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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques


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https://www.lejournaldesarts.fr/actualites/ukraine-le-bilan-un-apres-des-dommages-causes-au-patrimoine-165099 (24 février 2023)

Le ministère de la Culture ukrainien répertorie ces atteintes, et en dénombre aujourd’hui plus de cinq cents. Soit beaucoup plus que l’Unesco, qui en janvier 2023 a recensé 238 sites détruits ou endommagés. « L’Unesco prend un peu plus de temps, car elle vérifie et re-vérifie, demande des confirmations sur le terrain avant de mettre les biens sur la liste. C’est ce qui explique cette différence de chiffres ; mais nous sommes certainement plus proches du nombre donné par le ministère de la Culture », explique Dmytro Koval, professeur à l’université nationale de Kyiv-Mohyla et consultant pour l’Unesco. Pour précision : cent cinq édifices religieux, dix-huit musées et onze bibliothèques font partie des biens endommagés ou détruits.

Dans les territoires annexés par les Russes, les atteintes au patrimoine ne se limitent plus aux destructions, mais s’étendent au pillage massif des biens culturels dans les sites patrimoniaux. Le bilan est difficilement quantifiable : l’Ukraine a entamé un inventaire national il y a seulement neuf ans, et ses bases de données demeurent incomplètes. Les outils utilisés pour surveiller, par exemple, le trafic de biens culturels en provenance de Syrie ou d’Irak sont ici inutiles : les biens pillés ne sont pas destinés au marché, mais à être intégrés aux collections des musées de Crimée et de Russie. Cette appropriation laisse peu d’espoir à une restitution des biens volés : « On peut seulement attendre qu’à un moment de l’histoire il y aura un changement de régime en Fédération de Russie, que cette dernière reconnaîtra les méfaits causés et s’engagera dans un processus de restitution », ose pourtant espérer Dmytro Koval. L’occupation fait également peser des menaces sur le patrimoine culturel immatériel ukrainien, à commencer par sa langue, véhicule de ce patrimoine. Les noms de lieux, d’institutions, les programmes scolaires, les médias sont russifiés, marginalisant l’usage de la langue ukrainienne.

Pour être impartial, le bilan devrait aussi comptabiliser les menaces sur le patrimoine culturel immatériel russe consécutives à la campagne d'ukrainisation post-révolution orange et post-Maïdan, accélérée encore depuis 2022, en particulier dans les bibliothèques :

Le 17/02/2023 à 12:49, Wallaby a dit :

Dans la série, "c'est vrai, mais il n'est "pas correct" de le dire" :

https://www.newsweek.com/fact-check-has-ukraine-banned-19-million-russian-books-its-libraries-1779446 (7 février 2023)

Comme le rapporte Reuters, l'Ukraine a annoncé le retrait de 19 millions de livres de ses bibliothèques.

Selon une déclaration publiée le 6 février 2023 sur le site Web de la Verkhovna Rada (le parlement du pays), en novembre 2022, 11 millions de livres en russe avaient été "radiés."

Yevheniya Kravchuk, chef adjoint de la commission de la politique humanitaire et de l'information du parlement ukrainien, a déclaré que "certains livres en ukrainien sont également radiés de l'ère soviétique."

"Il existe également des recommandations visant à radier et à supprimer les livres dont les auteurs ont soutenu l'agression armée contre l'Ukraine", peut-on lire dans une traduction de la déclaration de Kravchuk.

"Il y a toute une liste de ces auteurs qui sont tombés sous le coup de sanctions. En général, le rapport entre les livres en russe et en ukrainien dans nos bibliothèques est très triste.

"Donc maintenant il s'agit, qu'il est plutôt nécessaire de renouveler les fonds et d'acheter des livres en ukrainien."

Comme l'a noté Reuters, une enquête de l'Institut international de sociologie de Kiev, publiée en 2019, a révélé qu'en 2004, 30 % du pays parlait principalement ou uniquement le russe. Environ la moitié du pays parlait principalement ou uniquement l'ukrainien, selon le rapport.

L'Ukraine a précédemment signalé que la police militaire dans les territoires occupés des régions de Louhansk, Donetsk, Tchernihiv et Sumy avait détruit des manuels de littérature et d'histoire ukrainiennes dans les bibliothèques.

Selon une déclaration des services de renseignement de la défense ukrainienne, les textes saisis comprenaient des livres d'histoire sur les mouvements de libération et "des manuels scolaires sur l'histoire de l'Ukraine, de la littérature historique scientifique et populaire."

 

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A propos des munitions pour Guepards , un bon résumé d'une certaine forme d'attentisme politique et industriel qui a prévalu en Allemagne (mais sans doute aussi en France) .

Il est clair depuis fin avril 2022 que les guepards ont besoin de nouvelles munitions. Malgré cela, le gouvernement fédéral a longtemps agi comme si la fin de la guerre était imminente. Ils semblaient surpris de devoir livrer le char, encore plus surpris que cela fasse également une différence. Les gens ont probablement été très surpris lorsque la Suisse n'a pas laissé sortir ses stocks de munitions du pays.Néanmoins, la commande de nouveaux obus en Allemagne a été lente.

Chercher le coupable uniquement à Berlin n'est probablement pas suffisant. Les cercles gouvernementaux ont déclaré à WirtschaftsWoche que Rheinmetall lui-même avait contribué de manière significative aux retards. La société de Düsseldorf détenait apparemment un brevet pour la munition anti-aérienne spéciale du guépard, empêchant ainsi une production rapide en Norvège , où une société avait déjà proposé.

Résultat : l'usine de Basse-Saxe n'est que maintenant en construction. Et l'Ukraine ne recevra la nouvelle production qu'en juillet. De plus, les munitions seront nettement plus chères que prévu, du moins c'est ce qu'on dit à Berlin. "Il faut dire qu'au final, c'était juste une très bonne affaire pour Rheinmetall", déclare l'un des intervenants. L'entreprise tire 160 millions d'euros des munitions de guépard pour l'Ukraine.

https://www.wiwo.de/politik/deutschland/ruestung-der-gepard-panzerdeal-ist-kein-grund-zum-jubeln/28985238.html

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Il y a 3 heures, Bocket a dit :

Chercher le coupable uniquement à Berlin n'est probablement pas suffisant. Les cercles gouvernementaux ont déclaré à WirtschaftsWoche que Rheinmetall lui-même avait contribué de manière significative aux retards. La société de Düsseldorf détenait apparemment un brevet pour la munition anti-aérienne spéciale du guépard, empêchant ainsi une production rapide en Norvège , où une société avait déjà proposé.

En fait, Rheinmetall 'est le fabricant même de la munition. En effet, ils ont racheté en 1999 Oerlikon Contraves Defence, la société suisse qui avait conçu le canon de 35mm du Guepard et ses munitions.

Modifié par Paschi
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Pour explorer la possibilité d'une comparaison entre les conquêtes poutiniennes et bismarckiennes, au niveau soit de la rhétorique soit des "vraies motivations", je vous propose la lecture de Gilbert Krebs, La Naissance du Reich - La question d’Alsace-Lorraine, 1995 : http://www.air-defense.net/forum/topic/5890-la-guerre-en-1870/?do=findComment&comment=1614675

Modifié par Wallaby
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Le 25/02/2023 à 13:16, olivier lsb a dit :

Politico a fait une compilation d'extraits d'interview (menées par les journalistes du site) très intéressante des principaux protagonistes de l'appareil sécuritaire US. Pas de révélation fracassante, mais un aperçu des coulisses et un partage d'impression par les principaux chefs du renseignements et officiers supérieurs.

https://www.politico.com/news/magazine/2023/02/24/russia-ukraine-war-oral-history-00083757

Merci. Bon pour 2 heures de temps de lecture on n'a pas de vue très nouvelle ni beaucoup de détails.

Je relève :

Citation

Ils avaient l'intention de réussir en six semaines environ. Nous pensons que c'est ce qu'ils prévoyaient de faire : renverser le gouvernement, s'emparer de la capitale, tuer ou capturer Zelenskyy en quelques jours, puis atteindre le Dniepr en force en six semaines environ. Tout cela avant le défilé du 1er mai, pour déclarer la victoire de l'opération militaire dite spéciale.

Et quelques détails sur quand ils ont su certaines choses, je me demande s'ils n'en disent pas trop, d'autant qu'ils n'ont pas toujours besoin d'être aussi précis pour expliquer ce qu'ils ont fait en conséquence.

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"Depuis un an, près de 120 000 Ukrainiens ont bénéficié d’une protection de la France, dont 20 000 sont déjà repartis. Avec eux, l'Hexagone découvre des immigrants pressés de rentrer chez eux. De quoi perturber les institutions, habituées à des déplacés désireux d'établir leur vie dans le pays d'accueil.

« Quand elle a compris, l’été dernier, que la guerre allait durer, Julia a décidé de regagner l’Ukraine avec son fils pour retrouver son mari », raconte Ayyam Sureau, à la tête de l’association Pierre Claver en charge de l’accueil de réfugiés statutaires – c'est-à-dire ayant obtenu la protection de la France. Son amie Ludmila l’a suivie, elle aussi sans même prendre la précaution de renouveler son titre de séjour français valable six mois. « Cela peut nous paraître contre-intuitif, explique Ayyam Sureau. Mais il y a une logique : on rentre chez soi quand on comprend que ce n’est pas une petite affaire, on veut être auprès de ses proches.��» Quitte à se mettre en danger."

https://www.marianne.net/societe/ukrainiens-en-france-quand-les-services-dimmigration-decouvrent-des-refugies-presses-de-rentrer

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Il y a 3 heures, Rob1 a dit :

Merci. Bon pour 2 heures de temps de lecture on n'a pas de vue très nouvelle ni beaucoup de détails.

Je relève :

Et quelques détails sur quand ils ont su certaines choses, je me demande s'ils n'en disent pas trop, d'autant qu'ils n'ont pas toujours besoin d'être aussi précis pour expliquer ce qu'ils ont fait en conséquence.

Il y a clairement pas mal de story telling, mais j'ai trouvé intéressant qu'ils prennent leurs grands pontes du rens et militaire, pour donner un aperçu des coulisses. A un moment, un intervenant dit quelque chose de très juste, au sujet de l'approche de la déclassification du renseignement. 

En substance, il disait "de toute façon, contrairement à 2013/14, tout le monde a un smartphone, filme les convois de chars en Russie, achète ou consulte des images satellites issues de constellations privées, c'était donc en phase avec l'époque que de procéder à des déclassifications rapides de renseignements, pour corroborer en substance ce qui pouvait entre-apercevoir de source ouverte". 

C'est surtout par chez nous que l'on a pas trop dépoussiéré l'exercice je trouve. Quand on voit qu'il fallu attendre que Wagner nous boute hors du Mali, pour que l'on commence à monter timidement des opérations de désinformation / déclassification du renseignement (les images vidéos du Reaper montrant les Russes en train de mettre en scène la découverte de cadavres sur l'ancienne base Fr de Gao)... Y'a encore du chemin. 

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Rien d'étonnant et cynique de la part de la représentation Russe, une pensée pour toutes les victimes, certes mais la faute à qui ?
S'en est devenue une spécialité de se poser en "victime" et aucune honte à envoyer au casse pipe des milliers de leurs soldats pour satisfaire l'égo démesuré du dirigeant suprême et ses désirs de conquêtes avec des prétextes toujours aussi creux. 
 

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Le 26/02/2023 à 17:55, Teenytoon a dit :

Souvenir mitigé pour le beau père de ma sœur à qui on a interdit de parler alsacien à l'école à la sortie de la guerre dans son village de Pfettisheim (20 km ouest de Strasbourg) :wink:

Pour ce qui est d'être alsacien, né à Strasbourg en 75 et grandit à Schiltigheim, ça compte ? :laugh:

Révélation

idem pour ma grand-mère (qui se faisait punir quand elle le faisait) ; anecdote rigolote mais totalement HS dans ce fil : elle me raconte souvent que lorsqu'on lui faisait faire le salut nazi à l'école elle disait "Eine Liter" (un litre) au lieu de "Heil Hitler" :biggrin:

 

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il y a 8 minutes, Wallaby a dit :

Que signifie le sigle RS dans ce contexte ?

Y a-t-il des russophones en Serbie ?

Il doit y en avoir aussi. Sinon oui, réseaux sociaux.

Mais c'est là que l'on voit que, "bloc" ou "pas bloc", l'argent n'a vraiment pas d'odeur et les gouvernements aucune race. Quand il faut payer les traites et payer les salaires, l'idéologie passe après le reste.

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Un article d'ambiance en Ukraine sur la question des oligarques (et leur refuge à Monaco et Côte d'Azur). Beaucoup d'éléments décrits y étaient prévisibles depuis le début: l'ère n'est plus aux puissants conglomérats, dont les actifs sont détruits, mais à celui de l'Etat, seule puissance légitime à l'internationale à représenter le pays, son pouvoir et son influence. 

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/02/27/en-ukraine-la-chute-inattendue-des-oligarques_6163430_3210.html

Citation

En Ukraine, la chute inattendue des oligarques

Depuis l’invasion russe, ces hommes d’affaires richissimes, qui régnaient depuis trente ans sur le pays, ont perdu leurs leviers d’influence. Un tournant.

Par Julien Bouissou(Kiev, envoyé spécial), Thomas d’Istria(Zaporijia, envoyé spécial) et Faustine Vincent(Kiev, envoyée spéciale)

Article réservé aux abonnés

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Un homme prépare des plaques de métal qui formeront un abri militaire à Zaporijstal, quatrième plus grande usine d’acier d’Ukraine possédée par Metinvest, à Zaporijia (Ukraine), le 29 décembre 2022. ADRIENNE SURPRENANT/MYOP POUR « LE MONDE »

Difficile d’oublier le célèbre propriétaire des lieux, un entrepôt niché au cœur de l’immense complexe sidérurgique de Zaporijstal, dans le sud de l’Ukraine. Le nom de Rinat Akhmetov figure sur tous les cartons que des dizaines d’employés volontaires remplissent de produits de première nécessité.

Depuis l’invasion russe du 24 février 2022, l’homme le plus riche du pays a mobilisé son empire industriel pour aider la population et les forces armées. Alors que l’usine, qui emploie 10 500 ouvriers, ne tourne plus qu’à 50 % de ses capacités, cette initiative humanitaire permet de redorer l’image de celui qui était encore, avant l’offensive, l’oligarque le plus puissant du pays et un farouche opposant de Volodymyr Zelensky.

D’ordinaire si discret, Rinat Akhmetov, 56 ans, s’était opposé publiquement au président après l’adoption, en septembre 2021, d’une loi « anti-oligarques » visant à réduire leur emprise en les étiquetant sous cette appellation infamante. En février 2022, ses priorités ont brutalement changé. Il sait qu’il a désormais tout intérêt à s’afficher dans le camp de Volodymyr Zelensky et à contribuer à la victoire de l’Ukraine : l’offensive à grande échelle de la Russie a pulvérisé une partie de son empire et sapé son influence plus efficacement qu’aucune réglementation n’y était parvenue.

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Une boîte sur laquelle est indiquée que « la vente d’aide humanitaire est interdite/Rinat Akhmetov Fondations sauvant des vies » dans un entrepôt servant à la distribution d’aide humanitaire du fonds Rinat Akhmetov, un oligarque ukrainien, à Zaporijstal, à Zaporijia, en Ukraine, le 29 décembre 2022. ADRIENNE SURPRENANT/MYOP POUR « LE MONDE »

Le sort du milliardaire est emblématique de la chute des oligarques à la faveur de la guerre. En un an, le conflit a considérablement affaibli l’influence de ces hommes d’affaires richissimes, qui règnent sur le pays depuis trente ans et sont accusés d’exploiter sans scrupule les ressources de l’Etat, de corrompre le système politique et d’utiliser les médias pour leur seul profit. Ce tournant historique pourrait préfigurer l’Ukraine de demain, débarrassée de cette caste ayant bâti sa fortune lors des grandes privatisations dans les années 1990, après la chute de l’Union soviétique.

Victimes inattendues de l’offensive russe, les oligarques ont perdu un à un leurs leviers d’influence : médiatique, politique et économique. Avant l’invasion, six d’entre eux possédaient à eux seuls près de 70 % des chaînes de télévision. Or, depuis un an, les huit grandes chaînes diffusent toutes le même programme dans le cadre d’un « marathon de l’information », comme l’exige la loi martiale. Rinat Akhmetov a décidé de liquider son groupe média en juillet 2022 pour ne pas tomber sous le coup de la loi « anti-oligarques » – aujourd’hui gelée en raison d’autres priorités.

Les bombardements et l’occupation ont détruit le fondement même de la puissance économique des oligarques. Leurs industries les plus rentables (les usines métallurgiques, les mines du Donbass, les ports de la mer Noire et de la mer d’Azov, ainsi que les terres agricoles les plus fertiles) sont situées dans le sud-est du pays, où les combats ont été les plus violents.

Originaire de Donetsk, Rinat Akhmetov a perdu ses usines métallurgiques d’Azovstal et d’Illitch à Marioupol, ville assiégée puis capturée par les forces russes. Une catastrophe pour le groupe Metinvest, l’une des plus grandes entreprises privées d’Ukraine spécialisée dans le secteur minier et sidérurgique, qui appartient à la holding System Capital Management (SCM), propriété de l’homme d’affaires. La société énergétique DTEK, sa deuxième plus grande société, qui fournissait 30 % de l’électricité ukrainienne, a elle aussi été fortement affectée. Résultat, la fortune de Rinat Akhmetov a fondu, passant de 13,7 milliards de dollars à 4,4 milliards (de 13 milliards d’euros à 4,2 milliards), selon le magazine Forbes Ukraine. Furieux, il a décidé d’attaquer la Russie en justice. Seize sociétés de Metinvest ont déposé un dossier auprès de la Cour européenne des droits de l’homme pour les dommages causés aux biens et aux possessions du groupe.

Des désaccords en sourdine

D’autres oligarques ont subi des pertes importantes. L’usine chimique Azot, de Dmitro Firtach, à Sievierodonetsk, a été très endommagée. L’activité de la raffinerie de pétrole d’Ihor Kolomoïsky – la plus grande d’Ukraine –, à Krementchouk, a quant à elle été suspendue à cause des bombardements.

Ces hommes d’affaires ont également perdu leur levier politique depuis que le parti d’opposition prorusse Pour la vie a été interdit au lendemain de l’invasion, et que tous les députés ont décidé de faire front commun derrière Volodymyr Zelensky face à Moscou. Nul ne se risque aujourd’hui à critiquer le président, sous peine de passer pour un traître. Même son prédécesseur et adversaire politique numéro un, l’oligarque Petro Porochenko, a mis ses désaccords en sourdine.

« Ces hommes, qui ont perdu presque tout leur pouvoir, ont compris qu’ils avaient besoin de la protection du gouvernement contre la Russie, et qu’il fallait lutter au côté de l’Ukraine au lieu de combattre l’Etat », explique Sergueï Leschenko, conseiller du chef de cabinet du président Zelensky. L’oligarque prorusse Viktor Medvedtchouk, qui dirigeait la plate-forme d’opposition Pour la vie au Parlement et défendait les intérêts de Vladimir Poutine en Ukraine, est hors jeu depuis qu’il a été capturé par les services secrets ukrainiens et transféré en Russie, en septembre 2022, en échange de prisonniers de guerre.

 

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partie 2

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Ihor Kolomoïsky, « le plus impitoyable »

« Pour la première fois de leur vie, les oligarques partagent la même destinée que la population : tout le monde souffre, même si eux n’ont pas perdu la vie, mais seulement leurs biens et leur influence, observe l’analyste politique Konstantin Batovsky. La guerre nous a donné l’occasion de nous débarrasser enfin d’eux, mais le prix à payer est très lourd. »

Symbole de l’affaissement de la toute-puissance de l’oligarchie, le milliardaire Ihor Kolomoïsky, à la tête de la chaîne de télévision 1+1 qui a propulsé Volodymyr Zelensky à la présidence, est désormais dans le viseur de la justice. Lui et plusieurs responsables d’entreprises qu’il contrôlait ont fait l’objet de perquisitions au début de l’année pour leur rôle présumé dans des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment de capitaux. « Il est probablement le pire des oligarques, affirme Tomas Fiala, fondateur et président du fonds d’investissement ukrainien Dragon Capital. Il est le plus impitoyable de tous, celui qui a volé l’argent des entreprises publiques, pillé les ressources de l’Etat tout en ne payant aucun impôt. »

Après avoir été l’une des plus grandes fortunes du pays, Ihor Kolomoïsky a disparu des radars. Recherché par la justice américaine et britannique, celui qui possède aussi des passeports israélien et chypriote a été récemment déchu de sa nationalité ukrainienne au motif que la Constitution du pays interdit d’en avoir d’autres. « La Constitution interdit seulement d’avoir deux passeports. Or j’en ai trois », aurait rétorqué l’homme d’affaires aux juges, selon des propos rapportés par les médias locaux.

Le journaliste d’investigation du quotidien Ukrayinska Pravda Mykhailo Tkach traque depuis des années les oligarques. En 2022, le jeune homme prend un billet d’avion pour Monaco et planque devant les restaurants et les casinos fréquentés par les riches Ukrainiens. Il réussit à photographier plus de 80 oligarques ou hommes politiques au volant de leurs voitures de luxe, devant leurs villas ou, pour l’un d’entre eux, en plein jogging avec l’un des responsables anticorruption de la police ukrainienne.

Ses révélations sur ces privilégiés, surnommés avec ironie « le bataillon de Monaco » par la presse, ont fait scandale en Ukraine. « Mes photos ont suffi à montrer que les riches et puissants pouvaient sortir du territoire alors que la loi martiale l’interdit pour les hommes de 18 à 60 ans, explique Mykhailo Tkach. Elles montrent aussi que leur train de vie n’est pas vraiment le même qu’en Ukraine, où la population doit vivre sous les bombes. » En temps de guerre, l’impunité des oligarques passe mal. Peu après la publication de son article, en août 2022, une enquête a été ouverte par le Service de sécurité d’Ukraine (SBU) sur ces riches Ukrainiens qui ont fui à Monaco ou sur la Côte d’Azur.

L’affaiblissement des oligarques, inédit, est scruté de près par l’Union européenne (UE), que l’Ukraine espère rejoindre au plus vite après l’obtention de son statut de candidat en juillet 2022. « Le pays est à un tournant. Pour l’heure, il est plus ou moins débarrassé d’eux, mais il faut rester très vigilant pour la suite », avertit la députée européenne Viola von Cramon, vice-présidente de la délégation à la commission parlementaire d’association UE-Ukraine. De nouveaux oligarques pourraient émerger à la faveur de la reconstruction, qui brassera des milliards de dollars. « Il faut être sûr qu’il y aura une totale transparence. Sinon, cela entachera gravement la réputation de l’Ukraine, la démocratie et l’Etat de droit qu’elle revendique. »

« Bâtir une forteresse, sans corruption ni oligarques »

Kiev en est bien conscient et promet une « supervision étroite » pour surveiller où va l’argent. « On assiste aujourd’hui à la naissance d’une nouvelle nation, courageuse, pro-européenne, et qui paye le prix fort pour défendre sa liberté. Il n’est pas question de laisser une nouvelle oligarchie se recréer, la société ne le tolérera plus », assure Sergueï Leschenko, le conseiller du chef de cabinet du président.

Les militants anticorruption mettent en garde : éviter ce retour en arrière exige de renforcer les institutions et de réformer le Comité antimonopole – un organe officiel jugé inefficace – pour empêcher les oligarques de conserver leur emprise. « C’est parce que nos institutions sont faibles que Poutine était si confiant en envahissant l’Ukraine, affirme Daria Kaleniouk, directrice générale du Centre d’action anticorruption, à Kiev. Il faut bâtir une forteresse, sans corruption ni oligarques. C’est le seul moyen de protéger nos enfants de nouvelles attaques de la Russie à l’avenir. » Aux yeux de beaucoup, il en va de la sécurité même du pays.

 

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The Economist sur l'effort industriel russe :

https://www.economist.com./the-economist-explains/2023/02/27/how-quickly-can-russia-rebuild-its-tank-fleet

Pas grand chose de neuf (une des sources est de nouveau Novaya Gazeta déjà exposée ici), mais on passerait de 25 à 90 chars sortis de la réserves restaurés par mois. Et une vingtaine de neuf pour l'instant. La demande se placerait à un coefficient multiplicateur de 10 par rapport aux capacités.
Par miroir c'est plutôt la pauvreté de l'effort occidental que je note dans l'article, même si l'effort russe peut paraître dérisoire, en face on ne produit pratiquement rien pour l'instant. (une quinzaine de Abrams par mois potentiels mais vu que la dose de Abrams est anecdodique en Ukr ...).

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