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Dilution du pouvoir des états vs montée en puissance des intérêts privés


Akhilleus
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C'est un sujet transversal qui aurait eu tout autant sa place dans la section économique du forum.

Je souhaiterais que l'on discute ici de la perte de pouvoir des états démocratiques par rapport aux intérêts posés par les grands groupes financiers et industriels. Le but de ce topic est donc de voir comment on en arrive doucement à cet état de fait (quelles en sont les causes) et quelles risquent d'en être les conséquences. On peut bien sur se baser sur des exemples historiques mais le but est également d'essayer d'appréhender la situation économico-militaro-stratégique qui a court de nos jours.

Je vais commencer par 3 exemples, certains connus, d'autres moins

Les compagnies des Indes Orientales (quelles soient françaises ou anglaises) sont de véritables états dans l'état, organisant l'administration de vastes territoires parfois en dehors de tout cadre légal étatique, levant des armées et menant des guerres parfois désavouées par les autorités centrales (la Couronne d'Angleterre dans un cas, de France dans l'autre). Il est cependant marquant de constater que dans la majorité des cas les états constitués suivront voire même anticiperont les besoins tant militaires qu'en terme d'infrastructure politique, diplomatique, navale etc des ces structures supra étatiques.

http://en.wikipedia.org/wiki/East_India_Company

http://en.wikipedia.org/wiki/French_East_India_Company

Le second exemple est la fameuse United Fruit Company responsable d'un certain nombre de coups d'états en Amsud (dont celui du Guatemala 1954), d'expropriations de terres, de clientélismes et de déclenchement par effet domino de guerillas à tendance marxiste. Ou comment la collusion interets étatiques (via la CIA et le Mi6) et d'intérêts privés conduisent à une prophétie autoréalisatrice

http://en.wikipedia.org/wiki/United_Fruit_Company

Le troisième exemple est celui d'ITT, corporation US impliquées dans les télécoms et responsables de la surveillance des volets de communication de membres de l'ex PV ainsi que d'espionnage industriel dans certains pays de l'OTAN. Elle a aussi trempé dans les coups d'état au Brésil et au Chili et est l'un des 10 plus grand contractor pour la defense US.

Encore une fois la collusion CIA - consortium est marquante

http://en.wikipedia.org/wiki/ITT_Corporation

Cela dit si ces collusions sont "logiques" elles montrent aussi que ces organismes peuvent échapper quand ils le désirent à des poursuites judiciaires mandatées par des instances démocratiques

La aussi les exemples de l'Union Fruit (poursuivi mais pas condamné pour son role en AmSud) ou d'ITT (poursuivi en trainde diluer la procédure pour transmission d'informations et de matériel à destination de la Chine à travers Singapoure) montre le danger de ces structures d'intérêts privés

Je pourrais multiplier les exemples à l'infini à plus ou moins grande echelle (EDF demandant une augmentation retro active du prix de l'electricité sous peine de fermer les vannes, Microsoft de facto en situation de monopole et cassant activement et passivement toutes les lois fédérale aux USA etc etc)

Alors ces "grandes compagnies" outils ou electrons libres dans nos états démocratiques (ou pas si démocratiques que cela, les pouvoirs des oligarches russes étant un autre exemple)

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Les compagnies des Indes Orientales (quelles soient françaises ou anglaises) sont de véritables états dans l'état, organisant l'administration de vastes territoires parfois en dehors de tout cadre légal étatique, levant des armées et menant des guerres parfois désavouées par les autorités centrales (la Couronne d'Angleterre dans un cas, de France dans l'autre). Il est cependant marquant de constater que dans la majorité des cas les états constitués suivront voire même anticiperont les besoins tant militaires qu'en terme d'infrastructure politique, diplomatique, navale etc des ces structures supra étatiques.

Juste un petit bémol: la compagnie française n'a jamais pesé lourd, et venait en fait d'une initiative et d'une volonté étatique: l'Etat en a toujours eu le contrôle, notamment par le fait qu'elle devait régulièrement la refinancer: elle n'a jamais trouvé suffisamment d'investisseurs privés, le "capitalisme de la fonction publique" en France étant un business plus rentable et sûr, avec en tête du dispositif la Ferme Générale, et ses développements outre-mer, ainsi que sa politique, ont ainsi essentiellement été fonction des desideratas de l'Etat.

Mais si tu veux à cet égard un lobby privé interne surpuissant à la même époque en France, prend la Ferme Générale, qui a pesé TRES lourd dans la politique française des XVIIème et surtout XVIIIème siècle, et rarement pour le meilleur. C'est vraiment le "pouvoir de la finance" tel qu'il était sous la monarchie, très différent de celui des Anglais ou Hollandais, mais au final aussi déterminant dans les décisions politiques (même s'il s'agit plus de la politique intérieure que de la diplomatie quoique de fait, le pouvoir de la Ferme Générale ait indirectement pesé lourd dans ce domaine).

Cela renvoie aussi jusqu'au lobby des Publicains à Rome, et distingue ainsi une forme "parallèle" du poids d'intérêts privés groupés dans la conduite politique d'un pays, au point souvent de menacer sa stabilité, ses intérêts réels et justement perçus (masqués sous des prétextes), sa défense, sa politique extérieure (et ce qu'elle entraîne comme conséquences), sa sécurité voire son existence même. En plus évidemment de réduire la puissance publique "centrale", la décision politique, en la soumettant à des acteurs opérant avant tout pour leur intérêt privé. Au final, les grandes familles de patriciens romains dont la rivalité va se polarisant et déchirant la société romaine sont réellement de tels acteurs, autant par l'impact social, donc politique, de leur poids croissant dans la décision de l'Etat romain que par leur expansionnisme extérieur qui déséquilibre la société romaine et n'est opéré que sans cohérence ou vision précise justement parce qu'il ne raisonne qu'à partir de l'intérêt privé de ceux qui manipulent le Sénat et lui imposent leurs décisions qui ne sont fonction que de leur intérêt.

Historiquement, au final, la pluralité et la lutte contre toute forme de concentration de "poids" politique, de pouvoir, ainsi que l'affirmation d'une puissance publique qui assortit ses prérogatives théoriques (légales) de moyens réels dans tous les domaines, est la seule façon d'imposer une loi à ces "féodalités", qu'elles soient claniques, territoriales, fondées sur des castes, guerrières ou capitalistiques (ou religieuses....).

Les lois antitrust aux USA sont un exemple plus récent (et leur démantèlement progressif) de cette lutte (manifestation spectaculaire par l'éclatement de Bell en "baby bells"), de même que l'abolition par Philippe Le Bel du droit de guerre privée et sa politique d'interdiction graduelle de battre monnaie à tout autre acteur que le roi, ou la commise des territoires continentaux des Plantagenêts par Philippe Auguste. L'érection de monopoles nationaux en est un autre, de même que tout simplement le monopole de la violence légitime (et légale). Pour les puissances financières, on peut rappeler que les premiers dispositifs de contrôle des activités 

Parce qu'il faut bien se rendre compte qu'aucune loi dans un aucun domaine n'a de poids si le pôle étatique n'a pas dans le même domaine un contrepoids réel et/ou une justice disposant des moyens (légaux/juridiques et physiques/techniques) de veille, d'enquête, d'arbitrage, d'autorisation/sanction et d'application (moyens policiers) suffisants.

Et l'autre chose dont il faut se rendre compte, surtout aujourd'hui, est que notre définition "de principe" du pouvoir est très insuffisante: dire que le pouvoir se limite à l'exécutif/législatif/judiciaire, c'est passer complètement à côté de la plaque.

Alors pour ne pas verser dans la tyrannie de l'Etat (qui est tout sauf la seule tyrannie possible), l'effet inverse, il convient, notamment dans les domaines de l'information/connaissance/débat en général, dans le domaine économique comme dans le domaine de la circulation des biens, des personnes, des capitaux et de l'information/savoir, que "la part de l'Etat" y soit strictement définie et fasse place à des acteurs privés. Mais l'impératif corollaire est qu'ils soient NOMBREUX. Ce qui renvoie au fond à la définition d'un marché vertueux par Adam Smith et les principes de libre accès, d'information non biaisée et d'atomicité, en particulier.

Le problème des 3 domaines de pouvoir (qui s'ajoutent aux "3 pouvoirs" régaliens traditionnels) décrits précédemment est que l'Etat doit y être avant tout régulateur et arbitre (autant que faire se peut se concentrer sur ce rôle), mais aussi prescripteur, autant pour favoriser (et en maintenir la perception) l'intérêt général dont il est le seul organisme dépositaire (et qui a un intérêt fondamental à le soutenir) que pour "peser" dans ces activités, comme acteur au sein de la "bataille", jouant dans ces aspects, autant que possible, le "participant" comme les autres en n'établissant pas une position dominante.

Problème qui a toujours existé mais encore plus aujourd'hui: ce jeu ne se joue pas en circuit fermé dans un pays: il est ouvert, et les acteurs étrangers s'invitent de multiples façons, qui se résument essentiellement à deux grandes familles de modes d'action:

- entrer dans un pays en y devenant soi-même un acteur, mais un qui a aussi de la "réserve de puissance" à l'extérieur

- peser sur les décisions de l'Etat hôte en fonction de son "poids" propre et de son habileté, pour fausser le jeu à son avantage, mais aussi peser sur son Etat d'origine ou tout autre Etat "utilisable" pour faire pression sur le dit pays hôte

Sous une forme ou une autre, ce jeu a toujours existé entre la puissance publique d'un pays (pas "la puissance publique" en général, ce qui sera une abstraction théorique tant qu'il n'y aura pas un gouvernement mondial unique) et les puissances privées du pays et de l'extérieur.

Quels sont les acteurs historiques de ces "puissances privées"? Inclure les féodalités de tous types, internes à un Etat central (clans, chapelles, corps, familles....) ou à un pays est légitime puisque l'une des manifestations les plus durables de la puissance a toujours été le contrôle de pans de l'économie (territoires, noeuds ou axes de communication, part donnée d'une activité -surtout une cruciale comme la finance-, type de ressource ou production importante, bassin d'emploi/proportion de la population active....) ne serait-ce que pour le seul aspect de la masse de cash et de moyens que ces pans procurent à leur titulaire, individu, "clan" ou groupe d'un autre type.

Aujourd'hui, les multinationales et grands groupes de divers types sont parmi les plus lourds de ces féodalités, poursuivant cette longue histoire de la lutte entre centres et périphéries, acteurs privés et acteurs publics. Peut-être faudrait-il y ajouter les "grands groupes" d'acteurs économiques "illégaux", soit les maffias modernes, qui sont avant tout des acteurs économiques.

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Il convient de noter que dans certains cas historiques comme actuels, c'est l'Etat lui-même qui crée ces organismes plutôt qu'il ne les voit prospérer à son détriment.

Le cas de la compagnie des Indes, en France, est patent, en ce qu'elle fut fondée par la Couronne et non par des particuliers se voyant ensuite accorder une charte. Fondamentalement cette compagne (et les autres) sont ancrées dans un Etat bien déterminé, ne peuvent en changer si aisément et la mentalité de ses dirigeants ne le permet pas. Leur puissance repose sur un et un seul facteur : la charte accordée par un souverain absolu. On peut quand même noter que ces compagnies apportèrent plus d'avantages que d'inconvénients à leurs Etats pendant l'essentiel de leurs existences et à quelques exceptions près (cas de la VOC), ne survécurent pas longtemps à de véritables grosses secousses (faillites, révoltes des contractors pour les anglais).

Globalement, à quelques rares exceptions près, peut-on réellement considérer que ces compagnies sont de véritables entreprises privées ? Le monopole n'est pas accordé que par effet de clientélisme mais également par un besoin de rentabilité. La libéralisation du commerce des Indes fut tentée en Angleterre, mais les concurrents se sont retrouvés incapables de survivre à la concurrence de l'ancien monopoleur qui lui-même perdait des quantités notables de fric. Le résultat aboutit à une fusion. La charte en elle-même, est bien plus qu'un simple code des sociétés en ce qu'elle appuie nommément la constitution d'une entreprise (alors l'octroi à une entreprise bien déterminée peut effectivement faire l'objet de magouilles bien senties, je ne nie pas), mais l'entité en bénéficiant en acquiert-elle un véritable pouvoir de parasitage ? Le souverain est toujours en mesure d'exiger, s'il le désire, tel ou tel changement faute de quoi la Charte va à un autre. Certes il se retrouvera face à un mur de corruption de ses auxiliaires, notamment ses troupes métropolitaines, mais la chose ne me semble pas si illusoire que cela du moins jusqu'à un certain stade et selon la masse critique de l'Etat envisagé. Si on prend le cas de l'UK, il est à noter que l'East India n'était pas la seule compagnie officiant, que même si elle générait des guerres couteuses pour le Trésor britannique, lui apportait également matières à rentrées fiscales (commerce de denrées sur lesquelles taxer fortement) ainsi qu'une position économique et commerciale entraînant de quoi assumer un appareil militaire conséquent, préservant l'Etat sur la scène international (et donc faisant du régime anglais de l'époque non pas une machine capitalisto-libérale mais plutôt un appareil militaro-fiscal tendant vers le capitalisme d'Etat. À qui appartenait les chantiers navals ? ).

Enfin hum, pour l'époque et vu la concentration des pouvoirs... Ces influences étaient-elles réellement anti-démocratiques ? Le cas néerlandais me semble plus pertinent.

Tu prends l'exemple d'EDF. C'est pas plutôt un exemple de compagnie justement faible ? Elle reste détenue par l'Etat si mes souvenirs sont bons. Elle ne peut pas déplacer ses capitaux ni son siège social sans l'aval du premier actionnaire qui se trouve être le gouvernement administrant le territoire sur lequel se trouve son core business : les centrales. Qu'est-ce qui empêche le pur et simple remplacement de son CA si le besoin politique s'en fait sentir dans le chef des actionnaires ? Même en pur droit privé la chose est envisageable il me semble.

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La royauté française a dû lutter longtemps contre "les grands" du royaume, qui étaient aussi pour les plus puissants des forces financières, et ce jusqu'à la fin. 

Bof, à partir de l'avènement de Louis XV et de la politique du visa la chose diminue quand même très fort au profit de personnes ayant moins de sang bleu. les grands, à quelques rares exceptions (cas des Nouailles), ne sont plus si riches que cela et le train de vie qu'ils s'imposent les ruinent fort vite (voir le cas de Choiseul qui avec ses millions de rente trouvât le moyen de se retrouver fauché). La puissance financière est plus à chercher auprès de ceux qui parviennent à mettre une Pompadour dans le lit de Sa Majesté, à savoir les fermiers, dont les plus influents viennent de plus bas (les Pâris), et plus tard, madame du Barry.

Aujourd'hui, les multinationales et grands groupes de divers types sont parmi les plus lourds de ces féodalités, poursuivant cette longue histoire de la lutte entre centres et périphéries, acteurs privés et acteurs publics. Peut-être faudrait-il y ajouter les "grands groupes" d'acteurs économiques "illégaux", soit les maffias modernes, qui sont avant tout des acteurs économiques.

Il est intéressant de noter que toutes les grandes concentrations capitalistiques de l'époque étaient ancrées dans un territoire donné. Elles étaient d'un Etat et projetaient leurs activités sur la planète entière. Le phénomène que nous vivons me semble plus important en ce que ces entreprises sont à présent en mesure de réellement changer de pays. Dans une certaine mesure la technologie à rendu cela possible pour certains domaines (le cas des transports terrestres et de l'énergie demeure en revanche plus complexe).

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Tu prends l'exemple d'EDF. C'est pas plutôt un exemple de compagnie justement faible ? Elle reste détenue par l'Etat si mes souvenirs sont bons. Elle ne peut pas déplacer ses capitaux ni son siège social sans l'aval du premier actionnaire qui se trouve être le gouvernement administrant le territoire sur lequel se trouve son core business : les centrales. Qu'est-ce qui empêche le pur et simple remplacement de son CA si le besoin politique s'en fait sentir dans le chef des actionnaires ? Même en pur droit privé la chose est envisageable il me semble.

Visiblement pour repondre à ta dernire question tout un tas de raisons. En fait bien que le president du CA soit issu de la fonction publique il a adopté le fonctionnement institutionnel des opérateurs privés de nature "requine" à savoir qu'il joue de son poids (qui est important en France mais devient négligeable si tu regardes le poids international du groupe) pour faire du chantage economiquo-politique.

C'est tout le problème : l'internationalisation des groupes, leur "tentacularisation" fait qu'ils deviennent moins touchables localement et que tout effet de levier va entrainer des repercussions diplomatiques en dehors du pays concerné.

Si on touche à EDF-GDF on touche au fournisseur/prestataire d'energie majeur dans un certain nombre de pays/regions/etats et pas des moindres (par exemple certains états US)

Donc ils ont un levier diplomatique à jouer pour éviter les risques de retour de baton

Autre exemple, il n'ya qu'a voir la crise diplomatique entre Paris et Berlin au sujet d'Airbus/EADS

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Parce qu'il faut bien se rendre compte qu'aucune loi dans un aucun domaine n'a de poids si le pôle étatique n'a pas dans le même domaine un contrepoids réel et/ou une justice disposant des moyens (légaux/juridiques et physiques/techniques) de veille, d'enquête, d'arbitrage, d'autorisation/sanction et d'application (moyens policiers) suffisants.

Tancrède sur le principe je suis d'accord mais il semble bien que de nos jours certains consortium ont bien compris la vulnérabilité des états aux demarches juridiques

Il n'est pas inhabituel pour les grands groupes d'importance de jouer le montre juridique jusqu'à ce que les dossiers se tassent, de noyer le poisson sous les procédures ou d'accepter de payer des pénalités qui sont de toutes façons budgétisées dans leurs bilans et qui vu le volume n'entrainent pas d'effets coercitifs. Microsoft en est l'exemple type et y'en a d'autres. Après faut voir le poids de chaque intervenant. quand on connait le budget de groupes comme Microsoft, (entre 20 et 40 milliards de $$ de CA) ou le poids que pèsent ces monstres (budget EDF = budget de l'état Belge), les moyens qu'ils peuvent mettre dans les procédures judiciaires sont sans commune mesure avec ce que peut mettre un juge national, regional ou local.

quant aux moyens policiers comme ils découlent de décisions de justice ils vont se faire attendre et de toute façon fouiller des organisations tentaculaires relève de la gageure. Il n'est pas question non plus de faire comme Philippe le Bel et les templiers etant dans des démocraties avec leurs forces mais surtout leurs faiblesses. Il est à noter que les quelques conglomérats qui ont été dissous par jugement (Enron par exemple) l'ont été surtout en tant que lampistes, les mêmes dirigeants se retrouvant à la tête d'autres organisations

Comme l'Hydre si on coupe la tête elle repousse

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Visiblement pour repondre à ta dernire question tout un tas de raisons. En fait bien que le president du CA soit issu de la fonction publique il a adopté le fonctionnement institutionnel des opérateurs privés de nature "requine" à savoir qu'il joue de son poids (qui est important en France mais devient négligeable si tu regardes le poids international du groupe) pour faire du chantage economiquo-politique.

C'est tout le problème : l'internationalisation des groupes, leur "tentacularisation" fait qu'ils deviennent moins touchables localement et que tout effet de levier va entrainer des repercussions diplomatiques en dehors du pays concerné.

Si on touche à EDF-GDF on touche au fournisseur/prestataire d'energie majeur dans un certain nombre de pays/regions/etats et pas des moindres (par exemple certains états US)

Donc ils ont un levier diplomatique à jouer pour éviter les risques de retour de baton

Moyennement d'accord. Je suis d'accord avec le rapport de causalité pour les fournisseurs majeurs dans d'autres Etats, le cas de GDF et des factures en Belgique en est un bel exemple ;). Dans un tel cas de figure, le poids sur la scène nationale est strictement dépendant de l'avis du chef de l'Etat car sa position a été obtenue uniquement parce qu'il le veut bien. Tout dépend de la situation mais un Etat étranger dans lequel l'entreprise aurait ses intérêts aurait-il réellement quelque chose à dire en cas de remplacement du CA pour un motif donné ? Encore plus fois tout dépend où se situent le gros des billes sur le plan géographique et le préjudice réellement subit. Non dans le cas précis je le vois plus comme une complicité entre Etat et milieu d'affaire réglementairement qu'une influence d'un affairiste sur l'Etat (ce qui n'empêche pas le partage d'une idéologie commune, mais là on tombe plus dans l'influence d'une forme de religion que d'un intérêt économique privé au sens stricte).

Autre exemple, il n'ya qu'a voir la crise diplomatique entre Paris et Berlin au sujet d'Airbus/EADS

Là on tombe sur un autre cas de figure vachement plus internationalisé mais quand même fort dépendant des Etats, notamment côté français par contrôle indirect (via Lagardère)

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La royauté française a dû lutter longtemps contre "les grands" du royaume, qui étaient aussi pour les plus puissants des forces financières, et ce jusqu'à la fin.

Les grands disparaissent en tant qu'entités géopolitiques internes avec la Fronde: ils perdent la capacité et l'autonomie dont ils disposaient en tant qu'entités féodales, ne peuvent plus réellement lever de troupes par eux-mêmes (ils sont propriétaires de régiments, mais n'en disposent pas), n'ont plus d'aptitude ou de crédibilité pour négocier avec des puissances étrangères, ne contrôlent plus de provinces et surtout perdent leurs immenses réseaux de clientèles régionales et nationales qui sont préemptés, achetés ou pris par l'Etat central et forment la première administration centralisée du royaume. Ils ne sont plus que de grands propriétaires terriens disposant d'un certain accès et d'un certain entregent, d'une priorité dans l'attribution de certaines fonctions, de "réseaux" de relations étendus (un certain "pouvoir" de parrainage qui est important) et finissent par regagner une autre forme de pouvoir au sein du nouvel Etat central dominant, sous forme de "clans" familiaux étendus et de "caballes" politiques, en somme des partis, mais leur poids propre ne peut plus passer par la menace de l'usage d'une force armée, par le contrôle de territoires de fait sécessionnistes aux dépends du roi, par la négo avec des Etats étrangers et une capacité à la guerre civile ou à une contrainte exercée sur le monarque. La contrainte est devenue influence, la lutte potentiellement physique est devenue jeu politique "moderne" ou "pré moderne".... Dans un jeu avec ces règles, ceux qui ont le poids qui s'apparente le plus à une contrainte directe exercée sur le monarque sont ceux qui disposent du fric en masses importantes, soit en argent frais soit en quantité de titres d'emprunt public (dont on négocie le taux ou un changement de taux en cours de route contre quelque chose), soit encore en charges vénales (ou groupements de charges) ou en privilèges commerciaux dont on négocie la revente à l'Etat (qui ne peut les reprendre arbitrairement).

Fondamentalement, les grands aristos qui peuvent financer des régiments (surtout les permanents), voire plusieurs, pourraient s'en servir dans certaines circonstances pour retenter une "fronde" féodale (et donc braver l'interdiction légale -théorique- de disposer de leurs troupes), mais le règne de Louis XIV a aussi imposé dans les faits comme contrepartie une armée permanente directement payés par les finances publiques qui est largement plus grande que les unités permanentes non directement "royales". Et il contrôle les arsenaux (désormais bien plus grands) directement. Le règne de Louis XIV transforme la féodalité territoriale, économique et celle des attributions de grandes charges, en une féodalité administrative: peu de "grands" (qui n'ont plus ce "titre" informel après que par courtoisie) réussissent vraiment la transition, et l'on voit ainsi plutôt des pôles de "grands de fait" se constituer autour de familles comme les Colbert, les Louvois, certains grands fermiers généraux.... Après la fronde, seul Turenne maintient une clientèle réellement importante, assortie d'un certain contrôle sur un territoire (petit) donné (le sien, en tant que prince souverain de Bouillon), et ce fait ne lui survit pas.

Dans le réseau multi-pyramidal tentaculaire qui articule la France et se substitue à la chaîne féodale, Louis XIV est désormais le patron plus ou moins direct de toutes les clientèles, le "capo di tutti capi" :lol:, ce qui lui donne sa puissance (pas si absolue que ça, loin de là) bien plus que les lois théoriques, les coutumes, les prérogatives royales, le statut du roi ou la propagande. C'est l'aboutissement de la politique entamée par Richelieu et poursuivie par Mazarin qui légua ces "patronages" multiples au roi qui en pris la charge directement et ne la lâcha jamais, à l'inverse d'un Louis XV qui n'a que très partiellement pris en charge cet aspect des choses, avant tout par indolence; l'Etat comme institution était bien implanté, mais les prérogatives de ces patronages, il les délégait à un factotum, 1er ministre de fait, qui pouvait ainsi gérer et redistribuer du pouvoir pour son propre compte (celui de sa faction). Louis XIV n'a JAMAIS laissé faire ça, et c'est ainsi qu'il faut comprendre que Louis XIV a, à partir de 1661, dirigé par lui-même et refusé un "principal ministre" ou un "surintendant des finances". Malgré toute l'importance de Colbert et Louvois, l'immensité des attributions de leurs différentes fonctions, ils ont toujours eu besoin du contreseing du roi, de son approbation, et toujours subi sa surveillance et son assiduité à savoir et comprendre ce qu'ils faisaient dans le détail. L'épisode de Fouquet avait été la leçon finale.

Globalement, à quelques rares exceptions près, peut-on réellement considérer que ces compagnies sont de véritables entreprises privées ? Le monopole n'est pas accordé que par effet de clientélisme mais également par un besoin de rentabilité.

Oui, clairement dans le cas des compagnies anglaises et hollandaises; la confusion vient plus du degré ultérieur d'interpénétration de l'Etat et de ces compagnies dans la prise de décision de long terme, qui engage fortement et durablement un Etat pour longtemps et impacte directement sa position et sa posture internationales.

Le monopole vient avant tout initialement du risque impliqué par les transports longue distance de l'époque et la nature des "implantations commerciales" qui impliquent un aspect diplomatique et militaire, local et international. Seul le monopole pouvait permettre la grande taille des entreprises qui donnait les moyens d'économies d'échelles et ceux d'avoir la masse critique pour se permettre avec efficacité de telles entreprises, mais surtout seul le monopole permettait la visibilité à moyen et long terme pour limiter les coûts d'assurance maritime, ceux de réassurance (ou "assurance crédit") de fait payés pour limiter les dégâts potentiels d'entreprises incertaines, limiter ceux des variations de prix entraînés autant par la faible stabilité de ces activités de "grand commerce" que par le risque d'une guerre des prix en cas de situation concurrentielle....

mais l'entité en bénéficiant en acquiert-elle un véritable pouvoir de parasitage ? Le souverain est toujours en mesure d'exiger, s'il le désire, tel ou tel changement faute de quoi la Charte va à un autre. Certes il se retrouvera face à un mur de corruption de ses auxiliaires, notamment ses troupes métropolitaines, mais la chose ne me semble pas si illusoire que cela du moins jusqu'à un certain stade et selon la masse critique de l'Etat envisagé. Si on prend le cas de l'UK, il est à noter que l'East India n'était pas la seule compagnie officiant, que même si elle générait des guerres couteuses pour le Trésor britannique, lui apportait également matières à rentrées fiscales (commerce de denrées sur lesquelles taxer fortement) ainsi qu'une position économique et commerciale entraînant de quoi assumer un appareil militaire conséquent, préservant l'Etat sur la scène international (et donc faisant du régime anglais de l'époque non pas une machine capitalisto-libérale mais plutôt un appareil militaro-fiscal tendant vers le capitalisme d'Etat. À qui appartenait les chantiers navals ? ).

Les chantiers navals britanniques et hollandais sont en très grande majorité privés ou opérés par des entreprises privées à cette époque.

Et oui le pouvoir de telles compagnies en interne est énorme, notamment dans le cas anglais où il s'agit véritablement de l'épine dorsale du commerce, et donc de la finance, des plus gros fournisseurs uniques de cash (que les petits opérateurs commerciaux ne peuvent égaler individuellement) au système politique, que la séparation entre fonction publique (et parlementaire) et intérêts privés n'existe pas, que le souverain anglais est plutôt faiblard au XVIIème siècle et strictement cantonné à certains pouvoirs au XVIIIème.... La East India Company dans ce jeu est de loin la plus grande, avec la Compagnie de Smyrne/du levant qui vient loin derrière, et celles des Indes occidentales aussi.

Le fait est que le roi, ou même un premier ministre fort, ne pouvait pas révoquer la charte de ces compagnies pour la "filer à un autre": il s'agit d'investissements et de moyens permanents colossaux. Révoque la charte, et qui prend la place? Personne n'a le quart du dixième du cash disponible, et encore moins les moyens pratiques établis (entrepôts, stocks, administration, arsenaux, flottes, personnels de tous niveaux de qualification, réseaux de clientèles établis....) pour prendre la place ou même le faire en quelques années. Il faut longtemps, et surtout à cette époque (espace-temps plus grand, économies plus fragiles), pour établir de telles structures; les acteurs de ces "marchés" ne sont absolument pas interchangeables et substituables.

Le temps n'est pas neutre dans cette affaire, et il fait arriver à une taille si énorme de ces compagnies, et surtout une imbrication si profonde dans les mécanismes de décision politique, que tout le processus de perception de l'intérêt général et de décisions le favorisant est faussé avec une part disproportionnée des intérêts de ces types d'acteurs.

Certes il se retrouvera face à un mur de corruption de ses auxiliaires, notamment ses troupes métropolitaines

La compagnie des Indes avait ses propres troupes pour conquérir et contrôler ses propres colonies: les troupes royales quand il y en avait étaient très très minoritaires. La conquête des Indes au XVIIIème siècle est caricaturale à cet égard, avec les 3 armées des "présidences" du sous-continent.

que même si elle générait des guerres couteuses pour le Trésor britannique, lui apportait également matières à rentrées fiscales (commerce de denrées sur lesquelles taxer fortement) ainsi qu'une position économique et commerciale entraînant de quoi assumer un appareil militaire conséquent, préservant l'Etat sur la scène international (et donc faisant du régime anglais de l'époque non pas une machine capitalisto-libérale mais plutôt un appareil militaro-fiscal tendant vers le capitalisme d'Etat

Attention, la question n'est pas de dire que ces compagnies n'ont pas AUSSI rapporté à leur pays d'origine, y compris au sens de l'intérêt général, mais de dire qu'elles ont ORIENTE les axes de développement de leurs pays, favorisé une certaine perception de l'intérêt national aux dépends d'autres, potentiellement meilleures voire plus profitables, ou moins profitables immédiatement (aux acteurs commerciaux), mais impliquant corollairement moins de coûts annexes, notamment en terme de guerres et de tensions internationales, d'occupations permanentes, d'abus en tous genres compliquant la tâche de long terme et contraignant à une occupation toujours plus vaste et plus coûteuse, impliquant toujours plus avant dans la politique interne des régions conquises.  

Et cette orientation, cette surimposition d'une perception de l'intérêt national trop fortement coloré par des intérêts privés, s'est faite aux dépends d'une perception différente, potentiellement plus équilibrée, et surtout représentant un consensus différent dans un pays: leur voix portait trop fort en proportion, par rapport aux intérêts d'autres acteurs privés, qu'il s'agisse de la population et des groupes qui la composent, d'autres acteurs économiques, de groupes recherchant une posture moins aggressive sur la scène internationale (et concourant de ce fait à un équilibre européen différent, avec moins de guerres ou des guerres durant moins longtemps....).

Le phénomène que nous vivons me semble plus important en ce que ces entreprises sont à présent en mesure de réellement changer de pays. Dans une certaine mesure la technologie à rendu cela possible pour certains domaines (le cas des transports terrestres et de l'énergie demeure en revanche plus complexe).

C'est pas si déconnecté que cela: la plupart des business majeurs ont besoin d'un pays d'ancrage sur lequel ils pèseront précisément parce que bien des attributs de la puissance leur échappent encore en propre, et que c'est un biais pour aussi peser sur d'autres Etats. Par ailleurs aucun business n'est déconnecté du besoin d'implantations physiques, d'un marché avec des gens dedans pour acheter, de bassins d'emplois, d'Etats qui prennent en charge le plus possible de coûts (infrastructures, coûts sociaux, éducation, bonus pour l'implantation, sécurité, voire moyens militaires....). Ils ont besoin de plusieurs types d'ordres politiques organisant les populations (certains business ont besoin d'une certaine instabilité, ou ont aussi besoin d'Etats qui connaissent une certaine instabilité/faibles) de façon plus ou moins stable (mais ils ont besoin de grands Etats stables, de vastes marchés type pays développés où la stabilité politique -donc un certain niveau de consensus social- est un acquis).

Et surtout, faut pas voir ces acteurs toujours comme des penseurs de long terme: ils réfléchissent souvent à très court terme, ce qui est l'une des principales raisons de mauvais comportements répétés et du bordel qu'ils créent partout (quand on regarde "à plus grande échelle").

On peut voir beaucoup de choses dans l'actuel "LIBOR-gate": intérêt d'un gouvernement britannique à masquer le mauvais état de ses banques et à leur faire faire du cash pour combler, incapacité à les renflouer en raison d'une austérité destructrice, d'un gaspillage de feu la rente pétrolière et d'un endettement astronomique, intérêt des banques à cacher leur état réel et leur façon de fonctionner, très loin d'une économie "de risque", de "création" et "d'investissement", collusions/interpénétration des élites économiques et politiques.... C'est un secret de polichinelle qu'EURIBOR fonctionne de la même façon et fait l'objet des mêmes ententes frauduleuses (ainsi sans doute que la plupart des indices). Les conversations fameusement enregistrées entre ces dirigeants de banques pourris (les cons oublient eux-mêmes qu'ils ont signé des contrats d'assurance impliquant l'enregistrement de TOUTES les lignes fixes de leurs locaux) sont TRES révélatrices.

On y voit notamment les mulitples problématiques induites par la "sphère financière" dite spéculative et la place financière de Londres qui, en tant que globalité/secteur économique, est de fait un acteur politique (très peu de monde au sommet, soit de petits groupes assez peu nombreux pour être des interlocuteurs pouvant s'entendre et exercer des pressions directes et informelles sur un gouvernant), qui a des besoins, des contraintes, des intérêts à faire au maximum passer pour "l'intérêt général", des moyens.... Les financiers peuvent -et ils le font- faire le chantage à la désimplantation, mais ce n'est pas non plus un processus qu'ils peuvent envisager facilement: une place telle que la City, dans tous ses aspects, ne se reproduit par ailleurs du jour au lendemain, pas sans des coûts extrêmes, beaucoup de temps, d'efforts, de concessions et de négociations.... Même cette "industrie", la plus dématérialisée et "rapide" du monde pour ses flux, ne peut être séparée de bien des réalités concrètes. Elle ne peut "se déplacer" en quelques clics.

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Simple note.

La compagnie des Indes avait ses propres troupes pour conquérir et contrôler ses propres colonies: les troupes royales quand il y en avait étaient très très minoritaires. La conquête des Indes au XVIIIème siècle est caricaturale à cet égard, avec les 3 armées des "présidences" du sous-continent.

j'envisageais en cas d'acte du souverain la trahison, du fait du privé lésé, de forces métropolitaiens et non pas d'implication de la "home army" ailleurs.

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Tu veux dire le risque d'une sédition des troupes en Angleterre même, sous influence de la compagnie lésée? Je sais pas si le fonctionnement interne et les rapports de force en Angleterre auraient permis à la situation d'aller jusque là, ou même si c'était alors possible. Mais d'un autre côté, les groupements commerciaux dont les compagnies à charte ont joué un rôle dans la "révolution" de 1688.

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On pourrait aussi prendre l'exemple des institutions européennes ou les états ont quasiment moins d'influence que certains lobby et ou l'on voit souvent passer des lois qui sont le fruit de ces pressions.

Il y a tout un tas d'exemples et de vidéos documentaires sur ce phénomène, qui passent sur Arte ou France 3 le plus souvent.

On a là un belle exemple de structure supra-étatique qui risque de passer sous le joug d’intérêt privé  =|

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Exemples de lois ou ensembles de régulations d'aujourd'hui qui favorisent ces "féodalités" modernes:

- le lobbying légal et organisé: c'est de fait créer un "parlement des puissants" où on détient des droits de vote en fonction du nombre de billets qu'on y met, qui permettent de monopoliser du temps d'attention de décideurs, de façonner leur environnement de perception des problèmes, d'exercer diverses formes de pressions sur eux (communication institutionnelle, corruption/chantage aux fonds de campagne, et plus encore de plus ou moins contrôler le processus d'information du décideur politique sur l'immense complexité des problèmes dans tous les domaines. Plus on autorise ce domaine du lobbying à se structurer, à grandir et à s'organiser, plus ou crée une "cour" qui devient un monde en soi pour les dirigeants, nettement séparé du "monde réel". Et ce "monde" devient une partie de fait du processus gouvernemental, avant tout au niveau de l'analyse et de la perception, de l'information en général d'un gouvernement qui devient structurellement dépendant de ce processus pour s'informer, disposant de moyens propres limités, souvent moins écoutés (voire des "chapelles" plus ou moins subjectives, des lobbies en soi), et qu'il a tendance à de moins en moins financer (commodité budgétaire, corruption....) vu que "le privé" fournit par lui-même ces moyens. Ceux qui vantent les mérites du lobbying professionnel et organisé me rappellent ces "grandes figures" des cours européennes qui écrivaient des "manuels" du courtisan idéal, mû avant tout par le goût du service et n'oeuvrant que modérément pour son intérêt personnel..... Une figure mythique aussi réaliste qu'un banquier honnête.

- la législation sur les OPA/OPE.... et le contrôle des concentrations capitalistiques en général: pouvoir racheter des entreprises sans aligner soi-même beaucoup de cash (souvenir du cas Arcelor-Mittal) et en se repayant sur la bête rachetée, influer pour modifier sans cesse les pourcentages d'un marché contrôlé (notamment aux USA les lois antitrust) et la définition même de ce qu'est un marché particulier proprement dit, ce qu'est une entente, un cartel, un oligopole.... C'est un des plus grands enjeux qui soit actuellement, et depuis 30 ans, le combat est perdu pour l'intérêt général au profit de ce qui n'est rien moins que la version moderne du droit de guerre privée. D'autant plus, et c'est particulièrement vrai en France (mais aussi en Chine), qu'une grande entreprise dominante, multi-secteurs et multinationale, c'est un "donneur d'ordres" qui a de fait un impact économique et financier (donc social et politique) infiniment plus grand encore que sa seule activité directement contrôlée: c'est une foultitude de fournisseurs, sous-traitants et prestataires de service qui ont un degré plus ou moins important de dépendance à son égard, sorte de vassaux modernes. Combien de sous-traitants peuvent réellement se passer, en France particulièrement, d'un grand donneur d'ordre? Dans le domaine militaire, combien de boîtes petites et moyennes qui n'ont qu'une activité partiellement militaire peuvent dans les faits survivre ou ne pas être gravement amputés par un contrat avec l'Etat et/ou un grand contractant? Si 20% de ton CA disparaît, même seulement pour un an, tu morfles durablement, voire définitivement, même si ce n'est "que" 20%. Tu ne peux pas dire non à quelqu'un qui dispose de ce poids dans ton CA, surtout à l'heure d'une extrême subdivision du travail (externalisation à toutes les sauces) et d'une relative indifférence à une division internationale d'une chaîne de production. En France particulièrement, il y a ainsi une extrême concentration du "pouvoir économique" au profit de grands "donneurs d'ordres" entretenant une pyramide féodalo-économique qui dépend beaucoup trop de leur "patron".

- la régulation avant tout financière et la transparence, ainsi que le sujet de la gouvernance.... Et plus encore, ces choses qui doivent être soumises à un régulateur d'un échelon correspondant à la mondialisation, même a minima, au niveau de "grandes zones" régionales. Dernier enjeu pour contrôler et donner des règles aux orientations et flux de capitaux.

Ce sont à mon sens les 3 domaines majeurs sur lesquels la puissance publique des Etats doit se pencher. Au niveau international, ce ne peut être que par la création de règles et de quelques organismes d'arbitrages, de notation et de régulation. Mais au niveau des Etats ou groupes d'Etats, cela implique un contrôle de toutes les réalités physiques de ces business.

Sinon, pour revenir à un des exemples d'Akhilleus:

Le second exemple est la fameuse United Fruit Company responsable d'un certain nombre de coups d'états en Amsud (dont celui du Guatemala 1954), d'expropriations de terres, de clientélismes et de déclenchement par effet domino de guerillas à tendance marxiste. Ou comment la collusion interets étatiques (via la CIA et le Mi6) et d'intérêts privés conduisent à une prophétie autoréalisatrice

Je sais plus quelle célèbre figure des Marines s'était, après sa retraite du corps, élevé en politique contre le fait qu'il voyait l'USMC comme la bonne à tout faire de l'UFC, faisant de cette conquête coloniale de fait (en moins direct) une politique commerciale. Mais c'est l'un des exemples simple, visible et parlant de "l'usage" par un intérêt privé du lobbying auprès d'un Etat, pour s'en servir. C'est moins cher et moins "exposant" que de le faire soi-même. On pourrait mentionner tout simplement la politique moyen-orientale des USA et certains projets de recomposition du Moyen Orient dans ce registre.

Mais l'autre option, "faire soi-même", est en train de redevenir une option de bien plus grand accès et bien plus grande capacité que l'emploi de quelques officines internes à certains business (les grandes compagnies pétrolières qui ont depuis longtemps de véritables services actions en interne: j'ai un exemple récent à faire crever de rire.... Ou frémir) ou l'embauche de "spécialistes" en micro-groupes. La structuration et l'expansion constante du marché de la "sécurité" a donné aujourd'hui et donnera toujours plus un vaste réservoir de capacités très complètes et compétitives qui étaient encore récemment le quasi monopole des Etats: renseignement dans ses parties "passives" (veille, bases de données, croisement/recoupement d'infos, collecte et analyse systématiques de sources "ouvertes", capacité d'enquête....) et "actives" (création de réseaux, corruption, manipulation/chantage/intimidation, effractions, écoutes/espionnage informatique, lobbying, opérations de désinformation, attaques informatiques, opérations para-militaires....), guerre électronique, opérations spéciales, opérations conventionnelles.... Le tout avec des moyens croissants en quantité et en variété, ce qui accompagne autant la croissance du nombre d'intervenants que la croissance de leur taille, par croissance interne ou concentration de grands acteurs.

Parallèlement, ces structures de "sécurité" savent organiser leur opacité (sécurité interne, loi du silence imposée, installation dans des pays "accomodants"....) tout comme leur lobbying auprès d'Etats pour sa garantir une relative impunité, un "accès" permanent à de hauts niveaux d'accréditation (membres ou ex-membres de leurs boards -ou de leurs rangs- à de hauts postes, contrats durables avec les Etats -combien de personnes de "l'intelligence community" aux USA sont du privé?-, corruption et/ou "relationnel"....). Mais surtout, ils s'adossent de façon de plus en plus permanente à de grandes structures capitalistiques, autant par le jeu économique (stratégies de développement, d'expansion de marchés, ou simple opportunisme) que par des concertations bien pensées: dans ce registre, la proximité avec les compagnies d'assurance (les grandes structures financières à fort volant sécuritaire qui ne sont PAS sous examen fréquent comme les banques) est en train de devenir une constante.

Historiquement, ça rappelle le rapprochement de castes guerrières avec la noblesse de cour et/ou les grands propriétaires terriens dans l'Europe ou le Japon féodal, mais aussi en Chine, ou encore la constitution en véritables "entités féodales" des grands propriétaires terriens en Amérique du sud au début du XXème siècle, avec aspect clanique et surtout l'entretien d'armées privées. Rappelons qu'en Argentine, au Brésil et ailleurs, de tels groupes sont encore une réalité, même si évidemment l'échelle n'est pas internationale (il n'empêche qu'il s'agit de grandes fortunes et d'un lobby ultra puissant dans ces pays). A comparer aussi avec la situation russe où de grands oligarques, groupes mafieux ou grandes boîtes sont souvent liées étroitement, voire ont constitué, des "pôles sécuritaires" importants via la nébuleuse du mercenariat et des entreprises "de sécurité" russes.

A quand de grandes concentrations capitalistiques, gabarit multinationales ou groupes de multinationales, disposant d'armées privées permanentes (ou rapidement mobilisables) dans certaines régions (tout en jouant les "honnêtes entreprises" dans d'autres) autour de cellules centrales de grandes taille et capacité maintenant des capacités de renseignement/action spéciale complètes et de grande taille, des capacités d'entraînement et de logistique, un certain volant de personnels "de sécurité" permanents, des moyens de guerre électronique? Bref, des entités féodales capables d'agir dans l'espace mondial (mais avec des variations régionales) dans un spectre complet de capacités jusqu'ici "étatiques", et à une échelle bien plus qu'anecdotique vu la taille de ces concentrations de capitaux. Le tout dans un monde multipolaire, où les "gendarmes du monde" ont perdu en capacité de contrôle, peut-être en absolu (réduction des moyens) mais sûrement en relatif ("rattrapage" technique, économique et militaire, relativisation de bien des avantages militaires, capacités anti-accès), et sont exposés à un jeu international plus équilibré et agressif sur fond de lutte accrue pour les ressources et les marchés. Certains diront que c'est déjà le cas, mais c'est encore balbutiant, il n'y a pas encore de tels pôles réellement permanents et unifiés/intégrés à un niveau autre qu'embryonnaire, et le poids des grands Etats est encore grand, mais la tendance semble plutôt claire, et moins le poids des Etats "poids lourds" sera grand relativement au jeu international, moins leur "usage" par de telles multinationales sera suffisant pour favoriser leurs intérêts, donc plus elles prendront de domaines et moyens d'actions directement en main.

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Probablement en rapport avec le sujet. Plusieurs entreprises américaines font pression pour favoriser le rapatriement d'avoirs aux USA, en évitant l'impôt et donc en faisant changer la législation/instituer une niche fiscale temporaire.

http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/753204/les-geants-technologiques-encombres-par-un-tresor.html

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En rapport avec le sujet et les JO :

Ca a des parfums de Moyen Age, à chaque fois que l'autorité d'un Etat central était remise en question, et particulièrement (mais là ça se trouve à d'autres moments qu'au Moyen Age) quand un "ordre" durable s'effondrait (ordre romain, ordre carolingien....): les intérêts privés imposent (aux autorités locales/régionales) ou prennent directement en charge la "défense" de leurs intérêts, mais surtout sans le moindre frein, ce qui impose un non ordre absolu d'abus, de guerres d'intérêts, de conquêtes pures et simples des ressources et marchés et de racket de fait (sous de multiples formes, il n'y a pas que l'impôt forcé direct en argent ou nature: forcer à se fournir ici plutôt que là, à exécuter corvées et travaux, à se référer à l'autorité du prétendant plutôt qu'à celle en place pour tout acte....). Au final, si on regarde ces périodes sous un tel angle, la fin de l'ordre carolingien par exemple voit le "libre marché" s'imposer, avec des grands propriétaires engageant des contractors militaires privés, s'acoquinant avec eux ou se faisant voler par eux pour prendre tout ce qui peut être pris, établir un ordre local auquel rien sinon la force armée ne peut s'opposer. Et il n'y a pas de police, de justice ou d'armée centrale. Mais ce libre marché ne l'est en fait pas puisqu'il ne trouve jamais de point d'équilibre, et en tout cas aucun acceptable pour beaucoup de parties prenantes, sauf quand les principaux acteurs du marché commencent à se structurer durablement en entités féodales de grande taille qui, ô surprise, reprennent dans leur domaine les prérogatives d'un Etat et les imposent (du moins quand elles n'en abusent pas trop).

La principale ressource d'alors est la terre (sauf dans certaines régions plus "industrialisées" et/ou "commerçantes"), les villes fortifiées et suffisamment importantes pour avoir des réserves de toutes sortes, un réseau administratif appréhendant leur environnement et un statut de place de commerce/noeud routier, étant plutôt rares et convoitées.

Cette histoire des JO, c'est un peu pareil: de grandes sociétés capables d'imposer des conditions de plus en plus exigeantes aux Etats profitent d'une bargaining position importante (la négo initiale des JO où les villes candidates font la queue) pour imposer ce qu'elles veulent, y compris, et là ça commence à devenir terrible, une mesure de pouvoir de police pour chasser la concurrence et extorquer tout ce qu'elles peuvent extorquer, jusqu'aux petites choses les plus ridicules. On voit là l'importance du pouvoir de prescription, de définition de normes sociales (notamment ici la propriété intellectuelle dans une acceptation très très large): celui des grandes compagnies a beaucoup grandi pour que ce fait ne fasse pas plus scandale. Au lieu de propriété foncière, ces grandes entités cherchent à imposer leur intérêt dans des domaines moins directement "physiques": propriété intellectuelle, marchés.... Mais les règles sont les mêmes: chantage pour démolir impôts et régulations, recours à tous les moyens possibles, y compris la force (dans certains pays, c'est bien plus cash que ces "escouades" de surveillance des labels), abus de position dominante (au mépris des règles d'une concurrence saine qu'ils s'efforcent de démolir).... Le fait simple à constater est que les Etats ont dans bien des cas de moins en moins de moyens de négocier avec des entités capitalistiques de cette taille (voir le scandale de la recherche pharmaceutique universitaire en France et la vente forcée de brevets).

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Ben que les grandes pharmas, surtout telles qu'elles se recalibrent en ce moment (rachat de boîtes faisant du générique parce que le cash est là, importance de l'investissement dans le marketing -avec une bonne partie de lobbying- et la commercialisation/distribution en général, énormité de la part de la recherche dans les trucs "utiles" comme les antidépresseurs, recherche sur les "premiums" pas énorme), rachètent du brevet dans les universités françaises (qui ont leurs structures propres et leurs pépinières de start up) sans laisser la possibilité à ces universités de pousser la recherche quelques crans plus loin (avec des brevets qui, développés ainsi, rapporteraient plus), à des stades de développement où les coûts et délais ne sont pas encore trop prohibitifs. Mais attention, ces brevets tels qu'ils sont rachetés représentent déjà pas mal de temps et d'argent public, ainsi que les possibilités d'avenir de chercheurs et équipes motivés et les possibilités de créer des petites PME innovantes viables (racheter de force et assez tôt, c'est les tuer dans l'oeuf et empêcher ces chercheurs d'être leurs propres patrons). Le chantage est opéré au niveau de l'activité de leurs implantations dans les régions (débouchés majeurs, pourvoyeurs d'activité locale), ce qui entraîne directement une pression sans contrepartie pour les politiques locaux et nationaux, et facilite par ailleurs le fait d'éviter de l'investissement public productif dans la recherche, et d'éviter aux grandes pharmas des immobilisations (bref, des sites de recherches) pour ces stades de recherche initiaux, tout comme ça leur évite de négocier avec des PME innovantes un peu solides en meilleure position de négo. Mieux valent des serfs que des vassaux costauds en somme.

C'est de fait la même chose que le chantage aux subventions publiques contre implantation d'activité ou maintien d'une activité existante: là, c'est pas directement de l'argent public, mais le principe est le même.

Sinon, autre exemple lu dans RAIDS: le Cap Vert a accepté l'implantation permanente d'une plate-forme, un hub logistique sur son territoire et destiné aux sociétés de sécurité maritime pour la lutte anti-piraterie. Bref, en d'autres mots, une base militaire privée. Le fait qu'il s'agisse d'un des Etats les plus faibles de la région est indicatif, les autres pays du coin refusant pour l'instant de voir des armées privées opérer dans leur bac à sable. La stratégie est donc d'implanter la base dans le pays le plus facilement soudoyable/influençable.

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Un exemple: les pôles de compétitivité dirigés par des membres de gros laboratoires. Une start up avec un bon produit doit soit proposer un volet "participatif" important (i.e. se mettre en position de dépendance), soit se fait éjecter. Sachant qu'un pôle c'est des subventions, un régime fiscal avantageux, des compétences disponibles à proximité dans les écoles/universités, c'est un bon moyen de tuer peu à peu la concurrence en faussant les règles du jeu.

La classe politique étant ce qu'elle est (dans son intégralité des arrivistes sans scrupule ne pensant qu'à leur pouvoir personnel) quand à coté on se bat en permanence dans les médias sur la "lutte" contre les délocalisations et les bilans de "créations" d'emplois d'une part (ce qui crée un moyen de chantage), et d'autre part ce genre de pressions étant difficile à sanctionner judiciairement (ou après un temps si long que la start up est tuée dans l'oeuf de facto), que ca m'impacte pas la gamelle du consommateur de manière trop facilement visible, l'intervention de l'Etat peut parfois devenir l'allié objectif des puissances "féodales".

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Faut pas tant caricaturer les politiciens: le fait est qu'ils n'ont pas de position de négo face aux grandes entreprises, et c'est particulièrement vrai en France avec la faiblesse de la taille moyenne des boîtes et leur situation très majoritaire de dépendance quasi absolue (fournisseur/prestataire de service, client "contraint", micro-concurrent ou sous-traitant), et en plus le relatif faible nombre d'entreprises. Un pôle d'activité est nécessairement d'autant plus précieux pour un bassin d'emploi, et il se trouve qu'il a souvent une ou plusieurs multinationales qui y pèsent lourd et dominent une bonne part des autres boîtes plus petites du coin; la position de négo est claire et sans appel, surtout face à une atmosphère générale à la délocalisation, une conjoncture locale, nationale ou mondiale morose.... Ajoutes-y le côté "poids lourd international" de certaines boîtes, tant par leur secteur d'activité (plus ou moins crucial à divers titre) que par leur seule taille, et ce sont aussi des pressions directes sur l'échelon national, soit pour renforcer le chantage aux politiciens locaux (mais aussi à d'autres types de décideurs publics type patron d'université), soit pour en contraindre des récalcitrants, et tu as le tableau.

J'avais lu en passant une formulation marrante: il y a encore 15-20 ans, Total prenait ses ordres à l'Elysée, il y a 10 ans, ils discutaient avec l'Etat, aujourd'hui ils lui imposent leurs règles.

Lois antitrust claires et respectées, règles de concurrence, financements ou régime favorable aux activités naissantes, aides à la recherche (et politique cohérente de recherche), fiscalité "visible" sur 10-15 ans (l'une des plus grandes fautes des politiques, entièrement imputable à leur nullité: incapacité à se mettre d'accord sur un plancher commun en matière de règles et de montants pour l'imposition, quitte à rendre une part minimum variable selon les majorités), ce sont les grandes choses qui manquent pour rééquilibrer le jeu, avec des armes qui restent dans la balance des Etats: autorisations de mises sur le marché (bref, la "patente" pour avoir le droit de vendre ses produits, prendre des intérêts), inspection fiscale et juridique (notamment sur les règles de concurrence et d'abus de position, l'évasion fiscale....), les contrôles douaniers accrus sur les produits d'une boîte donnée.... Il y a des moyens de frapper tant qu'un pays est un marché important. Parce que sinon, il ne restera bientôt aux Etats qu'à accepter de prendre leurs ordres dans des CA, ou à l'inverse, à frapper les CA au missile de croisière :lol:.

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le fait est qu'ils n'ont pas de position de négo face aux grandes entreprises

ou à l'inverse, à frapper les CA au missile de croisière

Arrêtes de te contredire, espèce de crypto-Jacques !

Blague à part la position de négo existe quand même (tu l'expliques dans ton dernier paragraphe, la menace de quelques unes de ces mesures n'est-elle pas capable de permettre d'en faire passer, déjà ?). Via la simple licence obligatoire en matière pharma, arme utilisée par des pays émergents et encore de manière gentille, et mécanisme préexistant surtout. En ces périodes de morosité économique, l'argument pourrait être même exploité via la baisse du pouvoir d'achat des gens et l'austérité forcée. Le cas des médocs est encore plus particulier en ce que l'exemplaire étant largement diffusé et analysable, les boites de pharma sont contraintes d'exiger des extensions de brevets pour que le profit rentre pour de vrai, les périodes de certification pouvant être très longues. Ne peut-on pas trouver inspiration dans les méthodes utilisées en Malaisie par Mahatir Muhammad, enfin tant que certaines règles fondamentales du jeu démocratique ne sont pas mises en danger ?

Par contre ce que je ne comprends pas c'est le pouvoir de marché des organismes non essentiels. Une boite pharma détient, tout comme une entreprise agro-alimentaire, un pouvoir sur des denrées fondamentales. Le CIO absolument pas, il ne détient son pouvoir que parce qu'une multitudes de villes sont quémandeuses d'une entreprise ruineuse pour leur comptabilité (tout comme une coupe du monde de foot, à en croire de nombreux reportages). Bref pourquoi céder ? Il doit bien y avoir des avantages, notamment un intérêt de la population vers certaines choses qualitativement moins importantes et l'implantation d'une idéologie sportivo-sportive mais est-ce vraiment tout ?

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l'expliques dans ton dernier paragraphe, la menace de quelques unes de ces mesures n'est-elle pas capable de permettre d'en faire passer, déjà ?).

Lourd à manier pour un politique: il faudrait du consensus là-dessus (avec un socle ferme des deux côtés de l'Assemblée qui n'est pas capable de se mettre d'accord sur la couleur de la merde), il faudrait, à un instant T d'une telle pression, pouvoir coordonner ce genre de réponses, il faudrait que les boîtes ne soient pas si grandes qu'elles ne puissent par tenter le coup du "chiche?", et surtout il faudrait qu'il n'y ait pas tant de recours possibles: limitation des alternatives dans certains cas ententes de cartels de fait dans la plupart des marchés avec peu d'intervenants, risques de rétorsions différentes, et surtout.... L'Europe. Il y a un échelon supérieur maintenant, pour ce type d'arbitrages, pour le lobbying.... Le pouvoir dicrétionnaire de l'Etat, même à supposer qu'il puisse avoir une majorité ferme et durable sur de tels sujets (une qui puisse échapper aux pressions notamment locales ou de financement) et qu'elle puisse se mettre en ordre de bataille, n'est plus ce qu'il était. Le France n'est pas le régime du docteur Mahatir, et elle n'est même plus un pays totalement maître de lui-même. Ajoute le fait que faire ce coup là sur un géant commercial étranger risque de faire venir le pays d'origine dans le problème (emmerde Pfizer, et tu as l'Oncle Sam sur les bras), et ça dresse le tableau.

Bref pourquoi céder ? Il doit bien y avoir des avantages, notamment un intérêt de la population vers certaines choses qualitativement moins importantes et l'implantation d'une idéologie sportivo-sportive mais est-ce vraiment tout ?

Parce que beaucoup de politiques ne regardent pas les choses jusque dans le détail ou espèrent "que ça va passer" sans anicroches trop publiques, parce que surtout c'est plus facile de mobiliser sur un truc visible avec méga investissement qui amène tout de suite beaucoup de monde et de fric. Mobiliser pour des vrais projets de longue haleine correspond souvent à des trucs moins bandants dans l'immédiat, qui radinent peu de fric dans un temps court, et surtout emballent beaucoup moins: bénéfice politique à tous égards bien moindre.

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Ok.

"Je sais plus quelle célèbre figure des Marines s'était, après sa retraite du corps, élevé en politique contre le fait qu'il voyait l'USMC comme la bonne à tout faire de l'UFC, faisant de cette conquête coloniale de fait (en moins direct) une politique commerciale. Mais c'est l'un des exemples simple, visible et parlant de "l'usage" par un intérêt privé du lobbying auprès d'un Etat, pour s'en servir. C'est moins cher et moins "exposant" que de le faire soi-même. On pourrait mentionner tout simplement la politique moyen-orientale des USA et certains projets de recomposition du Moyen Orient dans ce registre."

Smedley Butler pour la figure célèbre ? Je n'ai pas rouvert War is a racket pour l'occasion mais j'imagine que cela doit s'y trouver.

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Et surtout pour les JO: ils ont beau être absolument non essentiels.... Ils sont immensément populaires, et ils sont une institution, comme un rituel qui a lieu tous les 4 ans (tous les 2 avec les JO d'hiver), c'est ça la force du CIO: ils sont pour l'instant incontournables, donc une manne garantie très recherchée par les grands sponsors, et un bénéfice politique multi-secteur (moment de répit et de concentration de l'attention nationale pour plusieurs mois, surtout un, afflux brutal de fric pour une saison, afflux énorme de fric permettant de financer des projets urbains dont les emprunts sont mieux négociés via ce gage, beaucoup de monde qu'on peut satisfaire et radiner dans sa clientèle, de fric qu'on peut aiguiller vers ses caisses....). Un politique ne laisse pas ce genre de trucs lui échapper. Pour caricaturer, c'est un peu l'équivalent au Moyen Age de découvrir une super relique de saint dans un bled (ou de la "fabriquer" un petit peu, faire circuler des histoires de miracles....): tu attires l'attention, tu peus radiner l'évèque du coin dans le business, obtenir la construction d'une église plus grande (voire d'une cathédrale dans certains cas), gérer un afflux de pèlerins et demandeurs, ce qui permet d'aménager les routes alentours et de faire de la ville un point de passage plus régulier (si elle est pas trop mal située), d'y construire des infrastructures pour capitaliser sur ce changement (remparts pour sécuriser, entrepôts pour favoriser le transit et la négo de marchandises, place de marché, auberges....). L'histoire de St Jacques de Compostelle n'est pas sans évoquer ce fonctionnement, et le grand livre de Ken Follett, Les piliers de la terre, décrit beaucoup de ces mécanismes (quoique l'exemple mis en dynamique dans le bouquin se passe d'un miracle particulier et se focalise sur l'effet de la construction d'une cathédrale). L'activité amène l'activité et l'attention amène l'attention, mais dans un monde hyper-médiatique, les événements qui focalisent tant d'attention qu'ils dépassent le flot ambiant ne sont pas si nombreux: rien qu'en sport, pourtant le truc "universel", combien de championnats du monde font même le 20H? Quasiment aucun. Du coup, tu as les "événements" comme les JO ou la Coupe du Monde de foot. Eux radinent du monde, sont rares et donc, aussi "immatériels" qu'ils semblent, tant qu'ils focaliseront à ce point, ils seront des "objets" économiques très matériels et très "essentiels". En d'autres termes, ils sont du pouvoir pour qui les contrôle (CIO et FIFA).

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