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Allemagne


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il y a 7 minutes, hadriel a dit :

Pour recentrer le sujet, un peu de concret suite au conseil Franco-allemand d'aujourd'hui:

Et qu'est ce que l'Allemagne irait faire en Indo-pacifique? Protéger ses voies commerciales avec la Chine?

Tandis que la France participe avec ses alliés régionaux (Inde, Indonésie...) à protéger notamment leurs voies commerciales mais aussi leur simple liberté d'action en mer et dans les airs...CONTRE la Chine?

le-shadocks-shadok.gif

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https://www.n-tv.de/politik/Was-der-Elysee-Vertrag-heute-bedeutet-article23860777.html

Lorsque le traité de l'Élysée a été signé il y a 60 ans par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer au palais présidentiel français, le président français poursuivait des objectifs oubliés depuis longtemps et qui ne sont généralement plus mentionnés dans les commémorations. Avec ce traité, De Gaulle voulait construire une Europe indépendante des États-Unis sur le plan militaire et de la politique étrangère, sous la direction de la France et avec le soutien décisif de la République fédérale d'Allemagne de l'époque. C'est pourquoi trois thèmes ont été réglés dans ce traité : la coopération militaire et en matière de politique étrangère, les rencontres régulières entre les gouvernements et, dans une perspective d'avenir, l'enseignement des langues à l'école et la rencontre des jeunes Français et Allemands. En revanche, deux autres domaines n'ont étonnamment pas été abordés avec le regard d'aujourd'hui : la coopération économique et culturelle.

L'histoire de ce traité a commencé par un échec. Lors de ses délibérations sur le traité, le Bundestag décida de le faire précéder d'un préambule évoquant la coopération au sein de l'OTAN et avec les États-Unis. Pour de Gaulle, le traité était donc un échec. Quelques mois après la signature, il déclara, déçu, au Conseil des ministres français que les hommes politiques allemands voulaient faire du traité de l'Élysée "une coquille vide". Et pourquoi tout cela ? Parce que les politiques allemands ont peur de ne pas assez ramper devant les Anglo-Saxons".

Les célébrations du traité de l'Élysée ne peuvent pas faire oublier que les circonstances de la coopération franco-allemande ont complètement changé au cours des 60 dernières années. On oublie souvent aujourd'hui que, contrairement à l'époque, la France ne revendique plus que rarement le statut de puissance leader en Europe, bien qu'elle possède toujours certaines caractéristiques d'une grande puissance, notamment un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et la bombe atomique. A l'inverse, contrairement à 1963, certains hommes politiques allemands revendiquent aujourd'hui, de manière totalement irréaliste et en oubliant l'histoire, la position de leader allemand en Europe. Ils se heurtent ainsi à une faible approbation et à l'incompréhension non seulement de l'opinion publique allemande, mais plus encore de l'opinion publique européenne.

Contrairement à 1963, une coopération franco-allemande n'est aujourd'hui possible que sur un pied d'égalité, tout en étant urgente. La responsabilité franco-allemande est en outre bien plus vaste aujourd'hui qu'au moment de la signature du traité de l'Élysée. Elle ne consiste pas seulement à rassembler les 27 États membres de l'Union européenne au lieu des 6 États membres de la Communauté économique européenne et à développer de grands projets, comme récemment le Fonds européen de relance, et à les négocier avec intelligence et persévérance avec les nombreux autres membres de l'UE. La démocratie dans les États membres doit également être défendue ces dernières années face aux nouveaux gouvernements populistes et autoritaires.

La politique européenne actuelle est également beaucoup plus large. Elle ne se limite pas à la politique douanière, commerciale et agricole comme en 1963, mais s'étend depuis longtemps à la politique étrangère, à la politique de la recherche, à la politique sociale, à la politique culturelle, à la politique énergétique, à la politique de la santé depuis l'épidémie de Corona et aujourd'hui à la politique militaire avec la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Ces nombreux domaines politiques recèlent bien plus d'intérêts contradictoires pour lesquels des compromis laborieux doivent être trouvés. L'espace géographique de la responsabilité européenne, et donc franco-allemande, a également complètement changé. En 1963, dans la conception allemande, la responsabilité franco-allemande se limitait entièrement à l'Europe occidentale. La France pensait dans des espaces plus vastes, mais elle était alors confrontée à l'effondrement de son empire colonial. Aujourd'hui, en revanche, l'Union européenne, contrairement à ce qui se passait pendant la guerre froide, voit son espace de responsabilité s'étendre à l'Europe orientale, dont l'Ukraine, et à l'espace méditerranéen, jusqu'à l'Afrique subsaharienne, d'une toute autre manière qu'en 1963.

Mais les célébrations du traité de l'Élysée n'en perdent pas pour autant leur importance. Bien au contraire, même après 60 ans, deux défis sont restés les mêmes : Le partenariat franco-allemand n'a jamais été une affaire purement bilatérale, mais a toujours tourné autour de la responsabilité bien plus grande de l'Allemagne et de la France pour l'Europe. Sans la coopération franco-allemande, l'Europe ne tient pas ensemble. Dans le traité de l'Élysée, l'Europe n'est apparue qu'une seule fois, mais en bonne place. Par ailleurs, la coopération franco-allemande n'a jamais été une alliance purement diplomatique, mais s'est nourrie d'une étroite interdépendance économique, culturelle et sociale entre les deux pays. C'est ce qu'exprime le symbole du traité de l'Élysée. Dans l'ensemble, le symbole du traité de l'Élysée n'est pas simplement synonyme de brillants succès historiques, mais de nouveaux défis européens urgents pour le gouvernement français et, actuellement, surtout pour le gouvernement allemand.

Le professeur Hartmut Kaelble a occupé jusqu'en 2008 la chaire d'histoire sociale à l'université Humboldt de Berlin. Il compte parmi les historiens sociaux allemands les plus renommés.

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Il y a 15 heures, Bechar06 a dit :

On la croit ? Votre ministre des affaires étrangères ?  Ou elle cherche à démissionner ??  

 

La déclaration de Mme Baerbock n’est pas surprenante dans la mesure où elle défend la cession de Leopard 2 à Kiev depuis maintenant plusieurs mois. Quitte à s’opposer à M. Scholz… et à faire tanguer la coalition gouvernementale à laquelle elle appartient."  in      "La question de la livraison de chars Leopard 2 à l’Ukraine fissure le gouvernement allemand"

https://www.opex360.com/2023/01/23/la-question-de-la-livraison-de-chars-leopard-2-a-lukraine-fissure-le-gouvernement-allemand/    

Les allemands boutiquiers :

"Cela étant, le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a rappelé la ligne à tenir, lors d’un entretien diffusé plus tard par la chaîne ARD. « Il ne s’agit pas seulement de livrer ou de ne pas livrer ces chars, mais aussi d’en peser les conséquences », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Il est dans l’intérêt de l’Allemagne et de l’Europe d’agir avec prudence et de manière équilibrée, et non dans la hâter ou à la légère ».

Cela étant, une des clés de ce dossier est probablement… industrielle. Actuellement, une douzaine de pays européens possèdent des Leopard 2. Certain d’entre-eux soutiennent activement l’Ukraine, comme la Suède, la Finlande, le Danemark et, bien évidemment, la Pologne. S’ils se séparent de leurs chars de facture allemande, ils auront à les remplacer rapidement, si possible à des coûts maîtrisés. Or, en l’état actuel des choses, il est peu probable que l’industrie allemande [et même européenne] soit en mesure de répondre à une telle demande. Ce qui n’est pas le cas des États-Unis et de la Corée du Sud, comme l’ont montré les récentes commandes polonaises pour des chars M1 Abrams et K-2PL « Black Panther »."

 

 

Modifié par Bechar06
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Incroyable.

Les allemands finissent baisés par leur propre cupidité.

"Faut bloquer le re-export, sinon ils s'équiperont américain" - sur le fond, très mauvaise connaissance du client. La Russie, c'est un acteur réellement craint par les pays limitrophes. Soutenir l'Ukraine, c'est donc pour eux un besoin des plus élémentaires. Aller contre cette perspective de façon aussi grossière (empêchement), c'est totalement contre-productif à terme.

Et pour la partie "sinon ils s'équiperont américain", ben, si la volonté du client avait été anticipée et comprise d'une part, et si d'autre part l'outil de défense était opérationnel en Allemagne (et il est dans un triste état, encore la cupidité ...), ils auraient pu proposer une ré-assurance par la bundeswehr le temps de re-compléter les pays donateurs ... cela n'aurait pas forcément marché pour tous, mais probablement au moins pour une partie, et c'eût été l'issue la plus favorable.

Là ils vont, à terme, se faire du mal partout. Clients évidemment perdus et image diplomatique écornée, non seulement à l'est de l'UE, mais aussi dans le reste du monde (mise en œuvre de restriction sur l'armement).

Nous à côté, j'espère que l'on fait un bon usage des dispositifs européens (financé pour partie de notre poche), pour cycler intelligemment VAB (vs rachat griffon), caesar (vs rachat caesar) et amx-10rc (vs rachat Jaguar).
Et une collab' intelligent sur cv-90 à tourelle "idem Jaguar" avec d'autres partenaires européens, ça aurait de la gueule (après évidemment, il faudra soutenir/financer les forces utilisatrices...).

J'ai l'impression qu'en collaboration militaire, on pourrait faire nettement mieux avec les scandinaves et les tchèques qu'avec nos voisins teutons...

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Comme toutes les armées du monde, la Bundeswehr présente ses matériels et en vante les qualités et performances.

Cela dit, était-ce vraiment le moment idéal pour publier une vidéo sur la dernière version du Leopard 2 :rolleyes: ? Alors que l'Ukraine a exprimé un besoin urgent de donations de tels chars, que Berlin refuse - du moins pour l'instant et en l'absence de réassurance américaine par livraison simultanée de M1 Abrams ? Les commentaires sous la vidéo... ne sont pas tous sympathiques :mellow:

 

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Traité de l'Élysée :

https://www.la-croix.com/Debats/Le-rapprochement-entre-Allemands-Francais-venu-coeur-meme-societe-2023-01-21-1201251709

Immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, des personnalités comme Joseph Rovan, le père jésuite Jean du Rivau, Robert Minder ou Alfred Grosser se sont engagées sur la voie de la coexistence pacifique, tout comme, du côté allemand, le fondateur de l’Institut franco-allemand de Ludwigsburg, Fritz Schenk, avec le soutien de Theodor Heuss et Carlo Schmid.

Plus réellement, il s'agissait de pacifier la zone d'occupation française en Allemagne, et de gouverner moins par la force et plus par le "soft power" donc avec des activités culturelles.

Je rappelle que la zone d'occupation française était la moins aimée des 4 zones d'occupation à l'exception de la russe : « Après l'occupation russe, c'est l'occupation française qui est ressentie par la population indigène comme la plus pesante » :

Le 23/05/2016 à 08:05, Wallaby a dit :

Pour essayer de me replonger dans l'époque, j'ai cherché et trouvé le texte suivant, publié en février 1949, où l'auteur tente de lire entre les lignes de la communication officielle en s'adressant à des correspondants allemands et en leur demandant de lui dire le plus franchement possible ce qu'ils pensent de ce qui arrive à leur pays.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57056521/f163.item.r=.zoom (février 1949)

« La Génération montante en allemagne », par Robert d'Harcourt (15 pages)

Irritation, découragement, ce sont peut-être les deux mots qui caractérisent le mieux l'état d'âme du jeune Allemand de nos jours. Il vit dans le climat de l'amertume. Amertume contre l'occupant, amertume contre ceux de ses concitoyens qui essayent de mettre sur pied un « impossible » modus vivendi avec le vainqueur et s'entêtent dans une coopération dont chaque jour démontre plus crûment l'illusion à ses yeux.

Toute la politique allemande du vainqueur est centrée sur le « démantèlement de l'Allemagne ». Les belles phrases sur le relèvement du Vaincu, sur la main loyalement tendue pour un commun effort de reconstruction ne donnent pas le change à notre jeune Allemand. Sous les mots il voit les actes, et ceux-ci lui paraissent converger vers un but clair : perpétuer l'impuissance du vaincu.

Répétons les griefs qui reviennent comme une litanie : la misère allemande ; les « partialités criantes » de la dénazification qui laisse en place les vrais coupables et frappe impitoyablement les innocents, ménage lès gros et décime les petits; « l'iniquité de l'Est », le sort des douze millions de déportés chassés de leur sol par le Russe le Polonais ou le Tchèque et traités en bétail humain ; les démontages qui enlèvent à l'Allemand la substance même d'un effort de relèvement, toutes les cruautés du destin ont détruit en lui l'espoir dans les lendemains et la foi dans la parole des hommes. Il n'a de pensée que pour le mal qu'il subit ; il est amnésique pour celui qu'il inflige aux autres.

[citant la lettre d'un jeune allemand] L'opinion générale ici est que le seul intérêt qu'offre l'Allemagne aux Puissances occidentales est l'exploitation (Ausbeutung) qu'elles pourront tirer du vaincu. Sur le terrain de la politique intérieure, nous avons vu réapparaître et prendre les rênes les hommes d'hier, les hommes auxquels l'Allemagne en grande partie doit son désastre. La jeunesse voit et juge. L'intérêt passionné qu'elle porte à la politique s'épuise tout entier, dans le rejet des conditions faites actuellement à son pays. Les États vainqueurs n'ont pas réussi à nous présenter la démocratie d'une manière qui puisse être convaincante pour un peuple ayant vécu sous le régime de la dictature. Le mépris que nous inspirent la politique des parlements de « pays » [Länder] et l'égoïsme des disputes des partis fait apparaître à nos yeux la domination nazie dans une lumière tous les jours plus rose.

Après l'occupation russe, c'est l'occupation française qui est ressentie par la population indigène comme la plus pesante. C'est toujours en effet de France que sont venus les plans destructifs visant à réduire l'Allemagne à l'état d'impuissance absolue, en la mettant hors d'état de nuire, politique dont le résultat aura été que, pour longtemps, les Allemands ont perdu l'espoir de voir liquidé le problème franco-allemand. Les tentatives destinées à combattre la haine nationale au moyen d'échanges d'opinions ou d'échanges d'étudiants ont un rayon d'action trop limité pour pouvoir agir sur la masse, et cela d'autant plus que de part et d'autre la politique n'est faite en fin de compte que par les politiciens professionnels.

[paraphrasant un autre correspondant plus âgé] Les couleurs s'assombrissent encore, tournent au noir franc quand il s'agit des camps [de prisonniers allemands en France]. Quels sont ici les griefs? Brutalités, rations de famine, et de famine calculée. L'occupation française? Là encore un rationnement calculé de sous-nutrition à base de haine pour le vaincu, chicanes, petitesses, surtout de la part du fonctionnaire subalterne (interdiction d'occuper le trottoir au passage d'un officier) : en gros : politique sans grandeur qui irrite sans être efficace, « politique de coups d'épingle » (Nadelstichpolitik).

Gomment jugera-t-on l'occupation américaine? Brutalité dans la dénazification, surtout dans les débuts ; simplisme violent des mesures d'épuration, entraînant, des éliminations massives et ayant pour résultat premier une prodigieuse désorganisation des services. Mais de la largeur de vues, du dynamisme. Un grand peuple, cette Amérique! et ignorant les étroitesses politiques! De plus, un peuple qui, pour le moment, a besoin de l'Allemagne et centre sa politique sur ce besoin.

En gros (et if n'y a ici qu'un phénomène, humain très explicable psychologiquement), le meilleur occupant est toujours celui sous la loi duquel on ne vit pas. La meilleure zone est toujours la zone du voisin : « Vous en avez de la chance !... » Dans l'ensemble, et en tenant compte des divers « climats », il semble que la hiérarchie des « préférences » allemandes puisse, à l'heure où sont tracées ces lignes, à peu près s'établir ainsi : l'Amérique vient en tête, puis l'Angleterre, puis la France, tout au bas de l'échelle la Russie.

[citant ce correspondant plus âgé] Beaucoup d'entre nous reconnaissent que c'est l'Allemagne qui a déclenché la guerre et que c'est à elle de payer la vaisselle cassée, mais nous voudrions savoir où on nous mène, où sont les limites, comment et jusqu'à quel point nous serons imposés. On ne doit pas laisser aussi longtemps un peuple vaincu en suspens et dans le noir. Il ne faudrait pas que les solutions soient indéfiniment retardées pour les raisons de pétrole et les beaux yeux de la Shell. Voyez-vous : en agissant de la sorte, c'est au moulin nazi que vous apportez de l'eau.

La tâche est malaisée pour les éducateurs auprès de cette jeunesse déçue et amère, qui a vécu dans un rêve de force, connaît maintenant le désespoir et se tourne de plus en plus (nous avons le devoir de nous refuser à l'illusion) vers l'admiration du passé qui a mené son pays au gouffre. « Hier, ils étaient gâtés, aujourd'hui ils sont aigris, m'écrit un de ces courageux Allemands qui n'ont pas abandonné la tâche; il faut les prendre par la main, les ramener doucement, patiemment sur le terrain de la tâche de chaque jour, leur redonner le courage de vivre et la confiance en leur propre jeunesse. » C'est sur ces infatigables ouvriers d'une Allemagne meilleure de demain, d'une Allemagne « réconciliée », que reposent nos meilleurs espoirs de voir cette jeunesse déçue s'intégrer dans l'effort de reconstruction du monde.

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https://books.openedition.org/septentrion/53860 (Jean Nurdin, le Rêve européen des penseurs allemands, 2003)

A souligner également dans ce contexte la revue Aussprache (Conversation), fondée en 1948 dans la zone française et dont l’objectif premier était de permettre le dialogue franco-allemand. Elle comptait d’éminents collaborateurs, comme Camus, Mounier, Joseph Rovan et les écrivains du « groupe 47 ».

Les titres des articles parus dans ces revues sont eux aussi très évocateurs. Nous nous contenterons d’en citer quelques-uns au hasard : Europa als geistige Einheit (L’Europe en tant qu’unité spirituelle. 1946), de Frank Thiess, rédacteur en chef de la Neue Literarische Welt ; Uber abendlandische Universalitat (De Vuniversalité occidentale. 1948), de Werner Bergengruen ; Die Aussichten Europas (Les chances de l’Europe. 1949) d’Eugen Kogon dans la Neue Rundschau ; Betrachtungen zum deutsch-französischen Problem (Considérations sur le problème franco-allemand. 1949), de Ferdinand Lion dans la revue Merkur.

Après l’évocation des divers aspects de l’idée européenne dans l’Allemagne de l’immédiat après-guerre, il convient de rappeler les initiatives des pionniers du rapprochement franco-allemand, qui était et qui reste la condition sine qua non de la construction européenne. A côté de la politique culturelle du Gouvernement militaire de la zone française d’occupation, des actions courageuses furent engagées pour une cause qui à cette époque n’allait pas de soi. Il suffit de citer ici la création, dès 1945, de la revue Documents par le Père du Rivau entouré d’intellectuels français et allemands comme Eugen Kogon, Emmanuel Mounier, Joseph Rovan, ou encore le « Comité d’échanges avec l’Allemagne nouvelle » lancé en 1948 par Alfred Grosser. L’apogée de ces années héroïques fut le rassemblement, au cours de l’été 1951, de plus de trente mille jeunes Européens en un lieu légendaire, le rocher de la Loreley. Plus de cent vingt personnalités, surtout françaises et allemandes, y parlèrent de l’Europe et de son unification. L’année même de la signature à Paris du traité instituant la « Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier » (CECA), ce « Rendez-vous de la Loreley » manifestait avec éclat que les jeunes de seize nations, groupés autour des Français et des Allemands, étaient prêts à s’engager dans l’aventure européenne.

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https://www.heimat-lohmar.de/exponate/bilder/begegnung-europaeischer-jugend-loreley-1951/

Les membres fondateurs de la tribu scoute "Sankt Johannes Lohmar" (année de fondation : mai 1949) sont déjà partis en été 1951 pour un grand tour à vélo jusqu'au lac de Constance. Sur le chemin du retour, ils visitèrent la première rencontre internationale "Rencontre de la jeunesse européenne" sur le haut plateau de la Lorelei. Plus de 35.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, issus des nations démocratiques les plus diverses, participèrent à cette rencontre spectaculaire de la jeunesse européenne du 22 juillet au 5 septembre 1951. La direction de cette manifestation a été assurée par le Deutscher Bundesjugendring. Le thème était "La jeunesse construit l'Europe" (en contrepoint, le troisième Festival mondial de la jeunesse s'est tenu en parallèle à Berlin-Est). Le mercredi soir, la grande rencontre internationale s'est achevée sur la Loreley par une cérémonie impressionnante. Sous les applaudissements enthousiastes des jeunes, le président du Conseil de l'Europe, Paul Henry Spaak, s'est exclamé : "Une jeune génération qui a connu la guerre veut une vie de liberté et de paix. Désormais, nous ne voulons plus nous séparer pour nous battre une nouvelle fois".

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https://de.wikipedia.org/wiki/Weltfestspiele_der_Jugend_und_Studenten

Les premiers Jeux mondiaux en République démocratique allemande ont eu lieu du 5 au 19 août 1951[2] à Berlin-Est. Les cérémonies d'ouverture et de clôture se sont déroulées au stade Walter-Ulbricht. A l'occasion des Jeux, le Deutsche Sporthalle a été construit à court terme[3]. 26.000 participants de 104 pays ont officiellement participé à la rencontre de la jeunesse. La RDA utilisa intensivement le Festival mondial comme une occasion de se faire une réputation internationale. L'hymne du festival Im August blüh'n die Rosen est entré dans le répertoire populaire de la RDA. Le compositeur Günter Kochan a écrit pour le Festival mondial la chanson Signale der Jugend (paroles : Paul Wiens).

La FDJ, interdite en République fédérale d'Allemagne le 24 avril 1951 en raison de son caractère anticonstitutionnel, a appelé à participer aux festivals mondiaux. Le pasteur Johannes Oberhof, originaire de Brême, était le président du comité préparatoire des Jeux Mondiaux de la Jeunesse de 1951[4]. Le 3 juillet 1951, le ministre de l'Intérieur de Hesse a interdit la publicité pour les Jeux Mondiaux dans une lettre publique adressée aux présidents de gouvernement, aux maires et aux conseillers régionaux :

    "... La manifestation est une grande démonstration politique pour le régime soviéto-zonal et sert en même temps à la lutte contre la démocratie des peuples occidentaux dans le but de conduire la jeunesse de la République fédérale sur une voie erronée et de l'aliéner à l'ordre fondamental démocratique de la République fédérale.
    (...) je vous ordonne d'empêcher par tous les moyens de police toute activité de telles associations ainsi que toute propagande en faveur des festivités mondiales".

Les autorités fédérales empêchaient parfois les jeunes désireux de participer de quitter le pays et donc d'y participer. Jusqu'au 28 juillet 1951, plus de 6000 membres des FDJ ont été reconduits de force de la frontière vers leur lieu de résidence. Les entreprises de transport qui soutenaient les actions de la FDJ de l'Ouest, interdite, étaient menacées de sanctions.

Environ un million de participants au festival, soit près de la moitié, ont répondu à l'invitation du maire de Berlin-Est, Ernst Reuter, de se rendre à l'Ouest, malgré la fermeture temporaire des lignes de S-Bahn et de métro reliant Berlin-Est à Berlin-Ouest. Là-bas, les forces d'occupation, les organisations caritatives et les entreprises proposaient un programme d'assistance aux visiteurs. Kurt Schumacher, Jakob Kaiser et John Jay McCloy prirent la parole lors de rassemblements et de débats. En raison des difficultés d'approvisionnement dans le secteur est, les invités ont volontiers profité de la restauration gratuite dans les foyers de jeunes, ainsi que de la distribution de 750.000 livres, journaux et brochures et de 170.000 billets gratuits pour le cinéma et le théâtre. Le président de la FDJ, Erich Honecker, a alors envoyé 10.000 membres de la FDJ en formation de marche à Berlin-Ouest, criant des slogans en chœur et distribuant des tracts. Cela a entraîné des combats de rue avec la police de Berlin-Ouest dans les quartiers de Wedding, Kreuzberg et Neukölln. Parmi les nombreux blessés, on comptait onze policiers.

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Le 05/12/2022 à 13:09, Wallaby a dit :

https://unherd.com/2022/12/the-paradox-of-degrowth-communism/

Autrefois reléguée aux marges de la politique, la théorie de la décroissance a gagné du terrain ces dernières années parmi les écologistes et les gauchistes. Qui, il y a cinq ans, aurait parié qu'un livre universitaire sur la relation entre le capitalisme et la planète deviendrait un best-seller ? Eh bien, Capital in the Anthropocene (traduction anglaise à venir), un livre sur la décroissance d'un point de vue marxiste écrit par Kohei Saito, professeur associé à l'université de Tokyo, semble être en passe de le devenir, puisqu'il s'est vendu à plus d'un demi-million d'exemplaires au Japon depuis sa publication en 2020.

Le message de Saito est simple : la course au profit du capitalisme détruit la planète et seul le "communisme de décroissance" peut réparer les dégâts en ralentissant la production sociale et en partageant les richesses. Les humains doivent trouver une "nouvelle façon de vivre", et cela signifie remplacer le capitalisme.

https://www.ft.com/content/b1a505ac-c36f-4b4d-9ab0-6f5d9d0e185d (Degrowth Marxism is back for the modern age, 6 novembre 2022)

Kohei Saito est le principal artisan de la réappropriation récente de Marx au Japon. Ce philosophe très attachant, qui a étudié à l'université de Tokyo, soutient que la décroissance est le seul moyen de sauver la société d'une crise d'inégalité et d'une catastrophe environnementale imminente. La croissance ne nous a pas rendus heureux. La frustration est omniprésente. Les bouteilles de café réutilisables ne nous sauveront pas, affirme-t-il en en sirotant une.

Que le public japonais soit d'accord ou non avec cette thèse - et il n'y a aucune raison d'assimiler un vaste lectorat à une conviction généralisée - un grand nombre d'entre eux sont certainement curieux de la façon dont Saito aborde le problème. Cette curiosité est d'autant plus grande que l'une des divisions générationnelles les moins discutées au Japon est celle qui sépare les personnes âgées de plus de 50 ans de celles de moins de 35 ans, ces dernières constituant sans doute la première cohorte décroissante du monde riche.

Le Capital dans l'Anthropocène de Saito, publié fin 2020 et superposant les écrits de Marx sur le monde naturel à un appel aux armes sur la durabilité et le changement climatique, n'était pas un succès particulièrement prévisible. Mais, selon M. Saito, la pandémie a suscité une sympathie naturelle pour l'idée de décroissance et a ébranlé au Japon la conviction qu'il était hors de question d'apporter, du jour au lendemain, d'énormes modifications à la vie ordinaire. À la surprise même de son auteur, le livre et sa prescription pour un bouleversement systémique se sont vendus à plus d'un demi-million d'exemplaires et devraient être publiés en anglais et dans d'autres langues l'année prochaine. Son suivant ouvrage, Avant la Grande Inondation : Marx et le métabolisme planétaire, a été publié le mois dernier et, selon le personnel de vente de Maruzen, se vend très bien.

Il est brutal à l'égard de la tendance historique du Japon à truffer l'économie de "bullshit jobs" qui consomment inutilement la main-d'œuvre de plus en plus précieuse du pays. Selon lui, la viande, les SUV et les voitures de sport devraient être beaucoup plus lourdement taxés pour compenser les dommages qu'ils causent. Il pense également que la publicité devrait être fortement limitée, car elle est très efficace pour promouvoir une consommation inutile et sans fin, en particulier les écrans LCD géants qui surplombent Tokyo et consomment une énergie que le Japon ne peut se permettre de gaspiller. "Nous pourrions éliminer la publicité de la société et personne n'en souffrirait, sauf l'industrie de la publicité", affirme-t-il.

Mais l'aspect le plus significatif sur le plan commercial de la nouvelle souche de marxisme de Saito, admet-il, pourrait bien être le fait qu'elle soit articulée par un homme de 35 ans. Saito est né à la fin des années 1980, pendant l'inflation de l'une des plus grandes bulles financières de l'histoire, et il est entré à l'école primaire juste au moment où le Japon entamait ses trois décennies de stagnation économique.

Le Japon a été en déflation pendant la majeure partie de sa vie d'adulte, les salaires n'ont pas augmenté dans tout le pays et les taux d'intérêt ont été nuls. Il voit peut-être encore le Japon comme un paysage de consommation tentaculaire où règne un capitalisme destructeur et obsédé par la croissance, mais il fait partie des deux générations qui ont atteint l'âge adulte sans avoir connu la croissance telle que leurs prédécesseurs l'ont connue.

Il soupçonne que ce sont eux, les Japonais qui lisent ses livres et qui se demandent si le type de changement systémique complet qu'il propose n'est peut-être pas en fait si irréaliste. Les rues du Japon ne sont pas, bien sûr, en feu. Mais certains ont peut-être déjà adopté discrètement la philosophie de la décroissance.

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https://www.ndr.de/kultur/buch/sachbuecher/Ulrike-Herrmann-Wie-Das-Ende-des-Kapitalismus-aussehen-kann,endedeskapitalismus100.html (7 octobre 2022)

Le livre de non-fiction "Das Ende des Kapitalismus - Warum Wachstum und Klimaschutz nicht vereinbar sind und wie wir in Zukunft leben werden" (La fin du capitalisme - Pourquoi la croissance et la protection du climat sont incompatibles et comment nous vivrons à l'avenir) d'Ulrike Herrmann figure sur la liste longue du prix de non-fiction de la NDR.

« Entre autres, il y aurait moins de voitures, aucun avion, moins de produits chimiques, des logements plus petits et aucun nouvel immeuble de bureaux ou centre logistique. Personne ne mourrait de faim et la vie resterait agréable - mais il ne s'agirait pas d'une "croissance verte", mais d'une "décroissance verte" »

Herrmann trouve un modèle historique dans l'économie de guerre britannique lors de la lutte contre l'Allemagne nazie, "... parce qu'il s'agissait effectivement d'une situation où l'économie de paix normale a été réduite pour que l'on ait justement des capacités libres pour produire des armes et gagner contre Hitler".

« Presque du jour au lendemain, une économie planifiée a vu le jour et a remarquablement bien fonctionné. Les usines restaient en mains privées, mais l'État dirigeait la production - et organisait la distribution des biens rares. On rationnait, mais il n'y avait pas de pénurie ».

https://www.swr.de/swr2/literatur/ulrike-herrmann-das-ende-des-kapitalismus-warum-wachstum-und-klimaschutz-nicht-vereinbar-sind-und-wie-wir-in-zukunft-leben-werden-100.html (17 janvier 2023)

L'idée d'une "croissance verte" lui rappelle le rêve de manger du gâteau en permanence et de ne pas grossir pour autant, formule Ulrike Herrmann dans son livre rafraîchissant, objectif et agréablement non dogmatique.

 

Modifié par Wallaby
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https://www.lenouvelespritpublic.fr/podcasts/383 (22 janvier 2023)

Michaela Wiegel :

La « séparation » de la France et de l’Allemagne n’a pas commencé avec Olaf Scholz, même s’il est vrai qu’elle est nettement plus visible, surtout depuis la guerre en Ukraine. En revanche, elle se manifeste surtout par un écart économique grandissant. Quelques chiffres méritent d’être rappelés.

En 2009, on avait entre la France et l’Allemagne à peu près le même PIB par habitant et par an, autour de 29 000€. En 2021, il était 6 000€ plus élevé en Allemagne. C’est la même chose pour l’endettement. En 2008, 66% pour l’Allemagne, 68% pour la France ; en 2021 : 69% pour l’Allemagne et 113% pour la France. Enfin, les deux pays ont été pendant des décennies les premiers partenaires commerciaux l’un de l’autre. C’est encore vrai pour la France. Dans le cas de l’Allemagne, en revanche, il y a désormais la Chine, les Etats-Unis et les Pays-Bas avant la France.

Ces trois marqueurs en disent long. Il y a de plus en plus de « non-réponse » allemande vis-à-vis des idées françaises, car la crédibilité économique de la France est sérieusement entamée. C’est particulièrement visible dans cette situation de guerre où, au-delà des freins naturels de l’Allemagne en ce qui concerne l’exportation d’armes, on constate que la France, qui se veut première puissance militaire de l’UE, est en réalité très limitée dans ses capacités. On a beaucoup parlé du fonds spécial de 100 milliards qui doit mettre à niveau l’armée allemande, mais il faut savoir que si les Allemands commandent de l’équipement aux USA, c’est parce que quand ils le commandent en France, il faut parfois attendre une décennie avant d’être livré.

Marc-Olivier Padis :

On sent bien que si la relation franco-allemande nous préoccupe beaucoup, elle n’intéresse pas du tout à Berlin. A l’approche de l’anniversaire du traité, j’ai pris quelques contacts en Allemagne pour voir un peu comment les gens y réagissent, et le constat est clair : cela n’intéresse pas. Il y a une forte asymétrie dans la façon dont on s’investit dans ce « moteur » ou dans ce « couple ». Comme le disait Michaela, il y a une non-réponse allemande aux propositions françaises, mais il y a aussi un manque d’intérêt, car l’Allemagne a trois priorités : la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Elle n’a ni le temps ni la disponibilité pour s’intéresser à cette relation franco-allemande. Symboliquement, on ne peut pas faire autrement que la célébrer, mais dans les faits, on s’en désintéresse.

Ce mois-ci, dans la revue américaine Foreign Affairs, Olaf Scholz détaille sa vision du « changement d’époque global » (« The global Zeitenwende »). Pour lui, le changement ne concerne pas que l’Allemagne, mais tout le monde. Or dans ce texte, la France n’est pas citée. Certes, une ligne de dernière minute a été rajoutée par un conseiller sur le tandem franco-allemand, mais c’est purement rhétorique. On ne trouve pas aujourd’hui la place politique spécifique que peut apporter le moteur franco-allemand dans les projets et les priorités allemands.

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il y a une heure, MIC_A a dit :

Si notre Pdt pouvait lire ce que tu rapportes !
 

Je crois que c'est acté maintenant. Pas un mot pour l'Allemagne dans la LPM. Pardon trois fois dont un pour parler du SCAF et une autre pour dire qu'il faut approfondir les relations.

Modifié par herciv
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Ce qui est amusant c'est de constater que les constantes géopolitiques mises en place par la France pendant la guerre froide tiennent encore. On veut se servir des Américains pour contrebalancer les Russes, et des Allemands pour contrebalancer les Américains. Ce qui a changé c'est qu'on a plus l'URSS pour contrebalancer les Allemands! Il serait peut-être temps de se réinventer...

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