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La révocation de l'Édit de Nantes


Suchet
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Le vrai problème pour ce qui concerne l'armée a été la révolte des camisards, engageant environ 8 à 10 mille hommes et Villars (le chouchou de Tancrède  :lol: ) ...

A part cela, la France de l'ancien régime a toujours eu des difficultés pour le recrutement, compensant généralement avec l'utilisation de troupes étrangères qui pouvaient atteindre 30% des effectifs en période de guerre. La révocation l'Edit de Nantes en lui-même n'a pas causé plus de problème que cela à l'armée, d'autant que Louis XIV a bricolé un texte dans l'Edit de Fontainebleau plutôt vague car autorisait les protestants à rester dans le royaume à condition de ne pas s’assembler pour exercer leur culte.(d'où certain passe-droit) Louvois avait d'ailleurs voulu rassurer les industriels protestants étrangers établis en France et invita discrètement les religionnaires émigrés à revenir. Par contre l'industrie de l'armement était en plein essor. Selon Bluche, elle a été au contraire une des raisons qui ont permis la création d'une cohésion autour du roi.

L'effet négatif est plutôt d'ordre économique, avec la migration de nombreux artisans qualifiés et manufactures.(du moins dans le domaine du luxe comme la soierie)

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On oublie effectivement que l'exode protestant a été relativisé par plusieurs facteurs:

- une certaine tolérance pour le culte privé (et des réunions de fait informelles tenant lieu d'office) et des personnalités particulières de tous rangs

- un très grand nombre de conversions plus ou moins sincères, certaines par opportunisme/volonté d'avoir la paix, certaines pour mieux exercer le culte dans le privé

- un effet de retour important quelques années après

Par ailleurs, à l'échelle du royaume en général et à l'échelle de l'armée en particulier, les protestants n'étaient qu'une minorité statistique, certes en moyenne plus éduquée, mais pas de façon totale et en aucun cas dans des proportions réellement impactantes. En fait, le principal effet militaire que cet effectif émigré a pu avoir a été de fournir des cadres à d'autres armées, mais là encore, dire que cela a eu un impact sur le cours des guerres serait exagéré.

Dans le domaine économique, l'impact aussi a été largement surestimé par l'historiographie: la perte a été négligeable parce qu'on ne parle quand même que d'une population réduite à l'échelle d'un pays de 27-28 millions d'habitants. L'impact peut-être significatif des émigrés a été, surtout en Angleterre, de constituer des groupements radicalement hostiles au royaume (mais bon, en Angleterre, c'est pas comme si ils avaient pas déjà ça :lol:).

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http://refuge-huguenot.ish-lyon.cnrs.fr/

D'après ce site, on estime qu'environ 25% des protestants seulement se sont exilés. (200 000 sur 800 000 environ)

Apparemment il y a eu des négociations en 1697 pour le retour des protestants mais sans suite, Louis XIV étant intransigeant.

Une question que je me suis toujours posé, (on a pas de statistique j'imagine) mais comment les protestants qui représentaient une grosse minorité au XVIe siècle (au point de contrôler de vaste pans du Sud et de l'Ouest de la France) se sont retrouvés en telle infériorité numérique au XVIIe.

Politique de conversion de l'Etat et de l'église ?

Ralliement des grands féodaux ?

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mais comment les protestants qui représentaient une grosse minorité au XVIe siècle (au point de contrôler de vaste pans du Sud et de l'Ouest de la France) se sont retrouvés en telle infériorité numérique au XVIIe.

Les protestants n'ont jamais représenté plus de 800 000 à 1 million de sujets en France, répartis sur tout le territoire avec quelques zones de grandes concentration. Mais c'est en ventilant qu'on voit où leur pénétration fut la plus forte, et c'est de là qu'on peut voir le pourquoi de leur ascension politique et à un moment territoriale: la conversion fut avant toute chose un phénomène d'élites surtout nobiliaires et/ou de personnes influentes (bourgeois titulaires d'offices, artisans maîtres dans la branche locale de leur corporation, universitaires....), soit qu'il s'agisse de personnes de foi en demande de réformes de l'église, soit qu'il s'agisse d'opportunistes se convertissant pour des raisons diverses mais conformes à leur intérêt. De même, beaucoup se sont convertis par simple dégoût/fatigue de l'attitude de l'Eglise, surtout localement (un prêtre pourri qui taxe à tout va la moindre bénédiction ou le moindre enterrement....) mais aussi en général; le luthéranisme a d'ailleurs offert un "pont" intermédiaire à ces protestataires même s'il a moins pris en France que le calvinisme. Un seigneur se convertissant s'arrangeait pour que les personnes liées à son domaine se convertissent aussi, qu'elles le veuillent ou non, un universitaire, un maître artisan ou un magistrat exerçait une influence importante sur un certain nombre de personnes, et localement, quand une proportion donnée de la population se convertit, elle peut ensuite exercer une pression sur le reste, surtout si elle est coordonnée, soudée et plus encore, active (face à une majorité qui est plus passive, moins "militante").

Les classes populaires se convertissant contre leur gré se plaignaient souvent d'ailleurs d'y perdre, vu que devenir protestant impliquait de perdre une centaine de jours chômés par an (tous les saints à fêter) pour pas un kopeck en plus, raison d'ailleurs pour laquelle nombre d'aristocrates, propriétaires terriens et patrons se convertissaient.

On observera les mêmes dynamiques dans la contre-réforme et la montée du jansénisme, mouvement d'élites éduquées s'il en fut.

Au final, le sud-ouest était "protestant" politiquement avec pourtant une minorité de protestants, avant tout parce que l'aristocratie, et en fait surtout la haute aristocratie (Bourbons en tête), étaient protestants et avaient su manoeuvrer pour cumuler leurs domaines et coordonner leurs moyens, établir des réseaux fonctionnant bien, et obtenir à l'occasion des gouvernorats (de villes et provinces) renforçant leur pouvoir à un moment donné. Passé un certain stade, ils avaient les moyens de tenir cette partie du pays de force, vu qu'il ne faut pas oublier qu'avant la Fronde, un "Grand" du Royaume est une entité géopolitique avec ses immenses réseaux de clientèle et de renseignement, des moyens considérables et des forces armées (ou de quoi en lever).

Mais ils restaient minoritaires dans leurs propres régions (où ils se ménageaient cependant le soutien d'une bonne partie des catholiques par réseaux de clientèle, coutumes, identité régionale, juridique et linguistique, tradition féodale....) où, à partir de Louis XIII, la Couronne va s'investir plus massivement, avant tout dans le grand mouvement d'affaiblissement des grands féodaux entamé par Richelieu: les places de sûreté protestantes seront rognées, comptaient moins, devaient parfois détruire leurs murailles (politique de Richelieu sur l'abaissement de la grande noblesse), trustées par des fidèles.... Et il faut dire que le "nationalisme" protestant (qui avait fait envisager une sécession) n'était alors plus ce qu'il était au milieu du XVIIème (pacification, rassemblement de la nation après l'épisode des guerres de religion....): le siège de la Rochelle fut le vrai coup de grâce pour cette potentielle entité politique.

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@ Suchet,

Disons que la politisation dans cette période entre 1790 et 1791 était bien plus forte, j'ai cru comprendre qu'environ 200 officiers d'origine aristocratique ont été chassés de leurs corps. L'attitude générale des autres fut souvent passive et se traduisit simplement par l'abandon de leur poste. La fuite du roi provoqua la première grande vague d'émigration, avec plus de 1000 cas d'officiers refusant de prêter le nouveau serment pour la nouvelle constitution. Cependant, le nombre des abandons fut très variable suivant le corps, certains furent peu touchés par les refus de serment qui furent rares dans le génies et l'artillerie.

La période qui fut critique pour les officiers appartenant à la noblesse a été 1793 et 1794, sous le ministre de la Guerre le lieutenant-colonel Bouchotte qui avait pris des mesures pour les destituer de leur poste ; cela malgré les réticences du Comité du Salut Public. Cette chasse aux nobles fut plus ou moins rigoureuse selon les armées ; sauf cas particulier de l'armée du Nord qui sous l'impulsion de Dusquesnoy fut sévère. Une simple dénonciation venant de soldats, d'une municipalité ou d'une société populaire suffisait, même si elle était peu fondée ; à relativiser tout de même, si les soldats et représentants furent nombreux à dénoncer les officiers, à plusieurs reprises certains d'entre eux s'efforcèrent et s'opposèrent à leur destitutions et les maintenir au service.

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