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Warfare and the real small scale face of battle


Tancrède
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C'est un peu la rançon de leur succès: les légionnaires peuvent tout faire, de l'infanterie lourde à la légère en passant par les purs tirailleurs, avec une spécialisation vers l'infanterie lourde/médiane combattant au corps à corps. Mais pour "tout" faire, encore faut-il leur attribuer ces missions AVANT un déploiement: si telle cohorte est dévolue à la tâche d'infanterie légère, elle tombera son armure et se répartira en petits groupes de manipules autonomes, voire moins. Pour les regrouper en cohorte et les aligner en triplex acies pour le combat en ligne, ça prend un peu de temps, de la même façon que le Rafale est vachement moins polyvalent EN COURS de mission :lol:. La polyvalence ne donne toujours pas le don d'ubiquité.

A noter 3 choses:

- les légions post Marius gardent une dotation de hastas dans les bagages (pas dans leur barda, mais dans le train de cohorte), et l'entraînement qui va avec. Donc le combat d'arrêt, voire en phalange, doit toujours être possible pour une partie de l'effectif

- le combat à la lance lourde comme savoir-faire dominant a du être jugé contre-productif par les RETEX, au profit de la posture plus agressive de la combinaison javelot-glaive/bouclier et de la manoeuvre avec réserve. Cela correspond (ça je peux moins évaluer) autant à l'histoire tactique particulière de Rome (terrain montagneux en Italie) qu'au développement des carrières longues, donc d'une armée plus formée et expérimentée, avec beaucoup de subdivisions et d'articulations et la discipline qui va avec, contrairement au modèle purement hoplitique qui, à l'origine, était plus assuré par des conscrits en Grèce, et pour la défensive (dans l'orbat macédonien sous Alexandre, c'est juste une part minoritaire à une fonction principale)

- tout le modèle militaire romain à partir du Haut Empire tend à nouveau vers l'interarmisation avec, et c'est à noter, le retour en force de la hasta comme arme de base des unités d'infanterie lourde, encore appelées légions bien qu'elles aient désormais la taille d'un bataillon (entre 800 et 1200h), et qu'elles soient toutes systématiquement en revanche couplées avec un auxiliat d'infanterie médiane fonctionnant au javelot-épée/bouclier

C'est en fait ce dernier point qui semble devoir être noté: même si les légions se spécialisent dans l'infanterie médiane/lourde, elles restent polyvalentes, mais surtout, il ne faut pas mésestimer la place des auxiliaires qui ont toujours eu un effectif équivalent aux légionnaires, même s'ils étaient écartés des comptes rendus et récits. Plus Rome a eu tendance à faire des Romains (d'abord stricto censu, puis les socii voisins, puis tous les Italiens, puis, à partir de la fin du Haut Empire, tout le monde) des légionnaires, plus elle a outsourcé l'auxiliat. A la fin de la République, c'est via le recours aux alliés et mercenaires (un vrai modèle US: les supplétifs de l'OTAN ou du privé :lol:). Et si la cavalerie légionnaire disparaît (à part les 2x120 exploratores -éclaireurs), il faut quand même noter que Rome garde des turmae de cavalerie promprement romaine: un effectif pas gigantesque, mais la qualité est quand même là.

Les auxiliares n'ont pas le focus qu'ils devraient, car une armée romaine déployée, c'est un auxiliaire (cavaier, frondeur, archer, voire en plus fantassins légers) pour 1 légionnaire. Donc l'interarmée, ils pratiquent, même si la nature et la qualité de la collaboration est souvent mal connue, à part pour la guerre des Gaules, où les archers crétois, les frondeurs baléares et les cavaleries gauloises et ubiennes (germano-celtes) sont notées pour leur grande qualité, surtout la particularité des Ubiens qui est d'être à la fois une cavalerie et une infanterie légère montée (1 cavalier et 1 fantassin léger pour un cheval, qui opèrent ensemble, ou en spécialités séparées), une combinaison déjà observée ailleurs (notamment chez les Ibères).

Mais surtout, à partir d'Auguste, les auxiliaires deviennent des unités organiques de l'armée romaine qui redevient de ce fait interarmée: chaque légion est doublée par un équivalent numérique d'unités d'archers/frondeurs/javelinistes, fantassins légers et cavalerie, pour une garnison commune. L'armée des frontières fait donc de chaque légion une armée complète en soi. La seule différence est que les légions sont faites de citoyens, les auxiliats des non citoyens de l'Empire. Mais ces unités, désormais drillées à la romaine, gagnent tellement de prestige qu'elles sont ouvertes aux citoyens, et qu'au final, l'Edit de Caracalla abolit toute distinction. habitude avait de toute façon été prise entretemps de composer des armées précisément plus interarmes en ne déployant plus les légions en grands mais en composant des task forces sur base de cohortes spécialisées ou mixtes qui seront la base de la grande réorganisation à partir de Dioclétien.

ela dit ca leur a parfois joué des tours  : notamment face a des armées très mobiles, riches en cavalerie comme les parthes/scythes/sarmates ou des armées qui ont gardé un caractère polyvalent au niveau des unités et plus des soldats ....

Yep, mais la faute va t-elle plus au "modèle militaire" ou au commandement, dans des cas comme Carrhes? D'autres expéditions avec des armées de même composition ont au contraire enfoncé les armées cavalières des Parthes/Perses.

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Yep, mais la faute va t-elle plus au "modèle militaire" ou au commandement, dans des cas comme Carrhes? D'autres expéditions avec des armées de même composition ont au contraire enfoncé les armées cavalières des Parthes/Perses.

probablement aux deux vu que lors de la première expedition l'armée romaine etait comme à son habitude assez pauvre en cavalerie (même si une légion d'auxiliaires de cavalerie gaulois ou germains avait été rattachée)

et il est vrai que Crassus s'est laissé piégé (par excès  de confiance et/ou appat du gain facile)

les expeditions suivantes ayant pris la mesure du problème, les legions ont été renforcées en cavaliers (notamment arméniens et syriens) et en unités de reco (pour éviter de se retrouver piégés)

il est vrai aussi que Trajan et autres avaient une autre trempe que Crassus

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probablement aux deux vu que lors de la première expedition l'armée romaine etait comme à son habitude assez pauvre en cavalerie

:lol: :lol: :lol:.... Première lecture en diagonale de ton post, j'ai cru lire "pauvre en calories" :lol:.... Ca donnait une formulation inhabituelle pour parler d'une logistique mal préparée :lol: (mais non général, l'armée n'est pas mal pourvue; il faut que les hommes fassent attention à leur ligne :lol:).

Au final, c'est pas tellement de la cavalerie qu'est venue la solution contre les Parthes: avant Crassus, des victoires avaient été remportées, et après aussi. J'ai longtemps essayé de me représenter comment ça pouvait fonctionner sur le terrain.... En terrain ouvert, s'il faut ne s'arrêter qu'à l'affrontement proprement dit, il est difficile de voir comment Rome peut l'emporter dans la configuration d'une expédition romaine en terre Parthe: si le terrain est vaste et plat, les Parthes peuvent assaisonner de flèches jusqu'à plus soif, pour causer des pertes, casser le moral, et surtout fixer l'armée romaine qui ne peut même pas faire de mouvement de repli sans risquer de prendre très cher puisqu'il faut lâcher la formation défensive pour un ordre de marche qui, même en groupant 4 légions en carré sous couvert de bouclier avec les bagages au centre, expose beaucoup de monde. Si les Parthes voient les légions et auxiliats d'archers suffisamment "attendris", ils passent à la charge cavalerie lourde en tête, sinon, ils attendent et continuent d'assaisonner. De ce point de vue, la martingale est imparable.

Et quel que soit l'effectif de cavaliers que les romains amènent, ils n'auront JAMAIS assez d'unités de cavalerie pour peser ne serait-ce que le quart de ce que les Parthes peuvent aligner en la matière: donc soit ils envoient leurs cavaliers au devant, et les Parthes les écrasent sous les flèches (tir en mouvement) et le nombre (choc), soit ils les gardent autour des légions, et ils se font bouffer petit à petit comme le reste. Mais ils ne peuvent réunir la masse critique.

Donc comment les Romains ont-ils pu gagner avant et après Crassus contre les Parthes et Perses? Plusieurs cas de figure:

- les expéditions parthes/perses contre les territoires de l'Orient Romain, à moins de soulèvements massifs locaux contre Rome (donc des alliés à appuyer pour les Parthes, et des relais logistiques), ont toujours été vouées à l'échec: les villes fortifiées, les lignes de fortifications, l'organisation du terrain (notamment la fortification des points d'eau importants pouvant approvisionner une armée), le relief difficile dès les abords de la Syrie, de la Palestine et de l'Arménie de l'époque (l'infanterie légère reprend l'avantage, les grands axes peuvent être tenus par les légions car encadrés de relief), et surtout l'étirement des lignes logistiques parthes (le revers de leur tactique est la consommation de flèches, mais aussi les forts besoins alimentaires des chevaux, ainsi que le besoin en eau).... Les rend vulnérables. Et les Romains, une fois les Parthes enfoncés en territoire balisé, peuvent trucider leurs axes logistiques

- les grandes opérations en territoire parthe impliquent surtout, à côté de l'armée principale, des grands groupements plus mobiles, sortes de vastes colonnes volantes chargées de couper et harceler les points de ravitaillement et relais logistiques des armées parthes qui restetn groupées, avec toujours cette idée de base de tarir leur appro en flèches, ou à tout le moins de le menacer de façon crédible et par tant de forces autonomes que les Parthes ne sont pas libres de leurs mouvements sur leur propre terrain, doivent en plus disperser des forces pour sécuriser leurs arrières, et ne présentent plus le même danger s'il doit y avoir bataille (moins d'effectifs dispos au jour J, et approvisionnements plus comptés). Par ailleurs, l'armée romaine s'est plus équipée non seulement en cavaliers (pour les colonnes volantes) mais aussi en archers (notamment à partir d'Auguste, avec des unités auxiliaires, donc désormais des pros romains, qui adoptent l'arc à double courbure à la façon orientale, pour la portée accrue). S'approcher d'une armée de fantassins romains devient plus cher pour les parthes.

Sans compter des usages plus tactiques, comme le fait de simuler un peu l'affaiblissement, voire des débuts de panique, pour inciter les Parthes à charger prématurément.

Ceci dit, même dans un tel cas de figure, j'ai toujours du mal à visualiser comment les Romains peuvent obtenir un succès décisif contre les Parthes: la tactique parthe implique quand même d'avoir toujours une patte en avant et une en arrière, et si le morceau est trop maousse, ils retraitent et attendent. Comment les Romains ont pu faire pour obtenir une bataille décisive avec les Parthes risquant toutes leurs forces? En ayant pénétré leur territoire de façon trop profonde (proche de Ctésiphon)?

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En terrain ouvert,

et ouais mais il me semble que c'est là ou les predecesseurs ou successeurs de Crassus ont bien joué (et lui très mal)

en évitant autant que possible du combat en rase campagne sur plaine ouverte (et cela grace à une meilleure capacité de reconnaissance)

pas pour rien que une grosse partie des affrontements étaient semble-t-il forcés des la frontière avec l'Arménie (on se pointe, on brule 1 ou 2 villes perses/parthes, on maraude pour laisser l'armée adverse s'approcher et on lui coupe les pattes parceque le terrain aux pieds des monts du Caucase et pas génial pour une guerre de cavalerie)

après c'est comme tout, les premiers succès engrangés on rallie quelques satrapes, seigneurs locaux qui fournissent des auxiliaires se qui pousse à une parité de système de combat

et ne pas oublier une arme secrète de nos romains toujours aussi inventifs (et vicelards  :lol:) : la large dispersion de calltrops sur les plaines pour faire du bien aux sabots des chevaux

mais comme tu le soulignes la difficulté de courir après des gars à cheval à aussi pousser les romains à augmenter leurs contingents d'auxiliaires archers

notes d'ailleurs pour repondre à ta question que les romains n'obtiennent pas réellement de succès decisifs : ils defont les armées parthes jusqu'a Ctesiphon mais ne peuvent se maintenir

leurs expeditions ressemblent en ce sens plus à des raids ou des represailles en profondeurs (s'appuyant aussi sur les changements d'alliance des satrapes pas toujours heureux d'etre sous le joug des parthes) mais ils finissent toujours par repartir aux frontières

ce sont d'autres "iraniens" qui finissent par defaire les parthes : même organisation d'armée, même façon de combattre mais armement plus évolué et structure politique moins tribale

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Surtout qu'on doit pas se représenter l'énormité du train d'une armée cavalière: c'est pas "souple, félin et manoeuvrier" dès lors que tu t'éloignes des unités de pointe. Les flèches, c'est maousse à transporter, et vu les quantités qu'ils utilisent, transporter des fagots de flèches à dos de cheval, c'est comme vouloir assurer l'acheminement des bombes des appareils d'attaque par transport aérien :lol:.... Pas rentable. Donc de vastes dépôts parsemant les itinéraires, immobilisant des effectifs pour leur protection et un train de chariots conséquents, lent, lourd, visible et vulnérable. Ca veut dire que le dernier échelon d'approvisionnement est la base opérationnelle à partir de laquelle l'armée parthe fait sa noria pour les appros (ils vident un carquois en combien de temps quand l'armée romaine n'est qu'à une heure ou deux de marche?): ça donne un rayon d'action limité autour de cette base qui n'est mobile qu'après un long moment, et même là, elle ne peut elle-même être bougée que dans un certain rayon de celle qui la précède.... Les axes logistiques commandent.

large dispersion de calltrops sur les plaines pour faire du bien aux sabots des chevaux

L'emport n'a pas l'air d'avoir été systématique (sinon les résultats auraient été autres), ou alors le nombre n'était pas infini: le métal reste assez cher dans l'Antiquité, et les romains ne peuvent pas en balancer des nuées à la moindre alerte. Un homme en forme peut balancer ces petits trucs à quelle distance en moyenne, sachant que le but doit être de les envoyer groupés pour tapisser le sol? Une vingtaine à une trentaine de mètres? En tout cas bien moins que la portée de flèches, et un peu au-dessus de la portée de pilum. C'est une protection contre la charge, ou alors un dispositif pour piéger des itinéraires et ralentir leur passage (contre-mobilité: un disperseur de mines, quoi  :lol:).

Sinon, pour revenir un moment au "pike and shot", il semble qu'il y ait eu une période où un certain flottement a eu lieu: quand, entre la 2ème moitié du XVIème et la première partie de la Guerre de Trente Ans, la proportion de piquiers est en moyenne passée à 1/3 des formations opérationnelles (avec amenuisement extrême, voire disparition dans certains cas, des hallebardiers, épéistes....), ceux-ci semblent en même temps avoir perdu leur capacité offensive (en capacité/entraînement ou juste en terme d'emploi?), et de fait, les affrontements voient le choc dinimuer ou devenir le monopole de la cavalerie lourde. C'est face à cette évolution que certaines armées, Suède en tête, ont adopté des tactiques de choc (feu délivré à bout portant et massivement puis recherche du contact, équipement des mousquetaires/arquebusiers en épées et armes plus "puissantes" pour le corps à corps) qui exigeaient cependant une discipline et un entraînement très élevés, ainsi qu'une coordination interarme poussée et/ou une tactique (usage du terrain, choix du moment) adaptée, sans compter un chef décidé et très capable, car la pique en défense, ainsi que des lignes de feu désormais longues, même si de plus en plus fines, n'étaient pas non plus une tactique qui s'était développée sans raisons valables (Gustave Adolphe l'a appris lui-même au prix de sa vie).

Pendant la guerre de Trente Ans, le pas a été franchi pour la ligne de bataille: les tercios/régiments ne se déploient plus en carrés massifs, ou même en bataillons (qui est avant tout une formation offensive au début), mais pendant un moment sur la base de compagnies mixtes fusilliers/piquiers, afin d'étendre la ligne de bataille qui essaie d'entretenir un feu continu. Les problèmes de recrutement de la guerre de Trente Ans font que les effectifs de compagnie tombent trop souvent bien en deça de la centaine (50 à 80), ce qui oblige le plus souvent à rendre les bataillons de plus en plus permanents.

Mais à quoi pouvait ressembler le corps à corps à cette période? Des piquiers plus si nombreux ne pouvaient plus couvrir toute la ligne (à moins de reconcentrer les fantassins rapidement en carrés contre la cavalerie.... Mais la plupart de ces armées ne sont pas les mieux drillées qui soit), ne peuvent plus former de grandes phalanges d'attaque et ne peuvent faire que de la défensive statque. Et sans baïonnette à douille, la capacité de corps à corps des fusiliers est limitée, prend du temps s'il faut réagir en défense ou manque de punch s'il faut attaquer (pas de feu autre que celui de l'artillerie, vu que les canons des fusils sont bouchés)?

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  • 2 months later...

Petit remontage; depuis que j'ai acquis un batch de nouveaux bouquins d'histoire militaire, j'ai de nouveau le parfum des batailles à l'arme blanche dans les narines :lol: :P, mais aussi toujours cette frustration récurrente face à ce qui semble être une quasi convention chez la plupart des auteurs, et pas que francophones, à passer sur certains aspects que moi, en tout cas, j'aimerais bien connaître. L'organisation à petit niveau des unités militaires du temps jadis est souvent un truc bâclé, l'interaction des sous-unités entre elles (au sein d'une même armée, mais aussi celles adverses), la réalité du "contact" (bien que ce dernier domaine acquière enfin un petit droit de cité), l'articulation à petite et moyenne échelle, en bataille et en campagne (apparemment, chez les historiens, en-dessous de la légion ou de la division, ça vaut pas la peine d'être mentionné), et pire encore, et là c'est particulièrement prégnant en histoire romaine, le refus de considérer toute autre chose entre la valeur/l'entraînement individuel des combattants et le niveau de la légion/de la grande unité de manoeuvre, avec quelques décrochages sur la cohorte à l'occasion, mais vite survolés.... Tout cela est peu traité alors que c'est l'essence du combat proprement dit (pas de la guerre évidemment), et en histoire romaine, c'est quand même l'une des choses qui ont procuré le plus d'avantages aux romains: systématisme dans la gestion des intervalles entre hommes, en mouvement comme en dispositif de bataille, organisation des sous-unités, articulation à tous les niveaux/échelons et coordination entre eux, systématisme dans l'idée d'avoir une réserve (même au niveau de la manipule, précisément pensée dans ce sens pour que même 2 sous-unités élémentaires jumelées puissent pratiquer un combat "intelligent", soit en se relayant et s'appuyant, soit en coordonnant un mouvement -donc en articulant le combat pour multiplier les effets)....

Bref, tout ce qui fait l'essence de la tactique de petite échelle et fait que le tout peut devenir largement supérieur à la somme des parties en termes d'efficacité.... Ou non! Dans les bouquins, on aura un long descriptif des batailles, de l'organisation théorique/administrative des unités, mais pas l'utilité et la pratique de cette organisation, la vision en dynamique de la "gestion" d'une campagne et d'une bataille: pas en dessous du niveau de vision "stratégique". C'est normal sur les "grands" sujets, c'est plus problématique qu'un bouquin d'histoire militaire sur une période/un sujet précis ne fasse que de courts décrochages au mieux sur cet aspect des choses.... On aura ainsi généralement des phrases elliptiques du genre "l'organisation du combat est une grande force de l'armée romaine", ou encore "les combattants s'appuient mutuellement " et point barre, ce genre de phrases couvrant la chose pour vite se concentrer sur le légionnaire individuel, sa façon de combattre, son équipement, éventuellement son entraînement, et son "point de vue" sur la bataille (récente évolution). Mais les sous-unités et unités élémentaires n'ont pas le droit à un "point de vue", les organisations n'existent pas! En histoire romaine, on mentionne les cohortes sans dire comment elles procèdent entre elles, les manipules ne sont qu'un nom et les centuries un cadre théorique: seuls le légionnaire individuel et la légion existent assez pour être dignes de longues analyses :P.

Bref, les organisations au combat n'ont droit à rien!

Pour les périodes ultérieures, c'est rarement beaucoup mieux d'ailleurs.... Les carrés suisses au XVème siècle, qui ont révolutionné l'organisation militaire? On dit juste qu'ils sont "redoutables", mais on détaille pas, décrivant juste leur résultats. Les grandes formations "pike and shot", tercio en tête? Peu de visions en dynamiques de pourquoi elles marchent ou non, de comment elles s'organisent et fonctionnent entre elles, et surtout comment chacune fonctionne en mouvement. Les "bataillons et escadrons" omniprésents du XVIIème à 1815? Du mal à se représenter la chose autrement que en disant qu'il y en a plein dans une bataille, et que les "ailes" et le "centre", font mouvement ou non, foirent ou percent. Dur de se représenter l'extrême complexité de la coordination de files et packs qui s'étalent sur des centaines de mètres, voire des kilomères, et qui doivent bouger de façon à ne pas créer de trous, ne pas s'emmêler.... Et le tout en allant le plus vite possible!

Encore pleins de trucs: jamais j'ai vu d'explications sur l'effet des archers, arbalètes et autres armes de jet selon les périodes :lol:.... Tantôt c'est l'arme absolue, tantôt c'est un facteur de pertes négligeable pour une infanterie.... Et parfois la même infanterie! Le changement vient-il de la tactique, du commandement, de l'équipement, de l'organisation? Jamais d'explication: apparemment, c'est pas digne d'intérêt, sauf juste en passant, rapidement.

Voilà, juste un petit coup de gueule sur ce qui m'énerve chez les historiens militaires.... Et pourtant j'achète pas les plus mauvais!

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ouaip mais comme tu le dis mon cher Tancrède, ca va etre difficile de te donner des noisettes sur ce thread

vu que y'a ..............rien

rien entre le niveau individuel (obtenu par les historiens et amateurs adeptes de la reconstitution historique) et le niveau haut de la pyramide organisationnelle (obtenu par les historiens adeptes du dépoussiérage des textes anciens)

m'es avis que la faute est aussi au manque de sources

si on prend l'exemple romain il est assez facile d'experimenter et de valider ou invalider des elements au niveau individuel

et les sources pour le niveau légion sont nombreuses

par contre les sources au niveau intermediaires sont peu nombreuses (du même ordre que les sources pour l'equipement et la méthodologie individuelle du combattant) ..... sauf que c'est bien moins facile à experimenter vu les effectifs demandés  :|

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Les fondamentaux de la manoeuvre ne changent pas, au final, et de plus, la contrainte d'espace "contrôlable" sur le champ de bataille.... En fait jusqu'à l'apparition de la radio, cette contrainte donc, ne change pas non plus: pour être "militairement utile", un ensemble d'unités (en tout cas, "le centre", la plus grande partie) doit être autant que faire se peut dans le champ de vision du chef, que ce soit César ou Napoléon. Dès qu'on sort de ça, il y a délégation quasi pleine et entière, même si un centre et une aile se trouvent à quelques centaines de mètres pour leurs proches extrêmités.

La adeptes de la reconstitution, qui commencent à être pris au sérieux par quelques historiens, ont amené des premiers pans d'éléments sur le fonctionnement (par la définition du "possible" et du "délire d'analyses théoriques") des petites unités de toutes époques.... Evidemment, ils sont généralement pas assez nombreux ni ne disposent de possibilités d'y consacrer assez de temps pour faire plus. Mais il y a beaucoup de descriptions d'époques (pour Rome, notamment, le Strategikon de l'empereur Maurice, mais aussi toujours Végèce et Ammien Marcellin), c'est plus souvent que les historiens, surtout français, s'intéressent à ce qui leur semble "noble", à savoir les causes, les fondamentaux statiques (équipement, recrutement éventuellement, organisation générale/administrative, et vite vite un portrait social des officiers et de la figure anonyme du noble ou pas si noble légionnaire/troufion de base): c'est facile, c'est "maîtrisable", on a l'impression de pouvoir tout juger à partir de ça. C'est encore plus caricatural en France, où l'histoire militaire ne regagne droit de cité que depuis peu de temps, où, caricature du "mouvement des annales" :-[, les seuls fondamentaux qui intéressaient était les "grands" domaines de long terme, économiques, sociaux, culturels.... Qui seuls valaient et définissaient nécessairement la force, la faiblesse.... Et donc la victoire logique d'une société, le domaine militaire en particulier, et, pire encore, les aspects purement opérationnels, n'étant que de la logistique de bas étage impropre à changer le cours de l'histoire qui elle ne s'écrit que dans les grands secteurs "déterminants" en amont (à se demander comment la Prusse, donc l'Allemagne moderne, a pu émerger d'ailleurs). Quand on lit un peu d'histoire, il est loisible de voir à quel point les grands tournants sont souvent dus à des micro-événements aléatoires et non à de grandes causes supposées déterministes, ce qui rend ces snobismes franchement peu scientifiques.

Ben dans l'histoire militaire, c'est un peu pareil, surtout avec des auteurs qui -c'est pas leur faute- connaissent la suite des événements et tendent toujours plus ou moins à vouloir établir des grandes logiques rendant cette suite inéluctable: telle unité qui fait une mauvaise prestation un jour est le signe qu'elle est mauvaise, donc que la plupart dans cette armée le sont, donc c'est le signe du déclin annoncé de l'armée et du pays étudié.... Les historiens tombent souvent dans le travers d'un déterminisme ou d'un autre (social, sociétal, civlisationnel, racial, culturel, économique....), et cette maladie les frappe à divers degrés selon les cas.

L'un des pires "cas pratiques" que j'ai pu lire, c'est la bataille d'Andrinople, dans divers bouquins, et selon les sommités en la matière (entre autres Richardot et Le Bohec): dans les parutions récentes, seul Alessandro Barbero a pu replacer la bataille et son déroulement avec un tant soit peu de vraisemblance et sans "analyses" et conclusions hors contexte, montrant que Andrinople et l'amorce du mécanisme de destruction de l'empire d'occident qui s'ensuit sont le produit d'événements mal gérés, et pas de ces schémas de "décadence" hérités de ce connard d'anglais du XVIIIème siècle et des grands déterminismes du XIXème qui polluent les schémas de pensée avec leurs conneries de "destin des peuples", des classes sociales, des races, des cultures.... Ou toute autre marotte sur laquelle un penchant déterministe se crée. Le seul fondamental qui a pesé en l'occurrence et différencie les lendemains de cette défaite des autres catastrophes qu'a connu l'armée romaine (dont certaines bien moins flatteuses pour ses qualités militaires, alors qu'elles sont à une époque où Rome est encore censée être "vertueuse" :P), c'est que Rome n'a plus de réserves immédiatement disponible (de réserve qualifiée, soit de vétérans ayant encore la forme), ce que son système militaire précédent gardait.

Et donc pour trop d'historiens, surtout français, seuls les fondamentaux statiques, à toutes les échelles, comptent: analyser les dynamiques, donc en particulier quand il est question de bataille, les organisations en mouvement et interaction  et la tactique, c'est foutu de côté alors qu'il y a de quoi moudre.... Et que c'est quand même CA l'efficacité militaire, plus que les fondamentaux en eux-mêmes: le tout qui devient supérieur à la somme des parties, c'est par la tactique et la coordination d'effort en un point donné à un moment donné, ordonnancé dans une séquence d'efforts collectifs locaux et généraux, plus ou moins pensés.

A tout le moins, ce devrait être un champ de réflexion: un soldat s'entraîne au niveau individuel, au niveau groupe de combat, au niveau section, au niveau compagnie, au niveau bataillon et au-delà, aux manoeuvres entre les unités d'un plus large dispositif. C'est encore plus vrai aux temps où les batailles se livrent entre des forces concentrées en dispositifs uniquement humains, à "taille humaine" (saisissables par l'oeil du chef), sur un espace très restreint. A cahque échelon correspond un entraînement, des limites et des possibilités, une manière de faire, des impératifs.... Qui ne sont pas les mêmes qu'à ceux des autres échelons; donc la situation et les ordres déterminent quelle façon de combattre et de se comporter va prévaloir à un moment donné, ce que le soldat individuel doit faire (et sait faire en général) et ce qu'il va voir, ressentir, encaisser, devoir supporter....

Pour recentrer sur ce sujet en particulier, je m'intéressais particulièrement aux effets du tir d'armes non collectives (flèches, carreaux, javelots et assimilés, "glands" -les projectiles de frondes, qu'ils soient en pierre ou en métal- et autres, dont les haches) par des unités constituées, soit des effets collectifs et voulus comme tels, non seulement par ces spécialistes, mais surtout dans les contextes "interarmes" de différentes époques.

Ainsi, pourquoi la phalange macédonienne ou spartiate n'a t-elle pas trop souffert des nuées de flèches perses qui "obscrucissaient le ciel"? Pourquoi les Romains en ont-ils tant souffert en revanche pendant des siècles, sauf à de rares occasions? Qu'est-ce qui a fait choisir, quand est revenu le temps de l'infanterie organisée en grand aux XVème-XVIème siècles, des unités de fantassins peu protégés alors que les cadences et la puissance de feu étaient élevées dans la première phase où arc et arbalètes sévissaient encore, suppléés par le canon, avant que les armes à feu encore balbutiantes les remplace?

A quoi ça ressemblait l'effet d'une volée de flèches (et autres) suivant l'organisation, l'équipement et le professionalisme de l'unité de tir, et le mêmes données pour les unités de cavaliers et fantassins en face, suivant les époques?

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Un exemple crucial de ce point de l'organisation des hommes sur le champ de bataille comme élément d'efficacité, et qui a fini de disparaître (par un certain été de 1914) de la façon de faire la guerre, en ne restant plus qu'un élément de décorum militaire et de discipline: à tous les sens du terme, la "mise au pas". Marque de l'infanterie de ligne et de la base absolue de la tactique en bataille, de l'estimation des délais en campagne et du calcul logistique depuis l'Antiquité gréco-romaine, le pas militaire, à certaines époques un secret d'entraînement jalousement gardé, même, fut en soi une arme, un multiplicateur de force et, par tout ce qu'il implique, un fondement de la stratégie, de la pensée et de l'organisation militaire.

Difficile de s'imaginer ce qu'a pu être le pas militaire, même pour des soldats d'aujourd'hui! A quel point il devait être abrutissant d'y être drillé en quantités incomparables avec cette astreinte qui a fait critiquer/caricaturer l'armée par quelques générations de caricaturistes (soixante-huitards, pas mal avant et beaucoup après)! A quel point ce simple fait a influé sur la façon "d'être" militaire et de penser l'armée encore aujourd'hui: l'essentiel de la façon de voir et comprendre la discipline et l'organisation militaire encore aujourd'hui vient d'une logique organisée autour et pour ce coeur du dispositif de bataille des armées fondées sur l'infanterie dite "de ligne", ou encore "lourde".

Le pas militaire, c'est ce qui fait la différence entre une unité de ligne et une bande agglomérée en pack plus ou moins dense, entre une unité qui peut être utilisée pour une tactique et un tas jeté dans la mêlée, entre une bande à qui on donne un vague rendez-vous sur un point d'une carte (en espérant l'y croiser un jour.... Ou lui laisser un mot) et une unité dont on sait qu'elle y sera, entre un groupe qui arrivera à peu près homme pour homme à un endroit et des paquets inégaux y parvenant au petit bonheur....

Et c'est surtout, en bataille, ce qui permet d'avoir DES unités pouvant s'agencer, se reconnaître, se coordonner, être sûre de ce que l'autre fait....

Le pas cadencé, quoi! Il suppose d'abord l'essentiel, qui a fait l'une des plus grandes forces de l'infanterie romaine: les espacement. Chaque homme a une surface de terrain assignée... En fait plusieurs selon la formation. Le Romain, par exemple, en maîtrise trois essentielles: au plus serré, réservé à la tortue, en phalange, où chaque homme s'appuie sur ses voisins pour un combat d'arrêt (au glaive-bouclier ou au pilum) ou un mouvement en pack dense (où la force de poussée collective peut s'exercer), et la vraie marque de fabrique romaine, l'ordre standard pour le combat au glaive, où l'espace est exactement calculé pour que le premier rang puisse pratiquer une escrime un peu élaborée pendant un temps donné, puis retraiter et aller derrière la file en laissant la place au suivant sans rompre la continuité du combat.

Et pour les Romains, aucune de ces formations ne vaut si l'unité n'est pas capable de la maintenir aussi bien en statique qu'en mouvement, et sur n'importe quel terrain (ce que les Macédoniens ont appris à leurs dépends)! Combien de mois, d'années pour obtenir ça?

Et ça c'est juste au niveau de l'unité essentielle, soit chez les Romains, la Centurie ou la Manipule (groupe de 2 centuries). Mais d'échelon en échelon, les unités doivent s'agencer entre elles sur un front généralement large d'un à deux kilomètres, et le plus vite possible: une légion s'aligne en damier de manipules, en fait en 2 lignes de damiers avec une en plus de tirailleurs (triplex acies). Donc les hommes ont leurs intervalles (plusieurs) à tenir en mouvement ou en fixe, devant combler les vides dès qu'ils apparaissent, mais les sous-unités essentielles aussi doivent "réfléchir" et agir comme des indidvidus, pouvoir avancer, s'agencer, ouvrir des espaces (pour que les tirailleurs puissent passer devant et retraiter, ou des renforts, ou de la cavalerie de choc, mais aussi pour ouvrir les rangs, face à des chariots, de la cavalerie ou des éléphants qu'ils essaient ainsi de piéger), les refermer.... Et le tout très rapidement et sans que de tels ordres aient à remonter au-delà du niveau de la cohorte.

Le pas romain (y'a un nom d'origine grecque, faut que je le rechoppe) se fonde sur le but de couvrir 24 miles en 5h (pas plein), avec un pas "standard" à 20 miles, et un demi-pas à 10 qui est leur pas cadencé pour les agencements d'unité dans un dispositif de bataille.

EDIT: le pas en formation dense, type phalange, est le pas spartiate, dit pas anapaeste. Il est assez lent, et destiné à produire une forte poussée collective (accessible seulement aux unités très disciplinées et "rôdées"), ce qui, quand les rangs sont doublés (32), est une force de rupture inégalable: aucun front ne tient face à ce genre de poussée.

Pour ceux que ça amuse, les commandements romains sont simples, obligatoirement, et recouvrent pourtant un très large inventaire de mouvements, ordonnancements et possibilités tactiques: passer de la colonne à la ligne, étendre ou réduire le front (en plaçant 2 manipules côte à côte ou l'une derrière l'autre, ce qui fait 8 ou 16 rangs), serrer le rangs ou adopter un ordre fluide, voire passer en tirailleur ou, à l'inverse, en phalange, ou encore plus serré, en tortues (par manipule ou par centurie, ou encore par cohorte, le maximum possible), se disposer en double phalange en cas d'encerclement (1 centurie pointant devant, une derrière, en un cercle tronqué), doubler les rangs en passant à la formation à 32 rangs (qui implique le niveau cohorte) pour une poussée maximum et la recherche du contact TRES dur visant la rupture directe.... Et bien sûr les mouvements basiques de toute formation, de la centurie à la cohorte, pour faire mouvement et changer de front, ou adopter des fomrations de combat à grande échelle (disposition des cohortes: front long, front en créneaux, front oblique en escalier de cohortes, damier, coin offensif, série de "V" défensifs....). Et pour cela, les ordres comportent deux mots au maximum, se font en deux temps maximum, pour être exécutés avec le stress d'une bataille, dans la cohue des bruits omniprésents et de la poussière. Les enseignes jouent pour ce faire le rôle de repère capital pour le troufion, de même que la musique dont les 3 instruments (trompettes, cors et buccines) ont chacune un son aisément distinguable des autres. C'est la musique qui indique le mouvement, dans sa durée et son intensité, pas les formations. Les enseignes sont le repère de positionnelement, et les transmissions visuelles par signaux sont pour les chefs d'unités (quand la poussière ne les rend pas inutiles).

En Europe, il faudra attendre longtemps avant de revoir des infanteries capables de quelque chose d'un peu approchant. Si les traditions de conscription communale ont permis aux Cités du nord de l'Italie de garder une infanterie efficace jusqu'au XIIIème siècle, elle n'avait cependant pas le dixième de ces capacités; cette infanterie pouvait opérer des mouvements simples en gardant sa cohérence, et cela a suffi contre les chevaliers et fantassins allemands, mais c'est tout. L'exception, ce sont en fait les milices cantonales suisses au XVème siècle (pas les mercenaires qui ont suivi au XVIème siècle) qui ont pendant un bref moment été de vraies unités de manoeuvres au panel de capacités varié et bien rôdé, capables de coordination entre un certain nombre de sous-unités, tant à l'arrêt qu'en mouvement, pour le combat offensif articulé comme pour le face à face massif. Pas la "trousse à outil" romaine, mais pas si loin que ça. L'unité de base en était le carré d'une centaine d'hommes, avec pour l'essentiel un pourtour de piquiers abritant un "commando" d'assaut fait d'épéistes, mais surtout de hallebardiers guettant le flottement dans un rang adverse pour charger très brutalement, le tout accompagné d'un petit essaim de tirailleurs (arc et arbalètes). Le carré est autonome, a son propre commandement, et peut se coordonner avec d'autres, voire opérer de massives concentrations pour former de grandes phalanges. Et contrairement aux apparences, ce n'est pas une formation statique ou défensive, mais un groupe éminemment mobile et rapide qui garde sa cohésion et peut avancer au pas double, précisément parce que sa grande vulnérabilité se trouve face aux missiles (flèches et carreaux), et que le mouvement rapide empêche l'ajustage correct du tir de salves, sauf pendant la phase du tir tendu, problématique, mais moins meurtrière (sauf pour les premiers rangs), qui peut là être compensée par la "contre-batterie" des tirailleurs d'accompagnement.

Là encore, l'entraînement, et avant tout celui du pas cadencé, est l'essentiel de la pertinence de ce "système d'arme": il ne s'agit pas seulement de garder sa cohésion face à une charge de cavalerie, mais de tenir ensemble pour la manoeuvre.

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  • 2 months later...

Petit remontage suite aux délires sans doute très perso :-[ :-X....

Une question ponctuelle sur ces petites réalités du champ de bataille, parfois porteuses de vastes conséquences.... Escrime de taille ou escrime d'estoc? Malgré la "place" qu'occupe le piquier dans l'histoire de l'infanterie et du combat terrestre, de la Grèce au XVIIIème siècle, il ne faut pas oublier en fait son "binôme" portant une arme de combat rapproché, qui sert en fait surtout d'arme d'attaque. La lance ou pique peut servir aussi à l'attaque, mais à l'échelon de grandes unités, par effet de masse et de coordination, là où ceux qui opèrent avec des épées/glaives/coutelas ou des armes d'hast opèrent généralement en plus petits paquets, plus souples, ponctuels et brutaux, l'armée romaine étant presque une exception qui opérait en vastes lignes et formations d'épéistes jouant, au moins pour un temps, du duo javelot-glaive. Dans le combat rapproché, cependant, la pique est obligatoirement employée aux côtés de formations d'épéistes (ou d'armes d'hast au Moyen Age) qui assurent sa protection, au minimum (sur les flancs, entre les formations ou juste derrière en cas de brêche), mais servent aussi et surtout à l'assaut en plusieurs points le long de la ligne, et sur les flancs pour des manoeuvres rapides. Des phalanges macédoniennes (les hypaspistes, entre autres, accompagnent les phalangistes) aux Tercios (rodeleros, puis mousquetaires et "enfants perdus" ont ce rôle) en passant par les carrés suisses (épéistes et hallebardiers dans les carrés, en commandos d'assaut, ou sur les flancs) ou l'armée romaine (une formation de légionnaires puis piquiers est accompagnées d'épéistes légers en plus des autres auxilliaires), ce duo a toujours existé sous une forme ou une autre.

Mais ces épéistes ont eu une évolution nettement plus diverses que celle des formations de piquiers, notamment dans le choix de l'arme et donc de l'escrime qui va avec, ce qui impacte la formation (temps, complexité....), l'organisation (taille des unités, encadrement, fonctionnement, paie....), le dispositif de bataille (espaces surtout....), l'ordre de marche, la culture (pro, conscrit, aristocratie....) et en fait pas mal d'aspects qui de toute façon portent à conséquence dans les capacités d'une armée et donc la tactique comme la stratégie, à un degré ou un autre.

Le Romain a longtemps été un escrimeur d'estoc avant d'être un escrimeur de taille, mais toujours dans une pratique alliant arme et bouclier dans des enchaînements combinés, ce qui donnera naissance à l'escrime médiévale.... Un changement qui a du être une décision énorme pour l'empire romain (coûts, culture, organisation, tactique, stratégie). Selon vous, comment mesurer l'impact, l'efficacité, la rationalité (à l'échelle de la planification militaire) de changements de ce type?

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Mais ces épéistes ont eu une évolution nettement plus diverses que celle des formations de piquiers, notamment dans le choix de l'arme et donc de l'escrime qui va avec, ce qui impacte la formation (temps, complexité....), l'organisation (taille des unités, encadrement, fonctionnement, paie....), le dispositif de bataille (espaces surtout....), l'ordre de marche, la culture (pro, conscrit, aristocratie....) et en fait pas mal d'aspects qui de toute façon portent à conséquence dans les capacités d'une armée et donc la tactique comme la stratégie, à un degré ou un autre.

Le Romain a longtemps été un escrimeur d'estoc avant d'être un escrimeur de taille, mais toujours dans une pratique alliant arme et bouclier dans des enchaînements combinés, ce qui donnera naissance à l'escrime médiévale.... Un changement qui a du être une décision énorme pour l'empire romain (coûts, culture, organisation, tactique, stratégie). Selon vous, comment mesurer l'impact, l'efficacité, la rationalité (à l'échelle de la planification militaire) de changements de ce type?

Oh ! Mais de façon très simple…

Il  suffit juste de garder à l’esprit que les romains sont de féroces empiristes.

Je sais c’est un peu court comme explication, et je n’en sais pas assez aussi bien en ce qui concerne l’escrime que les processus de cheminement/adoption de tel ou tel technique et plus encore, les interactions fondamental qui tiennent à tel ou tel attitude/mentalité/posture, soit par méconnaissance et/ou faiblesse des matériaux disponibles -  problème de ce poste hautement spéculatif qui pousse à beaucoup de conjectures à partir d’un nombre rétreints d’expériences retranscrites et qui nous sont parvenu…- ; mais je promet de m’appliquer !

Tel que je vois la chose, ça a certainement du prendre la forme d’un processus orienté Down-Up : une technique arrive à maturité, ce bonifie, puis fait ses preuves à l’échelle de la petite tactique pour monter jusqu'à la tactique (unité fondamental de manœuvre ou ce fait les premières coordinations) qui est le test définitif de validation, et il en faut toujours pour les nouveaux dispositifs.

Reste à savoir si c’est un choix imposé, généralisé en fonction d’une doctrine voulu ; ou bien simplement une façon de faire qui est, progressivement, de plus en plus populaire parmi les unités combattantes de lignes et qui tient de la contingence du combat et peut être même circonscrite à certains front, contre certains adversaires (les Parthes ?) ; le commandement soucieux de faire avec ce qui existe et tirant profit de la masse critique constitué finit par se l’approprié. Cette dernière façon de faire colle mieux avec ce que je sais de la façon de faire romaine, pas très porté sur le formalisme.

Je pense qu’il faut relativiser aussi ce genre de changement. Non qu’elle n’est pas une portée colossale, au contraire ! Mais je pense que le changement a du avoir lieu insensiblement, juste « comme ça » ; mais je peux me tromper…

Je serais d’ailleurs étonné qu’il ne conserve pas un volant important d’escrimeurs d’estoc et qu’elle reste une part importante, même si secondaire, de la formation du légionnaire. A moins que la spécialisation soit passée par là.

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La spécialisation est sans doute passée par là.... Mais pour répondre à ta question en suspens, il semble que l'escrime pure, d'estoc, c'est-à-dire au gladius, ait disparue totalement au profit de l'escrime de taille à la spatha (épée longue dont le bout est rarement très pointu -les romains gardant un poignard s'il faut aller étriper pour achever), épée d'origine celto-germanique qui sera le modèle de l'épée médiévale. Ceci dit, il est irréaliste de penser qu'il ait pu y avoir réellement de "double spécialisation" gladius-spatha: il s'agit de 2 escrimes complexes et radicalement différentes (jusque dans la musculature qu'elles impliquent); des cas individuels, sans doute, mais à l'échelle d'unité, c'est peu probable, sinon impossible. Il s'agit d'un savoir-faire non seulement individuel, mais en plus collectif, qu'il faut savoir pratiquer en formation et de façon coordonnée, aussi bien pour d'éventuels "duels" sur le champ de bataille qu'en unités constituées où le mur de bouclier à tenir rigoureusement implique des espacements stricts et une tenue du front sans faille, ainsi que la recherche d'effets collectifs. Et ce alors même qu'il faut savoir aussi manier la pique (hasta) avec des contraintes similaires, et pouvoir lancer les dards plombés (plumbatae) et/ou petits javelots, toutes armes qui équipent l'essentiel de l'infanterie lourde et "médiane". Ca fait déjà beaucoup. 

La spatha était déjà présente dans la cavalerie romaine depuis longtemps (il y en avait en complément des lances, même si le gladius, dont la longueur a beaucoup varié, était là aussi) puisque taper du haut d'un cheval implique d'avoir de l'allonge, mais aussi du poids en tête d'arme, donc une arme équilibrée pour la taille. Donc les Romains en avaient avant cette "barbarisation" (le gladius lui-même venant des "barbares" d'Ibérie, quoique ce ne soit pas prouvé).

L'introduction dans l'infanterie s'est sans doute faite via les contingents celtes et germaniques et les unités d'auxiliaires, mais la généralisation correspond selon certains auteurs à la baisse de qualité du recrutement, ce qui est contradictoire avec 2 faits:

- les barbares qui la manient sont souvent considérés comme des recrues individuellement de qualité (bien qu'il puisse leur manquer la mentalité citoyenne/éduquée/soudée/"nationaliste" et la prédisposition culturelle à la discipline)

- il est difficile de voir en quoi une escrime spatha+bouclier rond est moins complexe que celle gladius+bouclier en tuile, ni en quoi il s'agirait moins d'une forme de combat qui exige le courage exhalté par les tenants du gladius

Le temps d'apprentissage, le niveau d'expertise requis, donc les coûts.... Ne doivent pas beaucoup varier, mais c'est en revanche révélateur d'une armée romaine qui va moins au contact et a une tactique fondamentalement plus défensive, ou plutôt moins offensive (le duo pila gladius implique une posture tactique résolument très agressive), ce que l'adoption de la lance d'arrêt (hasta) dans les formations d'infanterie semble confirmer:

- baisse de qualité du recrutement donc recentrage sur le combat "à distance" avec la pique?

- difficultés de recrutement et coût d'une armée professionnelle dans un empire ayant près de deux fois moins de moyens après la crise du IIIème siècle? Donc des soldats proportionnellement plus "précieux" et moins perdables? Ce qui amène la posture plus encline à la défensive, au comptage serré des ressources, au fait d'éviter les pertes plus que de chercher la victoire tactique absolue à tous les coups

- baisse du différentiel de qualité/efficacité entre "barbares" et romains, qui renforce la logique décrite précédemment?

Pour le côté concret, le combat au gladius nécessite certainement d'aller un cran plus près de l'adversaire que la spatha, d'abord parce que l'arme est plus courte en moyenne d'une bonne vingtaine de centimètres (quoique la taille du gladius ait varié pour aller jusqu'à 70cm), mais surtout parce que le but avec est d'aller chercher la tripe dans le ventre du gars d'en face là où la spatha implique de trancher d'un grand slash, et/ou d'obtenir un effet contondant potentiellement incapacitant. Dans les 2 cas, le bouclier est à la fois une protection mobile utilisée dans des mouvements complexes coordonnés avec l'action de l'arme, mais aussi une arme en soi, par son impact de face et de la tranche, généralement renforcé par des pièces de métal (l'umbo, une bosse de métal au centre, parfois en pointe, et les bords aiguisés et cerclés de métal).

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  • 2 months later...

Je me pose une question depuis pas mal de temps à ce sujet. Pourquoi ces massacres à la fin des batailles de l'époque romaine, où l'on voit l'armée qui a été attaquée sur son flanc ou ses arrières se faire massacrer toute entière ou presque alors que l'adversaire ne subit que des pertes minimes? L'exemple le plus célèbre étant la bataille de Cannes, où près de 50 000 citoyens romains et alliées périrent contre 6000 tués chez Hannibal. Pourquoi les encerclés ne vendent-ils pas plus chèrement leur vie? A contrario, l'on voit lors de la bataille de la Trébie entre Hannibal et une armée romaine, un corps de légionnaires expérimentés de 10 000 hommes se faire jour au travers des lignes ennemies et regagner la forteresse romaine toute proche de Plaisance en laissant beaucoup de leurs adversaires notamment gaulois sur le carreau.  

Cela vient-il du fait que les encerclés se font tuer par des traits (javelots, flèches, frondes) qui les accablent facilement puisqu'ils sont serrés les uns contre les autres, avec un facteur moral de perte de confiance dévastateur en prime?

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La panique, qui désorganise les lignes, la peur qui pousse à fuir plus qu'à combattre, fait jeter ses armes pour courir plus vite, l'effroi qui transforme le guerrier en couard. L'absence d'ordres clairs de la hiérarchie..etc

C'est un sujet sur la psychologie collective des mouvements de foule.

Dans le genre la débâcle de 40 est aussi un bon exemple.

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A toutes les époques, l'énorme majorité des pertes survient quand la bataille, plus exactement la phase de combat organisé, est perdue; dans la bataille antique, c'est quand un adversaire a rompu, cad que son dispositif de bataille est craqué et qu'il ne parvient pas à se regrouper pour opérer une retraite en bon ordre. Dans la bataille antique, particulièrement, cela implique aussi la mise en danger, voire la prise, du camp de base (généralement derrière l'armée, à quelque distance) où se trouvent les bagages, donc les effets personnels (y compris les éventuelles parts de butin), l'équipement, la paie, les réserves, soit ce pourquoi un soldat se bat et ce qui le maintient en vie et en conditions opérationnelles. La prise de ce butin est le coup le plus dur au moral, puisqu'il enlève une bonne part du "pourquoi" le soldat se bat, obère son avenir même s'il survit, lui enlève ce qu'il possède.... Sans compter la dimension religieuse de la défaite dans les mentalités antiques, particulièrement romaine (le soldat défait n'a pas la faveur de l'univers, le soldat romain fait prisonnier, même s'il s'évade, n'a pas intérêt à retourner à Rome), la perte des emblèmes d'unités et de légion qui sont aussi pratiques que religieux/civiques (à Rome, c'est la même chose)....

Plus pratiquement, une armée défaite, dans le type d'armées gréco-romaines, et plus primitivement dans les armées celto-germaniques, c'est une armée dont la ligne, le pack, a été brisée en au moins un point, point par lequel l'ennemi peut s'engouffrer pour encercler/flanquer, couper la retraite.... A plus grande échelle, c'est ce qui se passe par exemple avec le front de 1914: dès lors qu'une armée a un flanc dégagé, elle retraite pour éviter cela, sinon elle se fait prendre sur -au moins- 2 angles, ce qui multiplie les effets destructeurs par un facteur supérieur à la simple addition des effectifs qui la menacent.

C'est ce qui se passe à l'échelon tactique dans la bataille antique: on cherche à flanquer/contourner, et/ou à percer en un endroit. La force des packs d'infanterie organisée vient de leur ordre et de la continuité de la ligne qui rend le tout supérieur à la somme des parties. Enlève cette force, et la division de l'efficacité du dispositif de bataille est drastique: il n s'agit plus que d'un pack d'hommes isolés, généralement crevés après quelques heures de marche, de manoeuvre et de bataille en armure à bouffer de la poussière....

C'est toujours le "shock and awe" qui est à l'oeuvre, parce que pendant un instant, cette réalité est multipliée par la peur, la panique.... Qui surviennent avant tout par la combinaison de la surprise et de l'absence d'informations et de visibilité (on se sent isolés, "laché" par le reste, on ne sait pas s'il y a encore une armée, et surtout encore un chef): mais ils savent de toute façon qu'à un tel stade, c'est chacun pour soi, sauf si un officier particulièrement respecté et efficace garde un bout d'organisation (c'est après tout l'histoire de Xénophon dans son Anabase). le fait qu'un petit pack puisse offrir une résistance organisée ou pas dépend des circonstances, presque du hasard, même dans le cas d'unités d'élite. Sauf si il y a conscience qu'il n'y a strictement aucune chance, généralement dans un encerclement: voir le cas du bataillon sacré de Thèbes face aux Macédoniens.

Mais de toute façon, à ce point d'une bataille, c'est une force organisée contre des petites forces organisées (unités élémentaires au maximum) mais déconnectées entre elles, sans coordination, qui ont peu de chances pour beaucoup d'entre elles de pouvoir retraiter plus vite que les adversaires avancent (mouvement d'unités organisées = plus lent que courir en tant qu'individu). L'armée qui gagne a généralement en plus une réserve et/ou une cavalerie légère qui exploite ce moment de rupture, en harcelant/poursuivant les unités adverses, les empêchant de se regrouper, empêchant l'adversaire de "penser" en grand, maximisant et prolongeant la confusion: c'est ça, exploiter une rupture tactique. Si cela marche, le reste n'est que du massacre en détail d'éléments isolés et de plus en plus petits.

Y'a pas tant besoin que ça de finir à l'arme de jet (les projectiles coûtent cher): c'est la poursuite par la cavalerie, l'infanterie légère, les unités encore fraîches qui fait le tout.

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Oui, c'est l'effet moral qui compte le plus à ce que je vois, car finalement à Cannes, même après la prise à revers par la cavalerie carthaginoise et les fantassins d'Hannibal, l'armée romaine était plus nombreuse que celle qui l'encerclait. Il eut probablement suffit d'un chef énergique et respecté pour faire sonner quelques trompettes et rallier un pan de l'armée, la faire mettre en ligne et attaquer l'adversaire, rompant ainsi l'encerclement. Car le légionnaire romain était supérieur au fantassin carthaginois ou gaulois au corps à corps. Cela n'aurait peut-être pas suffit pour sauver toute l'armée mais au moins une partie et les pertes d'Hannibal eussent été bien plus fortes.

Un texte tiré de la guerre d'Afrique de César: "

César, ayant pénétré le dessein de Labiénus, commande à son armée de s'étendre sur le plus grand front possible, et aux cohortes de faire face alternativement, afin que l'une après l'autre elles puissent charger l'ennemi. Par ce moyen il rompt le cercle dans lequel il est enveloppé, attaque avec la cavalerie et l'infanterie une moitié de la ligne ennemie, l'accable de traits et la met en déroute; mais la crainte de quelque piège l'empêche de la poursuivre, et il retourne vers les siens. L'autre partie de la cavalerie et de l'infanterie de César fait de même. (2) L'ennemi une fois repoussé au loin avec perte, César prit, dans le même ordre de bataille, le chemin de son camp.

A ce sujet voici un lien avec tous les textes originaux des auteurs latins sur l'histoire de Rome : http://remacle.org/

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Ardant du Picq aborde largement le sujet de la bataille antique.

EDIT: retrait du texte buggé

Voilà la version anglaise, je n'ai que celle là en mode texte: http://www.gutenberg.org/cache/epub/7294/pg7294.html

Bataille de cannes:

Polybius has explained to us how the Roman infantry let itself be enclosed by the two wings of the Carthaginian army and taken in rear by Hasdrubal's cavalry. It is also probable that the Gauls and Iberians, repulsed in the first part of the action and forced to turn their backs, returned, aided by a portion of the light infantry, to the charge upon the apex of the wedge formed by the Romans and completed their encirclement.

But we know, as will be seen further on in examples taken from Caesar, that the ancient cavalryman was powerless against formed infantry, even against the isolated infantryman possessing coolness. The Iberian and Gallic cavalry ought to have found behind the Roman army the reliable triarians penned in, armed, with pikes. [10] It might have held them in check, forced them to give battle, but done them little or no harm as long as the ranks were preserved.

We know that of Hannibal's infantry only twelve thousand at the most were equipped with Roman weapons. We know that his Gallic and Iberian infantry, protected by plain shields, had to fall back, turn, and probably lost in this part of the action very nearly the four thousand men, which the battle cost them.

Let us deduct the ten thousand men that had gone to the attack of Hannibal's camp and the five thousand which the latter must have left there. There remain:

A mass of seventy thousand men surrounded and slaughtered by twenty-eight thousand foot soldiers, or, counting Hasdrubal's cavalry, by thirty-six thousand men, by half their number.

It may be asked how seventy thousand men could have let themselves be slaughtered, without defense, by thirty-six thousand men less well-armed, when each combatant had but one man before him. For in close combat, and especially in so large an envelopment, the number of combatants immediately engaged was the same on each side. Then there were neither guns nor rifles able to pierce the mass by a converging fire and destroy it by the superiority of this fire over diverging fire. Arrows were exhausted in the first period of the action. It seems that, by their mass, the Romans must have presented an insurmountable resistance, and that while permitting the enemy to wear himself out against it, that mass had only to defend itself in order to repel assailants.

But it was wiped out.

In pursuit of the Gauls and Iberians, who certainly were not able, even with like morale, to stand against the superior arms of the legionaries, the center drove all vigorously before it. The wings, in order to support it and not to lose the intervals, followed its movement by a forward oblique march and formed the sides of the salient. The entire Roman army, in wedge order, marched to victory. Suddenly the wings were attacked by the African battalions; the Gauls, the Iberians, [11] who had been in retreat, returned to the fight. The horsemen of Hasdrubal, in the rear, attacked the reserves. [12] Everywhere there was combat, unexpected, unforeseen. At the moment when they believed themselves conquerors, everywhere, in front, to the right, to the left, in the rear, the Roman soldiers heard the furious clamor of combat. [13]

The physical pressure was unimportant. The ranks that they were fighting had not half their own depth. The moral pressure was enormous. Uneasiness, then terror, took hold of them; the first ranks, fatigued or wounded, wanted to retreat; but the last ranks, frightened, withdrew, gave way and whirled into the interior of the wedge. Demoralized and not feeling themselves supported, the ranks engaged followed them, and the routed mass let itself be slaughtered. The weapons fell from their hands, says Polybius.

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Oui c'est bien ça, c'est essentiellement dans leur tête que les 70 000 romains furent battus par 36 000 Carthaginois. Un grand général à leur tête, à supposer qu'il ait commis l'erreur initiale d'engager tous ses moyens sans profondeur, en une masse compacte, donc sans réserves, comme cela a été fait à Cannes, aurait rallié les encerclés, redressé le moral et rompu le cercle.

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Faut pas sous-estimer l'effet simplement tactique/mécanique:

- une armée/unité encerclée ne peut se défendre au maximum de ses possibilités, surtout à mesure que l'adversaire presse: compressée, elle ne peut plus bouger, ou pas aussi bien, ne peut optimiser son dispositif, étendre son front, manoeuvrer.... Et c'est la cohérence d'un dispositif, autant que la manoeuvre (l'usage du dispositif), qui sont les premiers multiplicateurs de force

- le combattant individuel en vaut rien face à ces multiplicateurs de force que sont les dispositifs de bataille: 1000 légionnaires combattant individuellement ou en petits paquets de contuberniums, centuries ou manipules ne pèsent rien s'ils ont en face d'eux un simple lochos (bataillon) grec.

- en fin de bataille, la fatigue joue beaucoup, et des armes manquent: des boucliers sont brisés/chargés de flèches, les pilums (et leur rechange) ont été lancés, des glaives sont perdus/émoussés/ébréchés....  

- tant que le combat se fait de manière organisée des 2 côtés, les pertes sont très faibles: donc des unités romaines qui auraient maintenu le dispositif à Cannes n'auraient pas infligé beaucoup de bodycount à Hannibal. Quelques dizaines de morts en plus, peut-être quelques centaines de blessés au max. Les adversaires cherchent la rupture de la ligne précisément pour créer le moment où ils pourront empêcher l'armée adverse de se réorganiser. Pendant qu'elle cherche à le faire, c'est là que tout se joue, c'est là que la rupture peut devenir défaite, que le repli peut devenir retraite et la retraite débâcle, et c'est pendant la débâcle que les unités de poursuite s'élancent pour faire du bodycount et donc là faire du résultat stratégique/opérationnel en diminuant ou cassant la capacité de l'adversaire à revenir pour une autre bataille ou à représenter un danger important.

- une armée antique a un flanc mathématiquement plus faible que l'autre: le "sens du bouclier" (le bouclier se tient à gauche, l'arme se porte à droite) est un problème que tout dispositif tactique doit savoir compenser, ce qui nécessite clairement l'organisation d'un dispositif de bataille pour minimiser cette vulnérabilité: le mouvement (c'est pourquoi l'aile droite doit le plus souvent attaquer en premier) et la coordination avec des unités de couverture sont là pour ça, chose difficile à arranger dans la panique et les contraintes physiques d'une rupture du front. Dès lors que le front est rompu, cela veut dire qu'au moins une autre partie de l'armée a un "flanc droit" exposé.

On mésestime facilement à quel point, dans des armées avant tout faites pour le combat en ligne, l'organisation, les formations de combat, la coordination.... Sont des multiplicateurs de force énorme. De même qu'on ne comprend pas à quel point elles sont difficiles à créer et à maintenir: une bataille est un lieu opaque, la poussière est omniprésente et on voit rarement plus loin que l'unité d'à côté, le bruit est assourdissant et les chefs, même dans une armée aussi organisée et subdivisée que l'armée romaine, ont du mal à bien garder en main et visualiser un dispositif, d'autant plus qu'il est grand et qu'il est en mouvement. Les moyens de communications sont fragiles: signaux visuels, difficiles à discerner avec la poussière, surtout si on est pressés par un combat rapproché, la musique, confuse et inaudible dans beaucoup de circonstances, ordres gueulés qui ne valent que pour les petites unités tactiques, messagers qui peuvent se perdre, être abattus, ne pas arriver à temps (leurs ordres étant vite périmés ou, pire, devenant contre-productifs à cause du délai) ou simplement ne pas pouvoir atteindre une unité trop prise par le combat.

C'est encore plus vrai quand les effectifs sont vastes, contrairement à ce qui semblerait logique: plus l'armée est nombreuse, plus sa coordination est difficile et fragile, et plus sa débâcle peut être catastrophique, les problèmes de confusion et de communication s'accroissant exponentiellement. Ce qui fait la force des vastes armées très organisées devient le principal facteur de faiblesse entraînant des pertes énormes. Les officiers commandant les échelons intermédiaires, ceux susceptibles de faire se ressaisir un morceau d'armée, n'ont pas beaucoup de visibilité et peuvent eux-mêmes se planter et condamner leur corps d'armée en voulant l'empêcher de paniquer.

C'est aussi plus vrai au regard de la nature des armées: plus une armée est vaste, plus la différence professionnels-conscrits est cruciale: l'armée romaine à Cannes était trop vaste pour être coordonnable au regard du fait qu'elle était avant tout faite de conscrits "normaux" avec une proportion trop faible de vétérans. La rapidité des mouvements, changements de formation, coordinations entre unités tactiques.... Est moindre qu'avec des unités pros ou de vétérans de longue haleine/d'armées mobilisées pendant longtemps. Ce qui ne pose pas problème pour une armée de 2 légions le devient beaucoup plus quand il y en a 10. Et encore plus dans le cas de l'armée romaine à Cannes qui a besoin d'un dispositif complexe même au niveau tactique, avec sa division en 3 types de légionnaires avec armements et qualités différents, plus les vélites.

Pour la note, l'importance du dispositif organisé est telle qu'elle est sacralisée dans l'antiquité: le narrateur de 300 est un personnage ayant réellement participé à l'histoire, seulement il a été ostracisé une première fois pour n'avoir pas été dans le baroud final (alors que Léonidas l'avait envoyé exprès porter son message), et une 2ème fois parce qu'à Platées, il est sorti du rang pour aller combattre individuellement. Reconnu pour son extrême bravoure et le nombre de Perses qu'il tuat, il fut néanmoins ostracisé une 2ème fois pour avoir quitté la ligne. Ca dit quelques trucs sur l'importance du dispositif de bataille et la perception de cette importance dans l'armée spartiate. De même que l'anecdote de la série Rome qui voit Pullo à la fois reconnu comme héros de la Légion et fouetté pour la désobéissance (quitter la ligne) qui lui a valu ce statut de héros.

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Il n'y a pas qu'à l'époque romaine : dans un conflit contemporain ( historiquement ça va de 1815 à nos jours ), l'essentiel des pertes survient lorsqu'une armée doit reculer rapidement car elle a perdu ses capacités de résistance

Plus aucun combat organisé ne devient possible et l'essentiel des pertes par ailleurs porte sur les non combattants ( mais comme ceux-ci représentent de 60 à 80% des effectifs )

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J'ai lu Ardant du Pic, et c'est absolument génial sur les réactions du soldat de toutes les époques face au combat notamment rapproché. On devrait rendre cette lecture obligatoire dans les écoles d'officiers et de sous-officiers. Le mythe "du corps à corps" en prend un sacré coup...  ;)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k864841/f1.image

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Il faut quand même modérer Ardant du Picq (modérer l'ardent :rolleyes:.... Désolé :-X):

- l'étude historique, historiographique et surtout archéologique, particulièrement l'étude par la reconstitution historique, ont fait d'énormes progrès depuis cette époque où il écrit et où il tire des conclusions reposant en grande partie sur une documentation plus partielle, plus biaisée (l'idéologie de la science historique à cette époque, alors qu'elle est toute jeune, est énorme) et plus approximative.

- Ardant du Picq est un théoricien: il a un angle d'analyse très marqué, une thèse dominant sa vision de la guerre (les forces morales) et cela influe beaucoup sur ses écrits et sa façon de lire l'histoire. Ca ne le rend pas inintéressant ou n'invalide pas beaucoup de ses postulats, TRES loin de là, mais il faut prendre du recul par rapport à cela

En l'occurrence, l'armée carthaginoise est mal connue, et les plus importantes découvertes n'ont eu lieu que dans le dernier demi-siècle, soit bien longtemps après le temps d'Ardant du Picq qui se reposait avant tout sur une historiographie écrite romaine qui était hautement biaisée et politisée sur les ennemis de Rome, et sur Carthage en particulier (comme sur quelques autres, Perses/Parthes en tête). L'infanterie carthaginoise était nettement plus développée qu'on ne l'a dit, et l'infanterie alliée ibérique, de même que la cavalerie ibérique (faite de duos cavalier-fantassin léger combattant ensembles) étaient notamment des "systèmes d'armes" terriblement développés et efficaces. L'armée était loin de n'être faite que de mercenaires et comportait un élément important de troupes puniques extrêmement capables, avec une grande part d'effectifs opérant à la macédonienne notamment, et une infanterie "médiane" à la romaine qui venait plutôt des hypaspistes macédoniens, le modèle de référence d'alors.

A l'opposé, la légion romaine de cette guerre était encore quelque chose de complexe à manier, avec 3 types de légionnaires (ordonnancés en classes d'âge et de fortune: Hastati, principes et Triariis) plus les vélites, ainsi que les contingents alliés. Mais surtout, il s'agissait encore de conscrits dont la majorité avait peu de temps de campagne dans les pattes, puisque c'est à l'issue de cette guerre que Rome va prolonger et abuser des "services longs" et aggraver dramatiquement la situation sociale de l'Italie en faisant de l'Etat romain un Etat dépendant de la guerre permanente et compensant la mobilisation de la main d'oeuvre par une économie de plus en plus fondée sur l'esclavage (prolétarisant massivement les citoyens). Mais c'est pour remédier au relatif amateurisme (pour des armées de cette échelle) de la lutte contre Hannibal que cette évolution va devenir le fait dominant l'histoire romaine et condamnant la république.

Concrètement, les défaites majeures infligées par Hannibal ont aussi été dues à une armée romaine peu faite pour opérer à cette échelle, très peu interarme, très peu mobile, et faite en grande partie de conscrits ayant trop peu de temps pour opérer rapidement et tenir suffisamment.

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Concrètement, les défaites majeures infligées par Hannibal ont aussi été dues à une armée romaine peu faite pour opérer à cette échelle, très peu interarme, très peu mobile, et faite en grande partie de conscrits ayant trop peu de temps pour opérer rapidement et tenir suffisamment.

En effet tout cela est vrai et il bon de l'ajouter, mais ca ne change pas grand chose au discours qu'il tient, sur un facteur largement ignoré: l'homme!!!  :lol:

C'est vraiment une lecture à faire si on veut comprendre les bases sur le déroulement des batailles antiques, malgré ses quelques défauts (nul ouvrage n'est parfait).

Par ailleurs remporter une bataille avec un centre qui recule et commence à être percé est rare: en générale toute retraite se transforme en déroute dans les batailles antiques et médiévales. Une telle manoeuvre n'est possible qu'avec des troupes expérimentées, ayant une très grande confiance dans leur commandement, qui ne paniquent pas en cas de revers et savent que malgré tout elles vont gagner la bataille: Hannibal avait alterné l'infanterie celte et espagnole au centre pour renforcer les contingents celtes vulnérables.

La seconde partie du livre est assez révélatrice sur les inquiétudes de son époque. Notamment la dispersion forcée par l'augmentation de la puissance de feu des fusils, qui remettait en cause toute la pratique de la discipline appliquée par des formations.

C'est dans ce cadre qu'il faut voir les assauts en ligne de tirailleurs de 1914 avec une unité de manoeuvre élémentaire de taille peleton ou compagnie, ou les excès des théoriciens des "forces morales" de 1870-1914.

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Par ailleurs remporter une bataille avec un centre qui recule et commence à être percé est rare: en générale toute retraite se transforme en déroute dans les batailles antiques et médiévales. Une telle manoeuvre n'est possible qu'avec des troupes expérimentées, ayant une très grande confiance dans leur commandement

Certes, mais même des troupes expérimentées peuvent connaître un problème quand le dispositif est vaste: 80 000h, ce ne sont pas une ou deux légions côte à côte qui, même si elles sont faites de conscrits de fraîche date avec un faible nombre de vétérans, peuvent être "tenues" et manoeuvrées par un encadrement qui les voit d'un seul regard, peut réagit vite.... Dans un vaste dispositif communiquant par des moyens lents et peu fiables, l'information est le plus souvent périmée ou non disponible (et la première pour le troufion de base: que foutent les autres?): radio rumeur fonctionne plus vite et une panique locale (genre un contubernium qui craque en un point de la ligne) peut complètement dégénérer en panique générale tout au long de la ligne parce que tout est répété-déformé-amplifié de rang en rang, par les cris de "sauve qui peut" qui parasitent une chaîne de communication et commandement plus lente et fragile, et très facilement entravée, voire coupée. Là, ce facteur est directement fonction de la taille de l'armée et ses effets croissent exponentiellement avec elle (plus une armée est vaste, plus il est dramatiquement difficile de la garder en main et d'en reprendre le contrôle si quelque chose contrarie son ordonnancement).

Les Romains ont d'ailleurs beaucoup travaillé cet aspect suite aux Guerres Puniques:

- rallongement des durées de service (cause de problèmes sociaux et politiques graves qui aboutiront à la fin de la république) et création d'une classe d'évocatii (vétérans) permanents, les "rempilés", désormais numériquement significatifs

- entraînement accru des individus, unités élémentaires (contubernium, centuries, manipules) et unités de manoeuvre (cohortes, légions)

- rationalisation du dispositif et de l'organisation: homogénéisation des unités et légionnaires (seuls les triarii, réduits en nombre, gardent la lance longue, la hasta), institutionalisation progressive de la cohorte comme unité de manoeuvre intermédiaire et non plus groupement ad hoc

- accroissement et entraînement accru des cadres: Insistance sur la discipline, qui au sens romain, veut autant dire l'ordre dans les rangs et l'obéissance, que la connaissance de l'art de la guerre (pratique et théorie) dans l'absolu et l'information de chaque combattant, les Romains croyant fermement qu'un soldat ne se bat bien que si il sait pourquoi et s'il sait ce qui se passe. Pour que cette conscience soit accrue, il faut néanmoins signaler que seuls des soldats confirmés (donc ayant quelques années de service continu, peuvent digérer ces infos

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