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Israël et l'arme nucléaire


Kiriyama
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Bonjour,

J'ai quasiment terminé le livre Israël et la bombe d'Avner Cohen. L'auteur revient sur le programme nucléaire israélien, et sur les conditions de sa réalisation.

La décision de se doter de la puissance nucléaire a été prise par David ben Gourion dès la création de l’État israélien en 1948. Logiquement, cette décision fait suite au traumatisme de la Shoah et à la menace que font peser les pays arabes voisins : Égypte, Syrie et Jordanie. Le premier réacteur nucléaire est fourni par les États-Unis, un petit réacteur à eau pressurisée de recherche, dans le cadre du programme Atomes pour la paix.

A l'époque, les États-Unis promouvaient le développement du nucléaire civil comme une source d'énergie puissante, bon marché et non polluante.

Mais voulant explorer la recherche de l'arme nucléaire, les Israéliens se tournent vers la France pour obtenir un réacteur plus puissant. Apparemment, Israël aurait obtenu ce réacteur en manœuvrant dans les dédales de l’administration française (et des industriels) de l'époque, sans que le pouvoir présidentiel soit forcément au courant. Le président français aurait finalement été mis devant le fait accompli. Par la suite, le président de Gaulle décidera d'arrêter cette coopération, mais il était trop tard : Israël avait les moyens de terminer le réacteur seul. En revanche, le plutonium devait être retraité en France.

Donc les Israéliens construisent deux réacteurs : le réacteur américain, et le réacteur français plus puissant.

A noter qu'à un moment (fin des années 50), ben Gourion commence à douter de l'utilité d'un programme d'arme nucléaire. Outre le fait que cela puisse être pris comme une provocation par les pays arabes et les inciter à lancer leur propre programme, voire une attaque préventive, les généraux israéliens restent persuadés qu’Israël peut battre les armées arabes avec des armes conventionnelles. Pendant quelques années, la construction de Dimona va se poursuivre... alors qu'on en sait plus très bien à quoi va se destiner le réacteur.

Par la suite, le président Kennedy s'inquiètera d'un possible développement d'arme nucléaire et imposera un système d’inspection à Dimona, pour s'assurer que les Israéliens ne développent pas d'arme nucléaire. Toutefois, les Israéliens arrivent à imposer leurs conditions lors de ces visites, profitent aussi probablement de la naïveté des scientifiques envoyés et à Dimona pour semer la confusion. Et même si beaucoup aux États-Unis se doutent qu'un réacteur aussi puissant que Dimona n'a sûrement pas pour seul but de faire de la recherche, rien ne sait être prouvé formellement.

Le président Johnson qui succède à Kennedy, est moins préoccupé par le programme israélien et n'y accorde guère d'attention. Les visites des scientifiques américains à Dimona se poursuivent à raison d'une tous les six mois en moyenne, mais sans rien trouver de bien concluant.

Lorsque la Guerre des Six jours éclate, Israël aurait assemblé en urgence deux armes nucléaire en urgence et avait prévu de les faire détonner dans le désert du Néguev en guise d'avertissement.

Je termine ma lecture et mettrai à jour ce message.

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Le programme nucléaire israélien a beaucoup profité des technologies françaises, et il est juste impensable que les politiques française au pouvoir, très pro israel à l'époque, eussent été dans la confidence.

De même le programme de fusées destinées a en tirer certaines a profité des technologies francaises (Merci Dassault).

Sur la conception des bombes en elle même, je vais peut être supputer, mais je pense qu'on peut faire confiance à l'intelligentsia juive américaine pour donner le know how nécessaire.  Beaucoup des artisans de la bombe A américaine étaient juifs.  Normal : ils sont brillants en tous domaines.

PS : je ne suis pas juif (ce qui serait très respectable).  Juste admiratif de ce tout petit peuple.

Modifié par Bon Plan
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En me relisant, je me rends compte que mon message est assez mal rédigé. Les politiques français étaient bien au courant de la réalisation du réacteur, ce qui effectivement aurait été impossible à cacher. Mais d'après l'auteur, certains seulement savaient que le réacteur était destiné à produire des armes nucléaires. Après oui, la coopération française avec Israël était bien officielle, bien sûr. De même, des scientifiques israéliens se rendront aussi en France pour se former. Mais c'est la finalité du projet qui a été dissimulée, et le président français approché par des voies très détournées.

Sinon, le réacteur nucléaire de Dimona semble avoir intéressé les Arabes assez vite.

Les semaines qui précédèrent la Guerre des Six jours, des MiG-21 auraient survolé la centrale à plusieurs reprises. Les Israéliens étaient aussi assez inquiets de voir l’Égypte disposer de Tupolev Tu-16 car ils considéraient que ces avions représentaient une réellement menace pour Dimona.

Les Israéliens ont assez vite réfléchi à l'éventualité de faire détonner une ou deux charges nucléaires dans le Sinaï en guise d'avertissement, mais ça n'a pas été fait. Apparemment, certains décideurs craignaient que ce ne soit considéré comme une provocation, que cela ne pousse aussi Nasser à se montrer encore plus vindicatif, mais aussi que cela n'entraîne une réaction des Soviétiques.

Modifié par Kiriyama
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Il y a les protocoles de sevres signés en 56 France uk et Israël sur l’intervention de Suez 

pour convaincre les israéliens de déclencher l’attaque, la France s’engage à aider Israël à avoir la bombe 

J’ai un souvenir de lecture que le Général a piqué une grosse gueulante quand il a appris que contrairement à ces ordres, des industriels continuaient à aider Israël dans son programme nucléaire 

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KOui la sortie de l’accord avec les israéliens a été un peu tortueuse, on continuait de les aider à terminer le réacteur de Dimona mais plus d’aide sur le reste de la filière, personne n avait envie d’un conflit ouvert sur ces accords qui devaient rester un petit « secret de famille « 

ben Gourion en échange ne demandait pas les pénalités prévues et déclarait publiquement que l’aide française n’etait que du nucléaire civil, puis finalement ce fut une déclaration sur un projet de développement de desalination  d’eau de mer grâce à des moyens atomiques français 

du coup certains industriels ont joué sur les termes de l’accord.

 

Modifié par Capitaineconan
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Assez intéressantes, les négociations entre Israéliens et Américains après la Guerre des Six Jours, que je résume à très (très) gros traits.

A cette époque, les États-Unis aimeraient qu’Israël signe le TNP et, à la même époque, les Israéliens négocient l'achat de 50 avions F-4 Phantom. Souci pour les Israéliens, dans un premier temps, les Américains semblent lier la vente des avions à la signature du TNP, ce qui "coince" les Israéliens qui ont besoin de ces avions.

Et la situation est paradoxale, car en signant le TNP, les Israéliens s'engagent à ne pas développer d'armes nucléaires ce qui devrait théoriquement ne pas poser de problème vu qu'ils sont censés ne pas être intéressés par le sujet. Donc en ne le signant pas, ils reconnaissaient implicitement être intéressé a minima par le nucléaire militaire. Mais en le signant, ils se coincent, car tout leur programme devient illégal et ils s'exposent en théorie à des inspections de l'AIEA.

Finalement, il semblerait que le président Johnson ait décidé de ne plus lier la vente des F-4 Phantom à la signature du TNP. Mais certains membres de l’administration américaine tenteront quand même de continuer à faire pression sur Israël.

Malgré tout, même en Israël, beaucoup s'interrogent sur l'intérêt de garder l'opacité sur ce programme. La Première-ministre Golda Meir était d'avis qu'il fallait être honnête avec les États-Unis à ce sujet. Ce qui ressort aussi de La Guerre des Six jours et de celle du Kippour, c'est le peu d'efficacité de l'arme nucléaire concernant la dissuasion contre un État non-nucléaire. Même si les Arabes connaissaient l'existence de Dimona, ça ne les empêchera pas de franchir le canal de Suez.

A noter aussi le fait qu’Israël, de part le statut de son programme, passait un peu sous les radars des agences de contrôle internationales. On considérait à l'époque qu'une puissance nucléaire n'était reconnue comme telle que si elle procédait à un essai nucléaire. Or Israël ne l'a jamais fait, ce qui lui permettait d'être considéré comme un État non-doté de l'arme nucléaire... alors que c'était assez clairement le cas dès la fin des années 1960. C'est d'ailleurs pour cette raison (entre autres) qu’Israël ne procèdera jamais à une explosion nucléaire.

Il y a 19 heures, pascal a dit :

Mon père était coopérant là-bas il travaillait en soutien sur les avions français de l'Armée de l'Air Israélienne en 61/63 à l'époque pas mal de Français étaient à Dimona dont le nom de code était la "filature" ...

Sur quel(s) modèle(s) d'avion est-ce qu'il travaillait, si ce n'est pas indiscret ?

Modifié par Kiriyama
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Le 30/03/2021 à 17:27, pascal a dit :

Dimona est une réplique de Marcoule le réacteur est identique au G1 ..

C'est sur ça? Jai l'impression que G1 est 100% refroidie à l'air avec graphite comme modérateur et sans eau.

Pour Dimona il est souvent fait référence à de l'eau lourde. Et en plus les structures de couverture des réacteurs laissent à penser que G1 ne tiendrait pas dans le dôme de Dimona. D'après ce qu'on peut lire j'ai plus l'impression que Dimona serait proche d'un EL3 que d'un G1.

http://www.dissident-media.org/infonucleaire/reac_recherche.html

Ce site confirmerait ce que je pensais ; Dimona serait un EL2 x10.

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il y a 9 minutes, KnewEdge a dit :

C'est sur ça? Jai l'impression que G1 est 100% refroidie à l'air avec graphite comme modérateur et sans eau.

Pour Dimona il est souvent fait référence à de l'eau lourde. Et en plus les structures de couverture des réacteurs laissent à penser que G1 ne tiendrait pas dans le dôme de Dimona. D'après ce qu'on peut lire j'ai plus l'impression que Dimona serait proche d'un EL3 que d'un G1.

http://www.dissident-media.org/infonucleaire/reac_recherche.html

Ce site confirmerait ce que je pensais ; Dimona serait un EL2 x10.

tu as sans doute raison :)

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