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aqva

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  1. Pourtant c'est le cas: il faut arrêter de se bercer d'illusions de grandeur. Nous sommes déja dépendants des américains dans nos OPEX pour les capacités dimensionnantes citées (renseignement, surveillance de théatre, stocks de munitions, drones, etc.), si les américains refusent de fournir tel ou tel capacité spécifique on devra renoncer à l'OPEX (je ne parle pas d'un veto US, juste d'un refus ou d'une mauvaise volonté à fournir une capacité que eux seuls ont). Donc nous n'avons aucune autonomie stratégique (ce que je propose de rétablir justement). Ce sont les US qui controlent tous les axes maritimes internationaux, à coté la marine nationale est anecdotique. En cas de coup dur les autres pays européens comptent sur les USA, absolument pas sur la France. Les USA sont le protecteur idéal pour un pays européen: très puissant donc crédible et très loin donc sa tutelle n'est pas pesante, en plus le protectorat n'est pas couteux il permet même de faire des économies sur la défense. Coté américain la défense de l'Europe ne coute pas grand chose - c'est une région ultra calme géopolitiquement et qui va le rester dans l'avenir proche - et est rentable en termes d'influence sur des pays riches et développés. Aucune partie n'a intérêt à ce que le protectorat s'arrête. Le pivot vers l'Asie ou les déboires du JSF n'y changeront rien: quand on représente 40% des dépenses mondiales de défense, on peut se permettre le gaspillage sans que cela aie d'effet, et comme déja dit la défense de l'Europe n'est pas couteuse. Même Hervé Morin quand il était ministre a reconnu que l'Europe sera bientôt un protectorat... Les frontières nationales n'ont jamais connu un niveau de menace aussi faible aussi longtemps: l'arme nucléaire ne sert strictement à rien donc le contexte actuel. En revanche il est impératif de faire des économies pour gagner de l'influence économique et des marges de manoeuvre vis à vis des partenaires européens. L'influence actuelle que l'Allemagne a sur l'UE (en premier lieu sur les choix macroéconomiques taillés sur mesure pour elle) me parait de loin beaucoup plus enviable que l'influence française dans le monde, alors que la bundeswehr est inutile. La composante militaire est une partie éventuelle d'un tout, pas un but en soi. C'est pour cela que je raisonne toujours à budget constant. Sans quoi on tombe dans les complaintes éternelles sur le budget et le café du commerce avec les "tout le fout le camp" et autres "connards de politiciens". Le budget est une donnée externe, on fait ce qu'on peut avec.
  2. Actuellement la dissuasion nucléaire ne sert à rien, le vrai parapluie est le protectorat US de fait, ce qui a été acté par tous les pays européens qui ont coupé leurs budgets de Défense. Je serai en faveur de virer la composante aérienne tout en gardant les sous-marins qui sont un meilleur ultime recours par leur discrétion. 5000 hommes, en "complète autonomie stratégique", ça veut dire au moins 15 000 opexables au total voire un peu plus. Plus des moyens dimensionnants (renseignement, guerre électronique, stocks de certaines munitions, etc.) que actuellement seuls les américains ont et qui nous rendent dépendants d'eux. Exemple concret: sans l'aide US, pas d'intervention en Libye et certainement pas de chute de Khadafi. Il faut investir dans les moyens dimensionnants (notamment avec l'argent économisé sur la composante nucléaire aérienne) si on veut regagner de l'indépendance stratégique. Je suis plus sceptique sur la mutualisation de ces moyens (trop de stratégies et d'égoismes nationaux différents).
  3. On y arriverait (en OPEX)... Mais avec beaucoup de mal et en moblisant le ban et l'arrière ban. Bonne remarque: les chars sont utiles en combat urbain face à un adversaire assez nombreux, compétent et déterminé, seulement si c'est le cas ça dépasse de toute manière les capacités de l'armée française en OPEX donc ce n'est pas un besoin qui se présentera. A noter que dans une ville composée en bonne partie de maisons de terre, les tirs d'un char (et même d'un 20mm) sèmeraient la dévastation dans la population civile, ce qui a par exemple rendu les canons inemployables dans le combat urbain en Somalie. Autre point: dans les OPEX probable (à savoir l'Afrique), avec de très grandes distances à parcourir, une infrastructure très mauvaise et un mode de combat local qui privilégie la mobilité (ET sans capacité à défendre fortement le terrain), les chars auraient très peu de chances d'être sur place en temps utile, sauf à faire une mission purement statique autour d'une zone importante ( en somme garder un aéroport ou un palais présidentiel...). Cela fait une très grosse dépense pour des emplois anecdotiques, qui peuvent se passer du char par ailleurs. Pourquoi faire cet effort hors de proportion (au delà d'un ou deux bataillons pour garder le savoir faire) au lieu d'investir dans des moyens moins couteux, plus efficaces par leur nombre, plus versatiles et mieux adaptés face aux adversaires rencontrés en OPEX?
  4. Pas seulement pour faire tourner les chantiers, mais c'est quand même une raison majeure: les industries de défense locales vont perdre une source massive de financement publics. Alors que la victoire du oui au référendum est mal engagée et que le premier ministre écossais n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre politique, ce dernier va devoir promettre de reprendre les commandes (au moins dans un premier temps), ou promettre des trucs en échange pour limiter les râleries, même si leur intérêt ne justifie pas la dépense pour l'Ecosse. Quant à des incidents navals du type de ceux entre les deux corées, ce n'est pas du tout crédible. Le RU n'est pas la corée du nord et ne peut pas se mettre au ban de la communauté internationale en recourant à la force contre un pays souverain et dont la souveraineté sur les gisements ne peut souffrir d'aucun contestation légale. Ce serait mettre un pistolet sur la tempe aux Pays-Bas et à la Norvège qui sont dans des situations comparables (petit pays + beaucoup de ressources naturelles). Le RU n'a pas non plus les marges de manoeuvre des Etats-Unis qui peuvent se permettre d'abuser un peu de leur position dominante. Secondo, le RU n'a pas concédé l'indépendance pour agir par la force immédiatement ensuite, une action plus en aval aurait été nettement plus efficace. Enfin, qui croit un instant que la marine écossaise aurait la capacité d'enquiquiner ne serait ce qu'un petit poil la Royal Navy (et la RAF) à la maison? Il ne sert à rien d'avoir plus que des patrouilleurs pour assurer le contrôle légal des eaux territoriales, en cas de conflit sérieux avec la GB la flotte écossaise fera de la figuration (sauf les sous-marins si ils ont les moyens d'en avoir). 2.5 milliards de livres pour une armée et une aviation fort limitées, ainsi qu'une flotille qui sera essentiellement faite de patrouilleurs, ça fait beaucoup.
  5. Oui, malheureusement. Car les choix économiques de la zone euro, qui font reposer tout l'effort sur les pays hors Allemagne et sa sphère d'influence, pour s'adapter à elle, ça c'est du lourd de conséquences qui pèse fortement sur la place du pays à l'international et sur son économie, bien plus que toutes les OPEX réunies puis la fin de la guerre d'Algérie. Influence allemande obtenue sans aucun volet militaire et servant puissamment l'intérêt du pays à court terme (à moyen terme c'est nettement plus discutable). C'était juste pour remettre au préalable le sujet dans son contexte et à la bonne échelle de grandeur, par rapport aux argumentations (pas de toi) qui affirment que si on n'a pas un gros budget militaire, un terrible cataclysme s'abattra sur le pays qui perdra son indépendance, sa place dans le monde, sa dignité, etc. C'est pas là dessus que le gros du buisness se fait (surtout dans des régions du monde au PIB très faible, ce qui fait peu d'intérêts économiques reconnaissants pour le travail accompli), même si toute créneau intéressant est bon à avoir et apporte un poids réel. D'accord globalement. Le modèle anglais était avant tout un réseau de bases commerciales, qui avait besoin d'une stabilité géopolitique, d'une protection et d'une ouverture au commerce que les puissances autochtones ne pouvaient fournir. Je ne sais pas à quel point c'est comparable.
  6. Ca et le climat pourri, une défense qui ne coute rien et est écolo. Seule probabilité de guerre: la grande-bretagne, des fois que le premier ministre britannique se prenne pour Edouard Ier après avoir fumé un pétard de trop. Plus sérieusement, la force de 12 typhoons est assez surdimensionnée pour le controle de l'espace aérien. 2.5 milliards de livre c'est beaucoup, ça semble surtout destiné à faire tourner les chantiers navals écossais. Les chantiers navals sont LA vraie question du livre blanc écossais en matière de défense: ils vont perdre un gros client et risquent de s'opposer à l'indépendance. D'où l'intérêt de leur promettre un maximum de commandes pour la marine écossaise (sans se poser la question de l'utiltié des navires en question).
  7. En Afrique (seule probabilité d'opex autonome) les problèmes logistiques sont trop grands (très grandes distances, mauvaise infrastructure, combats mobiles) pour faire autre chose que du pur défensif statistique avec un leclerc: en somme il protégera l'aéroport et ne fera strictement rien d'autre. C'est quand même très peu de scénarios possibles pour un outil aussi couteux (sachant qu'on peut très bien se passer de sa présence dans le scénario où il serait "utile"), à la place il vaut mieux des outils plus nombreux et qui ont nettement plus de chances de servir. Quant à l'Afghanistan, les adversaires, le terrain, l'étendue des zones de combat, les mode de combat rendent la comparaison très difficile avec l'Afrique. Qui donc? Le pacte de varsovie qui a découvert le voyage dans le temps? Les ET? Le char n'a nullement été négligé en 40: ils étaient plus nombreux et mieux blindés que les chars allemands. Il faut arrêter d'invoquer 40 pour tout et n'importe quoi, surtout si c'est pour dire des betises. Idem un bataillon, qui puisse détacher quelques peletons à l'occasion, est actuellement suffisant. Ceux qui veulent valoriser l'armée devraient voir que réduire les dépenses militaires inutiles pour faire place à des dépenses militaires utiles, rend l'armée beaucoup plus vendable au politique et donc suscitera davantage son intérêt pour maintenir ses moyens au lieu d'y voir une variable d'ajustement. Tout le contraire des "il faut çi ou ça parce que c'est comme ça" en réclamant évidemment le maximum de moyens et budget, comme si c'était un dû évident qu'il n'y aie même pas besoin de justifier (on dirait presque que l'idée de devoir débattre de l'utilité d'une dépense est en soi choquante). D'accord sur le fait que ce soit un argument, mais il ne faut pas se méprendre sur le rôle des OPEX, ce n'est pas cela qui fait et défait l'essentiel (ou une large partie) des rapports de force ou des places dans le monde. Le pays le plus influent en europe, celui qui définit les choix économiques contraignants, est actuellement l'Allemagne, qui ne se sert jamais de son armée (sauf pour faire le supplétif US). Ceci dit, tout usage rentable de l'armée est bon à prendre même si je ne suis pas tout à fait convaincu par le profit tiré de nos OPEX...
  8. Contre quel ennemi un peu coriace est on susceptible de combattre avec des Leclerc, autrement qu'en partenaire largement minoritaire et dispensable d'une coalition US?
  9. On tombe une nouvelle fois dans le discours "tout va bien, on a juste besoin de plus de fric". Aucun argument pour justifier la dépense (au delà de généralités qui ne veulent strictement rien dire et peuvent s'appliquer à n'importe quelle armée, n'importe quand), aucune stratégie de proposée, aucune idée de réforme (à moyens constants). Déprimant... C'est le meilleur moyen de voir le budget rogné petit à petit par des politiques qui ne s'intéressent pas au sujet, puisque personne ne leur donne d'argument pour s'y intéresser en dehors de ce qui sera interprété (pas forcément à tort) comme un réflexe de caste accrochée à ses positions acquises et refusant toute remise en question. C'est ce que Tancrède essaie aussi de vous expliquer. Heureusement, on pourra râler toujours sur des forums, même si ça ne sert strictement à rien. Là encore ça ne veut rien dire, si ce n'est de la défense aux frontières pour laquelle l'armée n'est pas adaptée, et qu'on peut faire autrement avec moins si c'est le seul objectif.
  10. Cela n'a justement rien à voir avec la réalité: les moyens matériels français en 1940 donnaient sur le papier de quoi faire largement mieux qu'historiquement, sans gagner la guerre sauf intervention des USA ou de l'URSS il y'avait de quoi tenir. Vu la grande taille de l'armée française par rapport au nombre d'habitant, l'effort français a été efficace (plus même que l'effort allemand mal géré par un état nazi bordélique) hors tissu industriel aérien qui devait passer par de grosses restructurations pour commencer à faire du rendement mi-40 (mais ce n'est pas un manque de moyens ni de volonté qui en est à l'origine, juste de mauvais choix industriels - pas de bol - et la faiblesse initiale de l'industrie civile française). En attendant, il n'y a toujours pas d'argumentaire sur ce post sur l'utilité pour le pays des dépenses de Défense. Le discours "l'armée coute cher et ne sert à rien (au delà minimum pour remonter un jour en puissance)" (en me mettent à la place d'un avocat du désarmement) est nettement plus percutant que tout ce que j'ai lu ici (qu'on ne me parle pas de "rang" ou de "prestige" si leur rendement concret n'est pas démontré).
  11. C'est tellement général que ça pourrait s'appliquer à n'importe quoi! Qui est pour avoir un outil mal organisé, ignorer l'expérience, choisir des impasses risquées? Ca ne veut strictement rien dire. Donc l'objectif se limiterait à pouvoir refaire un jour de la guerre de haute intensité. Il n'y a pas besoin de 3% du PIB pour ça, même 1% suffirait.
  12. http://www.lexpress.fr/actualite/societe/guerre-d-algerie-l-armee-retire-une-affiche-polemique_1301462.html#xtor=AL-447 Une affiche glorifiant les batailles militaires avait omis de mentionner la guerre d'Algérie. Ce qui a provoqué la colère des anciens combattants.
  13. Certes les mentalités qui viennent de "loin" n'existent pas uniquement dans l'armée française, il y a aussi des fortes inerties ailleurs (comme dans l'exemple de l'officier anglais). Cependant certains aspects sont particulièrement exacerbés dans l'armée française: le non-profesionnalisme complet de la communication, la GRH "mécaniste" qui entraine un ennui et un bridage démotivants. D'autant plus énervant que ça ne devrait plus être le cas depuis très, très longtemps...
  14. Le manque d'équipements est un vrai problème mais n'est pas le coeur du sujet tant les armées bien équipées de manière standard sont historiquement rares. Le vrai problème est la mentalité, en particulier chez les officiers généraux, qui aujourd'hui vient encore en bonne partie du XIXème voire de l'ancien régime. L'obsession pour l'uniformité à tout prix au détriment de l'efficacité en est: ça date du combat en combat en ligne du XVIIIème - XIXème siècle. On peut multiplier les exemples à partir de l'article. Tant que cette mentalité n'évoluera pas, rien ne changera sérieusement. Il y'a aussi des questions à se poser sur la manière dont sont choisis les officiers généraux (officiellement et officieusement) et sur leur sociologie/reproduction.
  15. Sans vouloir casser le topic, le scénario est de la science fiction (à peu près dès le début): - Personne ne sait prédire si une réforme va produire des gains économiques ou non et quelle sera l'ampleur des gains. Combien rapportera Obamacare (si les bugs du site s'arrêtent)? Que donnera la réforme d'un ministère (ca peut être bon comme ça peut être mauvais)? Même a posteriori on ne sait pas mesurer les effets d'une réforme (quand un ministre dit que la mesure X a crée Y emplois, c'est du pipeau). - La croissance économique dépend avant tout de facteurs conjoncturels internationaux: par exemple l'Allemagne dans les années 2000 a pu faire des excédents importants uniquement car c'était compensé par une bulle dans les pays du sud de l'UE. L'un ne pouvait exister sans l'autre. Des pays aussi différents que la Suède ou les USA ont des taux de croissance très similaires: il ne faut pas trop s'illusionner sur la capacité du modèle de gouvernement à avoir un impact sur la croissance. - Chirac en 1995 avait il la marge de manoeuvre politique pour faire plus que toutes les présidences depuis des décénnies? Je ne crois pas. Si il a cédé devant le rue, ce n'est pas par manque de burnes. - En supposant qu'il y'aie des excédents, pourquoi la défense serait une priorité budgétaire? Faire des excédents commerciaux signifie appauvrir les travailleurs, donc plus de gens dans la merde, ayant du mal à boucler les fins de mois avec leur salaire, ne parvenant pas à épargner quoi que de soit. Ce sera une priorité nettement plus sensible pour le budget de l'Etat qu'un PA2 et 10 brigades.
  16. Belle démonstration que l'emploi de mesures punitives excessives envers les généraux qui échouent n'a jamais été un style de management efficace, pas plus que l'usage de la guillotine en 1793.
  17. Le sujet du fil est le "Plan XVII" donc je ne me suis restreint à la grande tactique, je n'ai pas abordé l'aspect petite tactique (échelle de la division maximum) donc "l'offensive à outrance" qui devrait être l'objet d'un autre fil. L'offensive à l'échelle du front du Plan XVII n'excluait nullement une attitude tactique plus prudente et des attaques mieux préparées, plus d'attention portée à la reconnaissance, etc. Ouep ca complète ou recoupe mon post. Joffre et Poincaré ne sont en effet pas en désaccord (si mon texte a pu le laisser penser), la proposition de Joffre d'entrer immédiatement en Belgique servait à sonder ce qu'il avait le droit de faire ou pas et Joffre n'a jamais eu l'intention de désobéir à la consigne du gouvernement. Point que j'ai oublié de mentionner dans les causes de l'échec de l'offensive de l'Ardenne(20-23 aout): la volonté de Joffre de surprendre les allemands a conduit à attaquer sans reconnaissance. L'offensive francaise s'est dirigée vers le nord par mauvaise identification des positions allemandes, pensant frapper dans le flanc une armée allemande venant de l'est, alors que l'armée allemande venait du nord-est ayant déja fait son mouvement de pivot du plan Schlieffen. Les armées allemandes étaient nettement mieux informées sur les postions françaises. Une conséquence a été la prise en embuscade de la 3 ème DIC quasi détruite à Rossignol par deux divisions allemandes. HS ici. Joffre s'est appuyé sur les "jeunes turcs" partisans de "l'offensive à outrance" en grande partie pour se donner des marges de manoeuvres politiques vis à vis de ses collègues. Surtout, la gestion de la petite tactique n'est pas le boulot du GQG! Joffre est trop éloigné des réalités concrètes du champ de bataille pour donner des instructions en temps réel, d'autant plus que les moyens de communication de 1914 restent très limités, et il a déja une bataille très difficile qui l'occupe à plein temps! En temps de guerre, c'est au corps des officiers de s'adapter par retour d'expérience et coopération horizontale (d'où la très nette amélioration française entre le 22 aout et le 5 septembre qui montre la capacité d'adaptation de l'armée). Avant guerre, il n'y a jamais eu doctrine officielle française, encore moins imposée par Joffre. L'Ecole de guerre a uniquement une autorité morale, les publications dans les revues militaires et les discussions au sein des cercles d'officiers sont libres. Le contenu des manuels de campagne et les cours de l'Ecole de guerre ont trop peu de continuité dans le temps pour marquer les esprits. En pratique chaque officier mène sa bataille comme il l'entend: d'où l'influence de cercles d'officiers comme les "jeunes turcs", le style de commandement différent des officiers coloniaux ou plus simplement la persistance d'exécutants incompétents n'ayant pas fait évoluer leur conceptions tactiques depuis 1871 et se reposant sur leurs seule expérience (dans la veine anti-intellecualiste du second empire). "L'offensive à outrance" vient d'idées de bas officiers s'intéressant aux débuts des sciences humaines dans la continuité du travail d'Ardant du Picq, elle est argumentée et loin d'être aussi caricaturale et simpliste que l'image qui en est restée. Par contre été d'une certaine manière victime de son succès qui a conduit à sa diffusion de masse et donc à sa simplification à l'extrême dans les esprits des éxécutants, sans que le haut commandement ne corrige la situation. Par ailleurs les "jeunes turcs" ont pêché par manque de culture scientifique et technique, de moins en moins de Polytechniciens rejoignant l'armée avant 1914 (remplacés par des Cyrards), ce qui leur a fait rater des innovations technologiques majeures. L'interdiction d'entrer dans les 10 kilomètres de la frontière allemande vient du gouvernement Viviani pour éviter l'escalade dans la crise, pas du Plan XVII. Pas d'accord là dessus: comme explique plus haut ça fait partie d'un plan global pour fixer les forces allemandes, ce n'est pas une revendication sur l'Alsace-Lorraine (c'est le rôle de la diplomatie) ni une tentative de mener une guerre limitée pour reprendre l'Alsace-Lorraine: le Plan XVII recherche la victoire complète de la France et de la Russie sur l'Allemagne, il est hors de question de lacher la Russie si l'Alsace-Lorraine venait à être reprise (donc ce n'est pas un objectif prioritaire en soi). Raisons politiques valables dans n'importe quelle armée, y compris en temps de guerre (la compétence y joue un role plus grand qu'en temps de paix sans être déterminante à elle seule). Joffre présentait au moins en 1914 l'avantage d'avoir toute la marge de manoeuvre politique nécéssaire pour diriger la guerre avec le minimum de contraintes. Le contraire de Gamelin et Georges en 1940 qui sont en rivalité ouverte, s'entendent très mal (marqué par la séparation physique des QGs et même des différents bureaux), dont le champ de responsabilités respectif est mal défini et qui sont sontenus par deux camps politiques différents. Sur les purges, breaucoup de généraux de temps de paix (sans doute la majorité) sont plus compétents pour faire avancer leur carrière que diriger une armée, d'où les plans sociaux massifs de généraux en début de conflit. =)
  18. Comme biblio, un lien vers un article de Doughty (aussi auteur de Pyrrhic Victory: French Strategy and Operations in the Great War): http://www.southalabama.edu/history/faculty/rogers/345/articles/doughty.pdf Résumé de ce qu'il y'a à retenir (de mon point de vue): - En 1914 Joffre a toute la marge de manoeuvre "politique" nécéssaire pour établir la stratégie militaire. Le politique n'intervient pas dans son domaine (et lui dans le domaine du politique) et il n'a pas de "rival" interne à l'armée une fois les opérations commencées (contrairement par exemple à la rivalité Foch-Pétain en 1918 ou Gamelin-Georges en 1940). Le plan XVII de déploiement (et pas d'opérations) est l'oeuvre du seul Joffre, qui garde secrètes ses intentions opérationnelles qui sont dépendantes d'accords diplomatiques secrets avec les russes et britanniques. Les commandants d'armées n'ont pas leur mot à dire (comme Lanrezac opposé au plan XVII) et ne font qu'appliquer les ordres de Joffre. - L'alliance avec la Russie est fondée sur une attaque simultanée contre l'Allemagne (désignée comme adversaire principal) avec le maximum de moyens disponibles par les deux alliés, afin d'obtenir un rapport de forces numérique favorable. Plus l'Allemagne doit laisser de forces à l'Est, moins elle aura de forces disponibles à l'Ouest et inversement. En soulageant le front qui sera le plus menacé, cela.permet aux franco-russes de s'adapter à l'incertitude sur le plan opérationnel allemand. Le plan XVII doit donc dans tous les cas permettre l'offensive si nécéssaire. D'où le rejet du plan XVI de Michel (Joffre fera son propre plan XVI, proche du plan XVII) beaucoup trop défensif (et qui de plus demandait de mettre les réservistes en première ligne à la frontière pour pouvoir couvrir tout le front de la suisse à la mer du nord). - L'amélioration des voies ferrées dans l'Eiffel et les kriegspiels du GQG allemand indiquent à Joffre que l'axe d'attaque principal sera la France. Une passage via la Belgique est probable (et pris en compte par Joffre) mais pas certain. - Joffre préfèrerait entrer en Belgique en premier pour faciliter l'offensive française en contournant les fortifications en Lorraine. Poincaré rejette la proposition de Joffre afin de préserver l'alliance avec la Grande-Bretagne qui y a mis un veto explicite. En cas d'invasion allemande de la Belgique, l'aide anglaise est attendue au bout de trois semaines avec l'arrivée en renfort d'une armée britannique sur le flanc gauche, mais les français doivent attendre que les allemands entrent (éventuellement) les premiers en Belgique. - A noter que le passage allemand en Suisse par la région de Bâle est une éventualité peu probable mais reste possible. - Joffre ne s'attend pas à ce que les allemands utilisent leurs divisions de réserve en première ligne. Donc il prévoit que l'armée allemande n'aura pas les effectifs suffisants pour à la fois entrer profondément en Belgique, défendre le centre allemand en Ardenne belge et protéger l'Alsace-Lorraine. - L'armée francaise est centrée autour du point central du front français (vers Verdun) afin de pouvoir s'adapter aux choix allemands (entrée ou non en Belgique, entrée ou non en Suisse, recherche de la supériorité numérique face à la Russie ou face à la France). La posture française peut être soit offensive soit défensive, l'offensive française principale peut se faire soit en Alsace-Lorraine soit en Belgique via l'Ardenne. - Les forces francaises comportement 5 armées de l'est à l'ouest: la Ière armée a comme objectif le nord de Baccarat vers Sarreguimes, la IInde armée le nord-est de Nancy vers Saarbrucken, la IIIème armée fait le lien face à Metz-Thionville, la Vème armée fait face au luxembourg et à la Belgique, la IVème armée est en réserve derrière les IIème et IIIème armée, plus une réserve du GQG de quatre corps d'armée (un à la droit de la Ième armée deux derrière les IIème et IIIème armée, un à la gauche de la Vème armée). - Une fois la guerre déclarée, Joffre attend de voir quels sont les choix allemands avant d'agir. - La prise temporaire de Mulhouse par le VIIème corps d'armée n'est rien de plus qu'un raid de large ampleur visant à fixer des forces allemandes. - Une fois l'entrée allemand en Belgique connue, Joffre renforce la IVème armée avec ses réserves et prépare son offensive principale des Vème, IVème et la plupart de la IIIème armée vers le nord dans l'Ardenne, la IInde armée et la plupart de la Ière armée font une offensive de diversion en Lorraine (qui n'est pas l'axe d'attaque principal, contrairement à ce qu'on peut lire ici et là). Joffre pense que les allemands ont affaibli leur centre pour attaquer dans le nord de le Belgique et veut les surprendre par une offensive. L'entrée en belgique avant l'attaque est interdite pour préserver le secret. L'offensive démarre le 21 aout, les français s'attendent à un adversaire en infériorité numérique. - L'offensive échoue car: 1) Les allemands ont utilisé leurs divisions de réserve en première ligne ce qui les mets en légère supériorité numérique dans l'Ardenne. La principale erreur de Joffre a été de sous-estimer l'utilisation des divisions de réserve. 2) Le commandement allemand est mieux informé que le commandement français sur les forces adverses, et a donc pu préparer la défense de l'Ardenne. 3) L'offensive de diversion en Lorraine est repoussée (par infériorité numérique là aussi), les Ière et IIème armée doivent passer à la défensive pour arrêter les contre-attaques allemandes. 4) L'attaque allemande peut se poursuivre sur son flanc gauche sans être pertubée, ce qui entraine le repli vers la Marne le temps de former à Paris les deux armées de renfort de Manoury et Foch. 5) On peut peut-être aussi reprocher à Joffre une offensive trop importante en Lorraine pour une diversion. Par contre il n'y a pas de lien avec "l'offensive à outrance" qui est une conception tactique à petite échelle et non de grande tactique, n'est pas la doctrine officielle de l'armée française mais un courant d'idées, et est beacoup moins caricaturale que ce que les contemporains ont en compris vu que son auteur Grandmaison a fait une belle carrière au combat avant sa mort en février 1915 (du coup il n'était plus là pour défendre ses idées).
  19. Un point qui semble ressortir de la formation avec 8 rangs est la volonté de ne pas casser les groupes élémentaires constitués (les contuberniums de 8 hommes): avec l'attrition (avant tout les maladies), les désertions, plus les blessés et autres indispobiles pour raisons diverses, l'effectif réellement aligné devait être parfois beaucoup plus faible en pratique. Mais même une formation tombée à 3-4 rangs de moyenne garde toute son efficacité: le relais du premier rang reste possible, les rangs 3 et 4 peuvent continuer d'appuyer en jetant leur pila. Je ne connais pas le système de "remplacement" romain, mais en supposant que les contuberniums sont gardés tels quels toute la campagne sauf en cas de trucidage complet (très peu probable car dans ce cas c'est sans doute toute la manipule qui a été perdue dans une grosse défaite), ca aurait plusieurs avantages: - Il est possible de faire des campagnes longues sans recevoir de renfort. - Le système est très simple et ne demande aucun remaniement en cours de campagne. - Le groupe humain de base n'est pas cassé ce qui augmente la cohésion. - L'efficacité du contubernium est stable et ne diminue pas vraiment avec les pertes au cours d'une campagne car cela est compensé par le surplus d'expérience et de cohésion des survivants. Des bleus ont besoin moralement de combattre de manière compacte (par tendance grégaire, pour se rassurer, car l'épuisement du premier rang est plus rapide) là où des légionnaires plus expérimentés peuvent avoir un dispostif plus aéré. - Cela permet de maintenir facilement des groupes homogènes selon l'expérience et la spécialité.
  20. Quand on dit 80%, ca met dans le même sac New York et l'équivalent de Saint Flour dans le cantal. De plus, les aires urbaines américaines sont définies de manière très large et incluent des villages à plus de 100 bornes du centre! C'est pas une découpage pertinent car il y'a peu de différence en matière de structure économique entre les petites villes, le rural (qui est industriel et non plus agricole depuis un bail) et la périphérie lointaine des grandes villes, basés sur les emplois de production concrète assez peu qualifiés et plutot vulnérables. Les emplois à haute valeur ajoutée ne se trouvent pas là, ni les possibilités d'ascension sociale à moins de se barrer loin, ni les élites nationales ni du coup l'intérêt de l'Etat fédéral, à contrario des centres villes, et du coup des banlieues immédiates qui en bénéficient par proximité géographique. Les dynamiques des autres pays occidentaux sont d'ailleurs les mêmes. Ca confirme le découpage entre les centre-villes et banlieues démocrates et le reste républicain, d'où la carte des USA peinte en rouge. A noter que les minorités ethniques (votant démocrate) sont très concentrées dans certains quartiers des grandes villes, la ségrégation a tendance à diminuer aux USA mais reste une réalité très présente. Pour info, une carte détaillée qui montre l'étendue du phénomène: zoomez sur les grandes villes. Ca explique (outre le gerrymandering éventuel) qu'il y'aie plus de districts démocrates de manière écrasante que de districts très républicains. Le Etats rouges du Sud ne sont pas républicains de manière écrasante car ils comptent toujours de fortes minorités afro-américaines dans la zone des ex-plantations, et le vote y est tellement polarisé que le résultat réflète la composition ethnique (le southern white est républicain à plus de 90%). Dans ces districts la vraie élection est la primaire républicaine, au sein du seul électorat républicain, à moins que l'immigration latino fasse tout basculer. Les grandes villes sont la tendance à la mode (ce qui ne veut pas dire qu'elle soient intrasèquement plus efficaces), mais ca réflète surtout le regard des élites économiques qui définissent l'essentiel de la politique nationale. Comme ces élites vivent en centre-ville, elle analysent le pays de ce point de vue. D'où à l'inverse le courant anti-élites, anti-washington, anti état fédéral, les injures destinées à la cote Est... Une villes moyenne peut avoir quelques emplois stratégiques (haute VA, bien inséréré dans la modialisation, protégé économiquement), mais à coté des grandes villes ça reste du ramassage de miettes (je ne connais pas les chiffres américains mais pour donner une idée en France la moitié de ces emplois sont à Paris même et dans le voisinage immédiat du grand paris, presque tout le reste dans les métropoles de province). Certaines industries peuvent bien marcher localement et permettre à une région de bien se porter pendant un moment, de faire marcher du coup une économie locale intermédiaire et résidentielle, mais ce n'est pas un modèle pérènne à long terme et le décideur politique a assez peu d'influence là dessus, ce sont surtout les mutations économiques de l'industrie au niveau mondial qui décident. Une politique publique différente n'aurait pas sauvé le Kentucky et son industrie automobile. C'est pour ces raisons que les Etats rouges sont les plus dépendants de l'aide fédérale, ce n'est pas un honneur à envier mais la marque de difficultés.
  21. Le Daily Show est clairement "liberal", ne serait ce que par ce qu'il s'adresse surtout aux csp+ (en dehors des très riches) des métropoles qui sont clairement orientés démocrate et au minimum hostiles au Tea Party, avec en plus les minorités ethniques fortement concentrées dans les mêmes grandes villes. Les reproches adressés aux démocrates sont de ne pas être assez "liberal", alors que les attaques contre les républicains se font sur le discours même du parti. Les shows de ce type (ou des sites de "fausse" info parodique comme the Onion) sont de plus en plus nombreux tout simplement car leur public sociologique est de plus en plus nombreux, polarisé et homogène dans ses comportements. A l'inverse Glenn Beck a un bel avenir dans les villes moyennes/petites et les zones rurales populaires, souvent en difficulté comme l'exemple de Kentucky car l'industrie diminue structurellement et à part les ressources naturelles, plus rien de haute valeur ajoutée ne semble devoir se créer en dehors des métropoles. L'évolution sociologique semble pointer vers un pays de plus en plus coupé en deux géographiquement et socialement...
  22. C'est pas l'instruction qui manque, c'est plutôt la fiabilité. Au premier signe d'agitation les soldats libyens risquent d'être très tentés de déserter pour rejoindre leur milice tribale, à moins que l'armée ne soit elle même qu'un conglomérat de milices recevant des chèques du gouvernement.
  23. Un bémol: les monétaristes ne nient pas le rôle de la demande (à court terme) puisqu'elle justifie l'intervention de la banque centrale qui fait fonctionner la planche à billet, seuls les autrichiens le font. Surtout, les monétaristes (à la Milton Friedman) ont disparu des débats: à la fois l'effet de l'échec des politiques des banques centrales après 2008 et de la radicalisation de la droite américaine qui a rendu les monétaristes beaucoup trop "modérés" (sic) pour être acceptables - car reconnaitre un rôle utile à la fed, c'est accepter la nécéssité de l'intervention étatique en macro économie, même si c'est dans des circonstances très limitées c'en est déja trop pour le GOP. De plus M. Friedman a beaucoup critiqué l'absurdité de l'étalon or. Les républicains citent M. Friedman (voire veulent comme Rand Paul le nommer à la tête de la fed en ignorant qu'il est mort) sans connaitre ses idées, si c'était le cas ils brûleraient immédiatement leur icône (comme "communiste" sans doute)... Ca en dit long sur la dérive idéologique du GOP (dans une galaxie loin, très loin de l'analyse économique standard) que même M. Friedman soit trop à gauche pour eux.
  24. En Libye la puissance politique se mesure à la force des milices armées, le "gouvernement" libyen n'ayant pas d'armée en propre (et étant donc fermement tenu par les burnes par les milices locales), cet enlèvement révèle au grand jour son poids politique réel pour ceux qui n'auraient pas encore compris (après les divers sièges de "ministères" et les morts quasi quotidiens dans les combats entre milices) : rien, zéro, nada, que dalle, peu de zob... Aucune raison que ça change tant les milices armées font ce qu'elles veulent sans aucune contrainte (à part les milices ennemies) et peuvent commettre les pires crimes dans l'impunité la plus totale: y compris envahir les pays voisins (le Mali)...
  25. Obamacare est LA réforme majeure d'Obama, la seule de son second mandat (vu le degré de paralysie du congrès et les elections du midterm qui approchent Obama ne pourra rien faire d'autre) et qui représentera l'essentiel du bilan de sa présidence. Obama a déja baissé ses ambitions dans cette réforme, si il venait à céder un fois de plus (car là on ne plus couper un morceau de la réforme sans casser l'équilibre sur lequel l'ensemble du système est fondé et l'annuler de fait), cela reviendrait à renoncer à gouverner et il pourrait aussi bien démisionner immédiatement. Les républicains vont avoir du mal à trouver une porte de sortie honorable.
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