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Opération Barkhane


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Je vous conseille aussi la partie du compte-rendu sur les IED :

Quote

Cette semaine, au cours d’une patrouille aux alentours de Ménaka, un Sous groupement tactique (SGTD) du GTD Conti, a découvert et saisi un ensemble de ressources suspectes entrant dans la confection d’engins explosifs improvisés (EEI) et de matériels permettant de creuser des sapes.

Dans le Liptako, le 2 janvier 2021, un individu posant un EEI sur la RN 20 reliant Ansongo à Ménaka s’est gravement blessé en faisant déclencher son propre engin. Repéré par la Force Barkhane, il a été pris en charge médicalement mais a succombé à ses blessures. À nouveau des ressources permettant de réaliser des EEI ont été saisies.

Le même jour, une patrouille d’hélicoptères de la Force Barkhane a détecté deux individus posant un EEI sur l’axe reliant Hombori à Gossi. Une frappe a été réalisée en direction des individus. Leur moto a été détruite. L’arrivée de militaires du GTD Lamy a permis de saisir de l’armement et du matériel entrant dans la confection des EEI.

Dans la nuit du 3 au 4 janvier, une opération d’infiltration a été menée aux alentours de Ménaka par la Task Force Takuba accompagné de l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention (ULRI) n°2 et un SGTD du GTD Conti. Cette opération a permis de découvrir plus de 100 kg d’éléments de base entrants dans la fabrication d’explosif artisanal utilisé dans la confection des EEI.

Enfin, le 4 janvier, à Serma, l’action coordonnée entre la Force Barkhane et les Forces armées maliennes (FAMa) ont permis de découvrir divers emplacements habituellement occupés par des GAT dont un véritable atelier de confection d’EEI. De l’armement individuel, des munitions, des roquettes, sept motos, des moyens de communication ainsi que sept EEI et de nombreux composants servant à leur confection ont ainsi été saisis.

 

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Il y a 1 heure, Scarabé a dit :

Ne cherche pas :bloblaugh:

Les teros ils tuent n'importe qui hommes femmes enfants qu'il soit blancs, noires, juifs, arabes, musulman, ou pas, ils ne font aucune distinctions . Le tarré de Nice le 14 juilliet il n'a pas hésiter à écraser des poussetes avec son camion. Merad dans l'école il a tiré à bout touchant sur les gosses . 

Quand tu crois que 70 viegers t'attendent la haut . Les survivants de la frappes ont bien été capable d'aller se faire sauter au mileux du Mariage pour accuser nos forces d'un massacre. 

 

Ne pas se poser la question revient à supposer que nos adversaire sont toujours dans la catégories "tarés de Nice".

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Il y a 3 heures, Rivelo a dit :

Je n'ai honnêtement pas compris le commentaire de JM Tanguy dans son post qui glose sur le fait que c'est bizarre que il n'y a pas eu d'action au sol suite à la frappe et qui cherche la petite bête.

Je suis d'accord et te rejoins. Il ajoute qu'un détachement français n'aurait été envoyé sur le terrain qu'aujourd'hui, un temps qui parait inhabituellement long après une frappe de ce type, mais difficile de tout chercher à interpréter avec si peu d'éléments. Bref...c'est avant tout une histoire de communication mal négociée. 

Le VBIED semble revenir sur le devant de la scène... :

 

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Il y a 11 heures, Claudio Lopez a dit :

Excellent article du point et qui balance des vérités douloureuses. 

 

https://www.lepoint.fr/afrique/sahel-les-lecons-oubliees-de-l-echec-afghan-12-01-2021-2409173_3826.php

 

Excellent article, si on adopte le point de vue de l'auteur, moi déjà je doute que l'on a commencé la guerre en pensant la gagner !

Et sans elle le francophobie ne serait pas spécialement moins forte.

Modifié par gargouille
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Citation

Opération Barkhane : "On arrive à la limite de ce qui acceptable en coût humain et financier", selon Michel Goya

(...)

Comment analysez-vous la situation ?

Ce n'est pas parce que des soldats français tombent au combat dans une guerre que nous sommes en train de perdre la guerre. Si des soldats français tombent plus, c'est aussi parce que nous sommes plus présents : nous prenons plus de risques et nous exerçons une pression plus importante sur l'ennemi. Si des soldats tombent plus... c'est peut-être parce qu'en réalité nous sommes en train de gagner militairement. On se concentre beaucoup sur nos pertes, parce qu'on a beaucoup moins d'informations sur l'ennemi qui en subit de très lourdes, un millier de jihadistes ayant été neutralisés en 2020 sur un effectif d'environ 1500 dans la bande sahélo-saharienne.

Ceci pointé, la situation est en réalité bien meilleure qu'elle ne l'était en 2019 parce que nous avons changé de méthode et mis des moyens humains supplémentaires, 600 militaires envoyés en renfort après le sommet de Pau, il y a un an. On est donc beaucoup plus présents sur le terrain et dans le même temps, l'entrée en scène des drones armés a aussi représenté un changement tactique important, 40 % des combattants jihadistes que nous éliminons l'étant par ces drones, ce qui provoque aussi de grands changements. Nous ne sommes en effet plus là, comme au moment de Serval, pour reconquérir des territoires, libérer des villes, détruire des bases jihadistes : nous sommes là pour exercer une pression globale sur l'autre. Or l'ennemi sait très bien qu'il ne va pas nous vaincre sur le champ de bataille. Il exerce donc, lui, une pression sur notre opinion publique en infligeant des pertes qu'il sait fortement médiatisées, car son objectif est d'induire suffisamment de doute dans notre opinion publique pour nous inciter à nous retirer.

Dans votre dernière tribune publiée, vous souligniez effectivement les bons résultats de Barkhane en 2020 mais vous pointiez aussi les défaillances qui ont permis aux groupes jihadistes de se reconstituer...

En 2020, nous sommes en effet revenus à une très forte pression sur l'ennemi, assez proche de celle de l'opération Serval, puisque ce taux de pression est remonté à environ 70 %. Mais entre Serval et l'année 2020, il y a eu une période où nous avons considérablement réduit les moyens. Nous sommes ainsi passés de presque 5000 soldats au moment de Serval, opération durant laquelle nous avons frappé très durement les groupes armés islamistes, à 2500 de moins dans les années qui ont suivi, jusqu'en 2018. Nous avons alors divisé par deux nos forces au Sahel parce que nous nous sommes aussi engagés ailleurs, en Centrafrique, en Irak et surtout avec l'opération Sentinelle qui a mobilisé 10 000 militaires. Il n'y avait donc plus les moyens d'exercer la même pression avec la même force sur l'ennemi.

Au moment où nous lancions l'opération Barkhane, en 2014, il y avait donc un problème stratégique dans le choix de cette opération mais aussi un problème de moyens et qui aurait dû être débattu à ce moment-là car incontestablement, ces moyens étaient insuffisants pour obtenir des effets militaires décisifs sur l'ennemi, l'empêcher de se reconstituer, de refaire des bases, de se réimplanter ou même d'apparaître comme cela a été le cas pour le Groupe Etat islamique au grand Sahara ou du côté malien avec la Katiba Macina.

Malgré ce défaut dans la concentration des efforts et cette dispersion, nous avons néanmoins obtenu des succès tactiques avec les forces disponibles mais insuffisants pour empêcher l'ennemi de se développer. Il a fallu la rupture de fin 2019, la perte de 13 soldats français d'un coup avec l'accident de deux hélicoptères en opération de combat, pour que cela provoque un choc, le réveil et le changement tant pour nous que pour nos alliés puisqu'il y avait aussi un certain nombre d'attaques contre les forces armées locales (1), avec des pertes très fortes de l'armée nigérienne, de l'armée malienne. Tout cela nous a alors obligés à investir un peu plus de moyens et au bout du compte à obtenir plus de résultats.

Mais face à des groupes qui se reconstituent constamment, donc...

Oui, c'est un autre aspect essentiel au Sahel : les raisons pour lesquelles ces ennemis existent, les raisons pour lesquelles quantité de gens prennent les armes pour remplacer ceux qui sont tombés. S'il n'y avait pas une forme d'assise populaire, s'il n'y avait pas de capacité de renouvellement et de recrutement, le problème aurait été réglé depuis très longtemps car en face il n'y a pas énormément de combattants. Mais nous sommes confrontés à des Etats partiellement défaillants voire faillis. Regagner la confiance des populations est donc aussi l'une des priorités. C'est ce qui avait été abordé lors du sommet de Pau avec la nécessité de ramener parallèlement à l'engagement militaire, l'Etat, la puissance publique au service des populations avec des moyens pour la santé, l'éducation et de lutter contre la corruption.

En octobre, nous avons eu cette séquence très médiatisée de la libération du leader politique malien Soumaïla Cissé, de deux ressortissants italiens et de Sophie Pétronin. Visiblement il y a un axe de discussion entre Alger, les militaires ayant pris cet été le pouvoir à Bamako et Iyad ag-Ghali, le chef du GSIM. L'heure de négocier est-elle arrivée pour la France aussi ?

La négociation est la fin normale des guerres. C'est ce qui différencie la guerre d'une opération de police. Le problème que l'on a souvent, d'ailleurs, c'est qu'en criminalisant l'ennemi, on le dépolitise. Or tous les groupes djihadistes ont par définition un agenda politique. Mais certains ont une vision purement locale, plus pragmatique et moins idéologique, au sein du GSIM. Le but de la guerre, c'est d'obtenir la soumission et c'est rarement d'obtenir la destruction. Si on dit qu'on ne négocie avec personne, où sera la fin ? Lorsqu'il n'y aura plus un seul jihadiste vivant au Sahel ? Ça risque d'être long et compliqué... Est-ce qu'à un échelon moindre, on maintient une pression constante pour qu'ils ne représentent plus aucun danger ? Ça peut être une fin aussi, mais il faut le dire.

Au Sahel, il y a une grande diversité dans ces groupes. Certains n'envisagent pas du tout de négociation et ont un agenda qui est essentiellement messianique et international comme l'EIGS et pour qui il n'est pas question de négocier. Al-Qaïda est aussi un vieil ennemi historique de la France, héritier de ceux qui ont organisé les attentats à Paris en 1995 et qui voulaient fracasser un avion sur la Tour Montparnasse, il ne faut pas l'oublier. Mais dans cette nébuleuse de groupes salafistes plus ou moins affiliés, il y a ceux qui ont un agenda local, touareg, peul, par exemple, et qui se servent de l'étendard islamiste pour faire avancer leurs revendications. Sont-ils véritablement des ennemis de la France ? Je n'en suis pas certain. Ghali, avant d'être chef d'Ansar Dine puis du GSIM, c'est un chef indépendantiste touareg, un homme politique malien et il est perçu comme tel sur-place.

Personnellement, ça ne me choque pas qu'un état souverain comme le Mali négocie avec des groupes maliens, ce qu'il fait avec les groupes autonomistes touaregs, plus ou moins bien. C'est le cours de normal de la guerre et à la limite si ça peut aboutir à une dissociation de la coalition ennemie, tant mieux. Mais il faut voir ce qu'il y a derrière ces négociations, voir ce qu'on peut accepter et ce que l'Etat malien va accepter de concéder. Pour l'instant, ça reste extrêmement flou.

La France a-t-elle les moyens de quitter militairement le Sahel ?

Réinterroger Barkhane aujourd'hui n'est pas synonyme de quitter le Sahel et nous avons par ailleurs des accords de défense dans toute la région. Le cœur du problème se situe au Mali. C'est là que pour nous les choses sont les plus complexes, que nous subissons le plus de pertes et de critiques. Je pense que l'effort que nous y avons fait pour obtenir des résultats stratégiques aurait dû dégager des marges de manœuvre politique. Fin 2020, il aurait fallu profiter des succès engrangés et que le chef des Armées les présente comme tels. Al-Qaïda est plutôt sur le reculoir, certains groupes demandent effectivement à négocier, indice d'un réel affaiblissement, l'EIGS est très fortement diminué... Annoncer alors comme l'a fait Florence Parly qu'on va réduire les effectifs, ce n'est pas une stratégie, c'est une gestion des ressources et ce n'est pas le bon message, lorsque, effectivement, on est à un tournant qui peut nous permettre de changer de dispositif.

De fait, en visite au Mali début décembre, le général Lecointre, chef d'état-major des Armées a reconnu qu'on avait « fait le tour du cadran » et confiait au Monde vouloir « limiter le niveau d'engagement des armées ». Quelle sortie politique et militaire pour Barkhane, alors, sans relâcher la pression contre les groupes jihadistes ?

Il conviendrait maintenant de passer à une autre opération qui nous permette d'être moins visibles, plus endurants, plus longs dans l'action grâce aux drones, aux forces spéciales, aux moyens aériens, à l'aéromobilité, parce qu'il faut être clair, oui, nous arrivons à la limite de Barkhane avec un temps d'engagement bientôt équivalent à celui de l'Afghanistan. On arrive à la limite de ce qui acceptable en coût humain, mais aussi en coût financier. La France dépense entre 800 M€ et un milliard par an au Sahel et il faut se poser la question de la soutenabilité de cette action alors que nous ne pouvons pas passer en l'état le relais aux Forces armées maliennes et aux Forces armées nigériennes. Le vrai problème, il est là. Notre stratégie est de dire que « nous faisons pression sur l'ennemi jusqu'à ce qu'on soit relevés ». Relevés par qui ? L'armée française est la seule armée régulière efficace de la région. Au départ Serval avait été maintenu pour passer le relais à la Minusma, force de l'ONU de12 000 soldats et dotée d'un milliard d'euros de budget. Mais dans la réalité, elle ne combat pas et a beaucoup plus de pertes que Barkhane ! C'est un immense gâchis de ressource.

 

La vraie relève, ce seraient donc les forces armées locales mais les Forces armées maliennes ont des problèmes structurels. Alors bien sûr on investit beaucoup, avec la communauté européenne, dans leur formation et leur équipement... Seulement voilà, si vous formez et entraînez des bataillons mais que les hommes ne sont pas payés et qu'ils n'ont pas de munitions, ça ne va pas très loin. Et là, on touche aux problèmes structurels de l'Etat malien miné par la corruption et les détournements de fonds. Si ces problèmes structurels ne sont pas modifiés, il n'y a pas de raison que ça aille mieux. Les choses s'améliorent lorsqu'on accompagne les forces sur le terrain et c'est tout l'objet de la task-force Takuba avec les Forces spéciales mais ce n'est pas forcément suffisant.

Personnellement, je prône qu'on fusionne groupes de combat français et compagnies maliennes en payant nous-mêmes la solde des Maliens. Cela coûterait moins cher et irait certainement beaucoup mieux. Tous les exemples de réussite qu'on a de lutte contre insurrectionnelle passe par des fusions avec les forces locales comme ça a été le cas en Irak, en recrutant 100 000 hommes et en se battant avec eux.

 

SourceLa Dépêche

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https://theconversation.com/de-lafghanistan-au-mali-les-lecons-oubliees-de-linterventionnisme-militaire-occidental-152697 (11 janvier 2021)

Thierry Vircoulon :

Depuis au moins trente ans, de très nombreux travaux de recherche ont mis en évidence le fonctionnement de l’État néo-patrimonial (accaparement privé des biens publics par l’élite dirigeante et pratique politique essentiellement clientéliste) et ses effets délétères.

À long terme, le fonctionnement de l’État néo-patrimonial aboutit au délitement insidieux des services publics, à la criminalisation des élites dirigeantes, à l’intensification des luttes de pouvoir et à la neutralisation de l’aide internationale. Celle-ci est assez largement détournée de son but initial et sert surtout à la survie des élites politiques du pays. Elle équivaut à remplir un tonneau que d’autres vident, notamment quand elle prend la forme de l’aide budgétaire, ce qui est de plus en plus fréquent. En 2020, la démonstration du lien entre décaissements d’aide budgétaire et gonflement de comptes offshore a coûté son poste à Penny Goldberg, l’économiste en chef de la Banque mondiale, ce qui en dit long sur l’omerta qui règne dans les milieux de l’aide internationale.

L’aide internationale a démontré son incapacité à changer l’État néo-patrimonial. Par conséquent, si l’on estime que l’une des conditions essentielles pour vaincre l’islamisme radical au Sahel est de demander aux gouvernants de mettre en œuvre des changements profonds qui vont à l’encontre de leurs intérêts directs, on comprend pourquoi la victoire est douteuse.

https://www.liberation.fr/debats/2021/01/11/la-france-au-sahel-il-est-temps-de-partir_1810838

Marc-Antoine Pérouse de Montclos :

Dans un opuscule publié en 1900, le maréchal Hubert Lyautey avait d’ailleurs proposé une analyse assez lucide de la situation. «On n’arrive rarement, sinon jamais, à la destruction par la force d’une bande pirate, écrivait-il. Le résultat, toujours partiel, ne s’obtient qu’au prix de fatigues, de pertes, de dépenses, qui ne sont certes pas compensées par le succès […]. L’action politique est de beaucoup la plus importante.»

Mais évidemment, Lyautey était un colonisateur. Affranchi des contraintes quinquennales des mandats présidentiels, il avait le temps pour lui et était prêt à s’engager dans des œuvres de longue haleine. De plus, il ne se souciait guère de respecter d’éventuelles souverainetés nationales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui au Sahel. Le piège n’en est que plus évident.

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Les djihadistes ne sont pas des mecs en claquettes, ils réfléchissent (interview de Wassim Nasr)

(...)

Comment se déroule la collaboration entre les groupes sur le terrain ?

Entre 2016 et 2019, il y a eu une cohabitation entre l'Etat islamique et Al Qaeda au Sahel parce que les chefs se connaissaient depuis longtemps. C'était la seule exception au monde. Puis, fin 2019, la paix a volé en éclat. Au début, avec des escarmouches puis une guerre ouverte en mars/avril 2020. Maintenant, il y a des dizaines de morts dans chaque camp et aucun retour en arrière possible. L’Etat islamique accuse Al Qaeda d'êtres des mécréants. Et le JNIM, lorsqu'il a revendiqué l'attaque de Ménaka, a renié toute responsabilité dans le massacre des villageois au Niger, et mis la responsabilité sur l'EI sans le nommer. C'est la première fois qu'il est sujet de l'EI dans un communiqué du JNIM. Avant, la communication de guerre entre les deux venait uniquement de l’EI. Cela signifie que la tolérance est finie. 

(...)

C'est donc Al Qaeda qui a la main haute au Mali ?

L’acteur de plus puissant est Al Qaeda. Parce qu'ils sont imbriqués dans la population et les dynamiques locales, et ménagent les structures existantes, les notables... les populations sont plus enclines à les accepter que l'Etat islamique.

Quelle différence avec l'État islamique dans les buts poursuivis ?

Ce n'est pas une gouvernance sous califat, mais une sorte de mainmise sur des régions qui leur assurent des revenus par exemple. Ils entrent dans les détails de la vie quotidienne ; s'il y a un problème de bétail ou d’irrigation, il n'y a pas d'État ou de police, donc qui règle le problème ? C'est Al Qaeda. Al Qaeda a de l’expérience en politique. Ils acceptent de négocier avec l’État malien, et le disent. Ils prennent exemple sur les Talibans, assis à la même table de négociation que les États-Unis en Afghanistan. Ce que l'on oublie, c'est que toutes ces filiales ont voué allégeance aux Taliban, ils sont donc leur exemple. Alors que l’État islamique, lui, ne veut pas négocier.

L'Etat islamique est dans la perspective d'établir un califat au Sahel ?

Le but final recherché est un califat. Mais aujourd'hui, au Sahel, ils n'en ont pas les moyens. Au Lac Tchad, ce qu'ils font ressemble beaucoup à ce qui s'est passé au Moyen-Orient : ils administrent, créent une armée professionnelle — pas avec des voleurs de poules, mais des soldats —, installent des checkpoints. Mais jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas encore au Sahel. Il ne faut toutefois surtout pas les sous-estimer. Ce ne sont pas des mecs en claquettes. Ils réfléchissent, il créent des stratégies, font des RETEX (des retours sur expérience), par exemple pour déjouer des drones, en plaçant des ballons d’eau chaude dans un appartement [ndlr. pour attirer les capteurs thermiques] dans le but qu'ils se vident de leurs munitions… Avec l’EI, il n'y a pas de discussion, que de la violence : on égorge les travailleurs humanitaires, on prend des touristes en otages, et on les tue sans même négocier.

Barkhane privilégie-t-elle la lutte contre l'un des deux groupes ?

Pour schématiser, Barkhane fait du "volume" en frappant l'Etat islamique, et des frappes qualitatives sur AQMI, car c'est là où se trouvent les high level targets (HVT), les plus anciens, les vétérans comme Droukdel (alias Abou Moussab). En 2019, l'Etat islamique a été ultra virulent. La réunion de Pau avait été ajournée à cause d'une de leurs attaques qui a donc eu des conséquences diplomatiques. C'est pourquoi la France et les pays du G5 ont identifié l'ennemi principal comme l’Etat islamique (EI) et décidé d'envoyer plus de soldats dans la zone des trois frontières. Il est plus facile de taper sur l’EI que sur Al Qaeda parce que ce dernier a une certaine assise populaire. Ce qui n’est pas le cas de l’EI pour le moment.

Quelles sont les incidences de ces deux modes de fonctionnement pour les forces françaises ?

La France se trouve dans une position très critique : Quand Al Qaeda a chassé l’Etat islamique du centre du Mali, et s'est fait taper dessus par Barkhane, l’Etat islamique est revenu. Donc, pour les populations locales et l’Etat islamique, cela signifie que la France aide Al Qaeda. Et d'autres disent "ben non elle aide l’Etat islamique parce qu’elle n'arrête pas de taper sur Al Qaeda" [ndlr. car les frappes sont plus médiatiques].

Donc la France est dans une situation particulière car malgré les efforts, l'État n'est pas revenu dans les zones reculées. La population est obligée de choisir un camp — l'Etat islamique ou Al Qaeda — pour assurer sa protection.

La faiblesse des États, concrètement qu'est ce pour vous ?

C’est à dire surtout la corruption. Il n'y a pas d’armée ni de police efficace à cause de la corruption. Des millions sont injectés par l'UE, les Nations Unies, les États-Unis... Dans certaines armées, des officiers touchent des salaires de soldats inexistants, ou des soldats partent au front avec 30 cartouches au lieu de 100 et dont la moitié s’avèrent défectueuse ... alors que l'argent est sur la table.

Les États centraux ont peur de leur armée, donc d'une armée qui se professionnalise. C’est l’exemple du Mali : les forces qualifiées anti-terroristes dans le nord et centre sont très bien représentées dans la junte du coup d’état d'août parce que ce sont les meilleures unités. Donc c’est un problème sans fin. Barkhane peut tout faire, Takuba peut envoyer des forces spéciales de République tchèque, de Suède... mais ça ne ramènera pas à une pacification si ce n'est pas accompagné par des actions sur les vrais besoins. On parle de développement, mais la clé, c'est l'anticorruption.

(...)

Barkhane c’est un appui militaire non-négligeable, mais pas une force politique pour mener des négociations...

Oui. Cela dit, si l'État malien aujourd’hui a la capacité de négocier, c’est grâce à la présence de Barkhane, sinon il n'aurait aucune carte en main. Barkhane donne à Bamako les moyens de négocier. C'est très politique en fin de compte. En février 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) [nrdl. de l'époque] a déclaré négocier avec des djihadistes. Et là, il y a un vrai calcul derrière une annonce de négociation vis-à-vis du public malien. Parce qu'il est en faveur de ces négociations, voir d’une trêve avec les jihadistes. Si les djihadistes refusent, ils se mettent en difficulté avec le public. Si ils acceptent, les plus radicaux d'Al Qaeda partiront avec l'Etat islamique.

(...)

 

Sourcehttps://club.bruxelles2.eu/2021/01/les-djihadistes-ne-sont-pas-des-mecs-en-claquettes-ils-reflechissent-wassim-nasr/

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Pour moi cette manière de faire était la plus évidente à mettre en place. Néanmoins il a fallu d'abord dégrossir via les formations organisé par les pays tournant pour la formation des FAMA. 

Maintenant cette accompagnement au combat comme je l'avais déjà dis sur se file va permettre d'apporter de la confiance, et aussi éviter les conneries via les populations civiles et qui nous ont pas mal desservi quand bien même on était pas du tout responsable des méfaits de certaines unités malienne qui agissait en autonome. 

Sympa les photos ! 

 

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Comme le souligne Goya dans le papier publié plus haut, l'imbrication/fusion des groupes de combat français et maliens (et non la simple coopération entre unités) devrait pouvoir se faire, dans un monde idéal.

La MinArm a aussi été interrogée sur Bounti hier, sans apporter de nouveautés. Elle a indiqué qu'il s'agissait d'une bataille de communication, et pointait plus tard dans son propos les acteurs concurrents (ennemis) habituels : la Turquie et la Russie.

JMT reste vif à l'égard de la COMOPS :

Citation

(...)
Il faut le dire, en toute transparence : vous savez ainsi pourquoi vous lirez moins d'informations sur Barkhane, et plus de fake news. Les journalistes qui traitent de ces sujets n'ont pas choisi la défense pour voyager, ils auraient choisi la spécialité tourisme sinon, nettement moins risquée.
(...)
Croire qu'annuler ces embeds permettra d'améliorer le storytelling de Barkhane est une erreur dramatique. Bien au contraire, et on l'a vu sur Bounti, l'absence de témoins impartiaux est facteur de suspicion. Les IED physiques tuent des soldats français (40% des morts de Barkhane et Serval), en ont blessé des centaines (toujours aucune précision de la part du minarm sur ce point), mais les IED médiatiques, fait de bric et broc feront des dégâts considérables, eux, sur l'image de la France, sur le niveau de confiance des français pour les opérations (et non les soldats) menées au Sahel. Ces IED médiatiques cherchent à prendre la main sur nos cerveaux, et notre volonté de combattre.

Source https://lemamouth.blogspot.com/2021/01/ied-mediatiques-messieurs-les-ennemis.html

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il y a 51 minutes, Kerloas a dit :

 

Citation

Les journalistes qui traitent de ces sujets n'ont pas choisi la défense pour voyager, ils auraient choisi la spécialité tourisme sinon, nettement moins risquée.

Source https://lemamouth.blogspot.com/2021/01/ied-mediatiques-messieurs-les-ennemis.html

Je ne comprends pas cette phrase. Est-ce une manière alambiquée de dire qu'il y a un déclin du nombre de journalistes intéressés par la défense ? Et que le fond du problème est un problème "moral", de la trop faible place du risque dans les valeurs de notre société décadente ?

Ou bien il y a beaucoup de journalistes de défense en France, mais ils sont intéressés uniquement par ce qui se passe dans les bureaux, dans les ministères ?

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Non, c'est à lier à ce qu'il met avant :

Citation

Hier, la minarm assurait que l'explication de son ministère était sa priorité numéro 1. Dans les faits, le flot de journalistes qui pouvaient reporter sur l'opération Barkhane s'est réduit, en décembre dernier, pour quasiment se tarir désormais. L'EMA explique qu'il n'est plus possible d'aller à Barkhane, mais qu'il est possible d'aller voir les sites outremer (le plus loin possible de Barkhane, on l'aura compris, NDLR). Un dialogue de sourds est désormais installé, même s'il subsiste de très fragiles ponts.

...et donc du vide éditorial à venir qui laissera la part belle aux "informations" en tout genre non vérifiées/vérifiables/absurdes.

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il y a 20 minutes, Wallaby a dit :

Je ne comprends pas cette phrase. Est-ce une manière alambiquée de dire qu'il y a un déclin du nombre de journalistes intéressés par la défense ? Et que le fond du problème est un problème "moral", de la trop faible place du risque dans les valeurs de notre société décadente ?

Ou bien il y a beaucoup de journalistes de défense en France, mais ils sont intéressés uniquement par ce qui se passe dans les bureaux, dans les ministères ?

je l'ai personnellement comprise comme : " Pour être journaliste de défense, il faut comprendre ce que l'on voit et rapporter ce que l'on a compris, pas se baser sur des "on dit", et/ou de l'émotionnel putaclick, et surtout ne pas partir avec un putain de biais cognitif et narratif, source de désinformation de la population qui sert l'ennemi. Toutefois le tri étant difficile et peut être non démocratique, le nombre de journalistes ayant accès aux bases et aux informations sur Barkhane sera réduit, toutefois tout le monde est le bienvenue sur les bases lointaine loin des opérations. Mais les journalistes qui traitent vraiment de défense savent (généralement) de quoi ils parlent, parce que si c'était juste pour voyager, travailler pour Géo/NG serait moins risqué vu la dangerosité des coins où ils doivent trainer pour recueillir des témoignages de terrain. "

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515 RT retour d’expérience sur l’opération extérieure du peloton de circulation et d’escorte (PCE°) du LTN Thibaut (ECE2) qui a été projeté,  au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane au sein du GTD LOG Chambure. Un mandat intense durant lequel nos soldats du PCE ont été confrontés aux réalités du théâtre en sachant faire preuve d’une détermination sans faille dans la réussite de leurs missions. Avec pas moins d’une dizaine de convois réalisés, le peloton du LTN Thibaut a dû prendre en compte la menace IED qui est latente et faire face à de nombreux incidents et attaques. Face à la menace ennemie omniprésente sur ces convois logistiques, le LTN Thibaut nous raconte que ses hommes ont su « faire preuve d’un très grand professionnalisme et d’un sang-froid remarquable tout au long de ces opérations difficiles aussi bien physiquement que moralement ». Ces éléments nous démontrent toute l’importance, pour nos soldats, de suivre une préparation tactique, physique et mentale, exigeante au plus près des réalités opérationnelles, afin que tous soient prêts à faire face

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