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Je comprend ta géopolitique mais je ne serais pas traumatisé outre-mesure si Daesh s'effrondrait avec pertes et fracats,( c'est à mon avis ce qui est en train de se passer).

Pour la plus grande partie des populations de ces pays ce serait la fin d'une époque terrible. Pour les occidentaux il reste des alternatives à soutenir (kurdes iraniennes, Assad...non là je déconne)

Peut-être qu'on a eu tord de laisser Daesh naître, grandir et devenir le cancer que l'on connait : allez une bonne chirurgie à base de Tigre et de FS puis une petite chimio à base de Sarin (c'est la mode par là je déconne encore hein pas topoliser), une série d'actions judiciaires contre les tenants du binôme Charia-djihad en France avec comme effet secondaire quelques expulsions définitives du territoire européen (c'est dur je sais). Ca ne résoudrait pas tout le problème mais certainement une partie.

 

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Vu la misère et l'horreur de cette secte je pense qu'il faut dépasser cette géopolitique. On ne s'est pas gêné de liquider nombre de dictateurs et laisser un bordel sans nom s'installer...

Cette excuse est bien commode pour ne pas frapper trop fort, ça permet d'être copain avec certaines monarchies qui achètent du matos militaire français...

Mais bon il semble que leur défaite soit inéluctable surtout si les russes envisagent toujours de se redéployer dans la région donc le problème sera résolu...pas forcément à notre avantage (coupure nette entre le régime syrien et le gouv. français)

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1 hour ago, kalligator said:

Vu la misère et l'horreur de cette secte je pense qu'il faut dépasser cette géopolitique. On ne s'est pas gêné de liquider nombre de dictateurs et laisser un bordel sans nom s'installer...

Cette excuse est bien commode pour ne pas frapper trop fort, ça permet d'être copain avec certaines monarchies qui achètent du matos militaire français...

Mais bon il semble que leur défaite soit inéluctable surtout si les russes envisagent toujours de se redéployer dans la région donc le problème sera résolu...pas forcément à notre avantage (coupure nette entre le régime syrien et le gouv. français)

Dépasser la géopolitique ou dépasser la réalité?!

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La réalité c'est ce qui continue d'exister même quand on y crois plus. En la matière nos dirigeants sont passé maîtres dans l'art de nier l'évidence et d'imposer une pseudoréalité qui correspond mieux à leurs aspiration bien aidé en Europe par des médias aux ordres. Ca été le cas avec l'Irak/l'Afganistan/la Lybie/l'Ukraine/la Syrie : on a diabolisé au maximum leurs dirigeants pour détruire ces pays et favoriser outrageusement de sinistres individus dont le principal objectif est l'instauration de pseudo-théocraties des plus extrémistes qui ne rêvent que de massacres de takfir.

Malgré les attentats commis sur le territoire national on continue d'épargner ces gens sur le terrain tout en prétendant les combattre.

Dire qu'il ne faut pas détruire Daesh avant d'avoir trouvé une alternative (comprenez un dirigeant à notre botte) c'est faire preuve d'un manque total d'empathie envers les populations qui souffrent de ces sauvages.

C'est malheureusement un point sur lequel je suis souvent en désaccord avec certains intervenants du forum qui restent fixé sur "le grand jeu" de la géopolitique.

 

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23 minutes ago, kalligator said:

Dire qu'il ne faut pas détruire Daesh avant d'avoir trouvé une alternative (comprenez un dirigeant à notre botte) c'est faire preuve d'un manque total d'empathie envers les populations qui souffrent de ces sauvages.

Et tu penses aux populations pour qui Daesh et le libérateur de la tutelle chiite?

Tu penses vraiment que la moitié de l'Irak a cédé a Daesh par la force? Tu penses vraiment que les sunnites d'Irak ne sont pas en partie complice de Daesh?

En Syrie c'est un petit peu moins vrai ... Néanmoins la résistance a Daesh localement n'est pas immense. Les locaux qui prennent les armes contre Daesh sont pas légion, du moins avant que le vent tourne que que les allégeance soient rebattus.

Pour citer un expert de ce genre de situation :

On ne détruit pas des valeurs sacrées par des bombes mais par d'autre valeurs sacrées.

https://www.carnegie.org/news/articles/getting-know-enemy/

http://www.metronews.fr/info/l-anthropologue-scott-atran-nous-ne-vaincrons-pas-l-etat-islamique-par-des-mesures-securitaires-et-militaires/mpec!mWei8XHz6tdM/

Tu dois avoir le texte presque complet par ici

https://www.researchgate.net/publication/292992255_L'Etat_islamique_est_une_revolution_par_Scott_Atran

Quote

L'Etat islamique est une révolution, par Scott Atran
Par L' Obs
Publié le 02 02 2016 à 17h13
Dans ce long texte, l'anthropologue Scott Atran, spécialiste du terrorisme, explique pourquoi, en fermant les
yeux sur la capacité d'attraction de l'EI, l'Occident commet une erreur stratégique majeure.
Cet article a été initialement publié par la revue américaine en ligne "Aeon
(https://aeon.co/essays/why isis has the potential to be a world altering revolution)", qui nous a
gracieusement autorisé à le traduire et le publier. Scott Atran est un anthropologue franco-américain, spécialiste
du terrorisme. Il est directeur de recherche au CNRS et enseigne à l'Université d'Oxford et à l'université du
Michigan.
--------
 
"La vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur
n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu".
Maximilien Robespierre, Sur les principes de la moralité politique  (1794)
 
Au milieu des balles, des bombes, et des explosions, il est facile d’oublier un fait central : non seulement nous ne
parvenons pas à stopper l’islamisme radical, mais nos efforts pour le combattre semblent même l’attiser.
Notre échec dans la "guerre contre le terrorisme" commence avec nos réactions de colère et de vengeance, qui
ajoutent au chaos, et ne parviennent nullement à casser la dynamique révolutionnaire qui caractérise le
mouvement radical qui progresse dans le monde arabe sunnite.
Le paradis à l'ombre des sabres
MONDE
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Ce mouvement mondial, de proportion historique, est aujourd’hui porté par l’EI (Etat islamique). En moins de
deux ans, il a occupé un territoire peuplé de millions de personnes sur des centaines de milliers de km². Il possède
une force militaire composée de volontaires, la plus grande et la plus diverse depuis la seconde guerre mondiale.
Ce que la communauté internationale considère comme des atrocités dénuées de sens correspond, dans l’esprit
des militants de l’EI, à une campagne exaltée de purification, à travers des meurtres sacrificiels et des actions-
suicide : "Sachez que le paradis est à l'ombre des sabres", dit un hadith (parole du prophète) tiré du recueil "Sahih
al-Boukhari", considéré comme le livre le plus authentique après le Coran. Devenu le mot d’ordre préféré des
combattants de l’EI, cet hadith résume le plan délibéré de violence qu’Abou Bakr al-Baghdadi, calife autoproclamé
de l'Etat islamique a dessiné dans son appel aux "volcans du djihad" : il s’agit de bâtir un archipel djihadiste
mondial, qui finira par s'unir pour détruire le monde actuel et pour le remplacer par un nouveau/ancien monde
de justice et de paix, sous la bannière du Prophète.  
Pour y parvenir, une tactique-clé consiste à attirer vers la violence des sympathisants dans le monde entier : faites
ce que vous pouvez, avec ce que vous pouvez, où que vous soyez, et quand cela vous est possible...
Pour comprendre la révolution, mon équipe de recherche a conduit des douzaines d’interviews approfondies et
des études de comportement avec des jeunes gens de Paris, Londres, et Barcelone ainsi qu’avec des combattants
de l’EI capturés en Irak et des membres de Jabhat al-Nosra (la branche syrienne d’Al-Qaeda). Nous nous sommes
aussi concentrés sur la jeunesse de quartiers déshérités, considérés comme des pourvoyeurs de jihadistes, comme
à Clichy-sous-Bois ou Épinay-sur-Seine, dans la banlieue parisienne ou au Maroc, dans les quartiers de Sidi
Moumen (Casablanca) ou Jamaa Mezuak (Tetuán).
Alors que beaucoup de commentateurs réduisent l’islam radical à un simple "nihilisme", nos travaux montrent
que nous sommes en présence d’un phénomène bien plus menaçant : un projet profondément séduisant, visant à
changer et sauver le monde.
En occident, on cultive le déni : l’existence d’un tel projet n’est pas prise au sérieux. Pour Olivier Roy
(http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le djihadisme une revolte generationnelle et
nihiliste_4815992_3232.html), un penseur pourtant brillant et subtil, les auteurs des attentats de Paris sont,
comme les jeunes qui rejoignent l’EI, des marginaux, ignorants des questions religieuses ou géopolitiques,
dépourvus de vrais rancœurs historiques. Ils prennent la vague de l’islam radical pour exprimer leur prétendu
nihilisme, car c’est le plus grand et le plus affreux des mouvements de contre-culture à leur disposition. Comment
expliquer autrement qu’une mère décide d’abandonner son bébé pour aller massacrer des innocents qui ne lui ont
rien fait, comme cela a été le cas à San Bernardino
(http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20151203.OBS0614/tuerie de san bernadino ce que l
on sait.html), en Californie, début décembre ? On aurait tort, pourtant, de ne voir dans cette révolution EI
qu’un simple refuge pour marginaux délinquants.
La capacité d’attraction de l’Etat islamique
Bien qu’il soit attaqué de toutes parts, par des ennemis intérieurs et extérieurs, l’Etat Islamique ne s’est pas
vraiment affaibli : il s’est enraciné plus profondément dans les territoires qu’il contrôle et il a étendu son influence
dans d’autres régions en l’Eurasie ou l’Afrique.
En dépit des déclarations de la Maison Blanche, les renseignements américains nous indiquent que l’EI n’est pas
en recul. Et toute personne sur le terrain le confirme. Seuls les combattants kurdes et quelques forces conduites
par des Iraniens ont réussi à stopper l’expansion de l’EI par endroits, non sans bénéficier d'un appui important
des forces aériennes françaises ou américaines.
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Notre campagne de propagande contre l’EI, qui le présente non sans raisons comme vicieux, prédateur et cruel,
omet de dire qu’il a aussi une véritable capacité d’attraction, et même qu’il procure à ceux qui le rejoignent de la
joie.
Ces derniers, principalement de jeunes gens prêts à se battre jusqu’à la mort, ressentent une joie que leur apporte
la fusion avec des camarades pour une cause glorieuse ; une joie qui s’accroît quand s'assouvit leur colère et
s'étanche leur soif de vengeance (la science nous apprend
(http://www.sciencemag.org/content/305/5688/1254/suppl/DC1) que cela peut procurer au cerveau et
au corps un réconfort similaire à d’autres formes de bonheur).   
On constate également, dans la région, une forme de joie ressentie chez certains habitants qui certes rejettent la
violence meurtrière de l’EI, mais se réjouissent de voir renaître le califat musulman et mourir l’ordre imposé par
les anciennes grandes puissances sur le principe des Etat-nations. A leurs yeux, les Etats-Unis, la Russie et leurs
alliés tentent de ressusciter cet ordre failli, que beaucoup considèrent comme l’origine de tous leurs malheurs.
On aurait cependant tort de voir dans la révolution menée par  l’EI un simple retour à un passé médiéval. L’idée
n’a pas plus de sens que de soutenir que le Tea Party aux Etats-Unis voudrait revenir à 1776...
Nous ne renvoyons pas les gens au temps des pigeons voyageurs", a commenté Abu Mousa,
attaché de presse de l’EI, à Raqqa. “Au contraire, nous profiterons des nouveaux
développements. Mais dans un sens qui ne soit pas contraire à la religion”.  
Le Califat est à la recherche d'un nouvel ordre, basé sur la culture d'aujourd'hui.  
Si nous n’ouvrons pas les yeux sur cette réalité et ces aspirations, et que nous refusons de les aborder autrement
que par la force militaire, nous attiserons probablement ces passions et une nouvelle génération connaîtra la
guerre, et pire encore.
Le "privilège de l’absurdité"
Réduire l'État islamique à une simple déclinaison du terrorisme ou de l’extrémisme violent, c’est masquer la
véritable menace qu’il représente. Tous les nouveaux développements sont "extrémistes" par rapport à ceux qui
les précèdent. Ce qui compte pour l'histoire est de savoir si ces mouvements peuvent survivre et faire face à la
concurrence.
Pour notre espèce auto-prédatrice, le succès est souvent passé par le sang versé, y compris d’ailleurs par le sang
des siens, un sang qu’on ne verse pas seulement au nom d’une famille ou d’une tribu, de l’argent ou du statut,
mais parfois au nom d’une cause qui nous dépasse.
Cela a été particulièrement vrai à partir de la période axiale
(https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9riode_axiale) il y a plus de 2.000 ans. A cette époque, des
civilisations de grande échelle ont surgi sous les auspices de divinités puissantes, qui ont puni sans pitié ceux qui
transgressaient la morale - s’assurant ainsi de la docilité de tous, même les étrangers, dans des empires
multiethniques, chacun devant travailler et se battre comme un seul homme.
Vous pouvez appeler cela "Dieu" ou autre chose - dans une idéologie laïque on préférera les mots en -isme,
colonialisme, socialisme, communisme, fascisme, anarchisme,  libéralisme.
Dans le "Leviathan", Thomas Hobbes (1651), évoquant le sacrifice réalisé au nom d’un idéal transcendant, parle
d’un "privilège de l'absurdité auquel nulle créature n’est sujette sinon l’homme". Ce dernier déploie la plus grande
énergie - en bien ou en mal - lorsqu’il s’agit de mettre en action des idées qui lui semble donner du sens à sa vie.
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Dans ce monde intrinsèquement chaotique, seuls les humains savent que la mort est inévitable : un élan
psychologique irrépressible les pousse donc à surmonter la "tragédie de la cognition" liée à cette connaissance. Ils
cherchent à répondre à des questions comme "Pourquoi suis-je ?", "Où sommes nous ?"
Dans "La Filiation de l’homme" (1871), Charles Darwin montre que les groupes qui cultivent une "moralité...
l'esprit de patriotisme, la fidélité, l'obéissance, le courage et la compassion" sont mieux armés que les autres pour
survivre et dominer. Ce sont les valeurs sacrées, qui échappent à l’échange matériel, et qui lient bien plus
étroitement les hommes entre eux. Dans toute culture, trahir un parent, ou un membre d’une même communauté
religieuse ou politique, ou d’une même nation, est la ligne que nous ne franchissons généralement jamais. Et
l’attachement à ces valeurs peut conduire à des succès bien plus éclatants que ce qu’on peut imaginer.
Souvent ces valeurs, attachées à des croyances (comme "Dieu est grand, désincarné, mais puissant" ou "le marché
libre a toujours raison"...) sont attribuées à la Providence ou à la Nature. Leur pertinence ne peut jamais être
vérifiée par des méthodes empiriques, et leur sens est donc impossible à cerner précisément. Le terme de "valeurs
sacrées" donne l’idée d’une foi religieuse, de même que lorsque l’on parle de terre "sainte", mais il existe aussi des
"valeurs sacrées laïques" : pensez aux pèlerinages sur le champ de bataille sacré de Gettysburg ou, à New York, sur
le site "ground zero" des attaques du 11 septembre 2001. Et les croyances qui fondent les grands "-ismes"
idéologiques, ainsi que l’idée quasi-religieuse de nation, ont été ritualisées dans des hymnes, chansons, des
cérémonies et dans l’idée de sacrifice.
L’oxygène de la terreur
"Rien d’humain ne m’est étranger", a dit Térence, esclave romain devenu un dramaturge, une phrase qui a fourni
à mon propre travail anthropologique un credo solide. Il s’agit d’être en empathie - ce qui ne signifie pas en
sympathie - avec ceux qui sont d’une culture très éloignée de la nôtre. Il est de notre devoir de comprendre. Si
nous parvenons à saisir les raisons pour lesquelles des êtres humains, apparemment normaux, sont prêts à
mourir en tuant des tas d’autres humains qui n’ont fait de mal à personne, cela nous permettra d’éviter d’autres
morts. Dans nos démocraties libérales, les massacres de masse représentent aujourd’hui le mal absolu,
l’expression d’une nature humaine dévoyée. Pourtant, dans l’histoire de la plupart des peuples et cultures, il est
arrivé que la violence exercée contre d’autres groupes ait été rangée parmi les actions vertueuses.
La terreur a pour but de semer la peur dans les cœurs de nos ennemis et des indécis.
Des leaders kurdes ont raconté à mon équipe de recherche que lorsque 350 à 400 combattants de l’Etat islamique,
dans un convoi de 80 véhicules, ont déboulé vers la prison de Badoushpour, à Mossoul, afin de libérer des
prisonniers sunnites (et au passage massacrer  plus de 600 prisonniers chiites), une armée irakienne relativement
bien équipée de 18.000 hommes, dirigée par des officiers (y compris le commandant en chef)  formés par les
Américains, s’est envolée subitement. Quand j’ai demandé à un soldat arabe sunnite, enrôlé dans les forces
Peshmerga sur le front Mossoul-Erbil, pourquoi ces soldats avaient fui, il a répondu simplement :
Ils tenaient à garder leur tête".
Les bouclages de Bruxelles (http://tempsreel.nouvelobs.com/attentats terroristes a
paris/20151121.OBS9955/bruxelles place en alerte maximale une ambiance surrealiste.html),
dans le sillage des attentats de Paris, ou de Boston lors des attentats sur le passage du marathon en 2013
répondaient à la même peur et ils ont contribué à démontré notre absence de  foi en nos propres sociétés et
valeurs. Cette démonstration était justement l’un des objectifs poursuivi par les attaques terroristes. Pendant la
seconde guerre mondiale, même la Luftwaffe allemande, au sommet de sa puissance, ne parvenait pas à
impressionner le gouvernement britannique et le peuple de Londres... Aujourd'hui, à la simple mention d’une
attaque contre New York, dans une vidéo de l’EI,  les responsables se précipitent pour appeler la population au
calme.
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L’exposition médiatique, oxygène de la terreur à notre époque, non seulement amplifie la perception du danger
mais aussi, en générant une telle hystérie collective, rend réelle la menace de déstabilisation de la société. C’est
encore plus vrai aujourd’hui, les médias s’étant désormais davantage spécialisés dans l’art d’exciter les émotions
du public que dans celui d’informer. Pour l’EI, retourner à son avantage notre machine de propagande - la plus
puissante au monde - est devenu un jeu d’enfants. Une telle prise de jujitsu représente une forme nouvelle et
puissante de guerre asymétrique, que nous pourrions aisément contrer en nous en tenant à une information
sobre, responsable et factuelle, ce que nous ne faisons pas.
Le message, c’est la guerre
La situation est à la fois dangereuse et ubuesque. Le département de la Justice des États-Unis, avec le soutien du
Congrès et les médias, considère désormais qu’une simple cocotte-minute, manipulée par un terroriste,  est une
"arme de destruction massive".
Il est tout bonnement ridicule de mettre au même niveau un autocuiseur et une bombe thermonucléaire dont la
puissance destructrice est des milliards de fois plus grande. C’est une façon de banaliser les véritables armes de
destruction massive et de rendre leur utilisation plus concevable.
Dans le monde d’aujourd’hui, faire parvenir un message est une façon de faire la guerre par d'autres moyens. La
manipulation, par l’EI, de nos médias amène le public à craindre des destructions massives qui ne sont pas
vraiment possible et dans le même temps obscurcit la perception de la menace réelle.
Les opérations asymétriques impliquant des meurtres spectaculaires, afin de déstabiliser l'ordre social, sont une
tactique vieille comme le monde. Des groupes politiques ou religieux violents provoquent régulièrement leurs
ennemis pour les amener à surréagir, de préférence en commettant des atrocités.
Quand les Romains ont occupé la Judée, après la mort du Christ, les premières révoltes ont impliqué des jeunes
juifs jetant des pierres. Les Zélotes, et spécialement leur variante la plus violente, les Sicaires ("les porteurs de
dagues"), ont exacerbé la tension en attaquant des soldats romains et des subalternes grecs à l’occasion d’actions-
suicides, pendant des cérémonies officielles, mettant en branle l’engrenage de la rétorsion et de la vengeance. Les
révoltes ont cessé avec l’expulsion, par Rome, des juifs de Judée qui est devenu Syria Palaestina, ainsi renommé
en mémoire des Philistins qui avaient auparavant occupé les zones côtières. Mais la diaspora juive a répandu sa
foi monothéiste dans les coins les plus reculés du monde, préparant le terrain des missionnaires tant du
christianisme que de l’islam.
A la recherche du sublime
La violence de l’Etat islamique, de même que la violence révolutionnaire de bien d’autres qui l’ont précédé,
pourrait être caractérisé par ce que Edmund Burke a appelé "le sublime":
(https://ebooks.adelaide.edu.au/b/burke/edmund/sublime/) une quête passionnée pour la "terreur
délicieuse", le sens du pouvoir, de la destinée, la recherche d’absolu, d’inexprimable.
Aucune passion ne dépouille aussi efficacement l’esprit humain de ses pouvoirs d’agir et de
raisonner que la peur", écrit Burke dans "Le Sublime et le beau" (1756). "Car, se définissant
comme l’appréhension de la douleur ou de la mort, elle opère d’une façon qui ressemble à la
douleur véritable. Par conséquent, tout ce qui est terrible pour la vue est également sublime…"
Mais pour que la terreur soit couronnée de succès, au service du sacré et du sublime, "l’obscurité semble être
généralement nécessaire" continue Burke. "Les gouvernements despotiques, fondés sur les passions des hommes
et principalement sur la peur, éloignent le plus possible leur chef du regard public."
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Baghdadi, "prince des croyants", répond à cette description. Plus généralement, comme Charles de Gaulle l’a noté
en 1932, "le prestige ne peut aller sans mystère, car on révère peu ce que l'on connaît trop" ; et donc "Les vrais
chefs ménagent avec soins leurs interventions" et concentrent tous leurs efforts en vue de captiver l’esprit des
hommes, afin qu’il se surpassent et agissent pour une cause glorieuse.
Le "sublime" est également intensément physique et viscéral, ancré dans l'émotion et l'identité de chacun. Tout
raisonnement qui lui est attaché est l'esclave, et non le pilote, des passions. Le lavage de cerveau n’existe pas :
c’est un bobard qu’on racontait pendant la guerre de Corée, selon lequel des soldats alliés étaient brisés, tels les
chiens de Pavlov, par les sorciers chinois de la manipulation psychologique.
Dans "Mein Kampf" (1925), Adolf Hitler déclarait : "Tous les grands mouvements sont des mouvements
populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d'états d'âme, soulevées ou bien par la cruelle
déesse de la misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses".
Mais la parole doit être jouée sur la scène spectaculaire du sublime. Lorsque Charlie Chaplin et René Clair avaient
visionné ensemble l’ode visuelle de Leni Riefenstahl au national-socialisme, "Le Triomphe de la volonté (1935)",
lors d’une projection au New York Museum of Modern Art, Chaplin avait ri, mais Clair, lui, était terrifié, craignant
que, si le film était diffusé plus largement, l’occident pût basculer.
"Ô soldats de l'Etat Islamique, continuez la moisson des armées", clamait Baghdadi en 2014, "que les volcans du
djihad entrent en éruption partout" et "démembrent les ennemis, qu’il s’agisse de groupes ou d’individus" afin de
libérer l’humanité du "système global fondé sur l’usure" et tenu en laisse par "les juifs et les croisés" - un appel qui
résonne avec d’autres, et évoque bien des atrocités.
Les valeurs sacrées, carburant révolutionnaire
Un sondage ICM d’août 2014 (http://www.icmunlimited.com/media centre/press/isis poll for
rossiya segodnyain) avait suggéré qu’en France, un quart des jeunes adultes de toutes croyances, âgés de 18 à
24 ans, avait une opinion positive vis-à-vis de l’EI. Aucun autre sondage n’a réussi à reproduire un tel résultat,
mais après les attaques contre Charlie Hebdo en janvier 2015, notre équipe de recherche a entrepris de sonder le
soutien, en France et en Espagne, aux valeurs professées par l’EI et aux valeurs contraires à celles-ci. Par exemple,
le respect strict de la Charia du Califat d’un côté, l’égalité des religions et la tolérance des opinions dissidentes
dans les démocraties de l’autre.
Parmi les jeunes gens vivant dans des quartiers défavorisés ou des barres d’immeubles dans les banlieues
parisiennes, nous avons trouvé un soutien assez large en faveur des valeurs de l’EI, y compris pour les actions
violentes conduites en son nom. En Espagne, parmi un large échantillon de la population, nous avons constaté
une volonté très faible de se battre pour défendre les valeurs démocratiques contre les attentats.
Minorités agissantes et valeurs sacrées
Peu importe que, comme J.M. Berger l’a écrit en novembre dans "The Atlantic
(http://www.theatlantic.com/international/archive/2015/11/isis war of ideas
propaganda/415335/)", les "sympathisants idéologiques de l'État islamique représentent moins de 1% de la
population mondiale [et] que les militants actifs de son projet de califat représentent certainement moins d’un
dixième de pour cent". Très rares, si tant est qu’elles existent, sont les avant-gardes révolutionnaires qui ont
connu des succès en commençant par capturer une partie importante de la population mondiale, ou même le
soutien des peuples dans leur propre région d'origine.
Pendant le déploiement des troupes américaines en Irak, jusqu'aux trois-quarts des combattants ont été
neutralisés dans les rangs de la filiale locale d’Al-Qaïda - qui deviendra l’EI - et chaque mois, pendant 15 mois, en
moyenne une douzaine de "cibles de haute valeur" ont été éliminées, y compris le leader du mouvement Abou
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Musab al-Zarkawi. Et pourtant, l’organisation a survécu… et le groupe a continué à prospérer au delà de toute
attente dans le chaos de la guerre civile de Syrie et au milieu de la décomposition des diverses factions en Irak.
Juste après la seconde guerre mondiale, des mouvements révolutionnaires avaient remporté des victoires avec
une force de feu et des effectifs dix fois moindres que ceux dont disposaient les forces étatiques en face d’eux.  
Des études de comportement, dans des zones de conflit, indiquent que le recours à des valeurs sacrées - comme la
libération nationale, Dieu, le Califat -, permettent  de galvaniser dans des proportions démesurées des groupes a
priori peu puissants. Ils sont capables de résister et même de vaincre des armées bien mieux dotées en matériel et
en hommes et qui, elles, utilisent comme incitations l’argent, les promotions, les menaces de punition.
Comme le montre l’histoire et les études empiriques,
(http://www.pnas.org/content/111/50/17702.extract) ce qui importe, dans les succès révolutionnaires,
c’est l’engagement pour la cause et la notion de camaraderie. Même après des échecs initiaux et des défaites
parfois catastrophiques, cela peut permettre de surmonter des désavantages évidents et de l’emporter.
Les valeurs libérales, hier et aujourd’hui
En 1776, ce n’est pas l’économie qui avait frustré les colons américains, mais la perception d’un mépris des
"vérités sacrées et indéniables", pour reprendre les mots initialement utilisés par Thomas Jefferson
(http://www.loc.gov/exhibits/declara/ruffdrft.html) lors de la rédaction de la déclaration
d’indépendance. Ils étaient prêts à sacrifier "leurs vies, leur fortune et leur honneur sacré" contre l’empire le plus
puissant du monde. La Grande-Bretagne a envoyé une force navale de 30.000 hommes contre la révolution
naissante à New York, une ville de 20.000 habitants. Elle avait d'abord presque écrasé l'armée de George
Washington. Les derniers soldats de l’armée coloniale repartaient vers leurs foyers, hagards, quand Washington
s’adressa à eux dans un appel inspiré :
Vous allez rendre ce service à la cause de la liberté… ce que vous ne pourrez sans doute
jamais faire dans d’autres circonstances".
L’armée est entrée en fusion, dans l’hiver rude de Valley Forge, prête à affronter toute adversité.
Mais la forme de démocratie libérale initiée par la révolution américaine ne s’est jamais imposée face au
morcellement religieux et ethnique, spécialement au Moyen-Orient et en Asie centrale où un tel morcellement est
ancré sur un passé tribal. La démocratie a pris racine dans les colonies britanniques américaines, qui avaient le
plus haut niveau de vie au monde et où les populations autres que les Indiens et les esclaves africains avaient
l’opportunité historique de faire fortune, virtuellement sans limite, en étant relativement libres de réaliser leurs
rêves.
En Europe de l’Ouest, la démocratie s’est développée graduellement tout au long du XIXe siècle, sous la tutelle de
régimes autoritaires. La France de Napoléon III ne s’est pas contentée de poursuivre la promotion de la laïcité
engagée par Napoléon Bonaparte, et la tolérance de la pluralité religieuse, elle a également introduit des élections
législatives, autorisé l’existence d’une opposition politique, légalisé le droit de grève.
En Europe, le mouvement des "enclosures" (nul n’est tenu à l’indivision) a arraché les gens à la propriété
collective ancestrale et à l’identité communale et les a conduits à travailler dans les centre urbains de la révolution
industrielle ; ils ont tissé des liens à travers ce travail et à travers la guerre, ce qui a débouché sur une nouvelle
forme d’identité nationale.   
Dans ce paysage, les institutions libérales ont commencé à se développer, permettant du même coup à des
personnes anonymes qui ne se connaissaient pas de travailler ensemble et, si nécessaire de se battre ensemble.
Ces institutions incluent l’éducation gratuite et universelle, une presse ouverte à un grand nombre d’informations
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et d’opinions, l’égalité des citoyens devant la loi (du moins en principe) et une culture de tolérance des autres et
particulièrement des minorités.
Sans cette identité nationale, ces valeurs libérales et les institutions qui les soutiennent, le choix du peuple et les
élections auraient conduit à la tyrannie de la majorité, comme l’ont montré à la fois l’Athènes antique et l’Irak
post-Saddam Hussein.
Monde arabo musulman, occident chrétien : deux histoires distinctes
Le fossé entre ces valeurs est accentué par des trajectoires historiques divergentes. L'Occident et le monde arabe
et musulman ont longtemps vécu la plupart du temps des histoires séparées et parallèles. En occident, les gens
croient généralement que l'histoire a commencé avec la civilisation sumérienne au 26e siècle avant Jésus Christ.
Situé dans la partie sud de l'Irak moderne, Sumer est le berceau de la loi écrite et de la littérature, d’Abraham et
de sa croyance monothéiste. La civilisation s’est par la suite déplacée vers l’Ouest vers la Grèce et vers Rome.
Après la chute de Rome, vint le Moyen âge, la renaissance, les lumières, les premières révolutions politiques, la
révolution industrielle, les guerres mondiales et la guerre froide. Les droits de l’homme et la démocratie ont
triomphé et sont devenues, semble-t-il, incontournables.
Le monde arabo-musulman commence lui aussi avec Sumer, mais jusqu’aux guerres mondiales, il a suivi un
parcours différent : Rome, la Grèce et tout le reste sont des épisodes périphériques.
L’Europe chrétienne était alors le continent obscur ; les héros musulmans, les mythes, les légendes et les
références étaient fondamentalement différents des nôtres. Certes, on croise Moïse, Alexandre et Jésus, mais leurs
personnages, dans l’islam, sont différents :  la vie de "Musa" (Moïse) est parallèle à celle de Mahomet et elle
annonce la venue du prophète ; Iskandar (Alexandre) alias Dhul-Qarnayn ("le bi-cornu") était une figure
religieuse à laquelle Allah avait confié un grand pouvoir et la capacité de construire un mur de civilisation propre
à tenir à l’écart le chaos et le mal.
Enfin, Isa (Jesus), était le meilleur messager d’Allah, mais pas son fils, et il n’est pas mort sur la croix, mais
comme Mahomet, il a été appelé au ciel.
L’ensemble des importations politiques d’Europe, y compris le nationalisme ont misérablement échoué au
Moyen-Orient (sauf peut être en Turquie, en Egypte et en Iran, où elles sont davantage construites sur l’ethnicité
et la foi que sur l’identité nationale).
Les gens ont envie qu’on leur rappelle leur histoire, leurs traditions, leurs héros, leurs mœurs ; et c’est ce que fait
frontalement l'État islamique, aussi brutal et répugnant soit-il, à nos yeux mais aussi à ceux de la plupart des
arabo-musulmans.
Pourtant, les Etats-Unis et les autres puissances occidentales ne semblent pas le reconnaître.
Ils avancent donc des solutions éculées pour combattre l’Etat islamique, qui vont de l’appel fatigué à réparer le
système des Etats-nations imposé après la Première Guerre mondiale par les vainqueurs européens (la Grande-
Bretagne et la France), à la promotion d’un "l'islam modéré", aussi séduisant aux yeux de jeunes assoiffés
d'aventure, de gloire, d’idéaux et d’importance que ne l’est la promesse éternelle de centres commerciaux.
La notion populaire de "choc des civilisations" entre l’Islam et l’Occident est terriblement trompeuse.
L’extrémisme violent ne marque pas la résurgence de cultures traditionnelles, mais au contraire leur
effondrement, alors que des jeunes gens se libérant du carcan de traditions millénaires cherchent avidement une
identité sociale qui donnerait à leur vie du sens et un destin glorieux.
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C’est la face noire de la globalisation. Les individus se radicalisent afin de trouver une identité solide dans un
monde qui s’aplanit. Dans cette nouvelle réalité, les canaux verticaux de communication entre les générations
sont remplacés par des liens horizontaux, entre pairs, des liens qui traversent la planète.
La soif de gloire et de reconnaissance entre pairs
Comme je l’ai dit au Conseil de sécurité au printemps dernier
(http://blogs.plos.org/neuroanthropology/2015/04/25/scott atran on youth violent extremism
and promoting peace/), dans le monde d'aujourd'hui, ce n’est pas tant le Coran ou la foi religieuse qui inspire
le combattant le plus meurtrier, que la perspective de gloire et de reconnaissance par ses pairs.
Les volontaires étrangers rejoignant les rangs de l’Etat islamique sont souvent de jeunes gens vivant une période
de transition - immigrants, étudiants, travailleurs entre deux emplois, célibataires qui n’ont pas encore trouvé leur
âme sœur. Ils ont quitté le domicile de leurs parents, et cherchent une nouvelle famille à travers des amis et des
compagnons de voyage, afin de trouver du sens à leur vie.  
En France, le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam estime que 80 % d’entre eux viennent
de familles non-religieuses ; selon le West Point’s Center for Combating Terrorism
(https://www.ctc.usma.edu/posts/ctc perspectives the french foreign fighter threat in context),
leur âge moyen est de 25 ans. Pour la plupart, ils n’ont pas d’éducation religieuse traditionnelle et ils ont
découvert la religion sur le tard, comme des "born again", à travers le djihad.
Environ un quart d’entre eux, souvent les plus féroces, sont des convertis. Ces jeunes gens qui se cherchent ont
trouvé leur voie dans le djihad et se retrouvent dans des réunions privées ou sur l’internet.
Ce sont parfois des gens mal à l’aise avec les fêtes alcoolisées ou avec les aventures sexuelles, ou qui ont vu leurs
parents se faire humilier par des employeurs ou par les autorités, ou leur sœur se faire insulter parce qu’elle porte
un voile. La plupart ne vont pas jusqu’à rejoindre le djihad, mais certains le font. Plus de 80% de ceux qui
joignent l’état islamique passent par des relations de pair à pair
(https://homeland.house.gov/wp content/uploads/2015/09/TaskForceFinalReport.pdf),
principalement des amis, parfois des membres de leur famille. Très peu passent par des mosquées ou des
personnes qu’ils ne connaissent pas.
De ce que l’on en sait, les terroristes de Paris répondent à ce profil. De même que les auteurs des attentats de
Madrid en 2004 ou du métro de Londres en 2005. Plusieurs des comploteurs des attentats parisiens de janvier et
de novembre vivaient pendant un temps dans le même quartier, certains étant amis ou parents, d’autres ayant
rejoint le réseau criminel et s’étant fréquenté en prison.
Marginaux dans leur pays, mais pas seulement
En France et ailleurs en Europe, beaucoup de ces jeunes gens se sentent rejetés à la fois par le pays dans lequel ils
vivent et par leur pays d’origine. A la différence des Etats-Unis, l’Europe n’a pas été conçue pour accueillir des
immigrants.
Aux Etats-Unis, les immigrants musulmans rejoignent, dès la première génération le niveau de vie ou d’éducation
des Américains moyens (voire les surpassent).
En Europe, la probabilité qu’ils restent plus pauvres que la moyenne, même au-delà de la deuxième génération,
est bien plus grande : un héritage de la décolonisation qui, faute d’être traité, est devenu toxique.
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En France, 7 à 8% du total de la population est musulmane, le taux le plus fort de toute l’Union européenne ;
mais jusqu’à 70% de la population carcérale serait de culture musulmane
(https://blogs.mediapart.fr/lucas martin/blog/190215/jack lang 23 des prisonniers sont
musulmans), ce qui contribue à nourrir une sous-classe toute prête à être radicalisée.
Un jeune de 24 ans qui a rejoint Jabhat al-Nosra en Syrie, décrit ainsi son expérience en Allemagne :
Ils nous apprennent à travailler dur afin de nous acheter de belles voitures et de beaux
vêtements, mais ce n’est pas cela le bonheur. J’étais un être humain de troisième classe parce
que je n’étais pas intégré à un système corrompu. Mais je ne voulais pas devenir un
délinquant. Aussi, avec mes amis, nous avons décidé de démarcher autour de nous, pour
inviter les gens à rejoindre concrètement l’Islam. Les autres groupes musulmans de la ville se
contentent de parler, ils pensent qu’un Etat véritablement musulman va tomber du ciel sans
qu’ils n’aient à se battre”.  
La plupart des Européens se sont engagés dans l’EI plutôt que dans al-Nosra parce qu’ils "croient que le Califat
existe déjà aujourd'hui et qu’il n’est pas besoin d’attendre demain pour le connaître". Pourtant, de nombreux
volontaires de l’EI ne sont pas des marginaux dans leur propre pays. Comme me l’a écrit un médecin de famille en
2015 :
Depuis quelques mois, deux groupes d’étudiants en médecine de l’université [de Sciences
médicales et technologiques de Khartoum, au Soudan] sont partis au Levant pour rejoindre
l’EI. Les familles de ces étudiants ont du mal à accepter cette perte. C’était pour elles presque
un deuil. Les étudiants qui ont quitté l’université étaient soutenus financièrement par leurs
parents. Il m’est difficile d’identifier les facteurs qui ont conduit ces étudiants intelligents et de
bon niveau vers l’EI. Est ce que cela peut venir d’une quête d’identité ? Est ce que c’est de la
faute de l’université ? Est ce que cela tient au manque d’influence de leur famille ?”
Un banquier de Mossoul nous raconte :
Les combattants de Daech sont entrés dans la banque et notre personnel était terrifié. Ils ont
proposé de nous aider d’une façon ou d’une autre. Un Algérien, d’environ 25 ans, poli, a
simplement demandé à être conduit vers nos ordinateurs. Très rapidement,il a téléchargé les
informations sur toutes les transactions de la banque. Il a raconté qu’il était venu dans l’Etat
islamique pour faire bon usage du savoir faire qu’il a acquis au cours de ses études en
informatique.”
Le Califat, mythe mobilisateur
Le Califat aimante ces jeunes gens, il leur procure du sens et de la liberté, il les sort de la mainmise monde
matériel dans lequel ils ne voyaient que du vice et de la mièvrerie. L’Etat islamique est supposé correspondre à la
vision salafiste et pure des premiers disciples du prophète (salaf = "ancêtres"). C’est une entreprise qui exige un
djihad offensif, voire une sainte guerre que toute personne appartenant à la "maison de l’Islam" (Dar al-Islam)
doit conduire contre les infidèles (kafir). Les tenants du Califat pur sont violemment opposés à l’idée d’un "grand
djihad" qui désigne une bataille spirituelle intérieure.  
Ils considèrent qu’il s’agit d’une conception erronée du djihad, portée par l’hérésie soufi qui s’est développée à la
fin du califat abbasside, et qui a corrompu la pureté du califat arabe et l’a conduit à sa décadence et à sa chute.
Lors du Sommet de l’Asie du Sud Est à Singapour, en avril 2015, des représentants des gouvernements
occidentaux ont souligné que le Califat n’était rien d’autre qu’un mythe masquant de classiques rapports de
pouvoir politiques. Notre recherche en Europe et en Afrique du Nord montre qu’il s’agit d’un dangereux
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contresens. Le Califat est réapparu comme une cause mobilisatrice dans l’esprit de nombreux musulmans,
séduisant même des musulmans favorables à une coopération œcuménique. "Je suis contre la violence d’Al-Qaïda
et de l’EI", déclare un imam à Barcelona qui a travaillé sur le dialogue avec les Chrétiens et les Juifs, "mais ils ont
mis notre situation difficile sous les projecteurs. Avant, nous étions juste ignorés. Quant au Califat… Nous en
rêvons comme les Juifs ont longtemps rêvé de Sion. Il peut peut-être devenir une fédération des peuples
musulmans, sur le modèle de l’Union européenne. Le Califat est là, dans nos cœurs, même si nous ne savons pas
quelle forme il finira par prendre."
Quelle que soit la forme qu’il prendra, on peut être sûr qu’il sera enraciné dans l’histoire et la culture des peuples
arabes, pas dans celle des pays occidentaux.  
Cette histoire comprend la domination musulmane sur l’Eurasie, jusqu'à la révolution industrielle européenne, et
un rejet de l'ordre occidental du monde imposée après l'effondrement ottoman au début du 20ème siècle, celui de
la démocratie libérale comme celui du socialisme.
Peut-être qu’avant tout, l’Etat islamique a pour objectif de mettre un point final à Sykes-Picot, l’ordre néocolonial
que les Britanniques et les Français ont imposé sur les provinces arabes de l’empire ottoman après la première
guerre mondiale. Lors du printemps 2014, quand l’EI a détruit au bulldozer les installations marquant la frontière
entre l’Irak et la Syrie, il a provoqué un frisson de libération et de joie à travers la région et au-delà.
A la différence des Etats-Unis et des autres grandes puissances, y compris la Russie ou la Chine, nombreux sont
ceux qui, dans la région, ne considèrent pas le chaos actuel comme le résultat d’Etats défaillants qu’il faudrait
faire revivre et renforcer à tout prix, mais qu’il émane au contraire des fictions qui ont présidé à la constitution de
ces Etats.
Les révolutions et la morale
Les révolutions passées et présentes se placent sur le terrain de la morale. La détérioration ou la mutation rapide
des conditions économiques et sociales peut être à l’origine d’une cascade d’événements qui conduisent à une
crise politique. Mais ces événements n’aboutissent à une remise en question révolutionnaire de l’ordre ancien que
si l’action est motivée par un nouvel ordre moral, et lorsque la prise du pouvoir d’Etat permet de mettre en œuvre
 les "valeurs sacrées" qui définissent cet ordre.
En Egypte, l’influence des frères musulmans  - le mouvement islamiste qui s’est mué en parti - a progressé bien
avant le printemps arabe. Bien que les frères musulmans ont initialement refusé de participer au pouvoir, la
désunion des partis laïcs leur ont permis de s’imposer et de remplir le "vide moral" qui a suivi cette révolution.
Mais à la différence des fondateurs de la République islamique d’Iran, qui ont purgé l’armée dès leur arrivée, ont
pris le contrôle du bazar (la classe commerçante urbaine) et se sont enracinés dans la population rurale et
religieuse, les leaders égyptiens croyaient que l’armée, le business et l’opinion tomberaient spontanément de leur
côté dès lors que les frères musulmans contrôleraient la parole et le ministère de l’information.   
Par contraste, l’Etat islamique a agi rapidement et impitoyablement afin d’imposer leur nouvelle/vieille éthique
parmi les arabes sunnites, dans ces territoires ravagés par la guerre du Moyen-Orient. Ils promettent une guerre
totale contre la morale "satanique" des Iraniens, des chiites et de tous ceux qui les aident (y compris les Etats-
Unis, leurs alliés et la Russie), dans un combat à mort pour retrouver l’âme de l’islam et au-delà, pour sauver
toute l’humanité.
Ce qui fait le succès d’une révolution
Les analogies historiques sont toujours d’une utilité limitée, mais elles sont aussi le seul moyen qui nous permette
de prendre conscience de ce qui est nouveau, ou au moins de discerner où commencent les vraies nouveautés.
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Il y a des parallèles frappants dans l’histoire des révolutions modernes depuis que les Jacobins, conduits par
Maximilien Robespierre, ont introduit le concept politique de "terreur" et la décapitation par la guillotine. Cette
mesure extrême, au nom de la défense de la démocratie,  a été considérée comme une forme divine de violence.
Pendant une décennie, à la fin du XVIIIe siècle, la révolution française s’est entre-dévorée, comme le feraient des
requins blessés dans un bassin, tout en se battant contre une coalition hargneuse de grandes puissances cherchant
à l’abattre.
Pourtant, elle a survécu. Unie et transformée dans une mission impériale pour sauver l’humanité – comme toutes
les révolutions qui ont suivi en ont exprimé l’intention – les forces révolutionnaires ont conquis presque toute
l’Europe avant que l’Empire ne finisse par s’effondrer. Par la suite, l’engagement d’une "guerre totale" au service
d’une force morale, spirituelle et indomptable a inspiré quasiment toutes les révolutions.  
Une série de révolutions, inspirées par une vision de l’égalité sociale et de la fraternité universelle a balayé
l’Europe en 1848. On peut faire de nombreux parallèles entre leur échec et ce que les commentateurs occidentaux
ont mal nommé "le printemps arabe".
Le mouvement est parti de Sicile en janvier 1848 et s’est déployé en cascade, à travers l’Europe, en mars et avril,
du Danemark aux frontières de la Russie. La révolution s’est diffusée à travers des réseaux humains et le bouche-
à-oreille aussi largement et rapidement que ne l’a fait le printemps arabe à travers les réseaux sociaux et les
médias commerciaux.
Comme les forces laïques ayant conduit le printemps arabe, celles des révolutions de 1848 ont manqué d’unité
politique et de savoir faire sur la façon de créer un nouvel ordre moral, sur lequel repose la réussite de chaque
révolution.
Les élites réactionnaires, de concert avec l’Eglise, se sont engouffrées dans cette faille, créant une nouvelle morale
nationaliste, déployant une panoplie quasi-religieuse de drapeaux, cérémonies, hymnes, parades, sans parler
d’une parenté imaginaire entre les hommes, des racines communes ancrées dans le sang, le sol, l’ethnie.
Cette nouvelle morale politique visait à écarter les paysans et les travailleurs de la tentation de briser, au nom de
la fraternité universelle, les hiérarchies sociales et les frontières politiques. Elle visait à s’assurer de leur loyauté
vis-à-vis des élites traditionnelles.
Anarchistes et Bolchéviques
Le combat titanesque du XXe siècle, qui a opposé fascisme et communisme, fait partie de cet héritage. Il est bien
trop tôt pour dire quel sera l’héritage ultime de l’échec du printemps arabe.
La rivalité actuelle entre Al-Qaïda et l’EI fait écho à celui qui a opposé les anarchistes et les bolchéviques. Le
mouvement anarchiste, qui a pris son essor en Russie dans les années 1870, en opposition avec le pouvoir de
l’Etat et du capital, s’est diffusé en Europe et jusqu'aux Etats-Unis. Entre 1881 et 1900, des assassins étroitement
liés au mouvement anarchiste ont tué le tsar de Russie, le Président français [Sadi Carnot, NDLR], le Premier
ministre espagnol, le roi d’Italie et l’impératrice d’Autriche, et en septembre 1901, l’anarchiste Leon Czolgosz a
assassiné le président américain William McKinley.
Les grandes puissances considéraient alors que l’anarchisme représentait la menace principale pesant sur l’ordre
politique et économique et sur la stabilité interne. Face aux attaques anarchistes répétées, perpétrées contre les
Parisiens dans les cafés bourgeois ou les théâtres, les responsables français et la presse populaire appelaient les
Français à "rester vigilants" et "unis" pour combattre un fléau qui menaçait la civilisation elle-même. Les
conséquences politiques (et en grande partie sociales et économiques) de cette première vague de la terreur
moderne sont très comparables avec celles qui ont suivi les attentats du 11 septembre. Teddy Roosevelt a fait de la
défaite de l’anarchisme la mission numéro un de son gouvernement :
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Comparée à l’éradication de l’anarchie, toute autre question est insignifiante. L’anarchiste est
l’ennemi de l’humanité, l’ennemi du genre humain ; et il atteint un degré de criminalité plus
élevé que tout autre".
Mais Roosevelt n’a pas restreint le combat contre le terrorisme aux seuls anarchistes. Il a élargi la guerre contre
l’anarchie, se donnant pour mission impériale d’intervenir dans n’importe quel pays du monde entier afin de le
défendre contre une puissance maléfique étrangère ou pour le protéger du chaos.
"L’injustice chronique ou l’impuissance qui résulte d’un relâchement général des règles de la société civilisée peut
exiger, en fin de compte, en Amérique ou ailleurs, l’intervention d’une nation civilisée et [...] peut forcer les États-
Unis, à contrecœur cependant, dans des cas flagrants d’injustice et d’impuissance, à exercer un pouvoir de police
internationale".
La guerre contre l'anarchie et la terreur a ainsi servi de prétexte pour la répression brutale d'une insurrection
ethnique musulmane (la rébellion Moro (https://en.wikipedia.org/wiki/Moro_Rebellion)) contre la
domination des États-Unis aux Philippines…
En dépit de la croyance politique et populaire, aucun "comité central anarchiste" n’a vraiment existé. Comme Al-
Qaïda, le mouvement anarchiste était largement décentralisé, composé de militants conduits par des gens bien
éduqués et bien portants (de fait, depuis le mouvement anarchiste, les révolutions ont été initiées par des kyrielles
d’étudiants en médecine, médecins, ingénieurs, et maintenant ingénieurs informatiques, experts dans l’art de
mettre en oeuvre, concrètement, des projets et de s’engager dans des actions en sachant que la récompense de
celle-ci sera décalée dans le temps).
Ce qui a finit par tuer le mouvement anarchiste, en tant que force géopolitique, ce fut l’apparition des
Bolchéviques qui, eux, savaient bien mieux gérer une ambition politique, sur le plan opérationnel, militaire et
territorial. Et qui étaient, globalement, bien plus brutaux.
Une série d’interviews récentes avec des combattants de Jabhat al-Nosra, basés dans les régions syriennes d’Alep
et de Dara, montre clairement que l’EI est en train de manger Al-Qaïda de la même manière que les Bolchéviques
avaient absorbé et pratiquement annihilé les anarchistes. Même les combattants de Nosra partagent ce sentiment,
concédant que Daech est mieux dirigé, organisé, approvisionné, enraciné dans un territoire et qu’il hésite moins
quand il s’agit de passer à l’action violente. Constat amer d’un combattant de al-Nosra :
Daech nous a pris notre pouvoir, nos ressources financières, leurs médias sont plus
puissants… Nous sommes comme un poisson sorti hors de l’eau".
Nazisme et Etat islamique
Les opposants au Parti national-socialiste des travailleurs allemands (ou NSDAP) arguaient que les Nazis
n'étaient "ni un parti de travailleurs, ni un parti socialiste". Aujourd'hui, on répète inlassablement que l’Etat
islamique n'est "ni un Etat, ni islamique" et que nous entrons dans son jeu lorsque nous utilisons l’expression
"Etat islamique". En réalité, c’est l’inverse qui est vrai : croire qu’on puisse le délégitimer en refusant de l’appeler
"Etat islamique" est un contresens. Quel que soit le nom qu’on lui donne, une rose est ce qu’elle est, de même
qu’un national-socialiste.
Il existe une connexion plus profonde entre le mouvement nazi et l’Etat islamique, que j’avais déjà notée
(http://artisresearch.com/wp content/uploads/2014/10/Satran Cerveau Psycho oct nov
2014.pdf) il y a quelque temps. George Orwell, dans sa critique de "Mein Kampf" précitée
(http://boingboing.net/2014/08/17/orwells review of mein kampf.html), avait décrit ainsi l’essence
du problème :
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Hitler sait que les êtres humains ne désirent pas seulement le confort, la sécurité, moins
d’heures de travail et une meilleure santé… et en général du bon sens ; ils veulent aussi, au
moins de façon intermittente, du combat et du sacrifice."
"Alors que le socialisme et même le capitalisme – plus à contrecœur – ont dit aux gens : 'Je vous offre du bon
temps', Hitler leur a dit : 'Je vous offre la lutte, le danger et la mort' et le résultat a été qu’une nation entière se jeta
à ses pieds."
A effectif égal, l’armée allemande surpassait toutes les armées alliées. Dans la doctrine militaire classique, une
perte d'environ 30%, dans une unité de combat, conduit généralement à une complète désorganisation de celle-ci.
Quand ce degré de destruction est confirmé, l'armée victorieuse a intérêt à changer de cible (ce fut,
fondamentalement, la façon dont l'armée israélienne a mené la guerre des Six-Jours en 1967). Mais les unités
allemandes, elles, pouvaient subir des pertes de plus de 50% et voir leurs combattants continuer à se battre
vaillamment, souvent en sachant qu’ils allaient mourir, pour défendre une cause en laquelle ils croyaient
passionnément, aussi horrible cette cause soit-elle.
Des études socio psychologiques (http://escholarship.org/uc/item/6n09f7gr) réalisées après la guerre
montrent que le soldat allemand croyait à ce qu’il faisait, et se battait à la fois pour une cause et pour ses
camarades ; mais rien ne démontre en revanche que dans les rangs alliés, les soldats se battaient pour la défense
de la démocratie ou du communisme, en dépit de ce que la propagande hollywoodienne ou soviétique a pu
montrer. Seule la puissance de feu massive américaine et les effectifs massifs soviétiques (plus de 20 millions
d’hommes envoyés à la mort) ont eu raison de l’armée allemande. Peut-être en finira-t-on de cette façon avec
l’Etat islamique. En attendant, les moyens déployés pour casser cette dynamique révolutionnaire semblent faibles,
et ce que les Etats-Unis vantent avec grandiloquence comme une "coalition anti EI"
(https://medium.com/@WhiteHouse/president obama addresses the nation on keeping the
american people safe b4cfa8a0f143#.2hrh3fy8o) semble une toute petite chose, fragile, composée de
membres toujours prêts à poignarder le dos d’autres.
Abnégation à une cause,  fusion au sein d’un groupe
Bien sûr, "les guerres se gagnent dans le monde matériel", constate Berger dans "The Atlantic" ; mais une
adhésion spirituelle à la cause et aux camarades fournit un grand avantage, toutes choses égales par ailleurs.
Comme l’historien du 14e siècle Ibn Khaldun l’avait déjà noté, en comparant les dynasties musulmanes en Afrique
du Nord à d’autres puissances militaires de même ampleur, ce qui fait le succès des unes ou les autres "tient à la
religion" et "à la cohésion du groupe ('asabiyyah') [dans laquelle] les désirs individuels s’unissent pour entrer en
harmonie [de telle sorte que] fleurisse la coopération et le soutien mutuel".
Dans des remarques prononcées en 2014, le président américain Barack Obama a appuyé par ces mots
(https://www.washingtonpost.com/world/national security/obama us underestimated the rise
of the islamic state ability of iraqi army/2014/09/28/9417ab26 4737 11e4 891d
713f052086a0_story.html) le jugement (https://www.washingtonpost.com/world/national
security/obama us underestimated the rise of the islamic state ability of iraqi
army/2014/09/28/9417ab26 4737 11e4 891d 713f052086a0_story.html) de son Directeur du
Renseignement national :
Nous avons sous estimé le Viet Cong… Nous avons sous estimé l’EI et nous avons surestimé
la capacité de l’armée irakienne… Tout tient en fait à la volonté de se battre, ce qui est
impossible à prévoir".
Nos recherches suggèrent l’inverse : il est parfaitement possible de prédire, scientifiquement, qui a la volonté de
se battre et qui ne l’a pas, et pourquoi. Ainsi, à partir de nos récentes interviews et expérimentations
psychologiques, menées sur les lignes de front tenues par les combattants kurdes des Peshmergas et du PKK
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2/2/2016 L'Etat islamique est une révolution, par Scott Atran - L'Obs
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[Parti kurde des travailleurs, NDLR], avec des combattants de l’EI capturés, ainsi qu’avec des combattants de al-
Nosra en Syrie, nous avons une bonne indication initiale de la volonté de se battre. Deux facteurs principaux
interagissent pour prédire la propension à faire des sacrifices coûteux (la prison, la mort, la souffrance des
familles…).
Le premier facteur est l’abnégation d’un groupe, qui poursuit une cause sacrée, par rapport à son ennemi. Ce peut
être mesuré à travers des expérimentations comportementales et suivi par l’imagerie neuronale, afin de faire
ressortir quatre éléments :
Le mépris des offres et incitations matérielles, que ce soit des carottes (propositions financières en échange
d’une trahison de la cause) ou des bâtons (punitions pour défendre la cause). Ces méthodes ne fonctionnent
pas et sont même parfois contre-productives.
L’incapacité d’imaginer des stratégies pour se sortir de leur situation (peu importe la façon dont ils pourraient
être raisonnables) : ces personnes ne peuvent concevoir la possibilité d’abandonner leurs valeurs sacrées ou
faire preuve de plus de flexibilité sur leur engagement à la cause.
L’imperméabilité à la pression sociale (les valeurs sacrées ne sont pas de simples normes) : ces personnes se
moquent de savoir combien de gens s’opposent à leurs valeurs sacrées, où si vous êtes proches d’eux ou pas sur
d’autres sujets.
Insensibilité à "l’actualisation" (l’éloignement/la proximité) : dans la plupart des affaires de la vie quotidienne,
plus une question ou un objet est proche (dans le temps ou l’espace), plus elle a d’importance. Mais sur les
sujets liées aux valeurs sacrées, cette loi ne s’applique pas : ils ont la plus haute importance, quel que soit leur
éloignement dans le temps et dans l’espace.
Le second facteur, pour prédire la volonté de se battre, est le degré de symbiose avec ses camarades.
Imaginez deux cercles : l’un représente "moi", l’autre, plus large, "le groupe". Dans une expérimentation, nous
avons demandé à des participants de considérer cinq dispositions possibles :
Dans le premier "moi" et "le groupe" ne se touchent pas ;
dans le second, ils se touchent ;
dans le troisième, ils se superposent un peu ;
dans le quatrième, ils se superposent à moitié ;
dans le cinquième le cercle "moi" est disposé à l’intérieur du cercle "le groupe".
Les gens qui choisissent la cinquième disposition affichent des comportements et une façon de penser
radicalement différente de ceux qui optent pour n’importe quelle autre disposition. Ils vivent ce que les
psychologues sociaux appellent la "fusion d’identité", mêlant leur propre identité ("ce que je suis") à une identité
collective ("ce que nous sommes"). Une telle fusion totale
(http://escholarship.org/uc/item/6n09f7gr#page 2) conduit à la sensation d’invincibilité collective et à la
volonté de chacun des individus du groupe de se sacrifier pour chacun des autres membres du groupe.
Il n’y a que parmi les Kurdes que nous avons trouvé
(http://www.nytimes.com/2015/03/16/opinion/the kurds heroic stand against isis.html?
_r=0) un tel engagement au service d’une cause sacrée - en l’occurrence celle de la "Kurdéïté" (c’est leur terme) -
et une telle fusion avec les autres combattants.
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Combattants locaux et combattants étrangers
Il existe également un lien entre la volonté de combattre et de se sacrifier et le sentiment de surpuissance
physique sur le champ de bataille et, plus important, le sentiment de force spirituelle.
Mon groupe de recherche a découvert que les combattants de al-Nosra considèrent l’Iran (nom sous lequel ils
désignent aussi le Hezbollah) comme le plus formidable ennemi en Syrie, à la fois en termes de force physique et
spirituelle, mais ils considèrent que l’EI les rattrape sur les deux tableaux. Ces combattants d’Al-Qaïda jugent que
les Américains sont moyennement impressionnants et que les armées syrienne et irakienne sont relativement
faibles physiquement et sans aucune force spirituelle, et qu’elles sont donc un ennemi sans grande importance sur
le long terme.
Pour être précis, tous ceux qui combattent dans les rangs de l’Etat islamique ne sont pas des dévots. Quand nous
avons demandé à des combattants de l’EI prisonniers en irak : "Qu’est-ce que l’islam ?", ils répondaient : "Ma vie".
Mais ils avaient très peu de connaissances sur le Coran ou les hadiths et aucune sur l’histoire de l’islam. Leur sens
religieux était intégré à leur vision du Califat, qui tue ou soumet tout infidèle ; mais leur conversion n’était pas
complète. Pour éviter une exécution par les Kurdes, la plupart étaient prêts à se rétracter.  
Dans une conversation surprise par un talkie-walkie kurde, un combattant avec un accent local appelait à l’aide :
"Mon frère a été tué, je suis encerclé. Aidez-moi à emporter son corps !" La réponse : "Parfait, tu iras bientôt au
paradis." Le combattant : "Venez me chercher. Le paradis, je n’en veux pas". L’EI exécute ceux qui reculent et ceux
qui essaient de fuir son territoire.
Localement, le soutien proposé par l’EI peut être soumis à des conditions, mais pas ses exigences.  Les
combattants de l’Etat islamique peuvent dire à un cheikh local : "Donne-nous vingt jeunes gens ou nous pillons
ton village". A un père ayant trois fils, ils diront : "Donnes-en nous un ou nous prendrons ta fille, comme fiancée
de nos hommes". En mars dernier, nous avons appris qu’une adolescente de 15 ans avait été "mariée" et
"divorcée" quinze fois pendant la même nuit passée avec une troupe de combattants de l’EI (selon certaines
interprétations de la Charia, il suffit pour divorcer de répéter "Je divorce" trois fois, ce qui permet facilement de
faire passer le viol pour un "mariage").
Face à une telle brutalité, les partisans hésitants de l’Etat islamique peuvent être tentés de rejoindre une force
arabe sunnite, alliée aux kurdes. Par contraste, les combattants étrangers restent droits dans leur bottes, quoi qu’il
arrive. Comme le dit le chef de la police de Kirkouk :
Les combattants étrangers sont les plus dangereux et ceux qui ont le moins peur. Ils se battent
pour gagner et ils se battent pour mourir. Ils croient à ce qu’ils font et ne se rendent pas".
Un combattant de 25 ans de al-Nosra, qui avait d’abord rejoint l’EI mais qui s’était lassé de "faire exploser des
civils innocents", confirme les propos du chef de la police kurde sur les volontaires étrangers qui désirent plus que
tout le combat et le sacrifice  :
Ado, je voulais juste jouer au foot et aux jeux vidéos. Je lisais des romans. En y repensant, il
semble que mon esprit était trop occupé et distrait par des sujets conventionnels : étudier,
avoir un bon métier, se faire des amis, s’amuser, fonder une famille. Le concept de djihad était
un truc effrayant à cette époque, quelque chose qui évoquait le sacrifice, les épreuves, la voie
sans retour. Puis je fus informé sur la notion de martyr (Shuhada)... Immédiatement , mon
esprit a chassé l’image de deux armées s’affrontant sur un terrain plane et ouvert. Des
guerriers brandissant leurs épées et chevauchant sur de magnifiques chevaux, mon esprit
était envahi d’images de combats pour Allah et de martyr. Je n’avais jamais vraiment regardé
la propagande djihadiste en ligne et j’étais si impatient d’aller en Syrie avec deux frères, qui
venaient de Grande Bretagne, pour débarrasser la société de ses nombreux vices et faire en
sorte que la terre retrouve un état de pureté, où régnerait la loi de Dieu, surpassant tout le reste
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sorte que la terre retrouve un état de pureté, où régnerait la loi de Dieu, surpassant tout le reste
; j’étais jaloux des frères qui avaient été tués dans la lutte pour ouvrir la voie d'Allah."
Le manuel de l’Etat islamique
La stratégie de base utilisée par l'État islamique pour attirer ses partisans et déstabiliser ses adversaires ne fait
guère mystère, même si rares sont les responsables politiques ou leurs conseillers qui semblent s’y intéresser. Son
manifeste pour l'action, un vademecum distribué aux émirs de l'Etat islamique (responsables religieux, politiques
et militaires), décrit la gestion de la sauvagerie et du chaos. Il a été rédigé il y a plus d'une décennie, sous le
pseudonyme d'Abou Bakr Naji, pour la branche mésopotamienne d'Al-Qaïda, qui allait devenir l’EI. Les récents
massacres à Paris, Ankara, Beyrouth ou Bamako correspondent exactement à certains des axiomes du livre.
Frapper les cibles faciles : "Diversifier et élargir les frappes perturbatrices contre l’ennemi croisé-sioniste en
tous lieux du monde musulman, et même en dehors si possible, afin de disperser les efforts de l’alliance
ennemie et ainsi l’épuiser au maximum".
Frapper quand les victimes potentielles ont baissé la garde afin de maximiser la peur dans les populations et
affaiblir leurs économies : "Si une station touristique où se rendent les croisés… est frappée, toutes les stations
touristiques dans tous les États du monde devront être protégées par l’envoi de renforts armés, deux fois plus
importants qu’en temps normal, et par une énorme hausse des dépenses."
Canaliser la propension à se rebeller de la jeunesse, leur énergie et leur idéalisme et leur aspiration au sacrifice,
pendant que les imbéciles les incitent à la modération et les détournent du risque : "Inciter des groupes issus
des masses à partir vers les régions dont nous avons le contrôle, en particulier les jeunes… [car] les jeunes
d’une nation sont plus proches de la nature innée [de l’homme] du fait de la rébellion qui est en eux et que les
groupes musulmans inertes [ne cherchent qu’à réprimer].
Entraîner l’Occident aussi profondément et activement que possible dans le bourbier de la guerre : "Dévoilez la
faiblesse du pouvoir centralisé de l’Amérique en poussant ce pays à renoncer à la guerre psychologique
médiatique et à la guerre par personne interposée, jusqu’à ce qu’ils se battent directement." Idem pour les
alliés de l’Amérique.
"L’extinction de la zone grise"
"L’extinction de la zone grise" est un article de 12 pages publié au début de l’année 2015 par le magazine en ligne
de Daech, "Dabiq". Il décrit la zone qu’occupent par la plupart des musulmans, entre lumière et obscurité, entre le
bien et le mal, autrement dit, entre le califat et le monde des infidèles, une zone que "les saintes opérations du 11
septembre" ont mis en évidence.
L’article cite Oussama Ben Laden, dont l’EI est le véritable héritier. "Le monde est aujourd'hui divisé en deux.
Bush avait raison de dire : 'soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes', même si les vrais terroristes
sont les croisés occidentaux. L’heure est maintenant arrivée de produire un nouvel événement propre à diviser le
monde et à détruire la zone grise".  
Cet événement a pris la forme des attentats du 13 novembre à Paris visant à créer le chaos en Europe, de même
que les attaques en Turquie et au Liban avaient pour but d’introduire plus de sauvagerie et de chaos au Moyen-
Orient.
L’accueil généreux de réfugiés syriens représenterait une réponse efficace à cette stratégie ; à l’inverse, le rejet
général des réfugiés est une réponse perdante. Nous aurions intérêt à célébrer la diversité et la tolérance dans
la "zone grise" ; mais la tendance générale en Europe, parmi l’élite politique comme dans la population, est de
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s’entendre pour la détruire.
En Europe, la montée de l’islam radical a coïncidé avec une poussée des mouvements xénophobes et nationalistes.
Les deux phénomènes participent partiellement du faible taux de natalité en Europe (1,6 enfant par couple), ce
qui crée un besoin d’immigration afin de maintenir une force de travail et un bon niveau de vie pour la classe
moyenne, pilier de toute démocratie libérale. A une époque où l’immigration n’a jamais été aussi mal tolérée, on
n’a jamais eu tant besoin d’immigrés.  
Dans les régions que l’EI contrôle, ou celles qui leur sont adjacentes, les populations ne soutiennent ni l’EI, ni
l’occident (et maintenant la Russie). Ce ne sont pas des fanatiques ou des guerriers, et elles ne tiennent pas
mourir en martyres. l’EI sait cela, et pousse ses ennemis à attaquer la population des centres urbains qu'elle
contrôle. Il y a de toute façon très peu d’infrastructures à cibler : le régime est semi-nomade, sans frontière fixe, et
l’EI déplace sans cesse son matériel militaire très mobile et ses troupes.
Ce sont donc surtout les populations locales qui souffrent. Beaucoup de gens, s’ils avaient pu en avoir l’occasion,
auraient fui à la fois l’EI et les bombes de ses ennemis, mais ils sont coincés et ils dépendent, pour leur protection,
de la bannière noire. Au moindre signe indiquant qu’ils puissent être dans la "zone grise", ils sont punis de mort.
Mais l'histoire montre que les bombardements aériens durcissent l’opinion des populations contre les pays qui
bombardent, quel que soit le régime général dans lequel ils vivent.
En Syrie et dans une grande partie de l’Irak, il n’y a presque plus de "zone grise", surtout pour une jeunesse
arrachée à ses foyers soit pour être enrôlée de force dans tel ou tel groupe de combattants, soit pour se
transformer en réfugié et s’exiler vers les limbes.
Illusions sur la mort prochaine de l’EI
En Occident, la perspective d’une la mort imminente de l’EI a été survendue. L’EI, a-t-on expliqué, est destiné à
tomber de lui même, en partie parce qu’il règne sur "une nation désespérément pauvre cherchant à se battre sur
trois fronts" et en partie parce qu’il a une "approche idéologique nocive de la gouvernance", pour reprendre les
mots de deux universitaires, dans un article publié par "Politico
(http://www.politico.com/magazine/story/2015/11/why isil will fail on its own 213401)".
A l’appui de leur démonstration, les auteurs, Eli Berman économiste à l’Université de Californie (San Diego) et
Jacob Shapiro, politiste à l’Université de Princeton, évoquent la destinée maudite de l’Etat du Zimbabwe et
l’effondrement de l’Union soviétique.  
Mais les précédents historiques et ce que l’on peut constater aujourd’hui sur le terrain ne plaident pas en faveur
de leur analyse. La pauvreté, les guerres sur plusieurs fronts, les idéologies extrêmes et dogmatiques peuvent
aussi conduire au triomphe d’une révolution, ou au moins à sa grande résistance, comme la Révolution française
ou la République islamique d’Iran en ont donné l’exemple. Les deux auteurs n’ont peut-être pas tort de dire que
l’EI est au djihadisme ce que l’URSS était au communisme, mais avant que les contradictions internes à l’Etat
islamique ne le mène aux "poubelles de l’histoire", des flots de douleur peuvent couler sous les ponts... Et avant
que la flamme révolutionnaire ne s’éteigne, elle peut faire bien des dégâts sur son passage et bouleverser non
seulement la région, mais une bonne partie du monde.
Les attaques du 11 septembre ont coûté, pour les exécuter, entre 400.000 et 500.000 dollars, alors que la réponse
sécuritaire et militaire organisée par les seuls Etats-Unis a coûté 10 millions de fois ce montant. Selon un strict
calcul coût/bénéfice, ces attentats ont donc été couronnés de succès, au-delà de tout ce que pouvait espérer Ben
Laden. On a là une idée de la l’importance que peut prendre la guerre asymétrique de type jujitsu. Qui peut
prétendre que nous sommes dans une meilleure situation qu'avant le 11 septembre, ou que le danger mondial a
baissé ? Rien que cet exemple devrait nous pousser à changer radicalement d’approche, dans notre réponse aux
attaques de l’EI. En fait, de même que selon la définition proverbiale, "la folie, c’est de répéter les mêmes erreurs
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et espérer des résultats différents", notre camp continue de se concentrer presque exclusivement sur la sécurité et
les réponses militaires. Certaines de ces réponses se sont avérées d’emblée complètement inefficaces, comme
celles qui s’appuyaient sur les armées irakienne et afghane ou l’Armée syrienne libre.
Par contraste, nous accordons bien trop peu d’attention aux questions psychologiques et sociales.
70.000 comptes Twitter et Facebook
Je ne suggère pas que nous pourrions résoudre les problèmes en offrant de meilleurs jobs aux djihadistes
potentiels. Un rapport de la Banque mondiale, qui n’a pas été publié de peur de provoquer le mécontentement des
gouvernements clients, montre qu’il n’existe aucune corrélation significative entre le nombre d’emplois offerts et
la réduction de la violence. Si les gens sont prêts à sacrifier leur vie, il y a peu de chances que le fait de leur
proposer des avantages matériels les freinera.
En revanche, nous devons répondre à leurs besoins psychologiques et à leurs aspirations.
Exemple de la façon dont nous échouons : le Département d'État américain continue, sans les cibler, à poster des
tweets anti-EI à travers une campagne inefficace "Think Again, Turn Away" ("Réfléchissez, n’y allez pas"). Que
l’on compare maintenant ces méthodes à celles de l’EI, dont les militants peuvent consacrer des centaines
d’heures à enrôler un seul individu. A travers ses réseaux sociaux, l’Etat Islamique apprend comment les
frustrations personnelles et les ressentiments peuvent s’inscrire dans le thème universel de la persécution contre
des musulmans, puis traduire cette colère et ces insatisfactions en scandale moral. Certains estiment
(http://www.brookings.edu/~/media/research/files/papers/2015/10/combating isis propaganda
fernandez/is propaganda_web_english_v2.pdf) que l’Etat islamique a ouvert 70.000 comptes Twitter et
Facebook, avec des centaines de milliers de followers, et qu’il envoie environ 90.000 posts chaque jour. L’EI
accorde également une attention soutenue aux chansons de variété, aux clips vidéo, aux films d’action et aux
émissions de télévision les plus populaires chez les jeunes et il les utilise pour ciseler ses propres messages.
De son côté, le gouvernement américain a très peu d’agents chargés de discuter avec les jeunes avant qu’ils ne
deviennent des problèmes. Le FBI est pressé de sortir du sale boulot que représente la prévention et il préfère s’en
tenir aux enquêtes criminelles. "Personne ne veut se charger de tout cela", nous a dit un groupe d’agents du US
National Counterterrorism Center.
Et ceux qui s’occupent de "diplomatie publique" ne comprennent pas combien leurs classiques appels à la
"modération" tombent à plat, car ils s’adressent à des jeunes gens agités, idéalistes, assoiffés d’aventure, de gloire
et de sens. Comme nous le disait un imam et ancien compagnon de l'Etat islamique, en Jordanie :
Il ne fallait pas sermonner les jeunes qui venaient vers nous comme s’il s’agissait d’enfants
écervelés. Ce sont généralement des jeunes capables de réflexion et de compassion, mais qui
sont mal guidés. Nous devons leur délivrer un meilleur message, mais un message positif,
capable de tenir la concurrence. A défaut de quoi, on perdra ces jeunes, qui tomberont chez
Daech".
Les approches locales, initiées par des gens sur le terrain, ont de bien meilleures chances d’écarter ces jeunes du
chemin les menant vers l’EI. Les United Network of Young Peacebuilders (http://unoy.org/) par
exemple, ont eu des résultats remarquables lorsqu'il s’agissait de convaincre de jeunes talibans au Pakistan que
leurs ennemis pouvaient être des amis, et d’encourager ceux qui étaient convaincus à en convaincre d’autres.
Le silence des intellectuels
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Ces initiatives sont insuffisantes pour faire concurrence aux actions ambitieuses engagées par l’Etat islamique, en

direction des jeunes de 90 nations, et qui visent presque tous les domaines de leur vie. Les succès de ces ONG

doivent être partagés avec le gouvernement, qui doit en faciliter le bouillonnement. A ce stade, aucune initiative

de ce type n’est engagée et les jeunes ayant de bonnes idées disposent de très peu de canaux pour les développer.

Même si de bonnes idées, issues de la jeunesse, parviennent à émerger et à obtenir un soutien institutionnel pour

leur mise en oeuvre, cela ne suffit pas : elles ont besoin d’un relais intellectuel, afin de s’imposer dans le public.

Mais où sont les intellectuels qui sont prêts à jouer ce rôle ? Des responsables musulmans que j’ai interrogés, tout

autour du monde, font des présentations PowerPoint pour broder sur "l’importance de l’idéologie, des

ressentiments, et de la dynamique de groupe", autant de notions imaginées par des "experts en terrorisme" et des

think-tanks occidentaux. Quand je leur demande"Quelles idées viennent de votre propre peuple ?", j’ai droit à des

réponses pleines de candeur comme celle qu’on m’a faite récemment à Singapour : "Nous n’avons pas beaucoup

de nouvelles idées et nous n’arrivons pas à nous entendre sur celles que nous avons". 

Où sont, au sein de la génération actuelle ou à venir, les intellectuels qui pourraient avoir un impact sur nos

principes moraux, nos motivations, et sur les actions de la société qui permettraient de sortir du bourbier ? Dans

le monde universitaire et de la recherche, quelques-uns sont certes prêts à s’engager, mais ils ruinent leur

légitimité de façon irresponsable, en laissant le champ du pouvoir entièrement à ceux qu’ils critiquent. En

conséquence de quoi, les politiciens ne leur accordent qu’une très faible attention, et le public s’en détourne.

Par exemple, juste après les attaques du 11-septembre, beaucoup de chercheurs dans mon champ, l’anthropologie,

ont passé leur temps à faire la critique de l’empire : est-ce que les Etats-Unis sont un empire classique ou un

"empire light" ? On peut considérer que c’était un exercice académique intéressant, et peut-être une réflexion utile

sur le long terme, mais il était très peu utile dans le contexte d’un pays qui s’engageait à marche forcée vers une

guerre sans limite, avec son inévitable cortège d’angoisses et de souffrances.

L’intervention, dans le champ politique, d’intellectuels responsables était autrefois une part vibrante de notre vie

publique. Pas pour promouvoir une action "certaine claire et forte", comme l’avait écrit Martin Heidegger en

soutien de Hitler, mais pour imaginer des voies et des scénarios raisonnables, dignes d’examen. Aujourd’hui, ce

champ a été abandonné à des prêcheurs manichéens et des bloggeurs, animateurs radio et autres apôtres

télévisuels. Ces gens font rarement le travail en profondeur auquel les intellectuels devraient se consacrer.

"L’intellectuel, écrivait Raymond Aron il y a 60 ans, s'efforce de n'oublier jamais ni les arguments de l'adversaire,

ni l'incertitude de l'avenir, ni les torts de ses amis, ni la fraternité secrète des combattants".

Les civilisations s’élèvent et s’effondrent selon la vitalité de leurs idéaux culturels, pas seulement selon le poids de

leurs actifs matériels.

L’Histoire nous apprend que la plupart des sociétés cultivent des valeurs sacrées pour lesquelles leurs peuples

sont prêts à se battre passionnément, à risquer des pertes sérieuses et même la mort, sans faire de compromis.

Notre recherche suggère qu’il en est souvent ainsi pour ceux qui se joignent à l’EI, et pour de nombreux Kurdes

qui s’opposent à lui sur les lignes de front. Mais jusqu'à présent, nous ne trouvons aucune volonté comparable

chez la majorité des jeunes dans les démocraties occidentales. Avec la défaite du fascisme et du communisme, la

recherche de confort et de sécurité ne semble pas suffire à combler leur vie. Suffit-elle à assurer la survie - à défaut

du triomphe - des valeurs que nous pensons acquises, et sur lesquelles nous avons la conviction que le monde est

fondé ? Plus que la menace que font peser les djihadistes, ces questions représentent le principal problème

existentiel de nos sociétés ouvertes. 

TraduitparPascalRiché

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Ne pas oublier pour ne citer que cet exemple qu'en A-stan dans les années 90 les talibans en général et les hommes du mollah Omar en particuliers étaient plébiscités par des populations exaspérées par les exactions et les pratiques mafieuses de barons pachtounes locaux vétérans de la guerre contre les soviétiques.

 

On remplace souvent la peste par le choléra ...

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Il y a 3 heures, pascal a dit :

Ne pas oublier pour ne citer que cet exemple qu'en A-stan dans les années 90 les talibans en général et les hommes du mollah Omar en particuliers étaient plébiscités par des populations exaspérées par les exactions et les pratiques mafieuses de barons pachtounes locaux vétérans de la guerre contre les soviétiques.

 

On remplace souvent la peste par le choléra ...

En fait, vu que Daesh ou tout autre groupe se dit "Religieux" alors les gens ont tendance à les croire et à penser que ses gens là vont éliminer par exemple la corruption ou l'injustice (les plus grands les fléaux de ses sociétés) car c'est contraire à la religion, c'est la cas en Syrie avec la famille Assad, en Lybie avec la famille Gaddafi, en Egypte avec Mubarak, en Tunisie avec la famille Ben Ali, au Liban avec les barons de la guerre civile, etc.. Ils se rendent trop tard que ses gens là sont une plus grande merde que celle d'avant et là c'est déjà fini.

Derrière, il y'a deux possibilités : 

  • Se battre comme certains mais risquer la destruction du pays
  • Accepter comme d'autres la situation

 

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Il y a 12 heures, g4lly a dit :

Brillant.

"Ma vie" : C’est beaucoup trop subtil pour nos masses dans des sociétés constamment anxiogènes et des élites politiques au pire débiles - la majorité des cas - au mieux juste opportunistes sur le très court terme (Leur réélection)…

 

Citation

L’héritage très critiquable des frappes de drones d’Obama, selon le « Washington Post »

10 mai 2016

Il existe depuis longtemps des interrogations politiques, constitutionnelles et morales au sujet du programme de drones de l’administration Obama – interrogations sur lesquelles il a longtemps été difficile de répondre en raison du refus de l’administration Obama même de reconnaître l’existence du programme… jusqu’en 2013. Mais la présidence d’Obama arrivant à son terme, de nombreux détails ont été révélés par différents travaux et documents qui ont fuité sur la façon dont ce programme fonctionne.

Or, pour le Washington Post, ce programme montre une faillite complète. Bien que les drones peuvent être efficaces pour tuer des gens (même si ce ne sont pas toujours les cibles visées), on ne sait pas s’ils sont un outil efficace dans la guerre contre le terrorisme.

La politique d’Obama vis-à-vis des drones a conduit à une préférence pour tuer plutôt que capturer des terroristes. Les documents qui ont été révélés sur ce programme de frappes comprennent notamment une étude des services de renseignements américains qui a conclu que « les opérations d’éliminations réduisent de manière significative les renseignements disponibles que l’on peut tirer des détenus et des matériels capturés. » Et comme le général à la retraite Michael Flynn, ancien chef de la Defense Intelligence Agency, l’a déclaré l’année dernière, « lorsque vous larguez une bombe depuis un drone. . . vous provoquerez plus de dégâts que de bien », y compris (vous créerez) des terroristes plus radicalisés.

Ensuite, il y a les questions juridiques et constitutionnelles. Les documents divulgués montrent la facilité déconcertante avec laquelle un civil innocent – américain ou non – peut être ajouté à la principale base de données du gouvernement des Etats-Unis sur les terroristes. Dans un jugement au

tribunal en 2014, le gouvernement américain a admis que 469 000 personnes avaient été désignées en 2013 pour être incluses dans une base de données gouvernementale supplémentaire comme « terroristes connus ou présumés. » Mais que seulement 4 900 ont été rejetées de cette dite base …

En outre, il est clair, à partir des documents dévoilés, que la Maison Blanche a surestimé la prudence avec laquelle elle mène ses frappes de drones. En mai 2013, M. Obama a déclaré que les frappes seraient effectuées seulement contre ceux qui représentent une « menace permanente et imminente pour le peuple américain » et seulement s’il y avait des « quasi-certitude » qu’il n’y aurait pas de victimes civiles. Mais les documents montrent que, lorsque le président Obama approuve une frappe contre un individu, le Pentagone et la CIA (qui mènent les frappes) ont une fenêtre de tir de 60 jours pour agir. Or 60 jours ne correspondent pas à une définition d’une menace « imminente ». Et une étude du département de la défense montre que la norme pour les frappes de drones n’est en réalité pas « l’absence de victimes civiles », mais seulement qu’elle doit être un « faible » niveau de dommages collatéraux !

Près de huit ans après, la décision d’Obama d’étendre la guerre des drones, initiée par le président George W. Bush, a conduit à la mort de centaines de civils, selon le Bureau of Investigative Journalism, une expansion inquiétante du pouvoir présidentiel et un préjudice pour la capacité du pays à lutter contre le terrorisme.

Le pire est que ce programme sera probablement élargi par le successeur d’Obama, conclut le grand quotidien américain, quel qu’il soit. Ainsi la candidate démocrate, Hillary Clinton, a vigoureusement défendu le programme de drones quand elle était secrétaire d’Etat, et aussi pendant sa campagne. Compte tenu de son bellicisme et sa fermeté par rapport à Obama, il semble donc probable que le programme se développera encore si elle est élue. Avec les conséquences les plus nuisibles…

Le monde

 

Modifié par Gravity
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Le président Hollande annonce qu'il va renforcé les moyens dans la guerre contre DAESH en envoyant des conseillers militaire pour la reconquête de Mossoul il me semble .

Je ne sais pas si on avait déjà des yeux sur place pour faire du ciblage de cibles ,ou si ce ceux-ci étaient uniquement US .

Donc on risque de croiser des militaires français "identifié" d'ici quelques temps .

 

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Le 14/07/2016 à 14:29, Gibbs le Cajun a dit :

Le président Hollande annonce qu'il va renforcé les moyens dans la guerre contre DAESH en envoyant des conseillers militaire pour la reconquête de Mossoul il me semble .

Je ne sais pas si on avait déjà des yeux sur place pour faire du ciblage de cibles ,ou si ce ceux-ci étaient uniquement US .

Donc on risque de croiser des militaires français "identifié" d'ici quelques temps .

 

Avec le nombre de "conseillers" (FS, vrais conseillers?) envoyé par de nombreux pays, depuis 2 ans, ça doit commencer à faire du monde!

j'attendais une autre réponse de notre exécutif...

 

Notre gouvernement nous répète qu'on est en guerre....mais ils n'en donnent pas l'impression, quand on est vraiment en guerre, on s'en donne les moyens, et il n'est plus question de couts là ....

 

Ou alors, on se tait, et on ( nos gouvernants) arrêtent d'employer ce mot de "guerre".

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il y a 8 minutes, Philippe Top-Force a dit :

 

Certes, c'est du bon sens, mais si on se contente de s'attaquer aux elements de daesh sans s'attaquer a sa strategie, on ira pas loin dans sa destruction, par contre on continuera d'y courir apres, de pays en pays, sachant que c'est pas les etats fragiles qui manquent en Afrique, au MOPO ou en Asie. Je trouve que de facon assez flagrante, il nous manque des moyens de contre-proliferation de la propagande jihadiste, la strategie de daesh etant fortement basee sur des moyens de diffusion et de collecte de fonds qu'on ne se donne pas les moyens de couper, par exemple en inculpant des societes comme youtube, facebook &co quand ces sites sont clairement identifies pour avoir servi de canaux de commandement ou de financement pour les terroristes.

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il y a une heure, ogmios a dit :

Avec le nombre de "conseillers" (FS, vrais conseillers?) envoyé par de nombreux pays, depuis 2 ans, ça doit commencer à faire du monde!

j'attendais une autre réponse de notre exécutif...

 

Notre gouvernement nous répète qu'on est en guerre....mais ils n'en donnent pas l'impression, quand on est vraiment en guerre, on s'en donne les moyens, et il n'est plus question de couts là ....

 

Ou alors, on se tait, et on ( nos gouvernants) arrêtent d'employer ce mot de "guerre".

Je suis d'accord avec toi .

Nous avons envoyé des personnels non SF pour la formation des soldats irakien ,il y avait eu des photos de légionnaire sur la page FB opex de l'armée française .

 

Pour le reste Je pense qu'on devrait faire comme les US ,envoyé une batterie d'artillerie et une grosse section d'infanterie  de protection et tout ce qui va bien en observateur d'artillerie/JTAC  .

Sa aurait une grande visibilité en France et cela apporterait de la précision dans les opérations d'appui de l'armée irakienne .

 

http://www.marinecorpstimes.com/story/military/2016/06/03/us-marines-who-defended-iraqi-base-isis-set-return-home/85342120/

 

http://www.marinecorpstimes.com/story/military/2016/04/27/dunford-awards-purple-hearts-marines-injured-isis-rocket-attack-iraq/83592742/

 

http://www.marinecorpstimes.com/story/military/2016/04/04/isis-fighter-responsible-marines-death-iraq-killed-drone-strike/82611586/

 

Moi je pense que cela ,en complément des FS française ( qu'on pourrait retirer du Sahel ,vu qu'on a des GCP et GCM qui ont déjà monté des groupements pour le Sahel et qui ont était efficace ) on pourrait avoir un truc cohérent et graduelle , efficace ,visible .

 

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Il y a 1 heure, French Kiss a dit :

 par exemple en inculpant des societes comme youtube, facebook &co quand ces sites sont clairement identifies pour avoir servi de canaux de commandement ou de financement pour les terroristes.

Il faudra également mettre en place des systèmes de surveillance adéquate sur les jeux vidéos en ligne qui permettent à pas mal de gens mal intentionnés de discuter entre eux en toute légalité ...

Interdire les app de discussion codés sur iphone , etc ...

 

 

Modifié par reizzi
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il y a 36 minutes, reizzi a dit :

Il faudra également mettre en place des systèmes de surveillance adéquate sur les jeux vidéos en ligne qui permettent à pas mal de gens mal intentionnés de discuter entre eux en toute légalité ...

Là je suis d'accord.

il y a 36 minutes, reizzi a dit :

Interdire les app de discussion codés sur iphone , etc ...

Cela risque d'être compliqué. Il faudrait les interdire dans tous les pays. Or, ceux qui s'occupent de ces trucs-là sont en général américains ou en tout cas pas français. Ensuite, certes on pourrait à la rigueur le faire en France. Mais rien n'empêcherait de préparer les attentats depuis l'extérieur ou d'avoir son propre code et communiquer par messages quand même. 

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Je comprend d'ailleurs pas comment ( en parlant de réseaux sociaux) il peut y avoir autant de compte pro daech, ou sympathisant daech ou pseudo suiveur du conflit soit disant neutre mais en fait de gros extremistes sunnites se rejouissant d'attentats en Irak et relayant la propagande locale ( cette catégorie ferment plus sa gueule quand l'attentat a lieu en France, mais même pas pour certains), je parle de compte francophone.

Et je parle même pas des français de daech se trouvant en Syrie ou irak ( leur compte à eux sont effectivement censuré depuis on va dire 1 an, avant c'téait open bar ) mais de mecs qui postent le cul posé dans leur salon depuis la France et ce, depuis des mois...

 

Il suffit d'aller sur twitter, de farfouiller les comptes "neutres" parlant du conflit pour tomber sur des dizaines de compte de cet acabit.

 

Je sais bien que nos services les surveillent, mais visiblement, je parle pas là de mec apte à aller faire un attentat, juste des fanboy et autres suiveurs. Par contre ces mecs au calme déversent leur merde sur le net tranquillou et foutent surement de la merde dans la tête de faibles d'esprit...

 

Nos services doivent avoir les ip de cet chienlit, les identité, pourquoi ne pas organiser une vaste opération coup de poing à grande échelle, perquisition un peu viril, saisi du matériel informatique

 

Ses suiveurs fermeront peut être un peu leur gueule si la porte de chez eux ( ou la porte de chez  papa maman) est défoncé à 6h du mat, que leur piaule soit fouillé au saut du lit, que leur prof ou leur collègue de boulot, sachent que le mec qui fait profil bas se prend pour un cador de daech sur le net.

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3 minutes ago, ogmios said:

Nos services doivent avoir les ip de cet chienlit, les identité, pourquoi ne pas organiser une vaste opération coup de poing à grande échelle, perquisition un peu viril, saisi du matériel informatique

Pour quel objet? Délit de quoi?

De plus il est pas évident que les services de renseignement aient beaucoup de renseignement sur des webservices hébergés aux état unis. A supposé même que les teneurs des comptes les plus radicaux soit suffisamment bête pour ne pas masquer leurs traces.

Accessoirement il va être un peu délicat de s'en prendre a des soit disant sympathisant d'islamiste syrien quand la France soutien les islamistes syriens.

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il y a 54 minutes, ogmios a dit :

Je comprend d'ailleurs pas comment ( en parlant de réseaux sociaux) il peut y avoir autant de compte pro daech, ou sympathisant daech ou pseudo suiveur du conflit soit disant neutre mais en fait de gros extremistes sunnites se rejouissant d'attentats en Irak et relayant la propagande locale ( cette catégorie ferment plus sa gueule quand l'attentat a lieu en France, mais même pas pour certains), je parle de compte francophone.

Et je parle même pas des français de daech se trouvant en Syrie ou irak ( leur compte à eux sont effectivement censuré depuis on va dire 1 an, avant c'téait open bar ) mais de mecs qui postent le cul posé dans leur salon depuis la France et ce, depuis des mois...

 

Il suffit d'aller sur twitter, de farfouiller les comptes "neutres" parlant du conflit pour tomber sur des dizaines de compte de cet acabit.

 

Je sais bien que nos services les surveillent, mais visiblement, je parle pas là de mec apte à aller faire un attentat, juste des fanboy et autres suiveurs. Par contre ces mecs au calme déversent leur merde sur le net tranquillou et foutent surement de la merde dans la tête de faibles d'esprit...

 

Nos services doivent avoir les ip de cet chienlit, les identité, pourquoi ne pas organiser une vaste opération coup de poing à grande échelle, perquisition un peu viril, saisi du matériel informatique

 

Ses suiveurs fermeront peut être un peu leur gueule si la porte de chez eux ( ou la porte de chez  papa maman) est défoncé à 6h du mat, que leur piaule soit fouillé au saut du lit, que leur prof ou leur collègue de boulot, sachent que le mec qui fait profil bas se prend pour un cador de daech sur le net.

 

Ces réseaux sociaux sont hébergés aux USA et pense qu'il faut la cooperation des sociétés en question.  Mais ca tombe bien on répète beaucoup que les USA sont nos alliés.

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5 minutes ago, MontGros said:

Ces réseaux sociaux sont hébergés aux USA et pense qu'il faut la cooperation des sociétés en question.  Mais ca tombe bien on répète beaucoup que les USA sont nos alliés.

Aux USA il y a la liberté de culte et d'opinion ... donc quasiment tout ce qui est du blah blah sur internet tient de l'un ou de l'autre.

Accessoirement twitter et facebook ferme régulièrement des comptes "douteux". Les mêmes qui réouvrent 24h plus tard sous une autre "identité numérique".

Si les services de renseignement on du travail concernant ces "comptes" ... ce n'est pas de les fermer, mais au contraire de les infiltrer pour obtenir du rens' sur qui? comment? quand? dans quel but? etc. Les fermé c'est comme balancé une GBU sur un barbu ... ça n'apprend rien, ça perturbe a peine le système, ça ne fait que cacher la misère.

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il y a 3 minutes, g4lly a dit :

Aux USA il y a la liberté de culte et d'opinion ... donc quasiment tout ce qui est du blah blah sur internet tient de l'un ou de l'autre.

Accessoirement twitter et facebook ferme régulièrement des comptes "douteux". Les mêmes qui réouvrent 24h plus tard sous une autre "identité numérique".

C'est pas ce qu'expliquait devant la commission parlementaire Myriam Benraad. Elle disait que certain compte qui recueillait du pognon pour les djihadistes de façon ouverte n'était jamais fermé malgré des protestations récurrentes.

Modifié par nemo
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Just now, nemo said:

C'est pas ce qu'expliquait devant la commission parlementaire Myriam Benraad. Elle disait que certain compte qui recueillait du pognon pour les djiahadiste de façon ouverte n'était jamais fermé malgré des protestations récurrentes.

Depuis quand c'est interdit de récolter des fonds pour les "djihadistes" ?!

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