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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques


Messages recommandés

il y a 11 minutes, Manuel77 a dit :

L'Ouzbékistan semble vouloir s'orienter vers l'Europe. Lorsque la ministre des Affaires étrangères Baerbock s'est rendue en Ouzbékistan il y a trois semaines, le ministre des Affaires étrangères local, Norov, ne voulait plus la quitter. Il n'a toutefois pas pu l'accompagner au foyer pour femmes.
Il s'agit soit d'une ouverture de charme politique, soit d'une attirance érotique. 

https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/baerbock-auf-heikler-mission-in-usbekistan-18437640.html

https://www.bild.de/politik/ausland/politik-ausland/baerbock-in-usbekistan-hier-geht-der-aussenministerin-das-erz-auf-81817232.bild.html

Ah, l'amour !

s.jpg

Je serais à la place de Daniel son époux, je m'inquiéterais :happy: !

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Propane et Butane, Plan B des européens :

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/le-retour-en-grace-inattendu-du-butane-et-du-propane-942027.html

Révélation

Au revoir le réseau de gaz, bonjour la citerne. La volatilité des prix du gaz naturel et les risques de ruptures d'approvisionnement incitent un nombre croissant d'industriels énergo-dépendants à se tourner vers les marchés moins fluctuants du butane et du propane.

En France, les gaz de pétrole liquéfié (GPL) commercialisés par les distributeurs proviennent en effet majoritairement des gisements algériens et norvégiens (70% du total) et pour le reste des raffineries hexagonales. La filière est donc peu impactée par la guerre que mène la Russie en Ukraine comme le soulignait, il y a peu, Audrey Galland, directrice de l'association France Gaz Liquides dans une interview à L'Usine Nouvelle. « Elle ne présente aucun problème d'approvisionnement. Cette stabilité rassure les industriels. »

Le constat de la porte-parole de l'interprofession semble se vérifier sur le terrain. En témoigne la hausse des commandes qu'enregistre le GIE Norgal qui exploite, près du Havre, l'un des deux plus gros dépôts français de gaz liquides. Détenu par Antargaz, Butagaz et Vitogaz (groupe Rubis), il se prépare à écouler 20% de volumes supplémentaires à compter de janvier prochain. Sans crainte sur la disponibilité, promet son président Felix Charlemagne.

« Nous ne pouvons pas accroître les capacités de stockage, mais nous allons augmenter les rotations de navires et camions citernes », précise t-il.

« Un coup de boost » sur un marché en déclin

À l'origine de cette embellie inattendue sur un marché réputé déclinant, le regain d'intérêt des entreprises pour le butane et le propane. « Il est vrai que certaines cherchent à s'affranchir totalement ou partiellement de leur dépendance au réseau de gaz », constate un peu dépité un cadre d'Engie. Une assertion confirmée par le président du GIE normand.

« Ce ne sont pas les particuliers qui sont à l'origine de ce coup de boost, mais des établissements industriels qui veulent sécuriser leur approvisionnement et qui s'équipent de gros réservoirs de stockage au prix d'investissements importants ».

Felix Alexandre fait ainsi état de nouveaux contrats signés avec des laiteries, des centrales de production de bitume, des constructeurs automobiles « pour leurs cabines de peinture » ou encore des industriels de l'agro-alimentaire, voire des centrales de cogénération. « On parle de clients du gaz naturel pour qui la conversion est facile », explique t-il.

Reste à voir si le mouvement sera durable, ce que l'intéressé ne se risque pas à affirmer. « Ce que je peux vous dire, c'est que les entreprises contractent des engagements sur une durée assez longue de un ou deux ans », précise t-il.

Du côté des principaux opérateurs, on assure être prêt à assumer un surcroît d'activité. « La filière des gaz liquides est en mesure de doubler son soutien », affirmaient en juillet dernier Anne de Bagneux, Natacha Cambriels et Glaura Karkalan, respectivement dirigeantes d'Antargaz, de Butagaz et de Primagaz dans une tribune parue dans nos colonnes.

Même tonalité chez l'un des principaux transporteurs routiers de carburant normand. Habitué à desservir le dépôt de Norgal, Benoît Lefebvre, patron de la société Sonotri installée dans l'agglomération havraise se prépare à être plus sollicité.

« Les distributeurs, qui sont nos clients, ont engrangé des centaines de milliers de tonnes de commandes en quelques mois. Nous nous préparons donc à augmenter nos rotations dans une fourchette comprise entre 20% et 50% suivant les périodes », indique t-il.

On devrait donc voir davantage de camions-citernes sur les routes françaises au cours des prochaines semaines. Car, si le gaz liquide est importé « exclusivement par bateau », comme le rappelle l'interprofession, il est acheminé par la route vers les clients professionnels. À méditer à l'heure du changement climatique.

Nathalie Jourdan

 

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Le risque de forte inflation très supérieur en Allemagne par rapport à la France, cause principale le forte internationalisation de la chaine de valeur allemande il ne fabrique pas beaucoup de pièces détachées chez eux) :

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/en-france-l-inflation-a-probablement-atteint-son-pic-en-2022-942023.html

 

En France, l’inflation a probablement atteint son pic en 2022

ANALYSE. Selon les estimations du Cepremap, la probabilité que la hausse des prix s’accélère en 2023 ne serait que de 10 %. La situation apparaît en revanche plus critique en Allemagne.

24 Nov 2022

L'économie française est confrontée à une forte inflation inédite depuis les années 1970. Dans ses prévisions publiées en septembre 2022, la Banque de France prévoit ainsi un taux d'inflation de 5,8 % pour 2022, après 2,1 % en 2021, et 0,5 % en 2020. Pour 2023, les projections font état d'un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) dont la hausse serait comprise entre 4,2 % et 6,9 %. La probabilité que le pic d'inflation ait été atteint apparaît donc plus forte que la probabilité d'une poursuite de la hausse des prix ces prochains mois.

Dans une récente note publiée pour le Centre Pour la Recherche Economique et ses Applications (Cepremap), nous confirmons cette hypothèse. Selon nos estimations, il y a 10 % de chance que l'inflation dépasse 5,8 % entre octobre 2022 et septembre 2023.

Cet indicateur de risque de forte inflation connaît en outre un léger repli au cours des derniers mois. Il avait atteint son pic en décembre 2021 avec un risque à 10 % de voir l'inflation dépasser 7,26 % au cours de l'année 2022. À titre de comparaison, en décembre 2008, au cœur de la grande récession, il y a avait à l'inverse seulement 10 % de chance de dépasser le seuil d'inflation de 0,9 %.

Comparativement à la France, la situation apparaît plus sensible en Allemagne, où les derniers chiffres font état d'une inflation à 10 % en rythme annuel en septembre 2022. Nous estimons en effet que, outre-Rhin, il y a 10 % de chance que l'inflation dépasse le seuil de 9,1 % au cours de la période de prévision, et dans ce cas, l'inflation moyenne risquée est de 10,1 %.

Ce seuil de risque de forte inflation à 10 % avait en outre atteint sa plus haute valeur en décembre 2021, à 11,6 %, et situe actuellement à 9,1 % pour la période entre octobre 2022 et septembre 2023. Le pic pourrait donc là aussi être dépassé, mais l'inflation resterait nettement plus forte qu'en France.

L'écart se creuse à partir de 2020

L'Allemagne apparaît donc aujourd'hui clairement exposée à un risque plus élevé de forte inflation que la France. Pour mettre en perspective historique cette situation, le graphique ci-dessous représente le risque d'inflation qui a 90 % de chances de se réaliser pour ces deux économies depuis la création de la zone euro.

Ce risque d'inflation en Allemagne reste globalement supérieur à celui de la France depuis 2010, avec un écart qui s'est considérablement creusé à partir de 2020 et du début de la crise économique liée à la pandémie du Covid-19.

Pour évaluer ces risques d'inflation auxquels font face la France et l'Allemagne aujourd'hui, nous avons calculé la distribution des taux d'inflation probables en mesurant l'influence de différentes variables explicatives : taux de chômage en écart à sa tendance, indicateur composite de risque systémique de la Banque centrale européenne, inflation moyenne observée au cours de l'année précédente, écart entre le taux de croissance des prix du pétrole et le taux d'inflation au cours de l'année passée, prévisions d'inflation à un an du Consensus Forecast et indicateur de tensions internationales sur les chaînes de valeur de la Federal Reserve Bank of New York.

Cette méthode a notamment été appliquée précédemment par les économistes pour mesurer les risques d'une faible croissance, les risques d'inflation aux États-Unis et dans la zone euro ou encore pour les risques d'inflation des pays de la zone euro.

L'analyse des déterminants économiques de ces prévisions d'inflation révèle notamment que l'exposition aux pressions sur les chaînes de valeur a joué un rôle clef dans la divergence des risques d'inflation entre la France et l'Allemagne.

Ces chaînes de valeur désignent l'ensemble des étapes de l'activité de production d'une entreprise, parmi lesquelles certaines peuvent être situées hors du pays de localisation de l'entreprise. Par exemple, certains constructeurs allemands peuvent faire produire des composants automobiles en Chine ou dans les pays de l'Est.

La crise du Covid-19 a entraîné des ruptures sur ces chaînes de valeur mondiales. Les restrictions ont notamment conduit à un ralentissement du transport international de marchandises et des situations de pénuries. Le graphique ci-dessus, où l'on voit clairement que l'écart se creuse à partir de 2020 entre la France et l'Allemagne, davantage intégrée dans les échanges mondiaux, illustre donc une plus forte exposition à ces risques outre-Rhin.

La sensibilité du risque de forte inflation aux pressions sur les chaînes de valeur est d'ailleurs près de deux fois plus importante en Allemagne qu'en France. Nous estimons en outre que, si la France avait la même sensibilité aux chaînes de valeur que l'Allemagne, le risque de forte inflation aurait été supérieur de 1,65 point de pourcentage en moyenne depuis 2020.

La divergence d'inflation pénalise la zone euro

Dans le contexte de la zone euro, une divergence trop forte des taux d'inflation, comme celle décrite ici entre l'Allemagne et la France, constitue une difficulté pour la Banque centrale européenne (BCE) qui dispose d'un instrument unique de politique monétaire et d'une cible unique de taux d'inflation de 2 % à moyen terme.

Cependant, la cible d'inflation étant la moyenne des taux d'inflation des pays de la zone euro pondérée par leur taille, la politique monétaire de la BCE risque dorénavant de pénaliser les économies dont les taux d'inflation divergeraient fortement de cette moyenne.

En situation de forte inflation, les économies les plus frappées par l'inflation comme l'Allemagne seraient en effet pénalisées par une réaction insuffisante de la BCE laissant s'y développer trop longtemps une inflation importante. À l'inverse, les économies les moins affectées par l'inflation comme la France pourraient être pénalisées par une réaction trop forte du taux d'intérêt ralentissant de manière excessive leur activité économique.

L'évolution du contexte politique et économique international sera donc crucial, par ses effets sur les chaînes de valeur, pour limiter la divergence des risques d'inflation entre les économies allemande et française documentée dans notre note et, plus largement, le risque de fragmentation de la zone euro.

_________

Par Fabien Tripier, Professeur d'économie et chercheur à l'observatoire macro du CEPREMAP, Université Paris Dauphine - PSL et Aymeric Ortmans, Doctorant, Université Paris-Saclay

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jai lu récemment un article expliquant que le Rasberry Pi, à l'origine développé pour que des particuliers fassent des bricolages et les étudiants/élèves apprennent l'informatique et la conception de projet utilisant l'informatique; sont de plus en plus utilisé dans l'industrie. En effet, plutôt que de développer un hardware spécifique pour chacune de leur production, il est plus simple pour un industrie de mettre un Rasberry Pi comme hard et de développé le code spécifique au produit.

On peut donc se dire qu'il est possible, voir probable que d'ici quelques années ( voir c'est peut-être déjà la cas ) on pourrait retrouver ce genre de carte dans des missiles et appareils militaires pour des raisons économiques et de contournement de sanctions internationnales.

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Enfin reprocher à Safran d'avoir fourni des moteurs d'hélicoptère à une époque où tout le monde commerçait avec la Russie, c'est un peu se foutre de la gueule du monde.

Et sinon Macron va vraiment appeler Poutine dans les jours à venir ?

C'est qui ces 18 députés français qui ont voté contre la reconnaissance d'état terroriste ? Le FN et LFI ?

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il y a 22 minutes, Teenytoon a dit :

Enfin reprocher à Safran d'avoir fourni des moteurs d'hélicoptère à une époque où tout le monde commerçait avec la Russie, c'est un peu se foutre de la gueule du monde.

Et sinon Macron va vraiment appeler Poutine dans les jours à venir ?

C'est qui ces 18 députés français qui ont voté contre la reconnaissance d'état terroriste ? Le FN et LFI ?

+ Mariani des LR (sans surprise vu le pédigré et les liens du personnage avec Moscou). 

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Il y a 10 heures, Teenytoon a dit :

Enfin reprocher à Safran d'avoir fourni des moteurs d'hélicoptère à une époque où tout le monde commerçait avec la Russie, c'est un peu se foutre de la gueule du monde.

Et sinon Macron va vraiment appeler Poutine dans les jours à venir ?

C'est qui ces 18 députés français qui ont voté contre la reconnaissance d'état terroriste ? Le FN et LFI ?

C'est de bonne guerre... Personne n'a le cul propre dans ces histoires, et surtout pas les US dont on a retrouvé pas mal de composants dans les drones Iraniens ou les missiles Russes et qu'on est pas toujours certain qu'il s'agisse de détournement de pièces civiles. 

On est en plein affrontement informationnel, et là ça tire dans tous les sens y compris au sein du camp pro Ukr: chacun place ses billes et relit sa contribution à l'effort de guerre avec une optique grand-angle ("ma contribution, c'est aussi de ne pas avoir fourni de composants pendant des années aux équipements du camp d'en-face" etc...). 

Faut démonter patiemment les arguments des uns et des autres (KA-62, hélicoptère civil, combien de divisions ?), monter des contre-narratifs: bref, reconnaitre que "l'influence" est d'une importance stratégique (on me souffle dans l'oreillette que le PR s'en serait officiellement rendu compte que très très récemment... :rolleyes:)

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il y a une heure, olivier lsb a dit :

C'est de bonne guerre... Personne n'a le cul propre dans ces histoires, et surtout pas les US dont on a retrouvé pas mal de composants dans les drones Iraniens ou les missiles Russes et qu'on est pas toujours certain qu'il s'agisse de détournement de pièces civiles. 

Le plus drôle, c'est que certaines pièces des drones iraniens viennent... d'Ukraine.

Rien qui vienne de France, par contre...

Il y a 1 heure, olivier lsb a dit :

Faut démonter patiemment les arguments des uns et des autres (KA-62, hélicoptère civil, combien de divisions ?), monter des contre-narratifs: bref, reconnaitre que "l'influence" est d'une importance stratégique (on me souffle dans l'oreillette que le PR s'en serait officiellement rendu compte que très très récemment... :rolleyes:)

C'est très bien de s'en rendre compte, mais il faudrait aussi penser à faire quelque chose au lieu de simplement se rendre compte mais continuer comme avant sans rien changer. Par exemple, on s'est rendu compte que les Allemands nous prennent pour des imbéciles sur le Tigre, le MAWS, le MGCS, le FCAS, j'en passe et des pires, mais on n'a pas changé de logiciel pour autant.

 

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Il y a 12 heures, Teenytoon a dit :

Y'a pas un truc prévu pour les mecs qui votent pour le camp d'en face en temps de guerre ? :huh:

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Humour hein pas taper

J'aime ta vision de la démocratie Stalino-Compatible. On demande à des gens de voter mais on met en prison ou pire ceux qui "votent" mal.

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il y a 13 minutes, Deres a dit :

J'aime ta vision de la démocratie Stalino-Compatible. On demande à des gens de voter mais on met en prison ou pire ceux qui "votent" mal.

Oui, mais comme Teeny avait annoncé un second degré : qu’est-ce qui est plus dangereux, une grosse blague ou un gros premier degré :tongue:

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il y a 30 minutes, Kelkin a dit :

C'est très bien de s'en rendre compte, mais il faudrait aussi penser à faire quelque chose au lieu de simplement se rendre compte mais continuer comme avant sans rien changer. Par exemple, on s'est rendu compte que les Allemands nous prennent pour des imbéciles sur le Tigre, le MAWS, le MGCS, le FCAS, j'en passe et des pires, mais on n'a pas changé de logiciel pour autant.

No comment.... (Réaction officielle pour la forme quand même: "Ouh le vilain HS, vraiment pas bien. Intolérable même.").

Je partage ici la vidéo du making-off de la photo souvenir de la dernière réunion des membres de l'OTSC. Un vrai sketch, c'était à celui qui s'éloignerait le plus de VVP. En langage diplomatique, c'est tout sauf anodin ou un caprice de cours de récréation. Le bonhomme sent le souffre, a perdu sa superbe et sa crédibilité vis à vis de pays, dont on peut difficilement soupçonner d'être facilement "pressurisés" par les pays occidentaux. 

Et sur ce même thème, j'en profite pour partager un excellent article du Monde sur cette même réunion, et ce que ça signifie pour l'influence et la diplomatie Russe.


https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/24/vladimir-poutine-se-retrouve-en-difficulte-avec-ses-proches-allies_6151398_3210.html

 

Vladimir Poutine se retrouve en difficulté avec ses proches alliés

Après avoir dédaigné le G20, le président russe a participé au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en Arménie. Une courte visite qui aura surtout rappelé la faiblesse de la Russie jusque dans son « étranger proche ».

 

Citation

Vladimir Poutine se retrouve en difficulté avec ses proches alliés

Après avoir dédaigné le G20, le président russe a participé au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en Arménie. Une courte visite qui aura surtout rappelé la faiblesse de la Russie jusque dans son « étranger proche ».

Par Benoît Vitkine(Moscou, correspondant) et Faustine Vincent

Publié hier à 10h40, mis à jour à 08h06

Temps de Lecture 5 min.

Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et le président russe, Vladimir Poutine, lors du sommet de l’OTCS, à Erevan (Arménie), le 23 novembre 2022. VAHRAM BAGHDASARYAN / AP

Erevan plutôt que Bali. Après avoir dédaigné le sommet du G20 organisé, mi-novembre, en Indonésie, parce qu’il estimait que sa sécurité personnelle n’y serait pas garantie, ou par crainte d’une confrontation avec ses homologues, Vladimir Poutine espérait se donner de l’air sur un terrain plus familier. Accueilli, mercredi 23 novembre, dans la capitale arménienne, le président russe entendait démentir une nouvelle fois le relatif isolement qui est le sien sur la scène internationale et resserrer les liens avec ses alliés et voisins.

Las, cette courte visite aura surtout rappelé la faiblesse de la Russie jusque dans son « étranger proche », selon la formule en usage à Moscou, et la décrépitude de l’alliance régionale qu’elle dirige. La réunion au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) – alliance qui comprend, outre la Russie et l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan – aura ainsi vu le chef du Kremlin critiqué de toutes parts. Signe d’une tension impossible à masquer, le document final du sommet n’a pas été adopté, du fait du blocage de l’Arménie qui s’estime abandonnée face à son voisin azerbaïdjanais.

Sur le dossier central de l’Ukraine, éludé par M. Poutine dans son propos introductif, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a rappelé la position que partage la quasi-totalité des voisins de la Russie : « Il est temps de chercher ensemble une solution de paix. (…) Nous ne pouvons pas accepter que les peuples frères russe et ukrainien soient séparés pour des décennies ou des siècles par des griefs mutuels. »

« Tremblements internes sérieux »

Croyant venir à la rescousse de son allié, le dirigeant biélorusse, Alexandre Loukachenko, a prévenu : « Si la Russie l’emporte, l’OTSC vivra. Si, Dieu nous en préserve, elle ne gagne pas, l’OTSC cessera d’exister. (…) Si la Russie s’écroule, notre place à tous est sous les décombres. »

Cette sortie maladroite, qui contredit le mythe de l’« opération spéciale », n’en est pas moins révélatrice : l’existence même de l’alliance militaire, formée en 1994, qui regroupe ces six Etats de l’ancienne URSS, est aujourd’hui en question et, avec elle, l’un des leviers d’influence du Kremlin dans ce qu’il considère comme son pré carré. « L’alliance est à un moment de vérité, commente Arkadi Doubnov, spécialiste russe de l’espace postsoviétique. Elle connaît des tremblements internes sérieux, et certains de ses membres sont frustrés et mécontents, au point de se demander ce qui justifie encore son existence. »

La présence à la table des discussions, sommet après sommet, des présidents du Kirghizistan et du Tadjikistan en est un signe frappant. Le conflit frontalier entre ces deux pays pauvres donne lieu à de régulières éruptions de violence. La dernière, en septembre, a fait une centaine de morts sans que l’OTSC intervienne ou même, comme le souhaiterait Bichkek (capitale kirghize), exerce la moindre pression politique.

En octobre, le Kirghizistan a annulé des manœuvres militaires prévues dans le cadre de l’OTSC. Son président, Sadyr Japarov, a aussi signifié son mécontentement en se permettant de faire attendre M. Poutine, lors d’une rencontre, en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï, à Samarcande (Ouzbékistan), une mauvaise manière habituellement utilisée par le chef du Kremlin. Lors de la même réunion, M. Poutine avait aussi été tancé publiquement par le Tadjik Emomali Rahmon qui, lors d’une longue tirade, avait exigé que les républiques d’Asie centrale soient traitées avec « respect ».

Le cas arménien est encore plus aigu. La rancœur n’a cessé de monter à Erevan contre l’OTSC, coupable d’inaction face aux incursions territoriales répétées des troupes azerbaïdjanaises, et, par ricochet, contre Moscou. Alliée traditionnelle considérée comme un rempart indispensable face à la Turquie et à l’Azerbaïdjan il y a encore deux ans, après la guerre dans le Haut-Karabakh à l’automne 2020, la Russie est aujourd’hui perçue comme un partenaire non fiable.

 

Citation

Les dernières illusions se sont envolées, lors des nouvelles attaques de Bakou, les 13 et 14 septembre. Plus de trente villes et villages ont été pris pour cible, situés en territoire arménien et non dans la région contestée du Haut-Karabakh. Plus de deux cents militaires arméniens ont été tués, ainsi que trois civils, 7 600 personnes ont été déplacées. Selon Erevan, les soldats azerbaïdjanais occupent désormais plus de 50 kilomètres carrés de territoire arménien.

Passivité de Moscou

L’Arménie a demandé formellement à l’OTSC de lui porter assistance, comme prévu dans l’article 4 de son traité, équivalent de l’article 5 du traité de l’OTAN. Moscou a pourtant refusé, se contentant d’envoyer une simple mission d’observation. Nikol Pachinian, le premier ministre arménien, n’a pas masqué sa colère, mercredi soir, lors du sommet, jugeant « accablant que l’appartenance de l’Arménie à l’OTSC n’ait pas pu contenir l’agression azerbaïdjanaise ». « Cela porte un préjudice énorme à l’image de l’OTSC, à la fois dans notre pays et à l’étranger », a-t-il déclaré. Sur la photographie officielle, il a ensuite paru tout faire pour s’écarter de son homologue russe.

L’échec du sommet à adopter une déclaration commune n’a été rendu public, très discrètement, que jeudi matin. Si les sources officielles évoquent le besoin de « précisions », c’est bien le refus de M. Pachinian de signer deux textes qui a conduit à ce blocage.

« Poutine a échoué à restaurer la crédibilité de l’OTSC, qui n’est plus qu’une coquille vide », Richard Giragosian, directeur du Regional Studies Center, à Erevan

Fait tout aussi inhabituel que ces mots et gestes d’une rare dureté, le Kremlin n’a pas cherché à masquer l’ampleur de désaccord. « Oui, le premier ministre arménien considère l’action de l’OTSC comme un fiasco, commentait, dès mercredi soir, en coulisses le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov. La partie arménienne a le droit d’évaluer la situation de la sorte. » La passivité de Moscou face aux attaques azerbaïdjanaises a été jusqu’à nourrir un sentiment antirusse au sein de la population. La veille et le jour de l’arrivée de Vladimir Poutine en Arménie, des centaines de personnes ont manifesté à Erevan, certains arborant des drapeaux ukrainiens, américains, européens et des pancartes « Poutine, dehors ! ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Dans l’ancien empire soviétique, la reprise des conflits révèle l’impuissance de la Russie

« L’inaction de l’alliance a démontré qu’elle était morte, appuie Richard Giragosian, directeur du Regional Studies Center, à Erevan. Poutine a échoué à restaurer la crédibilité de l’OTSC, qui n’est plus qu’une coquille vide. L’Arménie n’attend plus rien d’elle, mais elle ne se retire pas pour autant, car menacer de partir s’avère plus efficace qu’un retrait effectif. »

En attendant, Erevan multiplie les contacts avec d’autres partenaires, en Europe et aux Etats-Unis. L’Union européenne a ainsi déployé pour deux mois, fin octobre, une mission d’observation le long de la frontière entre les deux pays, côté arménien. « Pour la première fois depuis la première guerre dans le Haut-Karabakh, on va avoir une présence internationale sur le terrain qui n’est pas russe », souligne une source diplomatique française.

Crédibilité russe affectée

Les autorités arméniennes restent toutefois pragmatiques et savent que ni Bruxelles ni Washington ne leur livreront des armes ou un soutien équivalent à celui fourni à l’Ukraine. C’est bien sous l’égide de Moscou, dont Erevan est extrêmement dépendant, qu’avait été signé le cessez-le-feu du 9 novembre 2020 – même si plusieurs points-clés restent en suspens. Le rapport de force a toutefois évolué entre Nikol Pachinian et Vladimir Poutine. A l’époque, le premier devait faire allégeance pour faire oublier ses velléités d’émancipation ; aujourd’hui, c’est le Russe qui paraît isolé et sur la défensive.

L’Ukraine est passée par là, et cela a affecté la crédibilité de la puissance russe. En d’autres termes, Moscou, qui réclame à grands cris un monde multipolaire, se révèle incapable de maintenir l’ordre « chez lui ». L’« opération spéciale » a crispé encore un peu plus les pays du Caucase et d’Asie centrale, les poussant à diversifier les partenariats pour éviter un face-à-face exclusif et menaçant avec Moscou. Beaucoup sont aussi déstabilisés par les conséquences économiques du conflit et des sanctions, ou par l’afflux d’exilés russes sur leur sol.

Le contraste est saisissant avec le début d’année, quand le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, avait dû faire appel à l’OTSC – et en réalité à l’armée russe – pour venir à bout de la contestation dans son pays. On pouvait alors imaginer une reprise en main sécuritaire de Moscou dans la région, avec l’assentiment de Pékin. Or, les soldats russes ont été priés de faire leurs bagages, et M. Tokaïev a réussi à préserver son autonomie. En juin, à Saint-Pétersbourg (Russie), il confirmait même publiquement l’évidence, regardant son homologue russe droit dans les yeux : le Kazakhstan, pas plus qu’aucun pays de la région, n’est prêt à reconnaître les annexions effectuées par Moscou en Ukraine.

 

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4 hours ago, olivier lsb said:

C'est de bonne guerre... Personne n'a le cul propre dans ces histoires, et surtout pas les US dont on a retrouvé pas mal de composants dans les drones Iraniens ou les missiles Russes et qu'on est pas toujours certain qu'il s'agisse de détournement de pièces civiles. 

On est en plein affrontement informationnel, et là ça tire dans tous les sens y compris au sein du camp pro Ukr: chacun place ses billes et relit sa contribution à l'effort de guerre avec une optique grand-angle ("ma contribution, c'est aussi de ne pas avoir fourni de composants pendant des années aux équipements du camp d'en-face" etc...). 

Faut démonter patiemment les arguments des uns et des autres (KA-62, hélicoptère civil, combien de divisions ?), monter des contre-narratifs: bref, reconnaitre que "l'influence" est d'une importance stratégique (on me souffle dans l'oreillette que le PR s'en serait officiellement rendu compte que très très récemment... :rolleyes:)

Attends il y a une différence entre vendre à un état et le fait que des composants que tu fabriques se retrouvent chez un autre état via contrebande.

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il y a 11 minutes, Joab a dit :

Attends il y a une différence entre vendre à un état et le fait que des composants que tu fabriques se retrouvent chez un autre état via contrebande.

Complètement. On a vendu des équipements, à usage militaire ou civils, et très peu d'équipements et de machines de fabrication (normal, on en fabrique pas ou peu...) contrairement à nos amis Européens:

 

Les US ont fourni d'équipements et de machines de façon assumée (en exportations officielles, ou quasi officielles). Certains comment à se faire attraper, voir ci-dessous cette entreprise US cotée et sous le coup d'une enquête pour la fourniture de matériels de réseau à MMZ. Les salariés chez le fournisseur semblaient avoir parfaitement conscience de vendre leurs produits à des sociétés écran Russes, pour contourner les sanctions. 

https://www.reuters.com/technology/how-us-firm-supplied-networking-technology-maker-feared-russian-missiles-2022-10-12/

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Le 24/11/2022 à 13:58, Paschi a dit :

Après presque neuf mois de guerre, l'Ukraine s'apprête à affronter un hiver où il sera question de survie pour la population. Pour l'ambassadeur de Suisse à Kiev, la position helvétique est très claire dans ce conflit qui se prolonge: "Ce que l'Ukraine fait est légitime, ce que la Russie fait est illégal et illégitime", dit Claude Wild.

Et la position de la Suisse aujourd'hui est très claire, selon son représentant à Kiev: "Dans un scénario tel que nous le vivons en Ukraine, nous ne sommes pas neutres", dit-il. "Nous appliquons le droit de la neutralité, c'est différent."

"Cela veut dire deux choses", précise-t-il: "Nous ne rejoignons pas une alliance militaire et nous n'exportons pas d'armes dans la zone de conflit, même pour soutenir la victime. C'est ça, la neutralité." En revanche, au niveau des valeurs et des intérêts, la Suisse n'est pas neutre, ajoute Claude Wild. "Nous sommes clairement pour le respect du droit international et ce droit a été violé par la Russie en Ukraine. Ce que l'Ukraine fait est légitime, ce que la Russie fait est illégal et illégitime. Donc nous sommes très clairement derrière la position de l'Ukraine."

https://www.rts.ch/info/suisse/13567448-claude-wild-la-suisse-nest-pas-neutre-dans-le-conflit-en-ukraine.html

Du coup, comme ils ne sont pas neutres, qu'est-ce qui les empêche de faire un chiffon de papier avec le "droit de la neutralité" ? Ce soi-disant "droit de la neutralité" ne devient-il pas ipso facto illégitime, voire infâme et scélérat ?

Si au contraire, le "droit de la neutralité" est parfaitement légitime, alors les positions de l'ambassadeur suisse en Ukraine ne deviennent-elles pas ipso facto... illégales puisque étant en opposition avec le "droit" ? Et un ambassadeur qui fait des déclarations illégales ne devrait-il pas être rapidement limogé ?

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