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La cavalerie: une arme, un principe


Tancrède
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Je ne voudrais pas mobiliser le débat ni vous contredire pour le principe. Pour moi, créer des GTIA permanent est sans doute une idée intéressante pour améliorer les performances opérationnelles de notre armée de terre - mais tout à fait étrangère aux préoccupations actuelles de nos drigeants pour lees raisons que j'ai exposées plus haut.

Pour revenir à la cavalerie cette arme ne se définit pas par son mode de transport (le cheval ou le char) - pas plus que l'infanterie ne se définit par le déplacement à pied ! sinon on pourrait dire que l'INF n'a plus lieu d'être...A la limite puisque l'INF utilise des véhicules, il faudrait la supprimer et la rattacher à l'ABC ...  :lol:

Il me semble que la meilleure voie serait de définir les armes par les missions - et par les moyens qu'exige la réalisation de ses missions en tenant compte des contraintes posées par le terrain et par les capacités ennemies (contraintes auxquelles on peut ajouter les exigences de l'OTAN et de l'US Army si nous voulons rester des partenaires crédibles).

De ce point de vue, nous avons sans doute encore besoin d'une capacité de "rupture" impliquant d'engager des moyens lourdement blindés et chenillés comme les ont Tsahal, l'US Army ... voire la Chine ou certaines armées du Tiers monde (la Syrie ou l'Egypte à un niveau technologique inférieure). Ceci impliquerait de supprimer l'infanterie mécanisée, les rgts d'ART chenillées et le génie d'assaut et de regrouper dans une arme blindée élargie ces différentes capacités. On pourrait alors avoir des brigades blindées subdivisées en régiments blindées composées en gros de 2 escadrons Leclerc, 2 escadrons mécanisées (pas sur VBCI mais sur une version VCI du Leclerc), une compagnie de génie (sur un Leclerc G) avec une compagnie d'appui (avec par exemple des mortiers de 120 portés sur un enginchenillé).

il est peut-être possible qu'on est besoin de conserver une unité composée majoritairement de chars accompagnés de VCI chenillés(pour réaliser et exploiter l'éventuelle rupture) - et d'autres unités constituées d'une majorité de combattants à pied pour "tenir" le terrain ou affronter les enjeux urbains ou les forêts - dan sce cas le char pourrait être réduit à un rôle d'appui feu de proximité.

De façon analogue on pourrait avoir une arme médiane, et une arme légère.

Dans tous les cas, il faudrait bien avoir des cadres maitrisant le combat à pied (l'ancienne infanterie) et le combat embarqué (l'ancienne cavalerie) - ce qui impliquerait deux filières de formation.

Quelque soit l'organisation on aura besoin de chars car ils combinent une puissance de feu élevé et en tir direct avec une forte mobilité tactique et une certaine capacité à survivre au plus chaud du combat (même si le char n'est pas invunérable loin de là).

Une question devrait être posée concernant la cavalerie légère (bizarrement appelée "composante roues-canon de l'arme blindée") - car à l'heure des drones on pourrait avoir un doute. Cela dit les drones exigent la maîtrise du ciel. Elle est acquise en A-stan mais sera-ce toujours le cas ?

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Pour revenir à la cavalerie cette arme ne se définit pas par son mode de transport (le cheval ou le char) - pas plus que l'infanterie ne se définit par le déplacement à pied ! sinon on pourrait dire que l'INF n'a plus lieu d'être...A la limite puisque l'INF utilise des véhicules, il faudrait la supprimer et la rattacher à l'ABC ...  

C'était mentionné nettement plus haut dans le fil: dès lors que l'infanterie est motorisée, la distinction perd son sens, effectivement.

ce point de vue, nous avons sans doute encore besoin d'une capacité de "rupture" impliquant d'engager des moyens lourdement blindés et chenillés comme les ont Tsahal, l'US Army

La capacité de "rupture" est à revoir quand même:

- le combat "en ligne" ;), pour réemployer du vieux vocabulaire, n'aura pas lieu: les grandes concentrations de chars l'une contre l'autre? Ca n'aura pas lieu, et s'il fallait pouvoir aller titiller le Chinois, ce qui se ferait chez lui, il en faudrait une masse énorme, pas 1 ou 2 (ou même 3 ou 4) brigades blindées.

- la "rupture" face à des concentrations blindées classiques est désormais bien plus le boulot de l'aviation de bombardement et des aviations légères/d'assaut, voire d'une combinaison avec de l'artillerie, que le fait du char.

Mais avant toute chose, on constitue une armée face aux adversaires probables: facile d'avoir un modèle (et encore, relativement :-[) quand l'adversaire est unique et aux frontières, qu'il soit allemand ou soviétique, mais face à des situations diverses et protéiformes, faut prendre un axe et définir un panel des menaces les plus probables. Parce que vouloir constituer un "modèle universel", c'est risquer d'une part de n'avoir que des échantillons, et d'autre part de passer à côté des besoins et menaces réels qui évoluent. Dans les 2 cas, c'est se condamner à l'impuissance.

Pour reprendre le général Desportes, il faut noter que le mot "char" ne doit pas être employé indifféremment en disant qu'on "a besoin de chars": un char d'appui pour l'infanterie et les conflits asymétriques, le combat urbain (ce pourquoi le char est revenu "à la mode" dans les années 2000 après la remise en cause des années 90), un tel char ne serait pas une "formule 1" comme les MBT calibrés pour le combat tournoyant en centre Europe. Il s'agirait d'un outil procurant de l'appui feu polyvalent et mobile (la chenille aidant) sous blindage lourd, avec un panel de capteurs important. Une telle machine coûterait très nettement moins cher parce qu'elle n'aurait pas besoin des capacités marginales hors de prix des MBT actuels (pas besoin d'aller à 70-100km/h en toutes circonstances, pas besoin d'allumer à 4km, pas besoin de pouvoir allumer du char adverse à 6 coups/minute alors que cible et tireur sont en mouvement rapide....), juste de procurer de l'appui feu mobile sous blindage, au rythme de l'infanterie et du champ de bataille probable.

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Vos observations sont judicieuses cher tancrède et méritent qu'on s'y arrête - dès lors qu'on renonce à fonder notre organisation sur des obsessions logistico-managérielles ... Je n'ai pas de réponses définitives à vous donner mais quelques observations.

Sur la capacité lourde de "rupture" : je note que nos alliés les plus sérieux (Etats Unis et Israel) ont conservé au char sa place centrale. Ils ont peut-être raison - et alors il faut les suivre. Ils ont peut-être tort - mais si nous voulons être crédibles dans une coalition avec eux (souvenez vous de daguet !!!) il vaut mieux aligner des équipements qu'ils prennent au sérieux ! voyez aussi le Leclerc  au Liban : il est plus crédible que l'ERC 90 face au merkava IV ... Or en temps de paix une armée a aussi pour fonction d'être crédible (comme la dissuasion nucléaire). Si cette crédibilité repose sur des postulats faux  peu importe dès que ces erreurs sont partagées par tous.... ;) ;)

Ensuite qui sont nos ennemis ? des puissances nucléaires que nous pourrions dissuader avec des M51 : Chine ? Russie ? Inde ? peut-être mais rappelez vous que de 1945 à 1990 l'Occident à effectivement dissuader l'URSS avec des bombes - san srenoncer à ses chars lourds ... Et n'oubliez pas qu'un éventuel conflit pourrait avoir lieu loin de chez nous et près de chez eux. Les M51 sont ils crédibles pour dissuader la Russie d'attaquer la Géorgie ? ou l'Ukraine ? Donc même face à une puissance nucléaire il nous faut des moyens classiques puissants et crédibles.

Et puis de nombreux pays instables et proche de nous ont des chars en masse : turcs, Egyptiens, Algériens ... Si demain la Tunisie nous appelel au secours, que Obama est aux abonnés absents comment défendrons nous Tunis face à l'ALN/ANP ? avec des 10 RC, des rafales ou des Leclercs ?

Je suis cependant tout à fait d'accord avec votre point final : nous sommes peut-être aller trop loin sur la technologie des chars. peut-être que des versions modernisées légèrement (et alourdies ! ;)) de l'AMX 30 suffiraient pour des missions assymétriques ou de maintien de la paix "lourdes" ou de protection d'un allié fragile face à une armée nombreuse mais peu technologiques.

Cela dit il y a deux limites à ce concept de AMX 30 du XXIè siècle : sommes nous prêts à en acheter des centaines (au final acheter trois fois plus de chars coutant chacun  d'eux 3 fois moins chers revient au même budget) et sommes "nous" ("nous" n'est pas moi mais Claire Chazal et autres stars des médias qui pèsent de façon décisive sur nos choix stratégiques) pêts à voir plusieurs dizaines de jeunes soldats professionnels mourir brûlés vifs parce qu'on a fait sciemment le choix d'une technologie dépassée ? même si en fin de compte nous gagnons la bataille. Pensez au syndrome d'Uzbeen ...

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Sur la capacité lourde de "rupture" : je note que nos alliés les plus sérieux (Etats Unis et Israel) ont conservé au char sa place centrale. Ils ont peut-être raison - et alors il faut les suivre. Ils ont peut-être tort - mais si nous voulons être crédibles dans une coalition avec eux (souvenez vous de daguet !!!) il vaut mieux aligner des équipements qu'ils prennent au sérieux ! voyez aussi le Leclerc  au Liban : il est plus crédible que l'ERC 90 face au merkava IV

Israël se fout d'avoir des capacités lourdes qui soient pertinentes, parce qu'au final, depuis 30-40 piges, l'arme nucléaire est leur défense contre la menace d'Etats voisins. Déjà en 73, la dissuasion nucléaire était en place et les Egyptiens n'ont plus su quoi faire après la reprise du Sinaï, et les Syriens, qui ne voulaient pas du conflit, ont fait n'importe quoi dans le Golan une fois leurs micro-objectifs ressaisis, auxquels ils ne tenaient pas tant que ça.

Y'a qu'à voir ce qu'est Tsahal: un ensemble avec peu d'unités d'active, à la doctrine inadaptée à l'adversaire qu'ils ont, et surtout un motif pour faire fonctionner le lobby militaro-industriel du pays.

Alors le Leclerc est certes plus crédible que le Sagaie pour la mission au Liban, mais à quel prix? Ce qui est utilisé au Liban, c'est pas le Leclerc, c'est juste son blindage et son aspect dissuasif, pas ses capacités de pointe, celles qui coûtent un bras et justifient le concept de base: pas besoin d'un char à 4-7 millions pièce (sans compter sa maintenance et son coût OPEX) pour ça!

Quand à la "crédibilité" ainsi obtenue; elle peut valoir quelque chose vis-à-vis des alliés, certainement pas vis-à-vis des adversaires. On est pas au service des "alliés", ou alors faut assumer notre statut de protectorat américain et ne plus avoir d'armée :lol:.

Les M51 sont ils crédibles pour dissuader la Russie d'attaquer la Géorgie ? ou l'Ukraine ? Donc même face à une puissance nucléaire il nous faut des moyens classiques puissants et crédibles.

Ca veut dire aller les titiller chez eux? C'est pas 2-3 brigades qu'il faut, là, mais une quinzaine au moins, et pouvoir toutes les envoyer et les soutenir là-bas sans limite de temps. Irréel, là, et hautement improbable.

Cela dit il y a deux limites à ce concept de AMX 30 du XXIè siècle : sommes nous prêts à en acheter des centaines (au final acheter trois fois plus de chars coutant chacun  d'eux 3 fois moins chers revient au même budget) et sommes "nous" ("nous" n'est pas moi mais Claire Chazal et autres stars des médias qui pèsent de façon décisive sur nos choix stratégiques) pêts à voir plusieurs dizaines de jeunes soldats professionnels mourir brûlés vifs parce qu'on a fait sciemment le choix d'une technologie dépassée ? même si en fin de compte nous gagnons la bataille. Pensez au syndrome d'Uzbeen ...

J'avais fait un sujet là-dessus, et le fait est que je ne crois pas une seconde à l'impact de ces trucs, surtout sur le politique: nous sommes des populations d'individualistes égoïstes n'ayant rien à faire des domaines stratégiques/militaires, et les morts de soldats ne créent que quelques remous médiatiques très momentanés sans aucun impact électoral (les militaires et leurs proches pèsent en plus si peu): c'est très triste à dire, mais les morts d'Uzbeen ne pèsent de rien dans la décision de vote de 99,99% de la population.
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Comment on est passé des chevaux aux chars sur le principe de la cavalerie ? C'est quoi les différences notables ?

un char résiste aux balles................

La cavalerie a cessé d'être une arme de choc durant le XIX iè siècle lorsque les charges de cavalerie se sont heurtés aux portées et aux cadences améliorées des fusils du XIXiè siècle rendant toute attaque de cavalerie un suicide

Et celà avant même l'invention de la mitrailleuse

Il y a eu quelques charges encore durant la 2iè GM ( qui se finissent souvent trés mal ) mais le rôle du cavalier au XXiè siècle est celui de fantassin monté qui sert à la reconnaissance et à la couverture du corps de bataille

Le char lui ( en tout celui de la 2iè GM ) est capable de survivre sur un champs de bataille ( ce que ne peut plus la cavalerie ) tout en ayant une mobilité et une allonge trés supérieure à celle de l'infanterie   

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a cavalerie a cessé d'être une arme de choc durant le XIX iè siècle lorsque les charges de cavalerie se sont heurtés aux portées et aux cadences améliorées des fusils du XIXiè siècle rendant toute attaque de cavalerie un suicide

Oui, c'est-à-dire quand les armes à feu sont parvenues à un niveau d'efficacité comparable à ceux des arcs et arbalètes au XVème siècle :lol:! Avec la même capacité d'arrêt sur une charge frontale (avantage de l'arc: tapisser le sol de flèches sur lesquelles les chevaux n'apprécient pas de poser leurs sabots..... De la contre-mobilité, quoi :lol:): évidemment, l'arme à feu avait quand même du potentiel de progression encore à ce stade :P.

tout en ayant une mobilité et une allonge trés supérieure à celle de l'infanterie

Si et seulement si la majeure partie de tes effectifs sous les drapeaux est faite de non combattants, vu que s'il est un autre point commun entre cavalerie "bio" et cavalerie méca, c'est qu'il s'agit d'unités lourdes à l'achat et à la maintenance :-[, mais la cavalerie méca dans des proportions nettement plus élevées.

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Ce qui me turlupine, c'est que la version mécanisée est appelée cavalerie. Est-ce justifié

Qu'entends-tu par "turlupiner"? A la base, et toute autre mélange conservatisme-évolution mis à part, il s'agit juste d'une adaptation des traditions :P.

Mais, tiens, pour le fun, il est vrai que la translation des concepts de cavalerie à des unités mécas/motos aurait du être différente:

- chars lourds/MBT: cuirassiers et rien d'autre

- chars légers chenillés (quand il y en avait): cavalerie (quoique c'est une appellation d'Ancien Régime)

- infanterie mécanisée, mais aussi unités de sapeurs portées: dragons et rien d'autre

- véhicules de reconnaissance: chasseurs à cheval

- chars légers à roue: hussards, mais aussi chevau-légers, estradiots (pour les fanas de trucs plus anciens), voire même lanciers

- artillerie mécanisée: artillerie à cheval

Alors dans le cadre d'unités interarmes, c'est sur base de l'escadron (voire du peloton) que les appellations de tradition devraient être gardées. Le tout fondu dans une "Panzerwaffe" avec toutes ses spécialités, incluant donc l'infanterie, l'artillerie et le Génie. Ces unités interarmes, des GTIA/régiments interarmes qu'il serait pertinent d'appeler "Brigades" pourraient elles aussi récupérer des noms anciens: la "brigade infernale", ça sonnerait bien pour un truc blindé interarme :lol:.... Mais dans ce cadre, les "chapelles" de l'armée française devraient en fait être des "corps" interarmes définis par autre chose que ces anciennes référence que sont l'infanterie, la cavalerie et le reste: le niveau de blindage, le mode de combat, les rythmes de progression, les types d'adversaires.... La structuration des esprits et formation se prête t-elle à un exercice de ce type?

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  • 2 weeks later...

Quelqu'un m'a dit que le concept de GTIA avait été inventé par l'USMC qui dispose de régiments (unités administratives et de formation) et emploie ses moyens dan sdes "MEF" (marine expeditionnary forces) ou "MEU" (ME units).

Qui pourrait préciser ou compléter cela ?

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Le Corps des Marines est essentiellement organisé en 3 MEF: 2 de 40 000h, à effectif complet, et 1 de 20 000, (au Japon) qui n'est qu'à effectif partiel. Une MEF, c'est une division terrestre complète (20 000h environs) avec les unités réservoirs de tous types (1 bataillon de chars, unités amphibies, artillerie, reco, génie, FS et fondamentalement capable d'opérer en tant que division entière, un élément de commandement interarme avec son soutien propre et quelques unités (FS et coordination des feux), un élément logistique (soutien pour le corps expéditionnaire) et un élément aérien (aviation d'appui et de transport, à voilure fixe ou tournante).

Chaque MEF a aussi un nombre donné de MEU (3 pour chaque MEF complète, 2 pour l'autre) qui sont des mini corps expéditionnaires d'intervention rapide: 2200h répartis sur les mêmes principes, soit un élément terrestre (autour de 1100, un bataillon interarme), un command element, un élément logistique et un élément aérien. Ils peuvent être regroupés en une MEB (Marine Expeditionnary Brigade) si la situation le requiert.

C'est le concept fondamental des Marines (dit MAGTF) avec des unités de manoeuvre interarmes mais fondées sur des unités élémentaires réservoirs, soit un concept "plug and play. Cependant, l'évolution récente a été de voir les MEU devenir des unités de fait de plus en plus organiques et permanentes: ce sont les mêmes éléments qui sont assignés aux MEU et s'entraînent de plus en plus à l'année ensembles, contre un concept initial qui voulait y faire tourner toutes les unités d'une même MEF.

Le plug and play (assembler des unités de manoeuvre ad hoc autour d'EM permanents depuis des unités élémentaires réservoirs) n'a de pertinence que si les troupes sont de haute qualité (à la base: sélection, entraînement et équipement) et ont un haut niveau de disponibilité et de "battle readiness" (ce qui est cher), précisément l'une des particularités des Marines. Mais même là, on se rend compte que rien ne remplace l'habitude de travailler ensemble à l'année, et l'adaptation à une tâche (une unité de manoeuvre "montagne" n'aura pas les mêmes exigences qu'une unité blindée, une aéromobile....) parce que le soldat et l'unité universels n'existent pas.

Seule l'US Army garde encore une unité interarme permanente "ancien modèle", je crois, un régiment interarme, outre son modèle général dans les Brigade Combat Teams où les unités de manoeuvre (en tout cas pour les Heavy BCT) sont des bataillons interarmes (chars, infanterie méca et génie assaut).

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  • 9 months later...

Petit remontage avec un thème qui est en train de se reposer via le débat sur le CRAB: la cavalerie légère.

Ce pourrait être un thème digne en soi d'un topic que d'étudier les unités et types d'unités qui, à travers l'histoire militaire, se voient considérées comme "secondaires", annexes, auxilliaires, moins qualifiées, non parce qu'elles sont faites de soldats de seconde zone ou qu'elles ne comptent pas tout autant que les plus en vues dans la réalité du résultat d'une campagne voire d'une bataille, mais simplement parce qu'elles ne tirent pas autant l'oeil des chroniqueurs contemporains (moins "sexy", moins mises en valeur, elles "parlent" moins aux critères esthétiques ou à l'observateur moins averti), ou essentiellement parce qu'il y a d'autres raisons, surtout sociales et politiques, pour réduire leur rôle et leur place dans un orbat. La phalange grecque ou la légion romaine occupent ainsi 90% de l'espace de récit dans l'histoire militaire gréco romaine, et les raisons en sont à 90% politiques, culturelles et sociales, aux dépends des archers, fantassins légers et cavaliers (à l'exception de la cavalerie lourde macédonienne des compagnons, qui elle-même éclipse les sarissophores et cavaliers thessaliens dont le rôle était similaire et la qualité pas moindre). Le chevalier moyenâgeux éclipse ainsi tout pour longtemps, alors que son importance a rarement été si énorme. Et il est amusant, surtout quand on voit ce mode de regard se perpétuer via les historiens récents, de constater à quel point la place prise dans le récit des armées de ces époques par les armes les plus en vue influe sur la compréhension de l'art militaire, faussant largement celle-ci (qui sait? Dans 300 ans, on dira que nos armées actuelles, c'est l'aviation et rien d'autre?).

Ainsi de la cavalerie légère. Il y aurait beaucoup à dire à toutes les époques sur elle, mais le débat autour du CRAB m'a donné envie de décrire, dans le fil de ce topic, un moment où son rôle a été totalement revu, de même inévitablement que celui de la cavalerie lourde, simplement parce que les changements dans les modes de guerre et l'introduction d'un "outil" de cavalerie légère réellement nouveau (plus que des modifications superficielles) a impulsé une revue complète de son rôle et du rôle de la cavalerie sur le champ de bataille et en campagne. Ce moment est celui des Guerres d'Italie, guerres "totales" ou des décennies, voire des siècles dans certains domaines, d'évolutions militaires lentes et isolées chacunes dans leur coin se trouvent mises sur le devant de la scène, assemblées dans des armées "complètes", mises à une épreuve du feu rapidement changeante dans une très courte période de temps et un espace réduit, donc forcées de s'adapter (et là on voit les systèmes qui le font mieux que d'autres).

Qui sait ce qu'est la cavalerie légère en Europe au Moyen Age? Il y en a eu beaucoup, dont on parle peu (notamment dans les croisades, par exemple avec les turcopoles), et la moins inconnue est celle des sergents d'armes (ou coutiliers montés), sortes de "cavaliers lourds bis" moins équipés et moins qualifiés pour le choc. Et à part ça? Nib. Mais à la Renaissance, tout comme le rôle d'une infanterie de ligne solide avec piques ne peut plus être éclipsé même par les chroniqueurs les plus fanas de chevalerie sous peine de donner dans la pure science fiction, de nouvelles (mais pas si nouvelles en fait) formations de cavalerie "explosent" littéralement et se mettent à bouffer un énorme espace opérationnel par rapport à la cavalerie lourde, par rapport à des formations d'infanterie de flanquement, par rapport aux nouveaux "espaces de bataille" dus aux changements rapides dans l'art de la guerre de cette époque, et cette "explosion" commence à se faire entendre dans les chroniques du temps, même s'il faudra attendre encore plus longtemps pour les voir y trouver une vraie place.

Au commencement des guerres d'Italie, c'est quoi la cavalerie légère en France par exemple? Essentiellement les coutiliers à cheval. Mais 2 types de cavaliers vont rapidement devenir des membres permanents de tout host français avant de voir la cavalerie lourde, celle des gendarmes des compagnies d'ordonnance, graduellement cesser d'être des chevaliers (notion sociale, politique, économique, culturelle) pour devenir de la cavalerie lourde (simple notion opérationnelle), et une cavalerie lourde qui va devoir s'adapter et en fait se calquer grandement sur des cavaliers jusqu'ici jugés "auxilliaires".

Les 2 cavaleries légères que la France doit vite développer:

- les chevau-légers: il s'agit en fait des sergents d'armes montés, longtemps contenus dans les compagnies d'ordonnance comme "seconds" d'un chevalier, à côté de 2 archers et de 2 servants (chaque "lance" d'une compagnie d'ordonnanceest plus une unité administrative, comptable, qu'une unité opérationnelle). Ils sont séparés de l'unité organique "lourde", les gendarmes opérant désormais uniquement entre eux de leur côté. C'est la première distinction permanente opérationnelle entre légers et lourds dans l'armée professionnelle (ou semi-pro) et permanente française. Les premières unités permanentes sont créées en 1498, suivant sans doute un usage qui se répandait dans la pratique avant cela: missions de flanquement et de flancs gardes, de raids et de reconnaissance, de harcèlement, de saisie de points clés et d'embuscade sont leur lot principal, et ces missions requièrent des formations, des montures, des entraînements, des manoeuvres spécifiques, surtout à l'occasion des guerres d'Italie où la guerre devient plus "complète" que dans les conflits précédents (face aux milices suisses ou à l'armée bourguignonne, très semblable à l'armée française, ou aux Impériaux et aux Anglais). Ces unités gardent aussi une capacité limitée de charge en bataille, plus sur les flancs, mais aussi frontalement si besoin est, le plus souvent dans la suite des lourds. Et évidemment, leur rôle dans la poursuite peut être déterminant.

- les estradiots: du grec "stratiotai" ("soldat") ou de l'italien "strada" ("la route", référence aux missions de reco, ou en France ce qu'on appelle "battre l'estrade"). Ce sont des cavaliers des Balkans, d'abord employés par les Etats italiens du nord et vite adoptés (par engagement mercenaire) par la France et l'Espagne au vu de leur grande efficacité. Leur nom varie: "estradiots" semble une francisation du nom des bandes/compagnies de professionnels spécifiquement grecs ou albanais hellénisés (ils sont chrétiens, ça c'est une constante). On trouve aussi en France des "cravates" (francisation de "croates" dont le foulard, vite adopté et modifié, fera une carrière longue dans la mode :lol:), des argoulets (qui semblent plus avoir été des unités de Français ayant adoptés les méthodes, tenues et armements de ces cavaliers balkaniques) et des carabins (des cavaliers légers de ce type qui adoptent l'arme à feu.... Ce sont en fait les premières unités de ce qui deviendra les dragons, soit des cavaliers légers combattants plus souvent à pied). Les Estradiots sont considérés par tous les chefs qui les utilisent comme des unités d'élite, et pourtant leur place dans les récits de campagnes de l'époque est au mieux anecdotique. Ils ont des rôles de cavalerie légère, mais sont très actifs aussi en bataille, y compris pour la charge comme le dénote l'emploi d'une lance et d'un bouclier (ainsi qu'une cote de maille, voire d'un casque dans le cas des argoulets); leurs tactiques de combat sont très fluides et exigent un grand savoir-faire et une grande discipline (contrairement aux caricatures de quasi sauvages que ce genre d'unités se voit souvent infligées). Embsucade, hit and run, mais surtout les encerclements, flanquements rapides, changements de direction collectifs et retraites feintes, ce dernier point étant en fait la marque des peuples cavaliers, un mode tactique poussé à un haut degré d'efficacité par des populations balkaniques en contact et en conflit permanent avec des Ottomans qui sont encore largement un peuple des steppes (voir notamment leurs unités de Sipahis/Cipayes). Leur tenue est un mix byzantin, européen et ottoman, leur protection se limite à un haubert ou à une cote de maille (tendance qui s'affirme en Italie), et leur armement est très complet, fait pour la distance comme pour le choc ou le combat de mêlée, traduisant leur polyvalence: arbalète ou javeline pour la distance, lance et bouclier (un bouclier typique: une targe avec une encoche dans un coin pour voir tout en protégeant le visage) pour le choc, épée (ou masse assez souvent, typique de l'influence iranienne/turque) et coutelas pour le contact. Ils sont loués par compagnies aux ordres de capitaines/condottiere grecs, et certains de ces capitaines se sont quand même fait de grands noms, de même qu'on retrouve des noms, au milieu même des guerres d'Italie, qui évoquent des échos lointains et montrent aux Occidentalo-centrés que nous sommes que l'histoire continue aussi ailleurs: des capitaines d'estradiots s'appelant Comnène, Paléologue ou Laskaris rappellent que ces grandes familles impériales byzantines existent encore. La réputation de férocité, en plus de leur grande efficacité, va avec ces redoutables unités: les Vénitiens, lors de la première guerre d'Italie, les payaient à la tête de soldat français ramenée au camp :-[.

2 autres cas de cavalerie légère ont beaucoup compté dans les changements massifs de la cavalerie à cette époque:

- les ritters allemands: "reiters" (cavalier) ou "schwartze reiter" (cavalier noir; la couleur sombre de l'armure est l'origine de cette appellation), ce sont des cavaliers portant une armure plus ou moins complète (mais pas aussi lourde qu'un harnois), dont le cheval n'est pas un destrier (la monture des chevaliers: c'est le gabarit d'un percheron ou d'un frison), et qui ont une épée comme arme secondaire pour la mêlée, mais dont le point fort est l'usage de l'arme à feu (2 proto-pistolets, parfois une arquebuse) afin d'exécuter la caracole, le tir par rangs et en mouvement de profondes formations de cavalerie très ordonnées (un rang tire et cède la place au suivant en se répartissant sur les côtés pour aller se replacer à l'arrière: une bonne caracole est une charge où ce mouvement se fait 2 fois avant le contact). Les ritters, "reîtres" en français, sont des mercenaires allemands auxquels la France a beaucoup eu recours au XVIème siècle.

- les jinetes espagnols: cavaliers légers couvrant tous les rôles dans ce registre, le jinete ("cavalier"), francisé en "genêt" (pour la race spécifique de chevaux, non le rôle de ce cavalier), est une particularité espagnole qui a émergé de l'occupation musulmane de la péninsule (le mot "jinete" vient du nom d'une tribu berbère) et de l'introduction de chevaux berbes et arabes, plus adaptés à la végétation d'une Espagne centrale et méridonale peu capable de fournir de larges troupeaux de destriers, lourds et gourmands. Cette légèreté et le caractère plus "démocratique" de cette arme moins coûteuse en matériel a permis à une Espagne ayant peu de chevaliers de mobiliser contre les musulmans de nombreuses unités de cette cavalerie polyvalente, principalement légère mais très apte à un rôle de charge dans lequel, si elle ne peut se comparer dans ce registre à des gendarmes lourds, a cependant une capacité de manoeuvre rapide dont l'utilité est décuplée dans la guerre telle qu'elle commence à changer en Italie. Si les jinetes, comme tous les autres, ont changé au contact de l'Italie, il s'agit à la base de cavaliers reposant, pour la partie "bataille" de leur savoir-faire, sur une combinaison de manoeuvre, de feu (arbalète ou surtout javeline) et de choc (lance et bouclier). Leur truc est surtout de feindre des charges, de changer de direction au dernier moment, de harceler, le tout afin d'amener l'ennemi à rompre sa formation: là, ils peuvent charger frontalement, le tout reposant sur la supériorité manoeuvrière et la rapidité d'exécution. Cependant, contre des gendarmes lourds, le résultat est le plus souvent mitigé étant donné le cap du blindage qui limite les pertes côté lourds.

Mais jinetes et ritters, tout comme les estradiots et chevau légers, furent les bases par lesquelles la cavalerie changea radicalement en Italie, en très peu de temps, reléguant le chevalier lourd au placard: la cavalerie lourde se rédéfinit essentiellement à partir d'eux, cessant d'une part d'être chevalerie ou gendarmerie, mais surtout adoptant des équipements plus proches de ces légers, leurs montures (le "genet d'Espagne" devient la norme en France) et leurs armements. On peut dire à cet égard qu'à cette époque, le léger a bouffé le lourd, pas parce que le lourd était devenu inefficace (c'étaient toujours des pros entraînés depuis l'enfance, polyvalents, des guerriers "purs"), mais parce que à la fois son coût était prohibitif et son utilité était très ponctuelle, limitée à certains cas trop particuliers au regard de ce coût énorme d'acquisition et de possession.... CRAB vs Leclerc: verra t-on une évolution similaire redéfinissant ce chevalier motorisé qu'est le char ;)?

On notera pour l'anecdote que les premières unités de garde royale espagnole, à la fin du XVème siècle, sont des Estradiots et des Jinetes, pas des chevaliers.

Les Autrichiens ont eu, via leurs frontières et leurs rapports permanents avec les Turcs, leurs propres populations et leurs propres troupes montées (et piétonnes) légères: hussards et pandours ont commencé leurs carrière internationale par le service des Habsbourgs.

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Petit remontage avec un thème qui est en train de se reposer via le débat sur le CRAB: la cavalerie légère.

Ce pourrait être un thème digne en soi d'un topic que d'étudier les unités et types d'unités qui, à travers l'histoire militaire, se voient considérées comme "secondaires", annexes, auxilliaires, moins qualifiées, non parce qu'elles sont faites de soldats de seconde zone ou qu'elles ne comptent pas tout autant que les plus en vues dans la réalité du résultat d'une campagne voire d'une bataille, mais simplement parce qu'elles ne tirent pas autant l'oeil des chroniqueurs contemporains (moins "sexy", moins mises en valeur, elles "parlent" moins aux critères esthétiques ou à l'observateur moins averti), ou essentiellement parce qu'il y a d'autres raisons, surtout sociales et politiques, pour réduire leur rôle et leur place dans un orbat. La phalange grecque ou la légion romaine occupent ainsi 90% de l'espace de récit dans l'histoire militaire gréco romaine, et les raisons en sont à 90% politiques, culturelles et sociales, aux dépends des archers, fantassins légers et cavaliers (à l'exception de la cavalerie lourde macédonienne des compagnons, qui elle-même éclipse les sarissophores et cavaliers thessaliens dont le rôle était similaire et la qualité pas moindre). Le chevalier moyenâgeux éclipse ainsi tout pour longtemps, alors que son importance a rarement été si énorme. Et il est amusant, surtout quand on voit ce mode de regard se perpétuer via les historiens récents, de constater à quel point la place prise dans le récit des armées de ces époques par les armes les plus en vue influe sur la compréhension de l'art militaire, faussant largement celle-ci (qui sait? Dans 300 ans, on dira que nos armées actuelles, c'est l'aviation et rien d'autre?).

Ainsi de la cavalerie légère. Il y aurait beaucoup à dire à toutes les époques sur elle, mais le débat autour du CRAB m'a donné envie de décrire, dans le fil de ce topic, un moment où son rôle a été totalement revu, de même inévitablement que celui de la cavalerie lourde, simplement parce que les changements dans les modes de guerre et l'introduction d'un "outil" de cavalerie légère réellement nouveau (plus que des modifications superficielles) a impulsé une revue complète de son rôle et du rôle de la cavalerie sur le champ de bataille et en campagne. Ce moment est celui des Guerres d'Italie, guerres "totales" ou des décennies, voire des siècles dans certains domaines, d'évolutions militaires lentes et isolées chacunes dans leur coin se trouvent mises sur le devant de la scène, assemblées dans des armées "complètes", mises à une épreuve du feu rapidement changeante dans une très courte période de temps et un espace réduit, donc forcées de s'adapter (et là on voit les systèmes qui le font mieux que d'autres).

Qui sait ce qu'est la cavalerie légère en Europe au Moyen Age? Il y en a eu beaucoup, dont on parle peu (notamment dans les croisades, par exemple avec les turcopoles), et la moins inconnue est celle des sergents d'armes (ou coutiliers montés), sortes de "cavaliers lourds bis" moins équipés et moins qualifiés pour le choc. Et à part ça? Nib. Mais à la Renaissance, tout comme le rôle d'une infanterie de ligne solide avec piques ne peut plus être éclipsé même par les chroniqueurs les plus fanas de chevalerie sous peine de donner dans la pure science fiction, de nouvelles (mais pas si nouvelles en fait) formations de cavalerie "explosent" littéralement et se mettent à bouffer un énorme espace opérationnel par rapport à la cavalerie lourde, par rapport à des formations d'infanterie de flanquement, par rapport aux nouveaux "espaces de bataille" dus aux changements rapides dans l'art de la guerre de cette époque, et cette "explosion" commence à se faire entendre dans les chroniques du temps, même s'il faudra attendre encore plus longtemps pour les voir y trouver une vraie place.

Au commencement des guerres d'Italie, c'est quoi la cavalerie légère en France par exemple? Essentiellement les coutiliers à cheval. Mais 2 types de cavaliers vont rapidement devenir des membres permanents de tout host français avant de voir la cavalerie lourde, celle des gendarmes des compagnies d'ordonnance, graduellement cesser d'être des chevaliers (notion sociale, politique, économique, culturelle) pour devenir de la cavalerie lourde (simple notion opérationnelle), et une cavalerie lourde qui va devoir s'adapter et en fait se calquer grandement sur des cavaliers jusqu'ici jugés "auxilliaires".

Les 2 cavaleries légères que la France doit vite développer:

- les chevau-légers: il s'agit en fait des sergents d'armes montés, longtemps contenus dans les compagnies d'ordonnance comme "seconds" d'un chevalier, à côté de 2 archers et de 2 servants (chaque "lance" d'une compagnie d'ordonnanceest plus une unité administrative, comptable, qu'une unité opérationnelle). Ils sont séparés de l'unité organique "lourde", les gendarmes opérant désormais uniquement entre eux de leur côté. C'est la première distinction permanente opérationnelle entre légers et lourds dans l'armée professionnelle (ou semi-pro) et permanente française. Les premières unités permanentes sont créées en 1498, suivant sans doute un usage qui se répandait dans la pratique avant cela: missions de flanquement et de flancs gardes, de raids et de reconnaissance, de harcèlement, de saisie de points clés et d'embuscade sont leur lot principal, et ces missions requièrent des formations, des montures, des entraînements, des manoeuvres spécifiques, surtout à l'occasion des guerres d'Italie où la guerre devient plus "complète" que dans les conflits précédents (face aux milices suisses ou à l'armée bourguignonne, très semblable à l'armée française, ou aux Impériaux et aux Anglais). Ces unités gardent aussi une capacité limitée de charge en bataille, plus sur les flancs, mais aussi frontalement si besoin est, le plus souvent dans la suite des lourds. Et évidemment, leur rôle dans la poursuite peut être déterminant.

- les estradiots: du grec "stratiotai" ("soldat") ou de l'italien "strada" ("la route", référence aux missions de reco, ou en France ce qu'on appelle "battre l'estrade"). Ce sont des cavaliers des Balkans, d'abord employés par les Etats italiens du nord et vite adoptés (par engagement mercenaire) par la France et l'Espagne au vu de leur grande efficacité. Leur nom varie: "estradiots" semble une francisation du nom des bandes/compagnies de professionnels spécifiquement grecs ou albanais hellénisés (ils sont chrétiens, ça c'est une constante). On trouve aussi en France des "cravates" (francisation de "croates" dont le foulard, vite adopté et modifié, fera une carrière longue dans la mode :lol:), des argoulets (qui semblent plus avoir été des unités de Français ayant adoptés les méthodes, tenues et armements de ces cavaliers balkaniques) et des carabins (des cavaliers légers de ce type qui adoptent l'arme à feu.... Ce sont en fait les premières unités de ce qui deviendra les dragons, soit des cavaliers légers combattants plus souvent à pied). Les Estradiots sont considérés par tous les chefs qui les utilisent comme des unités d'élite, et pourtant leur place dans les récits de campagnes de l'époque est au mieux anecdotique. Ils ont des rôles de cavalerie légère, mais sont très actifs aussi en bataille, y compris pour la charge comme le dénote l'emploi d'une lance et d'un bouclier (ainsi qu'une cote de maille, voire d'un casque dans le cas des argoulets); leurs tactiques de combat sont très fluides et exigent un grand savoir-faire et une grande discipline (contrairement aux caricatures de quasi sauvages que ce genre d'unités se voit souvent infligées). Embsucade, hit and run, mais surtout les encerclements, flanquements rapides, changements de direction collectifs et retraites feintes, ce dernier point étant en fait la marque des peuples cavaliers, un mode tactique poussé à un haut degré d'efficacité par des populations balkaniques en contact et en conflit permanent avec des Ottomans qui sont encore largement un peuple des steppes (voir notamment leurs unités de Sipahis/Cipayes). Leur tenue est un mix byzantin, européen et ottoman, leur protection se limite à un haubert ou à une cote de maille (tendance qui s'affirme en Italie), et leur armement est très complet, fait pour la distance comme pour le choc ou le combat de mêlée, traduisant leur polyvalence: arbalète ou javeline pour la distance, lance et bouclier (un bouclier typique: une targe avec une encoche dans un coin pour voir tout en protégeant le visage) pour le choc, épée (ou masse assez souvent, typique de l'influence iranienne/turque) et coutelas pour le contact. Ils sont loués par compagnies aux ordres de capitaines/condottiere grecs, et certains de ces capitaines se sont quand même fait de grands noms, de même qu'on retrouve des noms, au milieu même des guerres d'Italie, qui évoquent des échos lointains et montrent aux Occidentalo-centrés que nous sommes que l'histoire continue aussi ailleurs: des capitaines d'estradiots s'appelant Comnène, Paléologue ou Laskaris rappellent que ces grandes familles impériales byzantines existent encore. La réputation de férocité, en plus de leur grande efficacité, va avec ces redoutables unités: les Vénitiens, lors de la première guerre d'Italie, les payaient à la tête de soldat français ramenée au camp :-[.

2 autres cas de cavalerie légère ont beaucoup compté dans les changements massifs de la cavalerie à cette époque:

- les ritters allemands: "reiters" (cavalier) ou "schwartze reiter" (cavalier noir; la couleur sombre de l'armure est l'origine de cette appellation), ce sont des cavaliers portant une armure plus ou moins complète (mais pas aussi lourde qu'un harnois), dont le cheval n'est pas un destrier (la monture des chevaliers: c'est le gabarit d'un percheron ou d'un frison), et qui ont une épée comme arme secondaire pour la mêlée, mais dont le point fort est l'usage de l'arme à feu (2 proto-pistolets, parfois une arquebuse) afin d'exécuter la caracole, le tir par rangs et en mouvement de profondes formations de cavalerie très ordonnées (un rang tire et cède la place au suivant en se répartissant sur les côtés pour aller se replacer à l'arrière: une bonne caracole est une charge où ce mouvement se fait 2 fois avant le contact). Les ritters, "reîtres" en français, sont des mercenaires allemands auxquels la France a beaucoup eu recours au XVIème siècle.

- les jinetes espagnols: cavaliers légers couvrant tous les rôles dans ce registre, le jinete ("cavalier"), francisé en "genêt" (pour la race spécifique de chevaux, non le rôle de ce cavalier), est une particularité espagnole qui a émergé de l'occupation musulmane de la péninsule (le mot "jinete" vient du nom d'une tribu berbère) et de l'introduction de chevaux berbes et arabes, plus adaptés à la végétation d'une Espagne centrale et méridonale peu capable de fournir de larges troupeaux de destriers, lourds et gourmands. Cette légèreté et le caractère plus "démocratique" de cette arme moins coûteuse en matériel a permis à une Espagne ayant peu de chevaliers de mobiliser contre les musulmans de nombreuses unités de cette cavalerie polyvalente, principalement légère mais très apte à un rôle de charge dans lequel, si elle ne peut se comparer dans ce registre à des gendarmes lourds, a cependant une capacité de manoeuvre rapide dont l'utilité est décuplée dans la guerre telle qu'elle commence à changer en Italie. Si les jinetes, comme tous les autres, ont changé au contact de l'Italie, il s'agit à la base de cavaliers reposant, pour la partie "bataille" de leur savoir-faire, sur une combinaison de manoeuvre, de feu (arbalète ou surtout javeline) et de choc (lance et bouclier). Leur truc est surtout de feindre des charges, de changer de direction au dernier moment, de harceler, le tout afin d'amener l'ennemi à rompre sa formation: là, ils peuvent charger frontalement, le tout reposant sur la supériorité manoeuvrière et la rapidité d'exécution. Cependant, contre des gendarmes lourds, le résultat est le plus souvent mitigé étant donné le cap du blindage qui limite les pertes côté lourds.

On notera pour l'anecdote que les premières unités de garde royale espagnole, à la fin du XVème siècle, sont des Estradiots et des Jinetes, pas des chevaliers.

Les Autrichiens ont eu, via leurs frontières et leurs rapports permanents avec les Turcs, leurs propres populations et leurs propres troupes montées (et piétonnes) légères: hussards et pandours ont commencé leurs carrière internationale par le service des Habsbourgs.

je m'aperçois que j'avais un gros manque de connaissance en se qui concerne les origines de la cavalerie légère  :O

Mais jinetes et ritters, tout comme les estradiots et chevau légers, furent les bases par lesquelles la cavalerie changea radicalement en Italie, en très peu de temps, reléguant le chevalier lourd au placard: la cavalerie lourde se rédéfinit essentiellement à partir d'eux, cessant d'une part d'être chevalerie ou gendarmerie, mais surtout adoptant des équipements plus proches de ces légers, leurs montures (le "genet d'Espagne" devient la norme en France) et leurs armements. On peut dire à cet égard qu'à cette époque, le léger a bouffé le lourd, pas parce que le lourd était devenu inefficace (c'étaient toujours des pros entraînés depuis l'enfance, polyvalents, des guerriers "purs"), mais parce que à la fois son coût était prohibitif et son utilité était très ponctuelle, limitée à certains cas trop particuliers au regard de ce coût énorme d'acquisition et de possession.... CRAB vs Leclerc: verra t-on une évolution similaire redéfinissant ce chevalier motorisé qu'est le char ;)?

ben je ne pense pas  =).

je pense plutôt qu'on va plutôt partir sur un modèle mutualisé (polyvalence des équipages à 3 ) comme je le précaunise ,avec le régiment mixte Leclerc/CRAB .

et donc plus de ERBC dans l'équation .(vu que sa va être vache maigre ,je fais l'état des lieux et fait un truc à ma sauce lol  :P ,même si j'aurais préféré avoir toujours une cavalerie légère sur du matos type 10rc ) .

avec se principe de régiment mixte le cavalier est un personnel apte à passé du mode léger au mode lourd ,concept facilité par l'équipage de 3 .

on ne peu se passé du lourd ,même si moins employé mais avec le CRAB on a l'engin soupape de pression ,qui permet une continuité pour les opex classique et à quand même sa place pour de l'opex à 30 000 hommes je dirais .

en gros on ménage une monture (le Leclerc ) ainsi que les personnels (dans mon régiment mixte ou on fait bascule de matos tout les deux ans ) ,mais on apporte un +pour la troupe avec le CRAB pour être sur d'assuré de l'opex classique (et plus facilement rien qu'en terme de déploiement ,je veux dire en terme de logistique ) .

dans tout les cas ,le personnel dans mon régiment CRAB/Leclerc sera du point de vue optique de travail  plus clair car n'ayant plus le sentiment d'ambiguité qui disons avait transformé la légère en presque lourd à une époque (des années 80 avec un canon de 105 à maintenant avec l'allourdissement du 10RC ).

j'ai même l'impression que la légère se rapprocherait de la lourde (et à l'inverse aussi ) ,pas dans le sens du matériel  mais je dirais plutôt dans une inter-spécialisation du point de vue cavalerie pour pouvoir rentré dans le mode inter-arme d'une manière plus clair (je l'explique dans le file concept d'emploi du CRAB avec mon système de Brigade ).

enfin comme je le dit s'est ma vision perso par rapport à un avenir morose en terme de budget .

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m'aperçois que j'avais un gros manque de connaissance en se qui concerne les origines de la cavalerie légère 

Elle a toujours existé, d'une manière ou d'une autre: c'est même la cavalerie lourde elle que nous la connaissons qui est plutôt "l'excroissance", la spécialisation moins "naturelle" qui est l'invention (parce qu'elle n'a de sens que dans la bataille, et encore à certains moments seulement), et la légère la norme, pour sa polyvalence et son importance en campagne (rens/reco, escorte et flancs garde, éclairage et accrochage, mouvement rapide, saisie d'objectifs et raids, patrouille et présence, fourrage....) comme en bataille (harcèlement, flanquement/manoeuvre, couverture et appui....). A certains moments, par son coût et donc par l'importance socioculturelle et politique que prend le cavalier lourd, la lourde devient la norme à partir de laquelle on détermine le reste (et qui détermine ses propres exigences techniques, tactiques, organisationnelles, toujours plus chères, toujours plus soumises à ses logiques), ce qui est militairement ruineux et peu pertinent, répondant à des logiques non opérationnelles, tout comme "l'abus de hoplite" à une autre époque.

Au Moyen Age européen, on en voit peu dans l'ouest féodal: seules les croisades, univers guerrier plus "complet" et "ouvert" (ne raisonnant pas en circuit fermé mais dans la logique totale de la guerre) réimposent la logique place de légers nombreux et pros, avec les turcopoles (que les Teutoniques ramèneront dans l'est européen face à des Mongols, Polonais et Russes qui eux utilisent du léger en plus grand nombre que du lourd). On peut juste mentionner les Hobelars des Anglais (mais aussi des Ecossais), qui sont une cavalerie légère de lanciers assez cuirassés montant sans selle des chevaux très petits; il s'agit à l'origine d'Irlandais.

Mais bon, certaines missions des légers restent irremplaçables, même pour les très obtus chevaliers: la reco avant tout ne peut être évitée, de même que les coups de main rapide, et l'alourdissement progressif des chevaliers, de même que le resserrement de la caste et la polarisation des richesses, résultent de facto en une division du travail entre ceux qui peuvent se payer un équipement complet et au goût du jour et ceux qui peuvent pas, par rapport à une époque carolingienne et celle des débuts des Capétiens où une plus grande partie de la population peut se payer l'équipement et la monture (et au moins une partie du temps d'entraînement), et où la caste n'est pas fermée, permettant encore de répondre en partie au principe de la levée carolingienne des hommes libres sans exclusivité nobiliaire sur aucune arme ni sur le commandement aux bas échelons.

Par ailleurs, le chevalier d'après le XIIème siècle (donc là on est dans la caste nobiliaire) est un système d'arme complet, un combattant entraîné depuis la petite enfance aux arts de la guerre: pour remplir le rôle de léger, il change de monture, passe du destrier au palefroi, enlève tout ou partie de ses protections et va battre l'estrade avec ses potes vu que se battre avec n'importe quoi en main, savoir ce qu'il faut aller repérer, savoir pister et opérer en formation, il sait généralement faire, tout comme il sait se battre à pied ou à cheval, en petit groupe, seul ou en grandes formations. Ce qui le tue, c'est qu'au fil du temps, outre l'inflation constante du matos, le resserrement de la caste nobiliaire, le rôle absurde qu'il prend dans l'orbat, le développement d'autres systèmes d'armes, son environnement culturel, social et politique prend toujours plus le pas sur son rôle opérationnel (cavalier lourd): il se détache de la réalité de la guerre pour se spécialiser et ne souhaiter que l'affrontement de chevaliers (idéalisé, caricaturé, mais aussi lié au seul but de guerre du chevalier: rançonner ceux qu'il défait, et piller quand il le peut), il refuse l'existence d'autres combattants (armer des pégus? Non mais quoi encore: vous voudriez pas aussi qu'ils gardent leurs armes à la maison, non?), mais surtout, la guerre et la conduite d'un Etat se révèlent toujours plus incompatibles avec le maintien d'une féodalité soumise aux caprices et intérêts égoïstes d'une caste détachée de l'intérêt général et qui a oublié son rôle premier et "simple" de cavalier lourd professionnel. La féodalité répondait au besoin de fournir à moindre frais des cavaliers lourds et des professionnels de la guerre compétents, mais l'ordre que ceux-ci imposent pour rester au-dessus de la pyramide alimentaire devient inefficace, pas coordonnable et contre-productif. La Guerre de Cent Ans le révèle (incapables de se coordonner ou d'obéir, incapables de voir la place réelle de leur arme, ils perdent tout et surtout la notion d'art militaire), les Guerres d'Italie les enterrent.

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