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Politique étrangère des USA


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https://www.lopinion.fr/edition/wsj/usa2020-future-politique-biden-vis-a-vis-chine-ressemble-etrangement-a-223472 (13 septembre 2020)

« Je pense qu’au sein du parti démocrate, tout le monde ou presque s’accorde à dire que le diagnostic de Trump sur les pratiques prédatrices de la Chine est pertinent », affirme Kurt Campbell, responsable pour l’Asie du département d’Etat sous la présidence Obama et désormais conseiller de Joe Biden.

Les conseillers du candidat démocrate expliquent qu’ils veulent poursuivre la campagne publique de soutien aux secteurs technologiques stratégiques (intelligence artificielle, informatique quantique et réseaux 5G notamment), qui entend réduire le pouvoir économique et l’influence de la Chine, ainsi que l’interdépendance.

Les droits de douane décrétés par Donald Trump pourraient eux aussi être pérennisés par l’administration Biden. Joe Biden a critiqué la guerre commerciale menée par son adversaire, la jugeant destructrice pour les Etats-Unis, mais son équipe de campagne a refusé de s’engager à supprimer les tarifs douaniers, indiquant simplement qu’ils seraient réévalués. Les démocrates du Congrès ont, eux, indiqué qu’ils feraient pression sur Joe Biden pour qu’il conserve certaines taxes afin de protéger les travailleurs américains.

De son côté, l’équipe de Donald Trump affirme que Joe Biden représente l’establishment qui a soutenu l’essor de la Chine et défendu un système de libre-échange que beaucoup d’Américains jugent aujourd’hui responsable de la fermeture des usines dans leur pays. En 2000, alors qu’il était sénateur, Joe Biden avait usé de son influence sur les questions de politique étrangère pour défendre le projet de Bill Clinton, qui souhaitait que la Chine entre à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

« Donald Trump n’a pas eu peur de remettre de l’ordre dans le bazar laissé par des politiciens de carrière comme Biden », a déclaré mercredi Jack Bergman, élu républicain du Michigan et soutien du président sortant. Pour lui, malgré son nouveau discours, le candidat démocrate a toujours la même vision des choses.

De fait, l’opposition frontale à la Chine est un changement de cap majeur pour Joe Biden et son équipe, dont une grande partie est issue de l’administration Obama. Une administration qui, pour beaucoup, s’est montrée trop conciliante vis-à-vis de Pékin et n’a pas compris assez vite le penchant nationaliste et autoritaire du président Xi Jinping.

« Il est dans notre intérêt que la Chine continue de prospérer », avait-il déclaré lors d’un voyage en Chine en 2011, une phrase qui revient souvent dans la campagne de Donald Trump. Les soutiens de Joe Biden affirment que Donald Trump a tenu des propos similaires pendant sa présidence.

Si l’administration Obama avait adopté au départ ce point de vue sur la Chine, c’est parce qu’elle pensait que Xi Jinping poursuivrait la libéralisation amorcée par ses prédécesseurs. Mais quand le Président chinois a durci le ton et décidé de revenir sur l’essentiel des avancées en la matière, l’opinion américaine a évolué.

Leurs équipes de campagne respectives ont réalisé des vidéos publicitaires de l’autre candidat rencontrant Xi Jinping. « Biden défend la Chine », affirme le clip de Donald Trump. « Trump est à la botte des Chinois », réplique celui de Joe Biden.

Dans un sondage réalisé cet été par le Pew Research Center, 73 % des Américains avaient une opinion défavorable de la Chine, tandis que seulement 22 % en avaient une opinion favorable. En 2011, 51 % des Américaines avaient une opinion positive et 36 % avaient une opinion négative.

S’il est élu, Joe Biden veut relancer la croissance avec une touche d’interventionnisme à la chinoise. Son ambitieux programme « Buy American » comprend notamment une augmentation des aides fédérales en faveur des entreprises américaines.

Aujourd’hui, l’équipe de campagne de Joe Biden estime que la réadhésion au TPP n’est pas une priorité.

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https://foreignpolicy.com/2020/08/27/biden-is-getting-ready-to-bury-neoliberalism/

Le modèle néolibéral convenait à une époque où l'économie américaine tirait de grands avantages de la mondialisation - ou du moins semblait le faire. Ce n'est plus le cas aujourd'hui : La mondialisation est désormais accusée d'accroître les inégalités et de vider la classe moyenne de sa substance. Qui plus est, à l'heure où la Chine, puissance géoéconomique inébranlable, utilise les relations commerciales et économiques comme une arme diplomatique, les États-Unis ne peuvent se contenter de répéter des shibboleths sur la libre circulation des capitaux et des marchandises. (Harris et Jake Sullivan, l'un des principaux conseillers de Biden, ont exposé cet argument au début de cette année dans un article paru dans Foreign Policy).

Harris affirme que les responsables américains du commerce qui ont négocié le partenariat transpacifique avaient si bien intériorisé le dogme néolibéral qu'ils ont simplement considéré comme acquis que l'augmentation de l'accès de l'industrie pharmaceutique aux marchés asiatiques était bonne pour les États-Unis - même si cela ne créait ni emplois ni recettes fiscales aux États-Unis.

Tom Perriello, un autre progressiste qui a servi dans l'administration Obama, a déclaré dans une interview que si vous exprimiez des doutes sur le modèle de marché libre parmi les responsables économiques d'Obama, comme il l'a fait, "vous étiez considéré comme ayant des cornes qui vous poussaient de la tête".

Une fois que l'on accepte que ce qui est bon pour la croissance mondiale globale ou même pour le marché boursier n'est pas nécessairement bon pour le travailleur américain, il devient possible d'envisager une forme de nationalisme économique qui guide le comportement des États-Unis à l'intérieur et à l'extérieur du pays. C'est ce que Biden semble avoir à l'esprit avec son projet de programme "Made in All of America". Les gros investissements qu'il prévoit dans les infrastructures, l'éducation, les soins de santé et la recherche et le développement seraient dirigés vers les entreprises américaines afin de créer des emplois chez nous. Une "stratégie commerciale et fiscale proaméricaine en faveur des travailleurs" permettrait "de prendre des mesures commerciales agressives contre la Chine" mais aussi de supprimer les incitations fiscales pour les entreprises américaines à délocaliser leurs activités à l'étranger.

M. Biden a proposé un effort fédéral ambitieux pour rétablir les chaînes d'approvisionnement mondiales dans des domaines sensibles, notamment les fournitures médicales et les produits pharmaceutiques, les semi-conducteurs, la résilience du réseau énergétique, etc. Il s'agirait de reconstruire la capacité de production nationale dans ces domaines, notamment par l'utilisation de la loi sur la production de défense, de modifier le code des impôts pour encourager la production nationale de produits pharmaceutiques, d'augmenter les stocks fédéraux de produits sensibles et de mettre en place un nouveau programme pour financer le recyclage des travailleurs dans les domaines de fabrication essentiels. Le nationalisme économique est donc à la fois une réponse à la montée de la Chine et un moyen d'équiper les États-Unis pour gagner la lutte économique avec la Chine.

Pourtant, les courants d'opinion très différents au sein du parti démocrate font qu'on ne peut guère s'attendre à ce qu'un consensus se forme autour de la question de savoir quelle politique étrangère sert le mieux les intérêts des Américains moyens. Biden est un traditionaliste de la politique étrangère à qui le langage de la géoéconomie est étranger ; il en va de même pour presque tous les gens autour de lui. Les progressistes espèrent qu'ils dépasseront ces instincts. Perriello, qui, comme Harris, a de nombreux liens avec l'équipe de Biden, aimerait voir des accords mondiaux sur les lois antitrust, la fiscalité des entreprises et même les salaires minimums afin d'éviter un nivellement par le bas.

Tout président qui adopterait un programme aussi ambitieux se heurterait à une énorme résistance de la part des propres alliés de l'Amérique. Les paradis fiscaux à faible taux d'imposition comme l'Irlande n'accepteront pas facilement un programme de péréquation de l'impôt sur les sociétés ; les puissances exportatrices comme l'Allemagne s'opposeront à une politique de confrontation avec la Chine. Un programme de réglementation mondiale pourrait, en tout état de cause, s'avérer trop "outré" [en français dans le texte] pour Biden et son équipe dirigeante.

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https://foreignpolicy.com/2020/02/07/america-needs-a-new-economic-philosophy-foreign-policy-experts-can-help/

Le lauréat du prix Nobel et économiste Paul Krugman a récemment publié un mea culpa sur cette question, notant qu'il avait "manqué une partie cruciale de l'histoire" en ce qui concerne l'impact de l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce sur les communautés aux États-Unis. Il répondait en partie aux travaux de David Autor, David Dorn et Gordon Hanson, qui ont documenté une perte dramatique d'emplois américains au profit de la Chine - un résultat qui avait été écarté par les économistes traditionnels lors des débats de la fin des années 1990.

Prenons l'industrie pharmaceutique : les États-Unis sont le leader incontesté du développement de médicaments et la plupart des négociateurs américains ont considéré les produits pharmaceutiques comme une source de force d'exportation (d'où toutes les conditions généreuses accordées aux grandes entreprises pharmaceutiques dans les accords commerciaux américains). La réalité est cependant très différente : les États-Unis détiennent la propriété intellectuelle, mais les principes actifs sont pour la plupart fabriqués à l'étranger. Cela peut sembler être un fait banal de la mondialisation. Pourtant, les principales sources d'importation de médicaments aux États-Unis ne sont pas les pays à bas salaires, mais l'Irlande et la Suisse.

Il ne s'agit pas d'une migration des capitaux mondiaux vers les pays à bas salaires, mais d'un abris fiscal. Selon les estimations de l'économiste Gabriel Zucman de l'Université de Californie à Berkeley, le gouvernement américain perd près de 70 milliards de dollars par an en recettes fiscales en raison du déplacement des bénéfices des entreprises américaines vers des juridictions laxistes comme l'Irlande et la Suisse.

Le résultat, comme l'a montré l'économiste Brad Setser, est que le déficit commercial des États-Unis en matière de produits pharmaceutiques dépasse désormais l'excédent du pays dans le domaine de l'aviation civile ; en effet, les États-Unis importent plus de produits pharmaceutiques que de smartphones. Il est loin d'être évident que le gouvernement américain devrait consacrer autant de capital politique à une industrie qui est devenue si complètement dissociée des intérêts américains.

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Il y a 2 heures, Wallaby a dit :

Qui plus est, à l'heure où la Chine, puissance géoéconomique inébranlable, utilise les relations commerciales et économiques comme une arme diplomatique, les États-Unis ne peuvent se contenter de répéter des shibboleths sur la libre circulation des capitaux et des marchandises. (Harris et Jake Sullivan, l'un des principaux conseillers de Biden, ont exposé cet argument au début de cette année dans un article paru dans Foreign Policy).

C'est accessoire au cœur du texte bien sûr, mais je me suis demandé ce que signifie au juste un Schibboleth. Et la réponse ma foi... est intéressante 

Le mot est d'ailleurs mal utilisé dans ce texte. On peut comprendre qu'il désigne un discours convenu ou un catéchisme, mais en réalité c'est tout autre chose !

Galaad s’empara des gués du Jourdain, près d’Éphraïm. Et lorsqu’un des rescapés d’Éphraïm disait : « Je voudrais traverser », les hommes de Galaad lui demandaient : « Es-tu d’Éphraïm ? » S’il répondait : « Non », ils lui disaient : « Eh bien, dis : Shibboleth ! » Lui prononçait : « Sibboleth », car il n’arrivait pas à dire le mot correctement. Alors, on le saisissait et on l’égorgeait près des gués du Jourdain. À cette époque, tombèrent quarante-deux mille hommes d’Éphraïm.

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il y a 6 minutes, Alexis a dit :

C'est accessoire au cœur du texte bien sûr, mais je me suis demandé ce que signifie au juste un Schibboleth. Et la réponse ma foi... est intéressante 

Le mot est d'ailleurs mal utilisé dans ce texte. On peut comprendre qu'il désigne un discours convenu ou un catéchisme, mais en réalité c'est tout autre chose !

Galaad s’empara des gués du Jourdain, près d’Éphraïm. Et lorsqu’un des rescapés d’Éphraïm disait : « Je voudrais traverser », les hommes de Galaad lui demandaient : « Es-tu d’Éphraïm ? » S’il répondait : « Non », ils lui disaient : « Eh bien, dis : Shibboleth ! » Lui prononçait : « Sibboleth », car il n’arrivait pas à dire le mot correctement. Alors, on le saisissait et on l’égorgeait près des gués du Jourdain. À cette époque, tombèrent quarante-deux mille hommes d’Éphraïm.

J'ai un peu hésité à le traduire par autre chose. "Mantra" m'est venu à l'esprit, mais "mantra" n'est pas forcément moins obscur, et il y manque la notion de "mot de passe". Dans le sens de "mot de passe" exigé pour avoir voix au chapitre dans par exemple l'administration Obama, ou pour être considéré comme un "expert sérieux" invité par les médias du courant principal de la presse, shibboleth est pas mal trouvé. C'est l'idée de "montrer patte blanche".

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il y a 9 minutes, Wallaby a dit :

J'ai un peu hésité à le traduire par autre chose. "Mantra" m'est venu à l'esprit, mais "mantra" n'est pas forcément moins obscur, et il y manque la notion de "mot de passe". Dans le sens de "mot de passe" exigé pour avoir voix au chapitre dans par exemple l'administration Obama, ou pour être considéré comme un "expert sérieux" invité par les médias du courant principal de la presse, shibboleth est pas mal trouvé. C'est l'idée de "montrer patte blanche".

C'est tout à fait ça. 

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il y a 44 minutes, Wallaby a dit :

J'ai un peu hésité à le traduire par autre chose. "Mantra" m'est venu à l'esprit, mais "mantra" n'est pas forcément moins obscur, et il y manque la notion de "mot de passe". Dans le sens de "mot de passe" exigé pour avoir voix au chapitre dans par exemple l'administration Obama, ou pour être considéré comme un "expert sérieux" invité par les médias du courant principal de la presse, shibboleth est pas mal trouvé. C'est l'idée de "montrer patte blanche".

Juste, je ne l'avais pas vu comme ça.

 

il y a 48 minutes, Shorr kan a dit :

Parler de protectionnisme économique est de moins en moins hérétique.

Amen, il était temps.

Tiens, puisque tu en parles... prononce un peu « Shibboleth » ?

Nan, juste pour voir :ph34r:

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Il y a 3 heures, Alexis a dit :

C'est accessoire au cœur du texte bien sûr, mais je me suis demandé ce que signifie au juste un Schibboleth. Et la réponse ma foi... est intéressante 

Le mot est d'ailleurs mal utilisé dans ce texte. On peut comprendre qu'il désigne un discours convenu ou un catéchisme, mais en réalité c'est tout autre chose !

Galaad s’empara des gués du Jourdain, près d’Éphraïm. Et lorsqu’un des rescapés d’Éphraïm disait : « Je voudrais traverser », les hommes de Galaad lui demandaient : « Es-tu d’Éphraïm ? » S’il répondait : « Non », ils lui disaient : « Eh bien, dis : Shibboleth ! » Lui prononçait : « Sibboleth », car il n’arrivait pas à dire le mot correctement. Alors, on le saisissait et on l’égorgeait près des gués du Jourdain. À cette époque, tombèrent quarante-deux mille hommes d’Éphraïm.

Tout ça pour ça...

ciboulette_Fotolia_21080676_S.jpg

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3 hours ago, Shorr kan said:

Parler de protectionnisme économique est de moins en moins hérétique.

Amen, il était temps.

"Parler" est le mot: vu qui gravite autour de l'équipe Biden/Harris (et l'absence totale de connaissances économiques -ou d'intérêt pour la chose- de ces deux là), il n'y aura rien d'autre que des mots de ce côté. Si jamais il y a un peu de "reconstruction" de certaines chaînes de fabrication, crois-bien que ce ne sera pas en changeant quoique ce soit aux accords commerciaux et au culte libre-échangiste, mais en subventionnant comme pas deux (= déficits qui explosent encore plus, conséquences reportées à une présidence ultérieure). 

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il y a 20 minutes, Tancrède a dit :

"Parler" est le mot: vu qui gravite autour de l'équipe Biden/Harris (et l'absence totale de connaissances économiques -ou d'intérêt pour la chose- de ces deux là), il n'y aura rien d'autre que des mots de ce côté. Si jamais il y a un peu de "reconstruction" de certaines chaînes de fabrication, crois-bien que ce ne sera pas en changeant quoique ce soit aux accords commerciaux et au culte libre-échangiste, mais en subventionnant comme pas deux (= déficits qui explosent encore plus, conséquences reportées à une présidence ultérieure). 

Je ne me fais pas d'idée pour le court et moyen terme, et même qu'un jour le protectionnisme revienne en grâce - au moins de mon vivant.

Mais si la fenêtre d'Overton pouvait s'élargir un peu pour englober cette idée ce sera un pas de géant. Et puis c'est comme ça que les nouvelles idées se fraye un chemin: elle sont  d'abords ridiculisés, puis les "gens convenables" se mettent à dire "et pourquoi" pas" ou "il y a de l'idée".

Et rien que le fait d'exister et d’embêter l'establishment économique et politique est une victoire pour moi.

 

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34 minutes ago, Shorr kan said:

Je ne me fais pas d'idée pour le court et moyen terme, et même qu'un jour le protectionnisme revienne en grâce - au moins de mon vivant.

Mais si la fenêtre d'Overton pouvait s'élargir un peu pour englober cette idée ce sera un pas de géant. Et puis c'est comme ça que les nouvelles idées se fraye un chemin: elle sont  d'abords ridiculisés, puis les "gens convenables" se mettent à dire "et pourquoi" pas" ou "il y a de l'idée".

Et rien que le fait d'exister et d’embêter l'establishment économique et politique est une victoire pour moi.

 

Un des multiples bloqueurs "moraux" au protectionnisme: comme le montre bien le traitement de la question en Europe, quand on parle de protection vs libre circulation, ça ne concerne pas que les biens, services et capitaux... Ca inclue aussi les idées/informations... Et les gens. Donc dès qu'on parle, même pas de "protectionnisme", mais de meilleur équilibre entre ouverture et protection.... Le débat devient patate chaude parce que le mot "immigration" sera introduit immédiatement. Et on sait ce que cela veut dire dans un débat sur une plate-forme publique. Beaucoup de "ismes" et de "phobes" peuvent alors être employés et assénés en toute impunité, la "conversation" est vite détournée sur un plan en apparence moral pour mieux empêcher toute discussion en martelant depuis une position auto-proclamée comme supérieure moralement. Et pourquoi en irait-il autrement? Il y a un intérêt puissant pour les factions libre-échangistes/internationalistes à le faire, et elles seront nécessairement présentes à tout débat sur la question, avec toute la préparation et le soutien voulu (sachant que l'essentiel de ceux qui possèdent les plates-formes de débat sont en plus dans ce camp), et en plus une alliance objective avec les anti-frontières et immigrationnistes idéologiques de tous poils qui se font volontiers les idiots utiles de la mondialisation la plus débridée. 

Il y a un fort blocage sur ce point (et dans l'UE, il est d'autant plus contraint par la quasi impuissance des Etats -là où se passent les débats et prises de conscience- vs l'échelon européen), et je ne vois vraiment pas de manière de le voir contourné à brève ou moins brève échéance. Ni d'intérêts organisés suffisamment puissants pour commencer à changer la donne, même sur le seul plan de la discussion. Et d'ici à ce que quelque chose parvienne à s'organiser, j'ai cette peur lancinante que les sentiments nationaux soient si affaiblis qu'il n'y aura plus vraiment d'impetus pour même penser en des termes tels que "protectionnisme", dissous que nous serons en multiples tribus et factions, en silos séparés de discussions et débats (chacun sa bulle informationnelle de petite/moyenne audience), pour la plupart insignifiants dans de grands ensembles de plusieurs centaines de millions d'habitants. 

 

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il y a 18 minutes, Tancrède a dit :

Un des multiples bloqueurs "moraux" au protectionnisme: comme le montre bien le traitement de la question en Europe, quand on parle de protection vs libre circulation, ça ne concerne pas que les biens, services et capitaux... Ca inclue aussi les idées/informations... Et les gens. Donc dès qu'on parle, même pas de "protectionnisme", mais de meilleur équilibre entre ouverture et protection.... Le débat devient patate chaude parce que le mot "immigration" sera introduit immédiatement. Et on sait ce que cela veut dire dans un débat sur une plate-forme publique. Beaucoup de "ismes" et de "phobes" peuvent alors être employés et assénés en toute impunité, la "conversation" est vite détournée sur un plan en apparence moral pour mieux empêcher toute discussion en martelant depuis une position auto-proclamée comme supérieure moralement. Et pourquoi en irait-il autrement? Il y a un intérêt puissant pour les factions libre-échangistes/internationalistes à le faire, et elles seront nécessairement présentes à tout débat sur la question, avec toute la préparation et le soutien voulu (sachant que l'essentiel de ceux qui possèdent les plates-formes de débat sont en plus dans ce camp), et en plus une alliance objective avec les anti-frontières et immigrationnistes idéologiques de tous poils qui se font volontiers les idiots utiles de la mondialisation la plus débridée. 

...

 

Aude-là du stigmate qu'on chercher à faire porter aux adversaires politiques qu'on aime pas, force est de constater que ce genre d'idée - ici le protectionnisme, mais ça marche aussi pour l'euro- n'est porté que par des mouvements populistes/d’extrême droite* 

D'ailleurs les deux ont tords, car ils se méprennent sur ce qu'est le protectionnisme qu'ils assimilent faussement à l'autarcie. Alors que c'est pas ça le protectionnisme. ça n'a jamais été synonyme de se couper du grand commerce mondiale !

Et à partir de ce mal entendu (bien commode doctrinalement...), les uns le voit donc comme une abomination et ceux d'en face comme un paradis perdue.

 

* ironiquement pas l’extrême gauche, à priori de bons clients - protection de la classe ouvrière tout ça- mais ils ne veulent pas être assimilé à un courant de pensé catalogué xénophobe. 

 

 

il y a 25 minutes, Tancrède a dit :

...

Il y a un fort blocage sur ce point (et dans l'UE, il est d'autant plus contraint par la quasi impuissance des Etats -là où se passent les débats et prises de conscience- vs l'échelon européen), et je ne vois vraiment pas de manière de le voir contourné à brève ou moins brève échéance. Ni d'intérêts organisés suffisamment puissants pour commencer à changer la donne, même sur le seul plan de la discussion. Et d'ici à ce que quelque chose parvienne à s'organiser, j'ai cette peur lancinante que les sentiments nationaux soient si affaiblis qu'il n'y aura plus vraiment d'impetus pour même penser en des termes tels que "protectionnisme", dissous que nous serons en multiples tribus et factions, en silos séparés de discussions et débats (chacun sa bulle informationnelle de petite/moyenne audience), pour la plupart insignifiants dans de grands ensembles de plusieurs centaines de millions d'habitants. 

 

Je pense au contraire que les sentiments nationaux sont encore bien vivaces quoique souterrain. Mais tu as raison de craindre la balkanisation socio-culturel et le "tribalisme"comme refuge desdits sentiments. Le malheur c'est que ça genre de recroquevillement enferme dans l'illusion, le grand n'importe quoi intellectuel, et crée un cercle vicieux qui renforce l'impuissance ; plutôt que l'action efficace et in fine la maîtrise de son destin.

D'ailleurs les sociologues appellent cette situation l'anomie quand une société est en déréliction, et c'est pas propre à l'Europe. ça se retrouve dans toutes les sociétés qui se désintègres (l'islamise c'est pas autre chose pour prendre un exemple ). 

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22 minutes ago, Shorr kan said:

 

Je pense au contraire que les sentiments nationaux sont encore bien vivaces quoique souterrain. Mais tu as raison de craindre la balkanisation socio-culturel et le "tribalisme"comme refuge desdits sentiments. Le malheur c'est que ça genre de recroquevillement enferme dans l'illusion, le grand n'importe quoi intellectuel, et crée un cercle vicieux qui renforce l'impuissance ; plutôt que l'action efficace et in fine la maîtrise de son destin.

 

Dans des ilôts, même nombreux, oui, ils survivront, peut-être même au sein d'une majorité dans chaque pays... Mais une majorité éclatée, divisée idéologiquement, et ce bien au-delà de ce qu'un vrai sentiment national convenablement entretenu serait capable de surmonter en fournissant un "tronc commun" suffisant. C'est là qu'est l'os, pour moi. Et cet entretien, normalement, ne peut venir que d'une synergie entre d'une part un Etat qui assure un service minimum raisonné (cad pas le jingoisme institutionnel de l'avant 14) via l'éducation et un vrai travail sur la "liturgie nationale" (productions médias, cérémonies, diverses incitations et récompenses pour faire activement participer des pans de population à plein d'activités -utiles et/ou symboliques-...), et d'autre part une population qui fait vivre la chose par elle-même et garde le sentiment actif (quand la dynamique est en place, pas la peine de savoir quel versant est la poule et lequel est l'oeuf dans cette synergie). Or c'est tout l'opposé qui a été fait depuis au moins 40 piges, si bien que l'idée même de sentiment national sent souvent le formol (j'ai rien vu d'inspirant de la part de l'Etat depuis TRES longtemps, à tous niveaux), toute tentative de mise en avant est plus souvent condamnée comme suspecte, et que le principe même semble devenu étranger aux mentalités de vastes pans de population (surtout dans la jeunesse). Résultat, là où il vit, c'est "hors institutions" et approprié de manière sévèrement tribale avec des interprétations très.... Particulières et diverses. 

Quote

 

D'ailleurs les deux ont tords, car ils se méprennent sur ce qu'est le protectionnisme qu'ils assimilent faussement à l'autarcie. Alors que c'est pas ça le protectionnisme. ça n'a jamais été synonyme de se couper du grand commerce mondiale !

Et à partir de ce mal entendu (bien commode doctrinalement...), les uns le voit donc comme une abomination et ceux d'en face comme un paradis perdue.

 

C'est pas un malentendu: c'est de la rhétorique politique parfaitement consciente et calculée, aggravée par l'impossibilité croissante de tout dialogue dans la scène publique telle qu'elle fonctionne aujourd'hui. 

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  • 2 weeks later...

https://www.bfmtv.com/economie/le-portugal-nouvel-epicentre-de-l-affrontement-entre-les-etats-unis-et-la-chine_AD-202009260141.html (26 septembre 2020)

Dans un entretien paru samedi dans l'hebdomadaire Expresso, George Glass, l'ambassadeur américain au Portugal, appelle Lisbonne à "faire un choix" entre les deux puissances mondiales.

Il rappelle que le port de Sines est "incroyablement stratégique" pour les États-Unis car il est le port européen d'eaux profondes le plus proche du territoire américain.

"J'espère vraiment que Sines n'ira pas aux Chinois (...) Cela ne peut pas arriver", a souligné George Glass, en précisant que cette infrastructure, qui a reçu en 2016 les premières livraisons de gaz naturel liquéfié américain vers l'Union européenne, fait du Portugal "la plaque tournante du gaz et un centre de sécurité énergétique européenne".

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Comme le fil États Unis est fermé, on a enfin les fiches d'impôts de Trump, et sa soit disant fortune est du vent si on croit ses déclarations, il a été dans le rouge des années et n'a payé que 750 dollars en 2016 :

https://www.journaldemontreal.com/2020/09/27/donald-trump-na-paye-que-750-dimpots-federaux-lannee-de-son-election-1

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Il y a 18 heures, collectionneur a dit :

Comme le fil États Unis est fermé, on a enfin les fiches d'impôts de Trump, et sa soit disant fortune est du vent si on croit ses déclarations, il a été dans le rouge des années et n'a payé que 750 dollars en 2016 :

https://www.journaldemontreal.com/2020/09/27/donald-trump-na-paye-que-750-dimpots-federaux-lannee-de-son-election-1

Et maintenant attendons le contrecoup...

Pour le coup il y a nécessairement des "parrains" venus de l'étranger qui vont s'en donner à coeur joie.

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Il y a 20 heures, collectionneur a dit :

Comme le fil États Unis est fermé, on a enfin les fiches d'impôts de Trump, et sa soit disant fortune est du vent si on croit ses déclarations, il a été dans le rouge des années et n'a payé que 750 dollars en 2016 :

https://www.journaldemontreal.com/2020/09/27/donald-trump-na-paye-que-750-dimpots-federaux-lannee-de-son-election-1

Rien de bien inédit en fin de compte. Et rien qui ne fera vaciller la base de son électorat.

Ça a l'air assez pauvre ces temps-ci en politique étrangère.

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Bon, ce n’est pas un débat, c’est une bataille de chiffonniers.

S’ils traitent les sujets internationaux comme ils viennent de traiter le Covid et le reste, il n’y a rien à en attendre sauf quelques punchlines très moyennes, une course entre journaux à « qui a dominé le débat », .... et de l’art de la maïeutique du vide intersidéral à Nanarland.

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il y a 19 minutes, DrWho a dit :

Ne pas payer d'impôts ne veut pas dire absence de gros revenus

les Conseillers financiers hors de prix ne travaillent pas pour les smicards quelque soit le pays...

Personne ne dit qu'il n'a pas de gros revenus : ce qui est critiqué, c'est qu'il ne participe pas au (très petit) effort socialiste du pays financé par l'impôt. Quand Biden rappel les montants d'impôts moyens payés par une infirmière, c'est pas pour dire qu'elle gagne plus que Trump, c'est pour dire qu'elle participe plus que lui à l'effort social du pays.

Autre aspect secondaire (où tu as raison), c'est que ça pourrait casser l'image d'une success story financière sur laquelle est faite le roman de la mèche blonde. Alors oui, on peut maquiller ses bénéfices pour ne pas payer d'impôts, mais pas sûr que l'électeur moyen de Trump soit en mesure de comprendre ça. C'est pas des flèches les mecs. Et puis le supporter de Trump est complètement imperméable aux arguments d'un Biden (cf : de toutes manière corrompu par l'establishment).

Encore une fois, je ne crois pas qu'il faille chercher dans les déclarations de l'un ou de l'autre une quelconque rationalité, ils sont juste en train de caresser leur base électorale selon les principes qu'ils défendent : Biden doit s'assurer des soutiens démocrates proches de Warren et Sanders, très socialistes, et préoccupés par l'impôt au service de tous. En fustigeant la non-participation de Trump pour cet effort, c'est aux électeurs d'extrême gauche qu'il envoie un message (historiquement très critiques envers un Biden qui est quand même trop libéral et très loin de leur idéal).

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