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Alimentation et faim dans le monde


Messages recommandés

Le 06/08/2019 à 18:40, Wallaby a dit :

https://www.theguardian.com/global-development/2018/sep/11/no-need-for-birth-control-tanzanian-presidents-views-cause-outrage (11 septembre 2018)

Le président, John Magufuli, a déclaré lors d'un rassemblement à Meatu, dans la région de Simiyu, que les étrangers qui font la promotion du contrôle des naissances donnent de mauvais conseils, et que les gens qui utilisent des contraceptifs sont paresseux, selon les médias locaux.

"Vous, les gens de Meatu, vous élevez du bétail. Vous êtes de bons agriculteurs. Vous pouvez nourrir vos enfants. Pourquoi opteriez-vous pour la contraception ? C'est mon point de vue, mais je ne vois aucun besoin de contraception en Tanzanie ", a-t-il dit.

Les gens qui utilisent la contraception le font parce qu'ils ne veulent pas travailler dur et nourrir une grande famille, a-t-il ajouté.

https://www.independent.co.uk/news/world/africa/tanzania-president-ovaries-children-birth-rate-john-magufuli-a8999281.html (10 juillet 2019)

Le président tanzanien a exhorté les femmes de son pays à "libérer leurs ovaires" et à avoir plus d'enfants afin de relancer l'économie.

John Magufuli a déclaré qu'une population plus nombreuse pourrait faire de l'Afrique de l'Est une puissance régionale, mais les critiques ont averti que cela ne ferait qu'aggraver les inégalités et la pauvreté.

Depuis son entrée en fonction en 2015, le président a présidé une campagne d'industrialisation qui a contribué à stimuler la croissance économique. Mais M. Magufuli a affirmé qu'un taux de natalité plus élevé stimulerait un progrès plus rapide.

"Quand on a une grande population, on construit l'économie. C'est la raison pour laquelle l'économie de la Chine est si énorme ", a-t-il dit, citant l'Inde et le Nigeria comme autres exemples de pays qui ont bénéficié d'un dividende démographique.

La Tanzanie a connu une croissance relativement élevée, de 6 à 7 % par an en moyenne, au cours de la dernière décennie.

Ce pays de 55 millions d'habitants a déjà l'un des taux de natalité les plus élevés du monde, avec environ 5 enfants par femme.

 

Il faut être réaliste. Aujourd'hui, le continent qui inquiète, c'est l'Afrique. La terre est une planète avec une surface limité. Elle est pas fait pour voir évoluer un nombre illimité de terrien, surtout si ceux la commence a consommer de plus en plus à la manière des américains grâce au mcdo et co.
On aura beau faire des progrès avec le gâchis alimentaire,  la productivité, le transport au final si cela permettait d'avoir toujours plus de bouche à nourrir, il jour, on retourne au même problème.
Pour ce qui est la Chine, c'est loin encore d’être un pays riche et en bon pragmatique, les chinois ont très largement inversé la courbe de naissance. C'est sur le point aussi d’être fait pour l'Inde.

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Petite projection sur la population mondiale par continents jusqu’à la fin du 21eme siècle. Selon les prévisions, il semblerai que la croissance de la population devrait continuer sur terre. Rien que pour la population d'Afrique, elle devrai augmenter de 3.1 milliards. De meme, la population asiatique devrait augmenter encore d'environ 800 millions avant de commencer à baisser vers le milieu du siècle.

Je ne sais pas sur quel donnée est ce que le graphique a été fait, je l'ai trouvé sur le site :

https://www.populationpyramid.net/population-projections/africa+asia+europe+latin-america-and-the-caribbean+northern-america+oceania/
?share=true

 

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L'agriculture dite "bio" a une plus mauvaise empreinte carbone que l'agriculture non-bio :

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/le-bio-peut-il-nourrir-le-monde_17672 (11 février 2016)

Sans surprise, l'essentiel des études montrent que le bio est plus respectueux de l'environnement que le conventionnel. Les systèmes bio génèrent des sols qui présentent des teneurs en carbone plus élevées, une meilleure qualité organique et une moindre érosion. Ils abritent une plus grande diversité de plantes et d'animaux sauvages. Mais du fait de leur plus faible productivité, le bilan en matière d'émissions n'est pas évident. Si les terres en bio présentent moins de fuites d'azote et de phosphore et d'émissions de gaz à effet de serre par hectare, ce n'est plus le cas quand on fait ce bilan par tonne de récolte produite.

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http://www.lefigaro.fr/sciences/2019/01/04/01008-20190104ARTFIG00088-manger-bio-est-il-dangereux-pour-la-planete.php (5 janvier 2019)

«Notre étude montre que les petits pois biologiques cultivés en Suède ont un impact sur le climat environ 50% plus important que ceux cultivés de manière conventionnelle», déclare le premier auteur de l'étude, Stefan Wirsenius, de l'Université de technologie Chalmers, en Suède. «Pour certains produits alimentaires, la différence est encore plus grande: par exemple, avec le blé d'hiver biologique suédois, la différence est plus proche de 70%».

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  • 8 months later...

https://www.nature.com/articles/d41586-020-01181-3 (23 avril 2020)

Máximo Torero est économiste en chef à la FAO

Les chaînes d'approvisionnement alimentaire mondiales sont déjà en train de se rompre. En Inde, les agriculteurs donnent des fraises aux vaches parce qu'ils ne peuvent pas transporter les fruits vers les marchés des villes. Au Pérou, les producteurs déversent des tonnes de cacao blanc dans des décharges parce que les restaurants et les hôtels qui l'achèteraient normalement sont fermés. Et aux États-Unis et au Canada, les agriculteurs ont dû déverser du lait pour la même raison. Des légions de travailleurs migrants d'Europe de l'Est et d'Afrique du Nord sont piégés aux frontières, au lieu de faire les récoltes dans les fermes de France, d'Allemagne et d'Italie. Les États-Unis, le Canada et l'Australie dépendent tous fortement des travailleurs agricoles saisonniers qui ne peuvent pas voyager en raison des restrictions liées au virus, notamment la suspension des services de visa de routine par certaines ambassades. On craint également que les travailleurs étrangers n'importent des cas d'infection. Les récoltes pourrissent dans les champs.

Heureusement, les récoltes de céréales devraient être bonnes cette année. Déjà, les stocks mondiaux de maïs sont plus de deux fois supérieurs à ce qu'ils étaient en 2007 et 2008, lorsque de graves sécheresses ont provoqué des pénuries alimentaires dans les principaux pays exportateurs, entraînant une crise alimentaire mondiale. Les stocks de riz et de soja ont également augmenté au cours de cette période, d'environ 80 % et 40 %, respectivement.

Mais cette moisson ne permettra pas d'éviter les pénuries alimentaires si les pays ne peuvent pas acheminer les denrées alimentaires de leur lieu de production à l'endroit où elles sont le plus nécessaires. Les navires chargés de céréales, de fruits et de légumes frais accostent en retard et leurs équipages ne peuvent pas débarquer. Les denrées périssables, incapables d'atteindre les marchés de gros à temps, vont donc être gaspillées. Les prix du blé ont fait un bond de 8 % et ceux du riz de 25 % par rapport à ceux de mars de l'année dernière. Pendant ce temps, les achats de panique dans le monde entier créent davantage de gaspillage et nuisent à la qualité des régimes alimentaires alors que les gens luttent pour avoir accès à des aliments frais.

Au début de ce mois, la Russie, premier exportateur mondial de blé, a limité ses exportations de blé pendant trois mois afin de s'assurer que l'approvisionnement local était suffisant. Bien que la perturbation devrait être minime (voir, par exemple, réf. 1), ce geste a déclenché une alarme ailleurs. Cette décision a été motivée par une série d'événements, dont la forte baisse des prix du pétrole - qui a affaibli le rouble par rapport au dollar, ce qui a fait grimper les prix locaux du blé. C'est la même chose que ce qui s'est passé au Vietnam avec le riz paddy en mars, ce qui explique la flambée des prix du riz.

Ce qui se passe ensuite dépend de la résistance des nations aux pressions isolationnistes. Je les exhorte à s'engager à ne pas imposer de restrictions à l'exportation en réponse à la pandémie. Au contraire, elles devraient accepter de supprimer les droits de douane et les taxes pour compenser les augmentations des prix locaux causées par la dévaluation de la monnaie. Et ils devraient désigner les travailleurs des ports et des exploitations agricoles comme personnel essentiel, protéger la santé de ces personnes et veiller à ce qu'elles puissent voyager et continuer à travailler.

La collaboration est possible. Les ministres de l'agriculture de 25 pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont signé ce mois-ci un accord de collaboration pour garantir l'approvisionnement alimentaire de la région. Une telle déclaration politique peut ouvrir la voie à de réels progrès.

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  • 4 months later...

L'heure est critique. Il s'agit, ici où là, de faire le meilleur vin comme chaque année. Après le beau labeur de nos viticulteurs et leurs équipes, la vinification commence...

Je rentre en coopé ce soir, une super équipe jeune et talentueuse, ça promet!

On y mettra tout nôtres cœur, H-24, 7/7J durant trois mois. Fuck Covid !!! 

 

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  • 8 months later...

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/13/3-milliards-d-individus-ne-peuvent-se-payer-un-regime-alimentaire-sain-et-varie_6046089_3244.html (13 juillet 2020)

La faim est repartie à la hausse, au milieu des années 2010.

Ces dernières années, la multiplication des conflits armés, des aléas climatiques et les soubresauts économiques ont en effet stoppé les progrès en la matière et remis la sous-alimentation sur une courbe ascendante, après des décennies de baisse.

Et les dernières données de ce rapport conjoint (FAO, OMS, PAM, Unicef, IFAD), publiées lundi 13 juillet, montrent que la faim poursuit sa progression, alors que la planète produit globalement des denrées alimentaires en quantité suffisante.

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  • 3 months later...

 

Il y a 2 heures, Boule75 a dit :

l y a des choses que nous n'avons pas su faire, par exemple veiller avec ces pays à ce qu'ils maintiennent une agriculture vivrière et cessent d'importer (au hasard) des poulets, fut-ce à grand renfort de protectionnisme assumé. Et dans ce domaine : a-t-on dirigé proprement les efforts de l'INRA et autres organismes d'expertise européens, pour développer et sélectionner les bonnes variétés, apporter l'aide méthodologique et diffuser ce savoir ? Ca pourrait nous servir à terme...

C'est un thème qui m'avait paru intéressant à explorer : longtemps on a fait exactement l'inverse : on a favorisé les cultures d'exportation (avec ou sans accaparement des terres) et non les cultures vivrières :

Le 14/06/2015 à 13:22, Wallaby a dit :

 

J'avais déjà mentionné cette vidéo dans le fil sur le Mali. Elle traite principalement d'un projet d'agrobusiness sucrier. Au minutage 37:19 on a un aperçu de la conférence paysanne internationale de Sélingué du 17 au 19 Novembre 2011, qui a traité du problème de l'« accaparement des terres ».

http://www.dinecollege.edu/institutes/DPI/Docs/dpi-food-sovereignty-report.pdf

J'avais mentionné dans le fil USA ce rapport sur la « souveraineté alimentaire » introuvable, ou presque, de la nation Navajo, entre obésité, sentiment d'insécurité alimentaire et dépendance aux allocations.

http://ccfd-terresolidaire.org/infos/souverainete/g7-les-mauvaises-5084 (10 juin 2015)

Elément phare de communication des Etats du G7/8 en 2012 et 2013, l’initiative de la « nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition » semble aujourd’hui être sortie de leur champ d’action. Aucune mention n’en est faite dans le communiqué officiel. Il faut chercher dans l’annexe pour voir la NASAN citée une première fois parmi d’autres initiatives multilatérales. Elle est également mentionnée une seconde fois, en lien avec la mise en œuvre des Directives Volontaires pour la gouvernance foncière destinées à lutter contre les accaparements de terres. Ainsi les Etats demandent que les investisseurs privés impliqués dans la NASAN se conforment à ces directives.
Cette recommandation spécifique fait écho aux nombreuses enquêtes des organisations de la société civile, dont celles du CCFD-Terre Solidaire, d’Oxfam France et d’Action contre la Faim**, qui mettent en avant des cas d’accaparements de terres et de ressources liés à la NASAN, notamment au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire***.

*** http://www.franceinter.fr/emission-interception-nasan-le-business-de-la-lutte-contre-la-faim (7 juin 2015)

https://blog.mondediplo.net/2011-01-07-Au-Niger-le-cycle-des-crises-alimentaires

Quant au riz, produit le long du fleuve Niger, dans des aménagements hydro-agricoles à la maintenance coûteuse, il souffre de la concurrence des riz asiatiques, et d’une commercialisation peu transparente, et de toutes façons, ne peut pas combler les déficits céréaliers.

Le Niger n’est plus auto-suffisant du point de vue alimentaire, et ne le sera sans doute jamais plus. Il faut aujourd’hui voir cette réalité en face. On ne peut en imputer la cause à d’envahissantes cultures de rente, qui, au contraire, font plutôt défaut : lorsqu’elles existent (dans des secteurs limités comme l’oignon, le souchet ou le maraîchage), elles permettent au contraire aux producteurs de mieux s’en sortir.

Les paysans eux-mêmes ne peuvent plus se nourrir uniquement avec le mil qu’ils produisent. Même les années de bonne récolte, rares sont ceux qui engrangent dans leurs greniers de quoi tenir douze mois, d’autant plus qu’une partie des récoltes devra être vendue pour faire face aux nombreux besoins sociaux (baptêmes, mariages, habillement) et, parfois, pour rembourser les dettes contractées l’année précédente.

A ce tableau, il faut ajouter un phénomène qui n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années : la spéculation foncière, en particulier le long de la frontière avec le Nigéria, dans cette bande appelée parfois le « grenier à mil du Niger ». Car les crises alimentaires ont aussi leurs gagnants. Les paysans les plus pauvres, contraints de vendre leurs terres ou de les mettre en gage, les cèdent à des hauts fonctionnaires ou des grands commerçants. C’est une rupture totale avec la tradition, dans laquelle les terres ne se vendaient ni ne se louaient. Elles se donnaient ou se prêtaient. Cette époque est bien loin. L’explication d’un tel engouement des nantis pour les champs de mil (mais aussi, bien sûr, pour les jardins et les terres irriguées) est simple : le mil est devenu également une culture spéculative.

Si les « ranches » dont ont rêvé certains politiciens n’ont guère donné de résultats, on voit se constituer, aux mains de propriétaires absentéistes, de grands troupeaux itinérants, qui dévastent les pâturages et monopolisent les puits, aux dépens des petits éleveurs locaux, de plus en plus fragilisés.

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il y a une heure, Wallaby a dit :

 

C'est un thème qui m'avait paru intéressant à explorer : longtemps on a fait exactement l'inverse : on a favorisé les cultures d'exportation (avec ou sans accaparement des terres) et non les cultures vivrières :

https://blog.mondediplo.net/2011-01-07-Au-Niger-le-cycle-des-crises-alimentaires

Quant au riz, produit le long du fleuve Niger, dans des aménagements hydro-agricoles à la maintenance coûteuse, il souffre de la concurrence des riz asiatiques, et d’une commercialisation peu transparente, et de toutes façons, ne peut pas combler les déficits céréaliers.

Le Niger n’est plus auto-suffisant du point de vue alimentaire, et ne le sera sans doute jamais plus. Il faut aujourd’hui voir cette réalité en face. On ne peut en imputer la cause à d’envahissantes cultures de rente, qui, au contraire, font plutôt défaut : lorsqu’elles existent (dans des secteurs limités comme l’oignon, le souchet ou le maraîchage), elles permettent au contraire aux producteurs de mieux s’en sortir.

Les paysans eux-mêmes ne peuvent plus se nourrir uniquement avec le mil qu’ils produisent. Même les années de bonne récolte, rares sont ceux qui engrangent dans leurs greniers de quoi tenir douze mois, d’autant plus qu’une partie des récoltes devra être vendue pour faire face aux nombreux besoins sociaux (baptêmes, mariages, habillement) et, parfois, pour rembourser les dettes contractées l’année précédente.

A ce tableau, il faut ajouter un phénomène qui n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années : la spéculation foncière, en particulier le long de la frontière avec le Nigéria, dans cette bande appelée parfois le « grenier à mil du Niger ». Car les crises alimentaires ont aussi leurs gagnants. Les paysans les plus pauvres, contraints de vendre leurs terres ou de les mettre en gage, les cèdent à des hauts fonctionnaires ou des grands commerçants. C’est une rupture totale avec la tradition, dans laquelle les terres ne se vendaient ni ne se louaient. Elles se donnaient ou se prêtaient. Cette époque est bien loin. L’explication d’un tel engouement des nantis pour les champs de mil (mais aussi, bien sûr, pour les jardins et les terres irriguées) est simple : le mil est devenu également une culture spéculative.

Si les « ranches » dont ont rêvé certains politiciens n’ont guère donné de résultats, on voit se constituer, aux mains de propriétaires absentéistes, de grands troupeaux itinérants, qui dévastent les pâturages et monopolisent les puits, aux dépens des petits éleveurs locaux, de plus en plus fragilisés.

Et quels discours politiques tient-on là-dessus, quelle influence déploie-t-on pour corriger tout ça ? Pas grand chose ! Alors évidemment, ça aurait un côté paternaliste-colonialiste évident : mais quand même ! Assumons que diable !

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Il y a 14 heures, Boule75 a dit :

Et quels discours politiques tient-on là-dessus, quelle influence déploie-t-on pour corriger tout ça ? Pas grand chose ! Alors évidemment, ça aurait un côté paternaliste-colonialiste évident : mais quand même ! Assumons que diable !

Cela irait à l'encontre des dogmes néolibéraux et libre-échangistes.

Vu du Sénégal :

https://www.lepoint.fr/afrique/l-afrique-doit-se-reinventer-sur-la-base-d-une-nouvelle-souverainete-18-06-2021-2431714_3826.php

L'agriculture a rarement été considérée comme un levier du développement économique par les bailleurs de fonds internationaux, alors qu'elle occupe une place importante dans les économies et les sociétés africaines. Comment expliquer ce décalage ?

Le secteur agricole n'a pas bénéficié de l'attention nécessaire. Il a longtemps été écarté dans les rapports internationaux auxquels les dirigeants africains sont attentifs. De fait, l'agriculture a été dévalorisée, « désinvestie ». Au début des années 1970, on parlait beaucoup de révolution agricole. Puis il y a eu la grande sécheresse au Sahel. On a alors compris que les pays africains devaient réinventer leur modèle agricole et réinvestir pour faire face aux chocs climatiques et à l'exode rural. Mais peu de temps après, la PAC (Politique agricole commune) a commencé à subventionner massivement l'agriculture au Nord, alors qu'en Afrique, où les plans d'ajustement structurels se mettaient en place, il n'était pas question de soutenir le secteur agricole.

Et ce dessaisissement de l'investissement ou des capacités d'investissement dans l'agriculture, c'est ce que nous payons aujourd'hui, y compris en matière de migration des jeunes Africains vers les villes, puis à travers l'Afrique ou hors du continent. Et l'Afrique n'a pas eu l'audace, ni les moyens, d'inverser à l'époque cette orientation donnée par les institutions internationales à nos économies. Même aujourd'hui, quand on parle d'agriculture, c'est sous l'angle de la libéralisation, de la disponibilité de nos terres pour des investisseurs internationaux, et non pas en termes de souveraineté alimentaire.

Que faudrait-il mettre en place pour favoriser la souveraineté alimentaire, une notion qui intègre la possibilité de mettre en œuvre ses propres systèmes agricoles et alimentaires ?

Le préalable selon nous est une réforme du foncier. Nous observons une tendance des investisseurs nationaux et internationaux à accaparer les terres, et cela menace le paysannat.

Y a-t-il des pays en Afrique qui favorisent ce type de réformes visant à sécuriser l'accès à la terre des agriculteurs ?

Une commission sur la réforme foncière a été mise en place au Sénégal en 2017, mais pour l'instant, l'État tergiverse. Cela paraît mieux engagé dans les pays anglophones est-africains, et en Afrique du Nord, où l'acquisition de terres par des acteurs privés étrangers est plus contrainte.

Vous avez évoqué le modèle de l'exploitation familiale. Ce type d'agriculture serait-il un modèle dominant selon votre vision, ou pourrait-il cohabiter avec l'agro-industrie ?

La souveraineté alimentaire passe par la capacité des paysans, qui représentent entre 40 et 70 % des populations dans nos pays, à s'organiser pour produire ce dont ils ont besoin, avant même de penser à exporter des surplus. Il s'agit donc d'investir massivement dans l'agriculture familiale. Mais quand on parle d'agriculture familiale, il ne s'agit plus de la petite exploitation autour de la case. Nombre d'agriculteurs cultivent aujourd'hui de grandes surfaces.

Au Sénégal, l'ex-président Abdoulaye Wade avait engagé en 2008 la Grande offensive agricole. Quelles sont les retombées ?

En effet, la souveraineté alimentaire a été érigée en objectif primordial, par les régimes du président Abdoulaye Wade et du président Macky Sall avec des investissements dans le cadre d'un programme accéléré visant à augmenter la production de riz, de mil, de légumes et de fruits. De nombreux produits ont connu des croissances significatives, donc les résultats sont là, même si les délais pour atteindre l'autosuffisance en riz ont été dépassés.

En attendant, nous importons encore beaucoup de riz, d'Asie, et de blé, que ce soit des pays du Nord, du Brésil ou de Russie.

Nous aimerions que la crise engendrée par le Covid-19 soit un levier qui nous amène à repenser les priorités, à reconsidérer l'agriculture, la culture, l'industrialisation, la promotion de l'artisanat, au lieu de toujours mettre en avant les grandes infrastructures qui attirent les investissements. Pour nous, il s'agit d'un nouveau piège. Car la plupart des banques et des institutions financières internationales nous orientent vers des partenariats publics-privés. Sur le papier, c'est comme un idéal incontournable, mais il y a aussi dans ce package une volonté de redynamiser des entreprises européennes et des multinationales. Ce sont elles qui se positionnent sur ces marchés-là. Les acteurs privés locaux ont du mal à gagner des parts de marché dans ces partenariats.

Les infrastructures ne sont-elles pas nécessaires pour écouler et commercialiser les produits issus de l'agriculture locale ?

Certes, on estime qu'il y a entre 15 à 20 % de pertes post-récoltes, en raison des lacunes en matière d'infrastructures de stockage, de transport, mais des ressources considérables sont aussi investies dans des infrastructures de prestige. Il s'agit par exemple, au Sénégal, du train express régional à Dakar, dont on attend le démarrage depuis 4 ans, ou d'autoroutes peu utilisées, alors qu'on aurait pu faire des choix moins ambitieux mais plus utiles.

L'accord établissant la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) est entré en vigueur le 1er janvier 2021. Ce marché commun devrait dynamiser à terme le commerce intra-africain, alors que le continent a été la destination de seulement 17 % des exportations africaines en 2017. Est-ce une avancée que vous saluez ?

Il y a une prise de conscience quant à la nécessité d'instaurer des dynamiques panafricaines plus poussées, on ne peut que s'en satisfaire. L'Union africaine met en place une vision à long terme, sous-tendue par des programmes, des politiques et des stratégies. Ce que nous craignons toutefois, en observant l'implication des pays du Nord dans le mode de fonctionnement de l'UA, c'est que ces initiatives soient détournées au profit de projets néocoloniaux des pays du Nord et de leurs multinationales.

Nous devons aussi veiller à faire les bons choix politiques afin que la monnaie unique ouest-africaine ne se retrouve pas sous l'emprise excessive du Nigeria.

Le 18 mai s'est tenu à Paris un sommet sur le financement des économies africaines. Au-delà de cette aide conjoncturelle, estimez-vous qu'il faut revoir les mécanismes d'aide en direction de l'Afrique ?

Les mécanismes de l'aide sont contre-productifs et ne permettent pas de sortir de l'aide. Ils sont ankylosants et empêchent l'Afrique de redéfinir l'agenda à moyen et à long terme d'une souveraineté économique et monétaire véritable. Ils sont également un piège qui accentue l'influence des pays donateurs sur la définition de nos priorités et de nos politiques.

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il y a 42 minutes, Wallaby a dit :

Cela irait à l'encontre des dogmes néolibéraux et libre-échangistes.

Il n'y a pas de dogmes : il y a des intérêts et des gens doués pour les faire valoir. Surtout en matière agricole où la PAC est explicitement protectionniste, par exemple...

Pour le reste, nul doute que tous certains mécanismes d'aide et de coopération, de financement, ne soient pas sans défauts : des reliquats d'une autre époque aussi. Mais de là à ce qu'ils le soient actuellement tous, j'ai comme un doute.

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« Ce que nous craignons toutefois, en observant l'implication des pays du Nord dans le mode de fonctionnement de l'UA, c'est que ces initiatives soient détournées au profit de projets néocoloniaux des pays du Nord et de leurs multinationales. »

 

ahhhhh je me disais aussi que ce texte manquait de racisme anti blancs. Pendant un moment je me suis inquiété…

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il y a 11 minutes, Conan le Barbare a dit :

« Ce que nous craignons toutefois, en observant l'implication des pays du Nord dans le mode de fonctionnement de l'UA, c'est que ces initiatives soient détournées au profit de projets néocoloniaux des pays du Nord et de leurs multinationales. »

 

ahhhhh je me disais aussi que ce texte manquait de racisme anti blancs. Pendant un moment je me suis inquiété…

Faut-il rappeler que le pays le plus impliqué dans l'UA, c'est la Chine, qui a fourni gratuitement le siège de l'UA à Addis Abeba :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/01/26/a-addis-abeba-le-siege-de-l-union-africaine-espionne-par-les-chinois_5247521_3212.html

Il y a un an, les informaticiens du bâtiment, construit en 2012 par les Chinois, ont découvert que l’intégralité du contenu de ses serveurs était transférée à Shanghaï.

Le nouvel immeuble, « don de la Chine aux amis de l’Afrique », a été offert il y a tout juste six ans. Il a été entièrement équipé par les Chinois. Les systèmes informatiques ont été livrés clé en main. Et les ingénieurs chinois ont volontairement laissé deux failles : des portes numériques dérobées (« backdoors ») qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes de l’organisation.

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il y a 4 minutes, Wallaby a dit :

Faut-il rappeler que le pays le plus impliqué dans l'UA, c'est la Chine, qui a fourni gratuitement le siège de l'UA à Addis Abeba :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/01/26/a-addis-abeba-le-siege-de-l-union-africaine-espionne-par-les-chinois_5247521_3212.html

Il y a un an, les informaticiens du bâtiment, construit en 2012 par les Chinois, ont découvert que l’intégralité du contenu de ses serveurs était transférée à Shanghaï.

Le nouvel immeuble, « don de la Chine aux amis de l’Afrique », a été offert il y a tout juste six ans. Il a été entièrement équipé par les Chinois. Les systèmes informatiques ont été livrés clé en main. Et les ingénieurs chinois ont volontairement laissé deux failles : des portes numériques dérobées (« backdoors ») qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes de l’organisation.

J’allais justement faire remarquer que le texte était à charge des blancs (pardon, des « gens du nord ») mais pas UN mot sur les chinois… 

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Il y a 1 heure, Conan le Barbare a dit :

J’allais justement faire remarquer que le texte était à charge des blancs (pardon, des « gens du nord ») mais pas UN mot sur les chinois… 

Tu comptes pas les chinois dans les blancs? En tout cas on peut maintenant les classer dans le "nord" comme la Corée.

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