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quel avenir pour la FRANCE.


Messages recommandés

J'ai écrit (- peut être que le ralentissement de l'actité consumériste, aveugle et hyper dépendante de nos artificiels besoins ) et j'avoue, c'est hard.1 :l'actité= l'activité ( une erreur de frappe). 2: consumériste = Il s’agit d’une idéologie où la consommation de biens revêt une importance capitale. Et cette aveuglement = on n'a peut conscience a quel point nos besoins de consommations sont dirigés et artificiels, voir superficiels. bref on peut vivre mieux et plus simplement sans revenir en arrière forçément. Voila j'espère que c'est plus clair.

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Juste une petite précision:

L'argent des monarchies pétrolières n'est pas nouveau. Il a deja alimenté copieusement le RPR en son temps.

Pour Sarkozy, il n'a pas décidé de grand chose vis à vis de la mondialisation. Ce que nous observons l'est autre que le résultat d'une succession de décisions et ratification de traité depuis bien longtemps. Il a sa part de responsabilité mais juste la sienne.

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Juste une petite précision:

L'argent des monarchies pétrolières n'est pas nouveau. Il a deja alimenté copieusement le RPR en son temps.

Pour Sarkozy, il n'a pas décidé de grand chose vis à vis de la mondialisation. Ce que nous observons l'est autre que le résultat d'une succession de décisions et ratification de traité depuis bien longtemps. Il a sa part de responsabilité mais juste la sienne.

Trés juste. Et j'ai jamais parlé de Sarkozi , j'ai dit qu 'IL (Christian Harbulot) veut jeter la france dans la mondialisation , je comprend le sac de noeud , en disant "mr je serais président", vous avez pensé a Sarko,  bon désolé je ferais plus attention.
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Par hazard, j'ai pu tomber là-dessu:

n'est-ce pas la fin de la démocratie?

Oui, il rejoint ce que dit herbulot, de son point de vu effectivement, il faut etre lucide, les préteurs sont déterminants. mais voila il dit pas tout. Un décret de 74 interdit aux pays d'emprunter aux banques centrales, et les  oblige a emprunter aux seules banques privées, qui vendent l'argent (taux d'interet) ce decret a été fortement suscité par ces memes banques, s'infiltrant dans les négociations. Il faut savoir qu'un emprunt a une banque central est sans interets, puisque elle est créé par un état. Donc on est baisé depuis, et la dette trouve là sa principale source. Ce décret est maintenu fermement par la puissance manipulatrice de ces banques qui gagnent a le faire oublier. Elles s'enrichissent sur la dette de la dette. Pourquoi le silence médiatique règne la dessus?...si je retrouve l'article je met un lien
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  • 3 weeks later...
  • 3 months later...

La politique française d’aide au développement

Analysée pour la première fois par la Cour, la politique publique française d’aide au développement affiche des objectifs peu réalistes, trop nombreux et peu hiérarchisés. Son organisation tripartite apparaît mal articulée entre le ministère de l’économie, celui des affaires étrangères et l’Agence française de développement. Dans un contexte budgétaire durablement contraint qui rend difficile à atteindre l’objectif visant à consacrer à l’aide au développement 0,7% du revenu national brut, deux modèles de référence s’offrent, privilégiant respectivement l’aide multilatérale ou l’action bilatérale.

L’aide publique au développement des Etats membres de l’OCDE représentait 96,03 Md€ en 2011. Cette aide prend des formes diverses : dons, prêts, annulations de dette, accueil des réfugiés. L’aide bilatérale est directement allouée par un Etat donateur à un Etat bénéficiaire, alors que l’aide multilatérale est mise en commun par plusieurs Etats contributeurs et attribuée à un pays par une organisation internationale.

Avec une contribution de 9,35 Md€ en 2011, la France se situe au 4e rang des donateurs de l’OCDE. Malgré une progression significative de son effort de 0,31% en 2001 à 0,46% en 2011, la France n’atteindra pas comme prévu l’objectif concerté de 0,70% du revenu national brut en 2015 alors même qu’elle affiche des ambitions plus larges que d’autres Etats donateurs.

Source et suite:

http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/La-politique-francaise-d-aide-au-developpement

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  • 3 weeks later...

La formation des armées étrangères : évolution des politiques et des pratiques des années 50 à 2010

Le journaliste spécialisé "Défense" de Ouest-France, Philippe Chapleau, et le chercheur militaire à l’IRSEM, le colonel Michel Goya, le rappellent encore récemment : la formation des forces armées étrangères est une voie d’avenir pour les armées françaises. Une étude de l’IRSEM sur le sujet devrait d’ailleurs être très prochainement rendue publique.

En exclusivité pour Theatrum Belli, et dans le cadre du premier numéro de "La chronique de Mars" tenue à un rythme mensuelle par Florent de Saint Victor sur TB, voici l’introduction de l’étude. Y sont présentées les grandes problématiques et les opportunités permises par un tel mode d’action.

Cette étude a été conduite par Georges-Henri BRICET des VALLONS, docteur en sciences politiques et spécialiste des questions relatives à la privatisation de la guerre, Nicolas MAZZUCCHI, géoéconomiste et créateur de Polemos consulting, et Florent de SAINT VICTOR, consultant indépendant et auteur du blog Mars Attaque. 

Aux côtés de kandaks de l’Armée nationale afghane (ANA), de soldats ougandais s’apprêtant à opérer en Somalie, de stagiaires de l’école de formation au maintien de la paix de Bamako, de gendarmes ivoiriens sécurisant les élections ou de marins de la TPDF (Tanzanian People Defence Force) luttant contre la piraterie, des militaires français forment et conseillent au quotidien des membres de forces armées étrangères.

Agissant en phase de prévention, de stabilisation ou de normalisation, et plus rarement en phase d’intervention, ces missions s’inscrivent dans une longue tradition militaire française. N’incarnant pas seulement un passé révolu, elles représentent une voie d’avenir pour le futur des forces armées françaises (gendarmerie, armée de terre, armée de l’air et marine), bien que des ajustements se révèlent nécessaires.

En effet, et alors que la puissance militaire ne se conçoit qu’au service d’une véritable grande stratégie, la formation et l’encadrement de forces armées étrangères peuvent en être partie prenante. Ce pilier est en mesure d’actionner des leviers de puissance permettant d’acquérir des avantages transverses dans les champs diplomatiques, évidemment, mais aussi économiques ou culturels.

Or, nos actuels modèles de forces semblent être partiellement remis en cause techniquement, doctrinalement ou économiquement. Il semble alors nécessaire d’en repenser l’utilité, la forme et l’usage. Dans ce cadre, l’assistance à des armées étrangères par différents acteurs (publics et privés) pourrait se révéler l’ossature d’une stratégie de puissance. Alors que d’importants choix se profilent, obligés ou contraints par un contexte particulier (poursuite de la révision générale des politiques publiques, mise à jour - ou réécriture - du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, changement du paradigme géopolitique – poids toujours plus prédominant de l’Asie, transition de la sécurité en cours en Afghanistan, etc. -, crise économique persistante, etc.), une réflexion sur ce sujet pourrait se révéler précieuse.

Source et suite:

http://www.theatrum-belli.com/archive/2012/07/15/la-formation-des-armees-etrangeres-evolution-des-politiques.html#more

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  • 1 month later...

Otan : continuité à la française

"Guerre et Paix" par Jean-Dominique Merchet

L’arrivée des socialistes au pouvoir va-t-elle modifier l’attitude de la France vis-à-vis de l’Otan? Il n’y a pas lieu de le croire et, au-delà de quelques précautions de langage, les choses devraient rester en l’état. La décision du président Nicolas Sarkozy, datant de mars 2009, de réintégrer le commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique ne sera pas remis en cause par la gauche.

A la mi-juillet, l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, homme de gauche mais chantre d’une vision gaullienne des relations internationales, s’est vu confié par François Hollande «la charge d’évaluer le retour de la France» dans l’Otan. Il devrait rendre son rapport en octobre et ses conclusions viendront alors nourrir les travaux du prochain Livre blanc de la défense, attendu début 2013. C’est là de la bonne politique : confier à un expert unanimement reconnu et peu porté sur l’atlantisme le soin de dire qu’au fond, rien ne sert de rouvrir ce dossier et qu’il vaut mieux se concentrer sur «le développement de la relation transatlantique dans la décennie à venir», comme le dit également l’intitulé de sa mission.

S’il fallait chercher une preuve de cette continuité, elle est arrivée quelques jours après la nomination d’Hubert Védrine : le 6 aout, le général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air, a été désigné par le gouvernement français pour succéder au général Stéphane Abrial au poste aussi prestigieux que dépourvu de pouvoirs décisionnels d’ACT, l’un des deux grands commandements alliés. A Norfolk (Etats-Unis), ACT est en charge de la «transformation» de l’Otan ; Nicolas Sarkozy avait obtenu en 2009 que ce poste soit désormais réservé à un officier français. Le général Paloméros avait été choisi par l’équipe sortante et les socialistes se sont simplement accordé quelques mois pour ne pas (trop) donner l’impression d’avaliser des décisions déjà prises…

En France, les socialistes entretiennent un rapport compliqué avec l’Otan. Ils en furent, jadis, de chauds partisans lors de la création de l’Alliance en 1949 et allèrent même jusqu’à déposer une motion de censure contre le gouvernement lorsque le général De Gaulle décida, en 1966, de quitter le commandement intégré et de fermer les bases américaines en France ! Dans les années 70, leur rapprochement avec le Parti communiste les amena à réviser leurs positions dans un sens plus critique, et, à peine élu en 1981, François Mitterrand chaussa les bottes de son illustre prédécesseur. Durant ses deux mandats (qui correspondent à la fin de la guerre froide), le socialiste tint la France soigneusement à l’écart de l’Otan, lui opposant le projet d’une très hypothétique défense européenne.

C’est paradoxalement l’élection d’un gaulliste, Jacques Chirac, en 1995, qui devait commencer à faire bouger les lignes. Les Balkans (Bosnie, puis Kosovo), où l’engagement de l’Otan devait contribuer à stabiliser la situation après l’échec lamentable des Nations Unies, furent le théâtre de cette nouvelle orientation stratégique. Et l’élection en 2007 d’un autre dirigeant issu de la famille gaulliste, Nicolas Sarkozy, allait permettre de franchir le pas des fiançailles vers le mariage en bonne et due forme, sous les applaudissements de militaires français enthousiastes.

Aujourd’hui, les dirigeants socialistes sont majoritairement de sensibilité pro-américaine et «pro-occidentale», une position facilitée par la présence de Barack Obama à la Maison Blanche. Mais ils doivent ménager, en leur sein et surtout au sein de la gauche (Front de gauche, Parti communiste, Verts), des sensibilités très hostiles à l’Otan. D’où leurs prudences de langage et la mise en avant du projet de défense européenne, d’autant plus consensuel qu’il n’a guère de réalités. Avec l’enthousiasme des nouveaux élus, ils assurent vouloir relancer cette idée que Nicolas Sarkozy aurait, selon eux, abandonné au profit de son tropisme atlantiste. Mais, comme ce fut le cas pour le président sortant, ils découvriront assez vite le peu d’enthousiasme, de moyens et de volontés des pays européens voisins sur lesquels ils font mine de compter.

L’Otan restera donc le cadre privilégié de la politique militaire de la France. Et cela, même en Afghanistan, où en dépit de l’accélération du retrait des «troupes combattantes», la France continuera d’être contributrice de l’Isaf (International Security Assistance Force – une structure otanienne) tant que celle-ci existera… Paris vient même d’accepter de prendre à sa charge une nouvelle mission, à la demande des Américains: la gestion de l’aéroport de Kaboul.

Au-delà de cette continuité, qui ne veut pas dire son nom, des questions importantes se posent, en particulier celle-ci: à quoi sert l’Otan? François Hollande devra, comme tous les dirigeants occidentaux, fournir quelques éléments de réponse.

Pour quelques grands pays, dont la France et le Royaume-Uni, c’est une sorte de boite à outils, une Agence proposant ses savoir-faire et ses moyens, bien utiles lorsque l’on veut s’engager dans des opérations militaires comme dans le cas de la Libye en 2011. Les Etats-Unis, qui tournent de plus en plus leurs regards vers l’Asie, ne sont pas loin de penser de même.

Pour d’autres pays, en revanche, l’Otan est essentiellement une assurance-vie tournée contre un risque unique : la Russie, perçue comme toujours menaçante. C’est le cas de la plupart des anciens membres du Pacte de Varsovie, au premier chef, la Pologne et les pays baltes. Plus on va vers l’Est, et plus l’Otan reste ce qu’elle était au temps de la guerre froide. La volonté, jadis exprimée par l’Ukraine et la Géorgie, de rejoindre l’Alliance atlantique en témoigne. D’où, régulièrement, beaucoup d’incompréhensions sur l’axe Moscou-Varsovie-Berlin-Paris/Londres-Washington, parce que, ici ou là, le même mot (Otan) ne recouvre pas toujours les mêmes choses…

Militairement, cette «assurance-vie» se traduit de plusieurs manières. A bas bruit, c’est par exemple, la police du ciel que certains pays – dont, régulièrement, la France – assurent pour le compte des pays baltes ou de l’Islande. Dans le haut du spectre, c’est la réaffirmation que l’Otan reste une alliance nucléaire, avec le maintien d’armes atomiques américaines en Europe. L’affaire du bouclier antimissile (sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine chronique) vient compliquer les choses, mais là encore, à Paris, la continuité va prévaloir. On l’a vu lors du sommet de Chicago, en mai 2012, au tout début du mandat de François Hollande : beaucoup de réserves sur le fond mais refus de la politique de la chaise vide.

* Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialisé dans les affaires de Défense. Auteur du blog français le plus lu sur ces questions, créé en 2007. Ancien de l’Institut des hautes études de défense nationale. Auteur de nombreux ouvrages dont : « Mourir pour l’Afghanistan » (2008), « Défense européenne : la grande illusion » (2009), « Une histoire des forces spéciales » (2010), « La mort de Ben Laden » (2012).

http://fr.rian.ru/tribune/20120820/195727973.html

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Au Lycée français de New York, la fin d’un privilège

Smokings, robes de soirée, parures étincelantes et champagne qui coule à flots. Réception très attendue, le gala annuel du Lycée français de New York (LFNY), qui réunit les généreux donateurs de l’établissement, s’est tenu dans le hall bleu électrique du luxueux hôtel Park Avenue Armory, le 17 mars dernier. Jean Paul Gaultier s’y est vu remettre le prix Charles de Ferry de Fontnouvelle – du nom du comte et diplomate français qui fonda le lycée en 1935 – pour sa « contribution au rayonnement de la communauté franco-américaine ». Le couturier succédait à la journaliste Anne Sinclair, à Mme Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), ou encore à M. Michel Pébereau, président du conseil d’administration de BNP Paribas. Cette année, les commensaux de la table « Picasso » (douze personnes) avaient déboursé 25 000 dollars, contre 20 000 pour ceux de « Hemingway » (dix convives). A chaque fois, naturellement, la prestation offre la possibilité de projeter un logo d’entreprise sur un écran géant. Les bourses les plus étriquées se sont rabattues sur la table « Cocteau », qui, pour 10 000 dollars, ne donnait droit qu’au programme broché du gala.

En 2011, la cérémonie avait permis de réunir près de 2 millions de dollars. La chanteuse Madonna, l’ex « chevalier d’industrie » M. Jean-Marie Messier, mais aussi Moët Hennessy — Louis Vuitton (LVMH), L’Oréal, Euro RSCG ou encore les banques Lazard et Société générale avaient versé jusqu’à 30 000 dollars. Cette année, 3,6 millions de dollars ont été récoltés au cours des réjouissances. Une question demeure néanmoins : pourquoi un lycée à but non lucratif, homologué par le ministère des affaires étrangères, et dont la mission consiste à assurer le « rayonnement de la France [1]  » hors de ses frontières, doit-il avoir recours aux dons de millionnaires et de multinationales ? C’est, semble-t-il, le tribut à payer pour maintenir le niveau d’excellence de cet établissement privé bilingue dont le budget de fonctionnement annuel dépasse les 29 millions d’euros [2], et que la responsable des admissions, Mme Martine Lala, nous présente comme « très concurrentiel » et « de grand calibre ».

Palais de verre trônant sur la 75e rue du très opulent Upper East Side, blason unissant les drapeaux tricolore et étoilé au-dessus de la porte électronique, ascenseurs clinquants et agent de sécurité impeccable qui enregistre l’identité des visiteurs : on se croirait dans une organisation internationale ou une ambassade. Si ce n’est que le ballet des voitures de luxe ne déverse pas un flot de diplomates en costumes trois pièces, mais des enfants et des adolescents en uniforme, cartable sur le dos. Ici, les frais d’inscription s’élèvent à 26 000 dollars par an. « Auxquels il faut ajouter 3 000 dollars de frais de première inscription », nous précise Mme Lala (soit environ 20 000 euros) à la période des inscriptions scolaires. Jusqu’au mois de juin 2012, elle rassurait aussitôt les parents : « Si votre enfant est français et entre au lycée, l’Etat français prend en charge les droits de scolarité. » La philanthropie n’était en effet que l’une de ses sources de financement ; l’autre, plus discrète, puisait dans l’impôt versé par les contribuables français... Mais les ressortissants français qui comptaient inscrire leurs enfants au LFNY à titre gracieux ont eu une mauvaise surprise : le 4 juillet, la nouvelle équipe gouvernementale a décidé la suppression de la prise en charge (PEC) des frais de scolarité des lycéens français dès la rentrée 2012, pour revenir au système de bourses sous condition de ressources.

Source et suite:

http://blog.mondediplo.net/2012-09-06-Au-Lycee-francais-de-New-York-la-fin-d-un

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  • 1 month later...

la monté du salafisme en france n'est peut étre pas étranger a ça ..

Un ex-chef de la DST soupçonne le Qatar et l'Arabie saoudite de financer des réseaux islamistes

Image IPB

Ancien chef de la Direction de la surveillance du territoire, Yves Bonnet pointe, dans une interview à "La Dépêche du Midi", le rôle de l'Arabie saoudite et du Qatar dans le financement de réseaux islamistes radicaux en France.

Après le coup de filet du week-end dernier qui a conduit à l'interpellation de 12 personnes soupçonnées d'appartenir à des cellules terroristes islamistes, l'ancien chef de la Direction de la surveillance du territoire (DST) Yves Bonnet a mis en cause, lundi 8 octobre, la question du financement de ces réseaux.

Dans un entretien publié par "La Dépêche du Midi", il estime que ces derniers posent la question du trafic de drogue mais aussi du "problème de l'argent qui est alloué par des pays salafistes".

"Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar"

"On n'ose pas parler de l'Arabie saoudite et du Qatar, mais il faudrait peut-être aussi que ces braves gens cessent d'alimenter de leurs fonds un certain nombre d'actions préoccupantes, déclare-t-il. Il va falloir un jour ouvrir le dossier du Qatar car là, il y a un vrai problème. Et je me fiche des résultats du Paris-Saint-Germain."

Le Qatar a pris pied depuis plusieurs années dans l'économie française. Le pays possède de nombreux hôtels de luxe et détient des parts dans le capital de Lagardère, Vivendi, Vinci, Veolia, Total, ou LVMH. Il a également acquis une grande partie des droits de retransmission du championnat de Ligue 1 de football avec ses chaînes BeinSport et a racheté le club du Paris Saint-Germain, le dotant d'une pléiade de stars achetées plusieurs millions d'euros.

"Le coup de filet de ce week-end doit nous rendre vigilants"

Ces projets d'investissements dans l'Hexagone suscitent des interrogations dans la classe politique française et notamment au Front national. Dans un communiqué publié lundi, le parti d'extrême-droite a jugé que l'ex-patron de la DST "validait [ses] craintes" vis-à-vis des investissements qataris. "Il n'y a décidément que ses complices du PS et de l'UMP pour croire que l'émirat est bien intentionné quand il investit 50 millions d'euros dans les banlieues françaises", ajoute le parti de Marine Le Pen.

"Le coup de filet réalisé ce week-end dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Sarcelles doit nous rendre encore plus vigilants sur l'évidente subversion idéologique radicale qui empoisonne les banlieues françaises [...] Cette opération et les réalités qu'elle expose doivent convaincre Arnaud Montebourg et Laurent Fabius - qui a souhaité hier [dimanche] la bienvenue aux investisseurs qataris - de refuser ces investissements", insiste le FN.

Une commission d'enquête sur les investissements du Qatar

À droite aussi, plusieurs figures ont exprimé ces dernières semaines leurs interrogations face aux investissements qataris, même si c'est durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy que les liens entre la France et le Qatar se sont resserrés.

L'ex-ministre Bruno Le Maire s'est ainsi dit "favorable" à l'idée d'une commission d'enquête parlementaire sur les investissements du Qatar en France, proposée par son collègue député UMP Lionnel Luca. Son ancienne collègue du gouvernement Nathalie Kosciusko-Morizet avait abondé dans son sens sur Canal+, au début du mois. "L'investissement étranger doit être recherché mais, surtout dans ces conditions qu'on sent un peu ambiguës, il doit être encadré", avait-elle estimé.

France 24 avec dépêches

http://www.france24.com/fr/20121009-yves-bonnet-dst-accuse-qatar-arabie-saoudite-financer-reseaux-islamistes

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Leaders de France

Les sociétés Mc Kinsey et Egon Zehnder viennent de réaliser une étude sur l’impact des cadres supérieurs sur les performances de leur entreprise depuis 2007. Plus de 5 560 cadres de 47 grands groupes de tous secteurs ont été évalués sur une échelle de 1 à 7 sur huit compétences clés : conduite du changement, service du client, capacité à recruter des talents, capacité à augmenter les résultats financiers, conceptualisation stratégique, compréhension des marchés, capacité à travailler avec des partenaires, capacité à constituer et diriger efficacement des équipes.

Le premier résultat de cette étude, peu surprenant et assez rassurant, est qu’il existe bien une corrélation entre la qualité moyenne des dirigeants et le résultat des organisations. Celles qui réussissent bien ont une masse critique de dirigeants bons dans tous les domaines mais ceux-ci sont rares (11 % ayant un niveau moyen de 5 ou plus et 1 % à 6 ou 7). Celles qui réussissent le mieux sont celles qui parviennent à associer des cadres ayant chacun au moins trois très bons niveaux de compétences mais dans des domaines différents. Et s’il faut privilégier une seule des huit compétences, c’est la compréhension des attentes du client qu’il faut choisir car c’est celle qui a le plus d’influence sur le résultat de l’entreprise. Un autre résultat intéressant est qu’une formation intensive sur un an ne peut permettre d’améliorer la compétence d’un cadre que de deux niveaux dans un seul axe ou d’un niveau sur deux axes. La formation de hauts-potentiels demande du temps et un grand investissement.

Il est intéressant de croiser cette étude avec celle de SHL baptisée « Global leadership » (un million d’évaluations) et qui vise à déterminer le nombre de leaders parmi les salariés d’un pays. Le leader effectif est défini comme un individu possédant la plupart des compétences clés comme la capacité à diriger, influencer, motiver, communiquer et travailler en harmonie tout en étant performant, afin d’atteindre les objectifs de l’entreprise. On peut faire le lien avec les cadres classés 5 ou plus dans l’étude de Mc Kinsey-Egon Zehnder. Avec 7 % de salariés considérés comme leaders, la France est classée au 13e rang. Le contraste avec les 13 % de l’Allemagne (2e rang après Hong Kong) est déjà saisissant et mériterait une étude plus précise. L’étude examine aussi le cas des leaders potentiels, c'est-à-dire ceux qui présentent des caractéristiques de leaders mais ont besoin de développement additionnel pour réaliser pleinement leur potentiel. Cette fois la France n’est même plus dans le Top 25. De nombreux pays émergents en revanche, comme le Mexique, la Turquie, le Brésil ou l’Inde, y figurent en bonne place.

La conclusion de ces deux études est simple : nos entreprises sont de plus en plus pénalisées par rapport à leurs rivales étrangères en raison d’un système de formation et de sélection des leaders moins adapté aux évolutions du Monde.

Il serait intéressant de faire une étude similaire dans nos armées pour tous les colonels et officiers généraux, à condition de définir les qualités de l’officier, c’est le moins difficile, de parvenir à les mesurer, c’est plus compliqué, et surtout de les confronter à une mesure de l’efficacité des unités plus difficile à déterminer que le simple montant d’un chiffre d’affaire. Toujours est-il que s’il existe un lien entre le niveau de l’encadrement des entreprises françaises et celui de nos forces armées, du fait d’une culture proche dans la gestion des ressources humaines, il y a lieu de s’inquiéter.

Source:

http://lavoiedelepee.blogspot.com/2012/10/leaders-de-france.html

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Emmanuel Todd : «Dans cinq ans, Hollande sera un géant ou un nain»

Cinq mois après la victoire de la gauche, l'intellectuel antisarkozyste le plus écouté du précédent quinquennat dresse en exclusivité pour «Marianne» un premier bilan de la présidence socialiste.

Marianne : Le moral du pays est au plus bas et nous sommes en plein «Hollande blues». Les critiques viennent de la droite, ce qui est logique, mais aussi des médias et de la gauche. Vous avez exprimé l'idée, durant la campagne électorale, que François Hollande pourrait devenir un Roosevelt français. On n'y est pas, non ?

Emmanuel Todd :Ce blues est journalistiquement correct, mais historiquement absurde. Je suis historien et toujours dans le bonheur d'être débarrassé de Sarkozy. C'est quand même quelque chose qu'on peut déguster, non ? Si le président sorti avait été réélu, nous ne pourrions pas aujourd'hui débattre des problèmes économiques de la France. Nous serions encore en train de piapiater sur l'identité nationale, les Roms, les musulmans, les enseignants, les chômeurs et autres boucs émissaires, oubliant la débâcle industrielle et le déficit commercial. Vous vous rendez compte qu'Hollande a gagné la présidentielle malgré l'affaire Merah, malgré l'affaire du droit de vote des étrangers aux élections locales ? Comment être pessimiste dans ce pays qui a compris que les ultrariches, plutôt que les pauvres, les fonctionnaires ou les étrangers, étaient responsables de la crise, dans cette nation qui a rejeté, il y a cinq mois, le côté obscur de la force. S'il le veut, quand il le voudra, Hollande pourra s'appuyer sur des forces sociales profondes et positives.

Je voudrais rappeler comment mon hypothèse d'un «hollandisme révolutionnaire» avait été formulée pour maintenir sa validité : j'avais évoqué un mitterrandisme à l'envers. En 1981, Mitterrand arrive au pouvoir avec un programme très à gauche, de nationalisations, d'augmentations des salaires et des avantages sociaux. En 1983, tournant de la rigueur, adhésion du socialisme français au néolibéralisme, probablement inévitable dans le contexte mondial.

Durant la présidentielle, mon hypothèse était - et reste - que François Hollande commencerait son quinquennat de manière relativement conventionnelle - sur l'Europe, nous sommes servis - tout en marquant son attachement aux valeurs d'égalité - tout va bien de ce côté, la presse de droite hurle «Maman !» parce que les classes moyennes supérieures vont payer des impôts supplémentaires. Mais, au bout d'un an ou deux, Hollande devra opérer le tournant radical rendu inévitable par l'approfondissement de la crise. Je m'en tiens à ce parallèle inversé : nous sommes encore dans la phase conformiste de l'hollandisme. Et je discerne quand même déjà des aspects positifs, dont certains constituent l'amorce d'une révolution morale et sociale...

Lesquels, par exemple ?

E.T. : La politique de rigueur n'affiche plus comme priorité la destruction de l'enseignement, de la santé et des services sociaux. Elle part du principe d'une taxation supplémentaire des plus fortunés. C'est une rupture avec l'idéologie dominante du monde occidental. La déception actuelle des médias nous permet, en fait, de mesurer la contribution des médias aux cinq ans de folie sarkozyste. La presse adorait l'agité de l'Elysée qui lui offrait un événement bidon par jour, tout en abandonnant l'industrie française à sa déroute ! L'analyse quotidienne de l'économie, c'est moins marrant. Heureusement, la presse peut encore s'exciter sur Valérie Trierweiler, tenter de sarkozyfier Hollande en président people.

Mais n'êtes-vous pas favorable à une politique de relance ?

E.T. : Je suis frappé par le côté décalé, dépassé des critiques de la rigueur émanant de la gauche de la gauche ou d'économistes proches simultanément du Parti socialiste et des banques. En réalité, une politique de relance, dans le style de celle menée par Sarkozy, les Etats-Unis et quelques autres après le déclenchement de la crise de 2008, ne peut pas marcher.

On ne peut plus faire de relance en économie ouverte, et c'est ce qui rend absurde la critique actuelle de la rigueur. Dans un contexte de concurrence mondiale déloyale, distribuer des moyens de paiement aux ménages, ce serait fabriquer de la demande pour la Chine et l'Allemagne, les deux grands pays exportateurs, et économiquement irresponsables, qui contractent leur demande intérieure pour écraser leurs voisins.

La gauche a atteint le terme de ses contradictions. L'émergence de Paul Krugman et de Joseph Stiglitz en grands prêtres de la relance budgétaire, en penseurs cultes de la gauche française, est pathétique : ils sont eux-mêmes paumés, au cœur des contradictions de l'économie américaine, paralysés par leur incapacité à affronter clairement la question du libre-échange. J'ai réalisé en les lisant cet été à quel point une certaine pensée économique de gauche était au bout du rouleau. Ces deux icônes à la peinture encore fraîche avaient gagné leurs Nobel en consacrant leurs belles années de recherche à «résoudre» quelques-unes des milliers d'absurdités engendrées par la rationalité schizophrène de l'«Homo economicus» : asymétries d'information pour Stiglitz, rendements croissants du commerce extérieur par acquis technologique pour Krugman. Or, aucun financier américain n'aura jamais besoin de Stiglitz pour entuber un emprunteur, aucun chef d'entreprise allemand n'aura besoin de Krugman pour entuber un haut fonctionnaire français. Ces deux tocards nobélisés - je pastiche à dessein le style méprisant de Krugman - font aujourd'hui une deuxième carrière en vulgarisant le keynésianisme qu'ils ont appris à la fac. Ils nous disent ce qu'ils auraient dû savoir depuis toujours : l'insuffisance tendancielle de la demande mondiale. Ils oublient soigneusement la conversion de Keynes au protectionnisme.

Ne pensez-vous pas quand même que ces économistes américains sont plus réalistes que les fanatiques de la rigueur quand ils parlent de l'économie de marché ?

E.T. : Ils sont particulièrement inutiles en Europe. Le gouvernement français ne maîtrise plus l'outil monétaire - merci, l'euro -, et toute relance serait nécessairement financée par l'emprunt. Mais, la relance par l'emprunt, c'est la politique qu'adorent les riches et les banques. Le monde entier souffre d'une suraccumulation de richesses en haut de la structure sociale. Il est rempli de nantis qui ne savent plus quoi faire de leur pognon et qui rêvent de prêter aux Etats. La politique de rigueur actuelle ne s'attaque pas en priorité à l'éducation et aux services sociaux, elle tente d'augmenter les impôts des plus riches, elle est un pas en avant par rapport au conformisme relanciste. Avec Hollande, l'Etat ne supplie plus les riches de bien vouloir lui prêter de l'argent ; l'Etat réaffirme son droit à reprendre aux riches le trop d'argent qu'ils ont accumulé en tondant la société. Quelle merveilleuse pédagogie démocratique !

Certes, mais l'austérité aujourd'hui imposée en Europe n'est-elle pas suicidaire ?

E.T. : C'est une évidence : la politique menée avec tous les autres Européens va précipiter la crise du système. Mais Hollande ne pourra bouger dans le bon sens qu'une fois le désastre accompli, mettons, à 4 millions de chômeurs. Il est élu pour cinq ans et, au rythme actuel, nous y serons avant. La cruelle vérité, c'est qu'aucune politique économique ne peut marcher si on laisse en l'état deux règles du jeu économique : l'euro et le libre-échange intégral.

Etes-vous devenu favorable à une sortie de l'euro ?

E.T. : C'est un sujet sur lequel j'ai longtemps hésité. Je pensais tout d'abord, dans les années 90, que l'euro était impossible ; puis je me suis résigné ; ensuite je me suis dit qu'un protectionnisme mené à l'échelle européenne pourrait rendre l'euro viable. Nous devons désormais accepter la réalité : l'euro ne marche pas, il est essentiellement producteur de dysfonctions - ici je suis d'accord avec les économistes anglo-saxons, de gauche ou de droite. La déroute de l'industrie française, notre entrée en déficit commercial massif sont le produit des années euro. Cette invention monétaire multiplie les aberrations : les taux d'intérêt montent dans les pays faibles alors qu'il y a une surabondance d'épargne sur les marchés. Comment les socialistes auraient-ils le temps de penser une politique industrielle si l'activité principale des gouvernements européens est de sauver une monnaie qui ne marche pas ?

L'euro ne marchera jamais. Il faut être lâche, corrompu ou schizophrène pour ne pas l'admettre - l'idéologie permet d'être les trois à la fois. La priorité, c'est la fin de l'euro. Il y a deux conditions pour que la présidence socialiste ne soit pas un désastre : sortir de l'euro et déclarer que des secteurs d'avenir technologiques, comme les énergies renouvelables, doivent être protégés comme les biens culturels.

Vous ne militez donc plus pour un protectionnisme européen ?

E.T. : Nous n'avons plus le temps d'y contraindre les Allemands. Après la fin de l'euro peut-être. Il y a une conséquence de la mondialisation que je n'avais pas vue venir - je ne suis pas le seul. Nous vivions un lieu commun : l'union fait la force, l'Europe sera plus puissante pour se défendre qu'un pays isolé. Mais la politique menée par l'Allemagne en Europe, ou par la Chine en Asie, montre que la globalisation ne jette pas, seulement ou même prioritairement, les émergents contre les développés. La globalisation conduit à l'affrontement entre voisins. Quand les Allemands mènent une politique de compression salariale pour abaisser le coût du travail, l'impact est nul sur l'économie chinoise, mais considérable pour ses partenaires de la zone euro. Quand la Chine manipule le yuan, c'est contre la Thaïlande, l'Indonésie ou le Brésil, ses concurrents en main-d'œuvre à bas coût. Ce que nous constatons, c'est une tendance des émergents à se battre entre eux et des développés à s'exterminer industriellement entre eux, avec comme objectif d'être le dernier à sombrer. Ce mécanisme a fait de la zone euro un piège, avec l'Allemagne, dont l'économie est la plus puissante, en renard dans le poulailler.

On ne voit guère l'amorce d'une volonté de sortir de l'euro de la part du gouvernement Ayrault...

E.T. : Les gouvernements ne sont plus des acteurs conscients. Nos dirigeants sont égarés dans l'histoire ! La rigueur budgétaire va avoir des conséquences révolutionnaires, mais j'admets volontiers qu'Ayrault, Moscovici et Cahuzac ne sont pas des agents conscients de cette révolution.

Pour le moment, ce qui fait peur est que la sortie de l'euro est présentée comme cataclysmique...

E.T. : Elle sera douloureuse. Mais vous imaginez un chirurgien refusant d'opérer parce que son patient va avoir un choc opératoire ? L'euro n'est plus un problème économique, mais psychologique. La bonne comparaison, c'est la guerre d'Algérie. Comme à l'époque, les classes dirigeantes savent qu'elles ont failli. Mais il a fallu quatre ans à de Gaulle pour nous en sortir. Pourquoi ne pas accorder le même crédit à Hollande ? Il est arrivé en disant : «Je vais garder l'euro», comme de Gaulle avait dit : «L'Algérie restera française.» J'ai une raison d'espérer, c'est l'intérêt que manifeste Hollande pour les questions d'acharnement thérapeutique et de fin de vie : il pourrait se faire la main sur l'euro !

Pourquoi François Hollande et la plupart des socialistes sont-ils si attachés à l'euro ?

E.T. : Les socialistes sont assez largement responsables de sa création, mais les vrais coupables sont des hommes comme Mitterrand, Rocard ou Delors. C'est l'erreur d'une génération qui inclut Giscard et l'écrasante majorité des dirigeants de ces âges. Cette génération s'est investie dans «l'Europe idéologie», utopie antimarxiste et postnationale. Quant aux plus jeunes, qui ne sont d'ailleurs plus si jeunes, il faut leur pardonner... On pourrait peut-être même fixer une date, mettons le 31 décembre 2012, au-delà de laquelle ceux qui défendront encore l'euro devront êtres punis. J'imagine une sanction adaptée : le versement de leur retraite en euros après la disparition de l'euro. [Rires]

Pour revenir à la comparaison avec Roosevelt, ce dernier n'était pas, comme Hollande, au cœur de la machine politique depuis plus de trente ans quand il est arrivé au pouvoir, ce qui lui laissait peut-être plus de liberté par rapport au système...

E.T. : La vraie force de Roosevelt, qui fait défaut à Obama, c'est qu'il avait l'assurance d'un enfant de la haute aristocratie politique américaine. Theodore Roosevelt, cousin de la branche républicaine de la famille, avait déjà exercé la charge suprême. François Hollande ne vient ni du cœur ni de la périphérie. Ce qui va se passer dans sa tête est un sujet de roman. La France est au bord du gouffre. La vérité d'Hollande, c'est que dans cinq ans il sera soit un géant, soit un nain. L'un ou l'autre, pas de destin moyen possible.

Hollande démarre son quinquennat de façon offensive, en mettant en avant une autre politique par rapport à l'austérité prônée par Angela Merkel. Cinq mois après, n'avez-vous pas sincèrement le sentiment de le voir rentré dans le rang ?

E.T. : On ne peut pas changer le monde par un simple claquement de doigts. Les politiques ne peuvent trancher que dans des situations mûres. La rigueur nous mène à une récession non pas seulement européenne, mais mondiale ! On en discerne déjà les premiers signes en Allemagne et surtout en Chine, dont l'inquiétante agressivité à l'égard du Japon traduit un affolement certain de ses dirigeants.

Beaucoup de gens n'ont pas encore compris dans le détail ce qui se passe. La faillite de l'euro est évidente, mais tout le monde n'a pas compris que l'euro, qui était censé mettre l'Allemagne en tutelle, est devenu l'instrument de son hégémonie, et que l'euro transforme le système européen de nations libres et égales en un monstre hiérarchique...

Sans doute, mais les dirigeants, eux, devraient savoir, non ?

E.T. : Il existe une névrose de l'Allemagne dans les classes supérieures françaises, un rapport de peur et d'envie. Son nom de code est «amitié franco-allemande». Dès que l'on commence à parler de l'Allemagne sur un mode pragmatique et réaliste, en termes de rapports de force, on est accusé d'antigermanisme. On a tout à fait le droit en France de critiquer les Anglais, les Américains, les Grecs ou les Italiens - soit dit en passant, nos proches culturels et nos véritables amis. Mais on ne peut plus rien dire des Allemands, considérant qu'ils pourraient en souffrir psychologiquement compte tenu de leur pénible histoire. En somme, l'Allemagne ayant massacré 6 millions de juifs, on ne peut plus la critiquer, elle a été sacralisée par la Shoah. C'est absurde, traitons l'Allemagne comme n'importe quel pays, admettons qu'elle se moque de nous : elle mène une politique strictement nationale, profite de l'euro qui nous interdit de dévaluer et de faire baisser notre coût du travail, elle renonce au nucléaire au prix d'un partenariat énergétique avec la Russie, en attendant une entente commerciale avec la Chine, le tout sans jamais consulter ses partenaires européens. Avec un allié économique comme l'Allemagne, nous n'avons plus besoin d'ennemi !

On peut même se demander si sa stratégie ne consiste pas à faire durer l'euro encore cinq ans, en espérant qu'en 2017 il n'y aura plus d'industrie française. J'avais d'ailleurs annoncé, au moment où chacun se posait la question, que les Allemands accepteraient la politique monétaire généreuse de Mario Draghi parce que le patronat allemand a parfaitement compris que, si l'euro disparaissait maintenant, l'industrie allemande aurait de gros problèmes.

Ne dramatisez-vous pas un peu ?

E.T. : Il n'y a pas que l'économie dans la vie des nations. L'Allemagne a fait ce qu'il fallait pour s'adapter à la globalisation économique à moyen terme, mais elle aura dans le long terme un grave problème démographique, avec sa faible fécondité qui a déjà produit l'une des deux populations les plus âgées du monde, avec celle du Japon. La délocalisation d'une partie de sa chaîne de production en Europe de l'Est y a fait cesser l'immigration de compensation. Tous les colosses ont des pieds d'argile, ces jours-ci.

La chose qui m'inquiète vraiment, c'est l'obstination de l'Allemagne à exiger de ses partenaires une rigueur qui va se retourner contre elle. S'agit-il d'une priorité donnée à sa domination politique ? Ou de ce manque de souplesse, de ce rapport distant à la réalité qui est le style même de l'histoire allemande ? Le récent débat outre-Rhin sur la circoncision est bizarre, et très inquiétant. Une partie des élites allemandes se demande, à la suite d'un incident mineur concernant un garçon d'origine turque, si la circoncision est une atteinte aux droits de l'enfant, dans un monde où la majorité des Américains sont circoncis et pas seulement les musulmans ou les juifs. L'anthropologie nous dit que les hommes circoncis sont ravis de l'être et les incirconcis également. Un minimum de bon sens historique devrait nous alerter sur la suspecte irrationalité d'un débat sur la circoncision en Allemagne.

François Hollande avait affirmé qu'il n'approuverait pas le traité budgétaire européen en l'état...

E.T. : Après ce que je viens de dire, on pourrait parler d'un traité de circoncision budgétaire ! [Rires] Ce traité m'indiffère et me gêne simultanément. Faire voter en grande pompe par l'Assemblée nationale des dispositions qui n'ont pas de sens dans la longue durée, c'est décréter la fin de l'histoire. C'est voter la diminution de la distance entre la Terre et la Lune ou l'inversion du cours de la Seine. Ça n'aura pas de conséquences pratiques. Le problème, c'est que voter un traité ridicule va un jour contribuer à ridiculiser une démocratie déjà bien malade.

Vous faites partie des intellectuels pour lesquels le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy en 2010 avait franchi une étape dans l'abjection du quinquennat. Que pensez-vous du fait que rien n'a semblé plus urgent l'été dernier au gouvernement socialiste fraîchement en place que de démanteler les camps de Roms ?

E.T. : Je ne suis pas choqué. A l'époque Sarkozy, j'avais dit que je connaissais la culture rom en tant qu'anthropologue et que les gens seraient surpris de ce que j'en pensais. Dans le Destin des immigrés, qui date de 1994, je pose les cultures juive et rom comme antinomiques sur certains axes. Ce qui était inadmissible dans l'attitude de Sarkozy, c'était que le président de la République française fasse des Roms une question politique centrale. Mais la culture rom pose des problèmes renouvelés dans notre monde atomisé par la globalisation. Il faut donc traiter ce problème, et c'est bien qu'il soit désormais pris en charge par le ministère de l'Intérieur sans être instrumentalisé par l'Elysée.

Si, dans un an, Valls pense faire une carrière en déménageant le même camp de Roms tous les deux mois, clamant en même temps que l'euro est formidable, je changerai d'avis. Mais je ne crois nullement que Valls soit le socialiste le moins perspicace sur le plan économique. S'il voulait un destin, il lui suffirait de ne pas s'enfermer dans le rôle de ministre de la police et de la délinquance. Dans ce registre-là, il ne fera jamais aussi bien que l'UMP. La gauche ne doit jamais oublier que le véritable ennemi, c'est les riches.

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Que répondre à Todd? Ceci peut-être:

Félicitations, Emmanuel Todd : vous faites la preuve qu'on peut encore éluder la réalité, que les historiens n'apprennent pas nécessairement les leçons de l'histoire, et qu'on peut être un intellectuel écouté tout en disant n'importe quoi à (presque) chaque entretien.

Par Baptiste Créteur.

S'exprimer en France contre une rigueur économique nécessaire, c'est plutôt courant ; mais être à ce point opposé à la rigueur intellectuelle relève de la performance. Félicitations, Monsieur Todd : vous faites la preuve qu'on peut encore éluder la réalité, que les historiens n'apprennent pas nécessairement les leçons de l'histoire, et qu'on peut être un intellectuel écouté tout en disant n'importe quoi à (presque) chaque entretien. Permettez-moi toutefois d'ajuster certains de vos propos, pour éviter que les gens pensent que vous étiez sérieux.

"Comment être pessimiste dans ce pays qui a compris que les ultrariches, plutôt que les pauvres, les fonctionnaires ou les étrangers, étaient responsables de la crise, dans cette nation qui a rejeté, il y a cinq mois, le côté obscur de la force. S'il le veut, quand il le voudra, Hollande pourra s'appuyer sur des forces sociales profondes et positives."

Les riches ne sont pas responsables de la crise. Créer de la richesse, avoir des idées et prendre des risques pour les mettre en œuvre, investir intelligemment pour en tirer des profits, c'est essentiel pour l'économie. L’État ne s'endette pas pour financer des fêtes somptueuses en l'honneur des riches pour les remercier d'être les moteurs de l'économie ; les riches eux-mêmes s'endettent peu, et financent les entreprises qui ont alors une alternative à l'endettement. La crise de la dette est la conséquence directe d'une redistribution forcée injuste et non viable, d'initiatives fumeuses et d'un État inefficace au train de vie délirant qui pénalisent l'économie et ont besoin de recourir à l'emprunt en plus d'impôts et prélèvements toujours plus élevés. Espérons que des forces sociales profondes et positives vont nous sortir de là, mais dans l'histoire, ça ne s'est jamais produit de cette façon : pour sortir d'une crise, il faut cesser de décourager la création de richesse, que ce soit en limitant le recours arbitraire à la force physique, en instaurant une lisibilité de l'impôt ou en instaurant un État de droit. Ce sont les conditions sous lesquelles les individus mettent leur liberté, leur créativité et leur intelligence au service de tous, sous réserve d'y percevoir un intérêt.

"Durant la présidentielle, mon hypothèse était - et reste - que François Hollande commencerait son quinquennat de manière relativement conventionnelle - sur l'Europe, nous sommes servis - tout en marquant son attachement aux valeurs d'égalité - tout va bien de ce côté, la presse de droite hurle «Maman !» parce que les classes moyennes supérieures vont payer des impôts supplémentaires. Mais, au bout d'un an ou deux, Hollande devra opérer le tournant radical rendu inévitable par l'approfondissement de la crise. Je m'en tiens à ce parallèle inversé : nous sommes encore dans la phase conformiste de l'hollandisme. Et je discerne quand même déjà des aspects positifs, dont certains constituent l'amorce d'une révolution morale et sociale..."

Quelles valeurs d'égalité prétendez-vous défendre ? La seule vraie égalité, c'est l'égalité des droits, la garantie pour tout individu de voir la loi s'appliquer, et sa liberté, sa propriété privée et sa sûreté défendues de la violence et de la coercition. La révolution sociale et morale qui doit s'amorcer est celle d'un retour aux valeurs fondamentales de la liberté, non d'une spoliation toujours plus importante des richesses créées. Ce n'est pas la presse de droite qui hurle "Maman !", mais les créateurs de richesses qui crient "Assez !", un cri d'alarme qui précède leur abandon ou leur départ.

"La politique de rigueur n'affiche plus comme priorité la destruction de l'enseignement, de la santé et des services sociaux. Elle part du principe d'une taxation supplémentaire des plus fortunés. C'est une rupture avec l'idéologie dominante du monde occidental. La déception actuelle des médias nous permet, en fait, de mesurer la contribution des médias aux cinq ans de folie sarkozyste. La presse adorait l'agité de l’Élysée qui lui offrait un événement bidon par jour, tout en abandonnant l'industrie française à sa déroute ! L'analyse quotidienne de l'économie, c'est moins marrant. Heureusement, la presse peut encore s'exciter sur Valérie Trierweiler, tenter de sarkozyfier Hollande en président people."

La politique de rigueur n'a qu'une priorité : tenter d'amorcer le désendettement, nécessaire si on veut éviter que les Français de demain – dont vos enfants font partie - ne soient endettés jusqu'au cou. Ce désendettement ne peut passer que par la diminution de la taille de l’État ; il ne s'agit pas d'une destruction de la santé, de l'enseignement et des services sociaux, mais simplement d'un désengagement de la part d'un acteur qui n'a d'ailleurs rien à y faire.

La rupture avec l'idéologie dominante est difficilement perceptible : les médias français continuent majoritairement à exprimer leur défiance vis-à-vis de la liberté et de la création de richesse, à prôner un rôle toujours croissant de l'Etat et la défense d'intérêts particuliers.

L'analyse quotidienne de l'économie n'en est pas une ; la presse fait aujourd'hui le constat que les faillites sont de plus en plus nombreuses, au même titre que les chômeurs et les Français qui quittent le navire. L'analyse consisterait à l'expliquer, mais elle en semble aussi incapable que vous, prisonnière de son idéologie liberticide.

"Je suis frappé par le côté décalé, dépassé des critiques de la rigueur émanant de la gauche de la gauche ou d'économistes proches simultanément du Parti socialiste et des banques. En réalité, une politique de relance, dans le style de celle menée par Sarkozy, les États-Unis et quelques autres après le déclenchement de la crise de 2008, ne peut pas marcher.

On ne peut plus faire de relance en économie ouverte, et c'est ce qui rend absurde la critique actuelle de la rigueur. Dans un contexte de concurrence mondiale déloyale, distribuer des moyens de paiement aux ménages, ce serait fabriquer de la demande pour la Chine et l'Allemagne, les deux grands pays exportateurs, et économiquement irresponsables, qui contractent leur demande intérieure pour écraser leurs voisins.

La gauche a atteint le terme de ses contradictions. L'émergence de Paul Krugman et de Joseph Stiglitz en grands prêtres de la relance budgétaire, en penseurs cultes de la gauche française, est pathétique : ils sont eux-mêmes paumés, au cœur des contradictions de l'économie américaine, paralysés par leur incapacité à affronter clairement la question du libre-échange. J'ai réalisé en les lisant cet été à quel point une certaine pensée économique de gauche était au bout du rouleau. Ces deux icônes à la peinture encore fraîche avaient gagné leurs Nobel en consacrant leurs belles années de recherche à «résoudre» quelques-unes des milliers d'absurdités engendrées par la rationalité schizophrène de l'«Homo economicus» : asymétries d'information pour Stiglitz, rendements croissants du commerce extérieur par acquis technologique pour Krugman. Or, aucun financier américain n'aura jamais besoin de Stiglitz pour entuber un emprunteur, aucun chef d'entreprise allemand n'aura besoin de Krugman pour entuber un haut fonctionnaire français. Ces deux tocards nobélisés - je pastiche à dessein le style méprisant de Krugman - font aujourd'hui une deuxième carrière en vulgarisant le keynésianisme qu'ils ont appris à la fac. Ils nous disent ce qu'ils auraient dû savoir depuis toujours : l'insuffisance tendancielle de la demande mondiale. Ils oublient soigneusement la conversion de Keynes au protectionnisme."

Il faut bien le reconnaître, vous avez partiellement raison. Une politique de relance ne peut pas marcher. En revanche, vous avez tort d'en déduire que le libre-échange est nécessairement déloyal et néfaste et que les chefs d'entreprise et détenteurs du capital sont malhonnêtes. S'ils le sont, dans une situation de concurrence (que vous cherchez à éviter), ils ne trouveront plus personne pour faire affaire avec eux. Le libre-échange favorise la création de richesse et rend insoutenables l’État-providence et le poids que l’État fait peser sur l'économie ; à quoi souhaitez-vous renoncer, à la liberté ou à votre idéologie liberticide ?

"La politique de rigueur actuelle ne s'attaque pas en priorité à l'éducation et aux services sociaux, elle tente d'augmenter les impôts des plus riches, elle est un pas en avant par rapport au conformisme relanciste. Avec Hollande, l'Etat ne supplie plus les riches de bien vouloir lui prêter de l'argent ; l'Etat réaffirme son droit à reprendre aux riches le trop d'argent qu'ils ont accumulé en tondant la société. Quelle merveilleuse pédagogie démocratique !"

Les dictateurs d'hier et d'aujourd'hui apprécieront ce bel hommage. Mais puisque vous parlez de pédagogie, faisons quelques rappels : c'est l’État qui tond la société ; les riches s'enrichissent en créant de la richesse. L’État prélève, prend, spolie, décide arbitrairement en recourant si nécessaire à la force. Le créateur de richesse s'enrichit parce que d'autres acceptent de travailler avec lui. La démocratie doit s'exercer dans le cadre d'un État de droit pour ne pas se transformer en tyrannie de la majorité.

"L'euro ne marchera jamais. Il faut être lâche, corrompu ou schizophrène pour ne pas l'admettre - l'idéologie permet d'être les trois à la fois. La priorité, c'est la fin de l'euro. Il y a deux conditions pour que la présidence socialiste ne soit pas un désastre : sortir de l'euro et déclarer que des secteurs d'avenir technologiques, comme les énergies renouvelables, doivent être protégés comme les biens culturels."

Vous avez l'art de tout mélanger ; vous n'aimez pas la rigueur, et ça se voit. Sortir de l'euro, pourquoi pas. Mais protéger certains secteurs les empêchera d'être compétitifs, et votre choix des secteurs d'avenir est des plus contestables.

"La globalisation conduit à l'affrontement entre voisins. Quand les Allemands mènent une politique de compression salariale pour abaisser le coût du travail, l'impact est nul sur l'économie chinoise, mais considérable pour ses partenaires de la zone euro. Quand la Chine manipule le yuan, c'est contre la Thaïlande, l'Indonésie ou le Brésil, ses concurrents en main-d'œuvre à bas coût. Ce que nous constatons, c'est une tendance des émergents à se battre entre eux et des développés à s'exterminer industriellement entre eux, avec comme objectif d'être le dernier à sombrer. Ce mécanisme a fait de la zone euro un piège, avec l'Allemagne, dont l'économie est la plus puissante, en renard dans le poulailler."

La globalisation est une expression de la concurrence, qui conduit les entreprises à rivaliser d'ingéniosité pour apporter une proposition de valeur toujours meilleure et permet un enrichissement collectif sans être identique pour tous car les meilleurs sont récompensés.

Quand certains sont meilleurs, d'autres sont moins bons ; c'est vrai à toutes les échelles, individus, entreprises ou pays. Chercher à protéger sa médiocrité plutôt que s'améliorer est une posture originale, mais suicidaire.

"C'est l'erreur d'une génération qui inclut Giscard et l'écrasante majorité des dirigeants de ces âges. Cette génération s'est investie dans «l'Europe idéologie», utopie antimarxiste et postnationale. Quant aux plus jeunes, qui ne sont d'ailleurs plus si jeunes, il faut leur pardonner... On pourrait peut-être même fixer une date, mettons le 31 décembre 2012, au-delà de laquelle ceux qui défendront encore l'euro devront êtres punis. J'imagine une sanction adaptée : le versement de leur retraite en euros après la disparition de l'euro."

Ne soyez pas inquiet, les retraites ne seront sans doute pas versées quoi qu'il advienne, euro ou pas.

Si on devait sanctionner les mauvaises idées, le concept d'utopie antimarxiste et postnationale pourrait être un objectif pour les masochistes de la pensée, qui seraient également sadiques s'ils la défendaient sérieusement.

"François Hollande ne vient ni du cœur ni de la périphérie. Ce qui va se passer dans sa tête est un sujet de roman. La France est au bord du gouffre. La vérité d'Hollande, c'est que dans cinq ans il sera soit un géant, soit un nain. L'un ou l'autre, pas de destin moyen possible."

Ce qui se passe dans la tête de François Hollande et dans la vôtre, Monsieur Todd, relève de la science-fiction : prôner une idéologie qui a fait la preuve de son échec face à une situation alarmante, un grand bond en avant quand on est au bord du gouffre. Dans cinq ans, notre président normal aura, s'il continue à prôner plus d'Etat et plus d'impôts, réussi ce que peu auront su faire avant lui : ruiner tout espoir d'issue favorable pour ceux qui n'auront pas pu ou voulu partir.

"On a tout à fait le droit en France de critiquer les Anglais, les Américains, les Grecs ou les Italiens - soit dit en passant, nos proches culturels et nos véritables amis. Mais on ne peut plus rien dire des Allemands, considérant qu'ils pourraient en souffrir psychologiquement compte tenu de leur pénible histoire. En somme, l'Allemagne ayant massacré 6 millions de juifs, on ne peut plus la critiquer, elle a été sacralisée par la Shoah. C'est absurde, traitons l'Allemagne comme n'importe quel pays, admettons qu'elle se moque de nous : elle mène une politique strictement nationale, profite de l'euro qui nous interdit de dévaluer et de faire baisser notre coût du travail, elle renonce au nucléaire au prix d'un partenariat énergétique avec la Russie, en attendant une entente commerciale avec la Chine, le tout sans jamais consulter ses partenaires européens. Avec un allié économique comme l'Allemagne, nous n'avons plus besoin d'ennemi !"

Les Grecs et les Italiens sont nos véritables amis : nous sommes d'ailleurs bien partis pour les rejoindre dans leur débâcle. Traiter l'Allemagne comme n'importe quel pays passe notamment par la fin des incessantes allusions à la Shoah, que vos "proches culturels" grecs n'ont pas manqué d'évoquer lors de la visite à Athènes d'Angela Merkel. La France n'est pas innocente dans le massacre de millions de juifs, tziganes, noirs et homosexuels ; en bon historien, tirez les leçons de l'histoire : les nazis étaient socialistes, le protectionnisme est l'une des causes majeures de la guerre, et la dénonciation du libéralisme, de la liberté et des riches était récurrent dans leurs discours.

Baisser le coût du travail peut passer par la dévaluation, qui n'apporte aucun gain réel de compétitivité, ou par l'abaissement de charges, prélèvements et impôts, auquel vous êtes opposé ; l'Allemagne a sans doute compris qu'elle devait plus compter sur des partenariats critiques que sur des partenaires critiquables.

"Un minimum de bon sens historique devrait nous alerter sur la suspecte irrationalité d'un débat sur la circoncision en Allemagne. […] Faire voter en grande pompe par l'Assemblée nationale des dispositions qui n'ont pas de sens dans la longue durée, c'est décréter la fin de l'histoire. C'est voter la diminution de la distance entre la Terre et la Lune ou l'inversion du cours de la Seine. Ça n'aura pas de conséquences pratiques. Le problème, c'est que voter un traité ridicule va un jour contribuer à ridiculiser une démocratie déjà bien malade."

Un minimum de bon sens historique devrait vous alerter sur la rigidité que présente votre discours : décréter que les riches sont les ennemis de la richesse, que l'échange appauvrit, que la liberté est néfaste, que les entrepreneurs spolient et que l’État a le droit de reprendre ce qui ne lui appartient pas, c'est aller à l'encontre de la réalité, et ça a malheureusement des conséquences pratiques…

L'avenir montrera que vous aviez tort, et peut-être les historiens de demain seront-ils plus à même de comprendre l'histoire. Ils sauront alors que la liberté est une condition nécessaire à la prospérité, et que le rôle de l’État n'est pas de la restreindre mais de la garantir. Bien qu'amusants, vos propos sont dangereux, et j'espère - certes moins que j'espère que vous ne serez pas écouté - que vous serez présent pour assister au désastre qui résulterait de l'application de vos idées.

"On peut éluder la réalité, mais on ne peut pas éluder les conséquences de l'élusion de la réalité." (Ayn Rand)

https://www.contrepoints.org/2012/10/17/100960-reponse-elucubrations-emmanuel-tod
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Oui c'est plein de relans aigres, mais je ne sais pas si il dit que des conneries :

"Je suis frappé par le côté décalé, dépassé des critiques de la rigueur émanant de la gauche de la gauche ou d'économistes proches simultanément du Parti socialiste et des banques. En réalité, une politique de relance, dans le style de celle menée par Sarkozy, les États-Unis et quelques autres après le déclenchement de la crise de 2008, ne peut pas marcher.

On ne peut plus faire de relance en économie ouverte, et c'est ce qui rend absurde la critique actuelle de la rigueur. Dans un contexte de concurrence mondiale déloyale, distribuer des moyens de paiement aux ménages, ce serait fabriquer de la demande pour la Chine et l'Allemagne, les deux grands pays exportateurs, et économiquement irresponsables, qui contractent leur demande intérieure pour écraser leurs voisins.

La gauche a atteint le terme de ses contradictions. L'émergence de Paul Krugman et de Joseph Stiglitz en grands prêtres de la relance budgétaire, en penseurs cultes de la gauche française, est pathétique : ils sont eux-mêmes paumés, au cœur des contradictions de l'économie américaine, paralysés par leur incapacité à affronter clairement la question du libre-échange. J'ai réalisé en les lisant cet été à quel point une certaine pensée économique de gauche était au bout du rouleau. Ces deux icônes à la peinture encore fraîche avaient gagné leurs Nobel en consacrant leurs belles années de recherche à «résoudre» quelques-unes des milliers d'absurdités engendrées par la rationalité schizophrène de l'«Homo economicus» : asymétries d'information pour Stiglitz, rendements croissants du commerce extérieur par acquis technologique pour Krugman. Or, aucun financier américain n'aura jamais besoin de Stiglitz pour entuber un emprunteur, aucun chef d'entreprise allemand n'aura besoin de Krugman pour entuber un haut fonctionnaire français. Ces deux tocards nobélisés - je pastiche à dessein le style méprisant de Krugman - font aujourd'hui une deuxième carrière en vulgarisant le keynésianisme qu'ils ont appris à la fac. Ils nous disent ce qu'ils auraient dû savoir depuis toujours : l'insuffisance tendancielle de la demande mondiale. Ils oublient soigneusement la conversion de Keynes au protectionnisme."

:oops:
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Déjà sa première erreur est de parler de "LA relance" en général, comme un objet abstrait et général: la relance, ce peut être n'importe quoi fait par un Etat pour agir comme levier sur l'économie. En parler en général, pour la placer au pinacle ou la contester, c'est tout simplement passer à côté de l'objet. Le fait d'en parler en économie ouverte et de placer le libre-échangisme sans restreinte comme point contestable est évidemment un sujet qui devrait cesser d'être illégitime, mais une politique de levier (terme préférable à "relance") peut recouvrir mille formes et principes, et être parfaitement efficace, qu'il s'agisse d'agir comme levier direct de demande (l'Etat comme client) ou levier indirect (booster la demande des individus et des entreprises, par divers moyens), ou encore par action plus détournée (comme le fait, si on le décidait par exemple, d'imposer des boucles courtes dans l'approvisionnement en produits alimentaires, ou d'opter pour une politique de préférence nationale, voire locale, pour des contrats publics en deçà d'un certain montant: certains de ces moyens entrent directement dans la définition d'une évolution de la politique commerciale).

Le premier levier, celui de l'investissement de l'Etat, peut être articulé de mille manières aussi, cibler différentes choses, être bien ou mal fait. Mais des intellos abstractionnistes parleront toujours de "la relance" en général, disant "ça marche ou ça marche pas" en général, soit du non débat et de la pure connerie à 100%. Il s'agit d'investissements, de choix des secteurs à favoriser, du type de soutien à accorder....

Mais côté Todd, quand on voit un type (pas économiste lui-même et qui a dit beaucoup de conneries sur l'économie aussi bien que sur les relations internationales et -sujet AD type- la guerre) qui en est réduit à décréter que Krugman ou Stiglitz sont des "tocards" (sans autre forme d'argument ou de procès en plus) pour décréter, asséner ses "vérités", on se dit qu'il manque quelque chose.

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Bien sur, la relance est protéiforme.

Mais les politiques aiment les choses simples....parce qu'ils aiment travailler à la lumière, j'entends sous l’oeil des médias, donc ils se sentent obligés de produire de la bouillie digeste.

Sinon oui Todd est aigri voire teigneux, mais son constat sur l'économie ouverte on sent bien que c'est un boulet au pied des politiques.

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Je retiens surtout cette phrase:

Chercher à protéger sa médiocrité plutôt que s'améliorer est une posture originale, mais suicidaire.

Posture original ? Je pensais que le mediocre etait pourtant quelque chose de tres courant en France. Je serais tente de citer une nouvelle fois le cas de nos contructeurs automobiles, ou, entre deux receptions avec les politiques ont prend la decision de pousser le diesel a fond les ballons, histoire d'avantager les constructeurs francais, et devant l'echec patent de cette politique et les soupcons de danger sur le diesel, on ne touche surtout a rien.

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... et devant l'echec patent de cette politique et les soupcons de danger sur le diesel, on ne touche surtout a rien.

A bah si on s'enfonce un peu plus la tete dans le sable ... suffit de voir le nouveau bonus/malus "écolo" le diesel est ultra avantagé. Le plus amusant de la diselisation du parc automobile, c'est qu'a la base c'est une consquence de la nucléarisation de la production électrique :lol: il fallait caser quelques par notre production de fuel qui n'irait plus alimenter nos centrales thermique. D'ou les subvention sur le diesel, d'ou l'usage du diesel comme carburant économique démocratique, d'ou l'idée de dieselation massive du parc particulier comme barriere a l'entrée du marché francais ... Et pendant ce temps là les audi 80 invendable sont devenu des A6 tant désirées, et les pigeot increvable au bled ont désormais une image de voiture qui tombe en panne tout le temps :happy:

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