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Affrontement franco-britannique en Inde


Rochambeau
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L’affrontement franco-britannique

Joseph François Dupleix est le fils d’un fermier général en Bretagne qui aimait tellement son écervelé de fils qu’il lui a offert, cadeau venu droit du cœur, un aller simple pour les Indes Orientales. Arrivé à Pondichéry en 1722, à l’âge de 25 ans, il a d'abord occupé un poste d’obscur conseiller de la Compagnie des Indes. Il en a évidemment profité pour s’enrichir, ce qui est bien souvent l’unique obsession de la plupart des Français qui viennent alors dans les Indes: faire fortune et retourner en France. En 1730, il est devenu directeur de Chandernagor au Bengale. Il revient donc à Pondichéry (100 000 habitants désormais) pour en occuper la fonction de gouverneur. On le découvre marié à la veuve d’un de ses amis avec qui il avait beaucoup de choses en commun, Jeanne Albert de Castro, fille d’une famille portugaise dont la grand-maman aurait été tamoule. Langue que la petite-fille maîtrise, paraît-il, fort bien. La connaissance du pays de Jeanne (même si certains décrieront l’influence néfaste qu’elle aurait exercé sur son mari) alliée à celle qu’il s’est faite de lui-même, donne à Dupleix de sacrés atouts. L’hostilité vis-à-vis des Anglais se transforment en guerre ouverte en 1744. D’autant que sur le continent européen, Anglais et Français sont opposés dans la Guerre de succession d’Autriche (France/Temps Modernes). En 1746, grâce à la flotte commandée par l‘amiral Mahé de la Bourdonnais, gouverneur, lui, de l’île de France et de l’île Bourbon, qui est plus souvent un rival qu’un allié de Dupleix, les Français prennent Madras aux Anglais: la sensation de l’année! Madras que les Français rendront aux Anglais suite au traité d’Aix-la-Chapelle qui met fin à le guerre de succession d’Autriche en échange de Louisbourg que les colons de la Nouvelle France ont perdu en 1745.

Dupleix au cours de cette guerre à saisi qu’il dépend fortement des navettes que les bateaux font avec la France. Alors que l’Inde du sud est politiquement en État d’instabilité, l’idée de s’assurer l’arrière-pays pour conforter ses positions se fait de plus en plus insistante. Si bien que Dupleix fini par céder aux sollicitations des différents princes qui lui demandent de s’allier avec eux contre leurs ennemis. Aidé d’un prestigieux officier Bussy, il place à la tête du Deccan, un gouverneur (ou un soubab) qui n’a rien à lui refuser. De plus, il pactise avec les Marathes afin de poursuivre tranquillement sa conquête vers le nord-est. Mais les Anglais, inquiets de la tournure que prennent les évènements soutiennent bien évidemment les ennemis de Dupleix, dont Méhemet Ali qui revendique le titre de soubab du Deccan au protégé des Français. Profitant que Bussy soit occupé à guerroyer du côté des Circars, les hommes de Robert Clive prennent Trichinopoly en 1752. Le revers est sérieux mais non fatal. Sur le plan strictement militaire Dupleix aurait très bien pu redresser la situation. Mais les représentants de la Compagnie des Indes qui n’avaient jusqu’à présent soutenu que très modérément la politique belliciste de Dupleix écoutent ses ennemis et ils sont nombreux, aussi bien dans le camp français (jalousie, jalousie!) que chez les Anglais qui hurlent à Paris contre ce Dupleix qui leur fait la guerre alors que la France et l’Angleterre sont supposées être en paix. Dupleix est donc rappelé en 1753 et quitte Pondichéry en 1754.

"La volonté de signer la paix à tout prix se révéla une cruelle duperie : moins de deux ans plus tard, les bateaux français étaient de nouveau attaqués et la guerre déclarée entre la France et l’Angleterre. Les Combats recommençaient à faire rage dans l’Est de l’Inde : ce fut la "Guerre de sept ans". [...] Quand un nouveau gouverneur, M. de Lally-Tollendal, débarqua à Pondichéry le 28 avril 1758, il était trop tard pour empêcher les Anglais, commandés par Robert Clive, de prendre leur revanche"(15). Tout d’abord, il défait en 1757, lors de la bataille de Plassey, les troupes du souverain du Bengale qui appartient dorénavant et dans sa totalité aux Anglais. De décembre 1758 à février 1759, Lally assiège Madras mais finit par renoncer. Clive lui rend la politesse en assiégeant Pondichéry où il s’en est retourné. Sauf que lui, il parvient à prendre la ville en janvier 1761. Lally sera remis aux Français puis embastillé et finalement condamné à mort. Le Traité de Paris signé en 1763 entre Anglais et Français met donc fin à la guerre de Sept ans (France/Temps modernes). La France garde ses 5 comptoirs: Pondichéry, Kârikâl, Mahé, Yanaon et Chandernagor. Ses prétentions ne sont plus que commerciales. Les Anglais, à partir du Bengale, vont pouvoir rigoureusement, britanniquement devrait-on dire, entreprendre la conquête de l’Inde. Certains Français, dont nombre de militaires qui resteront sur place pour combattre auprès des princes indiens contre les Anglais, tenteront, comme pour l'Amérique du Nord avec les colons britanniques, de saper l’hégémonie britannique qui s’annonce en aidant les populations locales, voire en les aiguillonnant carrément contre ces damnés Anglais. Mais cette tactique qui portera ses fruits pour l’Amérique se révélera stérile en Inde.

livres:

-BOIVIN Michel, Histoire de l’Inde

-DOS MARTIRES LOPES Maria de jesus, étude intitulée: Le legs de l'hindouisme dans la vie quotidienne des Goannais au XVIIIe siècle, dans Découverte de l’Inde de Gama à Lors Mountbatten 1497-1947

-HAUDRERE Philippe, étude intitulée: La Compagnie des Indes, dans L’Aventure des Français en Inde XVIIe - XX e siècle

-MORINEAU Michel, Les Grandes Compagnies des Indes orientales (XVIe - XIXe siècles)

-DANIELOU Alain, Histoire de l’Inde

-LEBRUN François, L’Europe et le monde XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle

-FREMONT Annette, étude intitulée: Des aventures de quelques Français en Inde au XVIIe siècle, dans L’Aventure des Français en Inde XVIIe - XX e siècle

-VINCENT Rose, étude intitulée: L’Apogée de Pondichéry, dans L’Aventure des Français en Inde XVIIe - XX e siècle

Biographie de Joseph Dupleix:

Fils d'un actionnaire de la compagnie des Indes. Joseph Dupleix naquit à Landrecies dans le Nord le 1er janvier 1697. Son père l'envoya très jeune aux Indes où dans la première partie de sa vie, il s'occupa essentiellement à développer le commerce de la Compagnie et s'attacha à faire fortune. Il y fut grandement aidé par sa femme, Jeanne de Castro, créole d'origine portugaise, qui connaissait admirablement les langues et les mœurs de l'Inde. Associée à toutes les pensées de son mari, elle eut une grande part dans ses succès et dans ses échecs.

Gouverneur de Pondichéry et Gouverneur Général des possessions française de l’Inde, en 1742, il se trouva en prises avec les difficultés nées de la guerre de sécession d’Autriche et dut se transformer en chef de guerre. Il entrepris de ruiner la puissance anglaise sur la côte du Coromandel et s’empara de Madras, avec l’aide de la Marine, improvisée à l’Ile-de-France par la Bourdonnais, mais la mésentente qui régnait entre les deux hommes empêcha de tirer parti de cette brillante opération. Resté seul dans l’Inde à la suite de la destruction de l’escadre par un cyclone, il fut assiégé dans Pondichéry par les forces des Anglais et de leurs alliés indigènes. Il les obligea à lever le siège et il allait être en position de remporter de nouveaux succès quand survint la paix d’Aix-La Chapelle.

Un senau de 100 tonneaux de la compagnie des Indes. Ce type de bâtiment qui commercait d'Indes en Indes fit la fortune d'agents accrédités par la compagnie comme Joseph Dupleix.

Créé marquis et " cordon rouge " (chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis), récompense rare pour un civil, Dupleix entrepris alors l’œuvre à laquelle son nom reste attaché. Jusqu’alors les Européens ne s’étaient présentés aux Indes que comme des commerçants. Dupleix se proposait d’intervenir dans les querelles de princes indigènes et d’établir petit à petit, un système de protectorat qui, appuyé sur une force militaire, assurerait à la France un monopole de traffic et une souveraineté pratique. Il se heurta aux Anglais qui employaient des méthodes calquées sur les siennes et c’est ainsi qu’en pleine paix, troupes anglaises et françaises étaient aux prises dans l’Indoustan. Tant que ce fut le succès, on laissa Dupleix aller de l’avant : mais celui-ci ne disposait que de troupes médiocres et ne put jamais trouver, à l'exception de Bussy, des chefs militaires capables de soutenir efficacement ses desseins.

Dès les premiers revers, le Gouvernement et la Compagnie résolurent de mettre un terme à cette périlleuse aventure. Le Directeur de la Compagnie, envoyé aux Indes, destitua Dupleix et conclut avec les Anglais le désastreux traité de Sadras, par lequel les deux Compagnies s'engageaient réciproquement à s’abstenir de toute entreprise politique et à restituer leurs conquêtes, alors que les Anglais n’en avaient fait aucune et que les Français avaient fondé un Empire.

Rentré en France en 1754, Dupleix passa les dernières années de sa vie en de pénibles contestations avec la Compagnie pour la restitution de la fortune qu’il avait sacrifiée aux intérêts de son pays. Il mourut en 1763 dans un état voisin de la gène.

source netmarine

Zone d'influence des français dans la région:

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9f/French_India_1741-1754.png

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Après le Canada, tu nous sors l'Inde?!  =(

Tu remues le couteau dans la plaie Rochambeau !

C'est dommage, en Inde nous avions plus de chance. Nos alliés indiens annulaient la domination maritime de l'Angleterre puisqu'ils pouvaient fournir des troupes en nombre et Dupleix était un chef énergique...

http://pageperso.aol.fr/book0001/indexdx.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tablissements_fran%C3%A7ais_de_l%27Inde

http://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_fran%C3%A7aise_des_Indes_orientales

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fran%C3%A7ois_Dupleix

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