l’emploi de plus en plus important des drones.
Les mêmes démonstrations ont lieu dans l’espace. Inde, Russie et Chine disposent de la capacité de détruire un satellite depuis le sol. Nous avons observé deux satellites russes se rapprocher très près l’un de l’autre, dans les basses couches de l’atmosphère. Cela démontre leur capacité d’approche et d’écoute de nos satellites. Ces capacités nouvelles sont impressionnantes.
Pour conserver la « liberté d’action » que demandent nos autorités politiques, nous devons donc garder notre supériorité opérationnelle, afin de pouvoir agir militairement au sol ou en mer avec un risque beaucoup plus faible. L’armée de l’air et de l’espace, aujourd’hui, est sur tous les théâtres : en Afrique, au Levant, à l’est en Europe (dont la mer Noire), dans l’Indo-Pacifique.
Comment prendre en compte la menace terroriste des drones sur le territoire national ?
Nous travaillons sur des dispositifs multicouches [du plus bas au plus haut de l’espace aérien] à base de moyens antidrones, mais aussi de missiles de très courte portée, courte portée et moyenne portée, car il s’agit aussi de pouvoir traiter les menaces aériennes plus classiques. Ces moyens sont nécessaires pour protéger nos populations, nos bases et nos forces. L’enjeu est de coordonner tous les moyens de l’Etat.
C’est d’ailleurs un peu le retour d’expérience du raid sur Aramco, en Arabie saoudite, mené avec des drones d’une taille assez importante : il faut les détecter assez rapidement et diffuser l’information à tous les sites que l’on protège, pour qu’ils puissent ensuite orienter leurs radars à courte portée et réagir plus rapidement. C’est ce que nous faisons avec notre centre de commandement des opérations [basé à Lyon], qui fusionne les informations de radars civils et militaires.
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La lutte antidrone doit encore progresser. Nous construisons une feuille de route en vue des JO 2024. Il s’agira de défendre plusieurs sites, qui devront disposer d’un système de commandement et de contrôle, avec de l’intelligence artificielle. L’intérêt commun est aussi de développer le même système antidrone. Des brouilleurs existent, et des tests sont en cours pour disposer de lasers.
Au Sahel, vous évoquez quarante frappes des drones Reaper depuis leur armement en décembre 2019. Est-ce un bon bilan ?
Sous l’autorité du chef d’état-major des armées, qui dirige les opérations, les actions aériennes sont toujours intégrées dans une manœuvre interarmées. Le drone est ainsi un des membres de l’équipe qui contribue au collectif. Il a besoin d’être orienté par un renseignement (d’origine électromagnétique ou humaine), car il observe une surface réduite – c’est comme si vous regardiez depuis le ciel avec une paille, il faut donc savoir où chercher. Une fois que la cible est identifiée et qu’il n’y a pas de risque d’effet collatéral, elle peut-être traitée par un drone Reaper, un avion de chasse ou un hélicoptère d’attaque, moyens complémentaires. Au Sahel, 80 % des effets cinétiques [les éliminations de terroristes] sont le fait de ces moyens aériens.
Un conflit de « haute intensité », cela veut dire quoi pour l’armée de l’air et de l’espace ?
La haute intensité nous impose de disposer d’une aviation de combat d’une certaine qualité, mais aussi en quantité suffisante. Parce que, dans un tel engagement, il y aura de l’attrition.
On assume plus de pertes ?
Oui, bien sûr. Dans les opérations de moyenne ou haute intensité, les pertes sont estimées de 4 % à 8 %. Il faut l’assumer pour gagner et durer dans des opérations majeures semblables à celles de la guerre du Golfe, que l’on prépare avec nos alliés et qui engageraient 1 000 sorties d’avions de chasse par jour. La France, dans une telle coalition, pèserait environ 10 %. Aujourd’hui, l’armée de l’air et de l’espace réalise ce nombre de sorties quotidiennement en intégrant les missions de préparation opérationnelle en France.
Dans les années 2000, la France estimait le besoin à 280 avions de combat polyvalents. On en est loin, et votre armée a subi d’énormes réductions de moyens jusqu’en 2017. Qu’avez-vous réalisé, depuis, sur le chemin de la haute intensité ?
La LPM [loi de programmation militaire] pour 2019-2025 permet la modernisation de nos Rafale. La version F3R nous redonne, avec le missile Meteor, la supériorité aérienne grâce à son allonge, supérieure aux missiles adverses. La nacelle Talios, pour la désignation d’objectif et la reconnaissance, apporte une définition bien meilleure – on voit mieux au sol, et de plus loin. Nous rénovons notre missile de croisière Scalp. Enfin, nous améliorons notre capacité à aller plus loin, qui nécessite de pouvoir ravitailler en vol : le MRTT, cet avion multirôle, apporte la possibilité de projeter vingt Rafale à 20 000 kilomètres en quarante-huit heures.
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La LPM prévoit, à terme, 225 avions de combat. Nous voulons tenir cet objectif, plus encore si le contexte devient aussi dur que nous le décrivons. Pour l’armée de l’air et de l’espace, ce seront 129 en 2025, plus 30 en 2030 et le complément après. Ensuite, il y aura le système de combat aérien du futur, SCAF, réalisé avec nos partenaires allemands et espagnols. Avec mes homologues, nous avons exprimé notre besoin commun dans un document qui sert de référence aux travaux menés par l’équipe internationale chargée du projet.
Etes-vous inquiet de l’engagement allemand, souvent débattu outre-Rhin ?
Je suis positif. Nous devons beaucoup travailler pour parvenir à un système commun. On a connu un échec dans les années 1980 et 1990, quand l’Europe a fait l’Eurofighter et le Rafale, alors qu’on avait l’idée de réaliser un seul avion européen. Maintenant, il faut absolument être capables de le faire ensemble. Ce qui est très important, c’est que les trois chefs d’état-major allemand, français et espagnol se sont mis d’accord, en 2018, puis 2019, sur les besoins opérationnels face aux menaces futures, en matière de supériorité opérationnelle, de capacité à frapper dans la profondeur, de « système de systèmes » permettant de discuter avec l’ensemble des moyens aériens qui seront autour de l’avion – ce seront tous des capteurs, depuis les drones jusqu’aux satellites, au ravitailleur, au système de détection aéroporté, etc. Ce réseau donnera à celui qui est le plus près de l’action l’opportunité de remplir sa mission.
Etes-vous déjà prêts pour un conflit dur ?
Nous sommes prêts, et nous nous entraînons pour faire face à ce type de conflit. Nous consolidons au quotidien nos capacités d’évoluer en coalition avec nos partenaires américains, allemands, britanniques, italiens, espagnols. Au travers des exercices, de nos formations, de la standardisation apportée par l’OTAN, nous pouvons opérer ensemble. Nous sommes aujourd’hui plug and fight [« on se branche et on combat »], capables d’agir ensemble sur les mêmes réseaux de communication, avec les mêmes procédures et les mêmes tactiques, pour disposer de la masse nécessaire. Mais, avec un ennemi potentiel qui, demain sera meilleur, avec des technologies encore plus modernes, il nous faut conserver notre supériorité.
Dites-vous, comme les chefs militaires américains, que la Chine a pris l’avance technologique, notamment sur l’hypersonique, ce qui vole plus vite que mach 5 ?
Nous disposons d’atouts avec nos capacités spatiales, notre précision de frappe, nos moyens de renseignement. Dans le domaine cyber, nous n’avons absolument pas à rougir, au niveau national comme à l’échelle de nos alliés. Notre entraînement est notre force. Grâce à nos années d’engagement opérationnel, nous savons conduire des missions très complexes. Notre maîtrise de la dissuasion nucléaire, avec sa composante aéroportée, nous tire également vers le haut. Concernant l’hypersonique, la France a un retard, mais elle travaille à le rattraper. Le successeur du missile de croisière ASMP-A portera cet enjeu.
Mais les alliés de l’OTAN n’ont pas réussi, en dix ans, à se doter du système de commandement et de contrôle commun de haut niveau ACCS…
Ce système est important, car il permettra aussi bien de planifier des opérations que de les conduire et de protéger nos espaces aériens. Il l’est d’autant plus que nous allons multiplier les capteurs, au sol et en vol, et que nous allons faire de ce « combat collaboratif coordonné » un élément fondateur de notre puissance. Des retards ont été constatés, et nous avons demandé à ThalèsRaytheon d’y remédier. Les derniers tests, en septembre, sont positifs. L’industriel a montré qu’il était capable de réaliser ce système. On a retrouvé la confiance.
Il vous manque encore des pilotes, des mécaniciens, des spécialistes. Les ressources humaines sont-elles toujours un problème ?
Malgré le Covid-19, nous assurons nos missions opérationnelles et 90 % des entraînements prévus. Nous recrutons plus de 3 000 personnes. J’ai besoin du millier d’aviateurs prévu dans la LPM, car je vais accueillir de nouvelles flottes, et l’activité va augmenter. Il me manque aussi des commandos pour renforcer la protection de mes bases, ainsi que des spécialistes pour accompagner la digitalisation des missions. La création de « l’armée de l’air et de l’espace » a toutefois eu un effet d’attraction auprès des jeunes. Le moral est bon. L’aviateur était, ces dernières années, suremployé en raison de la réduction des moyens. Il est aujourd’hui employé, son armée se modernise, et un aviateur est heureux quand il vole et voit voler.
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La disponibilité des avions reste un problème lancinant. Les réformes en cours n’ont pas encore produit d’effets décisifs ?
La dynamique est positive. Les résultats sont là pour le Rafale, pour lequel nous nous sommes donnés, en 2019, trois ans pour avoir 10 % de disponibilité de plus. Nous avons également encore modernisé notre propre chaîne de maintenance. Ainsi, nous avons pu diviser par deux les temps de dépose d’un moteur sur un A400M. Nous montons en puissance sur cet avion de transport stratégique. Il vole, il fait des largages de plus de 17 tonnes directement depuis la France au Mali. Déployé rapidement en Polynésie pour aider nos concitoyens, cet appareil a conduit ses missions durant un mois sans panne.
Voir le portfolio : Paris, vu du ciel à bord d’un A400M en pleine préparation du 14-Juillet
Des progrès sont encore à réaliser sur le C130-H, un appareil qui commence à être ancien. En 2018, nous avons réinternalisé sa maintenance de type industriel au service de l’aéronautique des armées. J’espère de premiers résultats en 2021. Je propose, en outre, un projet européen pour son successeur : un transporteur bimoteur médian (15 tonnes), un dérivé plus petit de l’A400M et de la même famille d’avions, ce qui éviterait des coûts de développement.
L’armée de l’air peut-elle renforcer ses opérations en Indo-Pacifique ?
Le président de la République affirme nos intérêts économiques et stratégiques dans cette région. L’armée de l’air et de l’espace peut assurer la protection des Français, de la ZEE [zone économique exclusive] et de la liberté de navigation aérienne, et secourir nos partenaires. Les nouveaux moyens, Rafale et MRTT, permettent de réduire la distance et de projeter de la puissance. En 2023, je pourrai envoyer une vingtaine de Rafale grâce à dix MRTT à 20 000 kilomètres en quarante-huit heures.
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Nous disposons d’alliés dans cette zone. Nous préparons un exercice, en 2022, en Australie, avec le déploiement de Rafale. Lorsque nous envoyons un A400M durant un mois pour contribuer aux évacuations sanitaires dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, c’est remarqué. Ce vecteur me permet de construire des coopérations dans toute la région, grâce à sa rapidité et à son faible coût en personnel. Enfin, nous constituons des communautés d’usagers : l’Australie et Singapour disposent du MRTT, la Malaisie d’hélicoptères Caracal, l’Inde du Rafale.
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Il y a 4 heures, Gibbs le Cajun a dit :Révélation
Florian Morilhat : « Nos bombes sont très précises, le problème, c’est quand la technologie lâche »
Florian Morilhat, pilote de l’armée de l’air, publie un livre, « Ethique et puissance aérienne », sur l’éthique de son arme, en la soumettant à la critique morale
Florian Morilhat, « Ethique et puissance aérienne », Economica, 108 pages, 24 euros
De la Libye au Haut-Karabakh, du Yémen à la Syrie, des populations vivent sous la menace de frappes aériennes, souvent irrespectueuses du droit de la guerre. Face aux conflits modernes, dans lesquels se mêlent des Etats surarmés et des acteurs « gris », il était opportun d’interroger l’arme aérienne, comme le fait le lieutenant-colonel Florian Morilhat. A 38 ans, cet officier de l’armée de l’air a rejoint l’état-major après des missions opérationnelles en Afghanistan, au Sahel ou dans le Golfe comme pilote d’hélicoptère de l’escadron Pyrénées, basé à Cazaux. Il vient de publier Ethique et puissance aérienne (Economica, 108 pages, 24 euros).
Ce travail, solide, fait appel à la philosophie autant qu’à l’expérience pour s’inscrire en défense d’« une arme focalisée sur la précision, à la recherche d’une parfaite maîtrise de la violence ». Mais l’officier accepte aussi d’en exposer longuement la critique morale, qu’il partage en partie. La distanciation toujours plus grande qu’apporte la technologie des missiles et des aéronefs permet de tuer sans s’exposer. Elle a abouti, notamment dans le cas des frappes de drones de la CIA, à commettre des crimes d’assassinat extrajudiciaire.
Ainsi, la licéité de l’élimination par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani, début 2020 en Irak, « semble hautement contestable » pour l’auteur. En revanche, estime-t-il, « rien dans le droit international humanitaire ne permet de considérer que l’opérateur de drone ne serait pas un combattant » s’il intervient dans le cadre des règles de la guerre, même ce militaire américain frappant au Moyen-Orient depuis sa base aérienne de Creech, au Nevada. Florian Morilhat a répondu en exclusivité aux questions du Monde.
Vous rappelez qu’il n’existe pas de droit particulier à l’arme aérienne, comment l’éthique intervient-elle dans ce cadre ?
Il n’existe pas de droit spécifique à l’arme aérienne, en effet. Sûrement parce que les Etats qui en possèdent l’avance technologique n’ont aucun intérêt à légiférer. C’est particulièrement vrai des Etats-Unis depuis la deuxième guerre mondiale. Mais le droit des conflits armés s’applique bien ! Et dans la conception des Occidentaux, les « règles d’engagement » – tout ce qui guide l’ouverture du feu pour les pilotes – sont, normalement, encore plus restrictives. Dans certaines conditions – pour faire simple, en l’absence de risque pour la population civile –, le droit autorise les bombes incendiaires. Nous, Français, en refusons totalement l’emploi car nous les jugeons contraires à nos valeurs. C’est là où intervient l’éthique.
La France a une vigilance particulière. Des spécialistes du ciblage et des conseillers juridiques sont présents dans toute la chaîne des ordres, en vue d’éliminer la part d’arbitraire ou d’amateurisme qui pourrait survenir dans nos décisions d’ouvrir le feu. Les restrictions sont souvent plus grandes que celles de notre allié américain, même si les Etats-Unis partagent le même socle de valeurs démocratiques. Nous marquons nos différences dans les coalitions. Nous ne frappons pas, même des leaders terroristes, sans faire au préalable sortir les civils du bâtiment où l’on pense les trouver.
D’autres acteurs, ou des Etats voyous, ont des pratiques différentes, non éthiques. Il faut pourtant considérer qu’elles relèvent toujours d’un raisonnement national, d’un système de valeurs, si éloigné du nôtre soit-il. La Russie considère ainsi que l’efficacité militaire prime sur les dommages collatéraux. D’où les barils largués par ses hélicoptères sur Alep, ou les « tapis de bombes » qu’on lui reproche.
Vous dites que l’aviation de guerre s’est d’emblée positionnée comme une arme de terreur, mais quelle conscience en avez-vous eue comme jeune pilote ?
Les jeunes qui s’engagent dans l’armée de l’air n’ont pas en tête la vision des villes martyres de la deuxième guerre mondiale, Dresde, Tokyo ou Hiroshima. A 20 ans, on a d’abord envie de voler, on est insouciant. Pourtant, un de mes cadres, qui avait fait la guerre d’ex-Yougoslavie, était là pour me dire que notre métier, c’était ça : on a des bombes, on les tire sur des gens. J’en ai pris conscience en première année de l’Ecole de l’air. Cette toile de fond s’instille peu à peu dans votre esprit. Chacun réfléchit à ce que cela veut dire.
Au cours de notre formation nous étudions des vidéos des effets produits par les frappes d’avions de chasse et d’hélicoptères. Ce n’est pas du voyeurisme. Il faut comprendre pourquoi dans tel cas on a ouvert le feu, et dans tel autre, non.
Quand je partais en mission de guerre, j’ai souvent ressenti le stress de la préparation, celui d’agir de nuit… Il s’évacue quand on entre dans l’avion et que l’on fait les « check-lists » : il est remplacé par une répétition de gestes. Pendant l’action, on se repose sur le cadre des valeurs qui sous-tend ces automatismes, on évacue la question du bien et du mal. L’opérateur est pris entre le sens politique donné à sa mission, le sentiment d’appartenir à une nation dont le gouvernement défend de hautes valeurs, et ses sentiments personnels qu’il met de côté, ce qui n’est pas toujours facile.
Le risque n’est-il pas la solitude du pilote ?
A la fin, le pilote va assumer tout seul. Mais il s’inscrit dans une chaîne globale. En Afghanistan comme chef de patrouille, j’avais donné l’autorisation d’ouvrir le feu sur l’ennemi s’il se présentait ce jour-là à flanc d’une montagne. Je ne le voyais pas. Nous aurions pu tirer sur nos troupes car elles sont apparues, en avance, dans la zone. J’ai fait confiance au pilote du Tigre qui m’a dit que les silhouettes qu’il apercevait ne marchaient pas de la même façon que ceux que nous combattions. On en parle peu, mais tous les pilotes rapportent ces situations, où ils n’ont pas tiré parce qu’ils ont simplement pensé : « La situation n’est pas normale. » Il faut comprendre que nous sommes préparés minutieusement. Quand on ne se trouve pas dans la situation prévue, dans le doute, on ne tire pas.
Admettez-vous que les drones ne sont pas une simple étape de plus dans la mise à distance de l’ennemi car ils apportent un changement radical des perceptions ?
Les drones ont beaucoup de qualités, je suis convaincu notamment que pour analyser une situation au sol, on est meilleur en étant au calme dans une station sur une base aérienne que dans un cockpit en vol. Mais la permanence des drones en l’air fait peser une menace. Elle est traumatisante au plan psychologique, autant que la couverture satellite de la Terre qui placera bientôt tout le monde sous observation en temps réel. Car les gens ont l’impression de n’être plus jamais en sécurité. Je nuance en disant qu’on ne surveille pas une population civile vivant dans une zone de conflit. On frappe des combattants.
La France possède depuis très peu de temps des drones armés de moyenne altitude et longue endurance. Nous en sommes encore aux balbutiements. Parce que nous voulons être sûrs d’avoir tout pris en compte, nous refusons aujourd’hui certaines frappes que nous nous autoriserons sûrement demain.
Le vrai enjeu, ce sont les systèmes d’armes létaux autonomes. Il n’y aura pas toujours un homme « dans la boucle ». Dans les systèmes antimissiles, il n’y a déjà plus de temps pour passer un tir au prisme humain. Très rapidement, nos compétiteurs vont s’en passer pour d’autres tâches. Que pourrons-nous accepter, nous Français, avec quel risque ? On peut déjà déléguer l’autodestruction d’une arme, si elle perd une liaison ou rencontre une panne. Mais on ne peut pas la laisser décider de tirer sur quelque chose qui apparaît dans une scène. Seul un homme peut discriminer une pioche d’une Kalachnikov portée sur le dos de quelqu’un.
L’asymétrie entre un drone et un combattant faiblement armé est-elle éthique ? Vous n’êtes pas d’accord avec l’idée selon laquelle « c’est le sacrifice consenti de sa propre vie qui rend moralement supportable l’obligation de tuer », ce que défend le chef d’état-major des armées François Lecointre.
Ce serait le duel chevaleresque. L’approche est noble mais à mon sens, le but reste de gagner la guerre en préservant au maximum notre population et notre système de valeurs. Tout ce qui peut éviter de nous mettre en danger est bon à prendre. Heureusement qu’on n’est pas dans une logique de chair à canon. Il reste que la prise de risque demeure nécessaire quand elle peut nous affranchir des dommages collatéraux ou fratricides. C’est en ce sens que l’opinion accepte que deux commandos meurent pour libérer un otage.
Vous évoquez les débats entre Jacques Chirac et l’état-major sur l’altitude des bombardiers français lors des opérations au Kosovo, le président voulant l’abaisser sous 15 000 pieds dans un souci humanitaire, pour avoir plus de précision. N’est-ce pas une illusion ?
Nos bombes sont désormais très précises, de l’ordre du mètre. Mais il peut y avoir une erreur de renseignement, j’évoque plusieurs cas dans le livre. L’autre problème, c’est quand la technologie lâche ; cela est arrivé récemment à des avions de chasse français, les pilotes ont été horrifiés de voir leurs bombes tomber à 4 km de la cible. Heureusement, les « runs » d’attaque étaient tracés pour qu’il n’y ait rien sur la trajectoire. Mais cela ne suffit pas toujours
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
Révélation« La crise dans la coopération industrielle franco-allemande pourrait devenir une crise de l’intégration européenne »
La chancelière allemande Angela Merkel à Berlin et le président français Emmanuel Macron en visio le 10 novembre lors d’une conférence de presse conjointe sur la réponse européenne à apporter à la menace terroriste. MARKUS SCHREIBER / AFP
Tribune. La coopération d’armement franco-allemande frôle l’échec. Ceci paraît d’autant plus surprenant que les ministres de la défense français et allemand louent régulièrement leur coopération en la matière. Mais les discussions sur les détails bloquent.
En 2017, c’est avec enthousiasme que Berlin et Paris ont lancé huit projets, du char au système de combat aérien du futur (SCAF). Mais dès le début, les problèmes se sont accumulés avec, au centre, un manque de confiance mutuel. Celui-ci s’est traduit par une obsession des deux partenaires qui veillent scrupuleusement à ce que l’autre n’obtienne aucun avantage en termes de parts économiques et d’exploitation des nouvelles technologies développées dans ce projet.
Lire aussi Paris et Berlin envoient un signal fort pour l’Europe de la défense
Car ce sont les questions-clés : il ne faut pas seulement négocier qui produit quelle partie de l’avion ou du char. Il faut aussi savoir qui va être chargé de développer telle ou telle technologie. Avec, en toile de fond, la perspective de pouvoir ensuite utiliser ces précieuses connaissances, les intellectual property rights (IPR, « droits de propriété intellectuelle »), pour créer d’autres produits.
Le conflit s’enflamme notamment autour du plus grand projet, le SCAF, qui vise à développer la prochaine génération d’un système aérien de combat. Aucun projet d’armement n’implique davantage de développements technologiques innovants – ce qui augmente le potentiel de conflit entre les partenaires.
Un projet plus grand
S’y ajoutent les différences nationales : là où, en France, la direction générale de l’armement gère le projet, en Allemagne, les ministères de l’économie, de la défense et la chancellerie fédérale doivent se coordonner avec le Parlement – le Bundestag – et une industrie privée : c’est difficile.
Le rôle décisif du Bundestag irrite particulièrement Paris. En effet, ce dernier ne peut pas débloquer les fonds de développement versés par l’Allemagne pour le SCAF sans la preuve que le projet avance. Le Bundestag a donc décidé d’autoriser tranche par tranche le versement de ces fonds, et ceci après la réalisation de conditions définies par les députés. En France, cette procédure est souvent perçue comme un manque de confiance, comme si Berlin cherchait à contrôler le partenaire français.
De plus, bien que le projet soit souhaité par la chancellerie, la défense n’y est pas une priorité. Il en va tout autrement à Paris, où l’Europe, la défense et la géopolitique sont des priorités poussées par l’Elysée.
Lire aussi La France devient le troisième exportateur mondial d’armement
En France, l’Etat joue un rôle considérable dans l’industrie d’armement, qui reste importante sur le plan économique. Elle est considérée comme un élément-clé pour préserver la souveraineté nationale, et digne de protection. Côté allemand, cette industrie est largement privée, et économiquement insignifiante. De plus, elle souffre d’une réputation ambivalente, pour ne pas dire négative, et les milieux politiques préfèrent garder leurs distances.
Agir maintenant
Paris et Berlin connaissent parfaitement ces différences. Elles ont consciemment décidé de coopérer car elles visaient un projet plus grand : l’avenir de l’Europe politique. En 2017, Paris et Berlin voulaient envoyer un signal fort à l’Europe, mais surtout aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne. Il était question de montrer que la souveraineté européenne est possible, et que Paris et Berlin sont porteurs de cette ambition. Ce qui signifie aussi que si ce projet-phare échoue, le plus grand dommage sera politique, et non économique.
Mais pourquoi parler d’échec maintenant ? Il n’y a pas d’événement choc. Le défi est en effet de maîtriser un développement prétracé par les échéances imposées par le Bundestag. Au printemps 2021, celui-ci devra autoriser la prochaine tranche de financement. Cette autorisation est liée à plusieurs conditions, dont un accord sur les IPR – qui n’est pas en vue. Repousser cette décision n’aidera pas : en automne 2021, des élections auront lieu en Allemagne et la campagne électorale compliquera le débat. Puis le partenaire français sera absorbé par l’élection présidentielle de 2022. Il faut donc agir maintenant.
« Ensemble, la France et l’Allemagne peuvent changer les structures de l’industrie de la défense en Europe »
Pour le président français, un échec serait une défaite cuisante pour la voie européenne qu’il a prônée depuis son élection. Ses adversaires politiques pourraient essayer de dépeindre l’échec d’un projet (le SCAF) comme symbole de l’échec de ses idées européennes, et comme une défaite face à l’Allemagne. Cela les éperonnerait, ce qui devrait inquiéter le partenaire allemand en vue de l’élection présidentielle de 2022. Pour Berlin aussi, un tel échec mettrait en question ses ambitions européennes. Et les deux pays manqueraient des systèmes d’armes centraux pour équiper leurs armées.
Dernière chance peut-être
Pourtant, le potentiel bilatéral est énorme puisque l’Allemagne et la France représentent environ 40 % de l’industrie de la défense en Europe. Ensemble, elles peuvent en changer les structures ; seule, chacune est trop insignifiante. Le SCAF est peut-être la dernière chance pour avancer vers un secteur de la défense véritablement européen. Et c’est la condition nécessaire pour confronter la concurrence de l’Asie mais surtout des Etats-Unis, et réduire la dépendance vis-à-vis de Washington. Donc sans SCAF, exit l’ambition d’une autonomie stratégique européenne dans le secteur industriel, car il faudrait des décennies à la politique et à l’industrie pour s’en remettre.
Mais les ondes de choc iront bien au-delà. Plus que tout autre domaine, la coopération d’armement nécessite le soutien constant des gouvernements – Paris et Berlin chercheraient d’autres partenaires. La crise dans la coopération industrielle pourrait devenir une crise de l’intégration européenne.
Lire aussi Défense : Paris et Berlin mettent en scène leur coopération
Dans le passé, Paris et Berlin ont réussi à faire avancer la coopération européenne car ils ont forgé des compromis acceptables pour les autres Européens – et pas parce qu’ils partageaient une vision du monde. Aujourd’hui, c’est l’absence de volonté de compromis qui pourrait conduire l’Europe à rater une occasion. Berlin, Paris et l’Europe en souffriraient. Mais il y aurait aussi des gagnants : les concurrents et les ennemis de l’Europe.
Claudia Major dirige le groupe de recherche « Sécurité internationale » au sein du think tank allemand SWP (Institut allemand pour la politique internationale et de sécurité).
Christian Mölling est directeur de recherche du think tank allemand DGAP (Société allemande pour la politique extérieure).Claudia Major(Chercheuse) et Christian Mölling(Chercheur)
Pour info, article du Monde. les auteurs sont allemands.
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Le SCAF est mort, vive le SCAF
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Il y a 6 heures, Scarabé a dit :
Non pas par l'arriere clic sur la phot puis argandi la tu verra
oui en enjambant le gunner et sa M3M, fallait bien tout mettre sur une image!
Je pensais plus à l'illustration vu un peu plus haut, postée par clem200
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Il y a 14 heures, BPCs a dit :
Oui, mais toujours aux dépens de sièges
et de l'embarquement/debarquement/corde lisse par l'arrière
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Alors ce n'est que des images de présentations mais on constate ici sur l'arrière les ouvertures pour des MAG.
Sur le cougar et le caracal, c'est une ou deux M3M?
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il y a 9 minutes, Clairon a dit :
hors sujet, mais donc en dehors du Fig et du Monde parisien point de salut, la presse regio c'est bon pour les nécros et les noces de cristal .... ça va pas aider à combler le fossé Paris - reste de la France ce genre de réflexions ...
Clairon
c'est pas ça, juste qu'il y avait 3 lignes sur une brève locale. n'ayant pas vu d'autres sources à ce sujet je suis méfiant. la news aurait été dans le Monde j'aurais réagi pareil, peux être même de façon plus méfiante. Mais ne nous cachons pas, je remarque que quand la presse traditionnelle (local ou nationale) parle de sujet défense, j'y constat parfois des erreurs flagrantes.
et pour info le fossé Paris-reste de la France je le connais bien, j'habite à Pau.
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Il y a 13 heures, clem200 a dit :
Il me semble pourtant que la LPM donne 6 NH90 dès 2025
la news était pour les NHFS, après c'est de l'info de presse locale, pas encore recoupée. ça donnerait 5 NHFS et 1 NH90.
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Selon la presse locale (La république des Pyrénées) livraison de 5 en 2025 et 5 en 2026.
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Les Chinook européens sont ils conformes aux normes européennes en matière d’aviation civile? C'est vraiment un critère important pour un hélicoptère militaire?
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pour l'avoir essayer c'est prometteur. Mais pour le fantassin, quel intérêt?
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combien de temps pour concevoir le NEURON? construire une cellule qui vol avec les techniques d'aujourd'hui (ordinateurs, IA...) ça doit pas prendre des lustres.
Quid du moteur et du sytème d'armes? J'y vois surtout un coup de com à destination de la Chine en cette période électorale.
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Eurofighter
dans Europe
nouvel Agressor de la RAF. A quand un rafale ou mirage 2000 dans ce style là?
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et c'est un pays de L'OTAN ça a une importance, symbolique mais quand même.
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en quoi ce ponton est different des autres? pour le chargement des armes. et pourquoi les grandes structures grillagées sur la partie des 200m?
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Il y a 5 heures, Benoitleg a dit :
Le Tigre UHT allemand a un système de visée laser (pas radar) disposé au dessus du rotor.
Merci. j'ai toujours cru (sans vraiment chercher je l'avoue) que c'était un système radar. Du coup, c'est le meme système que sur nos HAP/HAD à l'intérieur du carénage?
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il y a 37 minutes, kalligator a dit :
Dans le dernier DSI HS sur l'armée française on voit une photo de deux Tigre, le second semble avoir un radar Long Bow, est-ce possible ?
oui le Tigre Allemand a ce radar. absent des versions Françaises.
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il doit bien rester quelques torpilles du l'incident de La Perle. on va rien en faire donc autant les utiliser.
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Le successeur du CdG
dans Europe
Posté(e)
selon l'article décision pas encore prise, ce sera pour 2025.
Il est mention également d'arme énergie dirigée...