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L'armée romaine


Rochambeau
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pour la première question, j'avoue ne pas m'en souvenir

pour la deuxième partie, la réponse est non : à cette époque, crassus est un membre éminent du premier triumvirat mais le plus puissnt reste pompée , césar n'est encore que le chef le moins puissant de ce triumvirat ( il n'a pas encore conquis la gaule il me semble )

pour info , crassus est celui qui a vaincu spartacus

mince , grillé  ;)

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Ce qui me frappe avec Rome c'est qu'elle sut toujours se relever après de terribles défaites (et il y en a quand même un certain nombre).

Quand on pense aux campagnes d'Hannibal en Italie,la bataille d'Orange face aux Cimbres et Teutons, Carrhes,Teutoburg et peut-être que j'en oublie.

Dans la plupart des cas, ces défaites ont pour cause de modifier la façon de combattre de la légion (surtout pour Orange qui marque un tournant dans l'organisation de la légion).

Ils ont toujours sut tirer profit de leur erreurs n'hésitant pas à "copier" leur ennemis.

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Ce qui me frappe avec Rome c'est qu'elle sut toujours se relever après de terribles défaites (et il y en a quand même un certain nombre).

Quand on pense aux campagnes d'Hannibal en Italie,la bataille d'Orange face aux Cimbres et Teutons, Carrhes,Teutoburg et peut-être que j'en oublie.

Dans la plupart des cas, ces défaites ont pour cause de modifier la façon de combattre de la légion (surtout pour Orange qui marque un tournant dans l'organisation de la légion).

Ils ont toujours sut tirer profit de leur erreurs n'hésitant pas à "copier" leur ennemis

Quand le "pays" est bien dirigé, elle peut facilement redresser la barre comme nos vieille nation.

Combien de fois nos pays ont réussi a revenir dans les rang aprés des catastrophes.

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Pour ce qui est des armes contre la cavalerie du légionnaire, il est important de savoir de quelle époque on parle. Car il me semble que pour la période du bas-empire le légionnaire a une lance d'arrêt et non plus un pilum, et une épée plus longue afin d'atteindre les cavaliers.

Et il me semble que cela a déjà été dit mais durant cette même période on trouve des unités exclusivement composées de cavaliers et leur rôle est central. Et a défaut d'étrier, ils disposent de selles hautes.

Les unités sont aussi plus petites à cette époque, si mes souvenir sont bons 500 cavaliers égale a une aile et 1000 fantassins a un numerus.

On voit aussi l'apparition d'arme peu commune comme la plumbata et les chausses-trapes qui sont dispersés aux alentours des fortifications du limes.

Si vous êtes intéresser par des récits de combats de l'époque parcourez Ammien Marcellin, disponible gratuitement sur le net.

quelques extraits (source: wiki source):

"Après plusieurs marches pénibles dans des défilés où il fallut se faire jour au travers des neiges, on atteignit enfin le Rhin près de Rauraque. Alors une multitude d'Allemands se montra sur l'autre rive, et, par une grêle de traits, empêcha les Romains de jeter un pont de bateaux. L'obstacle semblait insurmontable, et l'empereur, abîmé dans ses réflexions, ne savait quel parti prendre, quand il se présenta, lorsqu'on y pensait le moins, un guide bien au fait des localités, qui indiqua, moyennant salaire, un gué dont on se servit la nuit suivante. Le fleuve une fois franchi sur un point éloigné, tout ce pays allait être surpris et ravagé à l'improviste; mais l'ennemi, à qui il fallait dérober ce mouvement, en eut secrètement avis par des Allemands de nation, pourvus de grades éminents dans notre armée."

"César dès lors ne songea plus qu'à ne pas être en reste d'audace avec ce brave officier. Dans son impatience de tout délai , il ne prit même avec lui que les cataphractes (armés de toutes pièces) et quelques archers, escorte assez mal calculée dans cette occasion pour la sûreté du général, et gagna rapidement Autosidore par la même voie. De là, après avoir pris le repos accoutumé avec sa troupe, il se dirigea sur les Tricasses. Ce mouvement ne s'opéra pas sans qu'on eût à essuyer plus d'une attaque de la part des barbares. D'abord l'aspect de ces masses irrégulières en imposait à Julien sur leur force réelle, et il se contentait de les observer en renforçant sa colonne sur les flancs. Mais parfois aussi, quand il avait l'avantage des hauteurs, il reprenait soudain l'offensive, et culbutait à la course tout ce qui se trouvait devant lui. Il ne fit dans ces engagements de prisonniers qu'en petit nombre, et ce fut la frayeur qui les lui livra. Tout ce qui eut la force de fuir échappa sans peine à la poursuite d'un corps si pesamment armé."

"Julien fit fermer les portes, réparer les fortifications; et jour et nuit on le vit mêlé aux soldats, sur les murs, entre les créneaux, et frémissant de courroux de l'impuissance où il se trouvait de risquer une sortie avec une garnison ainsi réduite. Le trentième jour, les barbares, découragés, levèrent le siège, murmurant contre le fol espoir qui le leur avait fait entreprendre. Il faut signaler ici, comme tout à fait dans l'esprit du temps, la conduite du général de la cavalerie Marcel, qui, bien que cantonné tout près de là, laissa César dans le danger, sans lui porter le moindre secours; lui pour qui c'était un devoir rigoureux de tenter une diversion, ne fût-ce que pour épargner à la place les maux d'un siège, et lors même qu'un prince n'y eût pas été renfermé !"

"Lui cependant, précédé de bataillons nombreux aux enseignes déployées, comme s'il se fût agi de terrifier ou le Rhin ou l'Euphrate, s'avançait seul sur un char d'or, où resplendissaient à l'envi les pierres les plus précieuses. Tout autour on voyait flotter les dragons attachés à des hampes incrustées de pierreries, et dont la pourpre, gonflée par l'air qui s'engouffrait dans leurs gueules béantes, rendait un bruit assez semblable aux sifflements de colère du monstre, tandis que leurs longues queues se déroulaient au gré du vent. Des deux côtés du char paraissait une file de soldats, le bouclier au bras, le casque en tête, la cuirasse sur la poitrine; armes étincelantes, dont les reflets éblouissaient les yeux. Venaient ensuite des détachements de cataphractes ou "clibanares", comme les appellent les Perses; cavaliers armés de pied en cap, que l'on eût pris pour autant de bronzes équestres sortis de l'atelier de Praxitèle. Les parties de l'armure de ces guerriers correspondant à chaque jointure, à chaque articulation du tronc ou des membres, étaient composées d'un tissu de mailles d'acier si déliées et si flexibles, que toute l'enveloppe de métal adhérait exactement au corps sans gêner aucun de ses mouvements."

"Nos chefs pouvaient déjà voir l'ennemi former ses colonnes d'attaque. On commande halte; et aussitôt les antépilaires, des hastaires et leurs serre-files se mettent en ligne et restent fixes, présentant un front de bataille aussi solide qu'un mur. Même immobilité dans les rangs ennemis, qui veulent imiter notre réserve. Voyant toute notre cavalerie placée à l'aile droite, ils lui opposèrent à leur gauche, et par masses serrées, l'élite de leurs cavaliers, dans les rangs desquels, par une tactique très bien entendue, et dont lis devaient l'idée au transfuge déjà mentionné, ils jetèrent çà et là des fantassins agiles, et armés à la légère. Ils avaient remarqué en effet que les rênes et le bouclier ne laissant à leurs gens de cheval qu'une main libre pour lancer le javelot, le plus exercé, dans un combat corps à corps avec un de nos "clibanares", ne faisait que s'escrimer en pure perte contre le guerrier complétement abrité sous son armure de fer; mais qu'un fantassin pouvait, inaperçu dans la chaleur du conflit, et quand on ne songe qu'à ce au'on a devant soi, se glisser sous les flancs du cheval, l'éventrer, et démonter ainsi l'ennemi invulnérable, dont alors on avait bon marché."

"L'airain donne le signal, et des deux parts on en vient aux mains avec la même ardeur, en préludant par des volées de traits. Débarrassés de leurs javelots, les Germains se lancent sur nos escadrons avec plus d'impétuosité que d'ensemble, en rugissant comme des bêtes féroces. Une rage plus qu'ordinaire hérissait leur épaisse chevelure, et leurs yeux étincelaient de fureur. Intrépides sous l'abri de leurs boucliers, les nôtres paraient les coups, ou, brandissant le javelot, présentaient la mort aux yeux de l'ennemi.

Pendant que la cavalerie soutient la charge avec vigueur, l'infanterie serre ses rangs, et forme un mur de tous les boucliers unis. Un épais nuage de poussière enveloppe la mêlée. Nous combattons avec des chances diverses, ici tenant ferme, là repoussés; car les Germains, rompus la plupart à cette espèce de manœuvre, s'aidaient de leurs genoux pour enfoncer nos lignes. C'était un corps à corps universel, main contre main, bouclier contre bouclier; et l'air retentissait de cris de triomphe et de détresse. Enfin notre aile gauche, s'ébranlant de nouveau et chassant devant elle des multitudes d'ennemis, venait avec furie prendre part à cet engagement, lorsque inopinément la cavalerie lâcha pied à l'aile droite, et se replie s'entre-choquant jusqu'aux légions, où, trouvant un point d'appui, elle put se reformer. Voici ce qui avait causé cette alarme. Le chef des cataphractes, en rectifiant un vice d'alignement, reçut une blessure légère; et l'un des siens, dont le cheval s'abattit, resta écrasé sous le poids de l'animal et de son armure. Ce fut assez pour que le reste se dispersât; et ils eussent tous passé sur le ventre à l'infanterie, ce qui eût causé un désordre général, si cette dernière n'avait soutenu leur choc par sa masse et par sa résolution."

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Invité barbaros pacha

une question peut on considerer l'armée Byzantine comme l'armée Romaine ?

Après tout les byzantins se consideraient romains

Les byzantins sont des Greco-romains, qui ont plutot une culture hellenistique, On peut dire que les byzantins sont des Romains....

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une question peut on considerer l'armée Byzantine comme l'armée Romaine ?

Après tout les byzantins se consideraient romains

La culture romaine a toujours été gréco-romaine d'ailleur l'empire byzentin c'est toujour appelé empire romain d'orient c'est apres sa disparition que le therme byzentin est venu.

En ce qui concerne l'armée, du moinsapres (500 ap JC) je ne pense pas. il y a toujour eu un paquet de mercenaire dans l'armée byzantine

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Invité barbaros pacha

La culture romaine a toujours été gréco-romaine d'ailleur l'empire byzentin c'est toujour appelé empire romain d'orient c'est apres sa disparition que le therme byzentin est venu.

En ce qui concerne l'armée, du moinsapres (500 ap JC) je ne pense pas. il y a toujour eu un paquet de mercenaire dans l'armée byzantine

Les Romains n'aimer pas les Grecs, tu oubli de le dire...a cause d'un Troy, et la fuite d'Enée...

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Les Romains n'aimer personne qu'il considéré tous les autre peuple comme barbare (qui n'avait de barbare que le nom) jusqu'a une periode de tolérence ou on a vu des empereur espagnol ou illyrien mais ça n'a pas empéché la culture romaine d'etre fortement influencé par la grèce  sous pas mal de plan (mode de vie, architecture,religion)

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Invité barbaros pacha

Ah oui ! c'est pour ça que bon nombre de nobles parlaient grec et que l'architecture romaine s'en est inspiré.

Un peu péremptoire ta réponse

Il aimer pas les Grecs, cela ne veut pas dire qu'ils n'apprecier pas leur culture!!!!!

C'est pour sa que quand les Romains ont conquerit la Grece, ils se sont dit qu'ils ont prit la revanche de Troy, pareil pour les Ottomans, quand Selim 1er ou Soliman le magnifique avait dit un jour, "Qu'il avait prit la revanche de Troy sur les Grecs"...

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Il aimer pas les Grecs, cela ne veut pas dire qu'ils n'apprecier pas leur culture!!!!!

C'est pour sa que quand les Romains ont conquerit la Grece, ils se sont dit qu'ils ont prit la revanche de Troy, pareil pour les Ottomans, quand Selim 1er ou Soliman le magnifique avait dit un jour, "Qu'il avait prit la revanche de Troy sur les Grecs"...

Certes, mais on ne peut être aussi catégorique. Déjà de quelle époque parle t'on ? De quelle couche sociale ? Qu'entend-on par Romains, les citoyens romains ? Les habitants de la Ville? Les provinciaux ? D'ailleurs beaucoups de grecs étaient eux-même romains. Et qui sont les grecs ? Les habitants de la Grèce ? Les personnes parlant un dialecte Grecs ? Les gens de culture Grecs ?

Je dirais plutôt qu'ils y a eu une certaine méfiance à une certaine époque envers un peuple qui leurs étaient au moins égale voire supérieure du point de vue culturel. Virgile n'a t'il pas écrit, Timeo danaos et dona ferentes (reprise dans Astérix  ;) ) ?

Selim I ou Soliman avait un sacré culot pour dire ça.  :rolleyes:

Voilà j'en aurais fini pour ce hors sujet, ne vous inquiètez pas !

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Certes, mais on ne peut être aussi catégorique. Déjà de quelle époque parle t'on ? De quelle couche sociale ? Qu'entend-on par Romains, les citoyens romains ? Les habitants de la Ville? Les provinciaux ?

Plus le temps avançait et plus il etait considéré comme romain dans l'ordre que tu cite.

Apres c'est sur c'est assez ambigu.

Et plus tard tous simplement un titre tres honorifique ou se sentir comme un réunificateur de l'europe ?(Saint empire romain germanique)

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Tiens personne n'a parlé des prétoriens mais etait ce simplement une garde affectée à la protection rapprochée des empereus (avec le poids politique que ca a pu leur conférer) ou etait ce aussi une force militaire d'elite capable de combattre en rase campagne ... ??

PS : et hop remontage de topic, on a pas encore fait le tour de l'armée romaine  ;)

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à brule pourpoint et en me basant sur mes anciens souvenirs de fac ,la garde prétorienne n'était pas une troupe d'élite conçue pour le combat en campagne mais uniquement chargée de la protection de l'empereur à rome : position qui lui valait un poids politique énorme ( elle a même une fois vendue ( "pognon" ) la charge d'empereur au plus offrant )

sa force militaire était réduite et ne valait pas une légion de vétérans

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Garde_pr%C3%A9torienne

http://www.roma-quadrata.com/pretoriens.html

j'ai trouvé ces 2 liens mias ca ne clarifie pas les choses

apparemment les pretoriens pouvaient evoluer en unités constitués mais auraient participé à peu de combats majeurs puisque plutot chargés de proteger Rome

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Il y a un très bon site sur les légions en espagnol.

On y voit le cout d'entretien d'une légion pendant un mois.

Dans une légion formée de:

-10 cohortes de 480 légionnaires:4.800 hommes

-alae de cavalerie:120 hommes

-personnel non-combattant:400 hommes

-état-major supérieur:9 hommes

On avait 133.876,75 deniers mensuels pour les salaires. Soit 8.568.832,8 euros modernes

Un légionnaire de base touchait 1.200,58 €.

Plus 256.819,34 euros pour les aliments

Adquisition Animaux: 1.775.750,36 euros

Adquisition harnais et montures: 969.408,48 euros

Adquisition chars et sacs: 801.691,32 euros

Adquisition aliments pour les animaux (Reserve 5 jours): 9.892,48 euros

argent aliment pour animaux pour 30 jours: 59.354,87 euros

SUBTOTAL :12.621.795,51 euros

paquetage divers (25% du Subtotal): 3.155.448,88 euros

TOTAL: 15.597.197,26 €uros par mois pour le maintien d'un légion à l'époque d'Auguste.

Pour ceux que ca intéresse et qui se débrouillent un peu en espgnol...

http://www.historialago.com/leg_u_artic_costelegiones_01.htm

http://www.historialago.com/legiones.htm

Le site complet,très intéressant.

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  • 4 years later...

Rome et le recrutement de mercenaires

Ce fut à partir du IVe siècle avant J.-C. que se développa en Grèce le mercenariat qui devint bientôt la composante essentielle des armées hellénistiques dans les royaumes issus du démembrement de l’empire d’Alexandre. À la veille des guerres puniques, les mercenaires constituaient également un effectif important de l’armée carthaginoise (1).

Yvon Garlan définit à juste titre le mercenaire comme "un soldat professionnel dont la conduite est avant tout dictée, non par son appartenance à une communauté politique, mais par l’appât du gain". C’est en effet à la fois un « spécialiste, un apatride et un stipendié » (2). À la différence des armées hellénistiques, l’armée romaine était une armée de conscrits. C’est ce que souligne l’historien Polybe (VI 52, 3-4) dans une célèbre comparaison : "Pour ce qui est de la guerre sur terre, les Romains ont de bien meilleurs soldats, car ils consacrent tous leurs soins à l’entraînement tandis que les Carthaginois négligent tout à fait leur infanterie et n’accordent que peu d’attention à la cavalerie. La raison en est que les troupes qu’ils emploient sont des mercenaires (misthophoroi) étrangers, tandis que celles des Romains sont des gens du pays et des citoyens." (3)

Le soldat, s’il recevait une solde depuis la prise de Véies en 396, ne se concevait en effet que citoyen. Le service militaire n’était pas un métier, mais un devoir civique. Telle est la toile de fond sur laquelle se pose la question du recrutement de mercenaires à Rome : les Romains avaient-ils fait malgré tout appel à eux, quand et pourquoi ?

A l'époque républicaine

Sous la République, l'armée romaine était traditionnellement formée de deux sortes de troupes : de légionnaires romains, représentant l’infanterie lourde, et d’alliés (socii) italiens, fournissant des troupes d’infanterie légère (les vélites) dont les contingents étaient, comme ceux des Romains, nationaux (4). Pendant la deuxième guerre punique furent recrutés pour la première fois des mercenaires. Tite-Live (XXIV, 49, 8) en fixe la date à l’année 213 : "Le seul fait qui ait vraiment marqué cette année-là en Espagne, c’est que l’armée romaine, en incorporant des Celtibères, eut alors pour la première fois des soldats mercenaires (miles mercennarium)." (5)

En réalité, il y en avait déjà en 217, à la bataille de Trasimène, qui avaient combattu auparavant, en Sicile, aux côtés des Grecs : "En tête de la colonne se trouvaient par hasard six cents Crétois qui avaient servi sous leurs ordres du temps de Hiéronyme ; capturés au lac Trasimène parmi les auxilia des Romains, ils avaient été relâchés par Hannibal et gardaient de la reconnaissance pour leur bienfaiteur." (Tite-Live, XXIV, 30, 13) (6). De même, avant la bataille de Cannes (216), Rome en reçut du roi Hiéron de Syracuse. Ce dernier "savait que Rome ne faisait appel qu’à des fantassins et des cavaliers romains ou latins. Cependant, il avait vu au camp, dans l’infanterie légère, des auxiliaires étrangers et avait pour cette raison envoyé 1.000 archers et frondeurs ; c’étaient des hommes capables de tenir tête aux Baléares et aux Maures et à d’autres peuples entraînés à lancer le javelot" (Tite-Live, XXII, 37, 7-8) (7). Après la bataille de Cannes, étant donné l’ampleur des pertes subies, les Romains essayèrent d’enrôler en Grèce des alliés "ou des mercenaires" (Zonaras, 9, 2). En 210, ce fut grâce au mercenaire Muttines, passé du côté romain, et à ses Numides, que les Romains prirent la ville d’Agrigente et supprimèrent le dernier foyer de résistance en Sicile (Tite-Live, XXV, 40, 5-6 ; XXVI, 40 ; XXVII, 5, 6-7). Pendant toute cette période, le recours au mercenariat fut limité et orienté vers l’embauche de spécialistes tels que les archers crétois, une tendance qui s’accentua par la suite. En 171, le consul P. Licinius embaucha, pour la guerre contre Persée, des archers crétois ainsi que des cavaliers numides (Tite-Live, XLII, 35, 6) (8). Ce furent encore des archers crétois qui, sous les ordres du consul Opimius, massacrèrent en 121 les partisans de Caius Grachus (Plutarque, Tiberius et Caius Grachus, 37). En 89, Quintus Oppius tenta de résister à Mithridate dans la ville de Laodicée du Lycos avec des cavaliers et quelques mercenaires (misthophoroi) qu’il considérait probablement comme un atout (Appien, Mithr., 20, 78). Pour la guerre des Gaules, César engagea non seulement des archers crétois, mais aussi des fantassins numides et des frondeurs baléares (Guerre des Gaules, II, 7, 1 ; 10, 1 ; 24, 4).

ll est donc indéniable que les Romains ont recruté des mercenaires. Les termes de misthophoroi et de mercennarii qui leur sont appliqués dans les exemples cités (Tite-Live, XXIV, 49, 8 et Appien, Mithr., 20, 78) sont sans ambiguïté (9). Normalement, les mercenaires ne peuvent être juridiquement confondus avec les auxilia ou "auxiliaires" qui servirent quelque temps plus tard dans l’armée romaine avec un statut analogue à celui des socii ou "alliés". Mais de toute évidence, des mercenaires se cachent aussi sous cette dénomination. En 171, "des auxilia furent ajoutés" à l’armée de citoyens et d’alliés du consul Licinius : ce furent 2.000 Ligures, des archers crétois et des cavaliers numides (Tite-Live, XLII, 35, 6). Peut-être, le terme auxilia était-il plus « politiquement correct ». Mais il n’en reste pas moins qu’il a pu aussi à l’origine désigner toutes les forces non romaines par opposition aux socii. Il est même possible que les mercenaires aient perdu leur statut de mercenaire en entrant dans les cadres de l’armée romaine civique (10). L’emploi de la formule auxilia externa fut une autre façon de les distinguer des socii. Avant la bataille de Cannes, le roi Hiéron considérait les auxilia externa – qu’il ne confondait justement pas avec des soldats citoyens ou alliés – comme des mercenaires (Tite-Live, XXII, 37, 7-8, cité supra). Peut-être la formule désigne-t-elle des soldats fournis par des alliés qui ne pouvaient être dans le droit romain que des auxiliaires, et non des mercenaires (11)? Que les Romains, à la place ou en plus des levées d’auxiliaires demandées aux princes ou aux cités, aient pu en effet recevoir d’eux une petite proportion de mercenaires était peut-être moins rare qu’on ne l’imagine. Peut-être même leur demandaient-ils des versements en espèces pour rétribuer des mercenaires ? C’est ce que l’on croit comprendre à travers un texte d’Orose (VI, 13, 2) sur Crassus : "Il imposa aux cités alliées de lui fournir des auxiliaires (auxilia), il exigea des sommes d’argent." (12)

À cet égard, le montant de la rémunération des mercenaires reste obscur et a été l’objet d’hypothèses opposées allant de l’égalité avec la solde de légionnaire à des niveaux très inférieurs (13). La seule indication vient de Tite-Live (XXIV, 49, 8), "les Romains offrirent aux Celtibères la même solde que les Carthaginois (eadem mercede, qua pacta cum Carthaginiensibus erat)" (14). Nous ne savons rien du montant de la solde des mercenaires carthaginois. Mais nous pouvons penser qu’elle n’était guère éloignée des normes grecques. À l’époque hellénistique, le tarif – appliqué, semble-t-il, aussi bien aux alliés qu’aux mercenaires – paraît avoir été légèrement supérieur à une drachme attique par jour. Il équivalait au salaire d’un ouvrier de qualification moyenne (15). Toutefois, aux mercenaires gaulois de Carthage, la solde parut, semble-t-il, insuffisante, puisqu’ils se révoltèrent contre elle pendant la première guerre punique et passèrent dans le camp romain (Polybe, II, 7, 6-9 ; Zonaras, VIII, 16).

Par l’engagement volontaire, la réforme marienne de 106 a profondément modifié l’armée romaine, car les pauvres y virent désormais un métier et une source de profits. Mais si les soldats, en se mettant moins au service de l’État que du général qui les payait, eurent très rapidement une mentalité de mercenaires, ils demeurèrent citoyens romains. Après la guerre sociale (91-88), les Italiens reçurent la citoyenneté romaine, ce qui allait contribuer à accentuer le caractère national de l’armée romaine et à partir de cette époque, il n'y eut plus que deux espèces de soldats, les Romains et les auxiliaires (16). Ceux-ci étaient certes des étrangers mais ils étaient payés par leur communauté d’origine et, leur statut, leur mode de recrutement, les règles d’intégration à la cité romaine, les distinguaient radicalement des mercenaires "instables et inassimilables du monde hellénistique" (17). Pour autant, le mercenariat continua à trouver des adeptes parmi les imperatores. Après la disparition de la cavalerie citoyenne qui suivit la réforme marienne et celle de la cavalerie alliée après l’unification qui suivit la guerre sociale, la cavalerie ne fut plus recrutée qu’à l’extérieur de l’Italie. Elle comporta des contingents envoyés par des peuples soumis ou des éléments fournis par des princes ou des peuples amis, mais aussi des troupes mercenaires, les uns et les autres étant levés au début de la campagne et licenciés à la fin (18). Il y eut des mercenaires d’origine thrace dans les forces de Pompée, que César distinguait bien des volontaires (Guerre civile, III, 4, 6). C’étaient probablement des cavaliers qui, on le sait, faisaient la réputation de ce peuple. Pendant la guerre d’Afrique, Scipion entretenait une cavalerie indigène fournie par Juba (Guerre d’Afrique, VIII, 5). Ce furent des cavaliers mercenaires germains qui vinrent à bout des cavaliers gaulois à Alésia (Guerre des Gaules, VII, 80).

Pour clore ce volet, on n’oubliera pas que même des Romains servirent comme mercenaires. Avant de se ranger du côté de César, l’aventurier Sittius avait rassemblé en Italie et en Espagne une armée de mercenaires avant de se rendre en Afrique "où il s'alliait tantôt avec l'un tantôt avec l'autre des rois qui se faisaient la guerre en ce pays" (Appien, Guerre civile, IV, 54). Tels sont les derniers exemples attestés de recrutement de mercenaires sous la République. Dans l’ensemble, il semble avoir été peu fréquent et Diodore de Sicile (XXIX, 6) avait donc finalement raison de souligner que "ce n’était pas l’habitude des Romains d’employer des mercenaires", sur lesquels, ajoutons-le, ils avaient même parfois une opinion très défavorable. Quand les Romains firent appel à eux, ce ne fut pas pour embaucher des "vagabonds", des "hommes perdus" ou des "voleurs" (César, Guerre des Gaules, III, 17, 4 ; VII, 4, 3) (19), mais pour bénéficier de soldats spécialisés auxquels ils reconnaissaient une supériorité technique dans la pratique d’une arme. Pour disposer, en d’autres termes, de soldats d’élite que leurs ennemis d’ailleurs pouvaient, eux aussi, engager et bien évidemment leur opposer.

Sous le Haut-Empire

D’Auguste à Claude, les unités auxiliaires furent complètement réorganisées (20). Les contingents furent recrutés en général annuellement et non plus occasionnellement. Ils étaient dus par les peuples des provinces à titre de tribut et donc exclus par principe du volontariat. Les auxiliaires reçurent de nouvelles conditions de service, un nom distinctif, celui du peuple où ils avaient été recrutés à l’origine (21) et surtout la citoyenneté romaine en général à leur démobilisation. Ils furent placés sous commandement romain, même si certaines unités restèrent commandées, jusque sous les Flaviens, par les chefs traditionnels des peuples qui les fournissaient (22). Dans le cadre de cette réforme, des mercenaires purent être intégrés à l’armée romaine, parmi les troupes auxiliaires (23). Mais ils devinrent alors des citoyens. Aelius Aristide (En l’honneur de Rome, 74) résume assez bien la situation : "Vous avez estimé (…) que, pour les hommes de votre cité, le service militaire et ses fatigues n’étaient pas le bénéfice qui convenait à l’Empire et au bonheur présent ; quant aux étrangers, vous ne vous y êtes pas fiés. Cependant, il fallait des soldats avant l’heure de la nécessité. Comment avez-vous fait ? Vous avez inventé une armée nationale sans dérangement pour les citoyens. Elle vous a été fournie par votre plan d’ensemble de l’Empire (…). Vous rendant dans toutes les contrées sujettes, vous y avez trouvé des hommes prêts à s’acquitter de cette fonction (…), vous les avez détachés de leur patrie et leur avez donné simultanément en échange votre propre cité."

À la fin du Ier ou au début du IIe siècle, furent créées des unités (numeri) de guerriers barbares spécialisés qui gardèrent leur uniforme, leur armement et leur langue (24) et qu’on intégra de façon permanente à l’armée romaine. Peut-être prirent-elles modèle sur le régiment des cavaliers Maures de Lusius Quietus qui s’illustrèrent sous l’empereur Trajan dans la guerre dacique (25) ? Quant aux Germains de la garde de l’empereur, ce n’étaient pas des mercenaires (26). Sous Auguste, ils formaient une milice privée qui fut dissoute après le désastre de Varus (Suétone, Aug. 49 ; Dion Cassius, 56, 23, 4). Mais après avoir été rétablie en 14 après J.-C., cette unité fut définitivement militarisée sous Caligula. Ces Germains, qui provenaient de peuples sujets ou alliés de Rome, furent intégrés à la garde impériale, dans des unités de cavalerie composées de turmes commandées par des décurions et un tribun (27). Caligula eut une garde batave qui formait unnumerus batavorum (Suétone, Cal., 43). La garde germaine, qui fut dissoute par Galba, formait une cohorte (Suétone, Galba, 12) et finit par être intégrée sous Trajan aux equites singulares Augusti (28). En décrivant l’ordre de marche des armées de Vespasien et de Titus, Flavius Josèphe (III, 126, V, 49) indique la présence d’une foule de "mercenaires" (misthios ochlos) derrière les légions. Mais il est improbable que l’auteur confonde ici les mercenaires et les auxiliaires (29) qu’il connaissait du reste fort bien (30). Il faut admettre qu’il désigne ici non pas des soldats, mais les hommes chargés du train des équipages (31). Dans la mesure où ces derniers étaient suivis, "pour la sécurité", par "une arrière-garde de fantassins, d’hoplites et de nombreux cavaliers", il serait évidemment absurde d’y voir des soldats mercenaires.

L’absence de témoignages relatifs au mercenariat s’explique par la longue période de paix qui caractérise le Haut-Empire, mais aussi par le fait que Rome pouvait compter sur les nombreux contingents auxiliaires de ses provinces (32). À partir de la fin du IIe siècle, les aires principales de recrutement tendirent à se déplacer des provinces aux aires plus barbarisées des zones frontalières et les empereurs, dans l’ensemble, n’eurent aucune réticence à utiliser, sur le Rhin et le Danube, des recrues locales dans leur propre pays (33). L’importance de ces corps barbares s’accrut à partir des guerres du règne de Marc-Aurèle qui, pendant les guerres contre les Marcomans, fut le premier empereur à avoir enrôlé des soldats étrangers.

Au IIIe siècle et sous le Bas-Empire (IVe-Ve siècles)

Ces soldats servirent d’abord dans des unités irrégulières de rang inférieur (34). Sous le règne d’Aurélien (270-275), ils formèrent non seulement des unités régulières, mais également des unités d’élite (35). Ce glissement de la conscription au volontariat était dû à l’augmentation des soldes et aux meilleures conditions de service offertes à l’époque sévérienne. Ces soldats étrangers, quels que fussent les types de recrutement, ont progressivement transformé les forces romaines, contribuant à cette "barbarisation" de l’armée, qui est devenue une caractéristique du Bas-Empire. Aurelius Victor considère qu’à l’époque de Probus (276-282), les soldats étaient déjà "presque des barbares" (37, 7). En témoignent ainsi les 16.000 recrues que Probus a levées parmi les Germains et qui ont été réparties par petits groupes, comme "auxiliaires", dans des détachements ou parmi les troupes frontalières (Histoire Auguste, 14, 7).

Si les Romains se méfiaient des mercenaires (Aelius Aristide, En l’honneur de Rome, 74 cité supra), ils se sont néanmoins tournés vers eux devant les nécessités de la guerre et la difficulté du recrutement, car c’était le moyen le plus rapide de lever une armée. En 203 déjà, une unité de mercenaires orientaux semble avoir servi dans l’armée d’Égypte (36). En 235, des Parthes ont été engagés "à prix d’argent" dans la campagne de Sévère Alexandre contre les Germains (Hérodien, VI, 7, 8). En 244, des Goths et des Germains ont été aussi probablement engagés comme mercenaires dans la campagne de Gordien III contre les Perses (37). Des cavaliers mercenaires sont attestés en 251 à Doura Europos et à nouveau en 267 en Égypte, où ils étaient visiblement rattachés à une unité de cataphractaires, arme qui était une spécialité des Parthes et des Arabes (38). Enfin, ce sont des unités entières de mercenaires qui sont attestées en Bretagne en 286 (les mercenarii cunei barbarorum). Elles formaient même les principales unités d’élite de l’armée de campagne (39).

La réforme du recrutement mise en place par Dioclétien (284-305) et aménagée par Constantin (306-337) a pu favoriser le mercenariat (40). Dioclétien a assimilé la fourniture de recrue à une redevance fiscale. Certains propriétaires choisis par le pouvoir (les capitularii), responsables sur leurs biens, furent chargés de recruter un soldat parmi leurs paysans ou de fournir en remplacement sa quote-part fiscale à l’État en argent liquide (adaeratio), payée en or à partir de Constantin (aurum tironicum). Mais ce furent assez vite des barbares qui furent recrutés, parfois à des prix très élevés, à la place des paysans. En 375, une constitution de l’empereur Valens (CT, VII, 13, 7) témoigne de cette dérive, dénonçant "que le prix des jeunes étrangers (advenarum coemptio iuniorum) soit estimé beaucoup plus haut qu’il ne convient" et réaffirmant l’obligation pour le propriétaire de livrer une recrue "issue de ses terres ou de sa maison (ex agro et domo propria)". Conçu par Dioclétien comme un moyen de conscription destiné à assurer à l’armée un recrutement national (41), cet impôt semble au contraire avoir provoqué un appel de plus en plus massif à des recrues barbares puisées au sein des populations installées dans l’Empire ou à l’extérieur (Ammien Marcellin, XIX, 11, 7 ; XXXI, 4, 4). Pour autant, ces recrues n’étaient pas toujours forcément des mercenaires, venus uniquement gagner de l’argent. On peut ajouter que des barbares pouvaient aussi se mettre délibérément au service de Rome, sans renier leur patrie. Vers 360, le César Julien, peu avant son accession au pouvoir, soulignait en effet que les "barbares engagés volontaires (voluntarii barbari militares)" n’aimaient pas servir dans leur pays d’origine et que les y contraindre pouvait être extrêmement dissuasif (Ammien Marcellin, XX, 4, 4). Ce n’est pas là l’image que l’on se fait habituellement d’un mercenaire.

Au IVe siècle, des peuples barbares de plus en plus nombreux participèrent aussi aux campagnes romaines aux côtés des légions en bénéficiant de statuts qui n’avaient rien de commun avec un contrat de location de mercenaire. Ce furent principalement des déditices et des fédérés (42). Les déditices étaient des vaincus déplacés, installés dans des terres désertées, sans aucun droit civique romain et ayant perdu, par l’acte de deditio, tout droit civique antérieur. Soumis au pouvoir discrétionnaire de Rome, en vertu du droit de la guerre, ils n’avaient qu’une liberté de fait. C’était le cas du peuple des Francs (receptus in leges) des Bouches du Rhin sous Constance Chlore (Panégyriques latins, IV, 21, 1), des Chamaves et des Frisons établis dès 297 en territoire romain (Panégyriques latins, IV, 9, 1-4). Les fédérés ont été assimilés à tort à des mercenaires (43), sans doute parce que les auteurs anciens eux-mêmes n’ont pas cherché à distinguer les uns des autres et les ont au contraire amalgamés sous l’étiquette "barbares" pour mieux dénoncer la politique des empereurs (par exemple Zosime, V, 19-21). En réalité, c’étaient des peuples alliés qui, en vertu d’un traité (foedus), étaient installés par Rome sur un territoire, sur les marges ou à l’intérieur de l’Empire, avec obligation de fournir des soldats. Ils formaient des sortes d’enclaves territoriales, sans avoir la citoyenneté romaine. À la différence des déditices, ils conservèrent leur cohésion tribale, sans être soumis au commandement romain. Ce fut peut-être sous ce statut que Probus transplanta déjà en Thrace dix mille Bastarnes, mais aussi des Gépides, des Gruthunges et des Vandales (Histoire Auguste, XVIII, 1). Au IVe siècle, ce furent principalement des peuples germaniques que l’Empire romain accueillit sur ses terres : par exemple, des Alains en Pannonie Seconde et des Goths en Mésie entre 379 et 382 (44). Après la défaite d’Andrinople (378), qui aggrava la crise de recrutement,  l’installation des Goths dans l’Empire fut massive, une politique dont fut responsable Théodose Ier qui donna notamment le statut de fédérés aux Wisigoths (45). En 410, les Francs et les Alamans, envoyés contre Gerontius par Constantin III étaient des fédérés (Sozomène, IX, 13). Au Ve siècle,  d’autres peuples germaniques en position de force furent admis à occuper des territoires, parfois des provinces entières (Wisigoths en Thrace, Alains à Valence et Orléans, Burgondes sur le Rhin), avant de se constituer en royaumes. Ils étaient inclus dans l’armée régulière et participaient à la défense des frontières et aux campagnes romaines. Ils ne dépendaient de l’empereur que par l’intermédiaire de leurs chefs tribaux ou de leurs rois. Ils ne peuvent pas en principe être assimilés aux auxilia barbares, car ceux-ci étaient commandés par des officiers romains ou devenus romains (46). Bien entendu, cette politique n’était pas sans risques puisque les fédérés pouvaient trahir (le général rebelle Gainas en 399) ou se mutiner (les fédérés goths en 391) et menacer ainsi gravement la défense romaine (47). Mais quoi qu’il en fût, les barbares qui rejoignirent l’armée pour des raisons politiques étaient des alliés, tandis que ceux qui le faisaient pour des raisons lucratives étaient des mercenaires (48).

Malgré la "réserve" des barbares alliés, les Romains ne se sont pas privés du mercenariat qui semble avoir été une méthode de recrutement directement aux mains des généraux. Ainsi le recrutement des Braccates et des Cornutes qui se vendaient au plus offrant (Ammien Marcellin, XV, 5, 30-31). Ainsi la poignée d’Alains "achetés au poids de l’or" par l’empereur Gratien (367-383) au mépris du "vieux guerrier de Rome" (Aurelius Victor,Epitomé, 47). Ainsi, en 400, celui des "étrangers" du général Gainas, qui se sont présentés à lui individuellement (Zosime, V, 13-22) (49). Peut-être les mercenaires étaient-ils, à cette époque, surtout des Goths dont les Romains pouvaient apprécier l’expérience dans le corps à corps (50) ? Le recours aux mercenaires fut probablement plus intensif à partir du début du Ve siècle. Ce fut peut-être ce qui fit dire à Végèce (I, 28) qu’il était "plus économique d'enseigner les armes aux siens que d'enrôler des étrangers à prix d'argent" (51). Dans un certain nombre d’opérations et jusqu’à l’époque du roi Ruas, les Huns pratiquèrent une sorte de mercenariat collectif, sans caractère national, limité à quelques contrats de recrutement. Il en fut probablement ainsi lorsque 300 Huns furent enrôlés par Stilichon contre les Goths d’Alaric en automne 408 (Zosime, V, 45, 6) (52).  Cette même année, en Orient, le roi Uldin semble même avoir guerroyé plus pour son propre compte que pour celui de l’empereur, jusqu’au moment où il fut abandonné par ses fidèles achetés par l’empereur d’Orient (53). Sans doute était-on impressionné par ces cavaliers redoutables très habiles à l’arc, qui savaient également prendre leurs ennemis au lasso (54) ?

En revanche, au printemps 409, lors du sac de Rome par Alaric, l’empereur d’Occident Honorius recruta 10.000 Huns, ce qui évoque un contingent national et suggère un contrat de fédérés plutôt qu’une "location" de mercenaires (55). Zosime d’ailleurs les qualifie d’ "alliés" (V, 50, 1). Les Huns furent encore appelés comme mercenaires entre 425 et 427 par Aetius, chef de l'armée romaine en Gaule : Philostorgios (XII, 14) en fait des "barbarous misthôtous" et Grégoire de Tours (II, 8) insista sur les sommes d’or importantes qui leur furent versées. Mais quelque temps après, quand ils eurent fondé un royaume, les Huns devinrent des alliés permanents de l’empereur d’Occident et renouvelèrent leur alliance à l’avènement d’Attila (434). Soucieux d’unifier sous sa tutelle les tribus hunniques, ce fut en chef d’État que ce dernier noua des relations diplomatiques avec le gouvernement de Ravenne (56).

Aux IVe et Ve siècles, des mercenaires, qui ne sont pas toujours désignés comme tels et ne sont parfois pas distingués des auxiliaires ou des alliés barbares, transparaissent néanmoins au travers des circonstances relatées par certains récits. Il semble donc acquis que le mercenariat a pu fournir encore à cette époque un complément de soldats (57). S’il fut limité en regard des autres possibilités de recrutement, Rome n’a pas renoncé à cette dépense, privilégiant même, si l’on en croit Aurelius Victor et Végèce (supra), les mercenaires au détriment des éléments permanents de son armée, dont la solde devenait à l’inverse de moins en moins attractive (58). Du milieu du IIIe siècle avant J.-C. à la fin de l’Empire, les exemples de mercenariat avéré sont finalement peu nombreux. Les mercenaires furent toujours des spécialistes choisis pour leurs capacités et leur professionnalisme, y compris au Bas-Empire. Dans la mesure où le recrutement de mercenaires était alors fortement concurrencé par le recrutement massif de fédérés germains et goths, il fallait logiquement que les mercenaires fussent meilleurs qu’eux. Si les mercenaires et les fédérés appartenaient souvent aux mêmes ethnies et devaient avoir au fond des comportements proches, on ne saurait les confondre, comme le fait par exemple Zosime (IV, 30) déplorant l’insolence et la brutalité des "barbares" enrôlés par Théodose. Les premiers ne songeaient qu’à monnayer leur compétence dans la plus totale indifférence à leur nation d’origine et à l’État de Rome, tandis que les seconds, poussés par les Huns, cherchaient à s’installer dans l’Empire et à en tirer non seulement des avantages économiques, mais aussi et surtout un bénéfice politique, puisque certains d’entre eux, par exemple, firent carrière dans l’armée romaine et se hissèrent aux plus hauts échelons de l’administration impériale. Les non-citoyens que Rome a appelés pour assurer sa défense tout au long de son histoire, avant l’entrée en scène des Huns, n’étaient généralement pas des mercenaires. Yvon Garlan a raison de remarquer qu’ "ils la servaient en vertu d’un traité d’alliance conclu par leur communauté d’origine, généralement sans esprit de retour, et toujours avec l’espoir d’acquérir de ce fait une qualification politique nouvelle dans le cadre des institutions romaines" (59). Les mercenaires ne représentèrent qu’un appoint, mais un appoint dont la valeur tactique ne fut apparemment jamais sous-estimée.

Joëlle NAPOLI

Source:

http://rha.revues.org/index7055.html

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  • 1 month later...

j'ai vu qu'il y avait des guerres civiles entre Romain ,mais une question me turlupiné depuis un moment .

comment les Légions qui se faisaient face arrivaient à se battre l'une contre l'autre vu qu'elles avaient les même tactiques ?

et du point de vue uniforme (je parle de la tenue ) ,comment se différencier ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Philippes

http-~~-//www.youtube.com/watch?v=0wQ_6cVXTQk&feature=related

dans la série Rome ,on voit des légions qui se combattent ,et hormis les boucliers qui sont rectangulaire d'un côté et de l'autre des boucliers ovale ,pas évident dans la de se reconnaître dans la mêlé .

bon sa reste une série ,mais du point de vue uniformologie ils ont l'air d'avoir de bonnes information .

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La tactique d'infanterie est la même, de même que la culture de commandement. Mais des différences de bases peuvent souvent exister:

- la légion romaine est la même, mais les niveaux d'expérience varient souvent beaucoup, surtout au moment des guerres civiles entre César et les Pompéiens. Les légions de César sont souvent en grave sous-effectifs, encore plus que les autres (les légions pendant cette période dépassent rarement les 4000h dans les faits), tournant souvent entre 3000 et 3500h, mais elles sont en moyenne plus aguerries, avec une proportion de vétérans bien plus élevée, avec des chefs plus compétents et surtout "en place" dans la mécanique de commandement. L'armée de César est un outil particulier et bien rôdé face à celle de ses adversaires, surtout qu'en plus, après chaque affrontement, le vainqueur a relativement peu de pertes alors que les vaincus doivent relever de nouvelles armées (bodycount élevé dans la poursuite, désertions et ralliements de nombreuses troupes à un César très intelligemment magnanime), réduisant d'autant la proportion de troupes expérimentées.

- les légions sont fondamentalement identiques, mais les armées ne le sont pas: les auxilliaires représentent la moitié des effectifs, en moyenne (même si l'historiographie romaine, surtout à cette époque, minimise leur nombre et surtout leur qualité et leur rôle, pour ne parler que de la figure du légionnaire), et chacun "a les siens". Ceux de César lui sont personnellement fidèles et depuis longtemps: il les paie bien, mais surtout leur apporte victoire et butin, éléments primordiaux dans la motivation. Et la confiance en lui est accumulée depuis longtemps, de même que l'ensemble du dispositif césarien est nettement plus intégré dans la mécanique du combat. Des liens de connaissance sont tissés depuis les Gaules. César a donc ses cavaliers ibères, mais surtout gaulois (cavalerie de choc et de mêlée) et germains (cavalerie de mêlée et mixte fantassin léger-cavalier), ses fantassins gaulois, ses archers et frondeurs.... Là où les Pompéiens ont recruté leurs auxilliaires récemment. Ce fut pire encore après coup pour Cassius et Brutus (de bons chefs militaires contrairement à ce que montre la série) qui ont du accumuler les deals marchands et politiques fragiles avec des potentats orientaux. A l'arrivée, une armée romaine, quoique fondée sur l'infanterie légionnaire, est comme toute autre armée: un outil en soi, qui doit être intégré, complet, rôdé dans ses mécaniques et habitudes, avec des équipes de commandement de tous échelons qui doivent se connaître, se pratiquer, se faire confiance, avoir le moral.... Les armées romaines peuvent donc se différencier en tant qu'outil de combat, au-delà de la seule différence qualitative des troupes, par les proportions de troupes de divers type, l'usage qui en est fait, la tactique particulière d'un chef (même si le schéma global romain est similaire) habitué à son outil et qui l'a modifié au fil du temps selon ses préférences et constatations personnelles.... César reposait ainsi plus sur sa cavalerie que ses adversaires, et sur un usage plus particulier de ses légionnaires vétérans plus nombreux (pour créer une ligne forte ET constituer une réserve de percée conséquente sur un point), autant que sa capacité personnelle en cours de bataille lui faisait souvent employer ses réserves à meilleur escient.

Plus tard sous l'empire, d'ailleurs, cette différence des armées romaines se verra selon le lieu: les armées en orient ont plus de cavalerie, et surtout de cavalerie lourde (des 17 unités de cataphractaires du Haut Empire, 14 sont dans la moitié orientale), par exemple, et l'infanterie en occident a plus l'habitude d'opérer la majorité du temps en cohortes mobiles qu'en grandes armées, en coopération avec des fantassins légers auxilliaires plus nombreux en proportion. En exemple de "think global, act local" qui impacte la tactique pratiquée au quotidien et la composition des task forces et armées sans réellement compromettre le "modèle militaire" dans l'absolu faire oublier la capacité fondamentale à opérer en grand selon le modèle "plus classique" si le besoin revient ponctuellement pour une grande guerre.

Pour ce qui est de se reconnaître sur le champ de bataille, on peut noter que:

- les armées romaines de l'époque des guerres civiles n'étaient pas si uniformes en apparence que plus tard sous l'empire. Equipement et armement sont de même type, mais pas exactement issus d'une usine unique. Les couleurs des tuniques par exemple ne sont pas nécessairement les mêmes d'une légion à l'autre.

- Il y a les emblèmes pour se différencier

- Les armées d'infanterie en ligne sont face à face, et de façon plutôt fixe: c'est généralement le premier indicateur ;). De la confusion a pu exister à petit échelon, mais ça n'a pas fondamentalement impacté les batailles (en fait plus les escarmouches éventuelles, surtout dans la nuit: une patrouille qu'on laisse filer alors qu'on aurait pas du, une qu'on attaque alors qu'on aurait pas du.... Oups :-[!).

- la bataille d'infanterie romaine est une bataille à l'échelon du centurion de cohorte et de centurie: chacun tient sa chacunière et sait qui est à côté de lui et en face de lui. Au-delà, c'est beaucoup de poussière, surtout pendant les guerres civiles qui se déroulent en Grèce, en Egypte et en Afrique, terrains secs. les lignes étant plutôt solidaires et compactes, ordre serré romain oblige, les dispositifs n'ont pas tant que ça de mal à se repérer. Au niveau individuel, il peut y avoir des complications quand les lignes s'interpénètrent, mais là encore, c'est très limité: l'ordre de combat d'infanterie romaine est serré quand il s'agit de faire face à un adversaire cohérent et ordonné. On se tient coude à coude, on essaie de ne pas partir en délire individuel, on garde la formation....

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