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Guerre Russie-Ukraine 2022+ : considérations géopolitiques et économiques


Messages recommandés

il y a 12 minutes, collectionneur a dit :

Moins apocalyptique que la ''3e guerre mondiale'', un député russe propose d'enlever un ministre de la Défense de l'OTAN se rendant en Ukraine :

https://www.cnews.fr/monde/2022-05-31/guerre-en-ukraine-enlever-un-ministre-de-la-defense-dun-pays-de-lotan-letonnante

Ça commence à devenir vraiment inquiétant cette déconnexion du réel de la part des élites Russes.

Je sais que ce ne sont que des individus isolés, mais on a l'impression que ça devient de plus en plus fréquent. Pire à force d'être médiatisées, ce genre d'idées risque d'être vue comme normale ou acceptable par la population Russe.

Qu'ils fassent de la propagande pour rallier leur population et les préparer à une escalade potentielle du conflit je veux bien, mais entre la présentatrice télé qui martèle ce genre d'absurdités à longueur de journée et un député qui dit ça de manière tout à fait sérieuse, ça va finir par laisser des traces...

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il y a 29 minutes, Alzoc a dit :

Ça commence à devenir vraiment inquiétant cette déconnexion du réel de la part des élites Russes.

Je sais que ce ne sont que des individus isolés, mais on a l'impression que ça devient de plus en plus fréquent. Pire à force d'être médiatisées, ce genre d'idées risque d'être vue comme normale ou acceptable par la population Russe.

Qu'ils fassent de la propagande pour rallier leur population et les préparer à une escalade potentielle du conflit je veux bien, mais entre la présentatrice télé qui martèle ce genre d'absurdités à longueur de journée et un député qui dit ça de manière tout à fait sérieuse, ça va finir par laisser des traces...

Le principal problème de l'occident c'est qu'il ne fait plus respecter le principe simple que les mots ont un sens.

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Sans aller à ce niveau, il y des affaires de ce type qui peuvent donner de mauvaises idées

Un avion de transport Finlandais décollant d'Estonie abattu par l'aviation soviétique pour récupérer les valises diplomatiques françaises et américaines le 14 juin 40 :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kaleva_(avion)

Un général américain, James L. Dozier,  commandant en chef adjoint des forces alliées en Europe du sud enlever par les brigades rouges en 1980... On suppute dans ce cas que les SR Bulgares étaient impliqués.

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Il y a 2 heures, Alzoc a dit :

Ça commence à devenir vraiment inquiétant cette déconnexion du réel de la part des élites Russes.

Je sais que ce ne sont que des individus isolés, mais on a l'impression que ça devient de plus en plus fréquent. Pire à force d'être médiatisées, ce genre d'idées risque d'être vue comme normale ou acceptable par la population Russe.

Qu'ils fassent de la propagande pour rallier leur population et les préparer à une escalade potentielle du conflit je veux bien, mais entre la présentatrice télé qui martèle ce genre d'absurdités à longueur de journée et un député qui dit ça de manière tout à fait sérieuse, ça va finir par laisser des traces...

0_Donald-Trump.jpg

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Il y a 8 heures, Wallaby a dit :

https://www.tagesspiegel.de/politik/vor-laufender-kamera-russischer-militaerexperte-aeussert-sich-pessimistisch-zur-kriegslage/28349944.html (17 mai 2022)

Ce n'est pas la première fois que Khodarenok s'exprime de manière critique sur la guerre en Ukraine. En février déjà, il avait publié une chronique inhabituellement critique dans un hebdomadaire russe, dans laquelle il mettait en garde contre une invasion de l'Ukraine. "Il n'y aura pas de guerre éclair en Ukraine", écrivait-il en faisant référence à leur volonté de combattre.

Il y a une semaine, lors d'une apparition télévisée, il s'est montré sceptique lorsqu'on l'a interrogé sur l'efficacité d'une mobilisation. La Russie n'aura pas de nouveaux chars, avions ou navires avant la fin de l'année, a-t-il déclaré. Sur sa chaîne Telegram, Khodarenok loue à son tour l'efficacité de l'armée russe, comme le rapporte le "New York Times". Dans un message, il s'associe à la propagande selon laquelle la Russie veut libérer l'Ukraine des nazis.

Mais pourquoi l'expert est-il encore autorisé à apparaître à la télévision nationale après des critiques répétées ? La journaliste américaine Julia Davis suppose sur Twitter que les déclarations de Khodarenok ne nuisent pas du tout au gouvernement russe. "Au contraire, ils aident à réduire les attentes alors que d'autres experts promettent des victoires rapides et faciles", écrit-elle.

C'est une pétition de principe. À partir du moment où un réalisateur intitule son reportage "l'enclave de Poutine" il s'oblige à se mettre des œillères et à être dans l'impossibilité de noter quoi que ce soit de positif.

je pense aussi que c'est un biais de confirmation..

mais, quand tu regardes les images, les immeubles, l'age, l'état d'entretien, les vetements des gens, les activités..... c'est un mouroir avec des "figurants" échappés de 1947..

Il y a 7 heures, Wallaby a dit :

https://neweasterneurope.eu/2020/04/07/kaliningrads-first-million/ (7 avril 2020)

Bien que la Russie dans son ensemble souffre d'une baisse continue de sa population, l'oblast de Kaliningrad continue d'attirer de nouveaux arrivants. Pour la première fois en 75 ans d'histoire, la semi-exclave a dépassé le million d'habitants et continue de croître.

https://neweasterneurope.eu/2017/08/02/kaliningrad-oblast-russia-s-formidable-a2-ad-bubble/ (2 août 2017)

Le projet a permis de conclure que le premier niveau d'identité des habitants de l'Oblast de Kaliningrad est national. Ils ont le sentiment d'être des ressortissants russes (citoyens de la Fédération de Russie) et d'avoir des liens notables avec les habitants d'autres régions de la Russie. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas différents les uns des autres. Les différences régionales peuvent être importantes, principalement pour des raisons géographiques et historiques. Néanmoins, le niveau régional de l'identité ne doit pas être considéré comme contradictoire avec le niveau national et étatique, même s'il devient de plus en plus important.

La recherche indique que le développement de la coopération transfrontalière polono-russe a joué un rôle dans les processus identitaires en cours dans l'Oblast de Kaliningrad. Le lancement du trafic frontalier local polono-russe à la mi-2012 (suspendu par les autorités polonaises à la mi-2016) a considérablement aidé à surmonter les problèmes qui trouvent leurs racines dans la période de la guerre froide. Il l'a été malgré les tensions au niveau interétatique.

Selon le projet de recherche, il existe un intérêt réel et considérable chez les Kaliningradois pour la situation en Pologne et pour la vie quotidienne des Polonais. Il est donc important de continuer à suivre les processus identitaires des deux côtés de la frontière, ainsi que l'état de la coopération transfrontalière et l'influence du contexte politique et culturel général sur l'Oblast de Kaliningrad. Sa réalité sociale reste l'une des moins connues de toutes les régions voisines de la Pologne et de l'UE.

oui, et dans le reportage, ils ont précisé que les vainqueurs de 45 ont viré tous les Allemands qui habitaient là pour leur prendre leur pays ??

il y a 55 minutes, collectionneur a dit :

Sans aller à ce niveau, il y des affaires de ce type qui peuvent donner de mauvaises idées

Un avion de transport Finlandais décollant d'Estonie abattu par l'aviation soviétique pour récupérer les valises diplomatiques françaises et américaines le 14 juin 40 :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Kaleva_(avion)

Un général américain, James L. Dozier,  commandant en chef adjoint des forces alliées en Europe du sud enlever par les brigades rouges en 1980... On suppute dans ce cas que les SR Bulgares étaient impliqués.

mais, c'est normal : il ne faut pas oublier qu'à cette époque, il y avait le pacte germano-sovietique : Hitler = Staline ; les communistes étaient déjà nazis

Modifié par christophe 38
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Il y a 12 heures, Paschi a dit :

https://www.europe1.fr/international/lafrique-sinquiete-des-consequences-des-sanctions-europeennes-4114775

Cette sortie je la trouve bien drôle : le président de l'Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, s'est inquiété mardi des conséquences des sanctions européennes excluant des banques russes du système international Swift et a appelé les Vingt-Sept à agir pour libérer les stocks de céréales bloqués en Ukraine par le conflit.

Parce que, jusqu'à preuve du contraire, c'est la Russie qui impose un blocus au port d'Odessa et qui cible les sites de stockage et de distribution. Donc, plutôt que de pleurnicher auprès de l'UE il ferait mieux de s'adresser à Vladimir Poutine. Mais bon, c'est bien plus simple et moins dangereux de vouloir mettre une certaine responsabilité sur le dos de l'UE.

Ben il se contente de demander à l'Union Européenne d'effectuer une opération militaire spéciale visant à démilitariser et défasciser la Mer Noire pour que les navires de transport opprimés puissent à nouveau y circuler librement.

Il y a 11 heures, Alexis a dit :

Mais un moment... Et les Israéliens ?

Oui, parce que les Israéliens aussi ont refusé l'exportation en Ukraine par les Etats-Unis de missiles antichar modernes Spike dont ils possèdent la licence. Et pourquoi ? Eh bien

Plus précisément, un responsable israélien a déclaré qu'Israël craignait que "des soldats russes soient tués par des armes de fabrication israélienne"

C'est là qu'on voit que les Israéliens ont suivi l'affaire. Ils ont compris ce qui se passe ! Effectivement, si les Ukrainiens veulent des armes contre les troupes russes d'invasion, c'est pour faire bobo aux dites troupes - en fait pour les tuer. C'est intelligent, un responsable israélien, attention !

Donc les Hébreux aussi sont de grands méchants ! Ils sont aussi des "lâches" !

Ce n'est pas de la lâcheté, mais de la solidarité. La Russie est en effet un pays qui a décidé de s'emparer d'une terre qui lui reviendrait de droit, parce qu'elle l'a décidé, et d'y supprimer la population locale jugée comme étant intrinsèquement équivalente aux Nazis. On peut faire des parallèles ! Ainsi par exemple, Israël a été d'un soutien sans faille à l'Azerbaïdjan dans son opération visant à désarméniser le Karabakh.

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Il y a 7 heures, christophe 38 a dit :

oui, et dans le reportage, ils ont précisé que les vainqueurs de 45 ont viré tous les Allemands qui habitaient là pour leur prendre leur pays ??

Oui c'est ce qui a été fait dans toute l'Europe Centrale, l'Ouest de la Pologne actuelle (Silésie, Poméranie) est l'ancien Est de l'Allemagne et de l'Autriche. L'Ouest de l'Ukraine a vu quant à lui les populations polonaises être expulsées par les Soviéto-ukrainiens. Même chose pour les Polonais de Vilnius dans l'actuelle Lituanie. Et les Tchèques ont expulsé les Allemands (Autrichiens) des Sudètes.

Beaucoup de ces Allemands expulsés ont transité par des camps de réfugiés au Danemark :

Le 09/04/2016 à 11:56, Wallaby a dit :

On peut le contraster avec la série de photos http://www.spiegel.de/fotostrecke/als-fluechtling-in-daenemark-fotostrecke-109519.html (20 mars 2009) qui évoque des contacts amicaux entre les réfugiés allemands de Prusse Orientale et la population danoise, avec même le conte de fée du mariage entre une Allemande et un Danois. La mort de plusieurs milliers d'enfants allemands dans les "camps de concentration", suivant la terminologie de l'époque, pour réfugiés au Danemark, qu'évoque un internaute dans les commentaires de Die Welt, est à vérifier et à comparer à la mortalité infantile en Allemagne à la même époque. La réfugiée écrit dans son récit paru avec les photos dans Spiegel : "nous n'avons pas eu faim".

 

Modifié par Wallaby
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Il y a 7 heures, Alzoc a dit :

Ça commence à devenir vraiment inquiétant cette déconnexion du réel de la part des élites Russes.

Je sais que ce ne sont que des individus isolés, mais on a l'impression que ça devient de plus en plus fréquent. Pire à force d'être médiatisées, ce genre d'idées risque d'être vue comme normale ou acceptable par la population Russe.

Qu'ils fassent de la propagande pour rallier leur population et les préparer à une escalade potentielle du conflit je veux bien, mais entre la présentatrice télé qui martèle ce genre d'absurdités à longueur de journée et un député qui dit ça de manière tout à fait sérieuse, ça va finir par laisser des traces...

D'un autre côté, si l'objectif est de préparer à une escalade potentielle... l'idée doit bien être de laisser des traces dans la population.

Il s'agit après tout bien de convaincre que

- les difficultés économiques que connaîtra la Russie d'ici la fin de l'année par manque de certaines pièces détachées,

- les lourdes pertes de l'opération militaire spéciale,

- l'escalade qui pourrait être décidée dans les semaines ou mois à venir pour briser la résistance de l'armée ukrainienne etc.

tout cela d'une part "a été imposé à la Russie", d'autre part que le pays peut faire face, qu'il a même la possibilité d'escalader, qu'il est assez fort pour l'emporter dans une guerre par procuration contre l'OTAN, que le "peuple vainqueur" auquel le président rend hommage chaque 9 mai saura une nouvelle fois s'imposer.

Ce n'est pas avec des petites fleurs ni de la tisane que l'on peut obtenir un tel effet. Il y faut des liqueurs fortes...

 

@Arland C'est bien au-delà de ce que fut la présidence Trump.

D'une part Trump était entouré de gens orientés "système" ou "continuité de la politique menée jusque-là" qui tentaient de limiter ses initiatives et ses degrés de liberté. D'autre part Trump était par son naturel bien plus un vantard et un paresseux qu'un homme d'action et de détermination. Il a fait beaucoup plus de bruit qu'il n'a changé les choses. Il voulait se faire valoir, pas laisser une trace dans l'Histoire - puisque ça lui aurait demandé beaucoup plus de... travail.

En Russie aujourd'hui, c'est le "système" lui-même - médias, entourage de Poutine - qui va dans une seule et même direction. Souvent bien au-delà de ce que dit le président, qu'il s'agisse d'un artifice pour laisser penser que Poutine lui-même serait un relatif modéré, ou d'un phénomène spontané d'excitation et de surenchère, une pensée de groupe tantôt suivant tantôt précédant le Chef.

Quant au naturel de Poutine, en vingt ans de pouvoir il a déjà beaucoup changé son pays, le manque de détermination ne semble pas être son défaut principal, et ses références permanentes à l'Histoire montrent bien qu'il ne s'intéresse guère plus qu'à la trace qu'il laissera dans l'Histoire de son pays, et au rêve d'être l'égal d'un Pierre le Grand ou une Catherine la grande... même s'il faut pour cela utiliser les méthodes d'un Ivan le Terrible.

Trump en tant que dirigeant était un petit garçon turbulent. Poutine est un équivalent russe de Bismarck.

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15 hours ago, Wallaby said:

https://www.tagesspiegel.de/politik/vor-laufender-kamera-russischer-militaerexperte-aeussert-sich-pessimistisch-zur-kriegslage/28349944.html (17 mai 2022)

Ce n'est pas la première fois que Khodarenok s'exprime de manière critique sur la guerre en Ukraine. En février déjà, il avait publié une chronique inhabituellement critique dans un hebdomadaire russe, dans laquelle il mettait en garde contre une invasion de l'Ukraine. "Il n'y aura pas de guerre éclair en Ukraine", écrivait-il en faisant référence à leur volonté de combattre.

Il y a une semaine, lors d'une apparition télévisée, il s'est montré sceptique lorsqu'on l'a interrogé sur l'efficacité d'une mobilisation. La Russie n'aura pas de nouveaux chars, avions ou navires avant la fin de l'année, a-t-il déclaré. Sur sa chaîne Telegram, Khodarenok loue à son tour l'efficacité de l'armée russe, comme le rapporte le "New York Times". Dans un message, il s'associe à la propagande selon laquelle la Russie veut libérer l'Ukraine des nazis.

Mais pourquoi l'expert est-il encore autorisé à apparaître à la télévision nationale après des critiques répétées ? La journaliste américaine Julia Davis suppose sur Twitter que les déclarations de Khodarenok ne nuisent pas du tout au gouvernement russe. "Au contraire, ils aident à réduire les attentes alors que d'autres experts promettent des victoires rapides et faciles", écrit-elle.

C'est une pétition de principe. À partir du moment où un réalisateur intitule son reportage "l'enclave de Poutine" il s'oblige à se mettre des œillères et à être dans l'impossibilité de noter quoi que ce soit de positif.

Le titre est peut être venu APRES le tournage. On ne peut pas savoir. 

14 hours ago, Paschi said:

https://www.europe1.fr/international/lafrique-sinquiete-des-consequences-des-sanctions-europeennes-4114775

Cette sortie je la trouve bien drôle : le président de l'Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, s'est inquiété mardi des conséquences des sanctions européennes excluant des banques russes du système international Swift et a appelé les Vingt-Sept à agir pour libérer les stocks de céréales bloqués en Ukraine par le conflit.

Parce que, jusqu'à preuve du contraire, c'est la Russie qui impose un blocus au port d'Odessa et qui cible les sites de stockage et de distribution. Donc, plutôt que de pleurnicher auprès de l'UE il ferait mieux de s'adresser à Vladimir Poutine. Mais bon, c'est bien plus simple et moins dangereux de vouloir mettre une certaine responsabilité sur le dos de l'UE.

Il s'est AUSSI adressé à Poutine. 

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il y a 9 minutes, prof.566 a dit :

Le titre est peut être venu APRES le tournage. On ne peut pas savoir. 

Oui, en fait il est moins caricatural que ce que ce titre fait craindre. Le fait d'interviewer l'opposante donne une figure humaine, civilisée, cultivée (qui sait qui est Emmanuel Kant) du peuple russe. D'autre part ce qui est dit sur la frontière fermée par la volonté des Lituaniens, semble indiquer que c'est tout autant les pouvoirs Occidentaux que le pouvoir central russe qui restreint la liberté des habitants, les renvoyant dos à dos.

Modifié par Wallaby
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il y a 11 minutes, Conan le Barbare a dit :

Non. Bismarck était clairement plus intelligent que Poutine et un stratège géopolitique et militaire que Poutine ne sera jamais…

La ressemblance principale entre les deux personnages, c'est la combinaison de :

- Volonté de former un Empire en rassemblant et absorbant des Etats certes partageant la même langue mais désunis, dans l'idée de restaurer et continuer un Empire du passé, le Ier Reich du Moyen-Age pour l'un, la Russie des XVIIIème-XXème siècles pour l'autre

- Utilisation sans état d'âme, voire à l'occasion implacable, de la méthode "Blut und Eisen", le sang et le fer c'est-à-dire la violence d'Etat

L'habileté stratégique ça se discute. Bismarck est quelqu'un qui a réussi, par exemple en Bavière. Et échoué en Alsace - dont il d'ailleurs laissé faire l'annexion, qui n'a été ensuite qu'une source de problèmes pour le IIème Reich, en empêchant une réconciliation avec la France après 1871 comme il y en a eu avec l'Autriche après 1866. Et le Reich fondé par Bismarck n'a au final duré que 47 ans... même si en un autre sens il existe toujours puisque l'Allemagne est unie et que c'est l'œuvre de Bismarck. Succès à nuancer pour dire le moins

Poutine est quelqu'un... dont on ne sait pas encore s'il va réussir en Ukraine. Même si ça part mal à l'évidence, il faut garder à l'esprit que ce n'est pas terminé. Je verrais davantage le scénario "Ukraine = Alsace géante", mais un scénario intermédiaire "une partie de l'Ukraine = Bavière, le reste on est obligés de les laisser tranquilles" n'est pas exclu, voire un scénario néostalinien "Ukraine = Alsace certes, mais comme on a pris le contrôle et qu'on utilise les méthodes du grand Iosif... à la fin seuls les "Bavarois" resteront, les "Alsaciens" seront exilés ou à six pieds sous terre"

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C'est probablement des sanctions anti-biélorusses et non directement anti-russes qu'il s'agit, mais le résultat est le même :

https://www.reisevor9.de/basta/nach-kaliningrad-geht-es-nur-noch-mit-riesenumweg (2 mai 2022)

Les sanctions occidentales isolent l'enclave russe de Kaliningrad entre la Pologne et la Lituanie. En effet, les avions en provenance de Russie et de Biélorussie doivent désormais faire un énorme détour. Avant la guerre, le vol de Minsk à l'ancienne Königsberg n'était qu'un petit saut de 45 minutes. En raison de l'interdiction de survol de l'UE, la compagnie biélorusse Belavia doit désormais faire un grand détour par la mer Baltique pour contourner l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Cela dure maintenant plus de deux heures.

https://www.rnd.de/politik/migration-polen-installiert-kameras-an-grenze-zu-kaliningrad-WXSAVYRTHM6GA7W7Y7SPZRP4DA.html (17 février 2022)

Après le conflit sur les migrants à la frontière extérieure de l'UE avec la Biélorussie, la Pologne veut équiper sa frontière avec l'exclave russe de Kaliningrad de caméras et de détecteurs de mouvements.

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il y a 8 minutes, jean-françois a dit :

il ne prend pas position sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, pas certain que ça va plaire à Zelenski

Non, il dit surtout que toute négociation pour la fin du conflit doit se faire par l'Ukraine, avec le soutien des Etats-Unis. Autrement dit, que c'est aux Ukrainiens de choisir cette fin, pas aux Etats-Unis.

  

il y a 5 minutes, Alexis a dit :

Puisque l'"OMS" s'est si mal passée pendant les premières semaines, elle est devenue une guerre de survie du régime. Poutine et son régime ont besoin de quelque chose qui ressemble à une victoire convaincante afin de pouvoir affirmer que la décision de lancer l'OMS était correcte, que les inconvénients subis et les sacrifices consentis en sont justifiés, de peur de perdre le pouvoir (et probablement la vie) si elle se terminait par un désastre ostentatoire. Il fera tout ce qu'il estimera nécessaire et qui lui sera physiquement possible pour parvenir à ce stade de "victoire convaincante".

Alexis, meilleur fil J'émettrai la nuance suivante : elle est perçue comme telle par le régime, mais ne l'est pas forcément. Malgré tous les échecs, les pertes gigantesques qui font que la puissance de l'armée russe est finie à court et moyen terme, la guerre n'est pas (encore) un enjeu de survie pour le régime. Il n'y a pour ainsi dire aucune opposition à Poutine, personne ne peut le remplacer grâce au grand nettoyage par le vide qu'il a fait dans les années 2000. Il n'est pas un oligarque russe qui ne craigne de sauter avec Poutine, ou un général avec Shoïgou. L'appareil étatique reste sous contrôle total, l'opposition est inexistante ou en prison et minoritaire, et le spectre des manifestations de baboushkas a été conjuré en faisant passer beaucoup de morts pour des "disparus". 

Ce n'est pas une guerre de survie mais une guerre de fierté. Comme tu l'as très bien dit il s'agit de reconstruire un monde russe tel que la psykè politique russe le fantasme, et d'effacer définitivement l'humiliation des années 90 (humiliation là aussi plus perçue que réelle).

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Je pense que les 2 parties en guerre, et leur soutien directe s'organisent pour être toujours en guerre jusqu'à l'hiver.

 

Après... l'envolée ou pas des prix de l'énergie, des aliments et même leur disponibilité peut provoquer tellement d'effets collatéraux en dehors de l'Europe ou en Europe que c'est difficile de prévoir la suite.

Le niveau de perte accumulée va compliquer les offensives si on garde une moyenne minimale d'un gros bataillon perdu par semaine de chaque coté, voir plus coté russe.

Quelle production réelle l'Occident peut soutenir en véhicules et munitions par an? (le Canada commande 100k obus de 155mm à la Corée déjà maintenant...)

Idem du coté russe avec en plus le taux de remise en condition de leur matériel en stock sur un an sous embargo technologique ?

Et quel appui pratique et concret de la Chine si le conflit s'éternise? La Russie acceptera-t-elle de convertir ses éléments techniques et informatiques aux normes chinoises?

 

Par manque de matériel, un conflit "gelé" mais poursuivi par des duels d’artillerie peut durer des années et ils ne coûteraient pas grand chose en hommes et matériel aux deux camps.

Comment va évoluer l'opinion des Ukrainiens en zone russe après des mois/années de conflit? Plutôt la paix et se russifier?

 

 

 

Modifié par Chaps
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il y a 21 minutes, Heorl a dit :

Non, il dit surtout que toute négociation pour la fin du conflit doit se faire par l'Ukraine, avec le soutien des Etats-Unis. Autrement dit, que c'est aux Ukrainiens de choisir cette fin, pas aux Etats-Unis.

  

Alexis, meilleur fil J'émettrai la nuance suivante : elle est perçue comme telle par le régime, mais ne l'est pas forcément. Malgré tous les échecs, les pertes gigantesques qui font que la puissance de l'armée russe est finie à court et moyen terme, la guerre n'est pas (encore) un enjeu de survie pour le régime. Il n'y a pour ainsi dire aucune opposition à Poutine, personne ne peut le remplacer grâce au grand nettoyage par le vide qu'il a fait dans les années 2000. Il n'est pas un oligarque russe qui ne craigne de sauter avec Poutine, ou un général avec Shoïgou. L'appareil étatique reste sous contrôle total, l'opposition est inexistante ou en prison et minoritaire, et le spectre des manifestations de baboushkas a été conjuré en faisant passer beaucoup de morts pour des "disparus". 

Ce n'est pas une guerre de survie mais une guerre de fierté. Comme tu l'as très bien dit il s'agit de reconstruire un monde russe tel que la psykè politique russe le fantasme, et d'effacer définitivement l'humiliation des années 90 (humiliation là aussi plus perçue que réelle).

Au cours du 20e siècle, on observe à deux reprises que la chute d'un régime en Russie/URSS intervient après un conflit. Et en 17, je pense que le régime Tsariste avait tout autant fait le nettoyage des potentiels prétendants. A tel enseigne d'ailleurs que c'est carrément à un changement de régime politique qu'on assista. 

La Russie ne manque pas de cadres compétents pour assurer une relève. La notion même d'oligarque est à manier avec précautions, dans le sens ou comme tu le dis, ils n'ont pas d'autonomie propre (en particulier les Siloviki). 

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il y a 5 minutes, olivier lsb a dit :

Au cours du 20e siècle, on observe à deux reprises que la chute d'un régime en Russie/URSS intervient après un conflit. Et en 17, je pense que le régime Tsariste avait tout autant fait le nettoyage des potentiels prétendants. A tel enseigne d'ailleurs que c'est carrément à un changement de régime politique qu'on assista. 

La Russie ne manque pas de cadres compétents pour assurer une relève. La notion même d'oligarque est à manier avec précautions, dans le sens ou comme tu le dis, ils n'ont pas d'autonomie propre (en particulier les Siloviki). 

La Russie tsariste a pourtant résisté au désastre de 1905, l'URSS à la guerre de Pologne en 1920, à la Finlande, et à la Seconde Guerre Mondiale qui fut une saignée sans nom pour eux.

Je ne crois pas qu'on puisse en tirer une règle. 

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il y a une heure, Chaps a dit :

Après... l'envolée ou pas des prix de l'énergie, des aliments et même leur disponibilité peut provoquer tellement d'effets collatéraux en dehors de l'Europe ou en Europe que c'est difficile de prévoir la suite.

Je pense qu'il y a là une porte de sortie pour la russie, grosso modo : j'arrête la guerre (ou j'accepte de négocier) car les pays du tiers monde souffrent des sanctions occidentales à notre encontre qui nous empêche de vendre notre production agricole/énergétique. Poutine passe pour un sauveur et évite l'humiliation.  

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Article d'ambiance et de témoignages à Adriivka, par l'envoyé spéciale du Monde. 

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/06/01/a-andriivka-le-prisonnier-de-guerre-le-gracie-le-resistant-et-les-delateurs_6128431_3210.html

Citation

A Andriïvka, le prisonnier de guerre, le gracié, le résistant et les délateurs

Deux mois après le retrait des troupes russes, le village d’Andriïvka, à 60 kilomètres de Kiev, commence à livrer la chronique d’un territoire sous occupation.

Un avant-bras mort, des doigts recroquevillés, l’auriculaire droit tordu, un pied bousillé. Quand il parle, Mykola Savtchouk masse son poignet de manière mécanique, comme s’il n’y croyait pas, comme s’il espérait retrouver un jour sa sensibilité d’avant. Mykola Savtchouk porte sur son corps les stigmates de l’invasion de son village par la Russie, le 28 février. Sur le banc de ce qui reste de sa maison éventrée, rue Oleksi-Melia, seule artère ou presque d’Andriïvka, il ouvre étrangement sa bouche en « o » entre les phrases – on croirait Le Cri de Munch. Il revient de très loin : d’une cellule de la prison de Koursk, en Russie.

Le chauffeur routier a été enlevé le 1er mars dans ce village champêtre posé sur une longue route menant depuis le XIIIe siècle de Varsovie jusqu’à Kiev, la capitale ukrainienne, à 60 kilomètres de là. La frontière biélorusse est à 130 kilomètres. Lui vit dans le coin depuis sa naissance, il y a cinquante-six ans. La veille, les Russes étaient arrivés dans la région. Sans se méfier, il est parti à pied nourrir un chien, « mais en le voyant au bout de sa laisse, j’ai eu le pressentiment que je n’allais pas revenir de sitôt. Je l’ai libéré ». Au retour, il passe un check-point tout juste installé par l’occupant, aux abords du village. Il y est arrêté en même temps qu’un autre villageois.

C’est quand le danger reflue que se racontent les guerres. Quand le ciel s’est tu, quand les jardins sont déminés, les bouches et ce qui reste de portails de maison peuvent s’ouvrir. La bataille militaire qui s’est jouée autour de la capitale ukrainienne, en mars, garde son lot de mystères et d’inavouables secrets. « Andriïvka a connu à la fois les destructions de Borodianka », petite ville de la banlieue de Kiev dont les immeubles troués ont fait le tour des télés du monde, « et l’horreur de Boutcha », symbole des exactions russes, explique Oleg Dunda, député de la majorité présidentielle à la Rada, le Parlement ukrainien. Quinze morts, 40 personnes encore portées disparues parmi ceux qui s’y étaient réfugiés selon la mairie ; « mais comme ce village ne compte que 1 500 habitants et se trouve plus loin de la capitale, on n’en a pas parlé ».

Soixante-quatorze maisons y ont été détruites, un chiffre qu’il faudra revoir à la hausse, selon la mairie, car de nouvelles habitations s’écroulent chaque jour. Celle de Mykola, l’homme au bras mort, a pris feu le 11 mars à 8 heures du matin, lorsque l’explosion d’un char russe dans la rue Melia l’a embrasée. Sa femme, Tetyana, l’ancienne épicière du village, se trouvait chez eux. Une miraculée. Elle fronce les yeux quand son mari nous dévoile les détails des tortures et de la captivité en Russie qu’il a subies.E »

« Ils ont commencé par m’attacher les mains dans le dos tellement serré que le sang ne passait presque plus. » Les Russes l’emmènent ensuite avec son codétenu dans un blindé léger vers un campement au milieu d’une forêt. « Je ne peux pas vous dire où : ils m’avaient bandé les yeux en enroulant un gros adhésif autour de mon bonnet. » Des soldats le somment de livrer des renseignements sur les positions militaires ukrainiennes de la région. « Comment voulez-vous que je sache, je ne sors pas de mon village ! », hurle Mykola pendant que son petit doigt est serré dans l’œil d’une clé à boulons. Au-dessus de lui, les tirs et les bombardements redoublent : l’armée de son pays pilonne les blindés russes positionnés à Andriïvka.

Les otages sont acheminés dans « quelque chose qui ressemblait à un village abandonné ou un bâtiment inachevé », tente de décrire le prisonnier. Un médecin militaire lui prélève du sang pour, croit-il comprendre, transfuser des soldats russes blessés. La saignée est telle qu’il perd connaissance et se réveille quarante-huit heures plus tard, un pied sans chaussure, déjà complètement gelé. « Je tâte les corps allongés autour de moi et je comprends que je me trouve au milieu de cadavres », raconte Mykola. On l’avait cru mort, il respirait encore. Le voilà embarqué dans un blindé léger. Direction, la Biélorussie d’abord, puis, deux semaines plus tard, la prison de Koursk. Mains dans le dos, toujours.

Mykola Savtchouk incline son buste en équerre : « Il fallait se baisser quand le policier entrait dans la cellule. » Il passe là vingtjours avec dix autres prisonniers. « Des hommes. Mais j’ai aussi entendu des voix de femmes à Koursk. » Mi-avril, il est mené jusqu’à un aérodrome et embarqué dans un avion militaire. Il pense savoir qu’il s’est posé « à Sébastopol », en Crimée : c’est ce qu’on lui a dit mais rien ne permet de le vérifier. De là, un camion le mène jusqu’à un pont routier – « une zone neutre ». Un groupe de soldats russes avance avec un blessé. Drapeau blanc sous le bras, Mykola traverse à son tour le pont. « J’étais blessé de tous les côtés, les Russes avaient mieux à faire que de me garder et de s’occuper de moi », dit-il pour expliquer sa libération. Sur la photo du passeport que les militaires ukrainiens lui délivrent le 18 avril, après que les Russes ont confisqué et déchiré l’ancien, Mykola, d’ordinaire rasé de près, porte une barbe de plusieurs semaines.

Personne n’aurait imaginé ça

Quatre jours plus tôt, un bénévole de l’hôpital de Poltava, capitale régionale au centre de l’Ukraine, a téléphoné à Tetyana pour la prévenir que son mari était vivant. « Je le cherchais partout, je n’y croyais plus », souffle-t-elle. En quelques semaines, les Russes ont en effet semé la panique à Andriïvka. Le 26 février, leurs premiers blindés traversent à toute allure la rue Melia, faisant trembler les maisons. Les convois sont si longs que leur passage dure « une heure et demie », se souviennent des villageois, qui gardaient tous l’œil derrière leurs rideaux. Mais le 28, les soldats s’arrêtent dans le village. Et le cauchemar commence.

L’occupant impose de nouer un bout de tissu blanc sur les barrières lorsque les maisons sont occupées, et investissent les autres, comme le 95 de la rue Melia, dont les nouveaux propriétaires ont choisi de rester à Kiev. Quand les troupes ukrainiennes la pilonnent, les soldats russes se replient dans le cellier, où le chef d’une compagnie d’infanterie oublie même son « journal de marche » : il y projette un « ratissage » du village, ce terme utilisé lors des guerres de Tchétchénie…

Les rumeurs macabres courent vite de cave en cave. Une victime est morte terrorisée, terrassée par une crise cardiaque ; une autre, blessée, est décédée au lendemain d’un tir de grenade dans une cour. D’autres ont été exécutés, seuls ou en groupe. Le maire du village, Anatoli Kyboukevytch, homme costaud et réservé, confirme. « Il y a un jeune, ajoute-t-il, ils lui ont tiré dessus uniquement parce qu’il portait un treillis kaki, celui de son service militaire, un an plus tôt. Certains, comme mon cousin, ont été abattus en série, en moins de trente minutes : d’abord des balles dans les genoux, puis dans la tête. Ils prévenaient : si vous ramenez dans vos maisons les corps de ceux qu’on a tués, vous allez les rejoindre… »

Personne n’aurait imaginé ça. Andriïvka était un endroit « cool », poursuit le maire en choisissant le mot anglais. « D’ailleurs les Russes nous ont dit : “vous avez une jolie petite ville. Vous avez du gaz, de l’électricité, des routes goudronnées. Vous êtes trop riches.” » Un discours qui revient dans toute l’Ukraine occupée en ce printemps. Rien de gentrifié pourtant dans ce village de la campagne profonde, pas de jolis restaurants comme à Boutcha, même si quelques citadins y ont une datcha. A l’annonce de l’invasion russe, c’est pour rejoindre des parents que les habitants de Kiev ou de Jytomyr sont venus se réfugier à Andriïvka. Ils pensaient y trouver la sécurité… « La situation était confuse, on s’est mal coordonnés », convient le député Oleg Dunda, qui compte Andriïvka dans sa circonscription.

« Certains, comme mon cousin, ont été abattus en série, en moins de 30 minutes : d’abord des balles dans les genoux, puis dans la tête »

A partir du 28 février et jusqu’au 31 mars, la mairie est occupée, un sniper posté sur le toit. L’école, juste en face, devient le quartier général de l’occupant. C’est un établissement coquet comme on en trouve mille en Ukraine, avec, dans les classes, ses portraits de poètes nationaux surmontés d’écharpes brodées et, au milieu de la cour, son monument aux soldats tombés durant la seconde guerre mondiale, comme les aimait l’ex-Union soviétique. Les vade-mecum illustrés de la conduite à tenir en cas d’attaque chimique ou nucléaire, vieux comme la guerre froide, étaient remisés au sous-sol.

C’est l’étage le plus sûr. Celui qu’a choisi la troupe venue de Tchéchénie lors de l’occupation d’Andriïvka. Ils y ont tagué à la peinture blanche le fameux hymne à la gloire de Kadyrov, le dirigeant tchétchène : « Akhmat sila. » Dans une salle de toilette de fortune, des touffes de barbe abandonnées au milieu de rasoirs jetables signent aussi le passage des Tchétchènes. Le directeur de l’école, Oleksander G., 42 ans, préfère ne pas rentrer dans la pièce, car elle n’a pas encore été déminée.

« Excusez-nous »

Il raconte comment, le jeudi 24 février à l’aube, il a prévenu via la messagerie Viber les parents de ses 80 élèves (de 6 à 15 ans) qu’il lui paraissait imprudent d’ouvrir l’école. Et comment, le 28 février, il a dû interrompre les cours en ligne, mis en place quelques jours plus tôt dans un élan d’optimisme : « On n’imaginait pas que ça pouvait arriver. On n’était pas prêts, personne n’avait même préparé une trousse d’urgence. On s’est jetés comme ça dans les celliers. »

Les murs de l’école tiennent bon. Les Russes occupent le premier étage. Ordinateurs, télés, magnétoscopes, chaque classe a été pillée à leur départ. Le gros dictionnaire ukrainien de la salle des profs est troué d’une balle rageuse. Les squatteurs ont aussi décroché de la galerie de photos de l’école le portrait d’une jeune professeure (« heureusement il ne lui est rien arrivé », rassure le directeur) et ils ont joué avec le tampon à encre de l’école, un peu partout sur les murs.

« Nos matinées ne commencent pas par un café et une cigarette, mais par un court jogging tonique dans notre abri, au son d’un doux sifflement. » Les murs de l’établissement ont servi d’écritoire majuscule à un soldat qui y a jeté ses pensées du jour, en russe. Ils traduisent à leur manière l’état d’esprit des troupes. « Pour toute musique nous n’avons qu’une gamme de calibres, les sifflements et les explosions des obus », a griffonné le soldat dans la salle de musique. Et devant l’infirmerie : « Le docteur (…) est à la retraite, pitié : ne perdez pas vos membres, il n’y a personne pour les recoudre. »

« Ni les bandages, ni les pansements, ni les garrots ne pourront rien pour vos blessures si du soldat il ne reste que son casque et la pelle avec laquelle on va déposer ses restes dans un cercueil », clame un de ses haïkus. D’après l’écriture, un autre soldat semble avoir investi les tableaux noirs. Plus direct, moins poète, plus sombre. « Je suis mauvais et je ne serai jamais bon », a-t-il noté en russe et à la craie. Et encore, le 2 mars : « Personne ne veut de cette guerre. » Une ligne de lettres cyrilliques descend aussi le long du tableau de la neuvième classe, près d’une caricature du président ukrainien, Volodymyr Zelensky : « Excusez-nous. »

Dans la quatrième classe (celle des 10 ans), se trouvait le fils de Youri Kravtchenya, l’un des parents de l’école qui ont trouvé la mort. Son exécution a eu lieu le 2 mars, rue Melia, dans la cour de sa maison. Des soldats russes s’étaient mis à tirer sur les fenêtres. Youri était sorti en levant les mains. Accusé d’avoir renseigné l’ennemi, il est « frappé et abattu » sous les yeux de sa femme, Olessia, raconte son frère Maxim Kravtchenya, 39 ans, militant du parti Serviteur du peuple dans la région de Jytomyr.

« Ils ont tué Youri ! » Olessia attend 5 heures du matin pour courir prévenir ses beaux-parents, un couple de paysans ukrainiens modestes, 74 ans chacun, qui héberge dans son cellier chauffé au four à pain les enfants de Youri – ils ignorent encore qu’ils viennent de perdre leur père –, ainsi que Maxim et sa famille, débarqués de Jytomyr. « Ils ont tout fouillé et lu chaque message et vidéo de son téléphone, pleure-t-elle. Détruisez vite vos portables ! » Puis elle s’enfuit à nouveau dans la nuit. Elle ne veut pas abandonner le corps de son mari.

Qui a « donné » Youri ?

Il est 16 heures, le lendemain, lorsque le père de Maxim et Youri entend un fracas de vitres à travers la porte du cellier. Il passe une tête. Un officier et deux soldats armés de mitrailleuses se trouvent dans la cour. « Qui est caché dans la cave ? », interroge le premier, la trentaine environ. La famille monte une à une les neuf marches du cellier. Sans comprendre ce qui se joue, la fille de Maxim, 5 ans, agite le paquet de fruits secs quasi vide : « Si j’avais su, j’en aurais gardé pour vous… » L’officier russe exige les téléphones de chacun. Maxim les a prudemment détruits au petit matin, après le départ de sa belle-sœur, et évidemment le sien : il a filmé les premières colonnes de chars entrées le 27 février dans Andriïvka, et envoyé la vidéo à son député.

Le militaire l’accuse d’être membre de la réserve territoriale nationale. « Faux !, répond-il. C’est alors que sa mère se jette à genoux dans la cour givrée (elle nous rejoue la scène).

— Vous avez tué mon fils qui n’avait rien fait, ne tuez pas le second, ou alors tuez-moi à sa place !

— Ma troupe à perdu 40 personnes à cause de ce qu’il a fait, rétorque l’officier russe, suggérant que Youri a renseigné les forces ukrainiennes qui ont ensuite bombardé le village.

— Je vous parle comme une mère, lui enjoint la babouchka, fichu fleuri sur la tête. Vous aussi avez aussi une mère qui vous attend quelque part… »

Est-ce à cause de sa supplique ? Parce que Maxim avait eu la prudence de détruire son portable ? Ou encore, qui sait, à cause des mots de la petite fille du défunt désolée de ne pas avoir gardé de fruits secs « pour les messieurs » ? L’officier flanche. « Bon, lance le soldat russe à Maxim, fais attention à ce que tu fais. Et préparez des réserves de nourriture pour six jours, car vous allez bientôt être bombardés par les Ukrainiens… »

A chaque guerre ses miracles, ses héros, ses délateurs. Maxim a la vie sauve mais dans le village, les rumeurs vont bon train. Qui a « donné » Youri ? Maxim est persuadé que des villageois ont dénoncé son frère. C’est aussi l’avis du député, et du directeur de l’école, qui note, l’œil noir, que « certains du village sont partis très loin après le départ des Russes. On attend leur retour avec impatience », ajoute-t-il, lourd de colère.

Le maire d’Andriïvka, qui renseignait lui-même l’armée ukrainienne sur les positions de l’ennemi, est également certain que son village compte des corbeaux. Il pense d’ailleurs avoir été lui-même dénoncé par des « locaux ». Deux blindés légers se sont pointés devant chez lui à la mi-mars. Prudemment, comme beaucoup d’élus, il dormait ailleurs. Dans la nuit du 16 au 17, il quitte son village en exfiltrant avec lui neuf habitants, des hommes, entrés depuis dans la défense territoriale.

« C’était la pleine lune, hélas, se souvient Anatoli Kyboukevytch dans un bref sourire. Nous avons marché 35 kilomètres par – 10 °C. Des missiles sont tombés, nous avons cherché à nous cacher dans un bois de chênes, quand nous avons aperçu un blindé léger. » Le petit groupe fait demi-tour et rejoint le village de Zaboutchtchia en franchissant la rivière gelée au milieu d’un gué.

Dès le départ des Russes, Anatoli Kyboukevytch est revenu dans son village. Il s’active désormais jour et nuit dans sa mairie, traits tirés, portable vissé sur l’oreille. « Les Ukrainiens ne sont pas des flemmards, glisse le maire d’Andriïvka en guidant la route d’un camion humanitaire. On va tout reconstruire pour le montrer aux “rachistes” » – une insulte à la mode en Ukraine, contraction de « Russes » et « fascistes ». En face, le directeur de l’école rêve aussi de « rouvrir son école en septembre ».

Sur le même trottoir de la rue Melia, Mykola, le chauffeur routier passé par la prison de Koursk, voudrait rééduquer ses mains pour reprendre le travail, car il n’a plus de maison et plus un sou. La veuve de Youri ne sort plus de chez elle et ne veut voir personne. Sur le banc qui fait face, une babouchka philosophe tristement devant sa maison, soufflée elle aussi par la guerre. « Je suis assise, j’attends, dit Nadiya Vorobey sous le soleil du soir. Nul ne sait ce qui va se passer. On espère seulement qu’eux ne vont pas revenir. »

 

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