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Arabie saoudite, le pays et son influence internationale


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A ma grande surprise, je n'ai pas trouvé de sujet "Arabie saoudite" dans la partie Politique étrangère. Sauf erreur de ma part, c'est un peu surprenant s'agissant du pays qui est sans doute le plus influent de tous les pays arabes

- en matière économique - premier exportateur de pétrole, forte influence sur la détermination de son prix

- religieuse - gardien des principaux lieux saints de l'islam, organisateur du pèlerinage Hajj, fondateur de l'Organisation de la Conférence Islamique

- idéologique - défenseur et principal propagateur de la doctrine wahhabite, interprétation née au XVIIIème siècle de l'islam dans le sens d'une conformité rigoriste à la Loi sainte islamique

- comme de politique étrangère - forte influence sur le partenaire américain comme sur les pays européens, rôle-pivot dans la coalition sunnite arabe contre les chiites et les Iraniens

Je propose donc de créer un fil spécifique. :smile:

 

---

 

Pour se mettre en bouche, voici la "petite nouvelle" qui laisse pantois.

ONU : l'Arabie saoudite prend la tête d'une instance stratégique du Conseil des droits de l'homme et provoque la colère des associations

Voir aussi ce lien

L’information aurait pu faire rire si elle ne s’avérait réelle. L’ambassadeur de l’Arabie saoudite à Genève, Faisal bin Hassan Trad, vient d’être nommé à la présidence du panel du conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour sa trentième session qui débute ce lundi 21 septembre.

Cet organe intergouvernemental composé de 47 membres a pour rôle de renforcer et promouvoir les droits de l’Homme dans le monde. (...)

Ce choix contestable est très critiqué, notamment par UN Watch, une organisation non-gouvernementale basée à Genève chargée de s’assurer que l’ONU respecte sa propre charte et de veiller à l’accessibilité pour tous des Droits de l’Homme. Son directeur, Hillel Neuer a déclaré qu’« Il est scandaleux que l’ONU ait choisi un pays qui a exécuté plus de gens que Daesh cette année pour présider le panel du Conseil des droits de l’Homme ». Il a rajouté que « les pétrodollars et la politique l’ont emporté sur les droits de l’Homme ». D’après l’ONG, l’ambassadeur saoudien avait été élu dès le mois de juin, mais cette décision avait été passée sous silence avant d’être révélée par un document de l’ONU le 17 septembre dernier.

Un jeune chiite sera décapité et crucifié jeudi en Arabie saoudite

 

Cet épisode hallucinant - et qui n'est pas issu du Gorafi - est une illustration saisissante de l'influence saoudienne, dans ce cas sur une organisation internationale.

Naturellement, je n'affirme pas qu'il s'agît de corruption.

 

Modifié par Alexis
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Pour se mettre en bouche, voici la "petite nouvelle" qui laisse pantois.

ONU : l'Arabie saoudite prend la tête d'une instance stratégique du Conseil des droits de l'homme et provoque la colère des associations

Voir aussi ce lien

 

Cet épisode hallucinant - et qui n'est pas issu du Gorafi - est une illustration saisissante de l'influence saoudienne, dans ce cas sur une organisation internationale.

Naturellement, je n'affirme pas qu'il s'agît de corruption.

 

Je crois que les deux nouvelles vont ensembles :

L'Arabie saoudite va décapiter et crucifier un chiite de 21 ans

http://www.lefigaro.fr/international/2015/09/22/01003-20150922ARTFIG00250-l-arabie-saoudite-va-decapiter-et-crucifier-un-chiite-de-21-ans.php?

 

 

Sinon j'aime trop l'image, je me demande à quoi le gars à droite pense :happy:

6971285.jpg

 

 

Modifié par Divos
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un regime sanguinaire, qui s'est approprié les lieux saints de l'islam, ils ont transformer la mecque en las vegas, avec desz gratte ciel et des hotels de luxe, rendant le pelirinage hors de portée de beaucoup de personnes, en rasant des lieux historiques, revenant au prophete, ce régime est la plaie des musulmans.

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21 ans, et il en avait 17 au moment des faits qui lui ont valu condamnation à mort, soit la participation à une manifestation, avec faits de terrorisme - comprendre, le jet de cocktails Molotov...

Comme le précise l'article, l'oncle de ce gosse est visé à travers ce meurtre prévu jeudi. Ce dignitaire chiite a il est vrai commis le crime de lèse-majesté suprême : il s'est "prononcé en faveur d'une sécession des régions de Qatif et d'Al-Hassa et de leur rattachement au royaume chiite de Bahreïn"

Un détail aidera à comprendre la gravité du crime : ces deux petites régions voisines de Bahreïn contiennent le champ pétrolier de Ghawar. Le champ de tous les records, le plus grand du monde, qui à lui seul est la source de 50 à 60% de toute la production de pétrole saoudienne.

 

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Du coup, raison logique pour la jouer façon reine de coeur: qu'on lui coupe la tête.  A part ça, "faits de terrorisme".... Ils ont toujours la politique de réhabilitation des ex d'ISIS via un séjour balnéaire tous frais payés avec quelques leçons de civisme dedans? Les poids, les mesures, toussa..... 

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Ce dignitaire chiite a il est vrai commis le crime de lèse-majesté suprême : il s'est "prononcé en faveur d'une sécession des régions de Qatif et d'Al-Hassa et de leur rattachement au royaume chiite de Bahreïn"

Qatif, la plus grande concentration de chiites d'Arabie saoudite (seulement 5% de la population est sunnite), est aussi le lieu de naissance de la chanteuse saoudienne Assel Omran

Aseel-Omran-Feet-1229095.jpg

Vous hallucinez ? Moi, en découvrant cette information, j'étais comme ça :blink: !

Une chanteuse saoudienne ? Et qui chante non voilée ???

Le secret : son mari est bahreïni. Il est permis de subodorer qu'elle vit à Bahreïn, il est vrai juste à côté de son lieu de naissance. D'où un degré de liberté et de respect de la beauté féminine disons légèrement plus élevé que dans le bastion du wahhabisme voisin.

Cette dernière précision doit couper court à toute éventuelle question sur un 06. :smile:

 

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une bonne ame pourrait me renseigné sur le pourquoi d'une telle sensation de fragilité d'un pays parmis les plus riche du monde ???

Parce que AD ! Quelqu'un a dû balancer cela un jour et depuis tout le monde prend ça pour argent comptant.

Mon grand père a travaillé en Arabie Saoudite et vu de l’intérieur c'est tout sauf un régime "fragile". Toute la vie publique est contrôlé, il y a des couches et des couches de polices et autres entités de maintient de l'ordre publique/paix sociale etc. La liberté de circulation n'est même pas totale pour les citoyens dans ce pays.

Le film "Le Royaume" retranscrit assez bien cette atmosphère oppressante.

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De ce que j'ai pu voir, elle représente un quart de la Garde Nationale qui tourne autour de 100 000h, même si les chiffres sont apparemment mal actualisés et que la chose est globalement assez opaque: un quart est ainsi cet ensemble directement et étroitement commandé par les Séouds, les 3 autres quarts étant plutôt sous le commandement de sheikhs locaux, choisis pour leur loyauté et bénéficiant ainsi d'un niveau supérieur de redistribution de la manne pétrolière via cette appartenance au club privilégié de la Garde Nationale (mais pas du même niveau d'entraînement, d'équipement et de soin apporté à la composition et à l'encadrement des unités, même si ce sont quand même des ensembles homogènes, contrairement à l'armée). C'est au final un système d'assurance du pouvoir bien plus que ce n'est conçu pour être une force militaire au sens traditionnel, cad calibrée et pensée pour une mission "normale" d'une armée (généralement combattre un ennemi particulier contre lequel on se prépare, et/ou avoir une capacité d'intervention polyvalente): ces unités protègent le régime et ce qui le sous tend en dernière instance, cad un certain nombre de sites et d'installations (pétrole, noeuds de communication, certaines villes et/ou certains bâtiments, dépôts) et évidemment, l'élément "tribal" protège directement la famille royale au sens strict, certains de ces sites, et forme une réserve d'intervention limitée qu'on imagine employée dans un set de circonstances très précises. 

La fragilisation du régime a du être sensible ces dernières décennies (vu de l'intérieur) vu que cette Garde Nationale ET l'élément tribal ont connu une inflation très significative de leurs effectifs et moyens depuis les années 90. 

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Ces derniéres années il y a eu des mouvements chez les chiites qui ont été assez violemment réprimé notamment en parallèle avec ce qui se passait à Bahreïn. Mais je pense que le danger de déstabilisation interne est réel mais viens bien plus des radicaux sunnites et des mouvances sociales de gauche (si si ça existe) que des chiites. Pour le moment le régime a acheté la paix sociale à grand coup de pétro-dollars mais cette politique à des limites. La population augmente et le pays consomme maintenant 1/3 de sa production de pétrole (un peu plus de 3 Mb/j sur 10 Mb/j). Il y a un moment ou la courbe de la production et de la consommation se rejoindront d'ici quelques décennies (30/40 ans ?) mais la crise sociale éclatera probablement bien avant cela.

Modifié par nemo
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De fait, par rapport aux années 80, la rente moyenne des citoyens saoudiens a sérieusement baissé, mais cette seule allocation et tous les avantages et prestations qui découlent de l'argent du pétrole, ne sont pas les seuls facteurs explicatifs: outre le rôle des institutions wahabites et de l'impopularité fondamentale des Séouds, il faut souligner le désoeuvrement important de la population du pays, ou en tout cas d'une bonne partie. Les universités refilant des diplômes qui ne valent rien et ne qualifient pas pour grand chose (place de l'éducation religieuse dedans, notamment), les emplois fictifs ou semi fictifs, le système féodal qui est le seul critère de gestion des activités du pays (à comparer à une économie normale et au fonctionnement normal d'une entreprise, d'une administration ou d'une organisation) et donc de valorisation individuelle (ici, la position sociale, généralement de naissance, est le critère qui détermine ton importance et ce que tu reçois de quelqu'un d'autre), la faible mobilité sociale qui en découle.... Une bonne part de la population, même chez les favorisés, ne va en fait nulle part, et n'a que le devoir de pas faire de vagues et d'accepter passivement. Dans un pays si artificiel où le régime n'est pas populaire et pas vraiment le fruit d'une approbation, même historiquement lointaine, du peuple, c'est pas une bonne recette pour avoir un soutien solide du pouvoir, ou même une approbation mi-tacite, mi passive/résignée. 

Les régimes solides n'ont pas à s'entourer de tant de protections, d'agressivité punitive, de surveillance et de prestations. 

Modifié par Tancrède
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Une partie de l'histoire saoudienne non seulement intéressante par elle-même, mais qui encore contribue beaucoup à éclairer l'époque actuelle notamment la Garde nationale saoudienne et l'Etat Islamique, c'est le mouvement des Ikhwans (lien vers le Wikipédia anglais, il y a aussi une page en français mais elle est beaucoup plus pauvre)

En très résumé, il s'agit d'une milice religieuse de tribus bédouines à l'époque fraîchement convertis à l'interprétation wahhabite de l'islam qui a largement aidé la prise de pouvoir de Ibn Saoud dans les années 1910 / 1920. Après que le premier des Saoud ait fixé ses frontières et commencé à construire un Etat qui devait prendre le nom d'Arabie saoudite, il a été accusé de laxisme religieux par les Ikhwans dont une partie s'est rebellée contre lui.

Les Ikhwans ("Frères") étaient donc des purs et durs du wahhabisme. Parmi les points de désaccord avec Ibn Saoud :

- Ils massacraient systématiquement les prisonniers mâles

- Ils voulaient convertir de force les chiites de Al Hassa, ce à quoi Ibn Saoud s'est refusé par souci politique

- Ils voulaient continuer la conquête sans limite définie à l'avance, alors que Ibn Saoud a choisi de négocier des frontières avec les Britanniques présents à l'époque notamment en Jordanie, au Koweit et en Irak

Si tout cela rappelle un certain mouvement djihadiste ayant récemment construit son propre "Etat" en Syrie et en Irak... ce n'est probablement pas un hasard. Même le drapeau de l'E.I. ressemble largement à celui des Ikhwans ci-dessous, noir avec la chahada (profession de foi musulmane) écrite en blanc 

320px-Flag_of_Ikhwan.svg.png

Les Ikhwans rebelles furent d'abord défaits par les Britanniques dont ils attaquaient les protectorats et qui les massacrèrent à l'avion et à la voiture blindée. Puis vaincus par Ibn Saoud avec l'aide britannique.

Enfin ils furent réintégrés au moyen d'un mix de punitions et de réhabilitations avec les Ikhwans qui quoique critiques envers le souverain ne s'étaient pas rebellés.

Ils reçurent plus tard un autre nom... la Garde nationale saoudienne.

 

Modifié par Alexis
Clarifications et Haurteaugraff
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Pas tout à fait, il me semble: ceux qui ont réprimé les ilkhwans sont précisément ceux qui sont devenus l'actuelle Garde Nationale, la partie tribale directement contrôlée par les Séouds en tête; après la répression, ils ont intégré une certaine proportion de "réhabilités" qui avaient entretemps été dépossédés de tout ce qu'ils possédaient (à l'époque, ça devait pas voler plus haut que leurs chevaux et leur bétail). Difficile de trouver ça sur une page wikipédia, mais j'imagine qu'il faut connaître intimement l'histoire politique du coin, et particulièrement les détails de l'histoire de chaque tribu, chaque clan, pour comprendre ce que ce bref résumé recouvre en termes d'individus, de liens et alliances personnelles, de relations entre clans et tribus, de jeux de va et vient dans les accords entre de tels groupes.... Au temps d'Ibn Séoud. 
Un peu comme essayer d'expliquer l'histoire des guerres féodales françaises entre le IXème et le XVème siècle à un étranger, ou les guerres d'Italie du quatrocento au milieu du XVIème siècle: c'est imbittable à moins d'être vraiment dedans. 

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Pas tout à fait, il me semble: ceux qui ont réprimé les ilkhwans sont précisément ceux qui sont devenus l'actuelle Garde Nationale, la partie tribale directement contrôlée par les Séouds en tête; après la répression, ils ont intégré une certaine proportion de "réhabilités" qui avaient entretemps été dépossédés de tout ce qu'ils possédaient (à l'époque, ça devait pas voler plus haut que leurs chevaux et leur bétail). Difficile de trouver ça sur une page wikipédia, mais j'imagine qu'il faut connaître intimement l'histoire politique du coin, et particulièrement les détails de l'histoire de chaque tribu, chaque clan, pour comprendre ce que ce bref résumé recouvre en termes d'individus, de liens et alliances personnelles, de relations entre clans et tribus, de jeux de va et vient dans les accords entre de tels groupes.... Au temps d'Ibn Séoud. 
Un peu comme essayer d'expliquer l'histoire des guerres féodales françaises entre le IXème et le XVème siècle à un étranger, ou les guerres d'Italie du quatrocento au milieu du XVIème siècle: c'est imbittable à moins d'être vraiment dedans. 

Ben quoi, c'est simple... "Le Roi gagne". Voilà tout ce qu'il y a à savoir, non ?

(Bon, ok =======> [ :tongue: ])

Je suis d'accord que l'histoire précise doit être beaucoup plus riche que les résumés qu'on peut trouver sur Wikipédia, mais enfin le fait de base que seule une partie des Ikhwans se rebelle et que les survivants sont réintégrés aux loyalistes après punitions plus ou moins lourdes semble être la structure de base. Tout comme le fait que la Fraternité ait ensuite comme successeur la Garde nationale. Maintenant, on est d'accord qu'entre les Ikhwans d'il y a 90 ans et la force moderne d'aujourd'hui il y a eu quelques changements...

La comparaison la plus intéressante me semble être celle des Ikhwans avec l'E.I.

 

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Ben quoi, c'est simple... "Le Roi gagne". Voilà tout ce qu'il y a à savoir, non ?

(Bon, ok =======> [ :tongue: ])

Je suis d'accord que l'histoire précise doit être beaucoup plus riche que les résumés qu'on peut trouver sur Wikipédia, mais enfin le fait de base que seule une partie des Ikhwans se rebelle et que les survivants sont réintégrés aux loyalistes après punitions plus ou moins lourdes semble être la structure de base. Tout comme le fait que la Fraternité ait ensuite comme successeur la Garde nationale. Maintenant, on est d'accord qu'entre les Ikhwans d'il y a 90 ans et la force moderne d'aujourd'hui il y a eu quelques changements...

 

D'où mon insistance sur le phénomène tribal saoudien (auquel ni toi ni moi ne connaissons grand chose) dans la façon dont ça a pu se passer, et par là, dont la Garde Nationale, et en fait en particulier son élément central de "garde tribal", fonctionne. C'est un système de loyauté purement féodal, avec des gradations (sans doute fines) dans les niveaux de faveurs redistribuées, dans les statuts accordés, les alliances autorisées (les mariages qu'on favorise et sponsorise.... C'est un vieux système), dans le travail sur la fidélité purement personnelle (rapport d'homme à homme).... Le tout pour obtenir, à partir d'un matériau homogène où pré-existent des loyautés, solidarités et connexions horizontales (les familles et clans formant la ou les tribus choisies d'où vient cette garde tribale), ainsi sans doute qu'une forte tradition guerrière, une force unifiée et humainement solide dont la fidélité personnelle et directe à la famille Séoud (pas à l'Etat, pas au régime, pas à la couronne ou à quoique ce soit de symbolique) est difficilement ébranlable. La Garde Nationale au sens large (cad les 75 000 autres gusses) est un degré au-dessous (ou plusieurs, selon une gradation géographique et féodale qui s'incarne entre autres dans les différentes unités) étant donné qu'elle représente l'alliance avec un certain nombre de potentats locaux (dont des leaders religieux wahabites) qui, sans doute plus ou moins liés aux Séouds par divers liens et intérêts, doivent avoir un plus grand degré d'autonomie ou de puissance personnelle. Loyaux, en accord et complices jusqu'à un certain point et/ou dans un set assez large de circonstances, mais uniquement jusque là. 

C'est un cas intéressant pour voir l'ensemble des éléments qui permettent de faire la force d'une armée: l'ensemble des forces saoudiennes peut servir de cas d'étude en miniature de cette façon. Si l'on pouvait plus facilement faire abstraction des éléments concrets et quantifiables comme l'entraînement, le niveau de soutien et le matériel, on pourrait ainsi plus aisément mesurer la différence que permet, en termes humains, le fait d'être une institution militaire émanant d'un ensemble uni et ayant une volonté politique par rapport à un ensemble théorique (l'armée irakienne et sa prestation face à ISIS offrent aussi une bonne vision à cet égard): la garde tribale réunit les meilleures conditions dans la péninsule arabique, ayant tout l'aspect quantifiable travaillant pour elle (sauf peut-être une industrie d'armement pour un effort de guerre prolongé), dans cet ensemble où l'élément unifiant de référence est avant tout la tribu, la seule vraie "nation" ayant une réalité. Les autres éléments de la Garde Nationale sont les "nations" (et leur bras armé, incarné en unités de la Garde) des grands féodaux, dont le régime veille à ce qu'ils ne soient pas trop nombreux relativement à sa garde tribale (qui pèse un quart de l'ensemble), faisant d'elle le "primus inter pares" s'il fallait en arriver là (il faudrait qu'ils soient tous unis contre les Séouds pour avoir leur chance, sinon, il y a diverses formules d'alliances, et surtout la défaite en détail), et surtout que chacun de ces éléments soient moins équipé, entraîné et soutenu que ses propres gardes (pour en accroître relativement le poids militaire relatif et politique -par la menace potentielle accrue). 

Dans le cadre de sa mission limitée de protection et de dissuasion, c'est une excellente armée.... La mission étant essentiellement de garantir la puissance des Séouds dans le système féodal, contre les autres potentats qui, ainsi dissuadés, utilisent leur outil militaire pour garantir le système.... Contre le pays et ses risques. 

Mais en bref, ce genre de système avant tout féodal et tribal nous empêche de réellement comprendre ce qui a pu se passer avec les Ilkhwans, et la façon dont leur soulèvement a été géré: qui s'est soulevé, qui ne l'a pas fait? Avec quelles forces El Seoud a t-il fait face aux mutins? Comment la nouvelle garde a t-elle été composée? Là, il faut connaître les groupes qui composent non seulement l'Arabie, mais surtout la mosaïque précise de tribus et clans, leurs particularités, les individualités, leurs fiefs et richesse, les alliances et rancoeurs, leur rapport à la religion (et à quelle version), leurs contraintes et potentiels, leurs effectifs.... Vu qu'il n'y a rien d'unifiant politiquement, toutes ces réalités, pour chacun des groupes, devient ce qui compte. 

Modifié par Tancrède
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la question étant de savoir si la garde national est déployé au Yémen, parce que si oui, c'est pas brillant

Apparemment oui. Au début du conflit, les troupes déployées étaient équipées de M60 et d'AMX-30 ainsi que des AMX 10-P. Depuis un bon mois, ces véhicules n'apparaissent plus sur les vidéos des houits, remplacés par des M1 et des bradleys.

Modifié par Cadia
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A ça s'ajoute qu'à l'époque les limites territoriales actuel n'avais pas de sens. Des éléments des Ikhwans sont issus de l'Irak et de la Jordanie actuelles.

Dans un monde culturellement marqué essentiellement par un tribalisme semi nomade imposé par le milieu naturel en très grande partie désertique, la notion territoriale a même un sens très relatif: seuls comptent les tribus d'appartenance, les réseaux humains auxquels on est lié, et ce qu'on y pèse (et le statut qui en découle). Le territoire, une notion vague plus liée à des zones de passages et quelques points d'appui (oasis par exemple, étapes, lieux d'échanges....), vient très loin derrière. C'est pas le terroir avec son château et ses zones de culture, surtout pour une aristocratie nomade mi-marchande mi-pirate/guerrière (culture de raiders). La situation matérielle a évidemment changé depuis, mais c'est pas très loin (4 générations à tout casser, moins dans beaucoup de cas), et c'est la matrice culturelle fondamentale. Une culture urbaine existait (quelques villes commerciales), mais elle est plutôt minoritaire, surtout chez les dirigeants, ceux qui ont fait la lutte anti-ottomane et créé le "pays"; la culture des bédouins proprement dits est dominante à cet égard là où il y a du pouvoir (gouvernement, religion, justice, armée, administration -nationale et locale-, grands secteurs économiques). 

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Mais ceci dit, la réalité féodale et culturelle de cet espace qu'est l'Arabie Saoudite (et que nous appelons "pays" à défaut d'autre chose) est bien mise en évidence dans cette crise des migrants de Syrie: pourquoi ne veulent-ils prendre personne? Je suis sûr qu'une certaine forme de racisme/sectarisme (en partie religieux) et d'égoïsme ("c'est MA rente pétrolière, pas la tienne") joue son rôle, mais le fond de l'affaire est que l'impératif premier du pouvoir saoudien est l'auto-préservation, devant l'intérêt ou la réputation du pays. Et leur sujet le plus pressant en matière d'auto-préservation est la question démographique. 

Avec une population active qui doit représenter moins de 40% de la population en âge de travailler (et on parle en fait plus de 40% des hommes, la part des femmes au travail étant réduite) , et une écrasante majorité de ces jobs étant plus des emplois fictifs de fait, ou très peu demandeurs (emplois TRES sponsorisés, souvent en redondance d'un job réel fait par un étranger), on a de fait une première bombe constituée par une population vivant de la rente pétrolière ET minée par l'absence d'activité et de buts, culturellement dominée par une religion agressive et un monde aux antipodes de cette religion et des réponses qu'elle fournit, soit une bonne recette de colère, surtout quand la rente pétrolière qui parvient à l'individu a une forte tendance à la baisse depuis 30 ans (évolution du marché et accroissement de la population). La deuxième bombe est celle du nombre d'étrangers qui essentiellement font le boulot en AS; une vaste population de toutes origines remplissant tous les tafs que les Saoudiens ne veulent et/ou ne peuvent pas faire, du travail de forçat à la direction d'entreprise. Cette population est aussi nécessaire.... Que mal ressentie par les locaux, avec en plus le facteur "pas d'étranger sur le sol sacré" revendiqué par les wahabites, qui reste présent à l'arrière du crâne. 20-30% des habitants du pays sont étrangers, ce qui constitue une masse problématique, et ce d'autant plus que le niveau des prestations versées aux citoyens baisse inévitablement, les mettant en face de certaines réalités et de nécessités qu'ils n'ont jamais connues, le tout avec un niveau élevé d'inadaptation (culturelle et de qualifications) au travail. 

Les Séouds essaient de mettre leur population au travail et de réduire la proportion des étrangers sur le territoire depuis quelques années, mais ça ne donne pas vraiment de résultats: le changement culturel est immense et commence à peine (le tout pas dans les meilleures conditions, notamment l'impopularité du régime), les qualifications des citoyens sont très loin du compte (les diplômes saoudiens ne valent rien), et il sera difficile d'aiguiller la masse des saoudiens, quand bien même les jobs pourraient être libérés, vers des emplois dont une majorité sont très mal considérés (et l'autre partie, les jobs valorisants, exigent des qualifications et une expérience absentes dans le pays). Le fait est que les seuls jobs culturellement acceptables pour les Saoudiens sont ceux qui sont déjà pris par des Saoudiens: armée, police, justice, gouvernement, administration.... 

Dans ce contexte où la population du pays semble déjà devenir de plus en plus un problème et où on cherche à faire partir une proportion importante des travailleurs étrangers, l'arrivée d'effectifs importants de Syriens ou Irakiens, vu avec les yeux de la famille Séoud, c'est limite de la menace existentielle. Ils réagissent avec le réflexe dicté par la parano la plus extrême: aucun ne rentre. 

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