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En Iowa on peut avoir un flingue en étant aveugle.

C'est l'accessibilité universelle, les USA sont tres en avance sur la France sur le dossier... la France doit d'ailleurs etre un des pire pays concerner l'accessibilité, c'est tout juste si on interdit pas aux parents aveugles d'élever leur enfants

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http://harvardmagazine.com/2004/09/death-by-the-barrel.html (septembre 2004)

 

Cet article résume un livre de David Hemenway, auteur cité dans le premier article du New Yorker que j'ai mentionné. Il évoque de nombreux sujets liés aux armes à feu (les suicides, la sécurité pour les enfants, le caractère incomplet des statistiques) mais il me semble que le cœur de son argumentation est dans l'idée qu'il exprime en disant que les Etats-Unis ne sont pas un pays plus violent ou plus hors-la-loi que les autres pays industrialisés (les vols de voitures, les cambriolages y sont du même ordre de grandeur), mais que le mode d'expression de la violence y est différent à cause de l'accès facile aux armes à feu. Ainsi, dit-il, une bagarre dans un bar en Australie se traduira par des ecchymoses et des points de suture, tandis qu'aux Etats-Unis à cause de la disponibilité des armes à feu, elle se terminera plus fréquemment par la mort d'un homme.

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En tout cas les priorités sont choisies: le débat sur les armes n'a même pas (re) commencé après la tuerie, et celui sur les races a été avorté dans l'oeuf.... Parce que ce qui compte après le drame de Charleston, c'est le symbole: les médias américains sont monopolisés par la question du drapeau arboré par le capitole de l'Etat, qui est le drapeau sudiste, ou pour être exact, le pavillon de guerre de l'armée de Lee (rappelons que les armées sudistes n'avaient pas de commandement unifié, et fonctionnaient indépendamment), qui se trouve être le drapeau que nous connaissons tous généralement comme le drapeau sudiste (ce qui est faux), surtout depuis qu'il a été peint sur le toit d'une certaine voiture orange (qui pourtant portait le nom du dit général, et ne faisait donc pas la faute). Dans cette polémique devenue en 2 jours LA polémique nationale, les autres Etats du Sud se trouvent mis au pied du mur de façon plus ou moins pressante, vu que tous intègrent un symbole ou un autre du Sud sécessionniste comme emblème officiel (du drapeau de la Confédération à d'autres). 

 

La dynamique semble lancée, et les opinions se sont exprimées, mais l'Etat de Caroline du Sud (celui du massacre et le centre de la polémique actuelle), s'il semble se diriger vers l'abolition officielle du symbole (la gouverneure, très conservatrice et pro-drapeau jusqu'ici, a opéré un splendide et opportun revirement dans un discours qui a en fait mis la polémique sur la table.... En mettant le reste au placard), voit sa population divisée (un sondage d'il y a 2 jours montre 40% vs 49%), de même que son parlement qui a entamé aujourd'hui le débat pour voter ou non l'éradication du drapeau comme symbole officiel.... D'autres Etats entament, ou essaient d'entamer, un processus comparable, notamment la Georgie et la Virginie (qui va faire disparaître le symbole de ses plaques d'immatriculation), mais pas tous: un certain nombre n'ont pas vu émerger la masse critique suffisante de politiques pour mettre la question sur la table et forcer le débat. 

 

Les "pro-drapeau" nient que le dit symbole soit assimilable à la défense de l'esclavage et/ou de la ségrégation, arguant qu'il s'agit d'un héritage historique pour ceux dont les ancêtres ont combattu sous l'uniforme gris, et surtout de l'emblème de la lutte pour le droit des Etats contre le gouvernement fédéral. C'est en partie vrai, mais l'avoir comme symbole officiel est aussi considéré comme un franc rejet de la population noire de ces Etats.... Une façon comme une autre de leur dire qu'ils ne sont pas chez eux. Et cette signification du symbole est beaucoup plus puissante que l'autre, qui n'est aucunement inclusive. 

L'instrumentalisation et l'usage du dit drapeau n'est d'ailleurs pas une tradition: c'est un phénomène politique récent dans le vieux sud, datant de 1962 et de l'émergence de la "nouvelle droite" sur laquelle Nixon fondera sa "southern strategy", soit l'abandon historique du parti démocrate par la "dixiecratie" et une affirmation d'un conservatisme radical et exclusif s'opposant au mouvement des droits civiques et s'érigeant en rempart "de la race blanche". Sous différentes variations et gradations, on trouve là les mouvances de Barry Goldwater (conservatisme dur), Strom Thurmond (dixiecrat ségrégationniste), George Wallace (emblématique gouverneur de l'Alabama).... C'est ainsi en 1962 que ce drapeau a été sorti de la naphtaline et de l'oubli pour être brandi comme un symbole politique avant tout très connoté comme anti-droits civiques. 

 

Et la polémique actuelle revigore ces vieilles rancoeurs, si inscrites dans le fonctionnement des Etats du sud, pour les mettre dans un débat national. Dommage qu'il ne concerne que le domaine du symbolique (même pas tout: dans le sud, les principales rues et places des villes portent les grands noms de la Confédération et sont jonchées de statues et mémoriaux à "la cause") et passe le reste. 

 

 

Il s'inscrit cependant dans un contexte particulièrement chaud: le nombre de "hate group" (pas d'équivalent en français pour une définition légale stricte, mais le sens est clair) a connu une croissance constante depuis l'élection d'Obama, si bien qu'on en recense aujourd'hui 784 actifs d'une taille un peu significative aux USA, avec des effectifs eux aussi en hausse. Signe des temps, de la globalisation, de la mixité croissante de la population, de l'abondance médiatique (et du caractère moins rassembleur des médias qui reposent plus sur la segmentation de la population et la recherche du sensationnalisme et du clash) et des évolutions socio-économiques, mais pas que: le niveau de polarisation politique de la société américaine est arrivé à un point que tous les indicateurs pointent comme "jamais vu" (en tout cas pas dans le siècle passé), et le développement des franges les plus extrêmes accompagne le phénomène tout en ayant dans bien des cas ses logiques propres. 

Il y a bien sûr beaucoup de cibles et "vocations" différentes pour ces groupes: entre les nazis, les sectes religieuses extrêmes ou les branches radicales de religions majeures, les autonomistes/indépendantistes de tel ou tel coin ou les différentes aspirations à telle ou telle sorte de "pureté" de groupe (notamment les anti-immigration -entendez principalement "cassez du Mexicain"), y'a à boire et à manger. Mais si on regarde la carte (publiée sur le site du Southern Poverty Law Center, principal organisme s'attachant à ce phénomène), c'est dans le quart sud est du pays que sont concentrés plus de la moitié de ces groupes, avec une certaine homogénéité dans les causes "défendues" (un indice: les noirs et latinos sont rarement acceptés). 

Ce qui rappelle que la première menace terroriste aux USA ne vient pas de l'extérieur. 

Modifié par Tancrède
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Vous êtes un noir de confession juive (si, si, il y a en a), et homo, faut faire gaffe... 

 

PS : Je sais que qu'au Viet Nam, certaines unités avaient sorti - de façon officieuse - le drapeau confédéré (tandis que des soldats mettaient le symbole du ''peace and love'' sur leur casque). Cela n'était pas le cas durant les guerres mondiales ?

Modifié par collectionneur
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Autant j'aimerais bien qu'on se mette à faire et publier ce genre de stats en France et Europe, autant il y a quand même un drole de  problème de définition.

Parler de races, est déjà bizarre, exclure les hispaniques (et "autres ethnicité) du concept l'est encore un peu plus. Je sais pas quelle parts d'incohérence vient de l'AFP et quelle part du FBI, mais ça mériterait encore un peu de travail...

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Heu ... Le concept de race humaine est validé scientifiquement il me semble. Certes car peut sembler étrange au 1er abord mais si ça existe ça existe.

C'est pas du tout mon domaine mais une rapide consultation de l'intro de l'article wiki semble indiquer le contraire:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine

Mais je soulignais plutôt l'incohérence de la coexistence de race et ethnicité dans la grille d'analyse du FBI.

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C'est simplement parce que Race en français en an anglais ne veut pas dire la même chose! C'est un faux amis et les traducteurs se plantent tout le temps!

 

Race en français = "Le terme « race » a été utilisé à partir du XIXe siècle pour distinguer des groupes humains selon des critères arbitraires4 (religion, nationalité, couleur de la peau, origine géographique…). Il est encore utilisé, par des idéologues racialistes4 ou des acteurs politiques promouvant une idéologie raciste, pour classer dans des catégories les populations humaines selon des critères morphologiques ou culturels"

 

C'est très connoté! 

 

Race en anglais = as a social concept, is a group of people who share similar and distinct physical characteristics.[1][2][3] First used to refer to speakers of a common language and then to denote national affiliations, by the 17th century race began to refer to physical (i.e. phenotypical) traits. Starting from the 19th century, the term was often used in a taxonomic sense to denote genetically differentiated human populations defined by phenotype.

 

fondamentalement pour traduire l'anglais devrait plutôt dire "groupe ethnique" ou "origine ethnique" ou "groupe de population". Cela donnerait "crimes motivés uniquement par l'origine ethnique de la personne". Pour un américain, en utilisant la définition, parler de la "race catholique", "race juive" est un non sens alors que ça a un sens chez les "racistes" de droite des années 30 en France.

 

Remarque bien que même chez eux c'est super compliqué et qu'ils ont bien du mal à trouver des catégories pertinentes:

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Race_and_ethnicity_in_the_United_States#Racial_and_ethnic_categories

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http://thehill.com/homenews/senate/246035-senate-approves-fast-track-sending-trade-bill-to-white-house (24 juin 2015)

 

Finalement la loi accordant les pouvoirs de négociation étendus à Obama pour le Partenariat Transpacifique a été adoptée par le Sénat. Les Républicains ont promis qu'un projet de loi sur l'assistance aux travailleurs victimes de restructurations repasserait à la chambre des représentants.

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C'est simplement parce que Race en français en an anglais ne veut pas dire la même chose! C'est un faux amis et les traducteurs se plantent tout le temps!

 

En fait, et l'extrait que tu cites en anglais le relate bien, c'est surtout que le concept de race a évolué avec le temps et qu'il a conservé différentes acceptions, bien que certaines soient moins actuelles. En français, pour marquer l'appartenance à une lignée aristocratique, on parlait bien d'une personne "de bonne race". Et l'expression n'est pas totalement morte. Chez les historiens, il y a une littérature assez foisonnante en la matière, montrant comment le mot race a progressivement changé de sens - dans son acception la plus courante à un moment donné, puisque demeurent néanmoins différentes acceptions - au gré notamment des explorations et aventures coloniales.

Modifié par Skw
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https://en.wikipedia.org/wiki/Race_and_ethnicity_in_the_United_States_Census#Relation_between_ethnicity_and_race_in_census_results

 

Dans ce paragraphe, un extrait de la lettre écrite en 1997 par l'Association Américaine d'Anthropologie demandant qu'on supprime la notion de "race" dans les recensements, pour préférer la notion "d'ethnicité" et une "représentation précise de la diversité". Elle n'a pas été entendue, et les recensements de 2000 et 2010 ont continué de questionner les citoyens sur leur prétendue "race".

Modifié par Wallaby
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"Les Etats-Unis jouent un sale jeu" avec les entreprises françaises

 

Julien Assange annonce d'autres révélations prochaines, l'espionnage massif de la France par les Etats-Unis ne se limiterait pas aux "dirigeants français" mais aurait de grandes ramifications économiques.

 

Il appelle la France à se faire respecter, ne pas faire la "politique de l'autruche" comme l'Allemagne et à lancer une enquête parlementaire et judiciaire.

 

"les autorités américaines consacrent plus de 60% du budget mondial du renseignement. Ils ont un budget tellement important que cela représente une menace pour l'indépendance et  la souveraineté de la France et de l'Europe". 

(...)

"Le chômage en France est particulièrement élevé. Et il y a une raison à cela :  les Etats-Unis jouent un sale jeu et cherchent à marginaliser la compétitivité économique des entreprises françaises et (celle) des entreprises européennes de manière générale".

 

 

Entre Al Qaeda et l'Etat Islamique Wikileaks et le fonds Snowden, les Etats-Unis ne savent plus quelle est la pire menace en manière de terrorisme antiaméricain !

Modifié par Alexis
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Julien Assange annonce d'autres révélations prochaines, l'espionnage massif de la France par les Etats-Unis ne se limiterait pas aux "dirigeants français" mais aurait de grandes ramifications économiques.

 

Il faut voir quelles informations Wikileaks fera sortir, Assange annonce de grandes choses, mais pour l'instant on n'a pas encore pu en avoir une idée.

 

Le mieux serait que certains cas au moins d'espionnage économique soient suffisamment documentés pour pouvoir donner lieu à procédure judiciaire en annulation de brevet et compensations financières contre telle ou telle entreprise américaine.

 

C'est peut-être demander la lune, encore une fois tout dépend du contenu effectif qui sera divulgué, mais ce serait l'idéal car ce serait à la fois

- politiquement une réponse adéquate, suffisamment forte pour marquer le coup et nous faire respecter, sans trop mettre en avant l'espionnage des dirigeants où il est probable que nous ne sommes pas non plus blanc-bleus

- et économiquement une menace claire pour toute entreprise étrangère qui à l'avenir pourrait être tentée d'utiliser les résultats de l'espionnage américain : vos gains pourraient être remis en cause ultérieurement, attendez seulement le prochain lanceur d'alerte

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Mais rien de tout cela n'est possible, voyons =( . Les représentants du renseignement américain le disent eux-mêmes quand ils sont interviewés: les agences américaines ne touchent pas au renseignement économique. C'est un tabou pour lequel il y a une forte restriction et des "procédures lourdes"  :rolleyes: . Ouf, on est saufs  :happy:

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Mais rien de tout cela n'est possible, voyons =( . Les représentants du renseignement américain le disent eux-mêmes quand ils sont interviewés: les agences américaines ne touchent pas au renseignement économique. C'est un tabou pour lequel il y a une forte restriction et des "procédures lourdes"  :rolleyes: . Ouf, on est saufs  :happy:

 

Les accusations d'espionnage économique sont les plus souvent balancées et en même temps celles qui ne sont jamais soutenues par les innombrables fuites... Autant dire que je suis très impatient de voir ce qu'Assange va livrer en fin de compte.

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http://www.theguardian.com/us-news/2015/may/29/jeb-bush-closed-door-meeting-coal-industry-barons (29 mai 2015)

 

La semaine prochaine, Jeb Bush fera un discours d'une heure à huis clos devant le "forum des meneurs et des investisseurs de l'industrie charbonnière".

 

http://www.washingtonpost.com/blogs/post-politics/wp/2015/06/01/jeb-bush-meets-with-coal-industry-ceos-drawing-criticism-from-environmental-activists/ (1er juin 2015)

 

Un porte-parole de Bush a dit que l'ancien gouverneur de Floride était heureux de rencontrer des meneurs de sociétaires d'entreprises "qui tentent de faire croitre l'économie et créent des emplois, une chose rendue difficile par la réglementation et les mesures prises par l'administration Obama".

 

La semaine dernière, l'ancien sénateur de Pennsylvanie Rick Santorum a fait sa déclaration de candidature présidentielle dans son État de résidence, un morceau de charbon dans une main, et le drapeau des États-Unis dans l'autre.

Modifié par Wallaby
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Mais rien de tout cela n'est possible, voyons =( . Les représentants du renseignement américain le disent eux-mêmes quand ils sont interviewés: les agences américaines ne touchent pas au renseignement économique. C'est un tabou pour lequel il y a une forte restriction et des "procédures lourdes"  :rolleyes: . Ouf, on est saufs  :happy:

 

L'espionnage économique commis par une instance étatique à l'avantage de quelques acteurs privés est-il conciliable avec le principe de libéralisme économique ? Je dis cela avec un brin d'ironie, mais je serais curieux de voir ce qui est prévu à l'OMC en la matière, sachant que cette organisation se veut pour mission la réduction des entraves au libre-échange. Parallèlement à une doctrine poussant à la suppression des barrières douanières et des réglementations nationales entravant le libre-marché, des Etats s'affirmant comme les organisateurs d'une concurrence déloyale dans ce cadre "libéralisé"...

Modifié par Skw
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L'espionnage économique commis par une instance étatique à l'avantage de quelques acteurs privés est-il conciliable avec le principe de libéralisme économique ? Je dis cela avec un brin d'ironie, mais je serais curieux de voir ce qui est prévu à l'OMC en la matière, sachant que cette organisation se veut pour mission la réduction des entraves au libre-échange. Parallèlement à une doctrine poussant à la suppression des barrières douanières et des réglementations nationales entravant le libre-marché, des Etats s'affirmant comme les organisateurs d'une concurrence déloyale dans ce cadre "libéralisé"...

 

Ca me rappelle que le parlement européen, qui avait beaucoup contribué à médiatiser Echelon, qui avait finit par s'apercevoir que la loi de l'UE et la CEDH comprenaient "economic well-being" parmi les éléments de la sécurité des Etats.

 

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@collectionneur

Desolé j'ai supprimé par erreur ton message en voulant y repondre...

collectionneur s'étonnait que personne ne s'offusque des antenne présente dans les ambassades chinoises ou russes à Paris.

- Russie et Chine ne sont pas vécu comme nos amis/alliés

- On a pas d'éléments comme quoi les chinois ou les russe cible précisément nos présidents, ni sur le fait qu'ils aient les compétences pour réussir...

- Pour les USA ces deux points sont etablis

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http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/ecoutes-grande-hypocrisie-25678

 

 

(Article précédemment paru dans l'Opinion, le 24 juin)

C’est le Britannique Denis MacShane, un ancien ministre de Tony Blair, qui le raconte à l’Opinion : « Un jour où j’étais à notre ambassade à Paris, j’ai sorti mon portable pour téléphoner. “Faites attention monsieur le ministre, me dit-on. Toutes vos conversations sur ce portable seront enregistrées et votre homologue au Quai d’Orsay recevra les transcriptions sur son bureau dans le quart d’heure”. J’ai donc parlé lentement et clairement, de manière à ce que mes messages ministériels soient bien compris. »

En matière d’écoutes des responsables politiques ou économiques, la grande différence entre les Américains et les Français, c’est que ces derniers ne se sont jamais encore fait prendre la main dans le sac. Pour le reste, bienvenue au royaume des hypocrites ou à celui des mères maquerelles professant la vertu.

Les nouvelles révélations de Wikileaks sur les écoutes par la NSA américaine des trois derniers présidents français, reprises par Médiapart et Libération, ont, en quelques heures, provoqué une vive réaction officielle, soigneusement mise en scène par Paris. Un conseil de défense a été convoqué à l’Elysée, quasiment à l’heure du petit-déjeuner, et il en est sorti de mâles paroles : « Il s’agit de faits inacceptables qui ont déjà donné lieu à des mises au point entre les Etats-Unis et la France. (…) Des engagements avaient été pris par les autorités américaines. Ils doivent être rappelés et strictement respectés. La France ne tolérera aucun agissement mettant en cause sa sécurité et la protection de ses intérêts. » Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a convoqué l’ambassadeur des Etats-Unis, Jane Hatley, pour lui expliquer – en anglais, car elle ne parle pas le français – que ces choses-là ne se font pas, entre alliés tout au moins. François Hollande a appelé Barack Obama au téléphone pour protester. Dans le concert unanime de réactions indignées, le sénateur centriste Yves Pozzo di Borgo en a même perdu le sens du raisonnable, en assurant sur Twitter que « si la France se respectait, elle ferait détruire la partie de l’ambassade des Etats-Unis où ont lieu les écoutes ». Les Américains ont, semble-t-il, installé des capteurs, plus ou moins camouflés, sur le toit de leur ambassade, avenue Gabriel, à 350 mètres à vol d’oiseau du Palais de l’Elysée.

C’est agaçant d’être écouté et l’ancien secrétaire d’Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche, un atlantiste convaincu, n’a pas caché son dépit de l’avoir été par les Américains. Personne en revanche, ni le Président, ni un ministre, ni même un parlementaire, n’est venu déclarer la main sur le cœur : « Ce que font les Américains n’est pas bien, et jamais nous, Français, ne ferions d’aussi vilaines choses ». En octobre 2013, un ancien fonctionnaire de la DGSE confiait à l’Opinion « avoir eu entre les mains des écoutes téléphoniques du président George W. Bush réalisées par nos soins… » Faute d’un WikiLeaks à la française, il est impossible de le vérifier, mais aucun professionnel du renseignement ne le cache : « Tout le monde écoute tout le monde, en fonction de ses capacités techniques ». Celles des Américains, au sein de la NSA, sont colossales, mais celles des Français sont d’un excellent niveau technique. Si elles ne permettent pas une surveillance massive, elles autorisent les services secrets à des interceptions ciblées. Y compris lorsqu’il s’agit de messages cryptés.

Intercepter des conversations ouvertes sur un portable ou des échanges sur Internet est un jeu d’enfant. Aucun responsable politique ou économique sérieux ne l’ignore. S’ils parlent sur leur portable acheté dans le commerce, ils savent à quoi s’en tenir. C’est la raison pour laquelle l’administration leur confie des téléphones protégés, le Teorem de Thalès dans le cas de la France. Las ! L’usage de ceux-ci est souvent fastidieux, avec un code à introduire à chaque appel et un temps d’attente long. D’où la tentation d’utiliser des moyens plus simples, comme le fait au quotidien François Hollande, un textoteur compulsif. Il existe également un réseau intranet gouvernemental sécurisé, baptisé Isis, et un réseau de téléphonie fixe, Rimbaud, dont toutes les communications sont cryptées. Mais qui peut contraindre un ministre ou le Président à n’utiliser que ces moyens sécurisés ?

Les documents de WikiLeaks montrent deux choses : le contenu des conversations interceptées par la NSA n’est pas extrêmement sensible. On y apprend que Philippe Douste-Blazy, alors ministre des Affaires étrangères, était coutumier de déclarations « inexactes ou inopportunes » ; que Nicolas Sarkozy, durant la crise financière, se considérait comme le sauveur du monde ; ou que François Hollande misait, lors de son arrivée à l’Elysée, sur la gauche allemande contre Angela Merkel. Aucun besoin d’être un espion pour savoir tout cela.

On apprend surtout que, jusqu’à preuve du contraire, la NSA n’a pas cassé les codes des communications sécurisées françaises. En la matière, la France est dans le tout petit peloton de tête des Etats maîtrisant ces techniques, faisant appel à des ordinateurs puissants et des mathématiciens de premier ordre. Lancé à la fin des années 1990 par le gouvernement Jospin, le Pôle national de cryptanalyse et de déchiffrement (PNCD) est chargé de cette mission. Certaines de ses installations, relevant de la DGSE, sont installées dans les Yvelines.

La petite tempête soulevée par les révélations de Wikileaks devrait vite retomber sur les rives de la Seine. La France est très liée aux Etats-Unis en matière de renseignement. Si elle ne fait pas partie du réseau FiveEyes (USA, GB, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), elle est liée aux services américains par plusieurs accords, dont l’un baptisé Lustre. Français et Américains collaborent au quotidien dans la lutte antiterroriste, notamment au Sahel, où l’armée française a impérativement besoin du renseignement américain. Une fois le rideau retombé sur cette colère feinte, ce sera le retour au « bussiness as usual ». Je t’écoute, tu m’écoutes et on écoute ensemble les autres… Seule règle intangible : ne jamais se faire prendre.

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