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Histoire militaire de la France


Rochambeau
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Le concept de culture en stratégie théorique

Lorsque le général Jean-Henri Mordacq, chef du Cabinet militaire de Georges Clemenceau, écrivait que le général anglais Robertson n’avait pas une "forte culture stratégique" mais qu’il était doué d’un grand bon sens, il voulait dire que celui-ci n’avait sans doute guère médité Clausewitz ou qu’il ne maniait pas avec dextérité des concepts comme celui de "pivot de manoeuvre" ou de "lignes d’opérations"7. S’appliquant à la France, l’expression "culture stratégique" peut toujours désigner, dans un premier temps, le patrimoine stratégique théorique d’une part, l’expérience stratégique pratique d’autre part : elle désigne à la fois le corpus des textes français de stratégie, oeuvre des "stratégistes", et l’ensemble des décisions prises, au cours de l’histoire, par des "stratèges" français. Une culture stratégique, c’est d’abord l’ensemble des aspects intellectuels liés à la stratégie dans une civilisation, une société, une nation.

Mais la véritable définition, "didactique" au sens du Robert, vient de l’anglais puisque ce sont des auteurs américains qui ont parlé, les premiers, de strategic culture. Elle recouvre alors un ensemble de formes acquises de comportement stratégique, dans un société humaine. L’adjectif anglais cultural désigne, par opposition à l’hérédité biologique, ces formes acquises de comportement. L’approche culturaliste en stratégie théorique consistera à faire ressortir l’action de celles-ci, c’est-à-dire du milieu "culturel", sur le stratégiste et, surtout, le stratège.

Yitzhak Klein définit une culture stratégique comme "l’ensemble des attitudes et croyances professées au sein d’un appareil (establishment) militaire, à propos de l’objectif politique de la guerre et de la méthode stratégique et opérationnelle la plus efficace pour l’atteindre" 8. Cette définition a le double défaut de limiter la culture stratégique à un "appareil" militaire et de la réduire au temps de "guerre". La stratégie n’est plus la seule affaire des militaires et elle inclut désormais le concept de guerre, depuis l’apparition de l’arme nucléaire et des stratégies de non-guerre élaborées autour d’elle, comme la dissuasion. Une culture stratégique émerge d’un ensemble plus vaste de pratiques internationales, à la fois militaires, diplomatiques et économiques, impliquant une communauté étatique sur la scène extérieure. Il ne s’agit pas d’un mécanisme structuré, mais d’un ensemble de contraintes propres à la culture d’une société et qui conditionnent la "production" de sa stratégie9.

La définition d’une culture stratégique est fonction des paramètres retenus pour la caractériser. Quelles sont les sources d’une culture stratégique ? Y. Klein pense qu’il est vain de chercher à établir, en théorie, une liste de facteurs qui devraient influencer la formation d’une culture stratégique10. Il préfère évaluer la qualité d’une culture stratégique en examinant à quel degré les moyens militaires sont bien intégrés aux objectifs politiques. Le niveau opérationnel est pour lui l’élément fondamental d’une culture stratégique, ce qui est normal puisque celle-ci concerne uniquement selon lui les "appareils" militaires. Pour étudier ceux-ci et leurs idées, il faut pour Y. Klein aborder toute la littérature "professionnelle" : manuels officiels, périodiques militaires, mémoires et ouvrages de réflexion personnels. Il faut toutefois distinguer les idées qui se reflètent réellement dans la politique militaire, dans les plans stratégiques, l’entraînement, l’acquisition des moyens. Seul ce qui est mis en application reflète la culture stratégique11. La précision est d’importance. Elle conduit à effectuer un premier tri dans la masse de la littérature censée refléter une culture stratégique. Il y a des débats et des contradictions dans toute culture stratégique mais celle-ci est abordée dans sa spécificité nationale en ce qu’elle présente de relativement homogène.

N’y a-t-il pas moyen, malgré tout, d’énumérer les principaux facteurs qui déterminent une culture stratégique ? Carnes Lord a avancé les suivants : la position géopolitique, les relations internationales, l’idéologie et la culture politique, la culture militaire (histoire, traditions, éducation), les relations civils-militaires et l’organisation bureaucratique et enfin l’armement et la technologie militaire12. Cette liste de facteurs ne doit pas être appliquée comme une formule a priori car chaque culture stratégique est unique et provient d’une expérience spécifique. Mais ces facteurs peuvent aider à cerner les spécificités nationales.

Les limites de cet article ne nous permettent pas de tenter une étude globale de la culture stratégique française à la lumière de ces facteurs. Nous poserons simplement quelques hypothèses de travail. En suivant plus ou moins la structure stratégique de Lucien Poirier, du projet politique à la stratégie militaire opérationnelle, nous essayerons de voir dans quelle mesure les grands axes de la stratégie française d’aujourd’hui s’enracinent dans un fonds culturel typiquement national13. Le travail consistera en grande partie à dégager une certaine historicité constitutive d’une culture, à montrer l’enracinement historico-culturel des choix stratégiques français, pour faire ressortir ce qui est permanent, ce qui est le moins susceptible de changer ou ce qui serait le plus difficile à changer. Car le concept de culture stratégique doit avoir comme vertu de faire apparaître ce qui pèse implicitement sur la liberté d’action du décideur stratégique. Elle sera d’autant mieux assurée que ce dernier sera conscient d’un certain nombre de pesanteurs culturelles. D’un autre côté, il pourra tabler sur les forces ou les richesses de sa culture stratégique et celles-ci ne sont pas toujours suffisamment connues : certaines traditions ont été oubliées ou occultées. Dans la mesure du possible, il ne faudra pas aller à l’encontre d’une tendance profondément ancrée dans la culture nationale. Si celle-ci est intériorisée, elle révélera suffisamment de richesses pour que les choix stratégiques soient effectués de la manière la plus judicieuse. "Gnôthi seauton !"

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Indépendance, universalisme et “rang” mondial

Le premier objectif de la stratégie française ne fait aucun doute : il s’agit de sauvegarder la capacité de la France à penser et agir par elle-même, de faire en sorte qu’elle soit l’acteur de sa propre liberté. La force du sentiment national reste la première condition d’une stratégie française autonome14. La nécessité de l’autonomie stratégique nationale est périodiquement réaffirmée par tous ceux qui se font "une certaine idée de la France"15. L’autonomie de décision est essentielle dans la culture stratégique française et l’examen du passé lui donne toute sa dimension.

La conscience nationale s’est en effet forgée au cours des siècles contre les rêves impériaux, qu’ils viennent de Germanie ou d’Outre-Atlantique, qu’ils soient d’ordre spirituel, idéologique ou culturel. Les rois de France ont toujours lutté contre les prétentions germaniques à revendiquer la succession de l’empire romain, surtout à partir du moment où les Habsbourg ont commencé à détenir héréditairement le titre électif d’empereur16. En le relevant à son profit tout en l’abolissant en Allemagne, Napoléon conjura une menace vieille de dix siècles : cela explique, indépendamment de la virtuosité de l’homme de guerre, la place exceptionnelle qu’il occupe dans

la culture stratégique française. Le gallicanisme fut, lui aussi, une réaction à une autre prétention supranationale, celle de la théocratie romaine : toujours, il s’agissait de préserver la souveraineté nationale. Depuis les premiers Capétiens, la souveraineté française ne se partage pas, sinon elle disparaît. C’est à la lumière de cette constante historique que se comprennent le rejet de la Communauté européenne de Défense en 1954, le retrait de l’OTAN en 1966 et la réputation d"’allié difficile et exigeant" que la France garde auprès de ses amis anglo-saxons.

La guerre du Golfe a bien montré la persistance, dans toutes les familles de pensée, d’une sensibilité particulière, non conformiste, à l’intérieur du "camp occidental", soucieuse avant tout de maintenir une sorte d"’exception française" ou du moins d’indépendance nationale17. L’opposition française à la guerre, contrairement à celle qui se manifesta aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, ne chercha pas à développer une argumentation juridique ou pacifiste, mais bien un discours politico-stratégique original, différent de celui des Américains. Il y a dans la culture stratégique française un vaste courant qui n’accepte pas une conduite dictée et qui exige au contraire un débat, ce qui n’empêche pas de choisir la "solidarité" avec les alliés.

L’affirmation de l’indépendance s’accompagne d’un universalisme aux implications stratégiques. Depuis 1789, la France est

la patrie des droits de l’homme universel, de "la" liberté et de l’égalité. La volonté de défendre, puis d’exporter, ces idéaux a justifié les conquêtes de la Révolution et de l’Empire. Bien qu’ayant perdu deux fois son statut d’empire, européen puis colonial – le règne de Napoléon III n’ayant pas conféré à la France une dimension impériale au sens d’une extension importante de territoire –, la France garde une culture stratégique à vocation universelle.

Les bouleversements des années 1989-1991 soulignent la nécessité durable d’une stratégie qualifiée à l’époque du général de Gaulle de "tous azimuts"18. A cause de ses départements et territoires d’outre-mer, de son siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, en raison aussi des traités qu’elle a conclus avec plusieurs Etats de l’Afrique francophone, la France garde une culture stratégique à vocation mondiale.

Elle entend aussi maintenir son "rang" dans le monde. Après deux siècles au moins d’hégémonie continentale, la France a vu son poids stratégique diminuer depuis Waterloo et, plus encore, Sedan, pour des raisons diverses mais principalement démographiques. Cette France, jadis si forte, est devenue faible face à une Allemagne unifiée. Nul n’a mieux compris et exprimé les implications stratégiques de ce renversement que Charles de Gaulle. Lorsque, après la défaite de 1940, il redonna une place à la France parmi les alliés, il n’eut point de cesse que soit reconnue la présence d’un pays dont les Etats-Unis tenaient l’effacement pour acquis19. Un chapitre essentiel des Mémoires de Guerre est intitulé "Le Rang"20.

Le mémorandum adressé le 17 septembre 1958 par le général de Gaulle au président Eisenhower et au premier ministre Macmillan montrait qu’une ambition essentielle de la France consistait à accéder à une pleine égalité de rang avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis au sein de l’OTAN21. Le cadre de celle-ci, affirmait le texte, était limité à l’Atlantique nord, "comme si les responsabilités indivisibles de la France ne s’étendaient pas à l’Afrique, à l’océan Indien et au Pacifique, au même titre que celles de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis" 22. Ainsi était posée l’éventualité d’un "directoire" des trois Grands occidentaux. Quarante-trois ans plus tard, les mêmes pays fourniront l’essentiel des troupes rassemblées dans le golfe persique pour contraindre l’Irak de Saddam Hussein à obtempérer aux résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. La nécessité de s’appuyer sur des alliés est entrée depuis longtemps dans la culture stratégique française.

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Nécessité des alliés et leadership européen

Contre la menace impériale du Habsbourg puis du Hohenzollern, la parade française a consisté, depuis le XVIe siècle surtout, à rechercher à tout prix un "allié de revers". "Ce principe premier de la géostratégie française survit jusqu’à nos jours" écrit André Martel en 197923. Pour la première fois de son histoire, la France ne compte plus d’ennemi potentiel sur ses frontières terrestres. André Martel ajoutait : "Seule la réunification de l’Allemagne, neutralisée ou non, paraît susceptible à court terme d’ébranler ce sentiment de sécurité continentale" 24. Depuis que cette réunification s’est opérée, le retour à une alliance de revers, avec une puissance d’Europe centrale ou orientale, a été évoqué, pour le cas où la France perdrait ses espoirs d’arrimer solidement l’Allemagne à la Communauté européenne25.

Depuis 1945 pourtant, que de chemin parcouru sur la voie de la réconciliation avec l’ennemi d’hier ! Quel bouleversement pour une culture stratégique française qui, depuis la défaite de 1870, s’était efforcée de connaître la pensée militaire d’Outre-Rhin. Comme beaucoup d’autres officiers, Charles de Gaulle s’était appliqué à étudier Bismarck, Moltke, Bernhardi, von der Goltz26. Clausewitz fut traduit par de Vatry, commenté par Cardot, Gilbert, Camon, Foch27. Tout ce travail d’étude de l’adversaire pourrait bien n’être pas perdu maintenant que l’on "coopère" avec lui et qu’il existe une brigade franco-allemande.

Depuis la défaite de 1870, la France n’envisage plus sa stratégie sans alliés, sauf pour les questions coloniales. Plus encore que l’alliance continentale de revers, la recherche des alliances maritimes de soutien est devenue une caractéristique de la culture stratégique française. Depuis 1815, la France s’entend avec le maître des mers : l’Anglais, relayé depuis 1945 par l’Américain. "Plus qu’une neutralité bienveillante, c’est l’alliance britannique qui a été recherchée ; à n’importe quel prix serait-on tenté d’écrire en évoquant 1919-1939. La relève américaine n’a pas plus changé ce schéma que le glissement à l’Est de l’ennemi continental" 28. Les événements de 1989-1991 ont quelque peu obscurci le jeu. L’allié maritime est toujours là, mais il sera sans doute de moins en moins présent en Europe. Quant à l’adversaire continental, peut-être a-t-il disparu, provisoirement. Les alliances sont nécessaires mais elles ne sont pas éternelles. Le monde change sans arrêt29.

Parce que sa voix, si elle reste purement autonome, risquerait d’être à brève échéance inaudible, la France se sent de plus en plus appelée à jouer un rôle moteur dans la construction d’une défense européenne commune30. Celle-ci permettrait à la stratégie française de s’associer la nouvelle puissance allemande et de retrouver un leadership continental, qui n’aurait rien de dominateur, mais ferait entendre la voix de l’Europe. La France est disponible pour contribuer à la sécurité collective du Vieux Continent31. A cet égard, elle privilégie le cadre de l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Le traité de Bruxelles, qui l’a instituée en 1948, ne prévoit pas de commandements militaires intégrés, contrairement à l’OTAN. Un des apports possibles de la France à un concept européen de défense réside dans sa culture géopolitique.

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Une culture géopolitique “possibiliste”, défensive et terrienne

Il n’y a pas, en France, une tradition d’étude de la géopolitique comparable à celles de l’Allemagne ou des Etats-Unis. Le père de la géographie française moderne, Vidal de la Blache, se refusait à distinguer une réflexion géopolitique d’une réflexion géographique globale32. Les "déterministes" anglo-saxons, allemands et soviétiques (Mackinder, Mahan, Ratzel, Haushofer, Lénine) étaient offensifs et mobilisaient des représentations de la dynamique fatale de la croissance des empires, qu’ils soient de type économique, ethnique ou idéologique. L’école française, "vidalienne", insiste au contraire sur la liberté, l’autonomie des sociétés politiques sur une aire géographique définie comme un aire du possible. Elle est "possibiliste" et s’en tient à l’aménagement du territoire acquis33. Réagissant à l’école allemande qui, dans la tradition de Fichte et de Herder, glorifiait l’Etat, les Français virent plutôt les véritables entités naturelles dans les régions géographiques.

En 1916, Vidal de la Blache avait publié La France de l’Est où il démontrait que l’Alsace et la Lorraine, annexées par l’Allemagne en 1871, devaient être rattachées à la France. Si tous les Français en étaient convaincus, il n’en était pas de même des dirigeants alliés, en particulier les Américains. Vidal montrait que la langue n’était pas le seul aspect à prendre en considération dans le fait national et qu’il fallait tenir compte de toutes les caractéristiques économiques, sociales, politiques d’un groupe d’hommes et de ses relations profondes avec un centre politique, en l’occurrence Paris. En 1789, le mouvement révolutionnaire avait déterminé en Alsace et en Lorraine une transformation des structures économiques et sociales proportionnellement plus forte que dans d’autres régions françaises. L"’Armée du Rhin" contribua aussi à souder les deux provinces à la France34. Bref, Vidal fondait sa géopolitique non sur le schéma de la conquête universelle, mais sur celui de la révolution. Il territorialisait l’idée d’une structure sociale issue d’une révolution35.

Les géographes français de l’entre-deux-guerres n’ont pas tenté de s’opposer aux réclamations territoriales allemandes par des réclamations d’un ordre similaire. Ils ont plutôt opposé des alternatives radicales à la pensée d’Outre-Rhin. Les mérites de

la "civilisation" étaient opposés à ceux de la Kultur, la coopération internationale à l’autarcie nationaliste. Les frontières devaient être ouvertes plutôt que fermées, le réalisme devait remplacer l’abstraction et la poursuite de lois universelles. En somme, une approche humaniste était opposée à une approche théologique36. Alors que, comme leurs collègues allemands, les géopoliticiens français des années 1930 voyaient dans le désordre des temps le signe d’un nouveau système mondial en gestation, ils estimaient que celui-ci devrait se fonder sur les principes de l’internationalisme plutôt que sur une nouvelle forme d’impérialisme continental. La géopolitique française se préoccupait plus de garantir la paix que de faire la guerre37. La crainte d’une remontée de la puissance allemande et la conscience des faiblesses économiques et démographiques de la France produisit un état d’esprit nettement défensif qui se refléta dans la stratégie militaire.

Après 1945, la réflexion géopolitique française de l’entre-deux-guerres ne fut pas perdue, contrairement à la Geopolitik allemande, totalement discréditée. Elle se retrouva en effet dans les ambitions des promoteurs de la Communauté européenne38. En fait, la version française de la géopolitique est aujourd’hui la seule qui soit légitime pour une démocratie39.

L’école vidalienne insistait sur l’unité de l’homme avec son environnement. La valeur "terre" est très présente dans la culture stratégique française. Héritée sans doute de la Rome antique, elle transparaît chez de nombreux hommes de guerre français qui sont autant de versions modernes de Cincinnatus : c’est le maréchal Soult retournant dans son village natal du Tarn pour créer son domaine de Soult-Berg ; c’est Gouvion Saint-Cyr, passionné d’agriculture dans sa propriété beauceronne de Reverseaux ; c’est Bugeaud bien sûr, le "soldat laboureur" du Périgord40. Les généraux de la Révolution et de l’Empire se sont, pour la plupart, engagés en 1792 pour défendre leur terre natale. Ils ont combattu d’abord sur leur frontière : de Lectoure, Lannes est parti défendre les Pyrénées orientales ; l’Alsacien Lefebvre a d’abord servi à l’Armée de la Moselle ; le Meusien Gérard a vu le feu pour la première fois en Belgique, à Neerwinden et à Fleurus ; le Niçois Masséna s’est d’abord battu en Ligurie, etc. Charles de Gaulle aimait les poèmes où Charles Péguy célébrait la terre de France : "Un soldat mesure la quantité de terre où une âme peut respirer, où un peuple ne meurt pas" 41.

La valeur terre n’apparaît-elle pas aussi, en filigrane, dans les réflexions d’Alain Joxe sur la stratégie des Etats-Unis ? Ceux-ci, maintenant que le limes impérial entre l’Est et l’Ouest est tombé, exerceront selon lui leur leadership mondial par des interventions "coup de poing", non seulement grâce au pouvoir naval et aérien, mais aussi par le pouvoir spatial et le pouvoir hertzien. L’empire américain ne serait pas un empire terrestre, mais une forme nouvelle d’empire universel maritime, "surgissant de l’unicité de l’économie-monde et du contrôle continu en temps réel que permet le space power". Alain Joxe voit un danger dans l’absence de la valeur terre dans cette domination : cette absence conduirait à l’"empire du désordre" 42. Mais la valeur terre, telle qu’elle provient de la culture stratégique française, a subi des mutations irréversibles depuis l’arrivée de l’arme nucléaire, capable de détruire la terre comme totalité planétaire. François Géré a exprimé de façon remarquable les enjeux de cette nouvelle dimension géostratégique43. Analysant lui aussi les Etats-Unis, "puissance du flux", il a souligné que le territoire américain constituait moins un lieu d’enracinement qu’une surface de déplacement. Le contraste avec la France est implicite : celle-ci est une "entité solide, compacte et enracinée" 44.

Dans la logique de la valeur terre, la tradition géopolitique française a inventé la notion moderne de frontière. Au moment de la Révolution fut pensée, puis appliquée, une conception globale de la frontière, comme ligne de coïncidence entre l’Etat et la nation. Ce modèle géopolitique fut promu dans l’Europe des nationalités, en attendant d’être exporté dans ce qui est devenu le Tiers Monde. La France construisit et diffusa, au XIXe siècle, la notion de "frontières naturelles", dont on voulut faire a posteriori l’axe logique de la formation territoriale du pays. Enfin, la France dispose, depuis les années 1960, de "frontières différentielles" : une enveloppe frontalière immédiate borne un sanctuaire stratégique, protégé par la méthode et les moyens de la dissuasion du faible au fort, tandis que des frontières "extérieures" enserrent l’aire volontairement floue des "intérêts vitaux" 45. L’organisation française des frontières est typique des communautés enracinées, latines et catholiques46. Fin 1792, l’abbé Grégoire déclara que la France était un tout et qu’elle se suffisait à elle-même : partout la Nature lui avait donné des barrières qui la dispensaient de s’agrandir, en sorte que ses intérêts étaient d’accord avec ses principes47. Valmy, bataille défensive, venait d’illustrer cette conception.

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Valmy, bataille symbole

Les célébrations du bicentenaire de la Révolution, lorsqu’elles évoquèrent sa dimension stratégique, se déroulèrent à Valmy. La bataille de Valmy semble, de toutes celles qu’ait livrées la France, la plus invoquée et la plus célébrée. Comme l’a écrit le général Hublot, "quelles qu’aient pu être les premières manifestations de sentiment patriotique chez les combattants des Champs Catalauniques, de Poitiers, Bouvines, Orléans, Denain ... c’est à Valmy, il y a près de deux cents ans, que pour la première fois des soldats français ont arrêté l’envahisseur au cri de "vive la nation !48 ".

Mais Valmy n’est-elle pas, plus particulièrement, la bataille symbole de la gauche républicaine ? Jaurès y voyait le triomphe des conceptions qu’il prônait dans L’Armée nouvelle 49. Pour Clemenceau, la victoire avait eu quelque chose d’anormal et de surprenant, qui n’était pas d’ordre matériel mais spirituel50. En 1989, Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, verra dans Valmy un quadruple symbole : symbole de la dissuasion, symbole de la volonté des Français de prendre en mains leur défense, symbole de ce que la force armée doit protéger sans fléchir le droit des peuples et son incarnation dans la République, symbole enfin des promesses que peut offrir à tout moment le rassemblement des Français51.

La France aurait-elle célébré Valmy en 1989 si son président et son gouvernement n’avaient pas été socialistes ? Le général de Gaulle, lorsqu’il évoquait les batailles de la Révolution, citait plus souvent Jemmapes et Wattignies. Valmy apparaît plus timidement dans ses écrits52. Mais Jemmapes est en Belgique, comme Fleurus, et Wattignies est moins connue. Valmy est davantage un symbole. Ce fut la première rencontre, sinon la première bataille, des guerres de la Révolution. Et elle a, plus que les autres, une connotation défensive. Comme l’a dit le général Maurice Schmitt, Valmy demeure "le victorieux symbole de la volonté nationale française de défendre ses valeurs et la patrie" 53. Surtout, Valmy symbolise la stratégie de dissuasion de l’âge nucléaire : "L’épisode militaire du 20 septembre 1792 paraît mineur à ses contemporains et à beaucoup de leurs successeurs peu enclins à admettre que dans la bataille la mêlée ne suit pas nécessairement la canonnade. L’important est que l’acte tactique s’insère dans une bonne stratégie qui lui donne une portée sans rapport avec son poids apparent et que le geste militaire s’associe à une négociation active. Dès lors l’agresseur renonce à une entreprise dont le succès lui apparaît moins probable et le coût plus élevé que dans ses prévisions ; c’est le langage moderne de la dissuasion" 54.

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La stratégie de dissuasion : une rupture étudiée

L’indépendance, le rang et le leadership européen de la France sont assurés par une stratégie militaire de dissuasion dont la spécificité est bien connue : postulat du pouvoir égalisateur de l’atome, dissuasion du faible au fort, objectifs essentiellement anticités, suffisance et proportionnalité à l’enjeu, stratégie de dissuasion totale et globale, fondée sur la volonté du décideur et le consensus national55. La possession par la France d’un armement atomique est la première traduction, sur le plan de la stratégie militaire, de sa stratégie intégrale d’indépendance, d’universalisme et de maintien de son rang. L’instrument nucléaire de la France est pour elle une garantie suprême, "objective" au sens où il ne dépend pas de l’évolution des menaces adverses. La spécificité de la dissuasion française est que ses formes peuvent être adaptées, mais que le concept lui-même demeure, non comme menace, mais comme signe du prix que la France attache à elle-même56. Sans l’arme nucléaire, il n’y aurait peut-être plus de stratégie française indépendante. Le défi d’une force nucléaire nationale a rendu possible un ressaisissement de la pensée stratégique française après la défaite de 1940 et les amers retraits d’Indochine et d’Algérie.

L’originalité culturelle de la position française perce à travers une comparaison faite par le général de Gaulle entre la stratégie de dissuasion nucléaire et celle des frontières fortifiées de Vauban57. Ces dernières, modernisées au fur et à mesure, ont continué à protéger la France quand Vauban eut disparu : ainsi en est-il, peut-on dire, de la force nucléaire depuis la mort du Général. La doctrine française de la dissuasion est "essentiellement défensive", même si les armes de cette dissuasion peuvent être qualifiées en elles-mêmes d’offensives58. Si le Parti socialiste français a fini par accepter la stratégie militaire de dissuasion du général de Gaulle, c’est peut-être parce qu’il s’est rendu compte de sa parfaite adéquation avec la culture stratégique française. Le penseur militaire "historique" de la gauche, Jaurès, estimait qu’un concept stratégique, pour être en accord avec l’idée démocratique, ne pouvait être que défensif et dissuasif 59.

Pourtant, deux des principaux penseurs français de la dissuasion, les généraux Ailleret et Gallois, ont fortement souligné la rupture entre les stratégies de l’ère nucléaire et celles de l’âge classique60 : "Il n’y a plus de place pour la stratégie des opérations, a écrit Pierre-M. Gallois. Seuls comptent l’état des arsenaux et la stratégie des moyens" 61. La crédibilité de la dissuasion française obligeait d’une certaine manière à souligner cette rupture, mais il y avait aussi, pour un pays au passé militaire aussi prestigieux, un paradoxe. Lucien Poirier le tempéra en écrivant que, par rapport à la recherche stratégique américaine, "l’héritage de la pensée militaire française et européenne donnait, à nos analystes, l’avantage de relativiser ce phénomène de rupture" 62. Lucien Poirier lui-même étudia deux témoins de ruptures, Guibert et Jomini63. Nous en reparlerons. La réflexion sur la stratégie nucléaire des généraux Gallois, Beaufre et Poirier est typiquement française et il est possible de la situer dans une longue tradition de pensée militaire.

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Une réflexion stratégique intégrale, rationnelle et capable d’abstraction

En contraste avec le travail foisonnant, touffu, mais souvent étroitement technique des Américains, la réflexion des stratégistes français de l’âge nucléaire se caractérise par ses vues larges et cohérentes. Ces stratégistes sont essentiellement des militaires, avec une exception de taille : Raymond Aron. Là aussi, il y a contraste avec les Etats-Unis où la pensée stratégique est dominée depuis 1945 par des civils. Certains travaux d’officiers méritent la considération, comme ceux du général Coats ou de l’amiral Eccles, mais ils n’ont pas été en prise directe avec les décisions stratégiques. Les ouvrages d’Henry Kissinger, de Thomas Schelling ou d’Herman Kahn ont eu plus d’impact sur celles-ci. En France, les études des généraux Ailleret, Gallois, Beaufre et Poirier reflètent dans une très large mesure les choix stratégiques.

Le général Beaufre a tenu à distinguer sa réflexion sur la stratégie de celle des Américains où, "sous le signe tout nominal de Clausewitz, on se lance à corps perdu dans la solution d’une cascade de problèmes techniques d’inspiration tactique" 64. Comme l’a reconnu un critique américain, André Beaufre a suivi une tradition plus classique et a conçu la stratégie comme "essentiellement synthétique" 65. Sa contribution principale réside dans sa "conception large et souple de la stratégie" 66. Pour lui, "le raisonnement stratégique doit combiner les données psychologiques et les données matérielles par une démarche d’esprit abstraite et rationnelle" 67. Au centre de son Introduction à la stratégie, il y a un appel à une définition plus globale du champ de la stratégie contemporaine. Certains Américains, tel Bernard Brodie, ont reproché à A. Beaufre une méthodologie indûment abstraite et déductive, insuffisamment appuyée sur des données concrètes et accessibles68. Il n’empêche que les trois ouvrages principaux du général Beaufre, Introduction à la stratégie, Dissuasion et stratégie et Stratégie de l’action ont tous été traduits aux Etats-Unis, ce qui semble indiquer qu’ils comblaient un vide. A propos du troisième, la bibliographie commentée de Foreign Affairs soulignait que "le style succinct et confidentiel de l’auteur avait un impact clarifiant en regard des traités pesants et verbeux qui émanaient trop souvent des auteurs américains" 69.

Le général Poirier, par son oeuvre de stratégie théorique, a été le brillant continuateur du général Beaufre. Il remplaça le concept de stratégie totale par celui de stratégie intégrale, plus opératoire car dépassant l’état de guerre. La stratégie intégrale "correspond à l’exécution de la politique dans l’intégralité de son champ, intérieur et extérieur, et pour toutes les nuances du spectre de la dialectique conflictuelle" 70. Après le "magistral corpus de concepts, principes, lois, règles, etc." laissé par le général Beaufre, l’oeuvre de Lucien Poirier approfondit la réflexion en s’interrogeant sur la validité et l’efficacité de l’outillage intellectuel utilisé par le stratège71. Dans la volonté de Lucien Poirier de comprendre comment "cela fonctionne" dans le cerveau du stratège, acteur ou théoricien, on peut voir une quête inlassable du rationnel, appuyée sur une vaste culture philosophique et historique. Certains titres sont significatifs : "Conquête de la rationalité", "Espaces de rationalité ou de moindre incertitude"72. Les Essais de stratégie théorique, Stratégie théorique II et Les voix de la stratégie sont des oeuvres typiquement françaises par leur recherche de la rationalité, leur cartésianisme et leur maniement du discours abstrait. Pour L. Poirier, "l’armement nucléaire et la peur raisonnée ont réintroduit la raison dans la politique et la stratégie" 73.

André Beaufre et Lucien Poirier ne sont-ils pas les héritiers de l’"école française" du XVIIIe siècle ? Puységur, Folard, Maurice de Saxe, Turpin de Crissé, Bourcet, Le Roy de Bosroger, Grimoard, Joly de Maizeroy, Guibert étaient, selon l’expression de Lucien Poirier, "malades de la rationalité" 74. L’école allemande, avec Berenhorst, Scharnhorst, Lossau, Ruhle von Lilienstern, Clausewitz, réagit contre la rationalisme français et affirma que le domaine de la guerre débordait celui de la raison75. La pensée militaire allemande a, depuis, été largement étudiée au sein de l’armée française : André Beaufre et Lucien Poirier ont appris la langue de Goethe pour lire Vom Kriege dans le texte. Mais le génie français est bien celui du rationnel et les prédécesseurs ne sont pas désavoués.

Guibert en particulier a été l’objet de multiples études, preuve qu’il occupe toujours une place importante dans la culture stratégique française76. En critiquant le "projet à demi conçu" de Montesquieu dans l’Esprit des lois, Guibert laissait percer son cartésianisme et son obsession du rationnel. En même temps, "une postérité de constructeurs est annoncée par la volonté de création d’un homme qui, à vingt-cinq ans, prétend soumettre politique et stratégie à un même centre de vision, les intégrer dans un système de pensée ne se proposant pour objet rien de moins que la totalité socio-politique et celle des situations conflictuelles" 77. Si Guibert trouve encore une résonance en France, c’est parce qu’il a dégagé les lignes essentielles des réformes à entreprendre pour que la nation soit maîtresse de son avenir : défi sans cesse renouvelé et au coeur de la stratégie française à l’âge nucléaire. Autrement dit, sa réflexion, prophétique pour l’époque, a encore valeur d’exemple aujourd’hui78.

A côté de Guibert, L. Poirier a beaucoup étudié Jomini et, ici encore, ce n’est sans doute pas un hasard. Jomini, bien que suisse, se rattache à la culture stratégique française. Le souvenir de Descartes s’impose aussi chez Jomini : son Précis de l’art de la guerre débute par un discours sur son itinéraire personnel, véritable "discours de la méthode" où Jomini entend faire la preuve "– la preuve par l’évidence de l’expérience – de l’existence d’un savoir vrai, à la portée de l’entendement dès lors qu’on applique celui-ci à un objet bien défini dans la totalité du réel" 79. Jomini découpe et borne, "dans la totalité du concret, un espace de pertinence et de cohérence de la théorie". "Opération d’esprit cartésien, précise L. Poirier : elle suppose une unité invisible sous la multiplicité visible" 80. Jomini a cru "en la possibilité de réintroduire un peu de raison dans le déraisonnable guerrier ; de borner l’espace de l’irrationnel et de préserver un espace où la pensée politique et stratégique, volontariste, pût construire quelque chose de solide ; de trianguler une île d’ordre et d’intelligibilité dans l’océan du désordre et du non-sens" 81. Telle est aussi l’ambition des stratégistes français de la dissuasion nucléaire.

Napoléon fut, on le sait, le meilleur élève de Guibert et sa stratégie opérationnelle fut décryptée par Jomini. Le maréchal Foch opéra une synthèse de l’école stratégique française, basée sur Guibert, Napoléon et Jomini. Il concentra la stratégie en deux règles abstraites : l’économie des forces et la liberté d’action. Comme l’a dit A. Beaufre, celles-ci "par leur abstraction même peuvent s’appliquer à toutes les stratégies" 82.

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Tentation du dogmatisme et “doctrine du réel”

Au cours du XIXe siècle, la tradition rationaliste française s’était prolongée à travers l’influence de Jomini et de ses "principes de la guerre". La défaite de 1870 amena à se poser des questions et provoqua un engouement, forcé, pour la pensée militaire allemande. Mais les Français gardaient leurs qualités et leurs défauts. Un maître comme le général Lewal "mettait tant d’ardeur à défendre l’étude et la logique qu’il ne pouvait accorder la moindre attention à ce qui lui paraissait irrationnel"  83. Le rationalisme d’un Ardant du Picq se traduisait par une lucidité sans illusion, annonçant parfois celle d’un Pierre-M. Gallois.

Le général de Gaulle, dans Le fil de l’épée, a souligné les faiblesses d’une pensée militaire trop teintée de rationalisme : "Il semble que l’esprit militaire français répugne à reconnaître à l’action de guerre le caractère essentiellement empirique qu’elle doit revêtir. Il s’efforce sans cesse de construire une doctrine qui lui permette, a priori, d’orienter l’action et d’en concevoir la forme, sans tenir compte des circonstances qui devraient en être la base. (...) Sans doute, l’esprit français y est-il plus particulièrement porté par son goût prononcé de l’abstraction et du système, son culte de l’absolu et du catégorique qui lui assurent de clairs avantages dans l’ordre de la spéculation, mais l’exposent à l’erreur dans l’ordre de l’action" 84. Après 1870, l’étude des succès prussiens et la volonté de revenir à Napoléon persuadèrent toute une génération militaire que l’offensive avait une valeur transcendante : "Engagée dans cette voie, la pensée militaire allait marcher d’abstraction en abstraction. Elle avait quitté le terrain de la réalité guerrière, elle allait transformer en doctrine une métaphysique absolue de l’action" 85. Charles de Gaulle a sans doute mis le doigt sur une défaut propre à la culture stratégique française lorsqu’il a exprimé ce souhait : "Puisse la pensée militaire française résister à l’attrait séculaire de l’a priori, de l’absolu et du dogmatisme" 86 ! La culture stratégique française peut heureusement trouver en elle-même l’antidote : ce que le général de Gaulle appelle la "doctrine du réel".

Avant 1914, le colonel Pétain avait souligné le danger d’arrêter a priori la forme de toute action de guerre87. Sa conduite dans la Grande Guerre correspondra à sa désapprobation des conceptions absolues. Pour de Gaulle, il y a là une autre tradition, beaucoup plus saine, de la pensée militaire française. Il souligne le refus du dogmatisme chez le maréchal de Saxe, chez Napoléon, Marmont, Bugeaud, Foch88. Ce dernier, qui fut un si grand modèle pour de Gaulle, a bien synthétisé une certaine culture stratégique française. Depuis qu’Edward Luttwak a souligné le caractère paradoxal de toute bonne stratégie, il est peut-être plus aisé de comprendre le "paradoxe fochien" : "un mélange de généralisations métaphysiques abstraites, presque abstruses, avec un bon sens réduit à son principe le plus élémentaire, et une indépendance par rapport aux solutions toutes faites" 89. Un juste équilibre, bien français dirons-nous, de rationalisme et d’empirisme.

La stratégie de dissuasion nucléaire d’aujourd’hui subirait-elle l"’attrait séculaire" du dogmatisme ? Ce n’est pas l’impression que donnent les traités d’André Beaufre et de Lucien Poirier. Pour le premier, "la stratégie ne doit pas être une doctrine unique, mais une méthode de pensée permettant de classer et de hiérarchiser les événements, puis de choisir les procédés les plus efficaces" 90. Le second a rappelé que si les "fondements théoriques et doctrinaux étaient nécessaires pour préparer les armées à leurs futures missions et pour guider l’action, au moins dans sa phase initiale, la guerre réelle démentait fréquemment les règles de conduite stratégique établies dans l’incertitude sur les données contingentes du conflit et sur les futures initiatives ou réactions adverses" 91. Peut-être la pensée de Pierre-M. Gallois, plus catégorique et plus jusqu’au-boutiste dans sa logique, encourrait-elle plus facilement ce reproche. A l’occasion de la guerre du Golfe, d’aucuns ont crié que la doctrine militaire française s’est "figée autour de la dissuasion nucléaire à laquelle elle a tout sacrifié" 92. Nous ne ferons que poser la question. En tout cas, un Valéry Giscard d’Estaing s’en souciait déjà en 1979 :

C’est mon idée fondamentale : il ne faut jamais, pour assurer la sécurité d’un pays, se fonder sur un seul raisonnement, parce que l’histoire est plus imaginative et plus fertile qu’on ne le pense. Quand nous regardons notre histoire militaire des soixante-dix dernières années, nous voyons que les raisonnements qui étaient à la base de nos systèmes de défense ont toujours été contournés (...) Il faut être capable de faire face à la diversité des situations de défense. Donc, priorité à l’arme de dissuasion et, en même temps, équipement de nos forces terrestres, maritimes et aériennes pour être capables de faire face à la diversité des situations de défense  93.

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La stratégie des moyens, espace de rationalité

La stratégie des moyens, depuis la présidence du général de Gaulle et la part considérable prise par le nucléaire, occupe aujourd’hui une place de premier plan dans la culture stratégique française. Le Général attachait une si grande importance aux programmes nucléaires qu’il acceptait les difficultés qu’ils causaient à sa politique étrangère94. Le général Gallois a bien souligné l’importance accrue, jusqu’à devenir primordiale selon lui, de la stratégie des moyens95. C’est en se dotant, seule, de l’arme atomique que la France a pu à nouveau prétendre à l’indépendance96.

Il y a une tradition française de la stratégie des moyens : celle des "ingénieurs du Roy" et des "armes savantes". De la guerre d’Indépendance à la guerre de Sécession, les Américains admiraient d’abord dans le système militaire français les écoles du génie, de l’artillerie et des fortifications. Ils bâtirent West Point sur le modèle français en y formant avant tout des ingénieurs97. La connaissance du français y était alors considérée comme indispensable pour la lecture des plus importants ouvrages scientifiques. Les diplômés de West Point découvraient ainsi les oeuvres de Bardet de Villeneuve, Bélidor, Carnot, Cormontaigne, Tronson du Coudray, Gay de Vernon, La Martillière, Montalembert, Vauban98.

La stratégie des moyens assure des "espaces de rationalité ou de moindre incertitude" : le savoir scientifique et technologique recherche des capacités accrues d’effets physiques, mesurables et vérifiables expérimentalement, donc prédictibles – toutes choses étant égales par ailleurs99. Bien que se fondant sur une dialectique des incertitudes, la dissuasion nucléaire dispose de scénarios mieux "probabilisables" que ceux de la défense classique100. Pierre-M. Gallois a souligné que les forces de la représaille devaient "être créditées d’une mise en oeuvre quasi automatique". "Il faut que l’adversaire sache qu’à partir du moment où certaines hypothèses se trouvent vérifiées, certains indices fournis et certains critères atteints, la puissance ainsi menacée met en branle, automatiquement, la machinerie de ses représailles" 101. L’effort consenti par la France pour se doter de ses propres moyens nucléaires n’est pas sans incidence sur son attitude face au désarmement.

Source:

http://www.stratisc.org/strat_053_Colson.html

Opération Darguet:

http://www.air-defense.net/Forum_AD/index.php?topic=9340.0

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Le front d’Orient en juin 1918

Le général FRANCHET d’ESPEREY, nommé commandant en chef des armées alliées d’Orient, débarque à Salonique au milieu de juin 1918. Il trouve, terrées dans des tranchées, sur un front de 350 kilomètres, depuis le golfe d’Orfano jusqu’aux montagnes d’Alnanie, 28 divisions, dont 8 françaises, 4 britanniques, 6 serbes, 9 hélléniques et 1 italiennes. C’est un effectif de plus de 500.000 rationnaires dont environ 350.000 combattants.

Ces masses, réparties entre cinq groupements bigarrés, sont déployées devant la chaine des Balkans. De l’ouest à l’est, ce sont : l’armée française d’Orient, du général HENRYS, avec laquelle combat la division italienne ; les deux armées serbes, commandées par le prince régent Alexandre de Serbie ; le groupement franco-héllénique, du général d’ANSELME ; l’armée anglo-héllénique du général MILNE, l’armée héllénique, du général d’ANGLIS. Devant tenant les montagnes, il y a toute l’armée Bulgare : environ 400.000 combattants, appuyée par des éléments allemands. Le général von SCHOLTZ , dont le quartier général est à Uskub, commande ces forces , réparties entre trois armées : les Ière et IIème armées bulgares et la XIème armée allemande, du général von STEUBEN.

En Albanie, une armée italienne est opposée à une armée autrichienne, mais cette armée n’est pas sous le commandement du général FRANCHET d’ESPEREY.

Théâtre d’opérations des plus difficiles, montagneux, sans ressources et,  par endroits, sans routes. La barrière gigantesque des Balkans offre quelques facilités de passage à l’ouest, dans la région de Monastir, et à l’est, dans celle du Vardar et du lac Doiran, mais au centre la région de la Moglena est à peu près impraticable avec ses chaos de rochers , ses précipices et ses pics de plus de 2000 mètres ; le Dobropolié, le Sokol, le Vetrenik, le Kravitza, le Koniak… Donc, respectant cette zone inhospitalière, où toute avance nécessiterait des efforts surhumains, on s’est toujours battu à l’ouest, devant Monastir et dans la boucle du Cerna ; à l’est, sur le Vardar et près du lac Doiran. Mais maintenant, en ces points aussi, toute avance est impossible, car les deux adversaires y ont multiplié tranchées et réseaux de fils de fer ; C’est une véritable guerre de siège qu’il faudrait y mener…

Et rien n’avance, faute de moyens suffisants. Rien n’avance, non  plus, parce que les gouvernements alliés ne sont pas convaincus de la possibilité d’obtenir un résultat militaire en Orient.

Paris est chiche de renforts, car ceux-ci affaiblissent d’autant nos réserves, indispensables sur le front de France, vital pour nous… Rome ne voit pas bien l’intérêt qu’a l’Italie à une victoire alliée en Macédoine… Londres est dans les<mêmes sentiments et regrette que pour renforcer le théâtre secondaire de Salonique on affaiblisse les fronts importants d’Egypte et de Mésopotamie.

Bref, on regrette les hommes, les canons, les approvisionnements envoyés en Orient et on mesure les renforts au compte-gouttes. Un parti, influent en Angleterre, incline même au rappel pur et simple des forces britanniques, qui viennent d’ailleurs d’être affaiblies de 12 bataillons.

De toutes ces circonstances défavorables, le général FRANCHET d’ESPEREY ne s’émeut pas. Doué d’un moral indéfectible et d’un dynamisme merveilleux, il ne doute de rien. Il est venu ici avec la volonté de frapper un coup décisif, et² ce coup, il le frappera.

Le moral est très élevé dans toutes les armées, une magnifique émulation existe entre nos alliés balkaniques. Parce que les Hellènes viennent de remporter la belle victoire du Skra di Legen, les Serbes veulent leur victoire, eux aussi, et²proposent d’attaquer dans le secteur des hautes montagnes de la Moglena !…

 

Un plan d’une audace incroyable

 

L’affaire a séduit tout de suite le tempérament ardent et audacieux du général FRANCHET d’ESPEREY, et son plan est vite conçu.

Du premier coup d’œil jeté sur la carte, il a discerné le cœur de l’organisation ennemie, où il faut frapper : c’est Gradsko, où se joignent les vallées du Vardar et de la Cerna, point de liaison entre la XIème armée bulgaro-allemande et la Ière armée bulgare. Là, bien à l’abri derrière le formidable massif , considéré comme inviolable, de la Mogléna, la voie ferrée dépose avec d’énormes stocks de vivres et de munitions, les renforts qui sont répartis entre tous les secteurs de combat. Arriver d’un élan à Gradsko, c’est donc à la fois anémier et affamer les premières lignes ennemies ; séparer la Ière armée bulgare de la XIème armée allemande et rejeter celle-ci vers l’ouest, la coupant de la Bulgarie d’où lui viennent  ses ressources, l’acculant aux montagnes d’Albanie, où elle sera réduite à capituler.

Par où passer ? Certes pas par la vallée du Cerna, où tant des nôtres sont déjà tombés !... Bien plutôt à travers le désert rocailleux et les pics abruptes de la Moglena : le Sokol, le Dobropolié, le Koziac et autres géants… Pour escalader ces murailles, les sections d’avant-garde seront munies d’échelles ; on délogera l’ennemi des nids d’aigle où il a installé ses mitrailleuses, où il se croit inabordable et où, par conséquent, il se garde mal… Des français passeront où jamais armée ne passa au cours des siècles.

Les Serbes tiennent ce secteur depuis plus d’un an ils sollicitent  l’autorisation de monter à l’assaut de ces montagnes qui les séparent de leur patrie… des pauvres foyers où les attendent, dans la misère et dans l’angoisse, leur femmes et leurs enfants. Pressentis des intentions du général en chef, ils se montrent enthousiastes.

Seulement deux divisions françaises : la 17ème division coloniale, du général PRUNEAU, et la 122ème du général TOPART, renforceront les 6 divisions serbes, et ce sont elles qui, mieux instruites pour ce genre d’affaires, donneront l’assaut, bousculeront les premières lignes adverses encastrées dans le roc, sur la cimes des montagnes, et ouvriront la voie à leurs camarades serbes. Ceux-ci, montagnards intrépides, d’une endurance incomparable, passeront par la brèche et , à travers pics et précipices, poursuivront l’ennemi ébranlé jusqu’à Gradsko, jusqu’au Danube, à travers la Serbie désormais délivrée…

-        Les divisions françaises seront-elles sous les ordres du commandement serbe ?  a demandé le voïvode MICHITCH, chef d’état-major général de l’armée serbe.

-        - Oui a répondu, sans hésiter, le général FRANCHET d’ESPEREY.

Et alors, le prince régent Alexandre nature ardente, s’est levé, comme mû par un ressort, et lui a serré vigoureusement la main.

L’accord est fait et le plan général de l’opération peut être arrêté.

Il va comprendre :

1° L’attaque principale franco-serbe sur le redoutable massif de la Moglena, en direction de Gradsko, pour séparer  la XIème armée allemande et la Ière armée bulgare ;

2° Une attaque anglo-hellénique sur le front Vardar-Doiran ;

3° Une attaque française de Monastir sur Prilep, Vélès et Uskub, pour rejeter vers l’Albanie la la XIème armée allemande isolée

4° Après quoi, poursuite acharnée de l’ennemi disloqué : vers Serrès, vers Sofia, vers le Danube, puis à travers la Hongrie et l’Autriche, jusqu’en Allemagne... jusqu’à la victoire complète.

 

Les préparatifs et la bataille pour le plan

 

Mais un plan n’est pas tout, même assuré de l’enthousiasme des exécutants ; il faut en préparer matériellement l’exécution ; il faut aussi obtenir du gouvernement l’autorisation d’attaquer.

La préparation matérielle consiste : à construire des routes d’accès tout le long du front, pour que l’ennemi se croie toujours menacé vers Monastir et sur le Vardar ; à amener des centaines de batteries avec les munitions nécessaires à pied d’œuvre ; à hisser des pièces pesant plusieurs tonnes, avec leur chargement d’obus, à des hauteurs invraisemblables ; sur le Floka, par exemple, à 2300 mètres d’altitude ; à dresser des cartes – car aucune bonne carte n’existe

- de ces régions montagneuses… sans parler du formidable travail d’état-major et des reconnaissances nécessaires…

Tout cela demandera sans doute deux mois d’énergiques efforts et l’emploi de 180.000 hommes. Le travail commencera donc dès le Ier juillet, avant toute autorisation du gouvernement, car il ne faut pas perdre de vue que la guerre n’est pas possible après le 15 septembre en Macédoine où les pluies changent les routes en torrents et la plaine une mer de boue.

Obtenir du gouvernement l’autorisation d’attaquer sera encore plus difficile que de mener à bien l’œuvre gigantesque de la préparation. Car ni à Londres ni à Rome ni à paris on ne se rend un compte exact des nécessités de l’heure en orient. On tergiverse, bien que le général GUILLAUMAT, l’ancien commandant en chef des armées d’Orient, qui est devenu gouverneur de Paris et à qui le général FRANCHET d’ESPEREY a communiqué son plan d’attaque, soit devenu le conseiller de M. CLEMENCEAU pour ces questions et s’efforce de faire comprendre  à tous la nécessité d’une action vigoureuse et immédiate.

Donc, le 5 septembre, dix jours avant l’heure où toute opération sera impossible en Macédoine, alors que les travaux sont à peu  près terminés, les gouvernements n’ont encore pris aucune décision. Il n’est pas possible d’attendre plus longtemps sans renoncer à l’offensive préparée. Le commandant en chef  adresse au président du Conseil un télégramme très net qui met le gouvernement en présence de ses responsabilités. Il le termine en déclarant qu’à moins d’un ordre contraire l’attaque sera déclenchée le 15 septembre au matin.

Le 7 septembre , le général GUILLAUMAT part pour Londres, d’où il ira à Rome expliquer à nos alliés la nécessité d’une action rapide et décisive en Orient. Tâche ardue… Ce ne sera que le 10 septembre que, l’accord enfin réalisé, le général FRANCHET d’ESPEREY recevra l’autorisation de commencer les opérations.

La rupture du front germano-bulgare

 

Donc, le 14 septembre, à 8 heures du matin, depuis le lac Doiran jusqu’à Monastir, sur près de 300 kilomètres, 1500 canons de tous calibres lancent des tonnes d’explosifs sur les tranchées germano-bulgares, laissant l’ennemi dans le doute absolu sur le point de l’immense front où allait être frappé le coup de massue. Cette avalanche de fer durera vingt-deux heures !...

Et le 15 septembre, jour J, à 5 h. 30 du matin, dans le petit jour gris et brumeux, la IIe armée franco-serbe du voïvode STEPANOVITCH s’élançait à l’assaut des montagnes de la Moglena.

En première ligne, la 122e division française du général TOPART, et la 17e division coloniale du général PRUNEAU, escaladaient les géants de la chaîne : <le Sokol haut de 1825 mètres ; le Dobropolié, haut de 1875 mètres ; les rochers du Kravitza, à 1750 mètres. Le 148e, le 84e régiment d’infanterie, les 1er, 3e et 54e régiments coloniaux et les 93e et 96e bataillons de tirailleurs sénégalais, avec un élan irrésistible, bondissent à travers les précipices, les à-pics ou les bois fauchés par les obus et, au moyen d’échelles, escaladent les nids d’aigle où les Bulgares hébétés par le bombardement, ne peuvent que vendre leur vie le plus chèrement possible ; A 8 heures, le plateau de Kravitza est enlevé ; à 16 heures, c’est le Dobropolié ; puis le Sokol, formidablement organisé, ne tombera qu’à 22 heures, à la nuit noire. A midi, la division serbe Choumadia qui couvrait la droite des divisions françaises a enlevé le Vetrenik, massif escarpé de 1740 mètres.

L’impossible était réalisé ; la trouée était faite. Les divisions de deuxième ligne de la IIe armée serbe :< les divisions « Timok » et « Yougo-Slave », dépassent les divisions françaises d’assaut et se précipitent en avant.

Pour ceux qui ont vécu ces heures, ce fut là le moment le plus émouvant de toute la campagne ; les serbes, religieusement, saluaient nos morts et nos blessés et, au passage saisissaient les mains de nos soldats ou se jetaient avec effusion au cou de ces camarades étrangers qui venaient au prix de leur sang, d’abattre l’obstacle formidable qui leur avait interdit pendant si longtemps l’accès à leur patrie…

Puis, hardiment, ces souples et robustes montagnards, poussant devant eux les Bulgares démoralisés, se hâtent vers le Koziak et le Kouchta Kamene, autres géants de 1800 mètres, qui forment les piliers nord du massif de la Moglena et où l’adversaire semble vouloir se ressaisir. Il fallut deux jours pour chasser de là les Bulgaro-Allemands, qui y avaient envoyé en toute hâte des renforts. Le 17, les Serbes en été maîtres.

A la droite des armées serbes, le groupement franco-hellénique du général d’ANSELME a élargi la brêche, en enlevant les tranchées qui étaient devant lui. A leur gauche, la 11e division du général FARRET, et la 3e division Hellénique Tricoupis ont percé vers la Cerna et menacent Prilep.

Ainsi, le 17 septembre, le front ennemi est disloqué dans toute cette région de la Moglena considérée jusqu’ici comme inviolable. 4.000 prisonniers, une centaine de canons de tous calibres et un matériel immense sont la proie des vainqueurs, mais surtout l’obstacle de la montagne infranchissable est surmonté et,  devant les vallées plus largement ouvertes, les perspectives de victoires deviennent illimitées.

 

Nos cavaliers à USKUB – Capitulation de la XIe armée et armistice Bulgare

 

Le général FRANCHET d’ESPEREY n’était pas homme à les laisser échapper. Le 21 septembre, la division serbe « Yougo-Slave » est à Negotin, à 50 kilomètres du Dobropolié, et, le 23, à Gradsko, dont elle s’empare avec l’aide de la 17e division coloniale française. Il y a là d’immenses approvisionnements entreposés à la gare : canons, fourgons, trains, magasins regorgeant de vivres, de charbon et de munitions, mitrailleuses, avions… Du même coup, la XIe armée bulgaro-allemande, que le haut commandement adverse avait cru pouvoir maintenir devant Monastir, est coupée de la 1ère armée bulgare, attardée elle aussi, dans la région de Doiran, devant l’armée anglo-hellénique. 

De sorte que la XIe armée bulgaro-allemande est réduite à se retirer par l’étroit défilé de Kicevo à  Kalkandélen, d’où elle compte essayer de gagner la Bulgarie par Uskub, si on lui en laisse le temps. Et la Ière armée bulgare, coupée du Vadar par le groupe d’ANSELME, qui a enlevé d’assaut le massif abrupt de la Dzena, doit se replier au plus vite vers Sofia par le défilé de Stroumitza.

De l’est à l’ouest, la débâcle germano-bulgare est complète et générale ; le 25 septembre, nos avions signalent de longues colonnes ennemies se hâtant, en grand désordre, de remonter par la route de Kicevo à Kalkandélen et à Uskub.

Tout de suite, tandis que l’armée française du général HENRYS poursuit cette armée désemparée à travers le massif de Babouna, sa cavalerie, conduite par le général JOUINOT GAMBETTA, et comprenant les 1er et 4ème régiments de chasseurs d’Afrique  et le régiment de marche de spahis marocains, marche droit sur Uskub, par les montagnes du Golesnitsa Pkanina, chaos de rochers et de précipices, où quelque cheval roule à chaque instant.

Le 29 septembre, après cinq jours de périlleux et épuisants efforts, nos cavaliers, refoulant l’ennemi, débouchent devant Uskub. Sans artillerie,, avec l’appui de quelques mitrailleuses, ils donnent l’assaut, carabine au poing, et enlève la ville aux germano-bulgares stupéfaits. L’infanterie du général TRANIE accourt et la porte du défilé de Kalkadélen se ferme. Le sort de la XIe armée germano-bulgare, talonnée par l’armée du général HENRYS, entassée dans des gorges sans issues, est réglé. 90.000 hommes, dont 1600 officiers et 5 généraux, capitulent, livrant aux vainqueurs 800 canons, des milliers de mitrailleuses et tout leur matériel ; les cavaliers de MURAT n’avaient pas mieux fait après Iéna.

Le jour même, à Salonique, le gouvernement bulgare signait un armistice entre les mains du général FRANCHET d’ESPEREY ; Toute l’armée bulgare devait être désarmée ; le territoire et les ressources bulgare devaient être mis à la disposition des français.

 

Libération de la Serbie – Armistice turc et armistice autrichien

 

La Bulgarie abattue, le général FRANCHET d’ESPEREY  va immédiatement s’attacher :

1° A libérer la Serbie ;

2° A ouvrir les détroits des dardanelles et du Bosphore, pour rétablir les communications avec la Russie ;

3° A prendre l’Autriche à revers ;

4° A libérer la Roumanie ;

1° La libération de la serbie, c’est l’armée serbe et l’armée française d’Orient, du général HENRYS, qui la réalisent. Après de sérieux combats, livrés à 5 divisions austro-allemandes, Nich, Mitrovitsa et Prichtina sont enlevés et le 1er novembre l’armée serbe BOÏOVITCH faisait une entrée triomphale à Belgrade.

2° Pour opérer contre la Turquie, le général FRANCHET d’ESPEREY a donné au général MILNE 3 divisions britaniques, la 122e division française, 3 divisions helléniques et 1 brigade italienne. La seule arrivée de ces forces sur la Maritsa détermine la Turquie, le 30 octobre, à signer entre les mains de l’amiral anglais CALTHORPE un armistice qui la détache de l’Allemagne et ouvre les détroits aux Alliés.

3° Pendant ce temps, l’Autriche était gravement menacée.

D’une part, l’armée serbe STEPANOVITCH avait atteint la frontière de la Bosnie-Herzégovine, et cette province se hâtait de proclamer son détachement de l’empire des Halsbourg ;

D’autre part, nos troupes libéraient le Monténégro et occupaient Seutari, Cattaro et Raguse.

Enfin l’armée française d’Orient du général HENRYS poussait jusqu’au Danube, que la 76e division et la 17e division coloniale française atteignaient à Vidin, à Lom Palanka et à Semendria et dont elles interdisaient la navigation.

Prise à revers par sa frontière méridionale et battue en Italie, l’Autriche envoie des plénipotentiaires eu général Diaz, signe un armistice le ‘ novembre et dépose les armes.

4° Tous les alliés de l’Allemagne étaient hors de cause. Les armées allemandes KOCH et von SCHOLTZ, cette dernière reconstituée et renforcée, restaient tenant le Danube depuis Belgrade jusqu’à la mer et maintenant la Roumanie sous le joug. Le maréchal von MACKENSEN les commandait.

Une nouvelle armée forte de 3 divisions, va être reconstituée dans la zone  Sistovo-Rouchtchouk, destinée à opérer en Roumanie, sous le commandement BERTRHELOT ; mais, en attendant que cette armée soit en mesure d’agir, le général FRANCHET d’ESPEREY se met en devoir de pousser les 30e et 76e divisions au nord du danube pour prendre Mackensen à revers et l’enfermer en roumanie ; le passage du fleuve est forcé à Giurgeva, à Sistovo et à Nikopoli le 9 novembre.

Ainsi menacé d’enveloppement, MACKENSEN se hâte de donner l’ordre de la retraite et les colonnes allemandes refluent à travers le territoire hongrois.

 

EPILOGUE

Source:

http://www.witzgilles.com/page_guerre_orien_1918.htm

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Voici le récit d'un régiment en Italie pendant la PGM:

Extrait de l'historique du 50ème Régiment d'Infanterie

Sur ces entrefaites (fin octobre) l’Italie subit un échec d’une telle gravité que le Conseil supérieur de guerre décide l’envoi à son secours d’un corps expéditionnaire franco-anglais. Le XII° C.A. est désigné pour en faire partie. Le 50° s’embarque à Dormans les 17 et 18 novembre, débarque à Vintimille, est transporté en auto de Vintimille à San Dalmazzo (deux étapes), s’embarque de nouveau à San Dalmazzo pour

aller débarquer dans la région de Vérone, à Sommacampagna. Voyage d’une durée moyenne de neuf jours, par un froid très vif. La D.I. n’est pas employée à arrêter l’offensive austro-allemande.

Le régiment passe les mois de décembre et de janvier dans les cantonnements des environs de Sommacampagna, le mois de février et la moitié de mars au nord de Vicence, partie à Isola di Malo et environs, partie àCartigliano (sur la Brenta). Le 18 mars, il est transporté en auto sur le plateau des Sept Communes où il prend un secteur sur le rebord sud du plateau d’Asiago, au sud-est d’Asiago, devant le Monte Sisemol et Stellar, occupés par les autrichiens. L’altitude moyenne est de 1200 mètres, le sol est couvert de neige, le froid est intense, il n’y a pas d’abris confortables, officiers et troupe sont logés dans des baraques ou cabanes de fortune qui les préservent à peine de la pluie et de la neige. Le secteur fait face au nord ; la première ligne descend en pente forte de Cima-Echar (de 1366 mètres à 1077 mètres) puis se maintient dans la partie basse du Plateau (débouché de la vallée de Turcio) en faisant un saillant assez prononcé pour englober le mamelon de Capitello-Pennar (1127 mètres). Une double route venant de l’arrière par la vallée de Turcio (naturellement très bombardée) ; mais le terrain est très boisé, il y a de nombreuses pistes. De Cima-Echar à l’est et du Monte-Sprunk à l’ouest on domine le plateau. Et précisement la première ligne autrichienne est installée au milieu du plateau même, à une distance moyenne de 2000 mètres de la ligne française ; de la crête du Sisemol à l’est elle va passer par Stellar et Zocchi. Des divers observatoires le mont Sisemol paraît un mouvement de terrain insignifiant, peu profonds les ravins qui précèdent Stellar et Zocchi au sud. Effet de distance df’abord, et puis il y a le fond de tableau qui est un mur énorme de 1600 à 1700 mètres d’altitude moyenne. Quand on est au pied du Sisemol, il paraît énorme et ses pentes sud très raides (en réalité il a environ 150 mètres de hauteur) ; même erreur pour les ravins de Zocchi et de Stellar.

La fin du mois de mars et le mois d’avril sont employés à l’adaptation des organisations aux méthodes françaises, à l’équipement du secteur en vue d’opérations ultérieures, à la défense contre les intempéries, à l’étude approfondie du terrain. Les hommes s’habituent vite à cette vie de montagne ; cependant ils souffrent du climat rigoureux et les travaux sont particulièrement pénibles. On redescend dans la plaine les 29 et 30 avril (la 23° D.I. a relevé la 24° D.I.) et, tout en se reposant, on prépare l’offensive prochaine. Cette offensive, les nouveaux de France la font désirer par tous comme un moyen d’aider, même de loin, notre cher pays à se défendre. Elle set prévue, semble-t-il, pour une date proche du 15 juin. Dés les premiers jours de pluie, le régiment remonte dans la montagne par étapes.

Dans la nuit du 11 au 12, le 1er bataillon (commandant Happe) s’installe en première ligne à l’ouest de Capitello-Pennar. C’est le commencement d’exécution du plan d’attaque ; les deux autres bataillons restés provisoirement en arrière, prendront le 15 leur emplacement de combat. L’ennemi donne à peine signe de vie, il ne riposte même pas aux tirs de destruction et de surprise que lui prodigue notre artillerie. Mais dans la nuit du 14 au 15, vers 2 h 45, il déclenche un bombardement terrible sur un front immense, par obus de tous calibres (depuis le 77 jusqu’au 420) et par obus toxiques ; les arrières, routes, camps rapprochées, sont violemment battus. Il s’agit évidemment d’une attaque de grand style à la manière allemande. Le 15 à 6 heures, l’infanterie autrichienne se porte à l’attaque ; les vagues d’assaut sont suivies d’unités en formation de manoeuvre ; c’est un immense mouvement en avant. Mais il est parfaitement vu de nos observatoires ; Aussitôt que les premières vagues arrivent à bonne portée, mitrailleuses et fusils mitrailleurs commencent leur sanglant fauchage, l’artillerie déclanche son tir de barrage. C’est une effroyable hécatombe ; quelques groupes essaient cependant d’avancer quand même vers nos lignes : ils ne réussissent qu’à se faire massacrer. Aucun autrichien ne peut arriver les armes à la main jusqu’à nos fils de fer. Et après, pendant des heures, on voit des groupes tourbillonner sur le plateau, courir dans tous les sens, refluer vers l’arrière, poursuivis implacablement par les tirs de notre artillerie qui suit leurs mouvements et par des tirs indirects de mitrailleuses. Devant le 50°, comme d’ailleurs devant tout le front français d’Italie, malgré les moyens très puissants qui ont été mis en oeuvre, l’attaque a lamentablement échoué. Le terrain reste jalonné par de très nombreux cadavres. Cependant le bombardement reste très violent toute la journée du 15 et la nuit du 15 au 16. Il y a des pertes non seulement au 1er bataillon qui est en première ligne mais aussi au 2° bataillon qui monte le 15 à midi s’installer en position de soutien. Le 1er bataillon a été cité à l’ordre du XII° C.A. pour sa belle résistance.

Cette attaque, qui, si elle n’a pu entamer la ligne française, a réussi sur d’autres points du front italien, oblige le commandement à abandonner provisoirement ses projets d’offensive. Le 1er bataillon est relevé le 19 juin, puis le 50° tout entier reprend son ancien secteur (du 21 au 23 juin) à la place du 78° R.I. Le calme est revenu, on travaille à réparer les dégâts causés par les bombardements. Le 24, nouveaux mouvements, en vue de l’exécution du plan d’attaque ; le 26, retour des bataillons à leurs emplacements. Alors le commandement français organise le harcèlement constant de l’ennemi par patrouilles, reconnaissances, forts coups de main. D’abord, une compagnie du bataillon de droite (11° compagnie, capitaine Mience) appuie, le 30, les contre-attaques italiennes sur le Monte di Val Bella, en couvrant leur flanc gauche. Dans la nuit du 2 au 3 juillet, la 5° compagnie (lieutenant Latournerie) exécute sans préparation d’artillerie une incursion sur le Sisemol. Elle tue bon nombre d’autrichiens et ramène cinq prisonniers, sans perte. Chaque nuit, de fortes patrouilles sortent, les unes avec mission de surveillance, les autres avec mission offensive.

Dans la nuit du 12 au 13 juillet, reconnaissance par la 3° compagnie (capitaine Menon) sur les pentes sud du Sisemol et l’ouvrage dit « de Bertigo » ; dans la nuit du 13 au 14, coup de main avec appui de l’artillerie sur le même ouvrage ; la compagnie ramène six prisonniers. Dans la nuit du 22 au 23 juillet, le 50°, relevé de la première ligne, prend la situation de réserve ; il fournit surtout des travailleurs ; mais en même temps, il prépare et exécute deux opérations :

a) dans la nuit du 24 au 25 juillet, coup de main par la 10° compagnie (capitaine Adrian) sur Stellar : 15 prisonniers

b) dans la nuit du 9 au 10 août, le 1er bataillon renforcé de la 6° compagnie, de deux sections du génie, d’une section de pionniers, sous le commandement du commandant Happe, exécute sur le Sisemol une incursion profonde. Pleinement réussie, cette opération donne les résultats suivants :

- Nombreux Autrichiens tués

- Abris détruits dans la zone d’incursion

- 1 canon de campagne détruit

- 247 prisonniers dont 5 officiers

- 5 mitrailleuses, 1 mortier de tranchée

Après deux semaines passées dans la plaine, par une chaleur très pénible, deux autres au flanc de la montagne (ligne intermédiaire) le régiment reprend les 25, 26 et 27 septembre son ancien secteur et son activité agressive :

- le 10 octobre, patrouille Pascarel (sous-lieutenant 9° compagnie) sans artillerie : 9 prisonniers, 2 mitrailleuses - le 12 octobre, une patrouille ramène 5 prisonniers rencontrés entre les lignes

- dans la nuit du 14 au 15 octobre, patrouille Berrurier (sous-lieutenant 10° compagnie) sans artillerie : 4 prisonniers, 1 mitrailleuse

- dans la nuit du 16 au 17 octobre, patrouille Morel (sous-lieutenant 2° compagnie) sans artillerie : 32 prisonniers, une mitrailleuse

- dans la nuit du 19 au 20 octobre, patrouille Touze (sous-lieutenant 1ère compagnie) : 4 prisonniers, 1 mitrailleuse

Enfin, pendant que le régiment est revenu en réserve, a lieu une opération plus importante ; la dernière. Le 31 octobre, le 2° bataillon, renforcé de la 9° compagnie et d’un groupe de pionniers, sous le commandement du chef de bataillon Rivet, reçoit la mission de pénétrer dans la position ennemie sur un front de 1500 mètres et une profondeur de 2000 mètres (Mont Sisemol, Mont Ferragh) ; si l’ennemi a commencé un repli, comme de nombreux signes permettent de le croire, de l’accrocher de façon que toute la D.I., immédiatement prévenue et prête, puisse intervenir et par une action énergique transformer le repli méthodique de l ‘ennemi en retraite précipitée et désordonnée. La mission est intégralement remplie. Déclenchée à 22 heures, l’attaque progresse d’abord sous le feu de l’artillerie ennemie qui bombarde le Sisemol et le Ferragh, mais sans rencontrer d’infanterie ; puis le détachement descend audacieusement dans le Val Frenzela, ravin de 200 mètres de profondeur, aux pentes à pic (la nuit est très noire), il trouve l’ennemi, l’attaque, lui prend 220 prisonniers, 12 canons, 3 mitrailleuse. Puis par suite de ses renseignements il est dépassé par les 108° et 126° qui marchent hardiment en avant, bousculent les arrières gardes ennemies, ouvrent une brèche importante dans le front autrichien qui s’écroule.

Le 3 novembre, le 50° commence un mouvement de la 24° D.I. vers le Trentin : une étape très pénible à travers la zone bouleversée des lignes conquises, un bivouac dans un village détruit, que les cuisines roulantes ne peuvent pas atteindre ; puis vers minuit, la nouvelle de l’armistice. Cette nouvelle est accueillie sans grand enthousiasme : pour nous, le sort de la guerre se décide sur le front français, et là, ce n’est pas fini. Oh ! notre France ! Comme nos coeurs ont souffert depuis le 21 mars en apprenant les succès des allemands, leurs avances inquiétantes, le danger couru par la Patrie ! que de fois chacun de nous s’est écrié : « Mais que faisons nous ici ? Pourquoi ne pas rentrer ? » Pourtant si nos chefs nous laissent en Italie, c’est bien que nous avons un rôle important à y jouer ! En dehors de l’appui moral que constituait, dès novembre 1917, pour l’armée Italienne la présence des troupes alliés, avec leur exemple constant de ténacité inébranlable, d’invincible espérance, d’esprit offensif et d’audace, nous pouvons certes, revendiquer une grande part dans l’affrontement final de l’armée autrichienne, enfoncée sur le Piave par la 23° D.I., sur l’Altipiano par la 24° D.I.

La 24° D.I. est citée au bulletin de guerre de l’Armée italienne, n° 127 du 5 novembre 1918. Le 50° R.I. est cité à l’ordre de l’Armée en ces termes : « Régiment au passé glorieux qui, depuis le début de la guerre, a montré la plus belle ardeur combative, en Régiment au passé glorieux qui, depuis le début de la guerre, a montré la plus belle ardeur combative, en Belgique (août 1914), à la bataille de la Marne (septembre 1914), en Artois (25 septembre 1915), puis sous le commandement du Lieutenant-Colonel Larrieu, dans les récents combats livrés dans la région d’Asiago, où il a rempli intégralement les missions confiées, notamment les 9 août, 31 octobre et 1er novembre 1918, faisant subir à l’ennemi des pertes sensibles et capturant plus de 500 prisonniers, des mitrailleuses et 13 canons. » (ordre du 20 novembre 1918).

Source:

http://www.anciensditalie.net/historique_50RI.html

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  • 1 month later...

aurais-tu un bon site pour ce qui est de la guerre du Kosovo ? ou encore de l'Afghanistan ?

Désolez je n'ai rien trouvé de mon coté... il faut dire que ces "guerre" sont plutot récente, donc difficile de trouver plus ceux la presse a dit.

Je crois pas qu'on peut parler de guerre pour le cas du Kosovo?

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La guerre franco-chinoise

et le blocus de Formose (1884-1885)

Pour retrouver les causes de la guerre franco-chinoise de 1884-1885 et de la mise en place du blocus du nord de l’île de Formose, il faut en fait remonter au 6 juin 1884. A cette date est signé le traité de Hué entre la République Française et le Royaume d’Annam , qui met un terme aux troubles que connait alors l’Indochine . Le protectorat français est désormais en vigueur  dans cette région.

Or, le 23 et le 24 juin 1884, des troupes chinoises pénètrent en Indochine et attaquent l’armée française à Bac-Lé, ce qui est considéré comme une violation du traité de Tianjin de juin 1858 (cette affaire est plus connue en France sous le nom de "guet-apens de Bac-Lé").

Suite à cet incident, le 12 juillet, le gouvernement français fait parvenir au gouvernement chinois un ultimatum exigeant l’évacuation du Tonkin par les troupes impériales ainsi que le paiement d’une indemnité s’élevant à 250 millions de francs.

"Autrement, le gouvernement français serait dans la nécessité de s’assurer directement les garanties et les réparations qui lui étaient dues".

Avant l’envoit de l’ultimatum, l’amiral Courbet (1827-1885), qui avait été nommé commandant en chef des deux divisions réunies de la Chine et du Tonkin avait reçu l’ordre de se rendre à Shanghaï, dans le but de préparer quelque opération militaire à l’encontre de la Chine. Mais, malgré l’avis contraire du diplomate envoyé auprès du gouvernement mandchou, monsieur Patenôtre, la France opte pour la négociation avec l’Empire du milieu.

"C’est ainsi qu’encourageant le gouvernement chinois à la résistance et lui donnant le temps de se préparer à la lutte, elle [la France] abandonna sa demande d’indemnité pour ne plus exiger qu’un dédommagement pour les familles des victimes de Bac-Lé et le maintien sur pied de guerre de nos forces de terre et de mer en Extrême-Orient, puis lui accorda des répits à l’échéance de l’ultimatum du 12 juillet."

 

L’amiral Courbet avait établi un plan précis qui consistait à attaquer les forces chinoises sur plusieurs points (entre autres: Fuzhou et port Arthur qui étaient les deux principaux arsenaux de la Chine d’alors), le plus rapidement possible.

Il se rendit alors à Fuzhou à l’embouchure de la rivière Min afin de se préparer à attaquer dès l’expiration de l’ultimatum. Cet ultimatum fut prorogé d’abord jusqu’au 31 juillet, puis au 2 août (et même dans les faits jusqu’au 22 août 1884), ce qui eut pour effet de permettre à la Chine de se préparer au conflit.

 

Du début de la guerre franco-chinoise au blocus de Formose

C’est le 2 août 1884 que le gouvernement français donne l’ordre d’agir, mais sans suivre les plans de l’amiral Courbet. En effet, il ajourne l’attaque de Fuzhou et impose Formose et les charbonnages de Jilong comme seul objectif.

"Le 2 août, l’escadre apprit enfin que la politique des gages prévalait à Paris et que, comme gage, on avait choisi le nord de Formose et les mines de Kelung  [Jilong]. Le 3, en effet, le contre-amiral Lespès recevait l’ordre d’apareiller à Matsou, puis avec le "la Galissonière", cuirassé de croisière, et la cannonière "le Lutin", faisait route sur Kelung que surveillait déjà le croiseur "Villard"."

Ainsi l’amiral Lespès a pour objectif de neutraliser les forces chinoises qui protègent le port de Jilong, à l’abri derrière les fortifications érigées sur les collines alentour, et de s’emparer des houillères qui se trouvent plus avant dans les terres.

Mais les troupes françaises ne parviendront, pour ainsi dire, jamais à débarquer sur l’île et surtout à s’y maintenir du fait de la résistance militaire chinoise d’une part, et du manque d’effectif et de moyens d’autre part. D’ores et déjà, il semble seulement possible de mener le combat depuis la mer.

"La première partie de sa tâche était seule possible. Le 5 août, le "la Galissonnière", "le Villars" et "le Lutin", disposés avec autant d’habileté que de hardiesse par le contre-amiral, détruisirent, malgré leur résistance […], les trois forts chinois dont l’un, blindé de plaques d’acier de vingt centimètres, battait en plein le goulet fermant la baie où nous avions dû nous engager pour atteindre l’ennemi. Les compagnies de débarquement furent alors mises à terre où elles s’emparèrent, après un brillant combat, des hauteurs que défendait l’infanterie chinoise, sur la route des charbonnages. Mais ceux-ci sont à six kilomètres au moins de la rade, et après avoir couché sur les positions conquises, nos marins se virent forcés de se replier sur leurs navires: Ils étaient deux cent et les Chinois revenus à la charge étaient trois milles!"

Pendant ce temps, l’amiral Courbet continue de préparer son opération contre l’arsenal de Fuzhou et monsieur Patenôtre poursuit les négociations avec la Chine à Shanghaï.

Et le 22 août, l’ordre d’agir est finalement donné à l’amiral Courbet. Mais la situation est désormais différente et l’effet de surprise n’est évidemment plus de mise. L’amiral dispose alors d’un aviso, de trois croiseurs, trois canonnières, deux torpilleurs, une petite esquadrille formée de quatre chaloupes et d’un petit vapeur de commerce. Les forces chinoises sont quant à elles composées de onze bâtiments de guerre, douze grandes jonques de guerre et sept canots torpilleurs à vapeur.

C’est dans ces conditions que le 23 août 1884 le combat s’engage. Il trouve son issue finale le 29 août. L’escadre française parvient à vaincre la flotte chinoise. L’épisode se fait connaitre sous le nom de "descente de la rivière Min". Toute la France salut alors unanimement la "performance" de l’amiral Courbet surnommé "le terrible Coupa".

"Ce qui frappe […], c’est l’énormité du travail accompli par les 1 800 marins de notre escadre, la somme de perilleuses fatigues supportées par cette poignée d’hommes dans un aussi court espace de temps. La lutte soutenue réunissait tous les genres d’opérations que peut entreprendre une réunion de bâtiments de guerre […]: rien n’y manque."

Aussitôt après la bataille, l’amiral Courbet reçoit un télégramme lui apportant, avec les enthousiastes félicitations de la Nation, l’ordre de poursuivre ses opérations, mais cette fois-ci à Formose.

Et le 2 septembre 1884, l’amiral, commandant des deux divisions réunies par decret sous le nom d’ "Escadre d’Extrême-Orient", arrive devant le port de Jilong. Là, l’escadre se renforce d’hommes d’infanterie et d’artillerie de marine. Mais malgré cet apport, les forces françaises semblent toujours souffrir cruellement d’un manque d’effectif, ce qui contrecarre quelque peu ses plans.

"Le 2 octobre, après un combat […] nous occupions le morne St-Clément et les crêtes de l’ouest, ce qui nous fit maîtres de la ville. Par malheur, une fois de plus, on ne pouvait avec aussi peu de monde enlever les autres lignes de hauteurs et atteindre les charbonnages. Depuis trois mois, les Chinois […] avaient jeté une armée dans l’île."

En ce qui concerne l’amiral Lespès, après les opérations menées à Jilong, il se trouve le 1er octobre 1884 à Danshui. Les ordres sont toujours les mêmes: tenter de s’emparer des positions ennemies.

"Le contre amiral Lespès, ainsi qu’il le fit à Kelung au mois d’août, mena remarquablement bien la seule partie de l’opération qui fût possible. Avec la canonnière Vipère, les cuirassiés de croisière Triomphante et La Galissonnière, et le croiseur d’Estaing, il mouilla devant Tamsui  le 1er octobre, et , le 2, réduisit non sans peine au silence les forts Blanc et Rouge dont les Krupps [Cannons de fabrication allemande] avaient ouvert le feu sur nous. Restait à démolir le barrage de la rivière et anéantir les torpilles défendant la passe. Le 8 octobre fortes de 600 hommes, les compagnies débarquèrent […]. L’infanterie chinoise, invisible, bien à l’abri, occupait les environs du fort […]. Elle était si nombreuse qu’en vain nos obus tentèrent de l’arrêter […]. Comme à Kelung encore, au mois d’août, ils se trouvaient 600 contre des milliers d’ennemis ayant l’avantage de la position. Il fallut battre en retraite, se réembarquer par une mer grosse, abandonner dix sept morts […]. Nous avions 49 blessés. Nous dûmes renoncer, du reste, faute de monde, à une revanche et nous borner à bloquer le port et la rivière de Tamsui  jusqu’à la paix."

 

De la déclaration du blocus de Formose à la paix

Le 20 octobre 1884, un nouveau cap est franchi dans la guerre franco-chinoise. En effet, l’amiral Courbet, ayant reçu au préalable l’autorisation nécéssaire, proclame le blocus de l’île de Formose, blocus qui se veut pacifique, la guerre n’étant toujours pas officiellement déclarée. Ce blocus a plus pour vocation de saisir les bâtiments de commerce chinois que d’empêcher les les troupes chinoises de recevoir de la contrebande de guerre.

Mais avant le 20 octobre, la "China Merchants Company" (société de transports chinoise) vend fictivement ses bâteaux à vapeur à une société américaine (les bâtiments des puissances neutres ne subissant pas les conséquences du blocus). Ainsi le blocus ne peut s’exercer que contre des jonques devant les ports de Jilong, Danshui et Taïwan.

"Au bout de quatre mois, le blocus qui n’avait servi jusque là qu’à des prises insignifiantes, dut diminuer encore de sévérité, l’amiral s’étant vu forcé de concentrer un peu ses navires éparpillés en vue d’une attaque bruyamment annoncée de la flotte chinoise […]. Nos croiseurs n’arrivaient pas  à empêcher tous les débarquements sur cette vaste étendue des côtes, ceux des neutres surtout."

Ainsi, les forces françaises sont en sous-nombre, ce qui a pour effet de rendre difficile l’application effective du blocus. A ce problème, s’en greffe un autre, qui concerne les autres puissances occidentales présentes en mer de Chine et dans le détroit de Formose. En effet, les puissances dites neutres n’appuient pas l’action menée par la France, du moins ne mettent-t-elles pas tout en oeuvre pour lui faciliter la tâche, bien au contraire.

Preuve en est faite le 22 janvier 1885. A cette date, les autorités coloniales anglaises établies dans les ports de Hong-Kong et Singapore, refusent de réparer les navires français et de les ravitaller en combustible, cela en vertu du "Foreign Enlistment Act" . Pour "riposter", l’amiral Courbet se voit octroyer le droit, par le gouvernement français, de visiter les bâtiments neutres et de les arrêter s’ils sont effectivement chargés de troupes ou de munitions.

En parallèle à cela, Courbet insiste vivement auprès des autorités afin de pouvoir établir le blocus du riz, dans le but de priver la Chine du nord de cette denrée. Ceci est selon lui la clé pour une victoire rapide et éclatante sur l’Empire du milieu.

A la fin du mois de  janvier 1885, 2 000 hommes sont envoyés en renfort sur l’île de Formose, sous le commandement du colonel Duchesne. Et le 4 mars 1885, toujours sous le commandement de Duchesne, un petit corps expéditionnaire parvient, après quatre jours de combat, à atteindre les mines de charbon. Mais , là encore, malgrès l’envoi de renforts, les Français ne sont toujours pas assez nombreux pour atteindre les buts qu’ils se sont fixés.

"Nous étions enfin maîtres des mines de charbon, ou plutôt nous en commandions l’accès. Seulement à peine étions-nous assez nombreux pour garder les point conquis. Le manque de monde nous empêchait de poursuivre la campagne et malgré nos succès, malgré le sang  répandu, l’occupation définitive ne se réalisait pas et l’efficacité du gage demeurait hypothétique."

Ce n’est qu’en février 1885 que le gouvernement français décide d’aller plus avant en déclarant - comme l’amiral Courbet l’avait préconisé bien avant - le riz contrebande de guerre, à l’exception de Canton et des autres ports du sud de la Chine (seule l’Angleterre s’oppose à cela parmi les nations occidentales). Le blocus du riz est établi en parallèle avec le blocus du nord de l’île de Formose qui se poursuivra jusqu’à la paix.

Une dernière opération française est entreprise à l’encontre des îles Pescadores ("Penghu"). En effet ces îles sont prises par les troupes françaises sous le commandemant de l’amiral Courbet(14) : opérations menées entre le 29 et le 31 mars 1885.

Puis arrive le temps des négociations. Ainsi, l’armistice est établi le 13 avril 1885. Le blocus de Formose est alors levé, mais le blocus du riz continue jusqu’à la paix conclue le 9 juin 1885 entre la France et la Chine. Le gouvernement français restitue alors officiellement  Formose et les îles Pescadores.(Voir les le traité de paix Franco-Chinois du 9 juin 1885)

 

 

En ce qui concerne ce rapide historique de la guerre franco-chinoise et du blocus de Formose, on peut faire plusieurs constats.

Tout d’abord, contrairement aux idées reçues, le blocus ne s’effectue pas contre toute l’île de Formose, mais simplement contre le nord de celle-ci, et en fait il s’agit surtout  du blocus des ports de Jilong et Danshui. De plus, si le blocus effectif du nord de l’île semble important pour le gouvernement français, la prise des mines de charbon est un objectif non moins important. En effet, le contrôle de ces mines représente une certaine indépendance pour le ravitaillement des navires et est une source de revenus. Ainsi le blocus de Formose présente un double intérêt: militaire et économique.

Enfin, tout au long de la guerre franco-chinoise, le problème andémique du côté français est le manque d’effectif et la lenteur des décisions prises par les autorités.

En conclusion on peut donc dire que si le blocus a atteint son objectif, à savoir que la Chine laisse la France seule maître en Indochine, les militaires présents sur place ont toutefois un sentiment de manque d’efficacité et de "victoire" toute relative.

Il est par ailleurs à noter les "répercussions" de la guerre franco-chinoise et du blocus de Formose de nos jours. En effet, tous les ans à Jilong, la "Foundation of Ocean Taiwan" commémore le blocus du port de Jilong par les troupes militaires françaises et surtout ce qu’ils nomment la victoire de l’armée chinoise sur celles-ci.

La commémoration consiste en un pélerinage à caractère historique au fort chinois, chargé dans les années 1884-1885 de défendre le port et la ville de toute invasion maritime.

http://stephfer.free.fr/histoire5.htm

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Expédition du Maréchal de Richelieu contre Minorque en 1756

A l'entrée de la Guerre de Sept Ans, l'île de Minorque était une possession britannique. En 1708, en pleine Guerre de Succession d'Espagne, le général Stanhope s'empare de l'île alors espagnole, cette conquête sera ratifiée en 1713 dans l'article 12 du traité d'Utrecht-Radstatt.

En 1756, se pose aux français le problème de la conquête de l'île dans le contexte des opérations militaires de la seconde moitié du 18 me siècle. Ce sera un des éléments que la diplomatie mettra sur le tapis des négociations de paix qui commenceront dès le milieu de cette guerre.

En effet, en prenant Minorque, les français y resteront jusqu'à la paix du traité de Paris en 1763 où il devront la restituer à la Grande-Bretagne.

Ainsi, dans ce contexte, le 18 avril 1756, les vigies anglaises du château de Saint Philippe du port Mahon (capitale de l'île) découvrent à l'horizon pas moins de 197 voiles, celles de la flotte française d'invasion, commandée par l'amiral de La Galissonière à bord du navire amiral le Foudroyant, accompagné du duc de Richelieu commandant l'expédition et de son état-major composé de la fine fleur de la noblesse française de l'époque.

Dans cette campagne, accompagnant le duc on pouvait compter trois princes : Charles de Beauvau et son frère Louis-Eugene ainsi qu'Auguste-Elizabeth de Wirtemberg ; sept comtes : Egmont, Pignatelli, Grimaldi, Carne-Marcein, Maillebois, Luppe, La Serre et Modave ; onze marquis : Pusignieu, Puisegur, Roquepine, Fremeur, Monteynard, Saint Aignan, Talaru, Chabert-Cogolin, Laval-Montmorency, Mesnil, Briqueville et Monti ; le baron de Chabaríe et le vicomte de Lannion futur gouverneur de l'île.

Accompagné, à bord des transports de troupes, de 8 brigades de 3 bataillons chacune formées des régiments d'infanterie française de Bretagne, Briqueville, Cambis, Hainaut, La Marche, Médoc, Rohan, Royal, Royal Comtois, Royal Marine, Talaru, Soissonais et Vermandois et un régiment italien : Royal Italien. Ainsi que quelques troupes de l'Artillerie et du Génie.

A la mi-journée le 19 avril, les troupes françaises d'invasion débarquent sans rencontrer de résistance dans le port de Ciudadela, dans la partie occidentale de Minorque, les habitants les reçoivent en vainqueurs. Richelieu, informé que les anglais et le gouverneur Blakeney s'étaient retranchés dans le fort de Saint Philippe (à l'autre extrémité de l'île), il parcourt à marche forcée les 42 kilomètres qui le sépare de la capitale qui se prépare à soutenir le siège.

Après avoir établi les campements autour du fort commencèrent les travaux de construction des batteries de siège. Rapidement apparut une première difficulté majeure : le terrain de l'île particulièrement rocheux ne permettait pas de construire des parallèles à la sape. En outre la terre et le bois n'étaient pas suffisants pour construire parapets et fascines. Enfin de l'extérieur, arrive la nouvelle qu'une flotte britannique commandée par l'amiral Bing a appareillé de Gibraltar pour porter secours à Minorque.

En effet, le 19 mai, l'escadre anglaise arrive dans la rade de Mahon, ou le français de la Galissonière se présente en bataille, les anglais font retraite sur Gibraltar sans combattre, abandonnant la garnison de Minorque à son sort. Cette déroute coûtera la vie à l'amiral anglais. Il sera fusillé sur le pont de son navire après avoir été condamné à mort par un conseil de guerre.

Titre de l'archive: "El ataque francés de 1756 al castillo de San Felipe de Mahón, dibujado por el geógrafo Tomás López."

Ainsi, ayant la maîtrise des mers, Richelieu pouvait continuer les travaux de préparation du siège. La difficulté que représentait la dureté du terrain qui comme nous l'avons déjà dit ne permettait pas de creuser de tranchées fut résolue en installant les batteries derrière les maisons des faubourgs de Saint Philippe (qui constituaient les logements des soldats et de leur famille à proximité du fort et que les anglais n'avaient pas eut le temps de détruire). De plus, cela permit d'installer l'artillerie à 150 toises du château, distance bien suffisante pour ouvrir une brèche dans la muraille.

Dès la mise en place des batteries de siège, elles commencent à faire feux contre le fort, débutant le siège. A la fin juin, Richelieu est informé qu'une nouvelle escadre anglaise est partie de Gibraltar pour porter secours à Minorque. Le temps presse et il se doit de jouer son va-tout, plus partisan des théories de Memo von Coehoorn qui exige plus de vigueur dans le siège des forteresses que de celles du conservateur maréchal de Vauban qui préfère éviter les effusions de sang, Richelieu décide de prendre d'assaut la forteresse.

L'attaque commence dans la nuit du 27 juin, et le hasard voulut que, après avoir subit de lourdes pertes par l'explosion des mines, les grenadiers français atteignent le chemin couvert du fortin d'Argyll et ont la surprise de faire prisonnier l'ingénieur de la forteresse Cuninghame et le commandant en second Jeffereyes. Au vue des évènements, perdant toutes les lignes de défenses extérieures, les britanniques se réfugient au centre de la citadelle, le gouverneur Blakeney décide alors de se rendre après un conseil de guerre où la majorité des sous-officiers se prononcent pour la capitulation dont les 12 articles seront signés le 28 juin au coucher du soleil.

A partir de ce moment et pour sept années, Minorque sera sous la domination de la fleur de lis.

José L. Terrón Ponce   

http://vial.jean.free.fr/new_npi/archives/archiv.htm

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I.-A LA POURSUITE DU "GöBEN" ET DU "BRESLAU"

Peu de jours avant la guerre qu'elle était résolue à déchaîner coûte que coûte, l'Allemagne avait expédié deux de ses croiseurs les plus récents à Pola, le grand port militaire austro-hongrois. C'étaient le fameux Göeben, dreadnought portant dix pièces de 280 et douze de 150 et le non moins célèbre Breslau (douze canons de 105), simple lévrier accouplé à ce molosse. Aussi rapides l'un que l'autre, ils donnaient facilement 27 noeuds, 3 de plus que le meilleur marcheur des cuirassés français, ce qui les rendait capables de remplir tous les rôles que les circonstances pouvaient les appeler à jouer. Si la flotte autrichienne se décidait à sortir, le prétexte de l'éclairer permettrait aux commandants allemands de prendre discrètement la conduite des opérations. Dans le cas contraire, que l'abstension de l'Italie rendait le plus probable, leur mission se bornerait vraisemblablement à tenter quelque raid sensationnel, comme par exemple de surprendre et de couler un certain nombre de paquebots chargés de rapatrier no tre armée d'Afrique. Car les sinistres comédiens de Berlin avaient tout prévu, jusqu'à l'effet moral qu'eut produit l'annonce d'une semblable catastrophe dans leur premier communiqué officiel. Et peu s'en fallut que le coup ne réussît! Dès le matin du 4 août, c'est-à dire moins de douze heures après la déclaration de guerre, le Göben et le Breslau, qui avaient descendu l'Adriatique en catimini et relâché à Messine, se présentaient devant Bône et Philippeville épouvantées, mais où l'embarquement des troupes n'était heureusement pas encore commencé. Faute de transports à envoyer par le fond, les bandits boches, pour les appeler du seul nom qui leur convienne, durent se contenter de bombarder lâchement des villes ouvertes. Après quoi les guetteurs du sémaphore du cap Bougaroni les virent disparaître à l'horizon. Où s'en allaient-ils? Sans doute chercher meilleure fortune dans les parages d'Alger ou d'Oran. Quels que fussent d'ailleurs les projets des deux pirates, un sans-fil vint y couper court, en les avisant qne nos escadres débouquaient des Baléares. Pour se garer de toute mésaventure, et la chose pressait, ils n'avaient que le choix entre filer sur Gibraltar, rentrer à Pola, ou - la sortie par le canal de Suez se trouvant dès lors condamnée - mettre le cap sur les Dardanelles, passage prohibé, mais dont les gardiens ne demandaient qu'à se laisser gagner. Seulement, à l'allure de 25 noeuds et plus, aucun navire moderne ne porte assez de combustible pour franchir la Méditerranée de bout en bout. De sorte que le Göben et son complice auraient été pris de court si, avec une prévoyance que l'on retrouve dans toutes leurs mesures d'avant-guerre, les Allemands n'eussent dépêché par avance des charbonniers à Majorque, à Messine et à Syra des Cyclades. Simultanément, ils avaient eu la précaution d'installer des postes de T. S. F. chez les neutres, pour tenir leurs capitaines au courant de tout ce qui était de nature à les intéresser. Ceux-ci étaient déjà prévenus du danger qu'ils couraient de voir la route de Gibraltar coupée par nos forces, et rien ne prouvait que les Anglais, indécis jusque-là, n'allaient pas marcher avec nous, auquel cas leur premier soin serait peut-être d'établr une surveillance à l'entrée des Dardanelles. Le Göben et le Breslau optèrent donc prudemment pour Pola, dont ils avaient tout lieu de croire les avenues libres. Mais, pour une fois, leur service de renseignements se trouva en défaut. Il ignorait que l'escadre anglaise de Malte venait de se porter entre la Sicile et la Tunisie, où les deux fuyards eurent la désagréable surprise de se heurter aux croiseurs de bataille de l'amiral Milne, à quelques milles dans le Nord de l'îlot de La Galite. Ils réussirent à les dépister en faisant ce que les marins appellent des fausses routes - le terme s'explique tout seul - et, après une éclipse de vingt-quatre heures, allèrent charbonner à Messine. Un moment égarés, les autres avaient eu le flair de revenir sur la Sicile, où ils espéraient bien reprendre du poil de la bête. Et en effet, les Allemands n'avaient pas eu le temps de remplir leurs soutes, que les vigies signalaient l'approche de l'Inflexible et de l'indomitable, bull-dogs de taille à ne faire qu'une bouchée d'eux. Amarres et charbonniers furent largués en pagaïe, et la poursuite recommença. Parvenus le lendemain matin 7 août à l'ouvert de l'Adriatique, le Göben et le Breslau se croyaient déjà sauvés, quand le soleil levant leur révéla la présence de fumées inquiétantes. Elles furent bientôt suivies de mâtures dont les silhouettes, reconnues à l'aide d'albums spéciaux, s'indiquaient comme appartenant à une division légère de l'escadre anglaise, celle du contre-amiral Troubridge, devant laquelle les deux francs-fileurs n'hésitèrent pas une minute à prendre chasse. Point si vite, toutefois, que le petit Gloucester ne parvînt à loger un projectile dans la partie de ses oeuvres arrière que le Breslau lui montrait du plus loin possible. Puis, en route à toute vapeur vers les Dardanelles, leur dernière ligne de retraite, où ils arrivèrent avec dix heures d'avance sur les croiseurs britanniques qui avaient été obligés de retourner à Malte pour embarquer du charhon, alors qu'eux-mêmes en trouvaient à Syra, sans avoir à se déranger d'une ligne.

Nos marins aux Dardanelles:

http://pagesperso-orange.fr/grande.guerre/vedeldar.html

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ca prends quand lmeme du temps

Un peu d'insomnie et cela n'est plus un problème =D

Bon, voici une des rare batailles navales remportées par la flotte de l'empire

Bataille de Grand Port

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Grand_Port

Vous trouverez des détail içi aussi dans le chapitre "Les héros de Grand-Port":

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-87139

Il avait aussi une bataille navale en Guyane(1800) pendant le consulat remporté par la France contre les portugais mais malheuresement pas d'autre détails.

La bataille navale de FOU-TCHEOU

Courbet était devant Fou-Tcheou. Dès le 11 juillet 1884.....

Le 30 août 1884, toute l'escadre de Courbet était mouillée, dans le plus grand ordre, sous l'île Matsou. La bataille de Fou-Tcheou s'achevait par une éclatante victoire.

A Fou-Tcheou, nous avions comptés, en tout 10 tués et 48 blessés. L'ennemi avait perdu deux ou trois milles hommes. Tous nos bâtiments s'étaient tirés intacts ou à peu près de la bataille. La flotte chinoise avait été totalement détruite, et pas un canons de la rivière n'avait échappé à Courbet....

source:

http://jose.chapalain.free.fr/pageprin735.htm

Ce lien montre deux pienture de cette bataille:

http://historic-marine-france.com/huile/peintres-maritimes.htm

Combat de Shipu ou Shei-Poo:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_de_Shipu

Portrait de l'Amiral Palma Gourdon, héros de Shei-Poo:

http://www.loiret.com/cgloiret/index.php?page=display&class=notrehistoire_figurespasse&object=r45_fig&method=h_display_full

Les "GAURS":

http://pagesperso-orange.fr/cli/Content.htm

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LA CAMPAGNE EN MACEDOINE

Le 11 octobre 1915, la Bulgarie avait déclaré la guerre aux Alliés et envahissait la Serbie. Le général Sarrau, nommé commandant en chef de l'armée d'Orient,débarqua a Salonique le 12, avec deux division britanniques et deux divisions françaises, l’une venue de France (la 57e) l'autre venue des Dardanelles (la future 158e) avec le général Bailloud.

Sarrail essaya de limiter les dégâts en avançant vers Monastir afin de soulager la retraite de l'armée serbe qui s'effectuait à travers l'Albanie au milieu de difficultés considérables. Il fut obligé de se replier vers Salonique, ne disposant pas des moyens suffisants. Il créa alors un grand camp retranché de 200 kilomètres de périmètre et 50 de profondeur et y regroupa toutes ses forces pendant l'hiver de 1915 à 1916. Il reçut de nombreuses troupes de toutes nationalités alliées : britanniques, russes, italiens, ainsi que des éléments coloniaux, des bataillons annamites, puis vinrent les troupes grecques républicaines, la 17e division coloniale des Dardanelles.

Bref, le général Sarrail disposa bientôt de plus de 300 000 combattants bien approvisionnés.

Il prit trop tard l'offensive en 1916, les Bulgares le gagnèrent de vitesse. les troupes coloniales opérèrent a l'est du camp retranché, sur les rives sud du lac de Doiran, sur le front de Monastir. En 1917, leurs éléments, regroupés en trois divisions, avaient la composition suivante :

11e D.I.C. (Sicre avec les 21e brigade (Expert-Besançon. 33e , 34e et 44e régiments) et 22e brigade (Venel 42e régiment colonial et 2e bis de zouaves).

16e D.I.C. (Dessort), avec les 4e brigade (Tetard, 4e et 8e régiments) et 30e brigade (Pruneau, 57e et 58e régiments).

17e D.I.C (Gérôme) avec les 33e brigade (Fourcade, 54e et 56e régiments) et 34e brigade (Bordeaux, 1er et 3e régiments)

Ces trois divisions se retrouvèrent dans la boucle de la Tcherna en mai 1916.

Le 22 novembre l917, le général Guillaumat a pris le commandement de l'armée, avec une mission défensive car la situation générale n'est pas bonne en cette fin d'année, défection russe, élimination de la Roumanie par les Allemands, désastre italien à Caporetto, crise des effectifs en France... Cependant, lorsqu'en fin mars les Allemands prennent l'offensive sur le front occidental, l'armée d'Orient devra faire effort pour retenir devant elle le plus de forces ennemies possible.

Le général Guillaumat entame d'abord une série d'opérations locales, puis les trois divisions coloniales prendront part à la grande offensive que son successeur, le général Franchet d'Esperey, déclenchera à partir du mois de septembre 1918.

Le plan de l'opération consiste à couper en deux les armées bulgaro-allemandes en attaquant au centre, objectif la région de Negotin-Kavadar, puis en exploitant vers Prilep, en lançant une force française dans la direction d'Uskub, Nich, Kustendil, et en faisant intervenir d'autres forces à l'est du Vardar, objectif vallée de la Stroumitsa.

L’action principale sera menée par l'armée serbe qui dispose de la 17e division coloniale. Celle-ci attaque le 15 septembre dans le système fortifié du Dobropolje, et ouvre aux Serbes les portes de leurs foyers perdus trois ans auparavant Cela au prix de lourdes pertes, 30 officiers et 1 200 hommes. La division passe le Vardar le 26 et arrive à Néokasi le 30.

La 11e division coloniale, à l'aile droite, avec des forces hellènes, contribue à la prise de Prilep (17-23 septembre). La cavalerie (brigade Jouinot-Gambetta) fonce alors vers le nord pour gagner Uskub, ayant comme soutien un détachement composé de la 22e brigade coloniale (42e et 44e régiments, 20e et 39e bataillons sénégalais, général Tranié). Ce détachement parvient à Uskub le lendemain de l'entrée des cavaliers, le 30 septembre. Cette pointe audacieuse forcera l'ennemi à demander l'armistice. La 11e division est parvenue à Kreova le 30 ayant parcouru 200 kilomètres en haute montagne.

Source:

http://www.troupesdemarine.org/traditions/histoire/hist007.htm

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Quels sont pour vous les periodes ou les armées françaises furent les plus glorieuses et celles ou elles le furent le moins ?

Selon moi les plus glorieuses furent

1) periode revolutionnaire et Napoleonienne : les armées françaises vont resister et dominer toute l'Europe pendant plus de 20 ans en remportant un nombre impressionant de victoires

il faudra pas moins de 7 coalitions européennes pour battre definitivement la France.

2) periode Louis XIV :  les armées françaises vont être en guerre pendant plusieurs decennies et affronter plusieurs grandes coalitions européennes

Jusqu'à la bataille de Blenheim en 1704 les armées de Louis XIV seront considerées commes invincibles apres une succession de victoires depuis la bataille de Rocroi en 1643.

Malgre plusieurs coalitions européennes contre Louis XIV, les armées alliées n'arriveront jamais à envahir et occuper la France.

Neanmoins ces guerres etaient surtout des guerres de sieges lentes ou les batailles decisives etaient rares.

3) periode Philippe auguste/Saint Louis/Philippe le Bel :

Le roi de france remporte une victoire eclatante contre une coalition europeenne rassemblant l'Empire l'Angleterre et des flamands à Bouvines en 1214.

La France devient la premiere puissance européenne et remporte la premiere guerre de cent ans contre l'angleterre Louis VIII envahira même l'Angleterre

dans le sud de la france, les francais battent les occitants

En Orient les français detruisent l'empire Byzantin et batissent un empire latin.

4) periode Franque de Charles Martel à Charlemagne

les francs battent les armées puissantes sarrasines mettant un terme à leur invasion de l'Europe occidentale.

Quelque années après, Charlemagne va mener une succession de guerres victorieuses contre les avars les arabes les saxons les lombards les bavarois et fonder un immense empire.

5) guerre de Trente ans:

Apres un debut difficile, les armées Françaises vont remporter de brillantes victoires contre les tercios Espagnols jusque là invincibles et aussi contre les Imperiaux avec les Suedois.

Une premiere et cas plutôt rare, dans cette guerre la marine Française remportera de brillantes victoires.

Cette guerre marque le renouveau de la puissance française apres l'affaiblissiment du aux guerres de religion.

Maintenant les plus mauvaises.

1) Seconde guerre mondiale :

Une debacle sans precedent pour nos armes en 1940, l'armée française foudroyée en à peine 6 semaines le pays est occupé et soumis à l'occupant.

La France perd tout son prestige et encore 68 ans après, cette defaite la hante encore.

Bien sur les armées de la France libre auront quelque victoires mais leur rôle dans le conflit sera mineur et bien insufisant pour effacer la debâcle des mémoires.

2) Guerre 1870 1871 :

Assez comparable à la debacle de 1940, l'armée Française jusque là considéré comme la meilleure du monde se fait battre en 1 moi, une succession de defaites

Neanmoins à la difference de 1940 les troupes Françaises opposeront une resistance acharnée qui en certaines occasions aurait pu infliger de grâves defaites aux Prussiens sans le comportement douteux de Bazaine.

3) Guerre de cent ans :

Bien que finalement victorieuse, la France subira de nombreuses debâcles et sera tres près de la defaite contre un pays pourtant demographiquement bien moins peuplé.

4) Guerre de sept ans :

En Europe, les armées françaises à l'organisation pesante subiront une serie de revers contre des troupes prussiennes plus mobiles.

Elles auront quelque victoires mais uniquement dû à leur superiorité numerique.

Tout l'empire colonial sera perdu en depit d'une belle resistance des troupes de Montcalm il est vrai.

Et la marine sera egalement fortement malmenée

toutefois la France ne sera pas menacée d'invasion.

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Remarques:

- tu confonds les guerres et les périodes

- la période coloniale et la Première Guerre Mondiale!!!! La conquête d'un Empire, les guerre contre la Chine... et la Guerre mondiale. C'est pas de la gnognotte.

- agrandis la période révolutionnaire: cette période grandiose commence militairement avec la Guerre d'Indépendance Américaine (qui est très loin de se limiter aux opérations somme toutes réduites qui ont lieu en Amérique du Nord; c'est un conflit à l'échelle du Globe, incluant les Indes, les Antilles, la mobilisation en Europe, la guerre navale partout), soit 1778-1815, avec des forces refondées qui prennent leur revanche.

- Clovis, Dagobert Ier, Clothaire II; bref, les Mérovingiens jusqu'à la fin du VIIème siècle. Mais en fait, toute la période mérovingienne est faste en termes de puissance, de même que la période carolingienne (au moins jusqu'à l'émergence de l'Empire germanique). Certes ça se divise. Mais c'est entre Francs. Personne n'est capable de venir nous emmerder sans s'en prendre une grosse dans la gueule!! C'est nous qu'on fout le bordel tous seuls comme des grands.

- Guerre de 30 ans et Louis XIV: même période, même ascension. Elle part même d'avant: la fin des Guerres de Religion, au moment où Henri IV les termine, se joue aussi contre l'Espagne. Et Riton n°IV leur en fout plein la tronche avec une armée qui s'est recréée, qui a défini de nouvelles bases pour l'infanterie (en organisations plus souples que le Tercio espagnol), la cavalerie (recherche permanente du flanquement et du contournement, mais au bon moment aussi, le choc frontal, que seule la cavalerie française réalise en Europe occidentale) et l'artillerie (organisée par Sully en pièces de campagnes légères). C'est moins connu, mais Henri IV était le meilleur chef de guerre de son temps (bon, d'accord, y'avait Alexandre Farnèse aussi, bon) et a réalisé quelques gains territoriaux sur l'Espagne, malgré la guerre civile qui faisait encore rage. Donc la période: on va dire 1589-1748 (fin de la guerre de succession d'Autriche qui a vu les armées françaises encore à leur bon niveau). je précise que le très chauvin historien anglais John Keegan considère aussi cette période comme militairement plus française qu'espagnole (même si on a eu un passage à vide sous la régence d'Anne d'Autriche qui fut un gouvernant déplorable).

- A partir de la Guerre de Cent Ans, deuxième partie: le mouvement qui commence à Orléans va voir se reforger une armée qui achève la Guerre de Cent Ans et chasse les Plantagenêts du continent (où ils étaient depuis toujours; je rappelle que c'était l'Angleterre la colonie, et qu'avant la commise de la Normandie par Philippe Auguste en 1204, la capitale de l'Angleterre était... Rouen) et rassemble le pays sous le régime d'un Etat moderne (le premier d'Europe). Ainsi, de 1429 aux années 1520-1560, la France est incoutournable (et jusqu'en 1525, elle est incontestablement la première puissance d'Europe), particulièrement sous Louis XI.

- De Philippe Auguste à Philippe Le Bel; on pourrait même dire de Louis VII à Philippe Le Bel si ce con de Louis VII avait fait l'effort de garder cette salope d'Aliénor dans son pieu au lieu de la laisser épouser l'Angevin; ça aurait évité beaucoup de désagréments par la suite... Mais bon, sur la plan du rayonnement et de la puissance, ça fait partie des très grandes périodes, avec les produits dérivés de la puissance que furent les épopées normandes (les descendants de Tancrède d'Hauteville, notamment Robert Guiscard) et angevines en Méditerranée (Naples, Sicile, Hongrie, Constantinople...), plus quelques autres, notamment les croisades.

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