Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Guerre Russie-Ukraine 2022+ : Opérations militaires


Messages recommandés

Doucement svp sur le HS, il y a l'autre fil pour les considérations géopolitiques et tous les débats à venir sur ce qui ressemble à une première étape de mobilisation à grande échelle. 

Il y a 7 heures, herciv a dit :

Faut bien avouer que la France n'a pas beaucoup d'amis en ce moment.  

Si si y'a l'Australie du nouveau PM de gauche, moi j'y crois à mort ! Parait qu'on lui a même proposé généreusement 4 soums pour réparer les conneries de son prédécesseur :bloblaugh: 

  • Merci (+1) 1
  • Haha (+1) 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/09/19/guerre-en-ukraine-en-direct-a-koupiansk-une-poche-de-resistance-russe-dans-la-contre-offensive-ukrainienne_6142205_3210.html

A Koupiansk, une poche de résistance russe dans la contre-offensive ukrainienne

Dans la région de Kharkiv (nord-est) frontalière de la Russie, les forces ukrainiennes disent avoir repris ce mois-ci des milliers de kilomètres carrés. Mais dans la ville de Koupiansk, un nœud ferroviaire, leur ennemi s’accroche. Les Russes sont retranchés sur l’autre rive de la rivière Oskil qui traverse la ville.

Lundi, un flot de civils y cherchait à fuir la ville bombardée et où eau et électricité manquent depuis une semaine, selon des habitants. « C’est impossible de rester là où on habitait. Il y avait des tirs (…) toutes les heures », témoigne, auprès de l’Agence France-Presse, Lioudmila, 56 ans, qui a bravé les combats pour traverser la rivière, depuis la rive est vers la sécurité relative de la rive ouest. « C’est très dur là-bas », résume-t-elle.

La plupart des tirs audibles, lundi, provenaient des tanks et de l’artillerie ukrainienne, mais alors qu’une petite unité de soldats de Kiev avançait vers un pont peint aux couleurs rouge-blanc-bleu de la Russie, un échange violent de roquettes et d’obus a éclaté. Les soldats ukrainiens se sont mis à couvert sous un bâtiment en briques éventré, alors qu’un panache de fumée s’élevait dans le ciel au loin. A proximité, un panneau clame : « Nous sommes avec la Russie. Une nation ».

Des experts militaires estiment qu’une reconquête ukrainienne de Koupiansk, qui comptait quelque 58 000 habitants avant la guerre, rendrait plus difficile le ravitaillement des forces russes déployées plus au sud pour protéger leurs gains dans le bassin industriel du Donbass, objectif stratégique prioritaire du président russe, Vladimir Poutine.

Les troupes ukrainiennes sont désormais omniprésentes dans la ville, embarquées à toute vitesse dans des véhicules civils reconstruits ou marchant en ligne avec des sacs de ravitaillement. Quand Olena les a vus pour la première fois après six mois d’occupation russe, elle a été bouleversée. « J’avais envie de fondre en larmes et de rire en même temps », raconte-t-elle.

  • Merci (+1) 1
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 2 heures, Métal_Hurlant a dit :

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/09/19/guerre-en-ukraine-en-direct-a-koupiansk-une-poche-de-resistance-russe-dans-la-contre-offensive-ukrainienne_6142205_3210.html

A Koupiansk, une poche de résistance russe dans la contre-offensive ukrainienne

Dans la région de Kharkiv (nord-est) frontalière de la Russie, les forces ukrainiennes disent avoir repris ce mois-ci des milliers de kilomètres carrés. Mais dans la ville de Koupiansk, un nœud ferroviaire, leur ennemi s’accroche. Les Russes sont retranchés sur l’autre rive de la rivière Oskil qui traverse la ville.

Lundi, un flot de civils y cherchait à fuir la ville bombardée et où eau et électricité manquent depuis une semaine, selon des habitants. « C’est impossible de rester là où on habitait. Il y avait des tirs (…) toutes les heures », témoigne, auprès de l’Agence France-Presse, Lioudmila, 56 ans, qui a bravé les combats pour traverser la rivière, depuis la rive est vers la sécurité relative de la rive ouest. « C’est très dur là-bas », résume-t-elle.

La plupart des tirs audibles, lundi, provenaient des tanks et de l’artillerie ukrainienne, mais alors qu’une petite unité de soldats de Kiev avançait vers un pont peint aux couleurs rouge-blanc-bleu de la Russie, un échange violent de roquettes et d’obus a éclaté. Les soldats ukrainiens se sont mis à couvert sous un bâtiment en briques éventré, alors qu’un panache de fumée s’élevait dans le ciel au loin. A proximité, un panneau clame : « Nous sommes avec la Russie. Une nation ».

Des experts militaires estiment qu’une reconquête ukrainienne de Koupiansk, qui comptait quelque 58 000 habitants avant la guerre, rendrait plus difficile le ravitaillement des forces russes déployées plus au sud pour protéger leurs gains dans le bassin industriel du Donbass, objectif stratégique prioritaire du président russe, Vladimir Poutine.

Les troupes ukrainiennes sont désormais omniprésentes dans la ville, embarquées à toute vitesse dans des véhicules civils reconstruits ou marchant en ligne avec des sacs de ravitaillement. Quand Olena les a vus pour la première fois après six mois d’occupation russe, elle a été bouleversée. « J’avais envie de fondre en larmes et de rire en même temps », raconte-t-elle.

Je croyais que la partie est de Koupiansk était tombée (confirmé par le Conflict Intelligence team) , pris par l'unité Kraken. On a même eu une vidéo de soldats traversant le pont à pied. Quelqu'un a-t-il un point de situation à jour sur Koupiansk?

  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

https://www.lemonde.fr/international/live/2022/09/20/guerre-en-ukraine-en-direct-la-russie-signifie-a-la-france-qu-elle-juge-inacceptable-les-livraisons-d-armes-occidentales-a-kiev_6142353_3210.html

Washington dénonce les « simulacres » de référendums prévus par la Russie

Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a lui aussi réagi à l’annonce de la tenue par les autorités installées par Moscou dans quatre régions d’Ukraine de « référendums » d’annexion par la Russie. « Les Etats-Unis ne reconnaîtront jamais les prétentions de la Russie sur des parties prétendument annexées de l’Ukraine », a déclaré Jake Sullivan lors d’un point presse. Pour lui, ces référendums et l’intention de Moscou de mobiliser davantage de forces en Ukraine témoignent des revers militaires des forces russes qui ont dû de retirer de plusieurs régions qu’elles occupaient depuis février. « Ce ne sont pas des mesures que prendrait un pays sûr de lui », a-t-il noté. « Ce n’est pas montrer sa force, c’est le contraire ».

De son côté, le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, a souligné que même si Moscou annexait formellement des territoires ukrainiens sur la base de ces scrutins, Washington poursuivrait son soutien militaire à l’Ukraine. « De mon point de vue, c’est juste une opération médiatique destinée à détourner l’attention de la situation difficile dans laquelle l’armée russe se trouve actuellement », a-t-il dit. « Nous continuerons à coopérer avec l’Ukraine et nos partenaires internationaux pour lui apporter le soutien dont elle a besoin pour défendre son territoire », a-t-il conclu.

 

Emmanuel Macron qualifie de « parodie » les référendums annoncés dans les régions séparatistes

 

 

  • J'aime (+1) 2
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 3 heures, Métal_Hurlant a dit :
"...Des mercenaires russes Wagner vêtus d'uniformes ukrainiens (camouflage MM-14) dans une sous-station électrique récemment capturée près de Vesela Dolyna, #Donetsk Oblast...."

 

De toute façon, le simple fait d'être un mercenaire les rend déjà automatiquement criminels de guerre même s'ils ne font rien d'autre que d'être présent dans une zone de conflit. Ils sont également automatiquement considérés comme des combattants illégitimes, ce qui les prive du droit d'avoir le statut de prisonnier de guerre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_I
https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_internationale_contre_le_recrutement,_l'utilisation,_le_financement_et_l'instruction_de_mercenaires

 

  • Haha (+1) 1
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a une heure, Kelkin a dit :

De toute façon, le simple fait d'être un mercenaire les rend déjà automatiquement criminels de guerre même s'ils ne font rien d'autre que d'être présent dans une zone de conflit. Ils sont également automatiquement considérés comme des combattants illégitimes, ce qui les prive du droit d'avoir le statut de prisonnier de guerre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Protocole_I
https://fr.wikipedia.org/wiki/Convention_internationale_contre_le_recrutement,_l'utilisation,_le_financement_et_l'instruction_de_mercenaires

 

Sauf que oui mais être pris dans l'uniforme adverse vaut encore le statut d'espion et donc peut être passé par les armes sans procès. La loi n'a pas changé depuis les allemands déguisés en MP U.S. dans les Ardennes où les français de Charlemagne... ça a finit mal pour eux....

https://www.dailymotion.com/video/x5ot4gy

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'arrive après la guerre mais les Brandenburger portaient généralement leur uniforme allemand sous leur uniforme de prise. Lors de leurs opérations sur le front russe, ils enlevaient leurs équipements soviétiques avant de démarrer leurs missions, pour justement éviter de se faire exécuter en cas de capture.

  • J'aime (+1) 1
  • Merci (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/guerre-en-ukraine-le-franchissement-de-la-rivière-oskil-l-une-des-clés-de-la-contre-offensive-de-kiev-dans-l-est/ar-AA121ZpD?ocid=msedgntp&cvid=8f6bcd192aaa49cc9000b9f52e58a80e


Guerre en Ukraine : le franchissement de la rivière Oskil, l'une des clés de la contre-offensive de Kiev dans l'Est

Ce cours d'eau sépare désormais les deux belligérants, depuis la contre-attaque ukrainienne dans la région de Kharkhiv. Son franchissement, délicat, ouvrirait de nouvelles perspectives militaires dans la région de Louhansk (Donbass).


Les forces armées ont passé l'Oskil. Depuis hier [samedi], l'Ukraine contrôle la rive gauche." Le commandement stratégique de l'armée ukrainienne a fait cette annonce, dimanche 18 septembre, en diffusant une vidéo accompagnée d'une musique rock. Sur ces images, un char emprunte un ponton mobile, qui s'enfonce dans l'eau sous son poids. Puis le véhicule poursuit son chemin devant des soldats en rang d'oignons, avant de s'engouffrer sur un chemin de terre ridé par une ornière, qui suggère le passage antérieur d'autres blindés.

L'annonce de Kiev a été largement reprise dans la presse internationale, sans grande prudence. "L'armée ukrainienne est douée pour la communication et il ne faut pas s'enflammer", tempère Ulrich Bounat, analyste géopolitique et auteur de La guerre hybride en Ukraine, quelles perspectives ? (éd. du Cygne). A ce stade, il n'y a effectivement pas "véritablement d'images de forces ukrainiennes sur l'autre rive". Et les sources prorusses ou les témoignages de civils ne font pas encore mention de combats. Il n'y a donc "pas assez de recul" pour affirmer que l'Ukraine a massivement franchi l'Oskil.

Des missions de reconnaissance ukrainiennes
Il n'est pas impossible, en revanche, que "des forces spéciales aient franchi la rivière". De nombreuses informations non vérifiées bruissent depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Vendredi, l'unité spéciale Kraken avait notamment revendiqué un franchissement aux environs de Koupiansk. Ce bataillon, distinct de l'armée, est composé de "groupes individuels" engagés sur "des tâches précises", expliquait à Radio France l'un des ses commandants, fin août. Avec, pour spécialité, les missions de reconnaissance. Les images d'une opération amphibie ont également fait surface, avec le débarquement d'une poignée d'hommes.
Un cours d'eau constitue un obstacle difficile à franchir pour des troupes. Depuis le 11 septembre, pic de la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kharkhiv, la rivière fait office de frontière naturelle entre les deux belligérants. L'armée ukrainienne, de son côté, avait diffusé des images de véhicules russes abandonnés dans la rivière après le retrait. "Cette rivière n'est pas forcément large, mais elle constitue un barrage naturel important", confirme Ulrich Bounat. "Il n'existait que trois ou quatre ponts entre Izioum et Koupiansk, qui ont d'ailleurs été détruits" ou endommagés.

"Franchir ce cours d'eau suppose une logistique importante. En le franchissant trop tôt, les forces ukrainiennes risquaient également de se trouver isolées." Ulrich Bounat, analyste géopolitique
à franceinfo

Les forces russes sont désormais retranchées à l'Est (rive droite) et s'efforcent de consolider leurs positions. Tout l'enjeu pour Kiev est d'établir des têtes de pont sur cette rive, avant d'envisager le lancement d'éventuelles offensives dans la région de Louhansk, nouvel objectif de Volodymyr Zelensky. Le cas échéant, reste à savoir comment les forces ukrainiennes pourront tenir ce cours d'eau. "Tout dépend de la capacité de l'armée russe à reconfigurer ou reformer un front défensif à l'est de la rivière Oskil", a estimé sur franceinfo Edouard Jolly, chercheur à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (Irsem).
Le contour exact d'une future ligne de front est encore incertain, mais les forces russes semblent toutefois constituer des forces à Svatove, écrivait samedi (en anglais) le ministère de la Défense britannique. A une trentaine de kilomètres, donc, à l'est du cours d'eau. "Cette ligne longe la frontière de l'oblast de Louhansk", souligne la même source, alors que la Russie fait de la "libération" du Donbass "l'un des ses objectifs immédiats".

"Il n'y a pas beaucoup de villes et d'obstacles naturels" pour arrêter une éventuelle progression ukrainienne entre Svatove et l'Oskil, fait remarquer Ulrich Bounat, ce qui peut également expliquer ce choix plus en retrait. La ville, par ailleurs, est desservie par un axe routier important pour les forces russes (P66) et traversée par une autre rivière, la Krasna. Sans surprise, l'Ukraine mène donc des frappes sur cette localité : elle affirme avoir tué (en ukrainien) 200 soldats russes logés dans un hôtel de la ville, tandis que les autorités séparatistes locales, elles, font état de sept immeubles civils détruits (en ukrainien).


De violents combats à Koupiansk et Lyman
En attendant, les combats font toujours rage dans la partie est de Koupiansk, ville à cheval sur l'Oskil, avec une poche de résistance russe qui n'a toujours pas cédé depuis la contre-offensive. Les civils tentent toujours de fuir les bombardements, tandis que les pénuries d'eau et d'électricité s'aggravent. Dans le Sud-Est, les affrontements se concentrent à Lyman, ville située sur la rivière Donets et elle aussi coupée en deux. La prise de ce verrou est tout aussi capitale pour ouvrir la route du Donbass.

En cas de victoire ukranienne, le front pourrait alors se déplacer rapidement vers Svatove et mettre la P66 à portée de tir ukrainien, estime Ulrich Bounat. Cela risquerait de "couper les approvisionnements provenant de la frontière avec la Russie au Nord" et de "mettre sous pression, à terme, les positions russes à Sloviansk et Severodonetsk".

Au vu du contexte, l'annonce de référendums d'adhésion à la Russie, dans les territoires séparatistes de Louhansk et de Donetsk, n'est pas surprenante. Car ces régions, si elles sont intégrées à la fédération russe, bénéficieront à leur tour de la protection nucléaire. De quoi dissuader Kiev d'engager plus loin ses troupes pour reconquérir des parties du Donbass ? Selon Ulrich Bounat, les initiatives référendaires séparatistes, et l'accueil favorable que leur réserve le Kremlin, témoignent en tout cas "des difficultés opérationnelles des forces russes, qui ont perdu l'initiative dans le secteur."
 

  • Merci (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 8 minutes, Kelkin a dit :

De plus, le Protocole I des Conventions de Genève, qui interdit aux mercenaire d'avoir les statuts de combatant et de prisonnier de guerre, a bel et bien été ratifié par la Russie. Enfin, le mercenariat est également interdit par les lois russes, ce qui est la raison pour laquelle Wagner est juridiquement basé en Argentine.

La Russie est sortie du Protocole 1

Pour le mercenariat La Russie a inclus en 1996 dans son code pénal des sanctions frappant l'utilisation de mercenaires (quatre à huit ans d'emprisonnement), mais aussi leur recrutement, leur financement et leur entraînement. Le recours à des personnes mineures est une circonstance aggravante (sept à quinze ans d'emprisonnement). Le fait de prendre part à un conflit en tant que mercenaire est puni de trois à sept ans d'emprisonnement.

source : rapport du sénat

  • Upvote (+1) 2
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il y a 4 heures, Niafron a dit :

Oui, les HARM, j'avais vu, mais deux questions:

1 Est ce qu'il ne faut pas un Pod avec pour que ce soit efficace ( je me rappelle plus de son nom, mais de mémoire, les F 16 spécialisés SEAD en ont un )?

2 Est ce que les avions Ukrainiens peuvent recevoir des données "live" de la part des américains ( RC 135 par exemple...) pour conduire ces missions?

Si tu veux plus d'infos, "Até" Chuet a fait une vidéo sur le sujet . . .

Révélation

 

  • Merci (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

1 hour ago, Banzinou said:

ça sert à rien de faire 50 000 fois référence à la Serbie dans tes posts, ça devient lassant, c'est pas la première fois.

 

Pourquoi ? Parce que tu n'assume pas ?

Et toi tu ne pense pas que tu es lassant a déblatérer toute la vomiture de Twitter ici comme un vulgaire voyeur?

  • Merci (+1) 1
  • Confus 12
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Une partie de l'article de la célèbre reporter du Monde Florence Aubenas :

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/09/20/a-prokhody-village-ukrainien-libere-le-chaos-apres-le-retrait-russe_6142423_3210.html

A Prokhody, village ukrainien libéré, le chaos après le retrait russe
Par Florence Aubenas (Prokhody, Ukraine) - envoyée spéciale
Dans la région de Kharkiv, le commandant Andri, businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes, retrouve son village, où une centaine d’habitants vivent encore, sur 2 500 en temps de paix.

C’était l’autoroute de Kharkiv vers Moscou, filant à travers la forêt, la voie royale bordée de restaurants et de cafés. Aujourd’hui, l’asphalte part en lambeaux, comme la peau d’un brûlé, raviné par les chars et les obus. Un blindé léger ukrainien cahote parfois entre les tanks calcinés. Puis le silence retombe, rien ne circule. Depuis sa reconquête par Kiev lors de l’offensive des dernières semaines, cette bande frontalière d’une dizaine de kilomètres a été déclarée « zone de filtration », le 11 septembre.
En dehors d’unités militaires, nul ne peut entrer ou sortir : un territoire pris dans la nasse pour vérifier l’identité de tous ceux qui s’y trouvent et débusquer les soldats russes, les saboteurs, mais aussi identifier les Ukrainiens suspects de collaboration. Comme dans d’autres poches libérées de la région, il vient de s’ouvrir ici une époque trouble : celles des règlements de comptes et des changements de camp, au milieu de bourgades décapitées, livrées à elles-mêmes par la guerre, peuplées d’habitants hagards, souvent sans maire, sans police, sans institutions.
Plus d’électricité depuis six mois
Combattant de la brigade de défense territoriale 113, Andri, 50 ans, n’a pas pu se retenir : il veut voir de ses yeux ce qu’est devenu Velyki Prokhody, son village, sa maison, ses chiens. Le village est en pleine zone de filtration, checkpoint à l’entrée, tenu par cinq soldats lourdement armés. De là, on aperçoit le hameau russe, à 6 kilomètres de l’autre côté de la frontière, des maisons blanches semblables à celles de Velyki Prokhody. Le fourgon blindé d’Andri prend la rue Lénine. Les noms n’ont pas changé depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991 : le maire était ouvertement prorusse, la moitié du village aussi. Businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes depuis la guerre dans le Donbass en 2014, Andri dit en riant qu’il était alors « le seul mauvais garçon du coin ». « Peu de gens me soutenaient », ajoute-t-il. Pendant l’occupation de Velyki Prokhody, il est devenu l’homme à abattre, sa tête mise à prix par les militaires russes. Certains l’estimaient à 10 000 dollars (10 000 euros), d’autres à 50 000.

Dans le village, des voisins ne le reconnaissent pas en tenue de combat : il doit enlever son casque pour montrer qui il est. « Tu as maigri », dit l’un. Et Lioubov, agricultrice, 75 ans : « Tu as grandi. » A vrai dire, il reste peu de monde ici, une centaine de personnes sur les 2 500 en temps de paix. Tous, ou presque, sont passés en Russie, la voie vers l’Ukraine étant bloquée par la ligne de front. « Ils nous encourageaient à partir en masse », raconte un employé. Moscou voulait des images de propagande pour justifier l’invasion du pays, une foule se jetant dans les bras russes pour fuir le « pouvoir fasciste ukrainien ». Des bus spéciaux ont été affrétés, certains habitants sont partis de chez eux avec leur passeport pour tout bagage. Les plus riches ont pu repasser en Ukraine, un périple long et cher, via les pays baltes. Les autres sont toujours bloqués dans des camps. Le maire a décampé le premier, quelques jours avant la guerre. Ici, on le répète : « Il devait savoir ce qui se préparait et nous a abandonnés. » Le village n’a plus d’électricité depuis six mois.

 

Il vous reste 67.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

(voir plus bas le post d'Olivier Isb pour l'intégralité + les photos)
 

Modifié par Métal_Hurlant
  • J'aime (+1) 1
  • Merci (+1) 1
  • Upvote (+1) 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 30 minutes, Métal_Hurlant a dit :

Une partie de l'article de la célèbre reporter du Monde Florence Aubenas :

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/09/20/a-prokhody-village-ukrainien-libere-le-chaos-apres-le-retrait-russe_6142423_3210.html

A Prokhody, village ukrainien libéré, le chaos après le retrait russe
Par Florence Aubenas (Prokhody, Ukraine) - envoyée spéciale
Dans la région de Kharkiv, le commandant Andri, businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes, retrouve son village, où une centaine d’habitants vivent encore, sur 2 500 en temps de paix.

C’était l’autoroute de Kharkiv vers Moscou, filant à travers la forêt, la voie royale bordée de restaurants et de cafés. Aujourd’hui, l’asphalte part en lambeaux, comme la peau d’un brûlé, raviné par les chars et les obus. Un blindé léger ukrainien cahote parfois entre les tanks calcinés. Puis le silence retombe, rien ne circule. Depuis sa reconquête par Kiev lors de l’offensive des dernières semaines, cette bande frontalière d’une dizaine de kilomètres a été déclarée « zone de filtration », le 11 septembre.
En dehors d’unités militaires, nul ne peut entrer ou sortir : un territoire pris dans la nasse pour vérifier l’identité de tous ceux qui s’y trouvent et débusquer les soldats russes, les saboteurs, mais aussi identifier les Ukrainiens suspects de collaboration. Comme dans d’autres poches libérées de la région, il vient de s’ouvrir ici une époque trouble : celles des règlements de comptes et des changements de camp, au milieu de bourgades décapitées, livrées à elles-mêmes par la guerre, peuplées d’habitants hagards, souvent sans maire, sans police, sans institutions.
Plus d’électricité depuis six mois
Combattant de la brigade de défense territoriale 113, Andri, 50 ans, n’a pas pu se retenir : il veut voir de ses yeux ce qu’est devenu Velyki Prokhody, son village, sa maison, ses chiens. Le village est en pleine zone de filtration, checkpoint à l’entrée, tenu par cinq soldats lourdement armés. De là, on aperçoit le hameau russe, à 6 kilomètres de l’autre côté de la frontière, des maisons blanches semblables à celles de Velyki Prokhody. Le fourgon blindé d’Andri prend la rue Lénine. Les noms n’ont pas changé depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991 : le maire était ouvertement prorusse, la moitié du village aussi. Businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes depuis la guerre dans le Donbass en 2014, Andri dit en riant qu’il était alors « le seul mauvais garçon du coin ». « Peu de gens me soutenaient », ajoute-t-il. Pendant l’occupation de Velyki Prokhody, il est devenu l’homme à abattre, sa tête mise à prix par les militaires russes. Certains l’estimaient à 10 000 dollars (10 000 euros), d’autres à 50 000.

Dans le village, des voisins ne le reconnaissent pas en tenue de combat : il doit enlever son casque pour montrer qui il est. « Tu as maigri », dit l’un. Et Lioubov, agricultrice, 75 ans : « Tu as grandi. » A vrai dire, il reste peu de monde ici, une centaine de personnes sur les 2 500 en temps de paix. Tous, ou presque, sont passés en Russie, la voie vers l’Ukraine étant bloquée par la ligne de front. « Ils nous encourageaient à partir en masse », raconte un employé. Moscou voulait des images de propagande pour justifier l’invasion du pays, une foule se jetant dans les bras russes pour fuir le « pouvoir fasciste ukrainien ». Des bus spéciaux ont été affrétés, certains habitants sont partis de chez eux avec leur passeport pour tout bagage. Les plus riches ont pu repasser en Ukraine, un périple long et cher, via les pays baltes. Les autres sont toujours bloqués dans des camps. Le maire a décampé le premier, quelques jours avant la guerre. Ici, on le répète : « Il devait savoir ce qui se préparait et nous a abandonnés. » Le village n’a plus d’électricité depuis six mois.

 

Il vous reste 67.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
 

Très émouvant cet article, très humain. On voit à la fois les risques en zone reconquise et les possibilités de pardonner, une scène étant rapportée à ce sujet. Mention assez stupéfiante aux habitants qui pensaient à une nouvelle relève Russe lorsque ce sont les Ukr qui sont entrés dans le village. 

 

Citation

A Prokhody, village ukrainien libéré, le chaos après le retrait russe

c2cdbf4_1663655393083-prokhody-ukraine-g

Par Florence Aubenas (Prokhody (Ukraine) - envoyée spéciale)Publié aujourd’hui à 14h46, mis à jour à 20h28

Temps deLecture 6 min.

REPORTAGEDans la région de Kharkiv, le commandant Andri, businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes, retrouve son village, où une centaine d’habitants vivent encore, sur 2 500 en temps de paix.

C’était l’autoroute de Kharkiv vers Moscou, filant à travers la forêt, la voie royale bordée de restaurants et de cafés. Aujourd’hui, l’asphalte part en lambeaux, comme la peau d’un brûlé, raviné par les chars et les obus. Un blindé léger ukrainien cahote parfois entre les tanks calcinés. Puis le silence retombe, rien ne circule. Depuis sa reconquête par Kiev lors de l’offensive des dernières semaines, cette bande frontalière d’une dizaine de kilomètres a été déclarée « zone de filtration », le 11 septembre.

En dehors d’unités militaires, nul ne peut entrer ou sortir : un territoire pris dans la nasse pour vérifier l’identité de tous ceux qui s’y trouvent et débusquer les soldats russes, les saboteurs, mais aussi identifier les Ukrainiens suspects de collaboration. Comme dans d’autres poches libérées de la région, il vient de s’ouvrir ici une époque trouble : celles des règlements de comptes et des changements de camp, au milieu de bourgades décapitées, livrées à elles-mêmes par la guerre, peuplées d’habitants hagards, souvent sans maire, sans police, sans institutions.

Plus d’électricité depuis six mois

Combattant de la brigade de défense territoriale 113, Andri, 50 ans, n’a pas pu se retenir : il veut voir de ses yeux ce qu’est devenu Velyki Prokhody, son village, sa maison, ses chiens. Le village est en pleine zone de filtration, checkpoint à l’entrée, tenu par cinq soldats lourdement armés. De là, on aperçoit le hameau russe, à 6 kilomètres de l’autre côté de la frontière, des maisons blanches semblables à celles de Velyki Prokhody. Le fourgon blindé d’Andri prend la rue Lénine. Les noms n’ont pas changé depuis l’indépendance de l’Ukraine, en 1991 : le maire était ouvertement prorusse, la moitié du village aussi. Businessman, engagé dans les forces pro-ukrainiennes depuis la guerre dans le Donbass en 2014, Andri dit en riant qu’il était alors « le seul mauvais garçon du coin ». « Peu de gens me soutenaient », ajoute-t-il. Pendant l’occupation de Velyki Prokhody, il est devenu l’homme à abattre, sa tête mise à prix par les militaires russes. Certains l’estimaient à 10 000 dollars (10 000 euros), d’autres à 50 000.

2ea09ce_1663655389080-prokhody-ukraine-g

Lioubov, une habitante de Prokhodi, en Ukraine, le 19 septembre 2022 : « Je n'ai pas d'eau et d'électricité depuis le 24 février. » SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

6223c37_1663655384129-prokhody-ukraine-g

Andri, dans sa maison, à Prokhodi, en Ukraine, le 19  septembre 2022. Sur le mur du salon, l’inscription : « Attends, on va revenir. » SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

Dans le village, des voisins ne le reconnaissent pas en tenue de combat : il doit enlever son casque pour montrer qui il est. « Tu as maigri », dit l’un. Et Lioubov, agricultrice, 75 ans : « Tu as grandi. » A vrai dire, il reste peu de monde ici, une centaine de personnes sur les 2 500 en temps de paix. Tous, ou presque, sont passés en Russie, la voie vers l’Ukraine étant bloquée par la ligne de front. « Ils nous encourageaient à partir en masse », raconte un employé. Moscou voulait des images de propagande pour justifier l’invasion du pays, une foule se jetant dans les bras russes pour fuir le « pouvoir fasciste ukrainien ». Des bus spéciaux ont été affrétés, certains habitants sont partis de chez eux avec leur passeport pour tout bagage. Les plus riches ont pu repasser en Ukraine, un périple long et cher, via les pays baltes. Les autres sont toujours bloqués dans des camps. Le maire a décampé le premier, quelques jours avant la guerre. Ici, on le répète : « Il devait savoir ce qui se préparait et nous a abandonnés. » Le village n’a plus d’électricité depuis six mois.

« Où est mon horloge en bois ? » A elle seule, elle devient pour Andri le symbole de cette guerre tout entière

La maison d’Andri a été occupée dès le début de la guerre. Elle est celle d’un homme puissant et envié, aux activités prospères : transport de carburant, agriculture, magasins, cryptomonnaie. Dans son hangar détruit, le vent fait rugir les tôles à la manière d’un orgue fou. Il pousse enfin la porte de chez lui. Face au canapé en cuir du salon, une main a tracé en noir sur le mur blanc : « Attends, on va revenir. » Une table est dressée, les verres remplis, un bol contient des bretzels. Impression que les occupants ont fui en catastrophe. De pièce en pièce, Andri tourne comme un fauve : tout est pillé, dévasté. Youri, un de ses employés agricoles, trotte derrière lui, collé à ses pas, heureux de retrouver le maître, malheureux de le voir crucifié en son propre royaume. Resté au village, Youri a une fragilité cérébrale, aggravée par le fait d’avoir été emprisonné et battu par les Russes parce qu’il était un proche d’Andri.

9ced244_1663655386839-prokhody-ukraine-g

L'entrepôt agricole d'Andri à Prokhodi, en Ukraine, le 19 septembre 2022. Il servait de stock d'armes et de munitions pour l'armée russe durant l'occupation du village. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

d05398b_1663655388417-prokhody-ukraine-g

Yuri et Edouarde à Prokhodi, en Ukraine, le 19 septembre 2022. Ils ont vécu six mois sous occupation russe avant la contre-offensive de l'armée ukrainienne, le 11 septembre 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

« Où est mon frigo Samsung ? Où est ma bibliothèque précieuse ? Où sont mes tracteurs, mes voitures, ma motoneige ? », s’insurge le maître. Même le compteur électrique a été volé, et la paille du poulailler retournée. « Ils cherchaient l’or », murmure Youri. Tout à coup, un cri plus fort que les autres, un déchirement sorti du plus profond : « Où est mon horloge en bois ? » A elle seule, elle devient brutalement pour Andri le symbole de cette guerre tout entière, ses défaites, ses victoires, ses blessures intimes. « Il faut que je la retrouve. »

Le fourgon d’Andri repart dans le village, chez Fourmi, un vigile quadragénaire jusque-là sans histoires. Il fait aujourd’hui figure de collaborateur le plus visible de Velyki Prokhody, fréquentant les Russes sans retenue, comme ses proches. Tetiana, la sœur de Fourmi, une coiffeuse, faisait office de maire et distribuait l’aide humanitaire de Moscou. En échange, un appartement de son choix lui avait été promis à Kharkiv, lorsque la ville tomberait. Elle s’en vantait volontiers. Avec une vingtaine de personnes, elle vient de fuir en Russie, au milieu de la colonne militaire en débandade. De là-bas, une autre des sœurs de Fourmi envoie des messages à Andri. « A une distribution, j’ai pris un jouet de ta fille pour le donner à la mienne. Pardonne-moi. » Suit une photo de la petite fille, endormie avec la peluche. « Elle veut négocier », dit Andri, qui a aussi a été appelé par l’ancien maire, « pour discuter ». De 2008 à 2012, Andri était élu à la commune sous l’étiquette prorusse. « Il n’y en avait pas d’autres à l’époque, on y était tous. » Il a trouvé le milieu « trop sale ». Puis est venu son engagement du côté ukrainien, dans la guerre du Donbass.

« Ceux qui sont restés ne sont pas tous séparatistes, quinze ou vingt étaient vraiment de ce bord », Oleksi, mécanicien à Prokhodi

Fourmi, lui, n’a pas eu le temps de quitter le village, contrairement à sa sœur Tetiana. Arrivé devant chez lui, le businessman l’appelle. « Tu crois qu’on le frappe tout de suite ? », demande Vitali, le frère d’arme d’Andri, qui l’a accompagné. Depuis que les deux hommes ont installé leur famille à l’étranger en raison de la guerre, ils ne se quittent plus, partageant, à Kharkiv, un appartement devenu une caserne miniature. « Non, on ne le bat pas, on va parler », rétorque Andri. Fourmi n’est pas chez lui.

722179f_1663655391033-prokhody-ukraine-g

Dans le village de Prokhodi gisent des véhicules marqués du « Z » de l'armée russe. Le 19 septembre 2022 à Prokhody, en Ukraine. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

b31aef5_1663655387960-prokhody-ukraine-g

Oleksi, mécanicien, à Prokhodi, en Ukraine, le 19 septembre 2022. Il a vécu six mois sous occupation russe avant la contre-offensive de l'armée ukrainienne le 11 septembre 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

On passe chez Oleksi, 29 ans, mécanicien, un voisin qui sait peut-être quelque chose. « Ceux qui sont restés ne sont pas tous séparatistes, quinze ou vingt étaient vraiment de ce bord », se défend d’emblée Oleksi. La période est dangereuse, il le sait, un mot, un soupçon peut coûter cher. Pendant l’occupation russe, il a été forcé de dormir dans la niche du chien, suspecté d’aider les troupes ukrainiennes. Il a été battu plusieurs fois. « Mon horloge en bois ? », demande Andri. « Elle est chez Vitali, l’agriculteur. »

La ferme sue la misère

L’homme est dans sa cuisine. L’horloge aussi, avec son lourd balancier. L’agriculteur s’embrouille, commence par affirmer qu’elle a été volée par les Tziganes. Puis il affirme être allé la chercher « pour la sauver des Russes ». Une exclamation finit par lui échapper : « Mais tout le monde prenait ! » Andri se fâche. « Non, d’autres n’ont rien volé. Toi, tu pensais que les Russes resteraient toujours. » Le ton, brusquement, monte. La ferme sue la misère. Seuls biens visibles : une vache, des chats maigres, une carriole en bois. A 52 ans, l’agriculteur est célibataire. Deux militaires ukrainiens sont accoudés à la terrasse, lançant des clins d’œil. Vitali les héberge, en guise de protection probablement. « Mais la table aussi est à moi », s’exclame Andri. L’autre baisse la tête. « On nous a laissés tout seuls. » Le businessman se calme. « Je te pardonne, c’est la guerre. Mais tu vas rassembler ce que tu as pris et le rapporter chez moi. » Alors, le petit fermier dit sur un ton bas, soumis : « J’ai un proche qui veut être évacué à Kharkiv. Tu pourrais t’en occuper ? »

Dans le village, ça tire au mortier pas loin, on se bat à la kalachnikov. Les forêts, les champs, tout est miné, jusqu’aux cadavres de bétail. Transformée en base militaire russe, l’école est détruite, la biscuiterie aussi. Lioubov et Olexsandr, des retraités, vivent dans leur garage depuis le bombardement de leur maison. Sous l’occupation, les réseaux téléphoniques avaient été coupés. Les déplacements n’étaient autorisés que certains jours, à certaines heures. Il fallait éviter les discussions en public. Pendant six mois, Lioubov n’a parlé qu’à Olexsandr et Olexsandr à Lioubov, à part aux militaires russes qui les ont arrêtés deux fois, les accusant d’aider l’Ukraine.

959adaf_1663655389502-prokhody-ukraine-g

Vitali désigne l'horloge du 17e siècle qui a été volée au domicile d'Andri lors de l'occupation du village de Prokhodi, en Ukraine, par l'armée russe. Le 19 septembre 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

bc21451_1663655387765-prokhody-ukraine-g

Andri et Vitali se rendent devant la maison d'un homme prénommé Fourmi, accusé de collaboration et de pillage par des habitants du village. A Prokhodi, en Ukraine, le 19 septembre 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

Ils ont cru à une nouvelle provocation quand ils ont entendu frapper à la porte du garage et demander : « Ça va ? » Le commandant ukrainien Ivan Nivikov, du 227e bataillon de défense territoriale, se souvient en effet que la population les a d’abord pris pour la relève russe. Le village avait vu défiler quatre unités différentes, séparatistes du Donbass ou unités du Daghestan, toutes reparties chargées de biens pillés. « Les gens étaient étonnés qu’on les laisse bouger : c’est ce qui leur a finalement fait comprendre qu’on était ukrainiens », raconte le commandant Nivikov.

Dans la rue en face, deux villageois se croisent, les yeux au sol, évitant de se regarder et de se saluer. Ils ont perdu l’habitude. Andri avait rapporté son horloge en bois des Pays-Bas, une antiquité du XVIIe siècle. Il parle d’elle doucement, dans le fourgon qui rentre vers Kharkiv, comme on le ferait d’une vie retrouvée.

2f24ff2_1663655384149-prokhody-ukraine-g

Le drapeau ukrainien brûlé dans la cour de la maison d'Andri à Prokhodi, en Ukraine, occupée durant six mois par des soldats russes. Le 19 septembre 2022. SAMUEL GRATACAP POUR « LE MONDE »

 

Modifié par olivier lsb
orthographe
  • Merci (+1) 4
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 46 minutes, g4lly a dit :

Pourquoi ? Parce que tu n'assume pas ?

Et toi tu ne pense pas que tu es lassant a déblatérer toute la vomiture de Twitter ici comme un vulgaire voyeur?

J'avais 3 ou 4 ans, alors je veux bien qu'on me reproche à l'époque d'avoir oublié mes crayons de couleur à l'école, un peu moins d'avoir bombardé la Serbie.

Accessoirement pour le deuxième paragraphe, je ne le pense absoluement pas.

Modifié par Banzinou
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

24 minutes ago, olivier lsb said:

Parce que c'est une comparaison qui a beaucoup de limites et qui est hors sujet, car ne traitant pas de la situation actuelle. Il y a un fil pour faire ou refaire l'histoire sur la Serbie. 

La "vomiture" de Twitter, il faut en discuter et en débattre au cas par cas. Ta généralisation est abusive et non argumentée. 

La question c'est pas la Serbie mais le fait qu'on m'accuse ouvertement de légitimer des crime de guerre ...

Sous prétexte que je pose des questions qui fâche sur ce qu'est une cible civile par exemple... Ou sur le fait qu'utiliser une ville pleine de civil pour des activités militaire est un souci ...

Après si vous voulez transformer ce fil en defouloir des hools de l'Ukraine je fais comme @Akhilleusje vous laisse entre bon français vous repaître de ce conflit comme du dernier JT.

  • Upvote (+1) 3
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

il y a 19 minutes, olivier lsb a dit :

Très émouvant cet article, très humain. On voit à la fois les risques en zone reconquise et les possibilités de pardonner, une scène étant rapportée à ce sujet. Mention assez stupéfiante aux habitants qui pensaient à une nouvelle relève Russe lorsque ce sont les Ukr qui sont entrés dans le village. 

 

 

Bon après, le gars avait un journaliste occidental avec lui. Pas dit que loin des caméras, l'explication avec le collaborateur/pilleurs aurait pas été plus "musclée". 

  • Upvote (+1) 4
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • Rob1 locked this sujet
  • Rob1 unlocked this sujet

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Restaurer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

  • Statistiques des membres

    5 967
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Stevendes
    Membre le plus récent
    Stevendes
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,5k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...