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L'armée au tribunal ?


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Le père d'un soldat tué dans l'embuscade d'Uzbin, en Afghanistan, saisit la justice. Pour Joël Le Pahun, des "fautes" ont entaché la préparation de l'opération.

Qu'on arrête de nous seriner qu'un soldat peut mourir !" Joël Le Pahun ne peut plus l'entendre. Son fils, Julien, est mort au combat, à l'âge de 19 ans, le 18 août 2008, tué par des taliban dans la vallée d'Uzbin, en Afghanistan. Neuf autres Français sont tombés dans cette embuscade. Aujourd'hui, ce père de 48 ans se bat pour que l'armée reconnaisse des "fautes" dans la préparation de l'opération. Avec six autres familles, il doit de nouveau saisir la justice, pour mise en danger de la vie d'autrui.  

Je ne suis pas insensible à la détresse des familles, mais les vrais coupable se sont les Talibans.

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Trois problèmes dans cette affaire, absolument insolubles:

- le soldat est volontaire et fait pour la guerre, la guerre tue. Mais une famille ne peut accepter cette logique et ne le pourra jamais réellement à moins qu'il s'agisse d'un cas d'invasion du territoire où la nécessité peut être comprise. Chercher à convaincre une famille en deuil est peine perdue.

- il peut y avoir eu des fautes de préparation (et dans ce cas il y en a eu), des défauts d'équipements parfois graves, et un Ministère qui s'en torche et considère souvent le pioupiou comme une main d'oeuvre corvéable à merci dans n'importe quelles conditions. Par certains côtés, c'est la guerre, et on la fait avec ce qu'on a; mais de l'autre côté, les décideurs en abusent trop souvent et il y a un manque grave et quasi structurel de moyens de corriger le tir, de leur mettre le nez dans leur merde et leur hypocrisie, et de se débarrasser de "responsables" qui n'ont aucun sens des responsabilités (voire de les punir). Qu'il s'agisse des manques d'équipements, de défauts de préparations ou de choix d'officiers (de terrain ou supérieurs) lamentables (mais qui sont de bons carriéristes), de décision stratégiques (action à cet endroit même si les moyens ne sont pas là).... Il y a un long passif de décisions de ce type, parfois de vraies catastrophes annoncées, dans l'Histoire des armées, et bien peu de fois où les responsables ont payé et où les erreurs ont été corrigées.

- évolution historique et signe des temps: les armées risquent de se prendre ce genre de procès au cul de plus en plus souvent, et à un moment ou à un autre, ça pèsera peut-être assez sur l'opinion (qui se fout quand même pas mal de ce qui concerne les armées pour l'instant) pour influer sur la conduite des opérations, voire des décisions et une attitude stratégique, castrant encore plus les reliquats de puissances que sont les démocraties européennes. Après la vague du politiquement correct sur les questions de féminisation et l'impact sur le niveau d'entraînement et l'ambiance interne (surtout sensible aux USA, au Canada et en Israël), la guerre elle-même et ses risques pourront être "en procès" au point d'empêcher les gouvernements d'agir? Avec comme "palliatif" plus de technologies coûteuses à l'efficacité douteuse (surtout si le personnel qui s'en sert ne doit pas être risqué, ne peut être formé à les utiliser au mieux et dans n'importe quelles conditions.... Sans compter le recrutement: les armées qui recrutent des bons sont celles qui servent), mais surtout un focus sur quelques "unités spéciales" (aux capacités limitées, rien que par leur quantité et leur type d'action) et le recours accru à des mercenaires dont tout le monde se tape mais dont la puissance de leurs sociétés d'attache va grandissant.

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[...]

- il peut y avoir eu des fautes de préparation (et dans ce cas il y en a eu), des défauts d'équipements parfois graves, et un Ministère qui s'en torche et considère souvent le pioupiou comme une main d'oeuvre corvéable à merci dans n'importe quelles conditions. Par certains côtés, c'est la guerre, et on la fait avec ce qu'on a; mais de l'autre côté, les décideurs en abusent trop souvent et il y a un manque grave et quasi structurel de moyens de corriger le tir, de leur mettre le nez dans leur merde et leur hypocrisie, et de se débarrasser de "responsables" qui n'ont aucun sens des responsabilités (voire de les punir)

[...]

En d'autres pays européens, ça n'aurait pas terminé au tribunal. Les responsables politiques concernés auraient été amenés à partir... et grillés pour plusieurs années, voire bien souvent définitivement. J'estime que ça aurait été l'option la meilleure.

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Tu as des exemples de ca Skw?

Aux USA, dans les affaires d'abu grahib et consorts ce sont des lampistes qui ont été condamnées (souvent sergent au mieux) alors qu'il est de notoriété publique que les vrais reponsables sont bien plus haut dans la chaine de commandement (niveau colonel et on pourrait même remonter à la maison blanche).

Si condamnation il y'a, ce qui est clair c'est que les vrais responsables n'ont aucune chance d'écoper de quoi que ce soit à moins d'un mouvement d'opinion massif pour se scandaliser de la chose, ce qui n'a aucune chance d'arriver en France (et en occident en général) où tout le monde se contrefout de l'armée comme de l'an 40 (là il faudrait carrément habiter sur une autre planète ou voyager dans le temps pour voir ca).

C'est aussi le problème de l'armée de métier: plus que les conscrits, on peut l'envoyer pour des opérations à l'utilité douteuse et dans des conditions qui rendent une réussite impossible, sans en payer le prix politique. Sans parler des mercenaires...

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Tu as des exemples de ca Skw?

Pas vraiment. Mais pour rappel, le Ministre de la défense allemand de l'époque a dû démissionner après attaque aérienne sur un camion citerne autour de Kunduz (Afghanistan). Un grand nombre de civils se trouvaient autour de la cible. Ce n'est donc pas seulement le lampiste qui a payé... Est tombé ce Ministre, qui n'était d'ailleurs pas vraiment fautif (les ROE allemandes étant déjà particulièrement limitées), et Merkel avait dû tenir le coup médiatiquement.

J'ai à l'idée que si ce même gouvernement avait envoyé des troupes sans les doter suffisamment, ça aurait coûter très cher aux politiques...

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Sauf que ça se serait pas vraiment vu, étant donné que les Allemands sortent pas vraiment de leurs bases.

Ceci dit, faire tomber un ministre quand il s'agit d'événements mineurs (mineurs par l'ampleur) est tout aussi condamnable, parce que le plus souvent, c'est pour épargner les vrais responsables: ceux qui décident de la dite guerre en évitant de fournir ce qu'il faut (matos, mais surtout conditions stratégiques et opérationnelles pour du résultat) et la chaîne de commandement où se cachent les décideurs "pratiques" dans des administrations où tout est assez bien rôdé pour éviter toute responsabilité.

Ne jamais oublier que le poisson qui s'échappe est toujours le plus maousse.

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Sauf que ça se serait pas vraiment vu, étant donné que les Allemands sortent pas vraiment de leurs bases

Y a eu pas mal de mort allemands pour des gens qui sortent jamais de leur base! 53 je crois ... ici lmes militaires http://icasualties.org/OEF/Nationality.aspx?hndQry=Germany auxquels il faut ajouter 3 policiers.

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  • 10 months later...

Ouverture d'une enquête sur l'embuscade d'Uzbin

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/30/ouverture-d-une-enquete-sur-l-embuscade-d-uzbin_1636274_3216.html#xtor=RSS-3208

La cour d'appel de Paris a donné son feu vert, lundi 30 janvier, à l'ouverture d'une enquête judiciaire pour homicides involontaires sur la mort au combat lors de l'embuscade d'Uzbin en 2008 de dix militaires français, a-t-on appris au parquet général de Paris. Neuf soldats ont été tués le 18 août 2008 dans une embuscade tendue par les insurgés talibans à l'est de Kaboul. Un dixième avait été tué lors du retournement de son véhicule pendant une "opération de récupération des blessés". Vingt-et-un soldats avaient été blessés dans cet accrochage, à l'époque le plus meurtrier pour les troupes internationales depuis la chute du régime des talibans fin 2001. Les familles de victimes estiment que l'opération a été mal préparée, que les moyens manquaient et que les capacités ennemies ont été sous-estimées.

...

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L'armée craint une judiciarisation des actions de guerre.

Pour les proches des soldats tués dans l'embuscade d'Uzbin, le 18 août 2008, en Afghanistan, c'est un soulagement, l'espoir d'en savoir plus sur la tragédie la plus meurtrière pour l'armée française dans ce conflit. Pour les militaires, c'est un nouveau drame.

En décidant, lundi 30 janvier, qu'une enquête judiciaire pouvait s'ouvrir pour "mise en danger de la vie d'autrui" (lire notre article "Ouverture d'une enquête sur l'embuscade d'Uzbin"), la cour d'appel de Paris a ouvert une brèche: elle autorise un regard civil au cœur de l'acte de guerre, qui évalue le risque au combat. Pour l'état-major, c'est le signal d'une "judiciarisation" de l'action militaire, frein à sa vocation même.

"On n'a jamais dit qu'un militaire, quand il endossait son uniforme, n'endossait pas sa mort possible, a commenté l'avocat des familles, Me Gilbert Collard. En revanche, on a toujours dit qu'on n'avait pas le droit d'envoyer des soldats à la mort sans leur donner les moyens de se défendre, d'échapper à un guet-apens construit par la négligence, par le laxisme de la hiérarchie."

Le parquet avait classé la plainte déposée par les familles de huit des dix tués à Uzbin. Un juge d'instruction a été saisi par constitution de partie civile. Le parquet a fait appel. L'enquête pénale, si elle s'ouvre, s'appuiera sur la loi encadrant la responsabilité professionnelle des militaires. Il s'agit d'établir si les "diligences normales" ont été suivies par les chefs, compte tenu de leurs moyens.

Pour le juge, comme pour la cour d'appel, il peut y avoir eu "maladresse", "imprudence", "inattention", "négligence" ou "manquement à une obligation de sécurité". Le parquet estime que l'enquête est infondée au motif que l'action publique, dans ce cas, ne peut être engagée par des parties civiles. Il devrait se pourvoir en cassation.

La "judiciarisation" reste relative. Quelque 2000 dossiers concernant des militaires (auteurs et victimes) en opérations extérieures sont portés chaque année devant la justice. Hors ces opérations, 200 plaintes visent l'armée. Des nombres stables.

Pour comprendre l'inquiétude qui secoue l'institution militaire, on peut se reporter au témoignage que vient de publier l'un de ses représentants les plus estimés, le général Henri Bentégeat – Aimer l'armée, une passion à partager (Dumesnil, 2011). L'ancien chef d'état-major particulier du président de la République y parle des valeurs qui l'animent et du rapport de la société à la guerre.

"Le sentiment des militaires, quand on les traduit en justice alors qu'ils ont risqué leur peau, est que le peuple ne soutient pas leur action", explique-t-il au Monde. Depuis 2002, les "règles d'engagement" en opérations –l'ouverture du feu– sont soumises à la direction juridique du ministère.

Le général y voit d'abord une "conséquence excellente": "Les militaires sont responsabilisés, jusque devant la justice internationale." Mais, note-t-il, "si les opérations de guerre sont traitées comme des faits divers, apparaît un risque d'inhibition terrible pour les militaires. La crainte est de voir les gens passer leur temps à hésiter".

Au fond, souligne Henri Bentégeat, "les valeurs changent, en Europe, et l'idée domine selon laquelle la guerre est par essence immorale. Les valeurs guerrières (l'héroïsme, la gloire…) n'ont plus cours. Toute action entraînant des morts et des blessés devient suspecte. Nos interventions sont potentiellement affaiblies par la nécessité de limiter la violence".

Joël Le Pahun, père d'un des soldats morts, dit être satisfait de la décision de la cour d'appel: "Nous avons hâte d'avoir en face de nous les responsables de la mort de nos enfants."

http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/01/31/l-armee-craint-une-judiciarisation-des-actions-de-guerre_1636767_3224.html#xtor=AL-32280515

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Y a eu pas mal de mort allemands pour des gens qui sortent jamais de leur base! 53 je crois ... ici lmes militaires http://icasualties.org/OEF/Nationality.aspx?hndQry=Germany auxquels il faut ajouter 3 policiers.

Ils sont dus aux trajets sur les routes avec IED. Les Allemands ne mènent pas (à ma connaissance) d'actions de ratissage et donc de combat en Afghanistan.
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Ils sont dus aux trajets sur les routes avec IED. Les Allemands ne mènent pas (à ma connaissance) d'actions de ratissage et donc de combat en Afghanistan.

Je ne sais pas ce qu'ils font exactement, mais il morfle comme les autres, et leur chefs pourraient aussi etre sous le coup de la critique quand aux condition d'opération. A priori y en a une part qui sont tombé dans des embuscades arme légere RPG etc. et pas juste des "mines", c'est ce qui a conduit a déployer des VCI pour appuyer les opérations, et c'est ce qui conduit a envisager le déploiement des Tigres quand les HdC US quitteront le nord.

tu a les cause des morts dans le lien que j'ai donné, il y a pas mal de small arm/RGP/hostile fire quand meme, a priori un ratio semblable aux autres "alliés". Je viens de compter 17/53 du fait de tirs ennemi.

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En tout cas cette judiciarisation de la guerre en France est une énorme connerie (pour les raisons bien développées par Tancrède), dont la paternité revient quelque peu à Sarkozy, qui a fait de cette embuscade en Afghanistan l'équivalent d'un problème de fait divers que l'on peut régler en faisant appel à la Justice. Un de ses problèmes à cet homme, c'est que c'est vraiment un sacré émotif, prompt à sur-réagir sur l'instant. Son côté calculateur bien réel aussi, le masque trop souvent à ceux qui n'ont pas des yeux pour voir, mais c'est un type trop émotif en fait. C'est son paradoxe, calculateur et émotif. Pauvre Descartes, lui qui croyait que les choses étaient "carrées"...  :lol:

Ps: Tiens au fait, traiter cette embuscade en saisissant la Justice c'est une idée qu'Eva Joly aurait tout à fait pu avoir...  =|

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