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La guerre médiévale en occident


Berezech
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Comment se passe la guerre au Moyen-âge en Europe ?

Nouveau sujet, nourris de pleins d'interrogations nées des discussions du forum et d'un goût immodérés pour les films et séries de la période (pleines de contresens et d'erreurs, voir complètement ignorante de comment on faisait la guerre en vraie à cette époque)

Je vous propose de décomposer peut être en plusieurs choses. Parce qu'en écrivant je me rends compte que ce qui m'intéresse est varié.
Je suis à la fois curieux concernant les stratégies (fonctionnement des alliances, mobilisations des moyens, des loyautés ...), opérationnels (pleins de sièges, petites guerres, groSSe bastonnade télégéniques, tuez les tous dieux reconnaîtra les siens ...) tactiques (les archers devant en tirailleur, la cavalerie prépondérante qui s'alourdit ?.
D'après ce que j'ai pu lire déjà une grosse partie du "warfare" médiéval (du moins au haut moyen âge) est directement hérité des méthodes romaines qui restent la référence de la période. Comment ça s'adapte et évolue dans le temps ?

Au niveau hardware, sur la période on constate il me semble un alourdissement de plus en plus poussé à la fois pour le cavalier, et pour le fantassin, jusqu'à délaisser le sempiternel couple bouclier/spata (dérivée du gladius romain plus long mais plus courte qu'une épée batarde ou qu'une épée longue) et à un développement technologique qui ajoute en variété dans l'armement (arbalètes, longbow, épées à deux mains, hallebarde, vouge etc ...) et dans les protections (harnois, plastron, casques pleins, complexification des formes des heaumes ...) ou dans la logistique (alors là si quelqu'un a des tuyaux ! comment la taille des armées croît ou décroît durant la période ?), l'utilisation des fortifications (chateaux servant de centre de contrôle et de centralisation des ressources, centres logistiques, centres de commandements, relais logistiques ...)

Pour l'ère géographie (vue la diversité incroyable déjà à l'intérieur de l'Europe) j'aurais tendance à laisser de coté tous les peuples orientaux qui font plutôt appel à la mobilité et/ou à l'archer monté pour plutôt me centrer sur le fonctionnement socio-militaire féodal en europe de l'ouest, à la rigueur pour comparaison ce que l'art militaire byzantin continue de produire durant la période puisqu'il est loin d'être statique.

 

Pour lancer un peu le sujet, ce que j'ai pu voir récemment dans Viking me paraît assez grossier, les adversaires de nos copaings vikings étant des abrutis patentés (Saison 3 épisode 2 je crois, deux armées alliées se trouvent sur les rives opposées d'une rivière que remonte les vikings en bateau ... et se font démonter tour à tour faute de pouvoir traverser et se porter assistance)
Tenue de combat et tactiques me paraissent assez fantaisistes (débarquement sous le nez de l'adversaire, heaumes du XVe siècle, surperformance appuyée des persos pour le show)

Kingdom of Heaven, film à gros budget récent nous en montre également très peu, si ce n'est une grosses bastonnade assez peu réaliste (Kerak, puis le siège de Jérusalem, c'est vrai que c'est joli à regarder)
Les Pilliers de la Terre (grosse mêlées illisibles, un peu de siège, mais je ne suis vraiment pas sur pour les techniques de combat)
A noter sur ces deux derniers des efforts certains dans le choix des costumes (d'ailleurs le second a recyclé ceux du premier, pas de harnois intégral au XIIe siècle, ouf !

Dans les vieux films classiques (Ivanhoe ... ect) ou même plus récent (The messenger Joan of Arc) c'est n'importe quoi, les combats finissants en mêlée chaotique et correspondant à une esthétique idéalisée du XIXe siècle.

Sinon en partant d'un cas concret :
Concrètement, je suis un seigneur du Moyen âge, (disons le duc), je dois concilier mes ouatemilles vassaux, et je veux aller estourbir mon voisin (un autre dux bellorum), comment je m'y prends ? 
Qu'est ce que j'ai comme troupes dispos, mes vassaux me filent ils des troupes, mes cités, mes évêques ? Comment mon propre suzerain (le Roi)  gère t'il ce genre de conflit ? L'Eglise ? Comment atteindre mes buts de guerre en devant en plus m'assurer que tout le monde aura à becqueter l'hiver venu, le salut pour son âme et que les ducs d'à coté ne vont pas s'inviter à la fête ? (ou les hérétiques/infidèles, la peste, le choléra, la phtisie ...)
 

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D'après ce que j'ai pu lire déjà une grosse partie du "warfare" médiéval (du moins au haut moyen âge) est directement hérité des méthodes romaines qui restent la référence de la période. Comment ça s'adapte et évolue dans le temps ?

 

On pourrait dire que l'art militaire tactico-opératif du Moyen Age est un prolongement de l'art de la guerre romain.... En version très dégradée dans tous les aspects. S'il y a une caractéristique qui peut définir le Moyen Age occidental, c'est la quasi disparition de la notion d'Etat et de pouvoir central même un peu fort, soit le rêve libertarien concrétisé.... Et mis en face de sa vacuité, étant donné que quand un vide se crée, pleins de choses essaient de le remplir.... En l'occurrence, une foultitude de pouvoirs locaux et "transnationaux" faits de quelques grandes institutions (l'Eglise en tête) et "d'hommes forts" de divers échelons. Le tout sans cohérence. 

 

Sans structure étatique, juridique, monétaire et fiscale, sans économie organisée et protégée à un échelon conséquent, sans possibilité d'avoir un horizon de temps déterminé garantissant le calme de façon relativement fiable, ni Etat ni économie ne peuvent se constituer durablement, et c'est toute l'histoire du MA que de voir sans cesse des Etats essayer de se constituer/reconstituer et de s'imposer dans leur espace, n'y parvenant que rarement et de façon moyennement durable (au mieux le temps d'un ou deux règnes). 

 

Dans ces conditions, l'armée permanente n'existe pas, et même des structures militaires théoriques pour une organisation ponctuelle (la levée de l'Host féodal) ne peuvent se maintenir et prospérer: elles ne peuvent que se dégrader à la préférence de chacune des parties prenantes, constituant un "non système" militaire particulièrement inefficace. Les savoirs-faires militaires sont donc plus ou moins perdus par rapport à l'époque romaine (à contraster avec ce qu'on voit ailleurs, notamment dans l'Empire byzantin), seuls certaines partie survivant sous la forme la plus rudimentaire et la moins professionnelle. L'infanterie, mais aussi le génie militaire, l'artillerie, la médecine militaire, la logistique, la planification.... En sont les plus grandes victimes. La cavalerie survit mieux, même si à petite échelle, centrée autour des micro-effectifs permanents que gardent les grands seigneurs et souverains. Elle peut poursuivre (lentement) son développement en termes de progression technique et de l'équipement, du moins pour sa composante lourde, sans doute parce que, étant une arme chère et longue à développer, c'est le minimum syndical qu'un seigneur important essaie de garder sous la main. Au-delà, elle devient aussi graduellement un marqueur social, étant une "ressource rare"; ceux qui peuvent s'équiper en cavalier lourd acquièrent une forme de "priorité"et donc un accès plus aisé au pouvoir (de n'importe quel échelon), aux relations.... Devenant graduellement une classe dominante et cherchant peu à peu à imposer une primauté de principe et de fait en même temps qu'un monopole de l'activité militaire professionnelle. 

Tout ce qui peut exister en terme d'unités militaire permanentes ou semi permanentes, existe via les réseaux de clientèle locales qui constituent le système féodal, avec un plafond d'échelle régionale (grosso modo le comté) pour avoir des unités de cavalerie lourde se réunissant relativement régulièrement pour inspection et entraînement en commun. Aucune homogénéité d'effectifs, aucun standard unifié d'entraînement, diversité d'équipements.... Caractérisent la chose. A côté, on ne trouve que quelques milices (majoritairement de villes) qui valent la mention pour l'infanterie "de ligne" et quelques spécificités régionales pour l'infanterie légère ou l'archerie. 

 

 

Mais le MO, c'est aussi une énorme période, avec des évolutions et des "chapitres": de l'antiquité tardive à la fin des Guerres de Bourgogne ou de la Guerre de Cent Ans (voire aux Guerres d'Italie, un des "marqueurs" possibles de la Renaissance), y'a environs de mille ans, et des variations importantes. Donc faut peut-être encadrer un peu plus les questions. 

Concrètement, je suis un seigneur du Moyen âge, (disons le duc), je dois concilier mes ouatemilles vassaux, et je veux aller estourbir mon voisin (un autre dux bellorum), comment je m'y prends ? 

Qu'est ce que j'ai comme troupes dispos, mes vassaux me filent ils des troupes, mes cités, mes évêques ? Comment mon propre suzerain (le Roi)  gère t'il ce genre de conflit ? L'Eglise ? Comment atteindre mes buts de guerre en devant en plus m'assurer que tout le monde aura à becqueter l'hiver venu, le salut pour son âme et que les ducs d'à coté ne vont pas s'inviter à la fête ? (ou les hérétiques/infidèles, la peste, le choléra, la phtisie ...)

 

Je dirais, pour poursuivre dans la veine précédente.... Un seigneur de quelle partie du MO

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Concernant les sièges on peut constater qu'à moins qu'il n'y ait trahison, beaucoup ne pouvaient se régler qu'en réduisant une place à la famine. Et pas nécessairement en encerclant toute la place. la coupure des principales voies de communications pouvaient parfois suffire. Seuls les grosses armées étaient capables de mener de vrais sièges avec machinerie, tunnels, tranchées et prises d'assaut en règle (se terminant généralement par un carnage au niveau des défenseurs et pas mal de pertes chez les assaillants, le défenseur étant quand même bien avantagé derrière son mur).

 

Un bon exemple de cette guerre d'ingénieurs est probablement l'expédition de Saint Louis en Egypte. C'est une guerre pour le contrôle de canaux, d'écluses et de points de passages dans un réseau d'îles, de rivières et canaux face un défenseur organisé contrôlant les débits d'eau et maîtrisant le terrai (bref face à un Etat développé pour les standards de l'époque).

 

Un autre bon exemple sont les expéditions byzantines de l'époque des croisades mais là on parle de l'armée des Comnènes ce qui représente un niveau encore supérieur. À l'époque des Comnène la simple annonce du rassemblement d'une force byzantine pouvait faire reculer un Sultan pourtant plus puissant que la force rassemblée. Avec Byzance venait l'armée, l'organisation, le savoir faire mais aussi l'or, par paquets, ce qui dans un monde musulman féodal avait tendance à rendre chaque Emir suspect.

 

Concernant la taille des armées c'est difficile à évaluer. On ne calcule pas en hommes déjà mais en lances. Donc un chevalier/nobliau plus ce qu'il peut se payer comme escorte rapprochée de pages et d'homme lige plus éventuellement une référence au nombre de sergents et des estimations totalement hasardeuses autour des piétons. Pas moyen de savoir combien de mercenaires, marchands, maquereaux etc accompagnent l'affaire. Bref aucun moyen de savoir quelle logistique était nécessaire et comment le ravitaillement était assuré concrètement.

 

 

Dans les vieux films classiques (Ivanhoe ... ect)

 

 

 

COMMENT ! Tu n'est pas fan d'Ivanhoé ?! Au rouet ! Tout le monde doit être fan d'Ivanhoé, c'est le comble du réalisme !

 

Modifié par Chronos
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Concernant les sièges on peut constater qu'à moins qu'il n'y ait trahison, beaucoup ne pouvaient se régler qu'en réduisant une place à la famine. Et pas nécessairement en encerclant toute la place. la coupure des principales voies de communications pouvaient parfois suffire. Seuls les grosses armées étaient capables de mener de vrais sièges avec machinerie, tunnels, tranchées et prises d'assaut en règle (se terminant généralement par un carnage au niveau des défenseurs et pas mal de pertes chez les assaillants, le défenseur étant quand même bien avantagé derrière son mur).

 

Tu oublies l'un des moyens les plus employés au MO, surtout dans les sièges non majeurs (cad pas les citadelles les plus "à la pointe" et énormes, avec une organisation militaire plus rigoureuse et redondante dedans); l'infiltration. Que ce soit par un processus de "déception" (telles les infiltrations de Du Guesclin entrant clandestinement avec quelques hommes cachés dans des tonneaux et amenés par un vrai ou faux marchand, ou planqués sous un chargement de foin) ou une insertion par l'un ou l'autre milieu (le conduit des égouts, à la nage dans le cours ou l'étendue d'eau entrant dans certaines villes, et surtout l'escalade des murailles), c'est souvent le premier moyen, celui avec une longue histoire de succès (les Grimaldi à Monaco, c'est essentiellement leur histoire fondatrice) et l'origine de la chute de bien des forteresses considérées comme les plus impénétrables (Château Gaillard.... Par l'évacuation des chiottes à flanc de muraille). L'escalade des murailles est une spécialité renommée et recherchée, ce qu'on voit pendant la Guerre de Cent Ans par exemple où d'énormes carrières de capitaines célèbres (et non nobles) ont débuté dans le rang par ce moyen (on se distingue, et si on n'est pas manchot par ailleurs, ça peut amener loin). 

 

Difficile de compter dessus comme système organisé (y'a pas d'unité de forces spéciales -ce que cette spécialité serait aujourd'hui- qui existe et s'entraîne à ça), mais y'a toujours, dans une armée assiégeante, des petits malins, des chanceux et des grimpeurs (et des petits malins grimpeurs avec le cul bordé de nouilles -moins fréquents, mais pas rares), 

Modifié par Tancrède
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Aussi parce que souvent, ces gardes, surtout dans les villes, n'étaient pas forcément très professionnelles ou très attentives, ou parfois même pas suffisante en effectifs pour assurer suffisamment de présence dans le temps (les rotations devaient être assez soutenues, surtout avec des non pros). Et comme les hommes, les murailles, dans le monde réel, sont pas toujours au top: entretien imparfait, voire négligé, constructions accumulées dans le temps (c'est rarement un ensemble exécuté en une fois et parfaitement homogène) offrant beaucoup d'angles morts.... Sans même compter les particularités topographiques de chaque endroit (promontoires rocheux, constructions à flanc de montagne, présence de grottes et cavités, notamment pour l'appro en eau....). 

 

N'oublions pas non plus que les systèmes de détection et d'alarme sont pas au top: la nuit, pas de moyens IR ou d'accroissement de luminosité au-delà de l'accoutumance à la vision nocturne ou des torches partout (qui pourrissent la vision nocturne et ne portent pas loin). Faut du monde pour surveiller les abords d'un seul pan de muraille, parce que c'est en fait là qu'on a le plus de chances de spoter un gars, dans le glacis déboisé qui entoure une place forte (si les conditions s'y prêtent). 

Soudoyer un garde (ou plutôt un groupe de gardes qui tient une porte, un endroit d'une muraille....) est une chose qui ne peut marcher qu'à deux moments: soit avant que le siège commence, avec un instant convenu à l'avance où tout doit se dérouler..... Soit dans un siège qui a duré très longtemps et où des possibilités de rencontres discrètes entre diverses parties ont pu avoir lieu, ce qui n'est pas évident à moins d'avoir affaire à une place très peuplée (où un individu ou un petit groupe allant et venant se remarque peu) et une armée assiégeante nombreuse. 

A cet égard, il semble que l'énorme liste de places prises par infiltration témoigne d'un moyen plus souple d'emploi que ces deux cas de figure. 

 

 

L'autre moyen très fréquent aussi: la négo inégale. Les chefs assiégeants ou assiégés n'ont pas si souvent que ça la volonté de se saigner à blanc pour prendre ou défendre une cité, surtout s'il peut y avoir un arrangement. On négocie la reddition contre un tribut mais pas de pillage, on négocie le départ rapide des troupes assiégeantes contre un dédommagement.... Les chefs sont pas plus cons que les autres, et ils peuvent estimer combien de temps ils peuvent tenir.... Surtout les assiégeants, ce qui est un des points caractéristiques des sièges du MA: l'assiégeant a généralement peu d'autonomie, beaucoup moins que l'assiégé, dans la grande majorité des cas. Un des à côtés de la faible centralisation, de la petite taille des entités belligérantes, du faible niveau d'organisation, du faible aménagement du territoire (notamment en routes: bouger seul ou en groupe est une affaire lente, complexe et lourde).... Est que les surplus et stocks alimentaires disponibles sont faibles, et que même s'il y en avait plus, les moyens des belligérants pour en acquérir beaucoup sont limités (même les rois). Et comme d'habitude, faire vivre des effectifs un peu conséquents sur le pays n'est pas une entreprise très saine: la productivité à l'hectare est faible, les stocks réduits, l'habitat dispersé, l'agriculture avant tout purement vivrière, et la fenêtre temporelle où les réserves sont au plus haut est courte (quelque part entre les semaines avant la moisson et celles après).

 

Par exemple, on s'étonne souvent de la façon dont les Plantagenêts/Anglais ont pu tenir longtemps la Guyenne, via Bordeaux, alors que c'est un territoire qui semble sans profondeur stratégique. Sur une carte, c'est vrai, mais toutes les armées royales visant Bordeaux ont eu le même problème pendant longtemps, avant de pouvoir disposer de réserves propres suffisantes pour une campagne de plusieurs mois (fallait déjà arriver dans le sud ouest, en plus), et de pouvoir mobiliser suffisamment de troupes suffisamment longtemps.... La production alimentaire locale était limitée (vivrière) et Bordeaux se trouvait en fait au bout du bassin entourant la Gironde, une zone pas super saine pendant la saison de guerre, avec des été chauds.... Et déjà avant tout dédiée à la viticulture. Beaucoup de soif et pas grand chose à manger à part du raisin, et qu'il faut bouffer avant qu'il soit mûr (il n'est à point que quand la saison de guerre se termine).... Ce qui veut dire que les armées visant Bordeaux se retrouvaient souvent paralysées par des épidémies de chiasse. 

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Pour résumer très succinctement des "phases" du Moyen Age, et situer l'évolution du "warfare" dedans:

 

- Vème-VIIIème siècles: bordel mérovingien, avec quelques hauts et beaucoup de bas

 

- VIIIème-IXème siècles: "renaissance" carolingienne et phase de restructuration de l'occident, avec un relatif succès, concrétisé surtout pendant le règne de Charlemagne. Réorganisation massive des territoires, création de grands domaines et d'une hiérarchie dont va venir la hiérarchie féodale (la féodalité occidentale naît véritablement avec les Carolingiens), refondation monétaire et fiscale, réouverture d'un "grand commerce" (balbutiant) à l'échelle de l'occident européen.... Et réforme militaire. 

 

- IXème-XIème siècles: effondrement de l'ordre carolingien et déliquescence de l'occident (ce dont profitent vikings, Hongrois et Sarrasins pour des raids permanents), sauf en Allemagne où la "renaissance othonienne" permet de limiter le phénomène. Evolution militaire majeure avec la cavalerie dite "normande" qui établit le prototype du chevalier, constituant le maillon essentiel entre la cavalerie lourde dérivée de l'antiquité tardive, et la chevalerie. 

 

- XIème-XIIIème siècles: phase de consolidation des grands domaines lentement constitués sur les décombres carolingiens, avec affirmation de quelques-uns en royaumes (France, Empire Plantagenêt puis Angleterre). "Première renaissance": amélioration climatique, structuration de plus grandes entités proto-étatiques, croissance agricole et commerciale, développement urbain. Le phénomène urbain permet l'émergence de villes et groupes de villes ayant la taille critique pour s'affirmer politiquement (villes libres, communes indépendantes, ligues de villes....). Instabilité du St Empire et lutte Guelfes-Guibelins (Guelfes finalement vainqueurs après la mort de Frédéric II Hoenstaufen), aboutissant au morcellement accru et structurel de la zone allemande. Période des croisades, qui apportent beaucoup à l'évolution militaire: récupération de certains savoirs faires (surtout en construction de places fortes et poliorcétique) et développement d'autres (notamment via les armées permanentes -ordres militaires- et quasi permanentes que la Terre Sainte exige). Fermeture graduelle de la noblesse et du métier des armes -surtout la cavalerie- qui deviennent avant tout un phénomène héréditaire (contesté seulement dans certaines régions, essentiellement dans les grandes villes plus "libres": nord de l'Italie et Flandres). 

 

- XIVème-XVème siècles: point de rupture de la période féodale, avec les deux grands ensembles d'occident entrant en conflit, initialement pour un motif purement féodal (mais dont l'enjeu est maintenant un pays entier) = Guerre de Cent Ans. Crise parallèle de la papauté, initiée sous Philippe Auguste (déplacement forcé à Avignon) en réponse à la crise existante à Rome et avec Rome; la non résolution de ce problème entraîne un déchirement qui se superpose aux conflits entre Etats (celui entre France et Angleterre, et ceux qui en dérivent ou s'y rattachent). 

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S'il y a une caractéristique qui peut définir le Moyen Age occidental, c'est la quasi disparition de la notion d'Etat et de pouvoir central même un peu fort, soit le rêve libertarien concrétisé.... Et mis en face de sa vacuité, étant donné que quand un vide se crée, pleins de choses essaient de le remplir.... En l'occurrence, une foultitude de pouvoirs locaux et "transnationaux" faits de quelques grandes institutions (l'Eglise en tête) et "d'hommes forts" de divers échelons. Le tout sans cohérence. 

 

 

Ce qui rapporte aux situations économiques, politiques et sociales particulières, il y a pleins de mouvements centralisateurs, décentralisateurs et d'expérimentation politique, ou de nostalgie de "l'âge d'or" romain, redécouvert opportunément de temps en temps par un Dux bellorum plus instruit (ou mieux conseillé) que les autres. D'ailleurs tout le moyen âge semble vivre dans l'ombre de "l'idéal romain" et la fascination de l'Empire par opposition au creuset extrêmement instable que tu décris.

Les armées et les capacités sont donc extrêmement volatile et peu durable. C'est il me semble une des théories de Le Goff dans son livre sur le Moyen Âge.

Il y a l'expérience aussi des villes Etats ploutocratiques et/ou Républiques patriciennes, en Allemagne et en Italie.

On note quand même des continuités qui me paraissent intéressantes à suivre dans la période :

- l'Eglise, en dépit du schisme, des papes et antipapes, de la lutte avec l'empereur (guelfes et gibelins) maintient un pouvoir continue même si il est également très variable, l'investiture des prélats est un enjeux de pouvoir énorme. Sa présence structure durablement tout l'occident et sa production culturelle, c'est un des liants transféodaux/transnationaux qui joue un rôle politique majeur, entretenant parfois sa propre force militaire, mais qui joue essentiellement de ce qu'on appellerait aujourd'hui le "Soft power". Thunes, absolution, excommunication, indulgences, bulles, droit canon, maintien en vie d'un réseau de monastère qui conserve la connaissance, entrepreneur économique, mais aussi politique (les croisades) qui est largement utilisé (y compris par les féodaux dans leurs rapports, je pense à l'hérésie cathare par exemple)

- Le Saint Empire Romain Germanique, plus ou moins centralisé (plutôt moins que plus en général) sur la période, dont les frontières sont globalement stables, et si les intrigues et guerres n'en sont pas absente, forme un ensemble qui répond en partie au vide du pouvoir. Sa durabilité reste quand même exceptionnel.

- La formation de proto Etat-Nation (peut on même évoquer de vrais Etats Nations pour la France et l'Angleterre  partir du XIIIe siècle ?) qui bien que sujet à de nombreux aléas ont une continuité sur la période (Ecosse, Angleterre, France, Castille, Aragon, Autriche, Suède, Danemark et Norvège, Pologne, Hongrie pour ceux qui ont survécus). Ces ensembles même si ils sont très perturbés ont une permanence qui va avec une ou plusieurs lignées dynastiques (et les branches de chaque lignages), les Capétiens règnent sur le Royaume de France pendant un sacré bout de temps malgré les divers aléas. Si le processus de formation des proto Etats n'est pas continu il tend quand même vers la fin de la période à la constitution de domaine moins fragmenté et plus unifiés ou le pouvoir central s'est accru au détriment de la féodalité, ou même en concédant des droits aux bourgeois et aux nobles, a résolument changé la façon de considérer le pouvoir (Angleterre, France)

 

Mais le MO, c'est aussi une énorme période, avec des évolutions et des "chapitres": de l'antiquité tardive à la fin des Guerres de Bourgogne ou de la Guerre de Cent Ans (voire aux Guerres d'Italie, un des "marqueurs" possibles de la Renaissance), y'a environs de mille ans, et des variations importantes. Donc faut peut-être encadrer un peu plus les questions. 

 

Oui, tu as raison de le souligner, en fait je ne l'ai pas mis dans mon premier post parce que c'est clairement un point intéressant du débat. Sans parler de stagnation comme une vision un peu caricaturale de la période le laisserait penser, il y a une continuité entre le Ve siècle, au moins jusqu'au XVe, période où le phénomène de concentration, de centralisation et de bureaucratisation du pouvoir atteint progressivement un degré critique qui change la nature du système. On passe d'un univers largement dominé par le féodalisme à un univers d'Etats (pas forcément encore nations) ou grosso modo les tailles critiques impose de rationaliser radicalement l'organisation des rapports dans la société et entre les entités politiques.

On va dire que la période "type" à laquelle on pense en évoquant le MA c'est entre le XIe et le XIVe siècle, même si c'est sans doute moins linéaire que ça. 

La tentative Carolingienne de recentraliser le pouvoir au IXe siècle semble une occasion ratée de déboucher sur un autre système, et l'effondrement qui en résulte relance la fragmentation de l'espace européen.

Même si c'est très différent du XIIe siècle (et à fortiori du XVe) ça m'intéresserait de le garder dans le sujet et de mesurer aussi les évolutions (et les régressions).

 

Concernant les sièges on peut constater qu'à moins qu'il n'y ait trahison, beaucoup ne pouvaient se régler qu'en réduisant une place à la famine. Et pas nécessairement en encerclant toute la place. la coupure des principales voies de communications pouvaient parfois suffire.

 

J'ai constaté en lisant notamment des récits de la Croisade des albigeois que les sièges semblent être un élément déterminant du conflit, je ne fais pas référence aux "grands sièges" comme celui de Toulouse où se fait butter Simon de Montfort mais à une succession de petits sièges, de coups de mains, d'actions de guérilla qui permettent de contrôler l'espace.

En réalité un pays comme la France est complètement structuré autour de points clés fortifiés, chateaux, citées, royales ou libres, évêchés, prieurés, monastères qui permettent un contrôle effectif de l'espace et qu'il est absolument essentiel de contrôler pour aboutir à un résultat "opérationnel" concret dans la durée (tenir le pays).

A l'inverse la pratique de la chevauchée et du raid est une technique payante pour affaiblir l'adversaire, l'obliger à disperser ses moyens, et se nourrir sur la bête (logistiqeuuuh !)

Dès l'introduction de la technologie qui permet de renverser les murs (l'artillerie) et sa structuration dans une force cohérente (que ne peuvent se payer que les gros) la donne militaire, et socio-politique, change drastiquement, même si le mode de pensée médiéval se perpétue un certain temps.

L'existence même de cette multitude de point fort, et la taille très limitée des ensembles urbains semble un gros point causal de la perpétuation de la fragmentation du pouvoir et de la difficulté à mener de grandes opérations militaires dans la durée.

 

Un autre bon exemple sont les expéditions byzantines de l'époque des croisades mais là on parle de l'armée des Comnènes ce qui représente un niveau encore supérieur. À l'époque des Comnène la simple annonce du rassemblement d'une force byzantine pouvait faire reculer un Sultan pourtant plus puissant que la force rassemblée. Avec Byzance venait l'armée, l'organisation, le savoir faire mais aussi l'or, par paquets, ce qui dans un monde musulman féodal avait tendance à rendre chaque Emir suspect.

 

 

A mettre au crédit de l'Empire Byzantin qui quant il n'est pas miné par ses querelles internes (ou les coups des latins par derrière) parvient à survivre, prospérer et même s'étendre plusieurs fois dans la période, et ce sous la pression d'adversaires très nombreux et parfois bien organisés (mais qui apprend lui aussi de son adversaire). Sa structure assez unique lui donne un avantage longtemps grâce à l'organisation des Thèmes, la nomination de Strategos par le pouvoir central, une administration efficace et un droit stable sur la période.

Dans son évolution militaire il m'a semblait lire qu'après l'évolution vers la cavalerie lourde (Kataphractoi) il fait aussi de la place dans son ordbat à des unités d'archers montés, mais aussi vis à vis de l'espace occidental, à une véritable conservation du savoir faire de l'infanterie qui conserve un niveau homogène d'équipement, de formations et de spécialisations.

Apparemment pour ce que j'en ai lu la logistique est elle aussi bien préservée selon les périodes. Tout ça reste quand même largement soumis aux aléas du pouvoir et aux performances des différentes dynastie (la restauration Commène est un temps bénis, tandis que sous les Doukas ou les Palaiologos c'est plus variable).

A noter une fois de plus que c'est l'Empire lui même qui se condamne de par son instabilité politique plutôt que ses performances militaires, variables mais pas si catastrophiques qu'on peu parfois se l'imaginer (Manzikert en 1071 n'est qu'une défaite, rattrapable sans doute, mais beaucoup de rébellions internes empêche de rattraper le coup)

 

COMMENT ! Tu n'est pas fan d'Ivanhoé ?! Au rouet ! Tout le monde doit être fan d'Ivanhoé, c'est le comble du réalisme !

 

Pauvres mannequins et figurants !

L'escrime hollywoodienne et les collants dErrol Flyn !

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Un peu "ethnocentrée"  cette vision, ami Tancrède.  

A la frontière Sud, se développent, ou vont se développer, d'autres dynamiques, d'autres formes de combattre.

Du paysan soldat de Castille aux almogavars d'Aragon, par exemple. 

C'est un peu ma faute, le modèle "français d'oïl" post carolingien est un peu l'idéal type de la période féodale (au détriment des particularités de telle ou telle autre région d'Europe), la diversité est incroyable en Europe selon l'endroit où on se situe.

D'ailleurs c'est bien que Tancrède ait posé une segmentation historique, les choses bougent selon la période où on se situe.

Modifié par Berezech
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Un peu "ethnocentrée"  cette vision, ami Tancrède.  

A la frontière Sud, se développent, ou vont se développer, d'autres dynamiques, d'autres formes de combattre.

Du paysan soldat de Castille aux almogavars d'Aragon, par exemple. 

 

Effectivement ,je sais qu'en Picardie on avait appris à protégé les villages et maison durant le Moyen-Age ,pour faire face aux anglais durant la guerre de cent Ans ainsi que contre les " voleurs et pillards " ,une sorte système dans la construction des villages et des maisons qui permettaient de résister longtemps .

Donc qu'il y avait bien un système d'auto défense palliant sûrement un manque évident de protection avec force spécifiquement "militaire" .

 

Un personne à écrit un livre sur la guerre urbaine de l'antiquité à aujourd'hui ,et il explique très bien le type de défense qu'avait les Picards ,je n'ais pas eu l'occasion de lire livre mais j'ai écouté cet auteur qui était invité sur une radio .

 

Très intéressant ,il faudrait que je trouve sur le net le titre de ce bouquin ,car lors de son intervention il a abordé le Moyen-Age et m'a juste donné l'eau à la bouche quand il a un peu raconté la manière de se défendre des picards  =) .

 

Et l'histoire au Moyen-Age de la Picardie riche en enseignement sur pas mal de point de vue .

 

Système sociale ,militaire ,etc ...

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Picardie

Modifié par Gibbs le Cajun
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Un peu "ethnocentrée"  cette vision, ami Tancrède.  

A la frontière Sud, se développent, ou vont se développer, d'autres dynamiques, d'autres formes de combattre.

Du paysan soldat de Castille aux almogavars d'Aragon, par exemple. 

J'entends bien, mais mes remarques soulignent en fait l'immensité du sujet qu'on peut difficilement appréhender globalement. On est forcé de le diviser en chapitres et sous-chapitres (pour l'espace et les thèmes abordés), et de marquer des étapes pour respecter la chronologie de chaque. Et tout ça pour "seulement", l'ouest de l'Europe. 

Ceci dit, dans ce que tu mentionnes, je préciserais deux-trois trucs:

 

- d'abord et avant tout que j'ai surtout brossé succinctement le portrait des plus grands ensembles qui se constituent et qui aboutissent à la fin de la période: l'Espagne est dedans à la fin, mais sur la majorité de la période, elle est plutôt un espace très divisé sans grande perspective d'union avant la dernière ligne droite. 

 

- t'as oublié les jinetes comme phénomène militaire particulier (note qu'on oublie aussi les hobelars pour l'ensemble Irlande/Angleterre/France: la cavalerie légère a pas la cote)

 

- le "paysan soldat" de Castille n'est pas un modèle très original dans le paysage européen, et ne porte pas une manière de combattre unique. Ce qui est peut-être plus original dans le modèle, c'est le besoin de ce paysan soldat (d'ailleurs pas qu'en Castille, mais sur toutes les frontières des royaumes initiaux du nord de l'Espagne de la Reconquista) par rapport à une aristocratie trop peu nombreuse pour être une "classe guerrière" suffisante, renforçant le rôle et l'importance, et dans une certaine mesure le statut, du dit paysan soldat et des groupements humains qu'il constitue (va t-on en faire l'ancêtre direct de l'hidalguia?). C'est un processus analogue qu'on voit en Angleterre avec le développement de l'archerie fondée sur la "classe moyenne supérieure" des paysans et hommes libres relativement aisés dont le service militaire et le système d'entraînement contraignant poursuivent, de façon plus efficace, le "fyrd" plus ancien en lui appliquant la particularité d'un système d'arme très particulier. 

 

- le cas des Almogavres est encore un micro exemple (qui n'a d'ailleurs pas fait école), et il ne faut pas non plus confondre le phénomène général des Almogavres (déjà circonscrit à une petite région et une petite population) avec le cas particulier de la Compagnie Catalane qui fut une troupe d'Almogavre maintenue en activité continue et ensemble pendant très longtemps (et atteignant de ce fait un niveau sans commune mesure avec le reste). D'ailleurs, le mode de vie et de guerre des Almogavres n'est pas si rare dans ce coin: Basques et Gascons (et d'autres populations montagnardes) ont des méthodes similaires et maintiennent en fait pendant des siècles, par transmission, les savoirs-faires issus des milices romaines. Leur processus tactique est essentiellement celui de l'infanterie romaine classique puis de l'infanterie romaine médiane/légère tardive: dards/javelines et assaut pour trouver le combat rapproché au plus vite. C'est un des trucs sur lesquels j'ai beaucoup de mal à me documenter, d'ailleurs: jusqu'à quelle période la javeline, les dards et autres lances-faites-pour-être-lancées sont un outil utile et utilisé effectivement au combat? La faiblesse des sources médiévales est manifeste, étant donné qu'elles se concentrent essentiellement sur les chevaliers et que les fantassins sont généralement mentionnés comme une "chose" globale sans grande description détaillée sauf quelques cas ou moments particuliers (vougiers flamands, archers gallois puis anglais, fantassins lombards, piquiers suisses, Compagnie Catalane.... Même les fantassins légers gascons dont on n'entend que du bien sont rarement, voire jamais, décrits dans leur armement). 

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Il suffit de lancer... =D

Tu as raison sur les "jinetes" , quoique dans mon esprit ils étaient englobés dans la catégorie. "paysans soldats" ; de fait, les piétons et les cavaliers "plébéiens"  (caballeros villanos) relèvent des mêmes "fueros"  (droits) et la porosité entre les deux est grande. Le premier fuero de milice (Castrojeriz) datant de 960 / 980

Effectivement, ces cavaliers sont en grande partie à l'origine du concept  élargi d'hidalguia. Pour le dire rapidement, au Nord du Douro règne la basse noblesse de lignage: les "infanzones" ; au sud de cette ligne va se développer, au fur et à mesure de l'avancée de la frontière, les milices de piétons et cavaliers (dans certains endroits ils ont même le privilège d'élire le Seigneur) qui peu à peu vont conquérir des droits égaux aux infanzones,  jusqu’à y compris l'héritage du privilège. Mais l'idée de que l'on peut conquérir les honneurs, par ses œuvres et pas seulement par le lignage, va fortement imprégner la notion de noblesse en Espagne. 

Ceci est valable aussi bien dans les "Castilles" qu'en Aragon, seule la Catalogne est un peu à part, plus proche du modèle "français" 

Modifié par Fusilier
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On note quand même des continuités qui me paraissent intéressantes à suivre dans la période :

- l'Eglise, en dépit du schisme, des papes et antipapes, de la lutte avec l'empereur (guelfes et gibelins) maintient un pouvoir continue même si il est également très variable, l'investiture des prélats est un enjeux de pouvoir énorme. Sa présence structure durablement tout l'occident et sa production culturelle, c'est un des liants transféodaux/transnationaux qui joue un rôle politique majeur, entretenant parfois sa propre force militaire, mais qui joue essentiellement de ce qu'on appellerait aujourd'hui le "Soft power". Thunes, absolution, excommunication, indulgences, bulles, droit canon, maintien en vie d'un réseau de monastère qui conserve la connaissance, entrepreneur économique, mais aussi politique (les croisades) qui est largement utilisé (y compris par les féodaux dans leurs rapports, je pense à l'hérésie cathare par exemple)

- Le Saint Empire Romain Germanique, plus ou moins centralisé (plutôt moins que plus en général) sur la période, dont les frontières sont globalement stables, et si les intrigues et guerres n'en sont pas absente, forme un ensemble qui répond en partie au vide du pouvoir. Sa durabilité reste quand même exceptionnel.

- La formation de proto Etat-Nation (peut on même évoquer de vrais Etats Nations pour la France et l'Angleterre  partir du XIIIe siècle ?) qui bien que sujet à de nombreux aléas ont une continuité sur la période (Ecosse, Angleterre, France, Castille, Aragon, Autriche, Suède, Danemark et Norvège, Pologne, Hongrie pour ceux qui ont survécus). Ces ensembles même si ils sont très perturbés ont une permanence qui va avec une ou plusieurs lignées dynastiques (et les branches de chaque lignages), les Capétiens règnent sur le Royaume de France pendant un sacré bout de temps malgré les divers aléas. Si le processus de formation des proto Etats n'est pas continu il tend quand même vers la fin de la période à la constitution de domaine moins fragmenté et plus unifiés ou le pouvoir central s'est accru au détriment de la féodalité, ou même en concédant des droits aux bourgeois et aux nobles, a résolument changé la façon de considérer le pouvoir (Angleterre, France)

 

Le St Empire n'est centralisé et en mesure d'agir un peu comme une entité étatique qu'à la période othonienne (d'Othon à Barberousse), et encore, avec quelques bas (cad du bordel), et sous Frédéric II (donc la partie centrale du XIIIème siècle). Avant et après ça, c'est un espace divisé, qui tend même vers l'atomisation complète après la fin des Hohenstaufen. Il n'y a eu qu'à ces quelques moments où l'empereur tenait en propre un domaine suffisamment massif pour s'imposer au reste de l'ensemble (et encore, souvent à grand peine): le "royaume de Germanie" d'Othon (sa "part" de l'ensemble) n'a pas duré longtemps. Et sans ses domaines italiens/sicilien, Frédéric II aurait eu beaucoup de mal.... Alors que c'était l'élément même qui causait aussi une dichotomie profonde dans son pouvoir. 

 

Le pouvoir de l'Eglise est en fait plus manifeste à la période post romaine, puis à nouveau pendant l'effondrement carolingien, mais il ne survit pas à la 3ème grande période de réaffirmation de grandes entités, soit le XIIIème siècle, la lutte contre les Hohenstaufen pouvant presque être vue comme son chant du cygne. La baffe -ou "l'attentat"- d'Agnani, et le déplacement à Avignon, concrétisent de ce point de vue ce qui était déjà un mouvement bien amorcé. Et à aucun moment le pouvoir temporel de l'Eglise n'a été réellement conséquent: sa "propre force militaire" n'a jamais été capable d'opérer ailleurs que dans le centre de l'Italie. Une force vraiment régionale, voire micro régionale: l'un des angles d'étude de l'histoire de la papauté, c'est son incapacité à réellement tenir les Etats pontificaux depuis leur création par Charlemagne, déchirés par les grandes familles de la noblesse romaine et/ou pontificale (beaucoup de ces noms qu'on verra notamment dans les Guerres d'Italie: Sforza, Malateste, Orsini, Della Rovere, Farnese, Piccolomini....). Le pape a toujours toutes les peines du monde à être un seigneur féodal efficace, bataillant pour contrôler son propre jardin, ce que le caractère électif du poste renforce.

Le soft power évoqué, lui, commence à sérieusement s'effacer à partir du début du XIIIème siècle: l'interdit qui frappe la France de Philippe Auguste, puis celui qui frappe l'Angleterre, sont parmi les derniers grands "coups" qui portent, et la guerre guelfes-guibelins est le dernier grand effort produit. Les églises "nationales" -ou, dira t-on, les échelons locaux de l'Eglise- prennent l'ascendant sur le centre à mesure que des entités proto-étatiques d'une certaine taille s'affirment. 

 

La tentative Carolingienne de recentraliser le pouvoir au IXe siècle semble une occasion ratée de déboucher sur un autre système, et l'effondrement qui en résulte relance la fragmentation de l'espace européen.

 

En terme d'entité géopolitique, oui, c'est une "tentative", cad une période assez courte avec un début et une fin marqués...  Mais c'est quand même près d'un siècle. Après, c'est quand même un fait fondamental: la réorganisation territoriale, culturel, législative, fiscale, économique et sociale carolingienne crée réellement ce que nous pensons être le Moyen Age. Le tracé des domaines, la "révolution du manoir", l'organisation territoriale, la hiérarchie féodale, la définition du service militaire et du statut social.... Tout part de là. 

 

 

J'ai constaté en lisant notamment des récits de la Croisade des albigeois que les sièges semblent être un élément déterminant du conflit, je ne fais pas référence aux "grands sièges" comme celui de Toulouse où se fait butter Simon de Montfort mais à une succession de petits sièges, de coups de mains, d'actions de guérilla qui permettent de contrôler l'espace.

En réalité un pays comme la France est complètement structuré autour de points clés fortifiés, chateaux, citées, royales ou libres, évêchés, prieurés, monastères qui permettent un contrôle effectif de l'espace et qu'il est absolument essentiel de contrôler pour aboutir à un résultat "opérationnel" concret dans la durée (tenir le pays).

A l'inverse la pratique de la chevauchée et du raid est une technique payante pour affaiblir l'adversaire, l'obliger à disperser ses moyens, et se nourrir sur la bête (logistiqeuuuh !)

 

Oui: dans un monde très peu densément peuplé et un territoire très peu mis en valeur, avec peu de routes (et quasiment aucune qui soit autre chose qu'un tracé boueux juste dégagé de la broussaille avec pour seul mérite d'être un itinéraire connu et fréquenté), très peu de ponts, très peu d'étapes.... La ville, le point de passage, la citadelle ou le carrefour sont des endroits d'une importance fondamentale. Partout ou du stock alimentaire peut être rassemblé en quantités un peu conséquentes, où des échanges un tant soit peu sécurisés peuvent avoir lieu, où des activités autres que primaires peuvent se développer, l'importance est d'emblée énorme. 

 

C'est essentiellement ce qui guide la logique stratégique/opérative jusqu'au XVIIIème siècle en Europe occidentale, période charnière où la densité de peuplement, le niveau des surplus alimentaires et le degré de mise en valeur du territoire (routes/connexions, stocks alimentaires, sur-importance de quelques villes clés dans l'environnement régional/national) inversent la logique qui se prête, combinée aux évolutions militaires, plus à une recherche de la campagne décisive (qui vise encore quand même très souvent un "centre de gravité" généralement concrétisé par une ville capitale de région ou de nation) et de la bataille, le dispositif militaire adverse devenant la première cible en soi. Sous Louis XIV, ce sont encore ces multiples points clés qui comptent plus dans le règlement des conflits dont les objets de négociations (conquis, défendus, reconquis....) sont toujours des points d'appuis, carrefours, ponts, villes/bourgs.... Les distances sont encore trop grandes, les moyens de tenir un territoire extérieur trop limités.... On conquiert petit à petit. On grignote, y'a pas le choix (pour ceux qui pensent encore que si Napoléon avait bossé pour n°14, il lui aurait conquis l'Europe en "fonçant sur les capitales"). 

 

Pour mémoire, la France du milieu du XVIIème siècle est 30 fois plus grande que la France actuelle, en termes d'espace-temps relatif à l'époque (moyens de locomotion/communication); celle de Louis IX (St Louis) est plutôt 40-50 fois plus grande. 

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Pour les Almogavares, il y a en fait trois périodes. L'origine, dans les vallées pyrénéennes, la deuxième période dans les sierras du Sud Aragon (Teruel) puis les compagnies catalanes, qui vont accompagner l'expansion aragonaise en Med.

Je crois que leur originalité, surtout pour la période du sud Aragon, tient au fait  qu'ils sont autonomes et pas une troupe d'auxiliaires des cavaliers. C'est, à cette époque,  essentiellement une guerre de raids / pillages..

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On parle en fait essentiellement de LA compagnie catalane quand on évoque les Almogavres, celle qui a été en Sicile puis dans l'empire byzantin Paléologue (un vaste bordel qui n'a plus de Byzance que le nom: la destruction finale de l'empire d'orient, c'est 1204, pas 1453. Après, c'est un agglomérat féodal qui a tout perdu), soit une troupe particulière d'ultra vétérans, devenus une micro nation en soi, et plus la "troupe type" d'Almogavres qu'on voit dans la péninsule ibérique. 

De fait, l'une de leur plus grande particularité à cette époque (la compagnie catalane, j'entends).... Est d'être l'une des seules unités d'infanterie permanente, et en fait l'une des seules unités militaires permanentes sur une longue période de temps. Le contraste avec des infanteries généralement très temporaires, faites de levées entraînées sur le tas ou de miliciens plus ou moins formés et mobilisés une fois de temps en temps, est saisissant. De même que celui avec des guerriers professionnels montés (individuellement, le chevalier est l'un des soldats les plus formés de l'Histoire, mais individuellement seulement) généralement nobles, mais s'entraînant plus de leur côté et ne formant des unités constituées que pendant de brèves périodes.... Et en plus souvent pollués -et c'est particulier à l'occident médiéval- par l'idéologie, le système socio-culturel, qui a fait d'un cavalier lourd un chevalier: individualisme forcené, motifs individuels de guerre (rançon, gloire, ascension sociale), rivalités avec les voisins (qui sont aussi généralement dans votre unité.... A base régionale).... 

 

Ce qui est assez édifiant, c'est de constater que les Almogavres sont en fait revenus (si les habitants de cette région en ont jamais eu un autre avant cette période) à un stade de civilisation assez primitif qu'on retrouve dans beaucoup d'endroits à beaucoup de périodes: de petits groupes humains plus ou moins sédentarisés (ou semi nomades), organisés en clans et subdivisions de clans (pouvant à l'occasion se rassembler en "nations", généralement plus si un adversaire commun se présente et/ou si un clan/ville est suffisamment fort pour rassembler), pratiquant une économie vivrière reposant en part significative sur des raids de pillage chez le voisin (y compris un du même clan) et incluant de ce fait une forte dimension guerrière (pas militaire) dans sa culture. A quelques détails près, les Almogavres, Basques ou Gascons de ce temps pourraient être confondus avec les Romains du temps de la monarchie et des guerres étrusques et latines, avec les Samnites des guerres romano-samnites, avec les Ecossais tels qu'ils fonctionnent encore au XVIIIème siècle jusqu'à Culloden et la destruction de la structure clanique, avec les Gaulois de la période pré-romaine, avec les Germains d'avant le temps des grandes confédérations de peuples (IIIème siècle).... Ou avec les Mongols pré-Gengis Khan, les vikings jusqu'aux IXème-Xème siècles.... Bref, un stade par lequel tout le monde est passé. 
Mais la comparaison avec Romains (période étrusque/monarchique) et Samnites est édifiante, parce que le "warfare" est essentiellement le même. 

 

Par extension, il m'a fallu longtemps et beaucoup de lecture sur le Moyen Age pour comprendre ce qu'on entendait par "infanterie" aux diverses périodes de cet ensemble, et particulièrement de "l'infanterie légère", souvent mentionnée mais jamais détaillée ou étudiée par des historiens médiévaux (particulièrement français) qui généralement se foutent des aspects tactiques et concrets de la guerre et étudient peu de choses au-delà de la chevalerie et de quelques phénomènes particuliers comme les longbowmen et les piquiers suisses. Même les milices flamandes, pourtant si importantes, les citoyens-soldats milanais et lombards (si fondamentaux dans l'histoire du St Empire), les fantassins byzantins (les meilleurs du Moyen Age, perpétuant la continuité de l'histoire de l'infanterie romaine jusqu'au début du XIIIème siècle) ou encore les turcopoles des ordres de moines soldats en orient, sont peu ou pas étudiés en d'autres termes que très génériques. Pour illustrer cette difficulté, croyez-moi que c'est même la croix et la bannière pour pouvoir essayer de comprendre comment fonctionnait le dispositif tactique des dits ordres de moines soldats (cavalerie comprise!), pourtant hautement documentés et intéressant beaucoup de monde, et qui constituaient les seules armées permanentes et réellement professionnelles de l'occident médiéval, matrices de bien des changements militaires ramenés en Europe. J'ai eu du mal, et je suis pas encore satisfait de ce que j'ai pu rassembler comme infos. 

Modifié par Tancrède
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Je suis d'accord pour le singulier, La Gran Compañia Catalana, concernant la troupe de Roger de Lauria et qui va partir guerroyer pour Byzance. Avant, pendant la campagne de Sicile, c'est moins clair. De fait, après cette campagne, en plus de la troupe de Roger, on trouve une autre compagnie qui guerroie pour le compte de Venise et quelques autres par ci par là.

A cette époque, nonobstant le nom, les Almogavares, ne sont plus composés uniquement d"Aragonais ou Catalans, voir Valenciens, il y a des gens d'un peu partout Castille, Galice, Navarre, probablement des Provençaux et Auvergnats aussi.

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Comme souvent dans l'Histoire, quand une unité a du succès, elle fait florès et attire des recrues d'un plus large bassin de recrutement, voire même devient un nom générique. Bref, quand un produit devient une référence, son nom devient un nom commun (Frigidaire....).
A l'époque romaine tardive, par exemple, les "Sarmates" deviennent un nom générique pour un type d'unité de cavalerie cuirassée, poursuivant soit la tradition d'unités initialement formées de Sarmates, soit constituant un nom interchangeable avec ceux de "clibanaires" ou "cataphractaires". Ce qui explique entre autres la confusion menant à "l'hypothèse sarmate" dans l'origine du mythe des chevaliers de la table ronde (réemployée de façon ridicule dans le lamentable film Arthur d'Antoine Fuqua). 

 

Plus proche de nous, les Hussards (eux-mêmes un nom et un concept qui ont voyagé et beaucoup évolué suivant les lieux, depuis les origines serbes jusqu'aux cavaleries occidentales, en passant par la cavalerie lourde polonaise), les zouaves, les Pandours.... A la fin du Moyen Age, il s'en est fallu de peu que l'infanterie de ligne de piquiers soit nommée en fonction de son lieu d'origine: tout le monde aurait ainsi eu des unités de "Suisses" faites.... De non Suisses. C'est le moment où le terme "infanterie" est apparu dans le langage courant, remplaçant l'appellation générique "gens de pieds" en français (on avait ainsi des "gens de pieds" et "gens de traits", en plus des chevaliers pour qui le vocabulaire était nettement plus développé et structuré). 

L'infanterie gasconne, en France, désignait par acceptation entendue les fantassins légers, ce qui souligne que dans les mentalités de l'époque, en l'absence de structures militaires (entraînement, pensée tactico-technique organisée, moyens de formation, élaboration d'un modèle d'armées....), la géographie avait développé des spécialités propres qu'on recrutait et utilisait comme telles. Du coup, la mention de l'origine géographique tenait lieu de descriptif technique du type d'unité (hors chevalerie) avant que ne renaissent des unités permanentes au sein d'une armée professionnelle. 

Cette infanterie gasconne, j'ai mis du temps avant de trouver ce qu'elle faisait, comment elle le faisait, et pourquoi elle était si célébrée: c'étaient des fantassins légers, au moule fondamental plus ou moins identique aux Almogavres (quoique plus structurés étant donné que la Gascogne était un territoire moins sauvage, avec une structure féodale, même si moins dense) ou aux Basques. Ce sont des raiders pratiquant le brigandage, les expéditions de vol de cheptel, la guerre d'embuscade, et qui doivent se coltiner l'occasionnelle expédition de rétorsion du féodal local tout en vendant leurs services dans les affrontements quasi permanents entre seigneurs, qu'il s'agisse de baronnets locaux entre eux ou des ducs d'Aquitaine puis rois Angevins se fritant avec les Comtes de Toulouse, le Roi de France, les comtes de Foix et Béarn (ou ceux-là avec leurs ennemis Armagnacs).... Bref, la Gascogne est un carrefour de rancoeurs qui en viennent aux mains. 

Avec quoi opèrent-ils? Arcs puis arbalètes en appui sont très développés (surtout les arbalètes passée une certaine époque), mais surtout le combat rapproché en petits groupes coordonnés, appuyés par des javelines lancées vigoureusement dans la phase d'approche. La présence de boucliers n'est pas certaine, ou en tout cas pas à une échelle générale; mais le bouclier correspondant plus à un combat en groupes organisés et cohérents, tenant une ligne de bataille au coeur d'un dispositif, cela a du être plus anecdotique, à moins qu'il ne s'agisse de boucliers légers (comme la "parma" romaine des vélites puis unités d'auxiliaires spécialisés dans le lancer de javelines), assez petits et plats, plus faits pour dévier/absorber les traits adverses et moins pour parer les coups du combat au contact. 

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Retrouver des Provençaux  (incluant la côté du Languedoc actuel) c'est assez logique; après la reconquête, Valence et le sud de la Catalogne ont été "repeuplées", en partie, par des gens issus des territoires plus au moins inféodés à l'ensemble Comté Toulousain / Couronne d'Aragon.  

Les gens du Massif Central, ont maintenu une tradition d'émigration saisonnière vers l'Espagne, Castille et Aragon, jusqu'à la fin du 19e

 

Pour le reste tu as parfaitement raison, la méconnaissance de ces troupes "auxiliaires" c'est une des grandes lacunes de l'histoire militaire .

Voir,  par exemple, les frondeurs des Baléares dans l'armée de César.

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Pour les Almogavares, il y a en fait trois périodes. L'origine, dans les vallées pyrénéennes, la deuxième période dans les sierras du Sud Aragon (Teruel) puis les compagnies catalanes, qui vont accompagner l'expansion aragonaise en Med.

Je crois que leur originalité, surtout pour la période du sud Aragon, tient au fait  qu'ils sont autonomes et pas une troupe d'auxiliaires des cavaliers. C'est, à cette époque,  essentiellement une guerre de raids / pillages..

 

En parlant de l'Espagne au Moyen-Age ,je me suis intéressé à cette phase qui a précédé la reconquista .

 

On parle de guérilla insufflé par les Asturiens ,Donc une autre vision qui change l'image de grande batailles tel que l'on a put  ce l'imaginé ,même si il y a bien eu évidemment des batailles importantes .

Bon tout le monde ne semble pas d'accord sur la vision historique de l'Espagne ou se sont les Asturies qui sont le point de départ de la Reconquête , mais apparemment ce point de départ aurait était du au  Royaume de Galice .

 

Sur ce lien très intéressant il en est fait état avec des explication assez bien expliqué :

http://www.celtiberia.net/articulo.asp?id=806

 

Je pense à Fusilier qui pourra me donné un avis éclairé sur ce point , le Royaume de Galice point de départ de la Reconquista comme le laisserait entendre ce lien .

 

 

Chose intéressante ,s'est que l'Espagne a aussi moult Royaume qui se déchire .

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Retrouver des Provençaux  (incluant la côté du Languedoc actuel) c'est assez logique; après la reconquête, Valence et le sud de la Catalogne ont été "repeuplées", en partie, par des gens issus des territoires plus au moins inféodés à l'ensemble Comté Toulousain / Couronne d'Aragon.  

Les gens du Massif Central, ont maintenu une tradition d'émigration saisonnière vers l'Espagne, Castille et Aragon, jusqu'à la fin du 19e

 

Pour le reste tu as parfaitement raison, la méconnaissance de ces troupes "auxiliaires" c'est une des grandes lacunes de l'histoire militaire .

Voir,  par exemple, les frondeurs des Baléares dans l'armée de César.

Toute époque a ses "stars", y compris dans l'histoire militaire:

 

- les récits grecs classiques ne figurent que les phalangistes, citoyens soldats en armes qui sont l'incarnation de la morale et de l'idéal de l'époque, ainsi que les chefs et capitaines navals. Les Thètes (citoyens pauvres qui forment les équipages de trières), les archers (quand il y en a; soit des mercenaires, soit des citoyens pauvres), frondeurs, javeliniers et "tringlots" (on va dire les servants d'armée) sont oubliés ou méprisés (les armes à distance sont considérées comme indignes d'un "vrai homme"). Les cavaliers sont peu cités, étant peu nombreux, voire inexistants. A l'époque de la guerre rituelle entre cités, phalange contre phalange (avant les guerres médiques), c'est assez justifié, vu que seuls les phalangistes sont sollicités. Après les guerres médiques et avec les guerres du Péloponnèse, puis ensuite avec la période des Diadoques, la chose devient plus un a priori culturel qui se retrouvera ailleurs, notamment à Rome: on vante le fantassin "de ligne", même s'il a évolué, on dénigre les autres et les mercenaires (sauf quand ils interviennent dans les guerres des autres, comme Xénophon et ses 10 000). 

 

- Rome n'évoque que les légionnaires, et même dans la légion d'avant les pseudo réformes dites de Marius, elle ne parle que des 3 catégories de fantassins de contact (princeps hastati et triarii), pas des vélites (et avant ça, quand il y avait plus de catégories, la même discrimination régnait) et des equites (les 1800 cavaliers ayant le "cheval public" -issus des 100 puis 300 "celeres" créés par Romulus-, qui deviendront avec le temps juste une catégorie sociale gardant ce nom, le boulot de cavalerie passant ailleurs). Jamais on n'évoque ce qui est en dehors de la légion, puis des légions (le terme "légion" désigne initialement l'armée romaine dans son entier avant que la croissance démographique et les changements institutionnels en fassent un échelon opératique, puis tactique de ce qui devient "exercitus romanorum"), c'est à dire d'abord et avant tout les "socii", soit l'ensemble des alliés de différents types de la péninsule italienne, partenaires et ex adversaires vaincus ayant un traité plus ou moins inégal les intégrant à la fédération militaire romaine. Cela recouvre essentiellement les alliés dits "latins" (statut supérieur) et les alliés "italiens" (statut inférieur), chargés de fournir des contingents et types de troupes dans des quantités convenues par traité, mais au minimum équivalentes à ce que Rome fournit (cavalerie campanienne, picénienne et cispadane....). Le warfare étant proche, ces troupes sont en fait l'équivalent des unités romaines (certaines étant plus fournies dans certaines spécialités, avant tout la cavalerie), et s'organisent de la même façon, surtout l'infanterie. Les guerres sociales (90-88 av JC) et les autres guerres civiles qui en découlent (seule la dictature de Sulla y remédiera) mettent fin à cette différenciation. Du coup, ce sont d'autres auxiliaires/socii (terme générique recouvrant des réalités juridiques différentes) qui seront ignorées dans le récit romain: les unités diverses, essentiellement de spécialités manquant à Rome (cavalerie lourde et légère nombreuse -arménienne, gauloise, galate, germaine, arabe, numide, celtibère-, troupes de traits et missiles -frondeurs baléares, archers crétois et syriens-, fantassins légers -Illyriens, Isauriens, Thraces, Juifs, Celtibères, Berbères, Gaulois, Germains- et lourds -Gaulois, Germains, Arméniens). Pareil pour la marine, où certains peuples comme les Liguriens ou les Rhodiens ont plus que largement contribué aux réussites romaines, sans grand merci. L'intégration dans l'Empire remédiera d'une certaine façon à cela, l'auxiliat constituant vite plus de la moitié de l'armée, avec un niveau de professionnalisme équivalent qui "fondent" les légions dans l'ensemble avec le temps; ceux qui sont plus ou moins niés, ce sont les alliés (socii, foederati....) qu'une armée romaine peut amener avec elle. Mais avant cette nouvelle réalité impériale, il faut plus que doubler les effectifs annoncés pour avoir la réalité de l'armée côté romain.... Qui ne compte que les légions pour son récit. 

 

- au Moyen Age, ce sont les chevaliers qui ont ce traitement: les "piétons" sont rarement mentionnés, à peine décomptés, voire sont complètement niés. Si bien que l'armée victorieuse peut souvent ne mentionner que son compte de chevaliers, et en revanche faire le total de l'armée ennemie (voire le multiplier) pour donner l'impression d'un déséquilibre des forces incroyable. Et pareillement ne mentionner que les pertes en chevaliers. Pas totalement hypocrite, étant donné que dans l'état d'esprit des professionnels de l'époque, la perte d'un chevalier est plus conséquente: c'est la perte d'un pair (moralement plus dur pour ces mentalités socialement cloisonnées) et celle d'un professionnel plus dur à remplacer, ainsi qu'une perte d'argent pouvant sortir la famille d'un homme du jeu en cas de capture (pas de quoi se rééquiper et repartir en campagne). A d'autres moments du MA, on constate d'autres considérations: la période carolingienne, pour ce qu'on en sait, correspond plus au modèle initial de la féodalité, et compte donc les hommes libres (cad pas les serfs ou esclaves), cavaliers ou fantassins (la noblesse n'est pas encore un système, un fait, si fermé, et le statut de noble n'a pas un lien si fort avec la cavalerie), qui sont le pilier de référence de l'époque, ce qui s'apparente plus au modèle gréco-romain ou à la mentalité germanique primitive. 

 

- à la période renaissance/moderne, on compte surtout les pertes en canons et en fantassins de lignes (et il arrive qu'on mentionne plus les enseignes prises que la déplétion d'effectifs d'une unité.... Signe d'armées se massifiant) et cavaliers. Les fantassins légers sont oubliés ou niés. Les mercenaires aussi. Et pour la conquête coloniale des Amériques et d'ailleurs, on mentionne rarement les milliers/dizaines de milliers de locaux que les Espagnols ont utilisé (c'est pas les quelques centaines de conquistadors qui allaient bousiller des armées de dizaines de milliers d'hommes avec leurs arquebuses à rouet et leurs épées, plus quelques couleuvrines), ou les masses de Cipayes/Sepoys et Gurkhas des Anglais en Inde. 

 

D'une certaine façon, le lecteur/auditeur a besoin d'individualiser le récit de la guerre pour se l'approprier et donc le comprendre et être touché par lui, ce qui ne se fait qu'avec le récit de ce qui arrive à quelqu'un comme lui et/ou de ce qui arrive à quelqu'un qu'il veut être. La question qui se pose est donc de savoir, à chaque époque, à qui s'adresse le récit guerrier. En Grèce et dans la Rome républicaine, c'est au citoyen de plein droit, au MA, c'est au chevalier. "Dis-moi quel est ton marché, je te dirais qui tu dois être.... Pour qu'il t'achète". 

Aujourd'hui, quels sont nos biais? Mentionne t-on si souvent autre chose que les pilotes de chasse et les forces spéciales dans le récit guerrier (celui auquel on fait attention)? Donne t-on l'importance qu'ils méritent aux soldats locaux des armées d'alliés, et surtout des armées qu'on équipe/entraîne/recrée (l'armée sud vietnamienne, l'armée afghane....)? Les Ricains mentionnent-ils beaucoup les Français ou Britanniques quand ils décrivent les opérations de coalitions en réalité ou fiction? 

Modifié par Tancrède
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Bon, sans en faire un roman  =D

1) Méfiance!  Il y a une mode en Espagne, parmi les régionalistes-indépendantistes de tout poil, de présenter leur bled comme le nombril de l'histoire...

2) Si allégorie de Pelayo dans la grotte de Covadonga, n'a qu'un lointain rapport avec les faits. Séparer, à l'époque en question, la Galice de l'ensemble Cantabre, me parait relever davantage de la métaphysique du cidre que de la réflexion historique; C'est très artificiel. L'argumentation autour des Sueves (i.e.  identité galicienne) vu la documentation disponible, c'est-à-dire a peu près rien, c'est des histoires pour les enfants. Pour le peu que l'on sait, les Sueves, pas très nombreux, ont été absorbés dans le Royaume Wisigoth.

3) Les faits, les documents,  montrent que les divers territoires du Nord se sont organisés autour du Royaume des Asturies / Royaume de Leon, la Castille naît de là.   Qui'l y ait eu une garnison "musulmane" à Gijon, pendant quelques années ne change rien au problème, la montagne échappait au contrôle de l'Andalus.  D'ailleurs, il y a des chances que les "musulmans" de Gijon fussent des troupes d'un comte Goth, se ayant déclaré vassal pour sauver son domaine.. Le cas le mieux connus c'est celui de la tribu des Banu Quasi de la vallée de l'Ebre, des Goths d'abord vassaux, puis convertis, que l'on dénommait "muladies"  pour les différencier des "musulmans d'origine" (ils payaient moins d’impôts que ceux qui restaient chrétiens)  

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Bon, sans en faire un roman  =D

1) Méfiance!  Il y a une mode en Espagne, parmi les régionalistes-indépendantistes de tout poil, de présenter leur bled comme le nombril de l'histoire...

2) Si allégorie de Pelayo dans la grotte de Covadonga, n'a qu'un lointain rapport avec les faits. Séparer, à l'époque en question, la Galice de l'ensemble Cantabre, me parait relever davantage de la métaphysique du cidre que de la réflexion historique; C'est très artificiel. L'argumentation autour des Sueves (i.e.  identité galicienne) vu la documentation disponible, c'est-à-dire a peu près rien, c'est des histoires pour les enfants. Pour le peu que l'on sait, les Sueves, pas très nombreux, ont été absorbés dans le Royaume Wisigoth.

3) Les faits, les documents,  montrent que les divers territoires du Nord se sont organisés autour du Royaume des Asturies / Royaume de Leon, la Castille naît de là.   Qui'l y ait eu une garnison "musulmane" à Gijon, pendant quelques années ne change rien au problème, la montagne échappait au contrôle de l'Andalus.  D'ailleurs, il y a des chances que les "musulmans" de Gijon fussent des troupes d'un comte Goth, se ayant déclaré vassal pour sauver son domaine.. Le cas le mieux connus c'est celui de la tribu des Banu Quasi de la vallée de l'Ebre, des Goths d'abord vassaux, puis convertis, que l'on dénommait "muladies"  pour les différencier des "musulmans d'origine" (ils payaient moins d’impôts que ceux qui restaient chrétiens)  

 

Effectivement ,j'ai bien fait de poser la question et ainsi avoir un avis éclairé  =) .

 

Merci Fusilier  =) .

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La France et l'Angleterre ont du XIème jusqu'a la fin XIIIème siècle un style de combat quasi identique basé largement sur la charge de cavalerie. Après la déconfiture de leurs armées face aux Écossais les Anglais vont mettre au point une nouvelle tactique de combat pour leurs armées, tactique qu'ils utiliseront durant toute la guerre de 100 ans et qui leur assurera la victoires lors des grandes batailles rangées face à des Français qui pendant 80 ans se contenterons de faire encore et toujours des charges frontale de cavalerie (sauf Du Guesclin, mais à part en Espagne, ou il n'avait quasi pas de cavalerie sous ses ordre, il n'a pas participer à de grandes batailles rangées son but étant justement d'éviter ces évènements...). La seul bataille assez conséquente ou cette tactique de bourrin a bien fonctionné c'est Patay, et encore les chevaliers français prennent l'armée anglaise par surprise et de flanc... mais quel massacre ! 4500 anglais massacrés alors que moins de 100 chevaliers ont péri et que l'armée anglaise était 4 fois plus nombreuse !

Mais pour moi le top c'est la bataille de Castillon, sorte de remake inversé de Azincourt. C'est la naissance de "l'art opératif" qui sera utilisé par tout le monde à partir de la renaissance (et qui est très très proche de l'art opératif Romain mais avec un armement moderne)

L'artillerie concentrée en batteries ébranle les formations ennemi, les franc-archers (plus tard remplacés par les mousquets) qui collent l'infanterie de ligne tirent en continue pour maintenir la pression et ainsi permettre à sa propre infanterie de gagner le choc/l'impact et d'enfoncer l'ennemis, pour finir avec une charge de cavalerie sur le flanc... En une heure l'armée Anglo-Gasconne pert 4000 hommes et Talbot est tué d'un coup de hache au crâne. C'est la déroute, beaucoup d'autres mourront durant la fuite en traversant le fleuve à la nage. Les Français comptent une centaine de morts et blessés.

Modifié par Conan le Barbare
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