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Allemagne


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La PSDC a toujours un statut différent en France et en Allemagne.

Néanmoins, Berlin et Paris continuent de diverger dans leur approche de la PSDC. Cela ne s'applique pas seulement aux tâches attribuées au format dans chaque cas. La PSDC continue d'avoir un statut différent dans les deux pays. L'Allemagne, qui dispose d'un capital politique important, tente de développer progressivement la PSDC au sein des structures existantes. La France, en revanche, compte tenu de l'orientation américaine vers la région indo-pacifique, considère qu'il est nécessaire de modifier rapidement et globalement la politique de défense de l'UE afin de disposer d'un "plan B" vis-à-vis de l'OTAN et des États-Unis.

Le compromis comme obstacle

La conséquence de ces divergences franco-allemandes est qu'il faut sans cesse trouver des compromis laborieux et que les initiatives politiques novatrices ne se concrétisent pas. Par exemple, Berlin et Paris n'ont guère exercé d'influence conjointe sur l'avancement de la PESCO depuis qu'ils ont officiellement mis fin au différend sur son objectif et sa forme à l'été 2018. Pourtant, il était déjà clair quelques mois plus tard que la grande majorité des projets PESCO ne contribuent pas à atteindre le niveau d'ambition de la PSDC défini par les États membres en 2016. Situés à l'extrémité inférieure de l'éventail des performances, les projets PESCO consistent principalement en ce que les États membres étaient disposés à développer au niveau national. Les lacunes qui existent depuis des années dans les capacités stratégiques essentielles telles que la reconnaissance ou le transport aérien ne sont pas comblées par les États membres dans leurs projets PESCO. L'initiative européenne d'intervention lancée par la France n'a pas non plus répondu aux attentes jusqu'à présent.

Et le prochain conflit entre Berlin et Paris se profile déjà à l'horizon. Aucune des parties n'a développé une idée commune du type, de l'intensité et de la portée des opérations militaires que les États membres de l'UE devraient décider pour atteindre le niveau d'ambition militaire de la PSDC. Alors que la France est susceptible de plaider pour un niveau d'ambition correspondant à une puissance géopolitique dans l'élaboration de la boussole stratégique, l'Allemagne est susceptible de plaider pour un objectif moins ambitieux, dans la lignée de la PSDC précédente. Il faut s'attendre à un compromis bilatéral, qui devrait une fois de plus renforcer l'impression que l'UE est incapable d'obtenir des résultats tangibles en matière de politique de sécurité et de défense. La France verra ainsi confirmées ses intentions d'approfondir la coopération en matière de défense en dehors de l'UE.

 

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https://www.dw.com/en/coronavirus-pandemic-leads-to-baby-bust-rather-than-boom/a-56851590 (13 mars 2021)

L'Allemagne, locomotive économique de l'Union européenne, a enregistré une croissance démographique nulle pour la première fois depuis 2011. Selon une première estimation de l'Office fédéral de la statistique d'Allemagne (Destatis), le nombre de naissances a diminué à partir de 2019, et le nombre de décès a sensiblement augmenté. Selon les estimations, il y aurait eu 755 000 à 775 000 naissances et au moins 980 000 décès en 2020.

Elke Loichinger, chercheuse à l'Institut fédéral allemand de recherche sur la population (BiB), a déclaré à la DW qu'il serait "inadéquat" de relier la baisse estimée du nombre de naissances en 2020 à la pandémie. Selon elle, il y a une autre cause : "Déjà avant la pandémie, le nombre de mères potentielles, ainsi que l'indice synthétique de fécondité, ont diminué."

La migration est également une raison des changements de la population allemande en 2020. Entre autres choses, les restrictions sur les voyages internationaux ont entravé les migrations internationales, les gens ont moins bougé et, par conséquent, moins de personnes ont migré vers l'Allemagne.

https://www.destatis.de/DE/Presse/Pressemitteilungen/2021/01/PD21_016_12411.html (12 janvier 2021)

Selon une première estimation de l'Office fédéral de la statistique (Destatis), 83,2 millions de personnes ont vécu en Allemagne à la fin de 2020. En raison d'une immigration nette plus faible et d'une augmentation du nombre de décès avec probablement un peu moins de naissances que l'année précédente, la population n'a donc pas augmenté pour la première fois depuis 2011. Au cours des trois décennies qui ont suivi l'unification allemande, la population de l'Allemagne a augmenté dans l'ensemble, à l'exception des années 1998 et 2003 à 2010. Toutefois, la croissance démographique a résulté exclusivement d'un solde migratoire positif, c'est-à-dire du fait que le nombre de personnes ayant immigré était supérieur à celui des personnes ayant émigré. Sans ces gains migratoires, la population aurait déjà diminué depuis 1972, puisque le nombre de décès est supérieur au nombre de naissances chaque année depuis cette date.

Modifié par Wallaby
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il y a une heure, pascal a dit :

Oui en fait ce qui agace nos partenaires Allemands c'est notre activité à l'international, surtout quand elle va à l'encontre de leurs intérêts économiques et démographiques (relations avec la Turquie - l'Allemagne comptant sur sa population d'origine turque pour dynamiser une démographie totalement régressive).

Il y a peut être ça, mais il y a plus : ça correspond aussi à un courant de pensée existant en France (et certainement en Belgique !) qui redoute les arrangements à géométrie variable et préférerait étendre le champ d'action d'ensembles existants sans basculer systématiquement vers des "groupes pionniers" ad hoc à chaque fois que l'ensemble général bloque. L'idée théorique a du mérite : les mille feuilles d'organisations couvrant une partie des membres seulement et dont les périmètres d'action débordent fatalement les une sur les autres sont a priori problématiques dans leur juxtaposition.

Le problème est que l'UE à 27 sur des questions relevant de l'unanimité est largement dysfonctionnelle et aisée à bloquer, notamment 1. du fait des complaisances... allemandes (Hongrie...) et 2. de la défense légitime des efficaces prérogatives françaises. Si le commerce extérieur entre les deux pays était équilibré, si la politique monétaire allemande était moins stupidement dogmatique, ces problèmes disparaîtraient largement : Paris est sur la défensive depuis des décennies.

il y a une heure, pascal a dit :

En clair on reproche à Macron de jouer la carte de la France et on ne se prive pas de commentaires dévalorisants pour asseoir la position allemande, c'est de bonne guerre mais çà ne veut pas dire que c'est pertinent.

On peut voir ça comme ça, mais l texte valide aussi nombre de postures ou de politiques françaises qui sont tout à fait décrites et validées avec, au passage, autant de pierres lancées dans les jardins berlinois. L'analyse "macronienne" de la bascule des USA vers l'isolationnisme et des risques de se voir l'UE dépecée entre le marteau US et l'enclume chinoise est valorisée à plusieurs reprises. Les concepts d'autonomie stratégique et de souveraineté européenne sont explicités et - implicitement du moins - validés. Il est rappelé, et c'est assez rare pour être souligné, que dans l'idée française constante depuis des décennies, ils ne sont aucunement contradictoires  avec l'alliance avec les USA et l'OTAN, mais concourent à la renforcer par l'atteinte d'un meilleur équilibre.

il y a une heure, pascal a dit :

En clair Berlin nain politique, nain militaire, vieillard démographique, puissance industrielle mais pour combien de temps ?...

C'est trop réducteur : il est normal et sain que, lorsqu'un débat de fond s'engage enfin entre deux pays à la fois proches et handicapés par leurs langues et l'entre-soit des "élites", les différences d'approche et certains reproches soient détaillés. Ne jetons pas par principe le bébé et l'eau du bain, voyons ce qu'il y a de bon dans ce que font les allemands, critiquons les utilement en même temps, faisons valoir nos points de vue. Après tout, l'analyse stipulant que "nous nous déliterons si nous ne nous unissons pas" nous l'impose.

 

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@Boule75

Tu vois, les limites de cette étude c'est qu'elle aurait put contenir les memes élément de language sous la présidence de Hollande, de Sarkozy, de Chirac et de Mitterand mais avec les évenements géopolitique de chacunes de ces présidences.

Pour moi il y a deux facteurs de divergence:

  • un qui est propre à l'Allemagne et qui débute à la chute du pacte de Varsovie, à cette époque une telle étude n'aurait jamais vu le jour.
  • notre présence au conseil de sécurité de l'organisation des nations uniies, ce qui nous place dans une autre catégories que l'Allemagne.

Et c'est pour cette raison qu'il n'en parle pas dans l'étude, c'est une manière de nous placer en seconde division alors que nous jouons en première.

Et il n'y pas de raison que cela change le RU ou la Russie ont eu un PIB 2021 inférieur au notre.*

 

*https://www.journaldunet.com/patrimoine/guide-des-finances-personnelles/1209268-classement-pib/

Modifié par P4
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Continuation plutôt que révolution : cinq dimensions de la politique de Macron envers la zone euro

L'intégration monétaire et la monnaie unique, l'euro, présentent un intérêt politique et économique particulier pour la France. En ce qui concerne la zone euro, la politique française diffère sensiblement de celle de l'Allemagne. Paris et Berlin recherchent des degrés différents d'intégration fiscale et s'éloignent sur la question de savoir si un plus grand interventionnisme économique est admissible au niveau supranational. Ils ont également des opinions différentes sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) et la politique monétaire. La question du partage des risques entre les États membres de la zone euro ne cesse également de susciter des tensions entre les deux pays. Enfin, les impulsions d'intégration importantes du tandem franco-allemand font défaut parce que Paris et Berlin ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la question de savoir si l'intégration économique doit progresser dans le cadre de l'UE-19 ou de l'UE-27.

La politique du président français Macron à l'égard de la zone euro se caractérise par le pragmatisme et la dépendance au sentier. Elle est guidée par l'expérience historique en matière d'intégration monétaire, les défis spécifiques du modèle économique français, les efforts constants de Macron pour faire preuve de "leadership", les aspects de politique monétaire et l'impact de la pandémie Covid 19.

La France, l'Allemagne et l'histoire

Dimension de l'intégration monétaire La position du président Macron à l'égard de l'intégration monétaire s'inscrit dans une longue tradition de la politique de son pays. Dès la fin des années 1960, le vice-président français de la Commission européenne, Raymond Barre, avait proposé de construire une alternative au système de Bretton Woods dominé par le dollar. Depuis lors, les gouvernements français ont appelé à une coordination plus étroite de la politique monétaire en Europe et à la création d'une monnaie commune. Ils l'ont fait pour des raisons pratiques, et non pour des considérations fondamentales d'intégration européenne : tout d'abord, l'instabilité des taux de change a eu un impact négatif sur la politique agricole commune de l'UE. Deuxièmement, les attaques spéculatives sur la monnaie française l'ont rendue vulnérable et volatile. Afin de stabiliser le taux de change, la France a été contrainte de maintenir des taux d'intérêt élevés. Toutefois, cela a eu des conséquences négatives sur la croissance économique, la dette publique et les chances de créer de nouveaux emplois. Troisièmement, la France a vu dans l'intégration monétaire un instrument lui permettant d'influencer les actions de la Deutsche Bundesbank, qui dominait la politique monétaire en Europe avant la création de l'euro. À Paris, cependant, on reconnaît également que la création d'une monnaie commune pourrait être un moyen de contenir le pouvoir économique et politique de l'Allemagne en Europe. 

L'Allemagne, en revanche, se méfie de l'idée d'une monnaie commune. Elle poursuivait l'objectif de transférer le modèle du mark allemand stable et de la Bundesbank indépendante dans la structure institutionnelle de la monnaie européenne. Il a également insisté sur une convergence suffisante des économies participantes.

Toutefois, cet objectif n'a pas été atteint à ce jour. En raison de la construction inachevée de l'Union économique et monétaire (UEM), de l'absence de réformes structurelles ambitieuses au niveau national et d'une série de chocs extérieurs, les divergences économiques et sociales se sont accrues. Celles-ci créent des tensions politiques au sein de la zone euro - y compris entre Paris et Berlin - et rendent encore plus lointaine la possibilité d'une stabilisation durable de l'union monétaire. Leurs priorités divergentes font qu'il est difficile pour l'Allemagne et la France de s'entendre sur l'orientation future de la zone euro. Paris a eu une expérience différente de celle de Berlin et un rapport différent à la politique monétaire en ce qui concerne les menaces d'inflation et l'influence des institutions supranationales sur la politique économique. Cependant, tous deux sont conscients que l'intégration monétaire est irréversible.

Les défis du modèle économique français

Un facteur important expliquant les différences de politique franco-allemande dans la zone euro est la différence des modèles économiques des deux pays. Dans presque tous les domaines, le Français emprunte une voie résolument différente de celle de l'Allemand, qu'il s'agisse du rôle de l'État dans l'économie, de la pensée économique, des structures économiques ou de l'efficacité des institutions du marché du travail. Depuis plusieurs décennies, le modèle économique français est confronté à de nombreux défis, tels que la faible compétitivité internationale, les lourdeurs bureaucratiques, les impôts élevés, la dette publique croissante et le chômage structurel.

L'énorme implication du gouvernement dans l'économie est également un problème. À 55,9 % du produit intérieur brut (PIB), les dépenses publiques de la France en 2018 étaient les plus élevées en pourcentage parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le secteur public surdimensionné du pays est l'une des principales raisons des déficits budgétaires chroniques, des conflits avec la Commission européenne sur les plans de dépenses et des critiques de l'Allemagne. La dette publique française devrait passer de 98 % en 2019 à environ 120 % du PIB en 2022 en raison de la pandémie. En outre, la dette du secteur privé est relativement la plus élevée de la zone euro (150 % du PIB au deuxième trimestre de 2020). Les recettes fiscales de la France en pourcentage du PIB sont les deuxièmes plus élevées parmi les pays de l'OCDE après le Danemark, s'élevant à 45,4 % du PIB (2019). Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne de l'OCDE (33,8 %) et est également beaucoup plus élevé que celui de l'Allemagne (38,8 %). Le gouvernement français a donc peu de marge de manœuvre pour taxer davantage l'économie ; de plus, l'opinion publique n'accepte pas de nouvelles augmentations d'impôts.

Depuis son entrée en fonction en mai 2017, le président Macron a lancé et mis en œuvre un grand nombre de réformes structurelles - en grande partie contre l'opposition de sa propre population. Néanmoins, aucune de ces réformes n'a réussi à surmonter les difficultés du modèle économique français. Dans le domaine des finances publiques en particulier, le manque de résultats substantiels est évident. Même si la BCE a considérablement réduit le coût du service de la dette, les perspectives d'évolution de la dette publique en France restent préoccupantes. Ces défis et les problèmes économiques et sociaux qui en découlent ont désormais un impact négatif sur la position politique de la France en Europe et sur l'équilibre de ses relations avec l'Allemagne. En raison de la marge de manœuvre politique limitée pour un véritable changement structurel chez elle, la France attache à la réforme de la zone euro l'espoir de pouvoir façonner sa politique budgétaire avec plus de souplesse et, globalement, l'espoir d'une évolution vers plus d'interventionnisme économique dans l'UE et la zone euro. Ces attentes sont en contradiction avec la position traditionnelle de l'Allemagne, qui attache de l'importance au caractère contraignant des règles budgétaires dans l'union monétaire et souligne la nécessité de réformes structurelles nationales.

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Il y a 12 heures, pascal a dit :

En clair Berlin nain politique, nain militaire, vieillard démographique, puissance industrielle mais pour combien de temps ?...

"Nain politique" est très largement faux.

Je pense avant tout au continent européen. L'influence de l'Allemagne me semble y être plus prégnante que la française, et même si elle ne va pas jusqu'à être directrice - ça dépend des sujets - elle est en tout cas tout sauf négligeable !

L'influence politique de l'Allemagne à grande distance, hors du continent européen, est probablement en général plus faible que celle de la France, oui. Sans être négligeable, là encore.

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il y a 59 minutes, P4 a dit :

@Boule75

Tu vois, les limites de cette étude c'est qu'elle aurait put contenir les memes élément de language sous la présidence de Hollande, de Sarkozy, de Chirac et de Mitterand mais avec les évenements géopolitique de chacunes de ces présidences.

Hum... Tout de même : Bush jr. pouvait être considéré comme un épiphénomène, mais avec Trump on peut penser que les USA sont repartis dans une phase d'isolationisme de long terme et s'intéressent moins à l'Europe, en tout cas. La Russie est effectivement redevenue offensive, la Turquie aussi, sans parler de la chine : ça fait quand même de grosses différences.

il y a 59 minutes, P4 a dit :

Pour moi il y a deux facteurs de divergence:

  • un qui est propre à l'Allemagne et qui débute à la chute du pacte de Varsovie, à cette époque une telle étude n'aurait jamais vu le jour.
  • notre présence au conseil de sécurité de l'organisation des nations uniies, ce qui nous place dans une autre catégories que l'Allemagne.

Et c'est pour cette raison qu'il n'en parle pas dans l'étude, c'est une manière de nous placer en seconde division alors que nous jouons en première.

Et il n'y pas de raison que cela change le RU ou la Russie ont eu un PIB 2021 inférieur au notre.*

Je ne sais plus qui faisait remarquer ici que plus ça va, moins ce siège au CS représente quelque chose, tout simplement parce que l'ONU et le système "juridique" international se délite en ce moment.

Ils n'en parlent pas parce que l'idée d'AKK (entre autres) était un chiffon rouge bien stupide et, pour l'instant du moins, presque sans valeur.

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il y a 21 minutes, Boule75 a dit :

Hum... Tout de même : Bush jr. pouvait être considéré comme un épiphénomène, mais avec Trump on peut penser que les USA sont repartis dans une phase d'isolationisme de long terme

T'es sûr que c'est pas l'inverse? :laugh:

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Macron, Berlin et l'euro : la recherche d'un leadership

Dans les propositions de Macron pour le renouvellement de l'Union européenne, la zone euro joue un rôle de premier plan. Comme ses prédécesseurs à l'Élysée, le président Macron souhaite une intégration fiscale plus étroite et un meilleur partage des risques au sein de la zone euro. Les éléments constitutifs d'une réforme de la zone euro, tels qu'il les présente dans son livre Révolution, sont la création d'un budget commun de stabilisation et d'investissement et la nomination d'un ministre des finances pour la zone euro. Ces idées reflètent la notion de "gouvernement économique" qui est promue depuis longtemps en France. Cela impliquerait un plus grand interventionnisme économique au niveau de l'UE, sans que les États membres aient à renoncer au contrôle de leurs propres politiques économiques. Cela reviendrait également à limiter l'indépendance de la BCE dans la définition et la mise en œuvre de sa politique monétaire.

Macron a inclus ces éléments dans son discours de la Sorbonne de 2017, dans lequel il a combiné le pragmatisme avec une tentative d'amener l'Allemagne à répondre aux demandes de Paris. D'une part, Macron a souligné l'importance des réformes structurelles en France et a insisté sur la responsabilité des États membres vis-à-vis de leurs dettes, ce qui correspondait aux attentes allemandes ; il s'est également abstenu des critiques habituelles sur les excédents d'exportation allemands. D'autre part, il a évoqué les "lignes rouges" contre lesquelles l'Allemagne met régulièrement en garde et qui sont devenues un mot d'ordre pour désigner le refus de l'Allemagne de partager les risques au sein de la zone monétaire.

Mettre l'accent sur les réformes structurelles à l'intérieur du pays était également une tentative de restaurer la crédibilité de la politique économique française aux yeux de Berlin, et un argument pour que l'Allemagne fasse plus facilement des concessions en vue d'une intégration plus poussée de la zone euro. Un an plus tard, le président Macron et la chancelière Merkel se sont mis d'accord sur la déclaration franco-allemande de Meseberg, qui devrait donner un nouvel élan à la réforme de la zone euro et marque une étape importante pour Macron dans sa quête non seulement de réduire le déséquilibre politique entre Berlin et Paris, mais aussi de retrouver le rôle de leader de la France en tandem avec l'Allemagne.

La France et la BCE : la politique rencontre la politique monétaire

Comme on l'a vu plus haut, le désir d'accroître la propre influence de la France sur la politique monétaire en Europe et de réduire celle de la Bundesbank a été une raison essentielle du soutien de la France au projet d'intégration monétaire. Avant le lancement de l'euro, la politique monétaire en Europe était dominée par la Bundesbank. A cette époque, les autres banques centrales, dont la Banque de France, suivaient les décisions de politique monétaire de la banque centrale allemande. Bien entendu, la Bundesbank a agi avant tout dans l'intérêt de l'économie allemande. Le franc français est chroniquement faible et les politiciens français sont régulièrement contraints de demander à l'Allemagne des réajustements au sein du système monétaire européen.

La résistance à l'indépendance de la banque centrale était donc profondément ancrée dans la politique française. Depuis le début de la récession économique en 2001, la politique monétaire de la BCE a été régulièrement critiquée en France. L'un des principaux objectifs politiques des gouvernements français était d'exercer une forte influence sur la politique monétaire de la BCE et de confier la direction de la principale autorité monétaire de l'UE à un candidat français, ce qui a été réalisé entre 2003 et 2011 avec Jean-Claude Trichet.

Depuis le début de la crise de l'euro en 2010, la BCE a joué un rôle clé dans la stabilisation de la zone euro en contrant la croissance de la dette publique. À la suite de la crise, la BCE a considérablement gagné en importance dans le dispositif institutionnel de l'UE, mais elle est également devenue plus politisée. La nomination de Christine Lagarde comme nouvelle présidente de la BCE en 2019 a été l'un des plus grands succès de la politique européenne de Macron. Compte tenu du vaste rôle de pilotage de la politique économique que joue la BCE, le directeur français peut aider Paris à rapprocher le projet d'intégration monétaire de la vision française. Lagarde a annoncé et lancé un examen de la stratégie de politique monétaire de la BCE. Au cours de cet examen, le président est susceptible d'influencer de manière significative l'orientation future de la politique monétaire de la BCE.

Covid-19 : un test de résistance pour la zone euro et pour le tandem franco-allemand

Tant à Paris qu'à Berlin, on a rapidement compris que la pandémie de Covid 19 constituait non seulement une menace majeure pour les économies individuelles et la zone euro, mais surtout un énorme défi politique. La France a suggéré que de nouveaux instruments d'aide soient développés pour la zone euro. À cette fin, elle a réuni une coalition informelle de neuf pays, dont l'Italie et l'Espagne, qui ont préconisé l'émission conjointe d'obligations au sein de l'UE-19 (obligations Corona) pour lutter contre les effets de la pandémie. Les demandes de ce groupe ont été soutenues par Christine Lagarde. En plus des énormes mesures de relance budgétaire prises par les différents États membres et du plan d'aide adopté par l'Eurogroupe, la France et l'Allemagne ont proposé la création d'un instrument d'assistance financière spécial le 18 mai 2020. Dans sa décision, la France a tenu compte des préoccupations de l'Allemagne et a accepté de rester attachée à "des politiques économiques saines et un programme de réformes ambitieux" dans le même temps. 

L'accord conclu par tous les États membres de l'UE, à la suite de l'accord franco-allemand, pour mettre en place une facilité de reconstruction et de résilience essentiellement basée sur des subventions, d'une valeur de 672,5 milliards d'euros, est sans aucun doute un succès pour M. Macron, même si cet instrument reste dans le budget de l'UE. Contrairement à l'Allemagne, la France a préféré poursuivre l'intégration fiscale au sein d'un groupe d'États plus restreint, comme l'UE-19.

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14 hours ago, Boule75 said:

Hum... Tout de même : Bush jr. pouvait être considéré comme un épiphénomène, mais avec Trump on peut penser que les USA sont repartis dans une phase d'isolationisme de long terme et s'intéressent moins à l'Europe, en tout cas. La Russie est effectivement redevenue offensive, la Turquie aussi, sans parler de la chine : ça fait quand même de grosses différences.

Ou LA LA...

Ce n'est pas du tout ce dont je parle, je suis plutot sur les engagements Français en Afrique, c'est une constance sous toute les présidences depuis les indépendances.

Et Giscard avait été le plus guerrier en soutenant le Maroc contre le Polisario ou la gréce contre la Turquie, Macron n'est pas plus aventureux "solitaire"que ses prédécésseurs, quand l'outil militaire est efficace il s'en serve, de ce point de vu Chirac était le moins bien lotis.

Quand aux menaces que tu cites elles ne sont pas sur la frontière Allemande et sans comparaison possible avec celle du pacte de Varsovie.

Berlin serait beaucoup plus souple avec nous y compris sur la question monétaire s'il y avait la résurgence d'un péril du meme ordre pour sa sécurité.

14 hours ago, Boule75 said:

Je ne sais plus qui faisait remarquer ici que plus ça va, moins ce siège au CS représente quelque chose, tout simplement parce que l'ONU et le système "juridique" international se délite en ce moment.

Ils n'en parlent pas parce que l'idée d'AKK (entre autres) était un chiffon rouge bien stupide et, pour l'instant du moins, presque sans valeur.

Oui c'est un avis.

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Le marché du travail français ne retrouvera pas les niveaux d'avant la crise, même au cours de l'année électorale 2022.

Le marché du travail français a été durement touché par la pandémie. Les fonds provenant du mécanisme de redressement et de résilience ne devraient pas changer beaucoup pour le moment. Les prévisions optimistes laissent entrevoir une forte reprise de la croissance du PIB (5,8%) pour la France en 2021. La situation du marché du travail restera difficile : D'ici à la fin de 2020, plus d'un participant au marché du travail sur cinq ressentira des goulets d'étranglement dans l'offre de main-d'œuvre. Même en 2022, année d'élections, la situation sur le marché du travail ne devrait pas retrouver le niveau d'avant la crise de Corona. Il y aura également une différence de développement entre la France et l'Allemagne en termes de dette publique. En France, il sera l'un des plus élevés de l'UE-19 par rapport au PIB, s'établissant à environ 117,8 % en 2021. En Allemagne, il sera de 71,1 % par rapport au PIB.

Perspectives : Paris et Berlin dans la zone euro post-Covid 19

La vision d'Emmanuel Macron de la réforme de la zone euro n'est pas très différente des façons traditionnelles françaises de voir et d'aborder les choses. Les principales divergences franco-allemandes sur cette question subsisteront donc. Le discours de M. Macron à la Sorbonne, malgré ses tentatives de se présenter comme un réformateur de la zone euro, a difficilement pu masquer la réticence de la France à permettre aux institutions supranationales d'exercer un contrôle accru sur la politique économique de la zone euro. Au moins, Emmanuel Macron fait preuve de plus de détermination que ses prédécesseurs en ce qui concerne le programme de réformes économiques en France, qui est crucial pour la stabilité de la zone euro. Ce faisant, le président cherche à rétablir la position d'égalité de la France dans ses relations avec l'Allemagne et son influence politique au sein de l'UE.

La pandémie a apporté une nouvelle dynamique à l'intégration économique de l'UE, obligeant Paris et Berlin à coopérer plus efficacement dans ce domaine. D'une part, un mécanisme de soutien financier sans précédent, la Facilité pour la reconstruction et la résilience, a été créé sous l'égide du budget de l'UE. Le fait que l'Allemagne ait soutenu cette idée marque un certain changement de paradigme dans sa politique. D'autre part, l'impact inégal de la crise sanitaire et la vitesse différente de la reprise vont accentuer les divergences économiques non seulement au sein de l'UE-19, mais aussi entre la France et l'Allemagne.

En particulier, l'augmentation significative prévisible de la dette publique est susceptible d'avoir un impact majeur sur l'orientation de la poursuite de l'intégration au sein de la zone euro. On peut donc s'attendre à ce que Paris joue un rôle actif dans le débat post-pandémie attendu sur un éventuel partage accru des risques dans le domaine des finances publiques et sur les réformes des règles budgétaires de l'UE. Bien que les règles budgétaires de la zone euro s'éloignent de plus en plus de la réalité économique, l'Allemagne préférera probablement reporter ce débat indéfiniment. Compte tenu des élections en Allemagne (2021) et en France (2022) et des intérêts divergents des États membres, il sera très difficile de progresser dans ce domaine. Dans le contexte des défis structurels de l'économie française et de la crise qu'elle traverse en raison de la pandémie de Covid 19, il est important pour la France de maintenir un soutien fiscal à l'économie. Il sera donc crucial pour la BCE de poursuivre sa politique monétaire expansionniste afin de maintenir le coût du service de la dette publique dans la zone euro à un niveau faible. À moyen terme, l'option politiquement la moins chère pour Paris et Berlin est que la BCE maintienne son vaste engagement à stabiliser la zone euro.

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La politique russe de Macron : déjà un échec ?

Emmanuel Macron a fait la une des journaux avec sa déclaration sur la "mort cérébrale" de l'OTAN. Mais son approche de la Russie est tout aussi importante dans le contexte allemand : le président français a annoncé en août 2019 qu'il voulait dialoguer avec la Russie sur la sécurité européenne. Il a ensuite pris des mesures bilatérales pour améliorer les relations entre Paris et Moscou. La plus visible a été la réintroduction du format 2+2, c'est-à-dire des réunions régulières entre les ministres des affaires étrangères et de la défense des deux pays. Dans ce contexte, 13 groupes de travail sur des questions plus proches telles que la Libye ou la cybersécurité ont été créés et ont commencé leurs travaux en septembre 2020.

Macron a réaffirmé rhétoriquement cette approche qui est la sienne dans plusieurs formats, y compris explicitement contre l'avis des experts en politique étrangère. Il a été au moins rhétoriquement secondé en cela par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a relié la nouvelle approche française à la politique de l'OTAN pendant la guerre froide dans un discours à Prague fin 2019. Il a souligné que l'histoire nous enseigne qu'il est nécessaire de dialoguer avec la Russie pour assurer la sécurité européenne. L'invitation de Macron à Vladimir Poutine à lui rendre visite dans sa résidence d'été de Brégançon juste avant le sommet du G7 en août 2019 a démontré sa volonté de dialoguer avec le président russe. En outre, elle a permis de signaler que le président français accueillerait favorablement un retour de la Russie dans le format du G7 ou du G8 à moyen terme et qu'il était prêt à faire passer les messages de Poutine dans les discussions du sommet si nécessaire.

L'approche de Macron vis-à-vis de la Russie ne doit toutefois pas être considérée indépendamment de sa déclaration sur la "mort cérébrale" de l'OTAN. Elle s'inscrit plutôt dans une vision plus large de la situation internationale qui a amené Macron à conclure que la coopération avec Moscou est essentielle. Tant dans son entretien avec le magazine The Economist en novembre 2019 que dans son discours programmatique devant les ambassadeurs français en août 2019, il a expliqué pourquoi il était nécessaire de convaincre la Russie des avantages d'une coopération plus intensive : une telle approche aurait tendance à affaiblir la coopération actuelle entre la Russie et la Chine. En outre, le succès de cette approche donnerait à l'Europe un poids plus important sur la scène mondiale. Elle serait ainsi moins dépendante d'une bonne relation transatlantique et des garanties de sécurité américaines.

Le plan proposé par le président français et déjà partiellement mis en œuvre concernant la Fédération de Russie contient donc des éléments rhétoriques et pratiques et fait partie d'une structure plus large qui reflète sa vision de la situation internationale. Dans ce qui suit, les différences entre Paris et Berlin en ce qui concerne leur politique à l'égard de la Russie seront présentées, des explications seront données à l'approche française et les conséquences des mesures prises jusqu'à présent sur les relations franco-allemandes seront expliquées.

L'évolution des rôles dans la politique russe

Du point de vue allemand, le principal problème de la politique russe d'Emmanuel Macron est qu'elle est perçue comme un effort solitaire. Le président français a lancé la démarche décrite ci-dessus sans consulter au préalable Berlin ou les autres États membres de l'Union européenne (UE). Cela a considérablement irrité les décideurs allemands, d'autant plus que Berlin assume plus souvent le rôle de leader dans l'UE lorsqu'il s'agit de la Russie.

En outre, les politiques des deux pays à l'égard de la Russie diffèrent sur le fond. Même si l'approche française présente certaines similitudes avec la politique russe antérieure de l'Allemagne et est certainement conforme aux vues d'un certain nombre d'acteurs politiques et économiques en Allemagne, elle va néanmoins à l'encontre de l'esprit de l'approche actuelle de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie. Elle se caractérise notamment par une critique claire de certaines actions de la Russie et par un soutien ferme aux sanctions existantes de l'UE contre ce pays. Si la France ne remet pas en cause les sanctions, la rhétorique française sur la Russie s'est nettement adoucie au cours du mandat de Macron.

La France conclut ce que sont les intérêts "logiques" de la Russie. L'Allemagne s'inspire du comportement de la Russie.

Cependant, le fait suivant est crucial : l'approche du président français est basée sur ses propres conclusions quant aux intérêts "logiques" de la partie russe, plutôt que sur le comportement de la Russie. En Allemagne, en raison d'expériences décevantes répétées avec les acteurs russes (en rapport avec l'annexion de la Crimée, la guerre dans le Donbas, l'"affaire Lisa", l'empoisonnement d'Alexei Navalny), des hommes politiques de premier plan sont arrivés à la conclusion que la logique russe est difficile à comprendre et que, par conséquent, les hypothèses doivent plutôt être formulées sur la base des actions russes. Le résultat est un mélange d'outils et d'approches différent de celui du côté français.

La politique russe de l'Allemagne, avec son adhésion au projet Nord Stream 2, comporte certes des éléments de coopération et de soutien au régime. En revanche, la France a annulé la vente de deux porte-hélicoptères "Mistral" à la Russie en 2014, alors qu'elle avait déjà été convenue contractuellement. Cependant, cela a eu lieu sous le président de l'époque, François Hollande, et ne fait donc pas partie de la politique russe de Macron. Cependant, la question des grands projets avec la Russie est également importante pour Macron ; il a exprimé à plusieurs reprises des réserves sur le gazoduc Nord Stream 2. Il est plausible que la position de l'Allemagne sur cette question l'irrite en partie parce que l'attitude critique de l'Allemagne à l'égard de la Russie est difficile à concilier avec la poursuite du projet Nord Stream 2.

La vision de Macron du développement mondial ne fait pas non plus l'unanimité à Berlin. Premièrement, l'idée que des acteurs au sein de l'UE puissent convaincre les dirigeants russes d'abandonner leurs relations étroites avec la Chine en faveur d'une coopération intensive avec l'UE ou l'Europe est considérée comme controversée en Allemagne. De nombreux experts de la Russie ont mis en doute cette affirmation, et de même, certains acteurs politiques l'ont trouvée peu convaincante. Ils ont fait valoir que les offres que l'UE pouvait faire à la Russie n'étaient pas suffisamment attrayantes pour inciter la Russie à revoir à la baisse ses relations avec la Chine. Cependant, les membres de la délégation de l'UE à Moscou ont soutenu le même argument que Macron. Berlin n'a partagé cette opinion que dans une mesure limitée, en partie parce qu'elle ne dispose pas des leviers nécessaires pour influencer la politique étrangère de la Russie dans le sens souhaité.

Deuxièmement, l'approche française vise apparemment à renforcer le découplage entre l'Europe et les États-Unis, ce qui n'est pas conforme à la politique allemande. La logique qui sous-tend les propositions de Macron semble être la suivante : L'UE devrait essayer d'œuvrer à une Europe forte afin de gagner en autonomie vis-à-vis de la Chine et des États-Unis. Pour cela, des liens plus étroits avec la Russie sont essentiels. Il est clair qu'une coopération plus intensive avec la Russie en matière de sécurité créera davantage de distance entre l'UE et les États-Unis - du moins dans un avenir prévisible. Ce point de vue et cette façon de penser sont en contradiction avec l'attitude qui prévaut à Berlin à l'égard des relations transatlantiques, surtout après la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine.

Il est intéressant de noter que l'approche de la Russie d'Emmanuel Macron est relativement proche de la ligne de Berlin d'avant 2014. En d'autres termes, il y a eu une évolution des rôles au sein de l'UE en ce qui concerne la Russie. La France joue désormais l'ancien rôle de l'Allemagne, tandis que cette dernière se rapproche quelque peu des critiques de la Russie à l'est de l'UE, à savoir la Pologne et les États baltes. Cela montre à quel point la ligne allemande a changé ces dernières années. Néanmoins, l'approche de l'Allemagne reste au milieu du spectre de l'UE, même après que les relations avec la Russie se soient considérablement détériorées en raison de l'empoisonnement de l'opposant Alexei Navalny.

 

 

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Il y a 2 heures, g4lly a dit :

@Picdelamirand-oil tu pourrais mettre les liens des articles que tu postes?

Le lien est au début de la série, le titre est en lien avec un document pdf en allemand.

Non je ne l'avais pas mis mais il est là:

http://www.air-defense.net/forum/topic/18727-allemagne/?do=findComment&comment=1396502

 

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5 minutes ago, Picdelamirand-oil said:

Le lien est au début de la série, le titre est en lien avec un document pdf en allemand.

Non je ne l'avais pas mis mais il est là:

http://www.air-defense.net/forum/topic/18727-allemagne/?do=findComment&comment=1396502

 

Je viens de comprendre il est dans le post de P4 en fait :wink:

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L'approche française vis-à-vis de la Russie : essentiellement géopolitique

La politique russe du président français n'est qu'un élément d'une structure plus vaste. Selon la vision du monde d'Emmanuel Macron, telle qu'il l'a expliquée, par exemple, dans son interview au magazine The Economist à l'automne 2019, il est nécessaire d'engager davantage la Russie dans un discours européen et de coopérer plus intensément avec Moscou. Par conséquent, pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d'orienter l'intérêt des dirigeants russes pour la coopération de la Chine vers l'Europe. Sinon, la Russie et la Chine formeront un bloc et l'UE sera probablement contrainte de rechercher une alliance plus étroite avec les États-Unis pour équilibrer ce bloc. - C'est donc une vision très géopolitique qui pousse le président français à coopérer avec la Russie. Peut-être son initiative est-elle également suspecte pour certains à Berlin, car de nombreux acteurs allemands ne sont pas à l'aise, ou ont des difficultés, avec la géopolitique.

Cette approche permet à Macron de se présenter comme un Européen et, en cas de succès, d'assumer un rôle de leader dans la politique étrangère européenne. En même temps, elle correspond à la préférence de cercles politiques et économiques importants en France. Même si l'establishment de la politique étrangère française est divisé sur la Russie, une partie d'entre eux soutient les propositions de Macron, y compris un certain nombre d'ambassadeurs et de ministres de renom, dont certains émérites. Parmi eux, Pierre Vimont, diplomate de haut rang et actuellement envoyé du président français pour l'architecture de sécurité et le renforcement de la confiance avec la Russie. En outre, certains hommes d'affaires français influents dans les secteurs de l'énergie et de la défense sont intéressés par une bonne relation avec la Russie, principalement pour des raisons financières.

Enfin, le président français espère que son approche de la Russie aura un impact positif sur certains défis de politique étrangère, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. La Russie jouant un rôle clé en Syrie, il serait plus facile, selon la logique de Macron, de convaincre les dirigeants russes de prendre ou de s'abstenir de certaines actions si la relation bilatérale franco-russe ainsi que la relation UE-Russie étaient globalement meilleures. Mais Macron a apparemment aussi espéré des retombées positives en ce qui concerne la Libye et le Sahel. En ce sens, les relations avec la Russie sont pertinentes pour des domaines clés de la politique étrangère française au sud de l'UE.

Conséquences pour les relations franco-allemandes : toujours en mouvement

Jusqu'à présent, les différences entre les deux approches vis-à-vis de la Russie n'ont pas eu de conséquences graves sur la relation franco-allemande. Il y a au moins deux raisons à cela : Premièrement, l'approche française s'est jusqu'à présent manifestée davantage sur le plan rhétorique. Les quelques actions concrètes (pourparlers 2+2, invitation de Poutine à Brégançon) n'ont donné aucun résultat tangible. D'autre part, les derniers développements en Russie et concernant la Russie ont freiné l'approche de Macron, du moins pour le moment. Après l'empoisonnement d'Alexei Nawalnyi, les prochaines discussions prévues dans le format 2+2 ont été reportées, et la visite prévue de Macron à Moscou a été remise en question. Toutefois, il ne s'agit que d'un phénomène temporaire qui n'implique pas un changement fondamental de l'approche française.

Lorsque M. Macron a initialement expliqué ses propositions, les cercles d'experts en Allemagne ont craint que cette approche de la Russie n'ait un impact négatif sur le format Normandie. L'idée était qu'un tel rapprochement (ou même son potentiel) pourrait affecter à la fois le calcul russe au sein du format et la position unifiée des parties allemande et française qui existait jusqu'alors. Cependant, le sommet de Normandie qui s'est tenu à Paris en décembre 2019 a montré que cette crainte n'était pas fondée. L'unité des deux membres de l'UE ne semble pas être en danger pour le moment ; néanmoins, les négociations dans le cadre du format Normandie pourraient être affectées car les relations avec la Russie se sont encore détériorées en raison de l'affaire Nawalnyj.

Comme l'Allemagne, la France tente également d'engager un dialogue avec les États membres de l'Est de l'UE au sujet de la Russie. Cependant, le voyage d'Emmanuel Macron en Lituanie, fin septembre 2020, a envoyé des signaux dans deux directions. D'une part, le président français a trouvé des mots durs à la lumière de la gestion par les dirigeants russes de l'affaire Nawalnyj et a rencontré la figure de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaya. D'un autre côté, la réunion avec elle a pris relativement peu de place si l'on considère le voyage dans son ensemble, et les autres discours de Macron à Vilnius étaient axés sur la thèse selon laquelle le dialogue avec Moscou doit se poursuivre. Dans l'ensemble, on a l'impression qu'il n'est pas envisagé de s'écarter de la précédente ligne française sur la Russie. Certes, la visite de Macron en Lituanie démontre son intention de continuer à entretenir de bons contacts avec les gouvernements d'Europe centrale et orientale. Mais son voyage à Varsovie en février 2020, par exemple, n'a pas entraîné d'amélioration notable des relations franco-polonaises, ni de convergence des positions des deux pays à l'égard de la Russie.

Après la victoire électorale de Biden, Berlin comptera davantage sur les États-Unis comme partenaire que sur Paris. Cela pourrait compliquer la coopération franco-allemande.

En outre, l'approche française de la Russie s'inscrivant dans un contexte international plus large, la question se pose de savoir si et dans quelle mesure l'Allemagne et la France se rapprocheront l'une de l'autre dans des domaines connexes de la politique étrangère. Les signes significatifs d'un tel rapprochement ne sont pas visibles à l'heure actuelle. Après la victoire de Biden aux élections américaines, les évaluations des deux pays pourraient diverger quant au potentiel de ce résultat électoral pour la relation transatlantique. L'Allemagne s'appuiera probablement à nouveau davantage sur les États-Unis en tant que partenaire, du moins à court et moyen terme - la France sera probablement plus réticente à cet égard. Une telle évolution pourrait compliquer davantage la coopération franco-allemande, tant dans le cadre de l'UE que vis-à-vis de la Russie. En conclusion : Il est difficile de savoir quelle voie la politique étrangère allemande empruntera après les élections du Bundestag en septembre 2021 et à quoi elle sera confrontée, également et surtout en ce qui concerne les relations avec la Russie. C'est pourquoi il est actuellement difficile de savoir comment les approches allemande et française à l'égard de la Russie vont évoluer à moyen terme et quelles sont les chances qu'elles convergent.

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il y a 58 minutes, Picdelamirand-oil a dit :

Un allié engagé mais difficile : La politique de la France vis-à-vis de l'OTAN

Ce phrasé laisse entendre que l'inconfort moral ressenti par le commentateur, fruit de l'indépendance de vue française, est plus dommageable que le confort physique procuré par l'engagement militaire concret de la France au service de l'OTAN:laugh:

"Engagé mais difficile"? Ne serait-ce pas plutôt "difficile mais engagé"? Ou bien cette formule est-elle réservée à la turquie au pouvoir de nuisance politique plus élevé?

Avec de tels thuriféraires, l'OTAN est bel et bien "brain dead".

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il y a 39 minutes, Patrick a dit :

Ce phrasé laisse entendre que l'inconfort moral ressenti par le commentateur, fruit de l'indépendance de vue française, est plus dommageable que le confort physique procuré par l'engagement militaire concret de la France au service de l'OTAN:laugh:

"Engagé mais difficile"? Ne serait-ce pas plutôt "difficile mais engagé"? Ou bien cette formule est-elle réservée à la turquie au pouvoir de nuisance politique plus élevé?

Avec de tels thuriféraires, l'OTAN est bel et bien "brain dead".

À la fin de la seconde guerre mondiale, Churchill croisant De Gaulle lui dit quelque chose comme : " vous avez été les alliés qui nous ont causé les plus grandes difficultés"

Ce à quoi De Gaulle répondit " j'espère bien, nous sommes une grande nation ! "

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Le 01/04/2021 à 20:44, P4 a dit :

La relation Franco-Allemande sous Macron, divergence structurelle, du bon* et du moins bon**.

A vos traducteurs.

https://www.swp-berlin.org/publikation/frankreichs-aussen-und-sicherheitspolitik-unter-praesident-macron/

Merci @Picdelamirand-oil pour la traduction

Le 02/04/2021 à 07:50, Bechar06 a dit :

Ceci dit ... Quel est le poids, l'audience de ce "SWP  Sciences fondamentales et politique  Institut allemand pour la politique et la sécurité internationales"  ??  

Je me suis posé la même question
Bizarrement, cette section là est traduite en anglais.

https://www.swp-berlin.org/en/about-swp/

Ce serait un think tank financé par le gouvernement allemand, à destination des autorités allemandes (à hauteur de 15ME par an).
Maintenant, quel est son sérieux, son audience ou ses biais, je n'en ai aucune idée.

Son indépendance éditoriale est-elle garantie par son statut et par la loi ? (comme l'ASPI, son homologue australien) ?
EDIT : financement étatique ne veut pas dire "aux ordres du pouvoir en place".
Le CBO US est réputé pour être sérieux et peu sujet aux querelles partisanes.

(à titre de comparaison, voilà la page "à propos" pour l'institut Montaigne français...
https://www.institutmontaigne.org/qui-sommes-nous
Difficile de déterminer le parti pris éditorial/idéologique avec cette page. Il faut tout simplement les connaître)

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