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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires


Messages recommandés

il y a 58 minutes, olivier lsb a dit :

Pas d'accord: si la Corée du Sud a pu prendre un marché de 1000 MBT et de centaines d'obusiers, c'est pas que de la persécution anti-Française, même si j'ignore rien de appréciations Polonaises à notre encontre, on peut aussi 1. balayer devant notre et 2. la diplomatie sert à çà aussi, à aplanir les différents et construire de meilleurs relations. Au passage, on leur a quand même vendu deux satellites récemment, donc y'a pas de fatalité. 

Pour rappel, la politique Française vis à vis des pays d'Europe centrale, pour ne pas dire vis à vis de l'UE entière, s'est réduite à "couple Franco-Allemand". C'est aussi de là qu'on part, et y'a du travail. 

A voir, un peu péremptoire, car fallait peut être aussi y penser avant de défendre une position "en même temps" qui peut toujours s'expliquer à grand renforts d'arguments moraux et prudents, mais qui mine de rien, a tendance à mettre en porte à faux une bonne douzaine de nos partenaires Européens, sans même parler de l'Ukraine.

On ne peut pas sérieusement penser qu'on aurait eu raison seul contre tous, chouiner ensuite au sujet des procès en arrogance Française et des marchés perdus. 

La Corée a pris le contrat parce qu'elle pouvait livrer 1000 chars très vite. Mais auparavant les Polonais se sont tournés vers les USA, et continueront de le faire suffisamment pour espérer bénéficier de leur protection. Par ailleurs les satellites ont été vendus sans que nous n'ayons expédié de XL en Ukraine pour autant. Je ne comprends toujours pas cette illusion selon laquelle les pays nous achèterons des produits suite à de telles démarches... Rien à voir avec Macron ceci dit, notre engagement massif en ex-Yougo ne nous ayant pas valu de contrat d'importance.

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Il y a 2 heures, Fusilier a dit :

ce qui semble se dessiner c'est plutôt la constitution / entrainement de bataillons & brigades, les matériels promis leur seraient destinés.  On parle d'une brigade entraînée et équipée par les polonais (avec matos plutôt origine russe) et deux brigades entraînées et équipées par les US. Avoir comment les autres donateurs,  GB, France, Allemagne, etc.. comptent organiser les dons. Sur le même modèle que les US et polonais; entrainement et dotation matos... Tout ça faudra le vérifier avec le temps, mais cela ressemble à la constitution d'un ensemble de manœuvre... 

 

C'est ce qui paraitrait le plus logique (concentration de matériel identique au sein d'une même brigade) mais du coup, ca ne compense pas les pertes subies dans les brigades déjà en ligne

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il y a 34 minutes, CortoMaltese a dit :

La vérité se situe probablement entre les deux, disons qu'il faut éviter les balles et les scandales diplomatiques, ce que la France a pas trop mal fait jusqu'ici en livrant le minimum, le soucis étant plutôt du côté de pas mal de déclarations malheureuses de Macron. Par exemple, les allemands, eux, vont probablement se manger un contrecoup sévère en terme de commandes militaires en Europe si le drame des Leopard continue. Alors que l'Allemagne a livré plus que la France, dans l'absolu. Mais la communication a été tellement mauvaise, les allemands ont tellement tout fait pour se mettre une cible sur le dos et servir de bouc émissaire, que tout ce que le monde compte de sympathisants de l'Ukraine aujourd'hui, du diplomate européen au quidam sur Twitter, considère l'Allemagne comme la honte du continent.

Les allemands, par leurs tergiversations, les déclarations incohérentes de Scholz et de ses ministres, le tout alors que Ramstein avait braqué les yeux sur eux et sur la question des chars, ont provoqué tout seul une catastrophe communicationnelle. Il aurait suffit de dire à Ramstein "Nous sommes fermement du côté de l'Ukraine et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle gagne cette guerre. Nous donnerons une licence d'exportation à tout pays qui veut donner du matériel allemand à l'Ukraine, Leopard compris. Et nous allons nous même commencer à entraîner les ukrainiens sur lesdits chars" et ça suffisait à éteindre 90% de la polémique, même sans promesse formelle d'en donner soi même. Car il semble bien que nos amis polonais qui hurlent à la mort que l'Allemagne trahi l'Europe, n'ont même pas fait de demandes formelles à l'Allemagne pour la licence d'exportation. Les allemands auraient eu beau jeu de le dire fort, et de souligner que le jour où cette demande leur parvient, elle sera signée dans l'heure. Mais non, ils ont préféré s'enfoncer. 

Les relations humaines, et la diplomatie en fait partie, sont avant tout des questions de dynamiques et de narratifs. L'important c'est moins ce que tu fais que comment tu es perçu, et les deux ne se recoupent que très partiellement. 

Effectivement, les fausses excuses servies sur la complexité d'un système d'armes ou de sa maintenance commencent à agacer en plus haut lieu et à être publiquement dénoncé. 

Et pendant ce temps là, en Biélorussie, Louka fait tout pour saboter sa participation à la guerre en Ukraine, illustration 

 

 

 

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Drôle de troc...

"...La Slovaquie fournira à l'Ukraine un système de missiles sol-air Patriot si l'Italie fournit à la Slovaquie un système antiaérien SAMP/T - (Corriere della Sera )

La Slovaquie a l'intention d'aider l'Ukraine à renforcer sa défense aérienne, mais a besoin d'un remplacement adéquat..."

 

 

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@Poivre62 ça ressemble beaucoup à ce que que décrivait @CortoMaltese un peu plus haut sur la page : 

Il y a 1 heure, CortoMaltese a dit :

Il aurait suffit de dire à Ramstein "Nous sommes fermement du côté de l'Ukraine et ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle gagne cette guerre. Nous donnerons une licence d'exportation à tout pays qui veut donner du matériel allemand à l'Ukraine, Leopard compris. Et nous allons nous même commencer à entraîner les ukrainiens sur lesdits chars" et ça suffisait à éteindre 90% de la polémique

Mais comme il le souligne, la communication du gouvernement de Scholz est tellement mauvaise qu'il est en train de détruire la réputation de partenaire fiable de son pays, en tout cas dans le domaine de l'armement. On dit que les industriels teutons dictent sa politique à la chancellerie, dans le cas présent, je vois mal comment ça pourrait être le cas. Ou alors certains PDG d'Outre-Rhin se sont totalement déconnectés de la réalité.

Révélation

En même temps, l'ancien patron de VW voulait bien transformer son vénérable groupe  en clone de Tesla :tongue:

il y a 12 minutes, Poivre62 a dit :

A voir si les Polonais vont être suivis par d'autres pays qui avaient évoqué la possibilité d'en donner

Je pense que la Finlande ne devrait pas tarder à rejoindre le mouvement.

Citation

(...) Cela étant, le 7 janvier, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a indiqué que la Pologne ne se séparerait pas de ses chars pour le moment… Du moins, tant qu’une « coalition plus large de pays » susceptibles de transférer leurs Leopard 2 ne sera pas réunie. « Avec le président [Duda], nous menons des pourparlers » à cette fin, a-t-il dit.
La Finlande pourrait faire partie de cette « coalition »… En attendant, la question d’un éventuel don de Leopard 2A4 de l’armée finlandaise à l’Ukraine est désormais posée. 
Deux députés membres de la majorité gouvernementale, Atte Harjanne [écologiste] et Anders Adlercreutz [Parti populaire suédois] ont ainsi lancé un appel en faveur d’une initiative européenne pour l’envoi de chars à Kiev. Et le président de la commission de la défense du Parlement finlandais, Antti Häkkänen, a expliqué que, « s’il existe un consensus large en Europe sur la livraison de chars à l’Ukraine, la Finlande devrait aussi en faire de même ».
Reste à voir si l’état-major finlandais sera d’accord… sachant qu’il ne dispose que de 200 chars Leopard 2 [dont 100 Leopard 2A4 et 100 Leopard 2A6] et que le pays partage une frontière de 1340 km avec la Russie. (...)  
https://www.opex360.com/2023/01/09/la-pologne-et-la-finlande-sinterrogent-sur-la-possibilite-de-donner-des-chars-leopard-2-a-lukraine/

 

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Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani (qui est également vice-Premier ministre) confirme l'envoi en Ukraine du SAMP-T en collaboration avec la France

https://roma.corriere.it/notizie/politica/23_gennaio_22/tajani-italia-armi-sistema-missilistico-samp-t-ucraina-bf911fad-3836-4bb2-9623-14c02aae8xlk.shtml

En particulier

Q. Et qu'est-ce que l'Italie est prête à faire ?
R. « L'Italie a déjà fourni à l'Ukraine 5 aides dans le domaine de la défense pour environ 1 milliard d'euros. Un sixième paquet est en cours de préparation, qui comprend des systèmes de défense aérienne. Le ministre Kuleba a remercié pour le soutien apporté, j'ai répété que cela va continuer. En collaboration avec la France nous finalisons l'envoi du Samp-T, et en tout cas il y a d'autres actions sur lesquelles nous travaillons en toute confidentialité ».

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Bon qui va donner quoi du coup, il semble qu'on s'oriente vers un mix d’éléments, il y a quelques semaines, certains parlaient que l'Italie fournirait 2 lanceurs et le module de commandement, donc je suppose que la France fournira le radar ? (Arabel, ou GM200 commandé ? ), les missiles ?, d'autres lanceurs ?

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Il y a 2 heures, Akhilleus a dit :

C'est ce qui paraitrait le plus logique (concentration de matériel identique au sein d'une même brigade) mais du coup, ca ne compense pas les pertes subies dans les brigades déjà en ligne

Sais pas. Mais, je suppose que les EM ne sont pas complètement abrutis, ils doivent bien savoir tout ça.  Que plus est, on ne fait que supputer sur l'état matériel UKR, même si il est très plausible qu'ils ont eu des pertes. Mais, pareil ils travaillent à l'économie -remise en état, avec une vision à plus long terme que les combats actuels.  

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Il y a 5 heures, Fusilier a dit :

Sais pas. Mais, je suppose que les EM ne sont pas complètement abrutis, ils doivent bien savoir tout ça.  

Je suppose surtout que les EM exécutent, souvent sans enthousiasme au vu des conséquences sur leurs forces, les injonctions politiques…

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Il y a 10 heures, olivier lsb a dit :

Effectivement, les fausses excuses servies sur la complexité d'un système d'armes ou de sa maintenance commencent à agacer en plus haut lieu et à être publiquement dénoncé. 

 

On parle du M1 Abrams ici je suppose ?

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il y a 54 minutes, gustave a dit :

Je suppose surtout que les EM exécutent, souvent sans enthousiasme au vu des conséquences sur leurs forces, les injonctions politiques…

Tu nous fais une crise de "misérabilisme" militaire? :biggrin:  Tu crois vraiment que des décisions du genre, "entraîner équiper des bataillons / brigades plutôt que donner du matériel à la volée" ; sont sortis des cerveaux des "politiques" sans l'avis des militaires? 

Quand à l'impact sur "leurs forces" (cad, celles du pays qui payent ces EM et qui élisent les décideurs...) a vu des stocks US, GB, et autres, parler d'impact c'est, comment dire, peut-être un peu excessif. 

En ce qui nous concerne; "l'impact" sur nos armées date de bien avant et, d'une certaine manière, avec la collaboration "enthousiaste" des EM, le professionnalisme expéditionnaire les faisant (fait) bander.  

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il y a une heure, Fusilier a dit :

Tu nous fais une crise de "misérabilisme" militaire? :biggrin:  Tu crois vraiment que des décisions du genre, "entraîner équiper des bataillons / brigades plutôt que donner du matériel à la volée" ; sont sortis des cerveaux des "politiques" sans l'avis des militaires? 

Quand à l'impact sur "leurs forces" (cad, celles du pays qui payent ces EM et qui élisent les décideurs...) a vu des stocks US, GB, et autres, parler d'impact c'est, comment dire, peut-être un peu excessif. 

En ce qui nous concerne; "l'impact" sur nos armées date de bien avant et, d'une certaine manière, avec la collaboration "enthousiaste" des EM, le professionnalisme expéditionnaire les faisant (fait) bander.  

… J’ai plutôt l’impression que @gustave évoquait plus les choix cornéliens qui doivent êtres pris - et sous des délais raccourcis - par l’EM Ukrainien et qui concerne les mouvements des différentes brigades et autres bataillons pour répondre à des injonctions politiques et où médiatiques (tenir coûte que coûte Bakhmout par exemple) plutôt qu’à des impératifs purement militaires ou stratégique.

Enfin, c’est comme ça que je l’ai lu.

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Il y a 1 heure, Fusilier a dit :

Tu nous fais une crise de "misérabilisme" militaire? :biggrin:  Tu crois vraiment que des décisions du genre, "entraîner équiper des bataillons / brigades plutôt que donner du matériel à la volée" ; sont sortis des cerveaux des "politiques" sans l'avis des militaires? 

Quand à l'impact sur "leurs forces" (cad, celles du pays qui payent ces EM et qui élisent les décideurs...) a vu des stocks US, GB, et autres, parler d'impact c'est, comment dire, peut-être un peu excessif. 

En ce qui nous concerne; "l'impact" sur nos armées date de bien avant et, d'une certaine manière, avec la collaboration "enthousiaste" des EM, le professionnalisme expéditionnaire les faisant (fait) bander.  

Je suis certain que ce ne sont pas les EM qui ont proposé de bon cœur de se séparer de 25% de leur artillerie ou de se préparer à donner un escadron de XL. Et je crois que nous avons suffisamment discuté de ces stocks que tu évoques pour savoir qu'hormis aux US ils n’existent tout simplement pas (je te renvoie à l'émission du podcast de l'IRSEM "le collimateur" sur ce sujet). C'est évidemment dû à des décisions bien antérieures (comme tout), mais cela ne change rien au processus décisionnel actuel.

Quant à parler d'enthousiasme des armées quant aux coupes qui ont été effectuées je serai curieux de savoir d'où tu tiens cela.

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Il y a 3 heures, gustave a dit :

On parle du M1 Abrams ici je suppose ?

Ah touché ! Alors non ça ne parlait pas de M1, même si c'est la même soupe aux bonnes excuses qui a été servie pour le M1 (lunaire les débats sur la consommation ou l'entretien d'un moteur à turbine... Comme si les Ukrainiens n'avaient pas appris sur le tas à entretenir les turbines des T-80 qu'ils n'ont jamais eu en parc). Toutefois à la place des Ukrainiens, difficile de critiquer les US, non pas parce que ce sont les US en soit, mais parce que l'aide fournie à date est tout simplement sans équivalent. 

il y a 5 minutes, gustave a dit :

Je suis certain que ce ne sont pas les EM qui ont proposé de bon cœur de se séparer de 25% de leur artillerie ou de se préparer à donner un escadron de XL. Et je crois que nous avons suffisamment discuté de ces stocks que tu évoques pour savoir qu'hormis aux US ils n’existent tout simplement pas (je te renvoie à l'émission du podcast de l'IRSEM "le collimateur" sur ce sujet). C'est évidemment dû à des décisions bien antérieures (comme tout), mais cela ne change rien au processus décisionnel actuel.

Quant à parler d'enthousiasme des armées quant aux coupes qui ont été effectuées je serai curieux de savoir d'où tu tiens cela.

Oui je pense aussi que les EM doivent bien grincer des dents en ce moment, avec un gros bémol toutefois: le budget ne devrait plus être un sujet pour quelques années, les arbitrages leur ayant été largement favorables pour la prochaine LPM. A eux de transformer cette opportunité pour repenser le rééquipement.

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Un reportage très intéressant sur une ONG Ukrainienne qui fournit des équipements à l'armée Ukrainienne, ou comment une organisation de la société civile a réussi à lever des fonds, acheter des blindés ou des accès satellitaires, pallié à certaines déficiences des AFU. 

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/19/en-ukraine-aupres-des-ong-qui-fournissent-des-armes-aux-combattants-sans-eux-on-serait-comme-des-soldats-russes-des-sdf_6158546_3210.html

Citation

En Ukraine, auprès des ONG qui fournissent des armes aux combattants : « Sans eux, on serait comme des soldats russes, des SDF »

Une nouvelle loi permet désormais aux ONG caritatives ukrainiennes d’importer des armes offensives lourdes.

Par Florence Aubenas

Publié le 19 janvier 2023 à 18h00, mis à jour le 19 janvier 2023 à 18h06

Difficile de penser que c’est bien elle, avec ses cheveux roses et ses petits mouvements d’oiseau, la négociatrice secrète en armement militaire pour la fondation ukrainienne Reviens vivant. Dans la pénombre d’un café de Kiev, où tremblent quelques bougies, elle peine à se concentrer sur autre chose que sa fille, 10 ans, qui l’attend dans un appartement à peine chauffé. D’emblée, elle annonce : « Tout est légal. » C’est même elle, la jeune femme aux cheveux roses, qui vient de faire muter la législation ukrainienne pour autoriser les associations caritatives à importer du matériel militaire offensif.

Reviens vivant est aujourd’hui la seule ONG de la planète capable d’offrir à l’armée nationale des lance-roquettes longue portée et des drones de combat turcs Bayraktar TB2 (environ 3 millions d’euros pièce) grâce à ses collectes de fonds. C’est peu dire que l’Ukraine a basculé dans une autre réalité en onze mois de guerre.

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Andryi, permanent de l’association Reviens vivant, à Kiev, le 22 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

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Dans les locaux de l’association Reviens vivant dans le centre de Kiev, le 22 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Aujourd’hui, le pays enrage. Terminé les signes d’effroi ou d’abattement : chaque famille – ou presque – pourrait raconter l’histoire d’un de ses enfants qui a demandé des armes en cadeau pour les fêtes. De nouveaux prénoms apparaissent, Bayraktar pour les garçons – comme le fameux drone – ou Javelina pour les filles, une variation de Javelin, le lance-missiles antichar américain. « Avec mon argent, je veux que vous achetiez de quoi tuer le plus de Russes possible », balancent crûment des retraités sur le site de Reviens vivant. Plus les équipements sont meurtriers, plus les levées de fonds font recette. « L’histoire est en train de s’écrire, les gens veulent en être, participer à la victoire », dit Andriy, vétéran de 30 ans et permanent à l’association.

Les dons affluent de partout

Vu d’Ukraine, la récente autorisation d’importer des armes pour les ONG paraît moins une surprise que la suite logique d’un mouvement civil, très particulier au pays : cela fait longtemps qu’ici, le militaire se mêle à l’humanitaire. Pour le comprendre, il faut se souvenir de 2014. L’armée nationale est à l’époque en plein démantèlement, orchestré par une partie de la classe politique. Fidèle à Moscou, elle soutient que la Russie sera le bouclier de Kiev, pas son agresseur. Seuls 5 000 militaires sont alors en alerte opérationnelle, 4 % des troupes sont équipées de gilets pare-balles.

Lorsque la guerre éclate dans le Donbass cette année-là, un élan populaire s’organise spontanément pour soutenir cette armée aux mains nues, depuis l’achat de sous-vêtements jusqu’à la livraison de matériel de communication sophistiqué ou de véhicules. Bref, tout pour la ligne de front, sauf des armes offensives, objet d’une réglementation spécifique. Très vite, les volontaires ukrainiens vont se révéler des figures majeures du pays, les premiers à qui la société accorde sa confiance, loin devant les responsables institutionnels et les hommes politiques.

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Un char russe exposé sur l’avenue Khreshchatyk pour les célébrations du jour de l’Indépendance, à Kiev, le 27 août 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Huit ans plus tard, au siège de l’association Reviens vivant, à Kiev, chacun garde en tête le matin de l’invasion russe, le 24 février 2022. Dans cette seule journée, l’ONG a récolté autant de fonds que durant toutes les années précédentes : 300 millions de hryvnias (7,5 millions d’euros). Les dons affluent de partout, d’importantes sociétés ukrainiennes comme l’opérateur téléphonique Kyivstar ou la compagnie de taxi Uklon, un oligarque ou deux, et surtout des millions de particuliers.

Il faut dire que Reviens vivant fait figure de référence dans le secteur. Apolitique, elle publie scrupuleusement ses bilans financiers, assure aussi des formations militaires et fournit de l’aide aux vétérans. Son président, Taras Tchmout, 29 ans, répète volontiers qu’elle est devenue bien plus qu’une ONG : un acteur capable d’influencer l’état-major et la défense. « Cette fois, on s’est dit qu’on ne gagnerait pas avec des gilets pare-balles », se souvient Andriy, le permanent de l’ONG. C’est là que « Cheveux roses » entre en piste.

« Il fallait avancer masqué »

Fonctionnaire au ministère des anciens combattants, juriste, elle travaille aussi à l’association. « Il fallait avancer masqué », raconte-t-elle. Des hommes politiques prorusses sont toujours embusqués dans les rouages de l’Etat, elle en est persuadée. L’une après l’autre, elle pousse une série de lois devant la Rada (le Parlement), évitant d’abattre son jeu d’un coup pour ne pas dévoiler l’objectif final. Cela commence par la défiscalisation pour les armes (40 % d’économie), puis la simplification des procédures douanières et enfin l’autorisation accordée à des ONG d’importer des armes lourdes. Le mécanisme est simple : l’association a le statut d’acheteur et d’importateur des équipements, choisis en accord avec l’état-major. Elle en fait don à l’armée qui l’inscrit légalement dans son inventaire national. L’agrément de Reviens vivant est accordé en juin 2022.

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Des militaires ukrainiens rendent hommage au commandant Volodymyr Kerbut mort au combat contre les forces russes près de Soledar, lors de ses funérailles à Boutcha, Ukraine, le 12 janvier 2023. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Aux Etats-Unis, l’énergie et l’audace de ce mouvement populaire fascinent. Les quatre plus grosses ONG du secteur reviennent d’ailleurs d’une tournée triomphale à Washington avec audition devant le Congrès et émission spéciale sur Fox News, une semaine avant la visite du président Zelensky en décembre 2022. « Cela prouve que la société ukrainienne ne tend pas seulement la main pour demander de l’aide sur la scène internationale : elle s’engage et contribue elle-même », s’enflamme un diplomate américain à Kiev. De son côté, l’état-major ukrainien soutient que ce système d’agrément contribuera à rendre plus transparent un marché des armes, où les intermédiaires et les commissions ont tendance à se multiplier en temps de guerre.

D’autres pays paraissent moins enthousiastes. « Les négociations d’achat restent compliquées en Allemagne ou en Arabie saoudite, par exemple », soupire « Cheveux roses ». Là-bas, il est déjà compliqué pour une ONG ukrainienne d’exporter des stocks de lunettes à vision nocturne ou des gilets pare-balles, non offensifs, mais estampillés « mixtes », civils et militaires à la fois. Des drones sont restés bloqués à la frontière d’un pays postsoviétique par un douanier d’origine russe. « Cheveux roses » cache soigneusement son carnet de commandes et ses expéditions, « y compris dans les cercles ukrainiens les plus confidentiels ».

 

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Partie 2

Citation

50 blindés britanniques

En 2019, l’arrivée au pouvoir du président Zelensky avait inquiété le monde associatif, qui redoutait d’être mis à l’écart. Mais depuis le 24 février 2022, une forme d’union sacrée s’esquisse. « C’est spectaculaire : l’Etat ne se bat pas seul, toute la société est derrière nous, contrairement à ce qui se passe en Russie », lance Mykhaïlo Podolyak, conseiller spécial à la présidence. Aujourd’hui, la rapidité du processus d’agrément pour l’importation des armes laisse deviner la bonne volonté gouvernementale. Reviens vivant reste, pour l’instant, la seule ONG autorisée.

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Serhiy Prytula, fondateur de la fondation Prytoula, dans son bureau, à Kiev, le 21 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

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Des enfants « donateurs » ont été invités à rencontrer Serhiy Prytula, dans les locaux à Kiev, le 21 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

A la fondation Serhiy Prytoula, Serhiy Prytoula lui-même paraît être un double de Volodymyr Zelensky : 40 ans lui aussi, ancien acteur lui aussi, tenté par la politique lui aussi. Dans le hall d’accueil, il signe des autographes à une volée de gamins, venus en joyeuse délégation lui porter leurs économies. M. Prytoula s’apprêtait à lancer un parti d’opposition quand la guerre a éclaté. « La patrie avant tout », dit-il aujourd’hui. Le président Zelensky l’a déjà décoré deux fois. « Si j’ai des questions à lui poser, je le ferai après la victoire. » Sa fondation est devenue l’une des plus puissante, capable de lever 15,5 millions d’euros pour offrir à l’armée ukrainienne l’accès aux données d’un satellite finlandais. Lorsque les militaires lui en ont fait la suggestion, Serhiy Prytoula les a d’abord pris pour « des extraterrestres ». Il en est fier aujourd’hui : « En fait, c’était une putain de bonne idée. OK, les gens sont vraiment en colère, mais nous transformons leur colère en quelque chose d’utile. »

Non agréée pour les armes offensives, sa fondation s’apprête à réceptionner 50 blindés britanniques de transport de troupes FV103 Spartan – « d’occasion, mais à peine utilisés » – vendus par une société privée. La collecte, lancée un matin sous le slogan « Attrapez-les tous », a réuni les 5,1 millions d’euros avant le début du couvre-feu. Des Spartan avaient déjà été livrés à l’Ukraine par la Grande-Bretagne, mais dans le cadre d’un don d’Etat à Etat. Il n’y en avait que 35 alors.

« Equipements dernier cri »

Timidement, un jeune soldat pousse la porte de l’association SOS-Army, allure de villageois qui débarque dans la capitale, le genre à n’avoir aucun réseau pour l’aider, encore moins d’argent dans les poches. C’est son supérieur en personne qui lui a recommandé d’aller vers les ONG pour certains types d’équipement. « Tu verras, c’est plus rapide, moins de paperasse et du matériel plus moderne », lui a dit le gradé. Le jeune homme demande une tablette équipée d’un logiciel de guidage d’artillerie Kropyva (le chardon), la spécialité de SOS-Army, conçue par les bénévoles eux-mêmes. Ils sont 100 000 déjà à l’utiliser dans l’armée ukrainienne, selon Anna Morozova, 53 ans, une carrière dans les assurances avant de travailler à l’association.

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Anna Morozova, dans les locaux de l’association « SOS-Army » à Kiev, le 21 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

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Un soldat vient récupérer une tablette dans les locaux de l’association « SOS-Army » à Kiev, le 21 décembre 2022. RAFAEL YAGHOBZADEH POUR « LE MONDE »

Les armes, les munitions, l’équipement lourd sont toujours livrés par l’Etat à plus de 95 %, mais aucun chiffre réel n’est donné sur la part des contributions des volontaires dans le budget de la défense. Serait-ce même possible avec la multitude d’associations, certaines microscopiques, dévouées parfois à un seul checkpoint ? Et comment comptabiliser les bols de soupe ou les paires de chaussettes ? Mais « sans eux, on serait comme les soldats Russes : des SDF », dit un autre militaire. « Les volontaires nous fournissent tous les équipements dernier cri, on se sent des super-héros. »

En ce moment, « Cheveux roses » négocie avec des fournisseurs de Pologne, de République tchèque, d’Estonie, du Canada. Quelques sociétés ont commencé à la contacter, discrètement, proposant ce qu’ils ont en stock, hélicoptères américains ou blindés légers TAG. Et elle, avec sa petite voix flûtée : « Combien pièce ? »

 

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11 hours ago, Poivre62 said:

A voir si les Polonais vont être suivis par d'autres pays qui avaient évoqué la possibilité d'en donner

Il y la Finlande et puis l'Espagne. 

Le PM Pedro Sanchez envisageait l'envoi de 10 a 40 Leo 2 en Avril lors d'une visite a Kiev.  Mais ceci a ete rennonce en Aout car processus trop complex d'autorisation des Allemands (l'article ne precise pas si une demande officielle avait ete faite qui a recu un non officiel de l'Allemagne, mais officieusement l'Allemagne etait contre)

https://www.thedefensepost.com/2022/06/10/spain-leopard-tanks-ukraine/

https://www.thedefensepost.com/2022/08/04/spain-leopard-tanks-ukraine-2/

Maintenant il faudra voir si les pays, qui ont exprime un desir d'envoyer des Leo 2, vont passer a l'etape suivante si l'Allemagne donne son accord 

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