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Services secrets, forces spéciales et action clandestine du temps jadis


Tancrède
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Début d'un sujet potentiellement long, qui peut intéresser ou pas. Attention, sont déclarés d'offices hors sujet tous les services et unités QUI EXISTENT ENCORE :lol:. Seuls les services et unités (et autres organismes ou systèmes moins formels) disparus, mais de pays pouvant encore exister (exemple: OSS et SOE sont dans le sujet, de même que le 2ème bureau.... Peut-être pas le SDECE quand même ;)), sont admis dans le sujet :lol:!

Le renseignement sous toute ses formes, l'action clandestine, les "commandos", les "forces spéciales", la collecte passive d'information, le renseignement opérationnel ou stratégique, la reconnaissance d'objectifs ou en profondeur, l'agit-prop, le renseignement d'influence, la désinformation, le codage et le décryptage de correspondances, les "polices politiques/secrètes", le contre-espionnage..... Toutes ces activités sont aussi vieilles que la guerre et que la civilisation. Mais à quoi ça ressemblait, qui s'en occupait? Comment des organisations plus ou moins formelles pouvaient exister et durer, ou alors se recréer sans arrêt? Qui finançait? Comment s'en servir? Y'avait-il des doctrines, des formations? Y'avait-il des formes de stratégies systématiques? Pourquoi certaines puissances en avaient de structurés et d'autres non? le service formalisé, avec une structure permanente, est-il la meilleure formule?

Par extension, cela permet de voir comment, selon les cultures, les pays, les histoires, la géographie, les organisations politiques, les situations.... Une "culture" spécifique et une organisation du renseignement peut naître et se développer, et donc pourquoi il peut y avoir différentes approches selon les pays aujourd'hui. Tel pays aura un renseignement par essence et culture très militarisé, un autre très "diplomatique", un autre encore un grand nombre d'organismes et pas de centralisation, un autre reposera avant tout sur un ministère de l'intérieur absorbant tout tandis qu'un autre encore cumulera les réseaux spécialisés.... Et la position vis-à-vis de l'action clandestine varie aussi de façon importante;

Ainsi, par exemple, il est amusant de noter que le fonctionnement fondamental du renseignement russe, sous les tsars comme en URSS et aujourd'hui, ressemble étonamment à celui de l'empire byzantin, un autre héritage que la "3ème Rome" aurait pris à la deuxième, ou un produit de circonstances comparables, ou encore de formes d'organisation politique fondamentalement identiques (l'une ayant fortement été inspirée par l'autre)?

Perso, je ne connais vraiment que le fonctionnement des services secrets et assimilés de la Rome antique (enfin surtout l'empire) et leur extension byzantine (complète continuité), et ceux de l'Ancien Régime (un peu XVIème siècle, XVIIème-XVIIIème) et des puissances européennes du temps (Angleterre surtout), et quelques trucs sur le "grand jeu" des Cités italiennes et grandes compagnies lombardes aux XIIème-XIIIème siècles (pendant la guerre Guelfes-Guibelins), 2-3 éléments sur le Japon médiéval et pas grand-chose de plus.

A tous ceux qui ont des connaissances dessus, ou des questions.... Sur une époque, une puissance (Etat ou non), une guerre en particulier.

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Bon, pas l'air de passionner les foules, c'histoire là.... Moi et mes préférences :lol:.....

Petite journée aujourd'hui; j'ai du temps, alors on va essayer un coup avec Rome.

La Rome impériale a eu de nombreux moyens de renseignements plus ou moins organisés et formalisés. Les descriptions d'unités et services suivront dans d'autres posts, mais il faut d'abord comprendre plusieurs choses:

- Rome est à la base une oligarchie aristocratique dont le compromis historique est double, entre les élites elles-mêmes, et entre les élites et la plèbe (via le Tribuniciat de la Plèbe et les mandats électifs des magistratures). Par nature hostile à la centralisation et à la formalisation d'organismes permanents d'Etats, la République n'en a pas moins nécessairement eu recours à ces activités, avec un besoin sans cesse grandissant d'un haut niveau d'expertise (donc de permanence) au fur et à mesure de l'accroissement de son territoire et de ses intérêts. Seulement une oligarchie et peu de moyens propres au gouvernement impliquent que chaque "clan" de pouvoir a ses agents. Et c'est au travers de l'immense toile hiérarchique des réseaux de clientèle que se développent réellement de telles activités et savoirs-faires, où tout l'art du puissant, outre le fait de développer sa clientèle, est d'organiser son réseau et la remontée de l'information. Les moyens d'action, hors du temps de guerre, viennent des légions quand le puissant peut s'en faire attribuer en propre (et qu'il finance), de serviteurs personnels, et de bandes de voyous (ou associations de patronage de quartiers) ou de mercenaires purs et durs engagés pour diverses tâches: agit prop, terreur et dissuasion, sales besognes en tout genre (jusqu'à l'assassinat). L'avènement de l'empire a restreint ce jeu entre clans, mais ne l'a pas fait disparaître: il s'est surtout transposé dans l'infrastructure de gouvernement de l'empire, où chaque office, chaque service, chaque poste et leurs moyens devenait un enjeu de pouvoir et un moyen d'action pour jouer ce jeu des rivalités permanentes, voire viser le trône.

- beaucoup de services et personnels viennent à la base de l'armée, ou plus précisément de chaque légion et commandement séparément. Le renseignement et l'action spéciale sont avant tout militaires, mais le vivier militaire est loin d'être le seul pour la formation d'opérateurs de toutes sortes et la formalisation de services. Fiscalité, magistrature, administration, relations sociales et messageries sont des pourvoyeurs de personnels et d'infrastructures, mais plus encore des cadres dans lesquels les "services" romains se sont formés.

- les distinctions actuelles pour tout ce qui concerne le renseignement, la reconnaissance, l'enquête, l'action spéciale/clandestine et l'action commando, mais aussi la différence entre renseignement opérationnel et stratégique, et plus encore celle entre renseignement et action extérieure d'une part et police/contre-espionnage/police politique d'autre part, ces distinctions n'existent pas pour Rome. Ou tout au moins elles ne se posent pas de la même façon, et n'impliquent donc pas les mêmes approches, la même pensée, les mêmes modes d'organisation et de recrutement, les mêmes modes opératoires et leur compartimentage....

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Désolé, j'aime bien l'histoire de ce genre de sujets mais seulement moderne, pour ne pas dire très moderne. Mais si tu as des exemples concrets pour illustrer, voir des lectures à recommander sur le sujet, je suis tout ouïe.

Tu préfères les modernes? Ou ce sont juste ceux que tu connais?

Le trip, c'est quand même qu'au final, les besoins sont les mêmes, les principes de fonctionnement, du moins dans l'aspect opérationnel des choses, sont les mêmes, les humains et leurs motivations, ambitions et intérêts sont similaires. Les techniques sont différentes selon les époques, la technologie aussi, la nature, l'étendue et les lieux du "brouillard de guerre" changent, les buts et logiques de pensée sont différents, les structures de pouvoir sont souvent TRES différentes (changeant les axes du jeu, de ses interactions et de ses frictions)....

Personnellement, je trouve ceux du passé plus "dépaysants" que les "mornes" ;) structures administratives actuelles: autres sociétés, autres conceptions et croyances, autres logiques de pouvoir, autres armées et modes de fonctionnement.... Donnent d'autres façons de faire et de penser la guerre, les luttes de pouvoir, la stratégie, le jeu des intérêts, la politique, l'organisation des tâches, le compartimentage.... Même si certaines structures et formations peuvent présenter d'étranges similarités avec les actuelles, à l'occasion.

Rome est particulière dans l'Histoire de l'Occident en ce qu'avant les XVIIIème-XIXème siècle, où les formes actuelles du renseignement et de l'action clandestine ont commencé à se définir plus strictement, il s'agit du seul Etat organisé et stable (à part peut-être le Vatican et/ou des organisations telles que les grands ordres de moines soldats et les Jésuites) qui ait pu monter des formes d'organisations permanentes et ayant une certaine définition/répartition des tâches même si elle répond à d'autres logiques que les nôtres. Et encore, on voit que les nôtres sont souvent devenues trop "institutionnelles", ce qui favorise sans arrêt la réémergence d'officines diverses, de services joints émanant directement d'un niveau supérieur.... Comme dans les armées, les formations dédiées à l'action spéciale ou commando, ou au renseignement, n'arrêtent pas de changer, de se concentrer, de voir d'autres formations apparaître au niveau opérationnel.... Voir les temps les plus anciens permet de comprendre certaines logiques et processus intemporels et de ne pas sentir qu'on aurait trouvé l'alpha et l'omega de l'efficacité de nos jours, peut-être même le contraire.

Et ces processus et logiques éternels, tu les connais et les comprends toujours au moins un peu, même si elles te semblent uniquement liées à l'époque actuelle: même sans connaissances pointues sur une époque,  elles peuvent servir pour analyser, critiquer, deviner.... Le même domaine à une autre époque. Si l'Histoire n'était que l'apanage des historiens, surtout spécialistes, ce serait salement chiant. Et en plus ils la traiteraient mal.

Donc des exemples concrets.... Lesquels?

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Tu préfères les modernes? Ou ce sont juste ceux que tu connais?

Je ne connais pas grand-chose à l'Histoire autre que moderne, et rien du tout aux services secrets pré-XXème siècle.

Pour les exemples, n'importe quel cas "connu" (tout est relatif dans ce milieu) serait un point de départ intéressant.

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L'espionnage dans l'Empire français avait plus pour objectif la sécurité intérieure, à l'image des pouvoirs de police étendus de Fouché en France.

Schulmeister était l'homme de Savary, et Savary, malgré son bref passage comme Ministre de la Police, n'était pas spécialisé ni spécifiquement dans le rens intérieur ni dans l'extérieur: c'était l'homme de main de l'empereur, le "séide de napoléon" de son surnom (ou "sicaire" à l'occasion), c'est-à-dire, en langage actuel, le porte-flingue de Napoléon, l'homme des coups tordus et des actions clandestines. En bref, Savary, c'est le Service Action sans la DGSE :lol:.

Fouché, c'est la Sûreté, et la naissance d'une Police politique et de contre-espionnage destinée à maintenir l'ordre plus qu'à lutter contre le crime, quoiqu'il n'ait pas négligé cet aspect là non plus.

Pour les exemples, n'importe quel cas "connu" (tout est relatif dans ce milieu) serait un point de départ intéressant.

Dis une époque et/ou un lieu ;) :lol:.... Une époque qui te "parle" (visuellement, dans l'imaginaire, n'importe quoi): ça aide à bien s'y projeter et à essayer d'avoir un tableau un peu complet.
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Pour qu'il y ait action clandestine/spéciale/stratégique, il faut évidemment un besoin de renseignement (qui est de toutes époques) pour prendre des décisions de tous échelons, et il faut une pensée: à l'échelle d'une armée en campagne comme à l'échelle de l'Empire, le décideur doit penser au-delà du lendemain, prioriser ses décisions et actions, établir un timing et pratiquer l'économie des ressources (chaque action décidée doit être "rentable" et il convient de tout faire au moindre coût: il faut donc savoir pour anticiper et frapper à coup sûr et dosé).

Une grande particularité de Rome par rapport à son époque est que ce mode de pensée, qui existait de toute façon de manière empirique partout, a été formalisé très tôt, mais pas au niveau "grand stratégique", celui de l'Etat romain républicain: oligarchique, celui-ci ne pouvait pas accepter que soit créé un pôle de renseignement et donc de pouvoir qui n'auraît pas de maître autre que théorique (l'Etat romain, ce sont alors les décisions collégiales du Sénat, mais sans autres structure de supervision que le Sénat lui-même), de même qu'aucune autre forme d'administration permanente qui ne soit de pure intendance ou religion. L'Etat romain républicain est un Etat sans exécutif ni tâches régaliennes formalisées en permanence (sauf les 4 "légions sénatoriales", les seules à être payées par l'Etat, mais elles sont attribuées à des Sénateurs particuliers et sont loin)! Aucune grande famille n'aurait supporté la concurrence d'un service de renseignement qui puisse mettre en danger son propre et immense réseau de clientèle. Ce sont donc les familles sénatoriales (pas plus de 300), en tout cas les grandes, qui disposent donc, chacune, de moyens de renseignement. La pensée "stratégique" romaine n'est donc pas non plus centralisée ailleurs que dans des discussions au Sénat et des courants d'opinion et d'ambitions: chaque grande famille est un pôle de puissance qui, pour la politique extérieure, envisage via ses connaissances et ses ambitions et intérêts, plus ou moins tempérés (toujours au moins un peu) par un certain sens de l'Etat.

L'Empire change cela: centralisation et naissance d'un exécutif permanent impliquent donc que la pensée s'unifie. Elle procède toujours de discussions et de coalitions d'intérêts et d'ambitions, mais il y a un chef dont, au moins quand il a assez de pouvoir, la pensée domine, et qui ne réfléchit qu'en terme d'intérêt impérial. Une continuité de la volonté et de la pensée naît, et graduellement se fera jour le besoin d'un service de sécurité et de renseignement unifié et à l'échelle de l'empire pour y répondre.

Exploratores et Speculatores

Il ne s'agit pas là d'un "service", mais de la première organisation permanente existant déjà sous la République, contrairement aux autres pays. Exploratores et Speculatores existent au niveau d'une légion individuelle dont ils sont une part organique. Une légion étant faite pour être une unité interarme complète et la base d'une armée en campagne (avec tous les savoirs-faires), si besoin est seule avec juste des auxiliaires spécialisés, elle a besoin de son renseignement, de ses éléments de reconnaissance, de ses commandos et d'une aptitude à la reconnaissance et à l'action dans la profondeur. Une légion est un pion politique et géopolitique (infiniment plus que ce que peut être un GAN aujourd'hui), et celui qui dirige une légion ou un groupe de légions (le proconsul), suivant l'importance de la province ou de la campagne, est un chef politique responsable de son secteur d'attribution, un vrai vice-roi en quelques sortes. En terme d'autonomie, il est pour ainsi dire complètement libre, surtout à partir de la République tardive.

De fait, chaque légion dispose ainsi de ce qu'il n'est pas abusif d'appeler, précisément pour ces raisons de permanence, d'autonomie et d'échelon stratégique, des services spéciaux, organisés en unités et pensés et employés comme tels, recourant à des personnels spécifiques. Principalement légionnaires, ils sont en théorie et en pratique susceptibles et capables de reprendre leur place dans le rang pour une bataille. Mais plus le temps passent, plus le niveau d'expertise et d'expérience requis augmente, et plus ils tendent à appartenir à la part d'effectifs d'une légion qui n'est pas attribuée à une cohorte, plutôt que d'avoir un noyau de spécialistes non "encohortés" et recourant à des groupes de légionnaires détachés au coup par coup.

De même, en tant que spécialistes/experts ET en temps que soldats expérimentés (il en faut pour toutes les tâches rens/reco/action spéciale), ils sont en général des Evocatii (des "rempilés" ayant re-signé après leur période obligatoire de 6 à 10 ans), ou au minimum des vétérans expérimentés (encore dans leur première période, mais avec déjà de la bouteille), appartenant tous de toute façon à la catégorie des Immunes, soit les légionnaires exemptés des corvées courantes auxquels sont astreints tous les autres (tâches quotidiennes, terrassement et fortifications, tours de gardes....) qui ne dépassent pas, en général, les 500 à 600h par légions. Ce pour des raisons soit de grade (les sous-offs, ou Principales) soit d'expertise (dans un domaine crucial: cordonnerie, charpente, chasse, artillerie, instruction, musique-signaux, armurerie, ingénierie-fortifications, santé, boucherie, maréchaux-ferrants....).

Eploratores et Speculatores sont donc les experts du renseignement, de l'action spéciale, de la reconnaissance. Ce sont généralement des vétérans (comme quoi, les unités spéciales, c'est toujours une affaire de sergents :lol:), et tant par l'expertise et l'ancienneté que par la confiance qui peut leur être accordée, ils se distinguent du rang.

Difficile de savoir exactement combien il y en a par légion (surtout vu les changements fréquents de format de la légion), et surtout de faire une stricte distinction entre speculatores et exploratores. Les critères ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui, ils ont évolué avec le temps (un groupe constitué cherchant toujours à étendre son champ d'action et pouvant être utilisé pour d'autres tâches), et beaucoup dépend des chefs individuels et des relations interpersonnelles, au premier chef le degré de confiance (en la loyauté comme en la compétence) qu'un officier ou un chef peut attribuer à un homme ou une unité; quand la confiance est acquise, le chef peut recourir à des unités ou des hommes pour autre chose que leur métier de base.

Dans les 2 cas, ces personnels sont des soldats expérimentés, sélectionnés et très qualifiés, et ils peuvent concourir de tâches très similaires, surtout via le degré de confiance qui leur est accordé, mais ils ont tous deux un coeur de métier défini en tout cas sémantiquement: les "exploratores", ce sont les "explorateurs/observateurs", les éléments avancés de la reco et du rens opérationnel, et des éléments d'action "spéciale", et les "speculatores", ce sont les espions, donc avant tout le rens, mais ils servent aussi à l'action spéciale.

Il semble cependant acquis que les speculatores aient joint les tâches de reconnaissance et renseignement vers l'extérieur à des tâches de sécurité interne à la légion (et à la région commandée dans le cas d'une unité attribuée à une province "fixe"). Ainsi, leurs tâches ont rapidement dépassé celles d'éléments de reconnaissance pour inclure aussi des missions de courriers confidentiels et de transmission d'ordres (en tout cas plus que de simples estafettes), d'informateurs et de prévôts, mais aussi d'éxécuteurs et d'interrogateurs/bourreaux, et d'hommes de main à l'occasion.

Mais les Speculatores n'étaient pas que légionnaires: des civils pouvaient être engagés pour une campagne (ou accompagner un officier ou un chef) ou à demeure et employés comme espions, y compris des femmes. Une légion en mouvement tapisse littéralement son itinéraire d'espions et d'informateurs. De même, des alliés et mecenaires pouvaient être employés comme éléments de reconnaissance et appelés speculatores. Dans ces 2 cas, la définition devait être plus restreinte, de même que le degré de confiance.

Les Exploratores semblent avoir été plus des éléments de reconnaissance "extérieure" uniquement et d'action commando/spéciale (saisie d'objectifs, raids dans la profondeur, actions coup de poing, frappe d'objectifs à haute valeur ajoutée, nomadisation longue....). Et si différence nette il y a, leur particularité a été d'être plus capables d'opérer en unités constituées aussi bien qu'en petits groupes ou individuellement. Leur première tâche (mais pas un monopole) était de surveiller les mouvements de troupes ennemis, de garder le contact en permanence et d'organiser le va et vient de l'information, mais aussi de repérer les autres troupes adverses (pas forcément juste une armée).

Il semble certain que les effectifs de cavalerie légionnaire après la réforme de Marius (120h, puis 240 à partir du principiat), réduits à leur plus simple expression et plus capables d'être des unités de mêlée (trop petit) aient été des Exploratores, soit 4 turmes de cavalerie d'une trentaine d'hommes, chacune commandée par un décurion (à l'origine 3 décurions par turme, l'aîné commandant l'unité, puis un décurion pour l'unité par la suite: le décurion est l'équivalent en cavalerie du centurion dans l'infanterie, soit un homme issu du rang ou, au maximum, des "petites" élites de notables municipaux de province). Pour donner une idée, sous le Principiat (du Ier siècle au milieu du IIIème siècle), le nombre de légions reste stable, autour d'une trentaine (pour un effectif légèrement supérieur d'auxiliaires réguliers), ce qui implique 3600h de ce type pour l'armée romaine entière (sur un total de 80 000 cavaliers de tous types dans toute l'armée, et d'un effectif régulier total de 400 000h environs), soit un pool de spécialistes de haut niveau qui reste limité (en notant qu'il s'agit là surtout des exploratores).

La professionalisation graduelle, de facto puis entérinée par les changements structurels de l'armée, plaide en ce sens: pour le choc, les Romains avaient entériné le recours à de vastes contingents de cavalerie alliée (socii), de mercenaires et de plus en plus, d'auxiliaires "réguliers" appartenant à l'armée permanente (à partir du temps d'Auguste). La classe des chevaliers (equites) n'était pas assez nombreuse pour fournir encore des cavaliers, et la longueur des campagnes, les cantonnements à l'étranger tout comme le besoin de savoir-faire de plein temps (pour le rens et la reco comme pour le choc) se sont conjugués au refus de cette classe aisée d'être des militaires à plein temps, surtout des militaires du rang dans ce qui n'était plus une arme/catégorie sociale, mais une spécialité. Comme le reste des élites romaines, ils ont fourni des officiers et plus des troupes. Ils n'acceptaient d'être des soldats du rang qu'au temps de la conscription, où ils étaent ceux qui avaient les moyens d'avoir un cheval et dans une armée nettement plus petite et locale où ils étaient les stars.

Dans les 2 cas, il faut avant tout noter qu'il s'agit de personnels polyvalents, expérimentés et dont l'attribution des tâches peut dépendre avant tout du décideur et du degré de confiance qu'il a pour telle ou telle unité, tel ou tel homme. Mais plus le temps a passé, plus ces unités se sont spécialisées, développant donc un niveau élevé d'expertise, accroissant leur panel de capacités et constituant le premier vivier de recrutement de tout ce qui est un peu professionnel dans le renseignement et l'action spéciale à l'échelle de l'empire: de la réforme de Marius sous la République à l'aube de son dernier demi-siècle jusqu'à l'Empire, c'est un développement continu. C'est au sein de ces unités que se sélectionnent les hommes, que s'apprennent et se développent les savoirs-faires et que ces personnels peuvent rencontrer des officiers et des hommes importants et nouer des relations de confiance avec eux, se faire remarquer.... La Grande Réforme Militaire du IIIèms siècle consacre la fin du modèle légionnaire au profit d'unités plus petites et plus nombreuses, plus adaptées à la guerre mobile: dans ce modèle, les speculatores et exploratores sont simplement devenus des unités organiques spécialisées, généralement assimilées à des unités de cavalerie légère.

Ils opèrent en civil aussi bien qu'en uniforme, individuellement, en groupe ou en unités constituées (plus le cas des exploratores). En civil, leur appellation est confondue sous le mot "speculatores" qui veut aussi spécifiquement dire "espion": "Occulta speculator" (ou speculatrix pour une femme) est le terme exact.

Une particularité à partir de l'Empire: les cohortes prétoriennes, même si elles ne sont pas groupées en légions, développent cependant le modèle d'unités relativement autonomes, donc incluent chacune un contingent de speculatores. Mais vu le rôle et la position, et plus encore l'histoire des Prétoriens, ces Speculatores là sont de facto devenus les hommes de main de l'empereur ou de qui avait autorité sur eux à un moment: messagers confidentiels, espions, mais surtout bourreaux, exécuteurs, assassins, barbouzes politiques....

Donc avant de continuer le panel des services (exploratores et speculatores étaient importants parce qu'ils couvrent la république et l'empire, et forment la base du métier en général et le coeur du métier côté militaire), il convient de noter une chose importante pour l'empire. Impossible de comprendre l'histoire du renseignement et de l'action spéciale impériale romaine sans savoir qui étaient le préfet du prétoire et le maître des offices.

Empereur, Préfet du Prétoire et Maître des Offices

Pour faire court, il faut juste noter que ces 3 jobs sont éminemment liés au contrôle des moyens de renseignement et d'action spéciale romains. Empereur a été un job dangereux, parfois sans grande autorité suivant la personne (sa personnalité mais surtout la coalition politique qu'il avait derrière lui déterminaient sa marge d'action), et le préfet du prétoire, à l'origine juste l'officier commandant la Garde Prétorienne, fut le personnage rival, le job de tous les enjeux, qui a rapidement commencé à cumuler les fonctions politiques, économiques, administratives.... Pour acquérir une puissance énorme.

Inutile d'essayer d'assimiler ce job à quelque chose de connu ou de faire la liste arrêtée de ses attributions, de même que le job de maître des offices: les 2 ont varié avec le temps et avec l'occupant du siège, et seule la vision politique et en dynamique, dans le temps, compte. le titre de maître des offices (de fait un chef de cabinet des bureaux et services personnels de l'empereur) a été créé en fait pour une et une seule raison: rogner celui de préfet du prétoire (et au final le supplanter) au début du IVème siècle. La suppression de la Garde Prétorienne fut le point focal de ce combat.

Mais le Préfet du Prétoire fut de facto le concurrent de l'empereur lui-même pour la maîtrise des moyens et réseaux de renseignement et d'action spéciale, enjeu d'autant plus crucial qu'il n'y a pas de différence de conception entre renseignement intérieur et extérieur à Rome, entre espionnage et sécurité interne, entre contre-espionnage et police politique, entre espion, "opérateur spécial" et observateur/élement de reco.

Pour la suite: les 2 services "centraux" qui se sont succédés, mais aussi la garde Prétorienne, les Schola Palatinae....  Parce que là, pause :P!

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Les Frumentarii

Là, on entre plus spécifiquement dans le renseignement, tant opérationnel que stratégique. C'est le dernier échelon issu des légions et né sous la République. Les Exploratores bossent pour une légion en mouvement, pour des cohortes et groupes de cohortes détachés en task forces, ou pour une armée en mouvement; ils peuvent servir au chef d'armée si besoin est, et restent un réservoir de soldats très sélectionnés, de confiance, polyvalents et compétents. Les Speculatores font de même, avec des attributions en partie différente. Il y a donc division horizontale du travail entre eux, même si certaines de leurs tâches peuvent être similaires.

Les Frumentarii sont une autre histoire; eux sont rattachés organiquement et administrativement à une légion, mais ne bossent que pour l'échelon de commandement d'armée (si c'est une légion seule -ce qui est rare- comme s'il s'agit d'une vaste armée), et ils sont donc l'outil de renseignement stratégique dans une campagne, en somme, de vrais espions et opérateurs spéciaux/clandestins. Car il s'agit de soldats, et ils opèrent en uniforme aussi souvent que possible: pas de civils chez les frumentarii, pas de contrats temporaires, que de l'organique :lol:!

Mais leurs tâches partent toute d'une seule nécessité, leur coeur de métier: l'intendance :O! L'économie antique est fragile, l'agriculture est vivrière à plus de 80% dans la plupart des régions, et en conséquence:

- un hectare cultivé, surtout hors de quelques régions extrêmement fertiles et/ou extrêmement mises en valeur avec des techniques poussées (centre de l'Italie, Sicile, Carthage, Thessalie, Egypte, quelques endroits en Espagne, Mésopotamie), ne donne pas des quantités de blé énormes, surtout au regard des besoins d'une forte concentration d'hommes en mouvement

- les surplus agricoles, les surplus entreposés de façon importante, qui font l'objet d'infrastructures de transport et de stockage à une échelle commerciale (même locale), ne sont pas si fréquents, sont précieux, et surveillés

Bref, la nourriture, et le blé en tête, est cruciale pour tout mouvement d'armée, surtout une armée aussi mobile que celle de Rome, qui porte ses campagnes très loin de ses bases et pour de longues durées, souvent en territoire mal connu. Et le souci logistique, de même que l'organisation qui va avec, est une préoccupation que Rome a poussé infiniment plus loin qu'aucune autre puissance de son temps, apprenant à calculer et à penser ses campagnes, donc à planifier de manière professionnelle, sans aucun autre équivalent.

Dans ce calcul crucial, les Frumentarii sont l'élément clé du chef d'armée qui, il faut le rappeler, est aussi un chef politique: généralement un proconcul (donc un ex-consul, soit le plus haut poste de la République), donc un vrai vice-roi autonome avec tout pouvoir sur sa province d'allocation (qu'elle soit conquise ou non :lol:), ou au minimum un prêteur/proprêteur (statut un peu moindre, et exclusivement militaire, pour des campagnes et provinces moins cruciales). De facto, c'est un ambassadeur extraordinaire, un gouverneur autonome (qui ne rend de comptes qu'après la fin de son mandat), un décideur politique et évidemment un chef d'armée. L'autorité de Rome est lointaine, sa latitude d'action quasi totale.

Que sont les Frumentarii?

A la base, des spécialistes de l'intendance, ou en tout cas émanant de ce besoin, ce sont quand même avant tout des légionnaires, mais des légionnaires TRES sélectionnés, ayant reçu une formation poussée, très autonomes, et de confiance, car ils disposent de marges d'action et de décision énormes pour des soldats.

Ils sont chargés de trouver à bouffer, tout connement, de sécuriser les appros, afin de baliser l'itinéraire d'une armée, de voir ceux qui sont possibles par rapport au souhaitable. Pour ce faire:

- ils nouent des relations commerciales en pays ami: le Romain achète en pays ami. Donc évidemment, ils sont des intermédiaires et des négociateurs, mais aussi des ambassadeurs en quelques sortes: faut parfois un peu forcer la main pour convaincre quelqu'un de se séparer de vastes surplus, compromettre, intimider, négocier, faire du chantage, trouver un cadavre dans le placard, jouer des rivalités locales....

- même rôle en terre hostile/non conquise: y'a toujours des tribus/entités rivales, donc il convient toujours de se mettre bien avec quelques-unes pour taper sur les autres, ne serait-ce que pour avoir quelques itinéraires sûrs, quelques points d'appui. Surtout en terre étrangère, ce sont eux qui sont en charge du "First Contact"

- ils repèrent donc les zones de production, les champs où il est possible de fourrager, les réserves et entrepôts, les greniers, les marchés, mais aussi les points d'eau..... Et par extension tous les chemins et axes qui y mènent et les systèmes de circulation qui tapissent un territoire et l'organisent, l'irriguent (les gués, les flux, l'état des routes....). Et évidemment les forces militaires qui défendent ces objectifs et/ou se les disputent.  

- De même, ils renseignent sur les peuples qui animent cette zone, les divisions entre elles, leur attitude vis-à-vis de Rome: par entrée en relation avec des locaux, interrogatoires amicaux ou non, corruption, intimidation, observation/espionnage.... Et ce sont eux qui constituent des réseaux d'informateurs en pays ami ou en territoire étranger/hostile, ce qui implique qu'ils disposent de budgets afférents, donc d'un haut degré de confiance et d'une expertise certaine dans la nago et "l'estimation" du coût des choses et des individus

- de cette connaissance, ils concourent directement au plan de campagne: ce sont eux qui balisent les itinéraires, les classent par pertinence logistique et politique.... Et au final, ce sont eux qui font les cartes, ou au moins remplissent les blancs sur les cartes :lol:

- de fait, il y a priorisation des itinéraires et objectifs et contraintes via ce renseignement. Et là intervient une autre part de leur action, en coordination avec des exploratores et speculatores ou non: la saisie d'objectifs cruciaux, gués, points d'eau, greniers, ponts.... Qui doivent parfois, de par leur importance même, leur centralité.... Etre saisis un bon moment à l'avance, et être défendus coûte que coûte

- une tâche plus "quotidienne": ils doivent généralement trouver/repérer, sur les itinéraires (et choisir ceux-ci aussi en fonction de ce facteur), les emplacements assez rapprochés où une légion/une armée en mouvement fera halte tous les soirs. Les légions romaines montent un camp de marche fortifié TOUS LES SOIRS, sur un emplacement qui doit être défendable, avoir un bon champ de vision, et être suffisamment pourvu en eau salubre

Pour ce faire, le métier de frumentarii est sans doute très exigeant en connaissances, profils divers, expertises, spécialités.... Géographes, topographes, experts de l'intendance et de l'agriculture, de la logistique et de la planification, négociateurs/commerçants, agents de renseignement, éléments de reconnaissance, politiques, débrouillards roublards et fouille-merdes :lol:.... Et évidemment soldats avant tout, ils sont un peu de tout ça. Rien à voir avec des Riz-Pain-Sel haut de gamme ;), ou des sergents fourriers démerdards.

Une paticularité des Frumentari est que la formation ne devait pas être uniquement sur le tas: prenant des gens aux profils sans doute divers (éduqués généralement -il y a de l'instruction pour tous les niveaux sociaux- mais pas que: un mec démerdard/malin est utile), ils devaient "invstir" du temps de formation, et ce d'autant plus qu'ils étaient peu nombreux. Pour ce faire, il est possible qu'il y ait eu un centre de formation à Rome, en plus de la formation continue, sur le tas, en légion, qui avait la préférence des Romains. La Castra Peregrina à Rome semble avoir été leur base du temps même de la République, ce qui peut suggérer un embryon de centralisation qui,à un degré ou un autre, leur donnerait la particularité d'être un "corps" un peu à part.

Pour cela, dans l'armée, ils sont très prestigieux et appréciés, et eux-mêmes sont très attachés à leur statut; un nombre donné est attaché à une légion de façon organique, mais il existe aussi, à l'échelon de l'Etat Major du chef d'armée, quelques centurions frumentaires, donc des officiers "hors cadres" directement rattachés au proconsul, ce qui implique:

- qu'il s'agit d'hommes d'expérience et issus du rang ou de petites élites de notables locaux, mais en tout cas des gens qui ont fait un long service et accumulé une expérience irremplaçable, assez pour ête engagés comme soldats sans être dans une légion.

- qu'ils participent aux débats de l'EM général, voire potentiellement au sein de la "Cohors Amici", le petit groupe d'officiers qu'un proprêteur ou un proconsul emmène de Rome avec lui

- qu'il s'agit d'une fonction de terrain, qui mène à de hauts degrés du centurionnat, mais qui n'est pas du tout un job d'élites, ni sénatoriales ni équestres (pas de préfets, tribuns ou légats des frumentaires), malgré l'importance cruciale, stratégique, du taf: c'est donc une expertise rare qui donnent des accès vers les hauts niveaux de la hiérarchie, et une importance déconnectée du grade à ceux qui la maîtrisent.

D'un service d'armée à un service secret impérial

Les Frumentaires sont donc particuliers, parce que c'est à partir d'eux que s'est formé le premier service de renseignement central de Rome, sous l'Empire.

Une fois les frontières relativement stabilisées et l'Empire moins conquérant (il n'a jamais été sur la défensive, contrairement à certaines visions faciles), le besoin d'organisation, d'aménagement, d'optimisation du fonctionnement impérial (économique, administratif, militaire), et au premier chef les besoins conjoints de sécurité/stabilité intérieure et de sécurité extérieure, ont impliqué le besoin d'un renseignement rationalisé et centralisé.

Difficile vu la structure politique et la nature du pouvoir central et des relations et équilibres qui l'animent; mais le besoin est là. Plus difficile encore: ce besoin implique aussi bien la sécurité intérieure que l'extérieure: les provinces frontalières, où se trouvent les légions, sont des enjeux cruciaux pour ces 2 objectifs, vu les tendances séditieuses de généraux/proconsuls ambitieux, mais aussi la nature comploteuse des élites locales (sénatoriales et équestres, mais aussi des peuples conquis) et plus généralement la tendance à la fraude à l'impôt (en nature ou numéraire).

Assurer la fiabilité des communications impériales ressort aussi de ce besoin.

Or, dans une province frontalière, il y a un proconsul, mais il est désormais plus un gouverneur civil qui contrôle aussi une armée qu'un chef d'armée en mouvement de conquête. Il a une organisation territoriale qui se développe, avant tout politique, des bases, des routes.... Et un service d'officiers frumentaires avec ses moyens propres: une armée en garnison bouffe aussi, tout comme une armée en mouvement. Et si elle recourt à quelques ressources locales, Rome essaie de faire en sorte de limiter cela pour éviter de fâcher les locaux dans une zone frontière. Alors Rome paie ce qu'elle achète localement, très cher, et surtout achemine massivement son intendance depuis l'intérieur, aussi bien en nature qu'en numéraire. Cette logistique est lourde, donc nécessite une forte organisation, des moyens de sécurisation et par conséquent de forts besoins de renseignement intérieur dans les provinces. Elle implique le développement du système fiscal pour le prélèvement des surplus et contributions, donc une extrême connaissance des économies de chaque zone, mais surtout de la politique et des individus et groupes qui produisent et possèdent.

Et qui s'occupe de ça? Les Frumentaires. ils s'occupent de cela pour le proconsul, font la collecte del'impôt, ils gèrent l'approvisionnement de l'armée de garnison, provisionnent les magasins pour des campagnes, et font la "veille stratégique" extérieure sur l'adversaire au-delà de la frontière, surtout avant une campagne. Il faut savoir si les peuples "en face" s'agitent ou non, connaître leur terrain à l'avance, les itinéraires.... bref, tout ce qu'ils font aussi en campagne. Leurs services se sont donc pas mal développés après la stabilisation des frontières.

C'est donc une organisation clé en main que les Empereurs réorganisent en centralisant et coordonnant à Rome les activités et renseignements des services de frumentaires jusqu'ici indépendants d'une province à l'autre. C'est hadrien qui met en place ce service central au tout début du IIème siècle: sans doute en étendant un peu les effectifs pour assurer la coordination et les communications, ainsi que l'administration centrale et l'expertise de planification, il installe ainsi un service de communications stratégiques qui multiplie l'efficacité jusqu'ici éclatée de cette infrastructure existante.

Mais le service étend sa capacité: dans ses attributions, l'observation des élites locales était ancienne, et s'étend maintenant à l'intérieur, y compris à Rome, au point que ce sont eux qui constituent les "dossiers" sur chaque personnalité importante de l'empire.... Empereur compris :lol:! Une boutade veut que les Frumentaires eussent mieux connu les pensées de sa femme qu'Hadrien lui-même :O!

Mais évidemment, hors de leur activité en campagne militaire, ils sont devenus très impopulaires, voire haïs par la société (il faut entendre là non la population en général, mais les élites), et il semble qu'une partie de cette haine ait été justifiée par certains abus, même si la suppression de ce service central par Dioclétien semble plus avoir répondu à une contrainte politique qu'à une réelle volonté.

Mais ils n'étaient pas le seul service dans ce business (même s'ils étaient le principal), et ils allaient vite être remplacés.

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Rien qui te "parle" ou te fasse penser à des schémas connus dans le passé récent, soit par ressemblance, soit par divergence? Ou ça te "parle" pas beaucoup, cette époque?

Pour compléter sans développer pour l'instant, avant les remplaçants des Frumentarii, il y avait un autre "service" qui dealait avec les affaires de confiance délicates, les barbouzades et le sale boulot, et des opérations clandestines/spéciales. Outre les réseaux relationnels et agents des grandes familles sénatoriales toutes impliquées dans le "grand jeu" du pouvoir, il y avait tout connement, et ce depuis leur création sous Auguste, les Prétoriens.

la Garde Prétorienne, ce sont des militaires ayant plus que fait leurs preuves dans les légions (peu ou pas de recrutement direct), et c'est la seule force militaire autorisée dans Rome, la réserve et la garde de l'empereur, la police politique, les hommes de mains, sous les ordres du Préfet du Prétoire.... Et l'enjeu de toute conquête du pouvoir. Auguste a bien créé les cohortes urbaines pour contrebalancer les risques de cette puissance concentrée, mais elles n'ont jamais atteint le même degré de pouvoir: force de police de Rome et de Lyon, elles sont une force armée, mais pas faite de militaires, et n'auront jamais les effectifs des prétoriens.

Les Prétoriens, ce sont des cohortes autonomes (pas de légion prétorienne), avec des speculatores et une cavalerie organique (exploratores et quelques éléments de choc), puis bientôt des turmes, puis ailes complètes de cavalerie autonome. Et leurs groupes de speculatores servent à tous les coups tordus et à la sale besogne (sauf en campagne militaire où ils prennent un rôle plus en phase avec leur appellation), de l'empereur ou de qui parvient à les acheter/diriger et se retrouve préfet du prétoire; plus cet office se développe, plus il démultiplie la puissance de ces "forces spéciales" internes via des réseaux de renseignement plus complets qui irriguent l'administration impériale, centrale et provinciale.

Ils sont l'autre "service" existant concomitamment aux Frumentarii, un service plus de facto que de jure....

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Ben tout ca ferait partie de ce qu'on appelerait l'intelligence preparation of the battlefield (IPB) aujourd'hui. Si on passe sur les différences liées à l'époque (comme la logistique des légions), la principale divergence entre cet hier et aujourd'hui, c'est une forte "procédurisation" des armées actuelles, où tous les types d'activités sont catégorisés comme "autorisés" ou "non-autorisés" (je pense surtout aux opérations en civil, officiellement exclues du panel de l'armée française), et réparties en conséquence dans des services séparés. Ce qui ne fait, en fin de compte, qu'écarter des moyens de renseignement et d'action pourtant complémentaires pour le "commandant en chef".

A contrario de cet exemple, dans le domaine du renseignement économique, en Chine ce sont les entreprises qui prennent l'initiative de leurs éventuelles actions d'espionnage en évitant d'impliquer leurs services officiels. Ils savent ce qu'ils cherchent et le cherchent, les désavantages étant qu'ils peuvent agir de manière peu professionnelle et qu'ils subiront les conséquences s'ils sont découverts. Mais s'ils ont du bon sens, contrairement à certaines entreprises françaises *, ca vaut la peine de prendre le risque.

* : cf. Machines Bull qui porta plainte contre Texas Instruments qui enfreignait un de ses brevets, que Bull avait déposé après avoir obtenu des plans piqués à Texas Instruments... TI s'est évidemment défendue et l'affaire s'est retournée contre Bull qui fut donc exposée comme un méchant espion dans la presse américaine.

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"procédurisation" des armées actuelles, où tous les types d'activités sont catégorisés comme "autorisés" ou "non-autorisés" (je pense surtout aux opérations en civil, officiellement exclues du panel de l'armée française), et réparties en conséquence dans des services séparés. Ce qui ne fait, en fin de compte, qu'écarter des moyens de renseignement et d'action pourtant complémentaires pour le "commandant en chef".

Héritage de l'âge "de la raison", développement du raisonnement en structures avant les question de réseaux et d'individus, croissance simplement quantitative de la taille des Etats et de leurs appareils (cependant, l'empire romain à son apogée, c'est quand même près de 60 millions d'habitants, esclaves non compris, et dans l'espace-temps de son époque: distances et délais plus grands, calculs à la main, effectifs gérables seulement par interaction humaine), croissance de la diversité des moyens de communication et accélération? Quoiqu'il en soit, l'époque moderne a penché vers la création systématique de structures permanentes pour tout, donc d'administrations avec leurs logiques: besoin d'ordre technique souvent, de moyens dédiés et de professionalisme, est-ce que ça va trop loin? Les "services" de jadis n'étaient pas faits, loin de là, que d'amateurs éclairés.... Et même les Brits et leur "patte" dans ces activités ont longtemps été réticents à formaliser, au XIXème siècle, de telles activités en structures permanentes, si bien q'ils ont attendu le début du XXème siècle pour le faire réellement.

A contrario de cet exemple, dans le domaine du renseignement économique, en Chine ce sont les entreprises qui prennent l'initiative de leurs éventuelles actions d'espionnage en évitant d'impliquer leurs services officiels. Ils savent ce qu'ils cherchent et le cherchent, les désavantages étant qu'ils peuvent agir de manière peu professionnelle et qu'ils subiront les conséquences s'ils sont découverts. Mais s'ils ont du bon sens, contrairement à certaines entreprises françaises *, ca vaut la peine de prendre le risque.

En jonction avec ce qui précède, ça me fait dire qu'une des principales différences de fait avec les époques plus anciennes, mais un point commun dans le principe, et qui induit des différences d'approches, c'est le fait que les "entités" de pouvoir, les "pôles" de puissance qui ont besoin d'activités de renseignement, sont moins des personnes, des individus, que des organisations: transpose les grands féodaux ou familles aristocratiques en entreprises et lobbies, voire en groupes terroristes/séparatistes ou organisations criminelles, les souverains en Etats (où la personne s'efface beaucoup plus comparée au poste), et tu as des principes de fonctionnement et d'interaction fondamentalement identiques, mais ne répondant pas aux mêmes logiques, ne rendant pas les comptes de la même façon, n'ayant pas les mêmes besoins....

Il s'agit toujours de clientèles, de réseaux....

Les Cités-Etats italiennes au Moyen Age, tant leurs institutions municipales (émanation des puissants) que leurs corporations de métiers (très puissantes et influentes par leurs activités industrielles et surtout financières) ont créé des "offices des espions" permanents, surtout au temps de la lutte Guelfes-Guibelins et ensuite dans les guerres d'Italie (celles du XIVème-XVème siècles, avant que toute l'Europe s'en mêle), recherchant donc permanence et professionalisme, en tout cas une centralisation de l'information l'emportant au moins en partie sur les logiques des réseaux de familles et de groupements au sein d'une Cité.

La nature du pouvoir et de la volonté politique d'une puissance, qu'elle soit étatique ou non, semble en tout cas impacter directement et quasi absolument la façon dont fonctionneront ses activités de renseignement: unie ou non, paranoïaque dans son fonctionnement (suivant les rapports internes de pouvoir), distinguant ou non action intérieure et extérieure, clandestine/politique et militaire.... Ces logiques correspondent quand même beaucoup, au final, à la nature de l'entité politique, donc à sa "tête" (collégiale, unique/individuelle, conflictuelle, mais aussi à une culture, à la crainte de créer une structure de pouvoir permanente en sachant trop et/ou pouvant trop), mais aussi à la façon dont cette "tête" va exercer sa volonté politique au sens large, ce qui inclue ses priorités stratégiques et sa façon de faire la guerre qui n'est qu'un moyen parmi d'autres d'agir.

Seulement à l'époque récente, je ne m'y connais pas assez, mais il me semble que la logique de structure l'emporte souvent sur la logique politique fondamentale, ce qui est censé être à la base: on crée un service parce qu'il en faut un (ou plusieurs) et on voit ce que ça donne.

C'est d'autant plus étrange que cette activité est sans doute celle où la formalisation des rapports, la hiérarchisation extrême, la logique de structures, surtout quand il y en a plusieurs avec des champs d'action se chevauchant.... Ces phénomènes sont les plus nuisibles. La logique actuelle pousse à en faire des spécialistes (au sens "d'idiots savants") et à essayer de créer des petites cases pour leurs buts, leurs procédures, leurs champs d'action, leurs contraintes et leurs modes d'actions, des petites cases qu'il faut absolument circonscrire le plus possible (côté armées, le mal est déjà fait). Et si cette logique est salutaire pour empêcher de faire n'importe quoi, d'empiéter sur les libertés, de concentrer trop de pouvoir.... y'a un cap où cet avantage écrase totalement la notion même d'efficacité au service de l'Etat, alors que ce domaine est sans doute l'expression la plus crue de la raison d'Etat, là où les règles existent le moins.

Quand on pense qu'entre l'Empereur et le centurion en charge d'une cohorte au fin fond de l'empire, il n'y a jamais eu plus de 3 échelons de commandement :-[.... On se dit que c'est pas forcément parce que les temps étaient plus primitifs et que les Romains étaient incapables de définir une hiérarchie plus stricte pour encadrer une action. Juste qu'ils avaient une autre notion de l'autonomie nécessaire et du compromis à trouver entre efficacité d'une part, et contrôle/justice/préservation des libertés/lutte contre les débordements de l'appareil de sécurité d'autre part....Dans quelle mesure le développement technologique et l'attachement à un niveau plus élevé de stabilité et de protection des libertés ont-il impacté cette vision pour arriver à la complexité terrible et au fonctionnement administratif des "services"? N'y a t-il vraiment que ces raisons logistiques et morales?

Le fait est que des "services dans les services" se recréent sans arrêt, devenant eux-mêmes de nouveaux organismes permanents ou disparaissant vite, parce qu'il y a besoin de souplesse, de rapidité, de confiance directe, de confidentialité plus grande.... Dans une activité qui répond mal aux logiques hiérachiques formelles et plus aux rapports d'individu à individu, sans cadre d'action prédéfini et normé.

C'est aussi vrai pour les services de renseignement et d'action que pour, quelle que soit leur organisation, les forces spéciales (en tant qu'émanation directe de la volonté politique la plus crue, donc incluant l'action clandestine, voire des choses franchement pas du tout ragoûtantes).  

Sur le plan du critère d'analyse selon lequel ce qui est tenu par une administration aujourd'hui là où un individu se tenait jadis, même A TAILLE D'INSTITUTION ET D'ENJEUX EQUIVALENTS, il est clair que dans cette guerre de l'ombre (guerre=affrontements des volontés, et dans ce cas, pas que de 2, mais plusieurs au sein du pays et à l'extérieur), la volonté est de moins en moins incarnée, de plus en plus floue; peu de volonté suivie, peu de responsabilité, une subdivision extrême des tâches.... Moins de force, de visibilité et d'efficacité (relative à une époque) à l'arrivée: le "brouillard de guerre" que ce secteur d'activité est censé réduire a de beaux jours devant lui :lol:, et pas que parce que le jeu s'est complexifié (techniquement surtout).

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Un complément rapide pour envisager quelque chose qui n'existe plus dans le monde dit "développé", mais qui irrigue littéralement les sociétés plus anciennes et bien des sociétés encore aujourd'hui (y compris les nôtres, mais de manière informelle et illégale souvent): le clientélisme. Ce fait concourt de l'organisation et du mode de fonctionnement d'une société mais aussi des rapports avec l'extérieur, et a longtemps été en fait l'épine dorsale des systèmes de renseignement.

On parle souvent des "puissants", qu'il s'agisse de grandes familles sénatoriales romaines ou des "Grands" tels qu'ils ont existé en France jusqu'à la mise au pas définitive et à la reprise en main louis-quatorzienne par l'Etat de l'ensemble des grand réseaux de clientèle qui ont formé en fait la base de l'administration nationale. Mais c'est quoi le clientélisme?

A Rome, c'est un phénomène parfaitement normal et légal selon lequel fonctionne la société, et selon lequel elle se hiérarchise, mais aussi trouve des équilibres. Formellement, le clientélisme est un contrat légal et reconnu entre 2 parties inégales et reconnues comme telles, qui implique que 2 hommes signent une convention selon laquelle l'un devient le "client" de l'autre, le "patron". Ce contrat est légalement contraignant et implique des obligations mutuelles à hauteur de ce que l'un peut fournir à l'autre. Et ce contrat est héréditaire!

Du plus bas au plus haut de la société, la plupart des citoyens appartiennent à un tel réseau, par essence pyramidal, chaque patron étant lui-même le client de quelqu'un un cran plus haut et lui apportant son réseau, à la fois une source d'information à tous les niveaux et une force politique plus ou moins grande pour voter, gueuler ou faire le coup de poing dans la rue. Même le plus bas des citoyens romains sait que sa citoyenneté en elle-même est un capital exploitable, si bien que, outre les grands programmes de soutien de l'Etat ou d'un grand aux plus basses franges de la plèbe, le dernier des glandus, s'il devient client de quelqu'un, a le droit a quelque chose comme un panier garni hebdomadaire.

Ce phénomène se développe souvent au point de devenir un business en soi, parce qu'un réseau de clientèle est un capital crucial, une richesse importante et quelque chose qu'il faut faire fructifier et développer sous peine d'être écrasé par son coût en temps, en argent et en obligations diverses, notamment légales.

Ainsi, à tout niveau, des hommes se spécialisent dans la constitution de réseaux non pour eux, mais qu'ils louent ou vendent à d'autres: certains constituent des réseaux "de qualité" (cas typique des aristos dans une mauvaise passe ou ne voulant pas prendre de risques dans une carrière politique qui implique souvent violence et rétorsions), d'autres des "spécialisés" (un réseau de juristes, de négociants....), et d'autres enfin de "quantité", évidemment là le plus souvent dans les basses couches de la société romaine. Politiquement utiles par leurs effectifs, ces derniers sont des ressorts d'action énormes dans les deux derniers siècles de la République, et César y eut un grand recours, notamment via la personne de Clodius, un voyou qui constitua de tes réseaux en quantités importantes.

De fait, quand on lit qu'un sénateur a passé du temps à "ses affaires personnelles" pendant une période pourtant agitée (tel César pendant la Guerre Civile, qui prend presque 2 ans pour cela), c'est surtout qu'il réorganise et "met à jour" son organisation personnelle jusqu'aux plus bas niveau: c'est une rude besogne que d'être patron! La moitié des journées, voire des pans entiers d'une semaine, pouvaient être passés à recevoir de longues files d'attente de clients qui, un par un, venaient exposer leurs griefs, demander un service ou du fric, proposer un service, recevoir des ordres, amener une info, renouveler leur engagement.... Pour un sénateur romain à la tête de réseaux de milliers de gens, c'est pas vite expédié, même s'il ne rencontre pas tous les niveaux hiérarchiques évidemment (la relation patron-client se doit d'être avant tout directe, d'homme à homme: c'est une fidélité personnelle).

Certains s'organisent eux-mêmes et se louent eux-mêmes sans intérmédiaires: ce sont le cas des associations de métiers, des associations religieuses et des "collegia", sortes d'amicales de quartier (ou de plusieurs quartiers) qui sont souvent de fait de vrais réseaux criminels (vus dans la série Rome). Un esclave qui devient affranchi (soit par libération soit par "auto-rachat") devient automatiquement le client de son ex-propriétaire. Enfin il y a les soldats: à Rome, sitôt qu'un soldat est démobilisé, temorairement (qu'il ait encore un temps à faire ou qu'il puisse vouloir rempiler), il est le client direct de son patron sénateur (les seuls à pouvoir lever des légions) qui lui doit une retraite en nature et en argent contre un temps de réserve militaire et surtout une disponibilité pour appuyer sa politique (en groupe avec les autres vétérans).

Et la société fonctionne ainsi pour le renseignement intérieur et extérieur: le clientélisme marche aussi avec des étrangers: certains peuples, tribus, voire Etats constitués peuvent devenir clients de Rome (plutôt qu'alliés, soumis ou sous protectorat), ou d'un haut personnage de Rome en particulier: les Héduens en Gaule l'étaient, l'Egypte l'était devenue.... Cela correspond à une vision avant tout patrimoniale de l'organisation sociale.

Donc chaque puissant est une entité géopolitique en soi qui représente le haut d'une pyramide hiérarchique de droits et d'obligations qui, avant toute chose, lui procurent moyens d'action (notamment militaires et politiques: vétérans, peuples alliés et bandes organisées/groupements de citoyens), contrats, opportunités, relations, mais avant tout, du renseignement!

Dans l'absolu, Rome n'a pas de ministère des Affaires Etrangères, donc pas de diplomatie unifiée incernée par un service avec sa permanence; il en va de même pour la guerre et le renseignement, ainsi que les actions clandestines.... Tout cela dépend de ces réseaux concentrés dans les quelques grandes familles sénatoriales qui peuvent les entretenir, et dont la charge est de mettre en commun ce qu'ils savent et ce qu'ils peuvent au Sénat qui arbitre les choix à faire pour l'intérêt de Rome.... Mais évidemment, chacun expose ce qui l'arrange de la manière dont ça l'arrange, garde ce qu'il est dans son intérêt de garder, agit sans demander la permission (action clandestine surtout: provoquer des incidents, nouer des liens contraignants avec un peuple extérieur, ce qui, si ce peuple est pris dans une guerre, impliquera Rome sans que le Sénat puisse s'y opposer....), et au final, sert surtout ses ambitions en essayant d'avoir le tampon SPQR dessus pour avoir le droit de convertir un intérêt et des actions discrètes en politique, c'est-à-dire se faire attribuer un gouvernorat, un proconsulat, avec le droit de lever un nombre donné de légions pour le servir (le recrutement d'alliés et mercenaires en plus dépendant de ses moyens en propre).

Diplomatie, moyens armés, services secrets et forces spéciales sont donc, dans ce système, à la fois quelque chose privé et de semi-privé.

Et les monarchies européennes, entre autres, n'ont jamais fonctionné autrement jusqu'à l'affirmation des Etats modernes aux XVIIème-XIXème siècles. La société nobilière, en particulier, reprend exactement les mêmes modes de relations et de fonctionnement au travers de la féodalité et de son évolution.

Les services secrets modernes sont souvent nés de tels réseaux (voire fonctionnent avant tout encore comme ça dans bien des cas, malgré l'apparence d'une organisation hiérarchique et d'une administration: la confiance est trop chère dans ce milieu pour être laissée à des procédures et des rangs formels), particulièrement en Grande Bretagne où ce sont des réseaux financiers avant tout sur base individuelle et des réseaux relationnels d'officiers de marine, de diplomates (généralement aristocrates) et de leurs relations dans les ports, ambassades et colonies britanniques qui ont permis de mettre en place des organisations plus formelles, à leur grande protestation tant ce mode de relation s'accomode mal d'un formalisme quelconque, et surtout d'une interchangeabilité toute bureaucratique des interlocuteurs.

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Exemple d'un opérateur de forces spéciales et "agent", peut-être LE PLUS CONNU AU MONDE, même si pas en tant que tel, qui "appartenait" à un réseau personnel avant "d'être" au Roi, malgré son appartenance formelle à une unité de combat régulière et royale (cad pas d'un régiment levé par un aristocrate ayant acheté sa charge et donc la propriété formelle de l'unité): D'Artagnan :lol:(Charles de Batz de Castelmore, chevalier puis Comte d'Artagnan)! En tant que membre, puis officier, de la Compagnie des Mousquetaires du Roi (ex-compagnie de Chevau-Légers d'un des Régiments de Cavalerie de la Maison du Roi), il était un cavalier et fantassin d'élite, chargé de missions d'assaut et "commandos" au sein d'une compagnie indépendante dont la qualité la plaçait comme premier vivier de personnels pour des missions délicates. Mais surtout, comme factotum de Mazarin, il fut un agent secret et un opérateur de forces spéciales. Devenu capitaine des mousquetaires gris (à la mort de Richelieu, ses Gardes deviennent les mousquetaires noirs, les Mousquetaires du Roi deviennent les Mousquetaires Gris), il garde cette double casquette, d'abord au service de Mazarin comme agent personnel, ensuite au service du Roi. Homme de confiance, espion, commando, opérateur "spécial", soldat d'élite dans un ordre de bataille normal.... Le vrai d'Artagnan n'a rien à envier à son personnage.

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Petit Off;

camarade Tancrède, mème si parfois tes sujets lancés doivent te faire ressentir le monologue absolu, je ne peux que te dire de persévérer !

Punaise de punaise, je ne sais pas ou tu vas chercher tout ça, mais alors surtout ne change rien et continue dans tes expliquations. Tu as l'art d'envoyer bien autre chose que de "l'agitation d'idées" ou les références historiques se mèlent avec un bon sens bien terre à terre qui se laissent dévorer bien gouluement.

Peut-ètre as-tu compris que parfois peu de monde te répond ou continue le débat parceque... tout simplement.... peu de monde a ne serait-ce que qq notions sur le sujet. Ton accuité dans certains domaine me scotch.

Pour moi c'est du tout bon, j'apprends, j'apprends et j'apprends. Que mon silence ne te sois pas signe de légèreté, mais simplement d'appétit.

Fin du cirage de pompe.  ;)

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Merci pour la pommade :lol:.... Mais -je vois évidemment pas ça de "l'extérieur"- y'a pas des trucs qui interpellent, qui semblent pas forcément logiques, contestables ou critiquables? La matière brute historique est ce qu'elle est, mais le reste est le plus souvent tiré de cogitations perso, parfois TRES capillotractées? Pas forcément besoin de connaissances sur un sujet précis pour que les logiques n'apparaissent pas vu qu'après tout, elles sont similaires, ou à tout le moins comparables, à celles de notre époque....

Pour compléter sur D'Artagnan: un détail que j'ai oublié est que les mousquetaires recrutaient surtout du Gascon pour une raison simple.... Comme les cafés "vin et charbon" de Paris, colonisés par les Auvergnats et Aveyronnais pour aboutir au quasi monopole actuel des limonadiers par ces anciens "lobbies" (et les Corses dans les cabinets d'avocats d'affaires :lol:), certaines unités étaient littéralement tapissées de Gascons, le plus souvent cadets de famille sans grand avenir dans une région fertile en gamins batailleurs et braillards, et pas en grand chose d'autre. Depuis l'unité des "Quarante Cinq" levée par le Duc d'Epernon pour protéger Henri III (encore un "service action": voir leur élimination du Duc de Guise, dit "le Balafré", et de son frangin cardinal, dit "le grand putier" :lol:), les Gascons s'étaient établis à Paris avec une bonne petite place dans l'intimité du roi et de quelques grands.... Bref, ils avaient convertis leurs portées de cadets castagneurs en capital économique, en en faisant un réseau d'amitiés aristocratiques (de la particule et pas de pécule, en général) qui non seulement s'entraidait (la "lettre" du père de d'Artagnan au capitaine de Tréville -encore un Gascon- dans le roman: c'est bien plus qu'une lettre de recommandation actuelle), mais surtout constituait un vrai "réseau" de clientèle et de confiance qui leur a valu leur place dans certaines unités, Mousquetaires en tête. En fait plusieurs réseaux: les Gardes du Cardinal, qui se fritaient avec les mousquetaires avant de devenir mousquetaires eux-mêmes.... Etaient bien souvent eux aussi des Gascons pur jus :lol:.

C'est le Duc d'Epernon qui a en quelque sorte "donné" cette clientèle (issue de son gouvernorat) à la couronne, clientèle convertie en vivier de recrutement préférentiel, et avant tout pour les "affaires" discrètes. 

Bref, ces recrutements ne fonctionnent pas au hasard, mais aux connaissances familiales et amicales de la petite aristocratie gasconne.... Les vrais Athos (Armand de Sillègues d'Atos), Porthos (Isaac de Porthau), Aramis (Henri D'Aramitz) et le capitaine de Tréville (dont d'Artagnan put racheter la charge de capitaine) étaient, à un degré ou à un autre, tous des cousins de d'Artagnan.

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Les Frumentaires ont disparu bien avant la période byzantine, en fait avant la (re) fondation de Constantinople et son érection comme seconde capitale: c'est Dioclétien (règne de 284 à 305, d'abord seul puis comme empereur d'orient après qu'il eut introduit la tétrarchie) qui doit abolir le service.... Mais évidemment abolir les Frumentarii, surtout par nécessité politique (ce qui vaut à Dioclétien une solide popularité), ce n'est pas supprimer le besoin de leurs services: sans même un temps de transition, l'empereur a besoin de courriers discrets et de confiance pour sa correspondance sensible (extérieure comme intérieure), de messagers oraux pour ne pas laisser de trace écrite, de missi dominici en tous genres, de canaux de transmission et d'information sécurisés et moins vulnérables aux parasitages politiques et administratifs, d'un réseau d'information parallèle à celui des gouverneurs de provinces, de moyens d'action discrets, d'ambassadeurs informels.... Bref, d'un service secret qui LUI rende ses comptes et ne soit pas au service de, ou biaisé par, les autres pôles de pouvoir internes à l'Empire.

Situation lors de la dissolution des Frumentarii

Rude tâche, surtout que sitôt les frumentaires supprimés, et même dans l'heure qui suit l'acte, le besoin est là: les lettres sensibles doivent partir et arriver, le business continue et c'est un business qui ne marche bien que dans une continuité totale. Et ce d'autant plus que dans la grande reprise en main de l'Empire par Dioclétien après la "Grande Crise du IIIème siècle", l'Empire s'est administrativement complexifié, notamment via la création des diocèses (pas un terme religieux, attention), soit la subdivision des provinces existantes en 2 à 4 nouvelles provinces, et ce avant tout afin de limiter la puissance des gouverneurs potentiellement séditieux, mais aussi pour mieux administrer un empire qui a subi une perte économique et démographique sensible au cours du siècle, et un fort accroissement de ses besoins militaires, si bien que le budget de l'armée (75% du budget impérial) a du passer, selon les estimations, de 2-2,5% du PIB romain sous le Principiat à pas loin de 4,5-5% sous la Tétrarchie, pour un effectif relativement équivalent.

L'empire, et avant tout sa défense, ne peut avec ces ressources d'autant plus comptées qu'elles pèsent en relatif 2 fois plus, se doit avant tout d'être réactif et pro-actif, donc d'avoir un "système nerveux" et des moyens d'observation, d'évaluation et d'analyse développés et performants (des adversaires ET de soi: connaissance du territoire et de sa géo-économie, de sa démographie, de sa fiscalité.... Et de ses intrigues). Le besoin était là avant, mais à moyens plus chers pour une capacité équivalente dans l'absolu et moindre en relatif (adversaires plus forts et plus nombreux à partir du IIIème siècle), le besoin de rapidité et de fiabilité de l'information et de "l'analyse stratégique" (éviter le thème de "L'empire romain avait-il une stratégie": les historiens se déchirent là-dessus :lol:), ce besoin donc est démultiplié.... Et il n'y a pas de technologie pour créer un différentiel très sensible, seulement de l'organisation, de la formation, de la réflexion et des moyens.

Les remplaçants: les Agentes in Rebus

Nom fumeux par excellence! Cela se traduit littéralement par "ceux qui s'occupent des affaires"  :P, et plus prosaïquement par "les chargés d'affaires".... Ce qui est en fait très juste :lol:!

Contexte

L'Empire se remet de sa grande crise, et cela passe avant tout par un autre contexte impérial, processus de réorganisation et de changement de la culture d'Etat qui trouvera son aboutissement sous Constantin:

- L'Etat a changé, tourné vers une centralisation accrue et une vraie conception plus purement "étatique" (au sens moderne) et autocratique, processus achevé par l'imposition de la religion chrétienne pour l'Empereur sous Constantin qui achèvera le modèle dit du "césaro-papisme". Cette période est celle dite du "Dominat", sorte de despotisme éclairé pour ce qui est de la forme du gouvernement (ne pas entendre le mot comme actuellement).

- centralisation et lutte contre les divisions internes impliquent un fort dualisme dans l'administration: il y a les grands services administratifs et militaires impériaux, et le développement d'une administration propre à l'empereur, une qu'il peut consulter facilement et directement, sorte de "bureaux de veille, supervision et d'inspection" lui permettant d'avoir un contrôle plus serré sur l'immense masse de l'administration impériale et de sa structure géographique nécessairement éclatée. Appelons ça l'administration du Palais

- les élites sénatoriales sont désormais interdites du métier des armes (trop de soulèvements et empereurs auto-proclamés chez ces gens trop puissants), et un gouverneur de province est désormais un administrateur purement civil, avec qui coexiste un gouverneur militaire rendant compte directement à l'empereur, ce qui fait qu'existent désormais 2 élites: une civile (politique, économique, administrative, provinciale/territoriale et centrale) et une militaire avec aussi, graduellement, une distinction entre une provinciale et une centrale/impériale (en fait, c'est un processus similaire qui voit le développement de la caste des samuraïs au Japon). Les empereurs depuis le IIIème siècle sont par ailleurs, et bien plus qu'avant, des soldats, dans un régime qui s'est clairement militarisé, l'empereur étant souvent en campagne. Dioclétien en est l'incarnation même, et avec lui, au sein de cet establishment militaire, c'est l'ascension des illyriens et panonniens (bref, issus de l'est des Balkans), très fortement représentés dans l'armée.

- l'armée a changé de modèle en grand (cf sujet sur l'armée romaine tardive), et avant tout son organisation territoriale et sa structure de commandement et d'organisation

- témoin de ce changement militaire, en haut de la pyramide, les unités des Schola Palatinae, remplaçantes des Prétoriens et coeur de la force constamment sous le contrôle direct de l'Empereur: garde, réserve ultime et unité d'élite de l'élite, "main d'oeuvre" spéciale.... C'est bien ce qu'elles sont

Naissance

C'est là qu'arrive le nouveau service, qui est dès le début une "Schola" pour ce qui est de sa forme d'organisation. Ce terme de "Schola" ne veut pas alors dire "école" comme nous le comprenons: il évoque plutôt les groupes qui "tiennent à" l'empereur, qui sont afférents à sa personne ou à sa fonction.... Cela veut dire donc à la fois des "services" ou des "bureaux", ou des unités. Le sens est par extension aussi architectural: sont baptisés scholas les bâtiments, dépendances, ailes ou alcôves où un service ou une unité de "sholas" sont en exercice ou en garnison. Dans l'usage, les Schola Palatinae, les unités d'élite de l'empereur qui succèdent aux Prétoriens sous Constantin, ont une présence écrasante quand le terme est évoqué, mais elles ne sont en fait pas les seules scholas.

Difficile d'avoir une genèse exacte du service, mais vu que la continuité du business de l'empereur a du être assurée sans transition, il est probable que ses composantes existaient comme services administratifs dans les services du Palais, nécessairement plus remplis de gens de confiance avec qui l'empereur traite plus directement. Et il est plus que probable que nombre des personnels des Frumentaires ont tout simplement switché d'un service à l'autre: la dissolution de leur service n'a pas voulu dire l'élimination physique ou la retraite anticipée pour l'essentiel de leurs effectifs. Une bonne partie a du être assignée au service des gouverneurs civils et militaires dans leurs provinces d'installation qui avaient toujours besoin de leur intendance, de leur "cellule renseignement", surtout pour la surveillance de l'ennemi, de leur maîtrise des dossiers économiques, fiscaux, démographiques, logistiques.... Dans chaque province (d'autant plus que leur nombre a triplé ou quadruplé, donc accru le nombre de gouvernorats).

Mais les "itinérants" et ceux des administrations centrales ont du gicler directement dans les nouvelles structures que Dioclétien a discrètement mis en place sans doute sous le couvert de réorganisations internes de ses bureaux. Le tout chapeauté par le Maître des Offices (voir plus haut), son "chef de cabinet", dont l'office, émanation directe de l'empereur, cherche à supplanter la puissance des préfets du prétoire dans le grand mouvement de centralisation en cours. Sous Dioclétien, la chose a du être très discrète malgré la puissance personnelle de Dioclétien) eu égard à la puissance encore terrible du Préfet du Prétoire qui garde encore les Cohortes Prétoriennes (autour de 12 000h peut-être).... Si bien que la première mention écrite des Agentes in Rebus ne date que du règne de Constantin (306-337, mais il n'a réellement la prééminence qu'à partir de 312, et la maîtrise totale de l'empire à partir de 324), après qu'il ait supprimé les Prétoriens et abaissé définitivement le préfet du prétoire (après 312).

Les Agentes

Difficile de définir leurs attributions selon nos crtères. Mais de facto, ils correspondent à une autre division du travail au sein des services impériaux, même pour le resneignement: le renseignement opérationnel et stratégique via des speculatores et exploratores est du ressort des gouverneurs militaires de province (mais l'empereur peut les shunter s'il le veut et commanditer des missions, notamment via des Agente In Rebus), et de facto, l'évolution de l'armée avec des unités de Limitanei massivement implantés aux frontières et quasiment uniquement faites d'infanterie et de cavalerie légère opérant, en civil ou en uniforme pour leurs éléments reco/rens/commandos/"spéciaux", cette évolution, donc a développé cette capacité, dans le sens du besoin accru de voir venir de plus loin.

Mais l'empereur a et veut des moyens en propre, avant tout pour ne pas être débordé, vaincu par la taille de son propre appareil d'Etat plus encore que par un général ou un gouverneur ambitieux. Les Agentes, pour cette tâche, sont donc le haut de la pyramide, des envoyés directs de l'empereur qui ont virtuellement accès à tout domaine, une autorité venant directement du grand patron, et une totale immunité juridique! Formellement, ils sont une schola de fonctionnaires dont le statut est militaire (assimilé à une unité de cavalerie légère avec des rangs militaires venant de ce type d'unités pour les hiérarchiser), et hors de l'empereur ou du maître des offices, ils n'ont de comptes à rendre à PERSONNE. C'est dire le degré de confiance, l'autorité, les moyens et le degré de sélection qui devaient entourer leur charge. Leurs carrières et promotions sont directement gérées par l'empereur et le maître des offices.

Qu'est-ce qu'ils foutent?

Comme les membres de l'administration du palais et les soldats des scholas, ils sont le top du top: ils inspectent, ils centralisent, ils vérifient.... Afin que l'empereur ait une bonne information sur tout: sur son propre empire, sur les forces qui l'animent, sur la réalité des rapports, sur les alliés, sur les territoires ennemis et les ennemis eux-mêmes. Et font en sorte que l'empereur ait une info vérifiée, qu'elle soit quantitativement gérable et qu'elle puisse être acheminée de lui et vers lui en toute sécurité.

Cela fait d'eux des touches à tout:

- des inspecteurs d'administration et de finances, des comptabilités des provinces comme de l'administration centrale.... Pour veiller à ce que les données soient à jour pour l'économie, donc les revenus impériaux, contrôler la corruption et la gruge, veiller à l'application des décisions impériales....

- des "commissaires politiques" :lol: allant dans les provinces, inspectant les documents et les territoires, entretenant des réseaux d'informateurs, se tenant au courant des intrigues locales... Pour "prendre la température" politique d'un endroit

- le contrôle aussi des gouverneurs militaires et de leur organisation, elle aussi un secteur où la fraude, la corruption, la mauvaise dépense, les rapports truqués ou bâclés.... Mais aussi les complots, les grognes.... Sévissent en masse

- des courriers de confiance pour que le flux de cette info soit continu, mais aussi pour transporter les courriers, correspondances et ordres impériaux les plus sensibles et confidentiels

- des inspecteurs des services "impériaux" (par opposition aux locaux), et avant tout le réseau routier et le système postal (cursus publicus), le système nerveux de l'empire et le démultiplicateur de sa puissance nominale. L'Anone militaire, le service d'intendance et de logistique impériale (entretien de l'armée, flux d'unités et d'approvisionnements vi les routes, canaux et voies maritimes, réserves stratégiques pour des campagnes et pour "acheter" des peuples belliqueux), en dépend éminemment. Donc l'entretien de la voirie et des ports, des relais de poste et navires impériaux, les contrats avec les opérateurs privés qui opèrent ces services (armateurs, aubergistes....) sont de leur ressort

- des inspecteurs et superviseurs de certains travaux réclamant une attention particulière: pont ou route stratégique, fortification importante, projet "politiquement" important....

- des hommes de confiance pour des missions "hors cadres": envoyés personnels de l'empereur et ambassadeurs extraordinaires si besoin est, ils peuvent négocier, intimider, rencontrer discrètement.... des puissants de l'empire ou des potentats étrangers

- pour toutes ces tâches, ils sont chargés de rapporter tout ce qu'ils voient et observent, et d'acquérir du renseignement le plus près possible de la source: en très grande majorité, ils traitent du renseignement venant d'administrations, services, commandements.... Soit de la seconde main au moins. Ils doivent s'assurer qu'il est fiable, ce qui implique, outre l'inspection, d'avoir leurs réseaux, et d'aller fureter eux-mêmes, pour vérifier une info ou approfondir un sujet qui leur semble digne d'intérêt

- leur métier n'était pas sans action et aspects "exécutifs": souvent ciblés, et inatteignables juridiquement, leur élimination physique pouvait être à l'ordre du jour. Mais surtout, ils étaient en charge de l'arrestation des très hauts fonctionnaires et gouverneurs de province fautifs, de veiller à ce qu'un exilé quitte bien le territoire.

Pour toutes ces missions, ils peuvent opérer ouvertement, en uniforme ou en civil, ou bien sous couverture (généralement comme fonctionnaire d'une administration ou soldats d'une unité). Certains d'entre eux, les Curiosi (une branche à part ou une appellation pour certaines de leurs activités), ont même eu la réputation d'être une vraie police politique.

Un indicatif de leurs effectifs (qui ont eu tendance à l'inflation) pour l'Empire d'Orient, daté de 430 sous le règne de l'empereur Léon:

- 1248 membres, compte non tenu de leur "administration", qui doit être celle du Maître des Offices

- décomposés, par ordre de grade (grades de cavalerie) croissant, en 450 cavaliers (equites), 300 circiteurs (circitores), 250 biarques (biarchi), 200 centeniers (centenarii) et 48 ducénaires (ducenarii)

Ils ne sont pas seuls: les Schola Palatinae, les Protectores Domestici, les Candidati

Et toujours les exploratres et speculatores, la particularité du Bas Empire étant, outre les effectifs organiques aux unités constituées, d'avoir eu des régiments spécifiques dont il est probable qu'ils aient poussé la spécialisation un cran plus loin, opérant comme "pôle de renseignement" d'une région militaire donnée, donc s'attachant plus au renseignement stratégique: ces corps constitués d'exploratores, ancêtres du 2ème Hussards et du 13ème RDP :lol:?

Au prochain numéro....

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Joie toute personnelle, un bouquin sur l'histoire du renseignement romain est récemment paru; il s'ajoute aux chapitres épars sur le sujet dans ma bibliographie  :P.... Très amusant à lire en conjonction avec la toute récente parution de la traduction française du dernier bouquin d'Edward Luttwak sur la "grande stratégie" de l'Empire Byzantin. Luttwak n'est pas un spécialiste d'histoire antique ou romaine et a dit beaucoup de bêtises sur le sujet, mais y a cependant apporté une expertise stratégique moderne qui manque souvent aux spécialistes et a permis de soulever des problèmes, de réenvisager certains points de vue et de repenser l'approche faite de l'histoire militaire et stratégique romaine. Utile et stimulant, mais à lire avec les pincettes vu que sa non expertise, salutaire d'un côté, lui fait aussi, de l'autre, utiliser des notions, des approches, des modes de pensées, des interprétations.... Qui ne peuvent pas avoir été dans le mode de pensée romain en particulier et antique en général, voire dans les capacités même des sociétés et puissances de l'époque.

Complément sur les unités militaires de renseignement

En fait il s'agit surtout d'une progression chronologique: comme dit dans le sujet sur l'armée romaine tardive, les forces militaires romaines n'ont jamais arrêté leur évolution (sauf en occident après Andrinople d'abord en 378, puis définitivement après la grande crise de 408-410 qui met irrévocablement en place le mécanisme de destruction de l'empire d'occident), et cette évolution s'est faite dans le sens d'un affinage permanent de la définition, d'une spécialisation/expertise accrue des unités dans un dispositif de plus en plus professionnel et nécessairement interarme, s'éloignant progressivement du modèle légionnaire semi-polyvalent, mais à niveau d'expertise dans chaque domaine (sauf le combat d'infanterie) somme toute limité en quantité (peu de spécialistes encadrant des groupes de légionnaires du rang temporairement détachés dans chaque job selon le besoin), et en qualité de prestation rendue à l'arrivée.

Face à des adversaires sans cesse plus nombreux (nombre d'adversaires sur toutes les frontières, et effectifs de chaque adversaire), organisés, "pointus" (ils ont surtout appris des Romains) et agressifs, et dans un contexte où les ressources militaires étaient d'autant plus précieuses que leur poids relatif dans le PIB avait doublé pour un effectif global équivalent (dans les mêmes ordres de grandeur), Rome n'avait d'autre voie que celle de l'expertise plus poussée pour pratiquer une défense organisée avant tout selon le critère de l'économie des ressources, donc d'une meilleure capacité de renseignement et d'analyse pour employer la force, stratégiquement, là où rien d'autre ne pouvait être utilisé et, opérationnellement, dans les meilleures conditions avec des effectifs calculés au plus juste. Sur le plan tactique, de même, le dispositif interarme était plus sophistiqué et plus élaboré, autant pour là aussi pratiquer l'économie des ressources que pour aller au plus vites, faire au plus décisif le plus rapidement (augmentation de la puissance de feu, fin du duo pila-gladius pour la lance et la spatha, cavalerie plus nombreuse avec un élément de rupture très travaillé....).

Côté renseignement, la spécialisation est donc dans les fait devenue aussi une réalité. Même si là encore, il faut éviter de trop réfléchir selon les nomenclatures actuelles, force est de constater qu'une division du travail de plus en plus précise, en même temps qu'un embryon de distinction entre les domaines politiques/stratégiques et militaire, entre renseignement, éclairage et reconnaissance, s'est fait jour. Non pas qu'elles ne devaient pas exister avant, mais la définition des tâches des unités dédiées, donc leur.

entraînement, leurs qualifications.... Ont été affinées afin de répondre à ces impératifs opérationnels.

Exploratores

Désormais, sousle Bas Empire, ils sont l'unité de renseignement stratégique/opérationnel d'une région militaire (pour la défense) ou d'une armée en campagne (offensive, contre-attaque, rétorsion). Ils sont constitués en unités permanentes détachées des autres et ayant même statut: on compte ainsi des numeris (terme générique: traduire par "nombre", littéralement, mais entendre "unité") d'exploratores ayant l'appellation indifférente ou non de Légion (une légion du bas Empire, c'est autour du millier d'hommes) ou d'aile (300 à 400h), soit de l'infanterie ou de la cavalerie.

Tous les pans de l'armée en ont: les Comitatenses Palatins et réguliers, et les Limitanei. Ces derniers, comme gardes-frontières, doivent en avoir au moins une dans chaque commandement militaire, afin de pratiquer l'observation permanente et d'avoir une capacité de "commando" dans l'incessante activité du limès (petits raids, harcèlement, raids romains punitifs/préventifs ou de pure rétorsion....).

Mais leur job principal, c'est quand un conflit de plus grande ampleur revient, le renseignement stratégique: raids dans la profondeur, nomadisation, observation et flux d'infos vers l'arrière (pas d'émissions flash cryptées, pas de communications par satellite  :lol:).... Ce sont de petites équipes qui vont chercher l'info importante en priorité (ça n'empêche pas de noter les points moins importants aperçus sur le chemin) et qui rendent compte directement au commandant d'armée ou de région militaire.

Un nom qu'il faut connaître dans l'Histoire romaine du Bas Empire, c'est Ammien Marcellin, l'une des plus importantes sources d'info contemporaire sur l'armée et la stratégie romaine aux IIIème et IVème siècles. Militaire romain lui-même Ammien était un officier de haut rang (il a été du corps de Protectores Domestici qui sera évoqué plus tard) et un connaisseur de grande qualité ayant une certaine ampleur de vue. Il a lui-même, en tant qu'officier d'Etat-Major détaché pour coordonner de telles missions, effectué notamment une telle reconnaissance stratégique en 359 en territoire perse, joignant des réseaux d'agents (dont un haut fonctionnaire perse, satrape d'une région) et allant repérer les mouvements du principal corps d'armée perse dans ce qui allait être la campagne militaire terminée par la grande offensive de Julien l'Apostat en 361. L'ensemble de la chaîne du renseignement stratégique et des communications sécurisées est à l'oeuvre dans cette mission: Protectores Domestici, Exploratores et Agentes in Rebus (pour la transmission au commandement militaire régional et de lui à l'empereur).

Speculatores

Eux aussi sont mieux définis et spécialisés; évidemment, comme dans beaucoup de cas dans l'armée romaine -et comme c'est encore le cas dans les armées actuelles- le mot peut définir aussi bien une unité dédiée (les "vrais" porteurs du nom) qu'un autre type d'unité ou de personnel temporairement employé dans cette fonction. Prendre un fantassin de base et l'envoyer en reco en fait un éclaireur, voire un "opérateur renseignement" :lol:.... A Rome c'est tout pareil: prenez un troufion et enlevez lui ou non son uniforme, un barbare allié, un mercenaire voire même un civil, et envoyez le reconnaître le campement adverse ou la grande base logistique du mec d'en face avec le lieu de son EM, et vous le qualifiere de "speculator" ou "explorato" (selon la mission) dans votre rapport.

Mais y'a quand même des permanents, les pros :lol:: et dans l'armée du Bas Empire et plus tard l'armée byzantine (sauf qu'ils ont converti le nom en grec et qua ça fait chier d'aller le retrouver :lol:), les speculatores, outre leurs anciennes besognes "internes" aux régions de  garnison, sont désormais plus axés sur l'éclairage de l'armée, dans le cadre d'un partage des tâches plus affiné et pour lequel les unités sont plus spécifiquement préparées.

Les speculatores sont donc des éclaireurs, et ils sont attachés à une troupe en mouvement ou une garnison locale, sans doute à un échelon plus bas que les exploratores qui sont les "long range recce", le 13ème RDP de chaque région ou armée  :rolleyes:. Les speculatores sont le 2ème Hussards :lol:: .

Comme les exploratores, mais en unités plus petites et nettement plus nombreuses (généralement des sous-unités organiques à une légion ou un auxiliat), ils sont aussi bien cavaliers que fantassins: c'est la mission qui dicte.

Donc leur job, c'est la reco opérationnelle dans un ordre de profondeur qui se mesure plus en temps qu'en distance (pas de GPS :P), et leur turf, c'est dans l'espace défini par le fenêtre de quelques jours entourant une armée ou une garnison. Donc eux, au max, ils doivent opérer dans la distance séparant leurs forces de l'ennemi d'un maximum d'une petite semaine dans le cas de très grandes armées dont, vu la superficie qu'elles occupent (surtout en ordre de marche), les approches couvrent de vastes distances. Quand la concentration est opérée ou qu'il s'agit d'une garnison, ils doivent être dans la zone des "3 à 4 jours" au maximum.

Et encore le facteur temps: la reco opérationnelle c'est bien, mais il faut que le décideur en profite rapidement, donc ils entretiennent le flux d'info dans une boucle temporelle très courte et si possible continue.

Parce que c'est toujours marrant de lire dans un bouquin que telle bataille a eu lieu tel jour et point barre: mais les chefs d'armée ne se donnent pas rendez-vous en un lieu et une heure donnée, des armées d'une certaine taille ne sont que très rarement prises par surprise totale (elles ont des "yeux et des oreilles dans toutes les directions") et elles cherchent toutes les 2 à avoir le meilleure terrain pour se battre à leur avantage.... Ca implique entre autres que le général qui voit un adversaire sur un bon terrain refusera généralement le combat, attendant son heure. Donc comment 2 armées arrivent-elles à se foutre sur la gueule dans de telles conditions, sauf si l'une des 2 est si désespérée ou si confiante qu'elle acceptera le combat dans n'importe quelle condition (en attaquant à tout prix ou en attendant où elle peut)? Pour que ces mastodontes faits de masses humaines en viennent à s'accoupler comme si elles cherchaient à perpétuer l'espèce, tout dépend de ce renseignement permanent dans la "bulle" proche qui entoure l'armée.

A Rome, ce sont les speculatores qui entretiennent cette bulle, qui repèrent le terrain immédiatement à portée, les mouvements de l'ennemi, ses tentatives de diversion, les partis de reconnaissance ennemis avec lesquels ils peuvent éventuellement se fritter (entre professionnels, c'es pas pareil.... Presque de la courtoisie  :rolleyes: :lol:) ou essayer de les induire en erreur, quoique les speculatores évitent le combat, principalement parce qu'ils opèrent en très petits groupes, généralement autour de 3-4h (la cavalerie romaine fonctionne en logique ternaire), et qu'il doit sans cesse y en avoir au moins un faisant des va et vient entre l'observation et l'armée en marche (ils rendent compte à l'EM qui "traite" et hiérarchise l'info de ces mutliples petits groupes pour avoir une vision claire). Peut-être des équipes doubles: 3 observent pendant que 3 autres entretiennent le va et vient, ou alors les 2 équipes se relaient dans un secteur donné (pure spéculation, mais la contrainte de fraîcheur de l'info dans une fenêtre de temps de 2 à 3 jours entre 2 armées doit amener à ça).

Mais quoiqu'il en soit, ce sont eux qui marquent une force adverse à la culotte. Surtout pour éviter les surprises.

Les Procursatores, "ceux qui courent en avant"

Dernier échelon pour une armée: eux s'occupent de la reconnaissance de combat. Ils opèrent par groupes plus importants d'infanterie ou de cavalerie qu'on qualifiera de "légères"; certaines unités semblent avoir été spécialisées dans la chose, mais il est plus probable qu'il s'agit plus génériquement d'un emploi d'unités légères que d'une spécialité unique et permanente d'une partie de la cavalerie. Typiquement, les unités d'archers et javeliniers montés passent beaucoup de temps dans de telles fonctions.

Eux ne se cachent pas, sont toujours en uniforme, sont toujours en sous-unités ou unités organiques, et doivent rester assez proches de l'armée dont ils défendent les approches autant qu'ils la renseignent sur ses abords immédiats, dans un flux réellement d'information; sans doute pas au-delà d'une trentaine de kilomètres pour les cavaliers, soit la moyenne d'une journée de bonne progression pour une armée en mouvement. Leur renseignement arrive vite et périme vite; il est donc fait pour l'exploitation immédiate. Reconnaissance d'itinéraires qu'ils sécurisent, localisation des éléments ou forces ennemies dans le voisinage immédiat, suivi des mouvements dans cette "proche banlieue" de l'armée, compte rendu des moindres concentrations qui s'opèrent à proximité, sécurisation des sites de campement, repérage d'un mouvement brutal de l'ennemi (exemple en 363 en Perse: un pont de bateau rapidement jeté par un corps perse pour tenter un encerclement)....

Les forces légères ainsi employées en effectifs important autour de l'armée forment un maillage serré autour des forces lourdes, de mêlée, mais surtout des EM et du bagage de l'armée, sa logistique (où il y a l'appro, l'équipement, et les affaires personnelles de soldats, y compris leur butin: quand cela est touché par l'adversaire, une armée antique perd souvent le moral et se débande).

Contrairement aux exploratores et speculatores, les procusatores recherchent assez aisément le combat, évidemment surtout contre leurs homologues: la saisie d'objectifs, le fixage de forces adverses (et de leur attention pour opérer des diversions), jouer les flancs-gardes, mais surtout la neutralisation de la reco adverse font partie de leur coeur de métier, soit qu'ils recherchent ce contact soit qu'il survienne dans un combat de rencontre fortuite, fréquent surtout sur le théâtre européen, danubien et rhénan, très boisé, où personne ne se voit venir de très loin. Ces combats doivent aller vite et ne pas se prolonger, donc ces unités décrochent facilement, même d'un combat bien engagé s'il risque de durer, afin de ne pas en faire le début d'une bataille (chacun envoyant des renforts au fur et à mesure): il arrive que des commentateurs taxent ces unités de lâcheté, quand il s'agit bien plus souvent d'un mode d'action focalisé sur la reconnaissance, la préservation des forces et le "hit and run" à moindre coût: dans l'esprit du commandement, le soldat romain est cher et peu rapidement remplaçable, et le combat ne doit se pratiquer QUE quand et où il l'a choisi, avec les meilleures probabilités de l'emporter (ce qui heurte souvent les commentateurs non militaires, mais aussi certains peuples, voire unités romaines "ethniques" à mentalité plus guerrières que militaires).

En territoire adverse, il peut ainsi y avoir l'équivalent de 5% de l'armée en permanence répartis autour de la force principale, ou plutôt de chaque échelon (avant-garde, centre et arrière-garde qui deviennent souvent en bataille aile gauche, centre et aile droite) qui a ainsi son propre "filet" protecteur. Avec les relèves pour assurer la permanence, cela peut ainsi représenter jusqu'à 10% d'une armée en mouvement dédiés à cette tâche.

Superuentores, Praeuntores, Insidiatores

"Voltigeurs", "Eclaireurs" et "Spécialistes de l'embuscade"

Il s'agit là plus de petits groupements dédiés à la guerre d'embuscade, à la guérilla, aux accrochages constants avec les divers adversaires qui sévissent sur les frontières: Germains, Celtes, Sarmates, Daces, Bulgares et autres sur le Rhin et le Danube, Perses, Caucasiens et Sarrasins en Orient, nomades, bédouins, Berbères et Maures en Afrique.

Ces unités là sont plus spécifiques aux Limatanei ("l'armée des frontières") qu'aux Comitatenses ("troupes d'intervention", plus faites pour la bataille); Elles servent pour la connaissance des abords de la frontière (en permanence), la patrouille, l'éclairage des postes fixes, les raids, l'embuscade, la guérilla continue.... Elles opèrent donc surtout en petits groupes et sont peu formées au combat en vastes unités. Les troupes légères des Comitatenses ne sont pas étrangères à ce mode de combat (voir plus haut), mais on une plus forte dimension pour le combat en ligne (mais le soldat romain reste polyvalent, surtout dans les troupes "à haute valeur ajoutée").

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  • 1 month later...

Petit décrochage avant de retourner à l'époque des caligae.... Quelqu'un connaît-il la façon dont fonctionnait le renseignement et l'action clandestine sous la IIIème République, par le plus grand des hasards? Le 2ème Bureau a l'air d'un truc assez limité au renseignement militaire d'une part et stratégique -mais juste contre l'Allemagne- d'autre part.

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