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L'armée romaine


Rochambeau
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Probablement un tout petit peu plus légers que les romains légionnaires mais pas beaucoup plus (le bouclier parait plus frele, l'armure est surtout de la Lorica hamata donc de la maille mais un peu rognée sur la longueur du protège bassin et protège épaule)

un lien (en italien mais il est bien illustré : http://soldatiromanideltardoimpero.blogspot.fr/2010/04/fante-auxiliario-batavo-seconda-meta.html )

merci  =D

comment était organisé une unité auxiliaire ?

ses auxiliaires étaient ils des professionnels  ?

et dans le cas d'unité auxiliaire ,s'était toujours des gens issus de la même région au niveau recrutement ?

l'encadrement était Romain ?

est-ce que des unités d'auxiliaires ont fait aussi bien qu'une Légion Romaine dans des batailles ?

quel était le cursus d'une recrue chez les auxiliaires ,enfin le profil de carrière ?

je pose pas mal de question mais j'ai toujours entendu parlé de la Légion Romaine ,et quasiment pas de ses auxiliaires .

je voyais ses auxiliaires un peu comme des éclaireurs ,encore vêtu de leurs fringues et armement traditionnel ,cheveux long et tout sa quoi (encore une mauvaise image véhiculé par les films  :P) .

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comment était organisé une unité auxiliaire ?

ses auxiliaires étaient ils des professionnels  ?

et dans le cas d'unité auxiliaire ,s'était toujours des gens issus de la même région au niveau recrutement ?

l'encadrement était Romain ?

Ca dépend dans quelle période: si on reste sur l'armée "classique", celle d'Auguste jusqu'à la "crise du IIIème siècle", l'auxiliat est de fait une arme professionnelle, avec un entraînement aussi poussé que celui des légionnaires mais un statut (et une paie) moindre, un niveau d'organisation aussi développé, une exigence de coordination interarme aussi élevée.... Et il y a en fait une différence de prestige: la légion est l'arme de référence, la star de l'armée romaine, l'outil de combat perçu comme primordial qui définit la ligne de bataille et à partir duquel on réfléchit même si c'est de moins en moins vrai sur la période.

Les auxilliaires deviennent aussi des permanents de fait, des professionnels ayant même niveau d'entraînement, des critères de sélection physique aussi élevés, un uniforme généralement similaire à ceux des légionnaires (avec des variations dans l'équipement suivant la spécialité), des enseignes, des officiers et sous-offs (pas forcément romain), et une durée de service plus longue (30 ans pour les auxilliaires contre 25 pour les légionnaires à partir de Claude). C'est le prestige, le rôle en bataille et la non citoyenneté (qui pour eux n'est obtenue qu'après le service, ou pendant à certaines périodes) qui les différencient des légionnaires.

Rapidement, leur prestige s'accrut cependant, si bien que nombre de citoyens qui n'avaient pas été admis en légion (par sureffectif, parce qu'ils répondaient aux critères physiques mais pas à d'autres....) s'y engouffrèrent, constituant un pourcentage non négligeable des auxilliaires (peut-être jusqu'à un quart voire plus à certains moments).

Foncièrement, les auxilliaires sous le principiat, en termes de types d'unités, pour la période du principiat:

- cavalerie avant tout: l'armée romaine n'a pas de cavalerie citoyenne hors de la toute petite cavalerie légionnaire et des turmae organique aux cohortes prétoriennes (1 par cohorte) et urbaines (et les gardes du corps de l'empereur sont des étrangers: les batavii, puis equites singulare Augusti)

- il y a ainsi pour cette cavalerie: de l'archer monté, du cavalier lourd/de mêlée, du cavalier léger (reco, harcèlement, poursuite, jet de javelots)

- de l'archerie et des frondeurs

- de l'infanterie légère: armement typique avec du javelot (un certain nombre par hommes) et une épée/un gladius

- de l'infanterie lourde: de fait, aucune différence avec les légionnaires, sinon qu'ils sont employés en cohortes indépendantes et semblent avoir plus fréquemment en double dotation une pique pour contrer la cavalerie quand ils sont associés aux légionnaires (qui peuvent ainsi se concentrer sur leur tactique principale de l'assaut d'infanterie sans distraire des effectifs).

Il y a une seconde catégorie d'auxilliaires à cette période, qu'on appelle les numeris (attention au terme, qui veut dire "nombre", mais aussi "unité", et qui s'emploie aussi pour parler de n'importe quelle unité militaire); ce sont là des locaux non citoyens embauchés individuellement ou collectivement, plus ou moins durablement dans une province ou pour une campagne, et qui ne reçoivent pas d'entraînement, sont employés dans leurs tenues nationales et avec leurs propres armes et sous leurs propres chefs, généralement tribaux. Un peu mercenaires, un peu soldats, ils servent surtout de chair à canon pour économiser du professionnel tant que c'est possible, avec une valeur militaire très inégale.

Juste un complément sur mon post plus haut:

- une cohorte type (de II à X), c'est un effectif combattant de 480h de troupes et sous-offs, plus les "groupes de commandement" de centuries (3h minimum, plus 1 ou 2 si le tesserarius et le cornicen sont surnuméraires, ce que je ne sais plus)

- la cohorte I, c'est 800h plus ses 5 groupes de commandement

- les 4 turmae de cavalerie, c'est 120h plus leurs 4 groupes de commandement

Ca c'est l'effectif combattant d'une légion, auquel s'ajoutent les spécialistes permanents d'armes (musiciens et signaleurs pour les transmissions, les 10 speculatores professionnels pour le rens, les frumentaires, les artilleurs, le génie et un architecte), les spécialistes de soutien (médecins, pharmaciens et vétérinaires, artisans en tous genres, conducteurs de charrois, experts divers, religieux....) et les non combattants affectés à chaque centurie (20h par centurie). Il y a aussi souvent des surnuméraires en nombre variables (pas énormes), notamment des centurions et des légionnaires. Au total, la légion a 5240 combattants plus leurs groupes de commandement (un minimum de 59 centurions, 59 optios et 59 signifers, plus -ou non- autant de tesserarius et cornicens, 4 décurions et 8 sous-offs de cavalerie), un groupe permanent et pro de "gestion" et commandement pratique de l'unité (autour du préfet de camp, le centurion en chef, avec ses hommes) et un ensemble d'environs 500 à 600 non combattants, pour un total tournant autour de 6000h.

Un petit point aussi sur la discipline et les punitions. C'est très mesuré et hiérarchisé dans l'armée romaine, de même que les récompenses et distinctions. On trouve:

- les brimades pour les fautes mineures: rester debout pendant des heures (barême à la discrétion du centurion) une perche à la main, chassé du camp pour une nuit, bouffe moins bonne pour un certain nombre de repas, surcroît de corvées. La pire dans ce registre, c'est le fait d'être battu par le centurion avec son cep de vigne (marque du centurionnat)

- les actes un cran plus grave: prison, transfert dans une unité où la paie est moindre, amende ou retenue sur solde (on voit que prélever du fric est considéré comme plus dur que filer des coups de bâton :lol:), voire carrément renvoi de l'armée

- pour des fautes graves ou des circonstances particulières nécessitant exemple: dissolution d'une unité entière (du contubernium à la centurie, voire parfois même une cohorte entière), peine de mort individuelle, ou, pire du pire, la décimation, généralement d'un contubernium ou d'une centurie, plus rarement d'une cohorte.

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est-ce que des unités d'auxiliaires ont fait aussi bien qu'une Légion Romaine dans des batailles ?

elles n'ont pas du tout la même fonction

Les auxiliaires servent surtout comme infanterie légère (pour fourrager, éclairer et flanquer la légion proprement dite) ou comme infanterie médiane (réserve rapide de réaction, bouche trou dans le dispositif, écran de première ligne pour éviter un choc trop abrupt aux légionnaires)

Certains ont des fonctions plus spécialisées notamment les auxiliaires dans les corps qui font défaut aux romains et qui sont compensés soit par des mercenaires soit par des auxliaires provenant de peuples ayant le savoir faire manquant. Il en va ainsi de la cavalerie de contact ou de reco/raid en profondeur et de la cavalerie légère/de harcelement. De même pour les tirailleurs (javeliniers et frondeurs).

Les auxiliaires les plus connus sont : la cavalerie germaine et gauloise, la cavalerie numide, les archers syriens, les tirailleurs/eclaireurs de montagne thraces et illyriens par exemple

encore vêtu de leurs fringues et armement traditionnel ,cheveux long et tout sa quoi (encore une mauvaise image véhiculé par les films

Ca depend semble-t-il des périodes et du soin apporté à romaniser l'équipement. Ainsi le contingent gallo-germanique partit avec Crassus en Parthie n'etait semble-t-il qu'en partie equipé à la romaine, certains ayant gardés leurs boucliers, épées et tuniques d'origine

Après les unités d'auxiliaires plus ancien sont complètement équipés à la manière qui est visible dans le lien que j'ai donné

Ca a été le cas des auxiliaires germaniques qui ont trahis Varus puisqu'il est décris par l'historiographie que dès leur traitirse ils se sont changés pour se vétir et s'équiper à la façon Cherusque

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Ca dépend dans quelle période: si on reste sur l'armée "classique", celle d'Auguste jusqu'à la "crise du IIIème siècle", l'auxiliat est de fait une arme professionnelle, avec un entraînement aussi poussé que celui des légionnaires mais un statut (et une paie) moindre, un niveau d'organisation aussi développé, une exigence de coordination interarme aussi élevée.... Et il y a en fait une différence de prestige: la légion est l'arme de référence, la star de l'armée romaine, l'outil de combat perçu comme primordial qui définit la ligne de bataille et à partir duquel on réfléchit même si c'est de moins en moins vrai sur la période.

Les auxilliaires deviennent aussi des permanents de fait, des professionnels ayant même niveau d'entraînement, des critères de sélection physique aussi élevés, un uniforme généralement similaire à ceux des légionnaires (avec des variations dans l'équipement suivant la spécialité), des enseignes, des officiers et sous-offs (pas forcément romain), et une durée de service plus longue (30 ans pour les auxilliaires contre 25 pour les légionnaires à partir de Claude). C'est le prestige, le rôle en bataille et la non citoyenneté (qui pour eux n'est obtenue qu'après le service, ou pendant à certaines périodes) qui les différencient des légionnaires.

Rapidement, leur prestige s'accrut cependant, si bien que nombre de citoyens qui n'avaient pas été admis en légion (par sureffectif, parce qu'ils répondaient aux critères physiques mais pas à d'autres....) s'y engouffrèrent, constituant un pourcentage non négligeable des auxilliaires (peut-être jusqu'à un quart voire plus à certains moments).

Il y a une seconde catégorie d'auxilliaires à cette période, qu'on appelle les numeris (attention au terme, qui veut dire "nombre", mais aussi "unité", et qui s'emploie aussi pour parler de n'importe quelle unité militaire); ce sont là des locaux non citoyens embauchés individuellement ou collectivement, plus ou moins durablement dans une province ou pour une campagne, et qui ne reçoivent pas d'entraînement, sont employés dans leurs tenues nationales et avec leurs propres armes et sous leurs propres chefs, généralement tribaux. Un peu mercenaires, un peu soldats, ils servent surtout de chair à canon pour économiser du professionnel tant que c'est possible, avec une valeur militaire très inégale.

Juste un complément sur mon post plus haut:

- une cohorte type (de II à X), c'est un effectif combattant de 480h de troupes et sous-offs, plus les "groupes de commandement" de centuries (3h minimum, plus 1 ou 2 si le tesserarius et le cornicen sont surnuméraires, ce que je ne sais plus)

- la cohorte I, c'est 800h plus ses 5 groupes de commandement

- les 4 turmae de cavalerie, c'est 120h plus leurs 4 groupes de commandement

Ca c'est l'effectif combattant d'une légion, auquel s'ajoutent les spécialistes permanents d'armes (musiciens et signaleurs pour les transmissions, les 10 speculatores professionnels pour le rens, les frumentaires, les artilleurs, le génie et un architecte), les spécialistes de soutien (médecins, pharmaciens et vétérinaires, artisans en tous genres, conducteurs de charrois, experts divers, religieux....) et les non combattants affectés à chaque centurie (20h par centurie). Il y a aussi souvent des surnuméraires en nombre variables (pas énormes), notamment des centurions et des légionnaires. Au total, la légion a 5240 combattants plus leurs groupes de commandement (un minimum de 59 centurions, 59 optios et 59 signifers, plus -ou non- autant de tesserarius et cornicens, 4 décurions et 8 sous-offs de cavalerie), un groupe permanent et pro de "gestion" et commandement pratique de l'unité (autour du préfet de camp, le centurion en chef, avec ses hommes) et un ensemble d'environs 500 à 600 non combattants, pour un total tournant autour de 6000h.

merci pour les infos  =D

elles n'ont pas du tout la même fonction

Les auxiliaires servent surtout comme infanterie légère (pour fourrager, éclairer et flanquer la légion proprement dite) ou comme infanterie médiane (réserve rapide de réaction, bouche trou dans le dispositif, écran de première ligne pour éviter un choc trop abrupt aux légionnaires)

Certains ont des fonctions plus spécialisées notamment les auxiliaires dans les corps qui font défaut aux romains et qui sont compensés soit par des mercenaires soit par des auxliaires provenant de peuples ayant le savoir faire manquant. Il en va ainsi de la cavalerie de contact ou de reco/raid en profondeur et de la cavalerie légère/de harcelement. De même pour les tirailleurs (javeliniers et frondeurs).

Les auxiliaires les plus connus sont : la cavalerie germaine et gauloise, la cavalerie numide, les archers syriens, les tirailleurs/eclaireurs de montagne thraces et illyriens par exemple

Ca depend semble-t-il des périodes et du soin apporté à romaniser l'équipement. Ainsi le contingent gallo-germanique partit avec Crassus en Parthie n'etait semble-t-il qu'en partie equipé à la romaine, certains ayant gardés leurs boucliers, épées et tuniques d'origine

Après les unités d'auxiliaires plus ancien sont complètement équipés à la manière qui est visible dans le lien que j'ai donné

Ca a été le cas des auxiliaires germaniques qui ont trahis Varus puisqu'il est décris par l'historiographie que dès leur traitirse ils se sont changés pour se vétir et s'équiper à la façon Cherusque

merci pour les infos  =D

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J'avais modifié mon post pour rappeler les "métiers" des auxilliaires:

- cavalerie avant tout: l'armée romaine n'a pas de cavalerie citoyenne hors de la toute petite cavalerie légionnaire et des turmae organique aux cohortes prétoriennes (1 par cohorte) et urbaines (et les gardes du corps de l'empereur sont des étrangers: les batavii, puis equites singulare Augusti)

- il y a ainsi pour cette cavalerie: de l'archer monté, du cavalier lourd/de mêlée, du cavalier léger (reco, harcèlement, poursuite, jet de javelots)

- de l'archerie et des frondeurs

- de l'infanterie légère: armement typique avec du javelot (un certain nombre par hommes) et une épée/un gladius

- de l'infanterie lourde: de fait, aucune différence avec les légionnaires, sinon qu'ils sont employés en cohortes indépendantes et semblent avoir plus fréquemment en double dotation une pique pour contrer la cavalerie quand ils sont associés aux légionnaires (qui peuvent ainsi se concentrer sur leur tactique principale de l'assaut d'infanterie sans distraire des effectifs).

Le mot "auxilliaires" est un peu péjoratif dans notre vocabulaire (aussi pour les Romains, mais moins), surtout en ce qu'il évoque purement un rôle secondaire. L'un des meilleurs historiens français de l'armée romaine, Yann Le Bohec, succombe à mon avis à ce genre de vision déformante en donnant trop d'importance à l'infanterie légionnaire aux dépends du reste, tant pour évaluer la qualité des unités auxilliaires que par ce réflexe fréquent de vouloir voir la cause des victoires dans une arme unique et absolument dominante, aux dépends de ce qui est justement à mon sens la plus grande force tactique de l'armée romaine, conséquence du professionalisme poussé partout, à savoir une forme d'intégration interarme très poussée pour l'époque. Cela se voit d'ailleurs dans la propension qui n'ira que croissante dans l'armée romaine de "composer" des armées plus maniables et reposant sur un mix d'armes équilibré, où on ne voit plus que rarement une légion déployée entièrement, non seulement parce qu'une partie de ces légions doit rester pour défendre les zones frontières d'où elles sont prélevées, mais aussi et surtout pour avoir une armée plus souple, mobile, "maniable" sur le terrain plutôt qu'un mastodonte massif de 10 cohortes. César maniait des unités plus petites (en raison du sous-effectif) et manoeuvrait plus avec des cohortes en nombre plus réduit, adoptant d'ailleurs aussi une tactique particulière de ne pas laisser sa réserve derrière les cohortes au front, mais en la détachant sur les ailes (sous un commandant détaché) pour frapper en appuyant les manoeuvres de la cavalerie.

On retrouve en fait la logique éternelle des armées à cet égard: un chef (à tous les échelons) ne peut réellement commander efficacement (en les coordonnant) qu'un nombre limité de sous-unités, généralement 3 ou 4, peut-être 5 au maximum.

je voyais ses auxiliaires un peu comme des éclaireurs ,encore vêtu de leurs fringues et armement traditionnel ,cheveux long et tout sa quoi (encore une mauvaise image véhiculé par les films 

C'est plus vrai avant l'époque du principiat, où les auxilliaires sont de plusieurs types:

- les socii (alliés); ce sont les cités et Etats vaincus par Rome et "associés" (avec un statut inférieur) à la Cité dans des alliances permanentes. Avec eux se crée une division permanente du travail pour l'armée, Rome ne faisant plus que des légions (de plus en plus centrées sur l'infanterie de ligne au fil de l'évolution du modèle). Au début, les socii étaient les voisins et conquêtes proches: Etrusques, Capoue, Campaniens, Samnites...., bref le sud et le centre de l'Italie, puis la Gaule cisalpine (nord de l'Italie). L'ingtégration ira croissant, et avec les guerres sociales (guerre "des alliés"), la citoyenneté romaine fut étendue à tous graduellement et avec elle la spécialisation de l'Italie dans l'infanterie légionnaire. Du coup, là où ces socii comblaient les manques romains en infanterie légère (samnites souvent) et cavalerie (spécialité des Campaniens par exemple), les besoins dans ces domaines vont aller chercher plus loin: cavaliers et fantassins légers espagnols, archers montés syriens, cavaliers et fantassins légers gaulois, cavaliers germains.... A ces époques de la République et de la période Marius-César, les socii étaient des contingents nationaux envoyés en tribut d'alliance (mais payés), combattant dans leurs costumes et équipements avec leur organisation, sous leurs chefs (auxquels étaient quand même associés des tribuns et préfets romains pour la coordination).

- les mercenaires purs et durs comblaient d'autres manques et besoins: archers crétois, frondeurs baléares, cavaliers numides étaient les plus connus.

Le principiat, et avec lui la professionalisation de l'armée, légions et auxilliaires en général, vit tout simplement la régularisation et l'intégration permanente de ces spécialités, si bien que quand on regarde une carte des légions dans l'empire, il faut se dire qu'il y a des garnisons d'auxilliaires seulement, mais surtout que chaque "légion" représente en fait plutôt une armée provinciale "complète", avec la légion proprement dite au centre du dispositif mais un nombre au moins équivalent d'unités auxilliaires autour. Ces unités adoptent donc désormais un équipement standardisé, gardent sans doute des éléments de costume national et certaines armes (les arcs orientaux pour les archers montés ou les épées longues gauloises et germaines pour les auxiliats d'infanterie légère de ces régions notamment), étant donné que, aussi contrairement aux idées reçues, l'armée romaine n'a pas "d'uniforme" au sens où nous l'entendons: l'Etat fournit tout aux armées, mais ne donne rien. Il finance des structures de production régionales (pour rendre les fournitures militaires moins chères), organise les achats, spécifie des normes d'équipement et veille à leur qualité (mais aussi aux secrets de fabrication dans certains cas), mais chaque soldat s'équipe à ses frais (et/ou en retenues sur la paie), sauf sans doute pour certaines armes et pièces d'armures. Les tuniques, par exemple, sont rarement uniformes, et il y a aussi une grande variété d'équipements selon la région et l'adversaire. Ce qui est standardisé, c'est surtout le soldat lui-même, avec un niveau d'entraînement individuel et collectif, de discipline, d'éducation militaire et de manoeuvres interarmes désormais sévèrement surveillés.

Le côté folklorique qui reste dans l'armée, outre les petits éléments "nationaux" dans les fringues et quelques armes, ce sont en fait les numeris, évoqués plus haut, qui eux sont pour le coup des unités recrutées pour une campagne ou une tâche particulière (parfois de longue haleine) et utilisées comme telles.

Par ailleurs, certaines unités auxilliaires sont des cohortes d'infanterie analogues à celles des légions: le besoin d'infanterie de ligne est supérieur au seul effectif des légions, sans pour autant qu'une garnison particulière justifie forcément l'implantation d'une légion entière (ou que l'Etat puisse se le permettre). Une cohorte d'auxilliaires, formée au même standard (mais payée moins cher) et avec des unités auxilliaires d'autres spécialités, fait à cet égard une garnison suffisante pour de tels cas de figure.

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Juste une précision sur un truc qui me turlupinait depuis longtemps et auquel j'avais fait moyennement attention....

Quand on dit que la centurie classique du principiat compte 80 combattants et 20 non combattants, il ne faut pas imaginer le fait que chaque centurie a 20h à disposition en plus de ses 80 soldats, et encore moins 2h par contubernium de 8h.... Il s'agit en fait d'un "artifice" comptable purement globalisant et administratif pour inclure dans le compte global de la légion les non combattants servant à diverses expertises, services et fonctions de soutien dans leur ensemble, sachant qu'ils sont employés généralement plutôt à part même s'ils accompagnent la légion partout (un peu le "logistic element" d'une MAGTF des Marines :lol:). Pour 59 centuries, cela veut donc dire que le budget légionnaire peut prévoir jusqu'à 1180 postes budgétaires non combattants (ou plus exactement non directement combattant car pas mal d'entre eux ont des fonctions d'armes, voire peuvent être appelés à combattre). Dans les faits, il semble que ces totaux n'aient jamais été atteints et constituaient plutôt un "idéal comptable" dont on sait ce qu'ils veulent dire dans toutes les armées: outre les 5120 légionnaires et 120 cavaliers, plus les EM de centuries et turmae (un minimum de 189h) pouvait quand même atteindre un effectif budgétaire total de 6609h, quoique ce total puisse inclure notamment les hommes des EM (ce qui réduit mon total projeté à 6420h), l'EM général permanent (le centurion préfet de camp et ses aides) et l'ensemble des soldats combattants à paie spéciale.

Ajoutez le sous-effectif "normal" d'une unité professionnelle (indisponibilités, remplacements en cours, rotations, pertes ponctuellement anormalement élevées....), sans doute aussi plus ou moins de grapille de la part d'officiers et surtout de légats et gouverneurs pour qui la corruption fait partie du business, et vous avez le tableau, quoique l'inspection de la dépense pour les légions, justement pour assurer la disponibilité et la "combat readiness" ait toujours été très surveillée dans l'empire. L'une des tâches principales de l'anone militaire ET du service secret des frumentaires a toujours été précisément cela, en plus des inspections normales par les questeurs impériaux internes et externes aux légions, véritables auditeurs internes, commissaires aux comptes et enquêteurs permanents. Côté Anone, les procédures d'enregistrement de chaque convoi de ravitaillement sont complexes et impliquent pas mal de monde, si bien que si grapille il y a, au moins au niveau militaire (légats et gouverneurs, c'est une autre affaire), elle implique forcément du monde donc peut se déceler plus facilement.

Correctif: d'autres sources m'indiquent que le chiffre des non combattants (ou surnuméraires) dans la légion pouvait atteindre les 1600, incluant ou non des artilleurs (300) et des "ingénieurs" (sapeurs?) et artificiers (environs 100h pour ces 2 groupes là). Donc un total maximum possible de 7120h, voire même 7300 si les groupes de commandement (avec le centurion au centre) ne sont pas comptés dans ces 1600. Voilà donc ce qui semble être l'entité comptable "légion", et la masse humaine qu'elle représente pour fonctionner à l'année (plus les remplacements, recrues....), ce à quoi s'ajoutent les unités auxilliaires qui lui sont attachées en permanence dans une garnison, pour fonctionner comme une armée de province complète: sachant qu'elles aussi doivent avoir un minimum de soutien/administration (ou bien la légion, comme centre d'une armée, se charge de cela?), on doit arriver à pas loin de 15 000h pour chaque camp légionnaire, chacun de ces 29 petits points qu'on voit sur une carte de l'empire romain pendant le principiat, ce qui fait pas loin de 435 000h (mais dont il faut retrancher 45-50 000h au moins pour avoir le total combattant). Certains doivent être moins fournis, et il ne faut pas imaginer, dans la plupart des cas, une concentration permanente de toutes les unités: elles se répartissent dans leur région d'affectation pour garnisonner un peu partout, quadriller leur territoire et remplir leurs autres devoirs. Mais le camp légionnaire est le point de ralliement où elles doivent toutes rappliquer régulièrement pour les exercices "en grand", les manoeuvres en armée constituée (au moins une manoeuvre mensuelle).

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Un décrochage sur la Garde Impériale vu que ça avait été évoqué plus haut dans le sujet et que ce sujet pourrait évoquer des pistes de réflexion pour ceux qui voudraient turbiner sur le modèle militaire romain, comme moi (snif, j'ai essayé de lancer un hameçon juste avant la fusion des sujets)....

Il vaut mieux parler en fait de la garnison de Rome plutôt que du seul problème d'une "garde impériale" ou du cas des Prétoriens en particulier, parce qu'il s'agit d'un dispositif militaire et politique terriblement lié à l'histoire politique romaine (politique et armée ne sont pas deux domaines différents pour les romains), impliquant donc en fait un complexe mélange organisationnel qui est la version armée de la division des pouvoirs, un système de "checks and balances" qui régule la vie politique.

Donc un tableau rapide....

Les Prétoriens

Sur la période de leur existence, leur effectif a varié, mais au début, le chiffre le plus constant semble être de 9 cohortes (elles sont montées à 16 sous Vitellius, et ont sinon fréquemment été 10). Cependant, de 600h (1 cohorte d'infanterie, 3 turmes de cavalerie), elles sont plusieurs fois devenues "milliaires" (1110h en fait: l'équivalent de 2 cohortes normales, plus 5 turmes de cavaliers) puis ont pu avoisiner les 1500 à certains moments. Techniquement, dans la typologie militaire romaine, ce sont des Cohors Equitatae. Elles sont numérotées de I à IX.

Il s'agit d'unités autonomes, c'est-à-dire que comme les légions, elles doivent avoir leur propre "queue" de soutien propre, sûrement centralisée au Prétoire, leur institution de référence.

Les Speculatores Augusti

Initialement, il s'agit des turmes de cavalerie prétorienne (ou d'une moitié d'entre elles, puisque la cavalerie prétorienne ne semble jamais avoir disparu), mais qui en vinrent vite à ne dépendre que du premier centurion de cohorte prétorienne, puis du préfet du prétoire ou de l'empereur suivant qui parvenait à exercer le contrôle. Choisis pour leur valeur militaire (même parmi les Prétoriens) et leur physique impressionnant ils constituent une garde rapprochée et surtout des missi dominici des empereurs, des agents de renseignement politique, des hommes de main et exécuteurs des basses oeuvres. Ce sont donc des speculatores (plus ou moins "espion") comme ceux des armées, mais affectés à une mission de plus haut niveau.

Au global, ils devaient représenter autour de 300 personnels.

Germani Corporis Custodes et Batavi

Initialement recrutés par Auguste, dans le droit fil de César et de sa garde de cavaliers ubiens, puis Bataves, il s'agissait d'une unité de cavaliers d'abord bataves, puis de recrutement germanique en général (pas forcément tribal). Comme beaucoup de souverains, les Augustes ont pu préférer recruter des étrangers personnellement, qui ne parlaient que peu le latin et surtout ne connaissaient personne, et se trouvaient liés personnellement par contrat (et honneur dans la mentalité tribale) à leur patron. Il s'agit là en fait d'une garde privée, car il ne faut pas oublier que les Augustes sont en fait 2 personnes: le 1er citoyen et chef d'Etat de Rome, mais aussi un riche particulier, avec sa fortune et son patrimoine privés. La distinction a eu tendance à diminuer, mais elle est juridiquement demeurée, et au début du Principiat, elle est cruciale, surtout sous les julio-Claudiens et les Flaviens, où l'empereur (sauf des fous comme Caligula) n'est pas un monarque de droit, mais le "1er citoyen", qui a le titre d'Auguste, en lui-même symbolique, mais cumule surtout un tas de fonctions républicaines d'où lui viennent ses pouvoirs civils, militaires, juridiques, religieux....

Ils portent bien leur nom: "garde du corps". Eux, ce sont les hommes de confiance, la garde rapprochée, dont on peut dire qu'ils doivent aussi servir à protéger l'empereur et sa famille contre les Prétoriens à l'occasion (ou l'empereur contre sa famille parfois aussi). Sans doute agents de confiance et homme de mains aussi. Il s'agit véritablement de la "garde du dedans" (pour reprendre le terme de la maison militaire des rois de France), qui garde la personne physique et privée de l'empereur (et sa famille) par rapport aux Prétoriens qui sont la "garde du dehors", les gardiens de la personne publique de l'empereur, des Palais et de la fonction impériale, et l'unité de protection et d'intervention (réserve d'élite) quand il est en déplacement lointain ou en campagne.

Au total, il ne s'agit pas d'une unité, mais de plusieurs groupes, sans doute organisés en turmes (subdivisées en décuries) quand l'empereur se déplace, mais sans commandement unifié sinon celui de l'empereur. Les "décurions" doivent donc être ses interlocuteurs (et les chefs tribaux de leur petit groupe), avec un commandement opérationnel tournant. Au total, leur effectif varie au fil des contrats, mais ils doivent avoir tourné autour de 500h.

Equites Singulares Augusti

Créés par Trajan pour contrebalancer le Prétoire, ils remplacent les Speculatores Augusti réaffectés à leurs cohortes; cette création reflète par ailleurs une réforme plus globale des gardes de dirigeants qui deviennent un corps, une spécialité en soi. Jusqu'ici, les speculatores gardaient les gouverneurs de province et légats de légions: Trajan les remplace par les singulares, apparemment une force spécialisée dans ces tâches de protection, de petite force d'élite.

Cela doit accompagner aussi la spécialisation et l'expertise croissante des speculatores dans le renseignement, voire le début de leur constitution en groupes plus organisés, véritables forces spéciales/"service action" des provinces: eux croissent en effectifs, et l'empereur semble avoir voulu avoir plus de contrôle sur ce niveau de renseignement provincial dont il devait essayer en permanence d'éviter que les gouverneurs locaux prennent trop d'ascendant sur eux.

L'effectif des Equites Singulares Augusti n'est pas certain: soit ils étaient 500h à l'origine, et Septime Sévère les aurait doublé à 1000h, soit ils ont toujours été 1000 et la réforme de Septime Sévère a consisté à séparer l'unité (car il a créé un 2ème camp pour eux à Rome, d'une capacité de 500h, et créé un 2ème tribun des Equites Singulares Augusti). Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une (ou deux) alae de cavalerie sur le modèle normal de la cavalerie auxilliaire.

Au départ, Trajan doit avoir transformé ses Germanis Corporis Custodes du moment en une unité militaire permanente organisée comme telle, la romanisation des populations germaniques du Rhin étant à cette époque un fait entériné. De ce fait, et outre une organisation plus solide, l'unité est devenue accessible à un recrutement plus "normalisé" dans l'armée (quoiqu'évidemment hyper sélectif) et non plus lié à des solidarités tribales. A noter qu'à partir de ce moment, elle sert aussi d'école d'officiers supérieurs, l'empereur en dispatchant les éléments après un certain temps pour des commandements un peu partout.

Cette unité a soit fini par disparaître, soit, et c'est plus vraisemblable, a constitué la base des futures Scholae Palatinae vers la fin du IIIème siècle.

Statores Augusti

Il s'agit d'une unité moins connue, mais importante: 5 centuries de principales (des sous-officiers, sans doute tous des ex-tesserarius dans les armées) chargés du rôle de police militaire impériale, sorte de gendarmerie militaire version haut du panier (aussi peut-être un moyen de ne pas tout faire dépendre des prétoriens). A mettre en parallèle avec les statores des gouverneurs et légats de légions qui eux aussi ont une police militaire, essentiellement des légionnaires affectés à ce rôle (avec un nombre minimal de cadres permanents spécialisés dans ce métier).

Frumentari et marins

Voir le sujet sur les unités historiques de renseignement pour les frumentaires. Comme les marins affectés à Rome (dont une des tâches consistait à manier les velum des amphithéâtres et arènes pour faire de l'ombre aux spectateurs), ils servent avant tout d'agents de liaison.

Le début de légions de réserve

Ce n'est que sous Septime Sévère que des unités légionnaires furent placées en Italie même, destinées à servir de réserve d'intervention pour l'empereur (sans doute aussi de marge de manoeuvre politique): sans prélever de légions ailleurs, Septime Sévère créa 3 légions nouvelles (les I, II et IIIème légions Parthiques) et en affecta au moins une en permanence à Albano, au sud-est de Rome. Cet accroissement est conjoint avec une augmentation importante des Prétoriens, Urbains et Equites Singulares Augusti sous son règne, dont l'effectif double.

Donc au moins une légion purement "impériale" est alors à disposition immédiate de l'empereur, avec sans doute ses unités auxilliaires, soit une armée d'intervention sans obligation provinciale de défense. On peut y voir le début de ce qui sera généralisé à partir de Dioclétien, dans le nouveau modèle de l'armée romaine.

Les cohortes urbaines

Il y en a 3, organisées comme les cohortes prétoriennes et pas d'un ordre séparé puisque leurs numéros suivent ceux des prétoriens: ce sont les X, XI et XIIème cohortes. Ce sont les Gardes d'honneur de "la Ville" puisque les Romains appellent Rome tout simplement "LA Ville", du Sénat et de l'Etat. Il faut donc éviter notre préjugé inconscient qui verrait dans ce nom de "cohorte urbaine" une espèce d'équivalent de "police municipale" (le nom même de Rome est sacré, ce sont les "cohortes de Rome", différentes des "Cohortes du Prétoire"): il s'agit d'unités pleinement militaires, aux mêmes critères sélectifs que les Prétoriens, avec juste un prestige peut-être un peu moindre au fil du temps.

Un de leurs devoirs est la police d'intervention de Rome et de Carthage et Lyon (2 autres existent dans ces villes), sorte de SWAT à cet égard.

Les Cohortes de Vigiles

Unités moins prestigieuses et moins politiques, pour le coup n'ayant pas réellement de capacité militaire proprement dites, il s'agit là de la sécurité civile et de la police proprement dites de Rome. Il y a 7 de ces cohortes, qui comportent chacune environs 1000h, et elles ne sont pas concentrées en grands camps comme les unités précédentes, mais disséminées dans la ville. Ce sont les pompiers (essentiels dans une ville où le bois domine malgré les clichés qu'on en a) et des agents du génie civil, et elles sont chargées de la police la nuit (les prétoriens et urbains font le jour). Elles ont juste un statut et une organisation militaires, ce qui en font des sapeurs-policiers-pompiers.

Mais même pour la castagne, il ne faut pas y voir des sous-soldats: la police de nuit à Rome, entre les crimes violents et la chasse aux esclaves, le tout en étant des petits paquets disséminés dans la ville, n'est pas un truc pour les peureux. Et ils doivent avoir eu aussi un entraînement très poussé (de toute façon, ils sont militarisés dans leur statut et leur organisation, et ont un niveau d'entraînement élevé) et avoir été capables d'action: Tibère a reconquis Rome lors de la sédition de Séjan, contre une bonne partie des Prétoriens et en se fondant avant tout sur les cohortes de vigiles. Sans connaître les détails de "l'affrontement", ça doit quand même avoir impliqué de la castagne de petits groupes où les vigiles n'ont visiblement pas été en reste.

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Petit oubli mais de taille, mon cher Tancrède (même s'il ne concerne que la Rome d'Orient/l'Empire Byzantin) mais il faudrait aussi parler de la Garde Varègue (même si là on fait un saut temporel assez important)

Je te laisse en dire plus dessus  ;)

Autre remarque (une question en fait) mais existait-il une garde sous la période République (une gade d'élite républicaine en quelque sorte)

Je n'arrive pas à en trouver trace sous forme cohérente quand bien même certains auteurs font état d'unités spécifiquement affectées à la protection du Sénat (tant du point de vue batiment/infrastructure que sénateurs)

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Je n'arrive pas à en trouver trace sous forme cohérente quand bien même certains auteurs font état d'unités spécifiquement affectées à la protection du Sénat (tant du point de vue batiment/infrastructure que sénateurs)

En fait, tant que tu regardes l'histoire romaine, tu ne peux voir quasiment que de la continuité dans chaque institution, civile ou militaire: certaines se réduisent, changent de fonction, deviennent honorifiques, et d'autres grandissent, prennent de l'importance.... D'autre part, beaucoup de fonctions, d'affectations, deviennent des métiers permanents (sous le même nom ou un nom proche), voire se constituent en organisations permanentes, donc en unités dans le domaine militaire. Ainsi par exemple des exploratores (groupes de reco), jadis une simple fonction ("t'es de corvée de reco mon gars") devenue au fil du temps une spécialité puis un type d'unités.

Ainsi les Prétoriens ne sont-ils pas "apparus" d'un coup: les soldats affectés à la garde de tout prêteur surtout militaire (une des magistratures électives ou nominatives les plus importantes de Rome, venant en rang juste après les consuls) étaient appelés ainsi, en raison du nom de l'office de tout chef d'une légion ou d'une armée, rappelée par le bâtiment central dans tout camp romain, le Praetorium (divisé en 2: le centre de commandement et d'administration, et la résidence du général/gouverneur). Un légat, un prêteur/proprêteur ou un consul/proconsul (les 3 degrés de fonctions de commandement suprême dans un endroit) avaient ainsi une garde détachée des rangs des légions (et à laquelle le personnage pouvait en plus adjoindre des hommes de confiance: amis et parents d'amis, alliés/clients/obligés, mercenaires) qui lui servaient de gardes. L'habitude, surtout avec la réforme marienne, fut prise d'affecter de plus en plus le petit contingent de cavalerie légionnaire à ce rôle (en partie seulement, car la majorité lui servaient de messagers), qui formait aussi bien sa garde personnelle et son escorte en déplacement, sa réserve d'intervention rapide et son corps de messagers. Les 10 exploratores permanents des légions mariennes (chiffre qui reste au début du principiat, puis s'étend, avec l'évolution de cette fonction) appartenaient à cette unité, apparemment, ou bien étaient aussi rattachés à la personne du chef de la même façon, servant de garde, d'homme de confiance, d'agent de renseignement et de messager.

Rappelons que les fonctions de "gardes" recouvrent beaucoup de métiers, surtout à Rome où le domaine militaire n'a AUCUNE séparation d'avec le politique, où la politique extérieure et la politique intérieure sont les 2 faces d'une même médaille, où tous les grands personnages ont une stratégie personnelle qui se joue aussi bien avec ou contre l'étranger qu'avec ou contre les autres grands personnages romains.... Donc outre le "simple" gardiennage de corps :lol: -séparé entre garde du "dedans", rapprochée autour de la personne, et escorte "du dehors", couvrant plus de surface- on trouve le rôle d'agent de liaison/messager (qui implique divers degrés de confiance suivant l'objectif d'un message -entre renseigner le patron détesté et contacter ses alliés secrets, y'a une différence), celui d'espion (pareil pour le degré de confiance, suivant que tu espionnes pour Rome ou pour ton compte), celui d'élément de reco rattaché à la fonction de protection (balayer la campagne ou la ville où le boss va passer, repérer les gens louches dans la foule, sniffer les complots), de police militaire interne à la légion/armée et celui d'exécutant des basses oeuvres, d'homme de main ou d'agent spécial "action" (suivant que c'est pour le général/gouverneur ou "M. Caius Dupondus" pour son compte personnel). Ajoute en plus le rôle de cet élément militaire personnel comme réserve d'intervention de dernier recours pendant une bataille.

Bref, les fonctions se retrouvent dans la garde impériale.

Sous la République, ce qui est caractéristique est la non permanence des unités, tout comme les légions sont non permanentes avant Marius (quoiqu'évidemment l'expansion outre mer implique de facto des unités permanentes que la conscription ne permet pas d'alimenter sans problèmes); mais techniquement, il y a des "prétoriens", juste que c'est plus une affectation.

Pareil pour la garde des institutions et la police interne de Rome: soit il s'agissait de petits groupes issus des légions et opérant par rotations (mais c'est rare et exceptionnel vu la position de principe de Rome sur des soldats en uniforme dans l'Urbs: il y a cependant le cas des légions sénatoriales), soit il s'agissait d'éléments de garde personnelle des grands sénateurs, soit il s'agissait, dans le cas de la police et des pompiers, de groupes privés, de contractors louant le service d'esclaves entraînés (les Triumviri Nocturni qui n'ont jamais donné satisfaction et qu'Auguste a remplacé par les cohortes de Vigiles. Pour le côté boots on the ground, avant Auguste, on a donc surtout des éléments de gardes personnelle (souvent des vétérans des légions commandées par le sénateur, donc ses clients personnels). Il y a ainsi des Vigiles avant les cohortes éponymes, mais il s'agit d'une fonction, et ceux qui la remplissent ressortent donc plus d'organisations ou de personnes privées ayant une charge officielle, ce qui laisse place à beaucoup d'inefficacité, d'abus et de corruption.

Plus sérieusement et institutionnel, sous la République, il y a une institution de protection: les Licteurs. C'est à ce qu'il me semble la seule fonction armée légalement autorisée dans Rome. Il s'agit des gardes et exécutants de tout magistrat détenant un imperium, cad une fonction ayant pouvoir de contraindre et punir (donc de faire respecter une loi), soit de forcer au respect de la loi, de punir (flagellation), d'arrêter et d'exécuter (quoiqu'ils s'occupent du "haut du panier", donc dans le domaine politique et le respect des lois chez les personnages et groupes importants). Ces fonctions à imperium sont celles des édiles, des prêteurs et des consuls avec en plus, pour des périodes exceptionnelles, l'interrex et le dictateur. Ils sont organisés en syndicats, ou corporations (des collegia) et n'ont donc pour employeur que l'Etat romain en général.

Ce sont tous des citoyens romains (ils ont droit à la toge dans l'enceinte sacrée de la ville), leur paie est élevée et ils sont dispensés de service militaire, leur collegia devant être à cet égard le lieu de sélection, recrutement, encadrement et entraînement. Apparemment, c'étaient rarement des gringalets  :lol: et leur entraînement physique ne devait pas avoir beaucoup à envier à celui des légions.

L'insitution semble remonter à la monarchie romaine.... Et leur symbole nous est bien connu en France, puisque ce sont eux qui détiennent (et manient) les faisceaux de verges, qui sont leur "outil de travail" double, vu qu'il s'agit de verges liées (pour punir) et d'une hache (pour appliquer la peine de mort par décapitation, punition pour des crimes spécifiques qui sont leur monopole). C'est la seule arme légalement autorisée dans Rome en théorie.

Sous l'empire, ils restent attachés aux institutions publiques (leur "garde du dedans") et aux magistratures, comme éléments de sécurité et d'ordre interne, mais leur rôle est nettement plus symbolique et juste de garde du corps. Les vestales et les prêtres du culte impérial reçoivent aussi leur protection à partir d'Auguste.

Les barêmes d'affectation en effectifs (merci Wikipedia pour celle-là):

- dictateur: 24h en dehors de l'enceinte, 12 dedans

- empereur: 12, puis 24 après Domitien

- interrex et consul: 12h

- proconsul: 11h

- magister equitum (homme nommé par un dictateur, dont la charge finit avec celle du dictateur): 6h

- prêteur: 6h hors de l'enceinte, 2 dedans

- proprêteur: 5h

- Ediles curules: 2h

A noter que l'effectif est faible parce que traditionnel, remontant à la base d'une république qui refuse la force armée dans l'enceinte sacrée de l'Urbs. Vu la décadence de la République et la montée en puissance des grandes familles sénatoriales qui pouvaient amener leurs gros bras vétérans de légions en masse dans l'enceinte (en civil mais avec des gourdins -et sans doute des glaives et couteaux planqués), ces effectifs sont devenus de moins en moins dangereux et de plus en plus symboliques. A noter cependant qu'un licteur est un homme bénéficiant d'un statut important et d'une autorité légale (donc religieuse) énorme puisqu'il a le privilège de la violence légale. Il peut sans doute avoir des "hommes de main" en propre (venant de sa collegia) qui n'ont cependant pas ce statut. Mais s'attaquer à un licteur dans l'exercice de sa charge est un crime (légal, donc religieux) et ne se fait pas à la légère même dans la république finissante.

Petit oubli mais de taille, mon cher Tancrède (même s'il ne concerne que la Rome d'Orient/l'Empire Byzantin) mais il faudrait aussi parler de la Garde Varègue (même si là on fait un saut temporel assez important)

Je te laisse en dire plus dessus  

Ouaif, là il faudrait refaire la même chose pour le dominat et l'empire tardif, puis l'empire d'orient-byzantin: la Garde Varègue n'arrive que bien plus tard, et au passage ce serait sauter par-dessus beaucoup d'institutions et d'unités, les Scholae Palatinae en tête (et les 40 Candidati qui étaient prélevés parmi elles), mais aussi les protectores Domestici (partie des gardes qui fait aussi fonction d'école à officiers supérieurs), les Excubitors (une unité de violents :lol:) et Manglavites (garde personnelle très haut dans la chaîne alimentaire byzantine), Hetaireia et Hikanatoi, spatharios (des eunuques au début :-[). Et là ce ne sont que les plus importants, et plutôt ceux de la période Bas Empire-Empire d'Orient-début période "byzantine" (je place personnellement la réforme thématique comme limite entre les appellations "orient" et "byzantin")....

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De rien.... dans le genre évolution d'unités, je viens de relire un truc sur l'évolution de la Garde Prétorienne qui me fait beaucoup marrer. Vu l'importance qu'elle a prise comme acteur politique à Rome, la Garde était difficilement contournable, et particulièrement en temps de crise, peu de personnages, sinon aucun, n'avait assez de "capital politique" pour s'imposer à elle, le forçant donc à négocier avec elle des masses de fric de plus en plus hallucinantes. Après la mort de Commode, la crise fut grave (notamment avec "l'année des 4 empereurs") et on vit même 2 "postulants" au titre suprême après l'assassinat de Pertinax en 193 (par les Prétoriens) faire fi de toutes les manoeuvres en sous-main pour aller directement se pointer en même temps sur le Caelius (où se trouvaient les casernes prétoriennes) pour jouer à la surenchère dans les promesses de donations monétaires :lol:: pitoyable démonstration, mais bon, le gagnant devint empereur (Didius Julianus) pour très peu de temps (à 25 000 sesterces par prétorien!).

Septime Sévère n'apprécia pas le procédé et amena de quoi changer la donne politique: son capital politique était les 3 légions qu'il commandait en tant que gouverneur de Panonnie (une province à 3 légions), plus le soutien des légions des Balkans dans leur ensemble (et bien sûr sa cohorte d'alliés, d'amis et de clients personnels). Arrivé à Rome (où Didius Julianus avait été exécuté peu avant), il convoqua les Prétoriens hors des murs en urgence (donc ils devaient pas être trop équipés), les encercla, les fit désarmer et dissout leurs unités.... Les reformant aussitôt avec les légionnaires de ses 3 légions (ce qui explique l'augmentation d'effectifs des Prétoriens et Urbanicinis sous son règne) :lol:!

Comme quoi, quand on a du jeu, on peut faire des trucs vite et bien!

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Pour retenter le coup avec un essai de réflexion collective sur le "phénomène légion", je pose la question directement à la cantonnade: QU'EST-CE QUE LA LEGION ROMAINE "CLASSIQUE" DANS VOTRE ESPRIT?

L'idée est d'avoir une vision de ce qu'a été la légion (en particulier, mais aussi l'armée romaine en général) au cours de son histoire et d'essayer d'avoir un regard potentiellement différent sur cet objet de réflexion. Elle a commencé comme étant l'intégralité de l'armée romaine (legio = "levée": la légion, c'était l'intégralité de l'armée romaine, y'en avait qu'une seule d'abord), a ensuite été l'armée de campagne de base (dans une Rome qui commençait à pouvoir en dégager plusieurs), puis la base d'une armée de campagne ;) (de plus en plus de "légions" mais intégrées dans le dispositif interarme de la "confédération militaire" des socii italiens), puis de plus en plus l'unité militaire professionnelle de base d'une vaste armée engageant plusieurs "armées" de défense, de garnisons lointaines et d'OPEX (chacune ayant sa composition de socii italiens, de socii plus lointains et de mercenaires).... Dès le début de l'empire, elle devient le pivot d'une armée de province composite avec d'autres unités professionnelles permanentes (elle est alors le "coeur" d'une armée) et le pivot de la manoeuvre de grandes armées rassemblées ponctuellement (où elle est plutôt donc une "division" ou un corps d'armée). Au fil du temps, elle devient de plus en plus une unité réservoir plutôt fixe. La crise du IIIème siècle accélère l'évolution militaire romaine et la voit se réduire en unité d'infanterie de ligne de taille bataillonnaire, au milieu d'un orbat nettement plus composite et souple, en même temps que l'unité administrative de référence des troupes de frontières fixes qui elles opèrent en plus petits paquets.

Pour moi, la légion "classique" (ou plutôt sa particularité en tant qu'objet militaire, ce qui fait sa force), on va dire dès le moment des réformes de Marius à la fin du principiat, c'est moins une unité d'infanterie lourde proprement dite (ce qui est apparemment la seule façon dont la plupart des historiens continuent à la regarder) qu'une grande unité de manoeuvre interarme (en partie par la versatilité des légionnaires, mais surtout par son intégration permanente avec des auxilliaires pros à partir d'Auguste), et c'est plutôt cela sa vraie force, bien plus que le fait d'être une spécialité d'infanterie. la vision des historiens me semblent souvent déformée par cet a priori artificiel de dire "l'infanterie lourde est l'arme suprême, la légion est la meilleure infanterie lourde, donc la légion est l'arme suprême". C'est pour moi la même erreur que de voir la cavalerie lourde être par essence la grande arme au Moyen Age parce que la cavalerie lourde aurait en soi des avantages imbattables.... Ou de dire que l'aviation est l'arme ultime et la seule qui compte "vraiment" aujourd'hui. A un certain degré, je trouve cela infantile et négateur de la réalité complexe qu'est la guerre. Par ailleurs, je pense que l'insistance des écrits antiques sur le rôle, le "poids" de la légion dans la capacité romaine à vaincre est, comme souvent dans toutes les époques sur une arme particulière, grandement exagéré par superficialité et surtout par des préjugés de diverses nature, sans doute avant tout parce que dans les civilisations gréco-latines, culturellement, le fantassin lourd est le citoyen en arme, celui qui est mis en avant dans tout récit en niant l'importance, voire l'existence, des autres armes.

Mais la guerre est un sport d'équipe, et la victoire tient à chaque membre dans des proportions bien moins déséquilibrées qu'on ne veut souvent l'admettre, qui plus est des proportions qui varient fortement suivant le type d'adversaires, le type de terrain, l'époque de l'année et la météo, ainsi que les circonstances (politiques, stratégiques....) de l'engagement et du conflit.

Donc la force de la légion, et par là sa nature même, n'est pas d'être une unité d'infanterie lourde. Ce serait la force de la cohorte (voire de la centurie), mais d'être un système d'arme spécialisé dans la manoeuvre tactique complexe de grande échelle (échelle tactique, de la bataille et de ses environs) et dans le mouvement opératif autonome (échelle d'un théâtre), et qui plus est d'être ainsi un pion stratégique dont la force est connue, ce qui lui donne sa capacité de dissuasion pour les adversaires, et procure à ses propriétaires une vision claire de la capacité militaire disponible à un endroit (et de là de ses besoins, de ses capacités selon telles conditions ou telles autres....). C'est un outil militaire standardisé, aux procédures et critères rôdés, à partir duquel on peut penser une tactique et une stratégie dans des proportions inégalées dans le monde antique. Il procure en ce sens une clarté de vision (dans le temps et l'espace) au décideur qui est réellement admirable, en plus de donner une marge de supériorité tactique et opérative appréciable (capable d'évoluer et d'apprendre) qui est cependant étendue, à partir d'Auguste, à l'ensemble d'une armée romaine désormais professionalisée et formée sur les mêmes critères d'efficacité.

Pour moi, la meilleure preuve en serait le fait que des zones entières (plus petites) étaient confiées à des unités auxilliaires composant des mini armées de province, mais surtout au principe des cohors equitata, ces unités mixtes infanterie-cavalerie dont le concept et l'importance ne cessent de se développer: de 80 cohortes types (600h)sous Auguste, ces unités deviennent de 2 types (600 et 1040h environs) et peuvent avoir représenté jusqu'à 40% ou plus de l'ensemble des auxilliaires (à une époque où l'effectif auxilliaire dépasse largement l'effectif légionnaire). La légion reste certes fondamentale, mais cette évolution souligne que Rome sait penser l'armée et l'efficacité militaire sans bigotterie, formant des unités interarmes et de manoeuvre (complexe) permanentes AUTRES que la légion. De même, la formation de cohortes d'infanterie milliaires permanentes reflète cette versatilité tactique dans l'organisation structurelle: la manoeuvre complexe (= à 2 échelons tactiques: cohortes et centurie) peut être pensée autrement que dans le seul cadre légionnaire.

Et c'est bien cet aspect interarme et de manoeuvre qui constitue pour moi l'angle pertinent de l'analyse, et non la vision "d'arme" (de chapelle, presque :lol:).... Dites-moi si ça vous semble aberrant (peut-être adopté-je un point de vue trop contemporain, négateur de la perception d'une autre époque), dites quelle est votre "vision" de la légion.

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Tu nous poses une question en nous assenant une ADM descriptive et réflexive de 1ere qualité cher Tancrède  :lol:

Bon spontanément pour moi la Légion Romaine c'était dans ma tête l'équivalent d'une division ou d'un corps d'armée, agrégée autour de son infanterie qui forme le coeur inaltérable de l'ensemble (la sacro sainte "Ligne") constituée de citoyens romains. Appuyée par des éléments de cavalerie, archers, armes spéciales mais dans un rôle subordonné à la tactique autour de l'infanterie.

Gravitant autour de cet ensemble les auxiliaires, ensemble hétéroclites dépendant des théâtres d'opérations de la légion et de la capacité de ses officiers à fédérer les "pecnos" (parfois plus avancé) du coin.

Et enfin l'ensemble des non combattants (logistique, marchands, civils, péripatéticiennes, familles ...) qui suivent les armées.

En gros je voyais la Légion comme l'armée permanente servant d'unité opérationnelle, concentrant les moyens militaires, et évoluant à l'intérieur d'un espace où les forces romaines sont fondés sur des milices urbaines, quelques alliés fédérés, qui n'ont pas la capacité par eux mêmes d'opérer loin, longtemps, et de former un ensemble cohérent.

La Légion est comme un cercle concentrique, avec son centre "discipliné" et rationalisé, et sa périphérie plus "barbare" et "folklorique".

Bien sur tout ça ce sont des préjugés acquis en lisant Astérix, en voyant quelques peplums et bouquins pas très bien documentés  :lol:

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ben ma vision avant que vous me l'éclairiez  :lol: était que la Légion s'était l'unique armée des Romains ,parfois accompagné de mercenaires issu des pays "colonisé" qui servait d'éclaireur .

s'était un truc carré qui flashé par rapport aux autres "armées" que la Légion combattait ,enfin dans le sens ou s'est formation en carré flashé par rapport à des barbares courageux mais pas discipliné qui déboulé genre furie .

et puis j'ai par rapport à l'histoire apprise à l'école eu une vision de la Légion Romaine conquérante ,et donc pas été très au fait de ses défaites .

je me basais surtout les conquêtes à l'ouest mais pas trop en se qui concerne l'Est ,vers l'Iran je dirais pensant que sa n'avait pas été aussi turbulent que par chez nous .

elle était autonome ,et s'adapté au terrain enfin du point de vue climatique .donc rien qui la gêne .

elle était un corps expéditionnaire qui savait aussi assuré une garnison en zone conquise .

je pensais que s'était une armée de conscrit ,mais de conscrits séléctionnés ,apte à une discipline de fer ,rustique (beaucoups de gens de la campagne ? ).

comment avait était pensé et découvert le principe de discipline qui disont était le complèment au courage pas forcémment inné chez les Romains et autres ?

en gros ma question veut en venir au fait que quelqu'un (qui en faite ?) à découvert les bienfaits de la discipline car le facteur "courage" ne se trouvait pas en masse ,et pas forcémment le truc naturel ,donc le principe de discipline permettait de suivre (de gré ou de force ) "d'y allé ".sa permettait de dévelloppé une cohésion que les Romains en terme d'étude sur l'art et la manière de fignolé le principe et de l'appronfondire ,en gors que le culte militaire soit au top .

la légion romaine étant le précurseur alliant le courage et la discipline ,chose qui ne l'était pas ailleur (enfin dans ma vision des choses ) .

mais le truc qui m'a flashé (enfin je pensais) s'est que les Barbares avaient à la fin de l'empire Romain prit leur revanche ,mais s'était pas du à une légion devenu décadente mais plutôt à la décadence du peuple Romain et des dirigeants .

d'ailleurs ses invasions barbare était nommé comme sa ,mais est-ce que les barbares avaient évolués en terme militaire ?

je veux dire par là est-ce qu'il n'avait pas apprit des Romains ?

ressemblaient-ils aux "barbares" comme on nous les a toujours montré ?

comment les légions et l'armée romaine ont-elles étaient vaincu à la fin de l'empire Romain ?

enfin voilà .

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Mais c’est que ça ressemble bougrement au model macédonien sur la fin mine de rien, en tout cas sur une échelle plus petite. Suis-je dupe d’une illusion ?

Comment je vois la Légion ?

Comme tout le monde avant de lire tes posts de geek  enragé : un truc homogène composé de soldats en écailles à la mine fermé amateur de formation original et à l’instinct grégaire vue leur tendance à faire la tortue, donc lourde, et surtout performeur artistique précurseur du Tetris de 1 er génération ; c.a.d sans possibilité de recommencer la partie en cas de Game Over.

Bref, j’avais la même vision que la plupart des historiens comme unité lourde. Mais remarque cette vision déformée à un certain fondement. Il y a quand même cette vérité que l’infanterie comme unité de prestige est, en tout cas a été à l’époque, la reine des champs de batailles.

Pour moi c’est surtout ça la Légion : une force d’infanterie composé presque exclusivement d’homme à pied et formé au corps à corps qui à été capable de faire face à pratiquement tout ces adversaires avec brio, ou du moins à annuler le danger qu’il représentaient – je pense très fort au cavalier/archer Parthe- d’une façon ou d’une autre ; et il vraie que je suis comme beaucoup passé à coté du rôle des auxiliaires, car justement « auxiliaires »…

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Ma vision de la légion : la même que celle de pas mal d'historiens (attention je parle de la légion post Marius)

On la retrouve pour les amateurs dans les listes d'armée de figurine:

Un noyau incontournable d'infanterie de contact, lourde mais apte aux manoeuvres en formation plutot complexe.

Une pincée de cavalerie romaine plutot pas terrible

Et gravitant autour et faisant la basse besogne (archerie, frondeurs, eclaireurs, flancs gardes) des levées auxiliaires ou mercenaires variables selon les lieux et les besoins

Donnant tout ce qui est tireurs à distance (archers, frondeurs), infanterie légère (tirailleurs) ou médiane et cavalerie (manquant cruellement dans l''ordre des capacités romaines)

On se retrouve peu ou prou à un dispositif inter arme mais pas purement romain

Mais comme tout le reste n'est qu'une affectation temporaire aux dites légions (en tout cas percus comme tel par l'historiographie) l'image d'Epinal reste celle de cohortes et de manipules de fantassins lourds, en général avec des toges rouges, des boucliers rectangulaires et un aigle avec SPQR en dessous

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Rappel grossier et schématique:

- débuts de rome et de sa monarchie: la ville en elle-même n'existe pas en tant que conurbation. C'est un espace entre les 7 collines et le Tibre, qui contrôle un carrefour commercial et un gué. Les espaces habités sont des petits bourgs chacun situés sur une des collines, constitués de clans (gentes) autour desquels les populations de chaque bourg se rassemblent. A cette époque, les groupes sont petits et la guerre est surtout une histoire de raids locaux pour piquer du bétail, des femmes (le fameux enlèvement des Sabines), des récoltes, du fric ou se friter avec les villages voisins

- la légion sous la monarchie romaine et le premier système militaire romain (VIème siècle av JC): c'est la levée ("legio") des citoyens sur modèle des cités grecs, en fait indirectement parce que copié des Etrusques (rappelons que les derniers monarques romains, les Tarquins sont des Etrusques). C'est le premier système militaire romain, organisant les hommes en "tribus" (pas un sens ethnique ou d'appartenance à un groupe originellement distinct, mais un sens administratif de découpage de la ville). Il y a 4 tribus de la ville proprement dite, chacune levant un nombre donné de centuries, unité administrative et fiscale de base fondée sur le Cens, soit le recensement (démographique et patrimonial) tous les 5 ans des habitants libres de Rome. On trouve 30 centuries, puis assez vite 60, mais elles ne représentent proprement dites que l'infanterie pseudo-hoplitique dont le maximum tourne alors autour de 6000h; on trouve aussi autour de 2-3000 vélites (les plus pauvres) -1 chiffre est attesté pour 24 centuries de ces vélites- et une cavalerie patricienne (= classe des equites et des senatores) tournant autour de 600h -6 centuries-, pour un total d'environs 9000h. C'est la "legio", la "levée" des citoyens. Cette armée est, comme dans le système grec, fondées sur la fortune pour définir le rôle dans l'armée (commandement-encadrement) et l'orbat (fantassin de ligne, fantassin léger et cavalier). Il faut en effet pouvoir payer son propre équipement.  

NOTE: l'existence du royaume primitif de Rome est aujourd'hui encore sujette à caution, reposant plus sur une vision légendaire et le récit traditionnel de Rome que sur autre chose. L'autre possibilité majeure est en fait que Rome, après une brève période d'existence autonome (peut-être un siècle, entre la fondation "officielle-légendaire" vers 750 et la domination étrusque de l'Italie au VVème siècle) suivant sa création comme "confédération" de quelques petits bourgs juchés sur leurs collines acotées à une rivière, ait été colonisée par la puissance dominante d'alors, les Etrusques (pas un Etat unifié, mais aussi une "ligue" d'entités politiques), sur la période couvrant les 7ème et 6ème siècles av JC. Cela explique notamment l'alignement sur un premier modèle militaire étrusque, les nombreux emprunts culturels (panthéon, organisation du culte public, jeux du cirque -à la base un rite funéraire-....), scientifiques, politiques et symboliques à l'Etrurie, la construction de la cloaca maxima (le grand égoût de Rome) et du 1er pont permanent sur le Tibre.... Et évidemment la monarchie romaine (sans doute élective et assortie d'un système théoriquement associatif des élites et de la plèbe au pouvoir), dont seuls les 2 derniers représentants (totalement ou en partie étrusques) sont historiquement attestés, qui a toutes les apparences de la symbolique étrusque (faisceaux de verges et licteurs....). Dès lors, l'importance de la "révolution républicaine" pour Rome qu'elle marquerait non seulement la fin de la monarchie devenue "tyrannie" (que cela ait été vrai ou non: le perdant d'une lutte est toujours noirci), mais aussi l'émancipation de la tutelle étrusque. C'est en fait peut-être surtout ce dernier aspect qui est réel, dans cet hypothèse, l'établissement de la république étant par la suite présenté comme une lutte contre la tyrannie plutôt que d'admettre un joug étranger qui n'aurait pas été si mal vécu.... Dans ce cas, cela concorde avec une république qui est quand même avant tout faite pour des élites, les "patrices/patriciens" (pères de la patrie), qui auraient simplement pris le pouvoir pour elles-mêmes sans demander son avis au peuple, en éliminant un monarque élu à vie (qui reste cependant comme institution exceptionnelle, pour les temps d'urgence, à travers la magistrature de dictateur). Et cela concorde avec les développements des premiers temps de la république qui ont du être décevants pour les nouveaux dirigeants, puisque la protestation de la plèbe les contraint à partager le pouvoir via pas mal de lois et surtout l'institution du tribunat de la plèbe.

Militairement, cela change surtout le commandement des armées vu que la direction de l'Etat devient collégiale et les postes à imperium et commandements militaires restent ou deviennent électifs, selon les cas, mais surtout selon des temporalités nettement plus rapprochées

- après la déposition de la monarchie, les chefs de l'exécutif deviennent 2 prêteurs élus: l'armée est divisée en 2 parties égales, avec donc 2 légions "prétoriennes" de 3000 fantassins de ligne, 1200 vélites et 300 cavaliers (un format qu'on retrouvera après), ce chiffrage étant un partage politique (équilibre des pouvoirs par crainte du retour de la tyrannie) bien plus que la volonté tactique d'avoir 2 armées de campagne. Les Romains n'ont par ailleurs pas d'armée permanente: ces chiffres représentent la mobilisation maximale, fixée par la loi comme "cahier des charges". Il y a donc 2 légions de 4500h. C'est dans cette période (de la fin du VIème siècle à la fin du IVème) qu'un dédommagement est introduit pour le temps de mobilisation, qui couvre les frais de campagne (pas ceux d'équipement). C'est aussi à cette période que les premiers traités d'alliance permanente sont conclus avec les voisins latins (socii) qui mettent à disposition de cette "confédération militaire" peut-être jusqu'à une vingtaine de milliers d'hommes, un chiffre rare dans l'Italie de cette époque, très divisée.

- La première vraie révolution militaire proprement romaine arrive avec les guerres Samnites aux IIIème-IIème siècles av JC: face à ces populations (les Samnites sont une vaste confédération de peuples semi-nomades et éleveurs du sud et du centre montagneux de l'Italie) et aux premières défaites qu'elles lui infligent, Rome adopte l'ordre manipulaire, soit des groupements tactiques d'infanterie jumelant 2 centuries réduites en taille (60h) en une petite unité de manoeuvre. L'importance de cette évolution, d'abord faite pour fonctionner hors d'un grand dispositif de bataille rangée, impacte cependant celui-ci aussi: c'est l'apparition du "damier", la formation en quinconce, quand une légion romaine est déployée, en lieu et place de la phalange massive qui prévalait avant. Une armée romaine de campagne a donc désormais une capacité de combat un peu "articulé", mais surtout de rotation facilitée des effectifs sur le champ de bataille (pour peu que l'expérience soit là, donc le temps sous les drapeaux) qui permet de donner à la ligne de front une endurance accrue. Le quinconce organise cependant structurellement les manipules en fonction de l'âge et de l'expérience, formant 3 lignes de centuries (la triplex acies: hastatii, princeps et triarii) inégales (les princeps sont ceux qui prennent l'essentiel des combats) et ce d'autant plus que les centuries de la 3ème lignes sont réduites à 60h, une seule centurie. L'autre changement majeur est le renforcement (imposé par Rome) de la division du travail au sein de sa confédération de socii revue et corrigée (les traités conclus par Rome à partir de cette époque sont par essence inégaux, et l'évolution a fait que Rome a cru plus vite que les autres): les guerres samnites et la croissance démographique ont imposé de passer à un format maximal de 4 legios (18 - 20 000h) formant la base des armées de campagne (armées dites "consulaires" et "prétoriennes", du titre des chefs d'exécutif par ordre hiérarchique), désormais toujours commandées par Rome. Dernier changement de cette époque, l'équipement et donc la tactique de combat: c'est l'introduction du duo gladius-pilum, le remplacement de l'armure grecque par la cote de maille et l'abandon de la hasta, la longue lance, par l'infanterie, sauf dans la 3ème ligne, celle des triaires qui restent des phalangistes "classiques" et ceux qu'on appelle quand les choses vont vraiment mal (un proverbe romain "en venir aux triaires", veut dire que la bataille s'est salement mal passée).

- Les évolutions suivantes, surtout à la lumière des guerres puniques, sont moins spectaculaires et plus continues, souvent des créations de fait, sur le moment: certaines restent, d'autres disparaissent sitôt un conflit terminé. La manipule de triaires passe à 60h (donc 2 centuries de 30h), mais la légion reste toujours à 4500h (3000 fantassins de ligne, 1200 vélites, 300 cavaliers), s'assortissant de contingents de socii à qui est demandée une spécialisation toujours plus grande (la cavalerie campanienne, notamment, est notoirement un outil solide, de même que l'infanterie légère samnite). La cohorte apparaît, peut-être introduite par Scipion l'Africain, mais reste une formation ad hoc, temporaire. L'importance de la cavalerie, et des manques italiens en la matière, apparaît face aux Puniques, et le traité conclu avec les Numides leur fournit une cavalerie légère abondante et capable. C'est le moment de l'expansion hors d'Italie, qui confronte les Romains à des armées et terrains plus variés, des adversaires plus professionnels et plus grands (avec des armées plus sophistiquées assez souvent), les forçant à adapter moins la légion elle-même que le dispositif des armées consulaires et proconsulaires, les faisant reposer sur un dispositif interarme plus complexe et lourd en autres troupes (cavalerie en tête, mais aussi archerie et frondeurs plus nombreux). C'est surtout le moment où la durée du service militaire et de la durée potentielle de mobilisation s'accroissent sans cesse: l'armée romaine a besoin d'expérience pour être efficace (en début de conflit, les légions sont pas franchement terribles), mais l'éloignement des théâtres d'opération et les conquêtes permanentes rendent désormais les anciens systèmes inefficaces. Les guerres d'expansion ruinent une grande partie de la société romaine, la "classe moyenne" qui compose l'infanterie légionnaire, réduisant le contingent mobilisable (mais en relatif car la population citoyenne s'accroît énormément) et créent un circuit économique de la guerre qui rend Rome dépendante de l'expansion mais aggrave les problèmes de la société romaine, et avec eux, la fragilité du système politique romain. La taille des contingents romains n'a fait que croître (avec la population romaine), faisant de Rome une société qui dépend de la guerre, mais démobilise à chaque fin de conflit, avec cependant le maintien contraint de légions outre mer, faites de conscrits mécontents mais expérimentés.

- les réformes de Marius (oncle de César), fin IIème-début Ier siècle, ne sont sans doute pour l'essentiel qu'un entérinement de ce qui se pratique déjà vers la fin du IIème siècle, mais elles reflètent un changement radical: de fait, l'armée devient permanente et "professionnelle", mais pas au sens où nous l'entendons. Il s'agit toujours d'un service militaire obligatoire pour tous, mais tous ne le font pas: on ne mobilise qu'en fonction des besoins (mais il y a désormais un besoin permanent outre mer), le service est fixé à 16 ans (dont pas plus de 6 consécutifs), et les recrues sont sélectionnées (statut juridique, critères physiques, lecture-écriture). Les Guerres Sociales (guerres des Socii -alliés) aboutissent à une expansion massive de la citoyenneté à quasiment tous les hommes libres d'Italie et réduisent donc l'importance des citoyens de Rome -la ville-, et la fin du conditionnement de fortune pour l'entrée dans l'armée prolétarise massivement les légions, dans le temps même où les armées sont financées non par l'Etat (qui ne peut en payer qu'une partie et dont le trésor constitue une réserve d'urgence) mais par les grandes familles sénatoriales selon les besoins militaires votés par le Sénat. Autant dire que les armées deviennent fidèles à leurs généraux-patrons-employeurs (démobilisé, le soldat devient client de son consul-proconsul). Tactiquement, la légion devient un ensemble quasi uniforme de légionnaires formés sur un moule unique de fantassins médians polyvalents (avec une cavalerie légionnaire embryonnaire et un contingent de non combattants "professionnels": experts en tous genres, administrateurs....). La cohorte remplace la manipule comme unité tactique de base, avec 6 centuries de 80h et 10 cohortes par légion (4800 légionnaires, 120 cavaliers et autour de 2-300 spécialistes et non combattants appartenant à la légion). Enfin l'expansion de la citoyenneté à l'Italie contraint à trouver les auxilliaires ailleurs: cavalerie numide, archers crétois, frondeurs baléares, cavalerie gauloise, fantassins ibères, archers montés syriens.... Ce sont tous des socii car Rome a peu recours à des mercenaires stricto sensu.

Après on entre dans l'époque de transition des guerres civiles et les débuts du principiat, qui sont un peu l'objet de ma réflexion.

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comment les légions et l'armée romaine ont-elles étaient vaincu à la fin de l'empire Romain ?

Si je veux pousser le bouchon juste pour taper sur les clichés que les manuels et la fiction nous ont enfoncé dans le crâne, je te dirais qu'elles ne l'ont pas été ou même que l'empire romain n'a pas fini, du moins pas avant 1204 et la prise de Constantinople par les chevaliers français et marins vénitiens de la IVème croisade. Ce qui est vrai. A l'époque où le petit Romulus Augustule a été déposé par Odoacre, soit en 476, c'est plus ou moins ce qu'on appelle "l'empire romain d'occident" qui a disparu. Mais depuis 50-60 ans, l'empire d'occident était une coquille de plus en plus vide, et quand le gamin a été envoyé à Capri par Odoacre qui refila les insignes impériaux d'occident à l'empereur d'orient, ce fut vécu comme un non événement absolu; l'empire n'avait pas cessé, et dans l'esprit de tous, il y avait encore un empereur, patron de la 1ère superpuissance du moment, et il régnait à Constantinople et de là sur la moitié du monde connu.

Pour le reste, le changement militaire commence réellement au IIIème siècle ap JC: les "barbares" un peu partout commencent à changer. De grandes migrations amènent de nouveaux acteurs plus près des frontières romaines, l'empire lui-même connaît une crise grave (grosso merdo, entre les années 340 et 370), et l'accroissement démographique semble avoir été certain dans les Germanies, mais aussi dans une Perse (qui cesse d'être "l'empire parthe" pour devenir "l'empire perse", reflétant un changement de dynastie) qui change d'organisation et d'armée. Les peuples germaniques, celtiques et iranophones (Sarmates, Iazigues, Alains, Daces) qui peuple l'espace européen non romain se structurent en plus grands regroupements, qu'on appelle des "ligues" (et que l'historiographie des 2 derniers siècles nous a faussement fait voir comme des peuples): Francs et Alamans sont des populations tribales essentiellement germaniques et celtiques du Rhin qui ont toujours été là mais se regroupent de plus en plus sous ces noms génériques qui sont en fait des rassemblements temporaires pour des expéditions "militaires", qui devraient en fait être apparentées à des entreprises privées plus qu'à des peuples, des ethnies ou des ensembles culturels. Les Goths et Lombards sont des rassemblements similaires qui eux ont migré depuis les côtes de la Baltique sur des siècles, en passant par l'Ukraine.

Beaucoup de ces peuples ont eu des échanges importants avec Rome au fil du temps, Rome en a beaucoup constitué en petits royaumes qu'elle cofinance (et entretient dans sa dépendance) sur ses frontières, et une bonne part de leurs hommes ont souvent l'expérience des armées romaines, soit comme adversaires, soit comme employeur, soit les deux. Mais c'est l'organisation en grandes ligues, ainsi que des développements tactiques mineurs (un peu plus de ressources permettent d'augmenter la proportion de combattants qui a un équipement correct), qui permettent réellement de créer des groupes armés plus vastes, un peu plus organisés, et dangereux. Et c'est le développement démographique qui rend leurs expéditions, grandes et moyennes, et leurs harcèlement frontalier (petit mais partout et constant), de plus en plus fréquent dans le temps, et surtout simultanés: de plus en plus de points de la frontière sont menacés en même temps, laissant moins de marge de manoeuvre à Rome, et ce alors même que l'évolution de la Perse, la seule autre grande puissance en contact avec Rome, rend ses armées plus efficaces, vastes et agressives de façon constante.

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Si je veux pousser le bouchon juste pour taper sur les clichés que les manuels et la fiction nous ont enfoncé dans le crâne, je te dirais qu'elles ne l'ont pas été ou même que l'empire romain n'a pas fini, du moins pas avant 1204 et la prise de Constantinople par les chevaliers français et marins vénitiens de la IVème croisade. Ce qui est vrai. A l'époque où le petit Romulus Augustule a été déposé par Odoacre, soit en 476, c'est plus ou moins ce qu'on appelle "l'empire romain d'occident" qui a disparu. Mais depuis 50-60 ans, l'empire d'occident était une coquille de plus en plus vide, et quand le gamin a été envoyé à Capri par Odoacre qui refila les insignes impériaux d'occident à l'empereur d'orient, ce fut vécu comme un non événement absolu; l'empire n'avait pas cessé, et dans l'esprit de tous, il y avait encore un empereur, patron de la 1ère superpuissance du moment, et il régnait à Constantinople et de là sur la moitié du monde connu.

Pour le reste, le changement militaire commence réellement au IIIème siècle ap JC: les "barbares" un peu partout commencent à changer. De grandes migrations amènent de nouveaux acteurs plus près des frontières romaines, l'empire lui-même connaît une crise grave (grosso merdo, entre les années 340 et 370), et l'accroissement démographique semble avoir été certain dans les Germanies, mais aussi dans une Perse (qui cesse d'être "l'empire parthe" pour devenir "l'empire perse", reflétant un changement de dynastie) qui change d'organisation et d'armée. Les peuples germaniques, celtiques et iranophones (Sarmates, Iazigues, Alains, Daces) qui peuple l'espace européen non romain se structurent en plus grands regroupements, qu'on appelle des "ligues" (et que l'historiographie des 2 derniers siècles nous a faussement fait voir comme des peuples): Francs et Alamans sont des populations tribales essentiellement germaniques et celtiques du Rhin qui ont toujours été là mais se regroupent de plus en plus sous ces noms génériques qui sont en fait des rassemblements temporaires pour des expéditions "militaires", qui devraient en fait être apparentées à des entreprises privées plus qu'à des peuples, des ethnies ou des ensembles culturels. Les Goths et Lombards sont des rassemblements similaires qui eux ont migré depuis les côtes de la Baltique sur des siècles, en passant par l'Ukraine.

Beaucoup de ces peuples ont eu des échanges importants avec Rome au fil du temps, Rome en a beaucoup constitué en petits royaumes qu'elle cofinance (et entretient dans sa dépendance) sur ses frontières, et une bonne part de leurs hommes ont souvent l'expérience des armées romaines, soit comme adversaires, soit comme employeur, soit les deux. Mais c'est l'organisation en grandes ligues, ainsi que des développements tactiques mineurs (un peu plus de ressources permettent d'augmenter la proportion de combattants qui a un équipement correct), qui permettent réellement de créer des groupes armés plus vastes, un peu plus organisés, et dangereux. Et c'est le développement démographique qui rend leurs expéditions, grandes et moyennes, et leurs harcèlement frontalier (petit mais partout et constant), de plus en plus fréquent dans le temps, et surtout simultanés: de plus en plus de points de la frontière sont menacés en même temps, laissant moins de marge de manoeuvre à Rome, et ce alors même que l'évolution de la Perse, la seule autre grande puissance en contact avec Rome, rend ses armées plus efficaces, vastes et agressives de façon constante.

merci pour les explications  =)
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de fantassins médians polyvalents

meufeuf

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Ca c'est plutot de l'infanterie lourde (selon les critères de l'epoque vu qu'on faisait pas encore dans la plate complète)

La même en version médiane :

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(c'est bien une partie du role des auxiliaires)

et pour comparer de l'infanterie légère alliée (ici numide)

Image IPB

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Disons quand même que l'infanterie "lourde", pour moi, renvoie plus aux hoplites avec leur machin en bronze sur le dos et leur "hoplon" à la main (ou le fantassin macédonien post alexandrien, qui s'est pas mal alourdi), et surtout à un rôle de phalangite groupé, en pack dense, rigide, fait pour le statique ou l'avancée en ligne droite. Le légionnaire romain combat avec une épée et un bouclier pas trop lourd (strates de bois fines collées, avec quelques pièces de métal), après avoir lancé des javelots (nettement plus légers qu'un hoplon), en ordre plus espacé. La mobilité tactique est essentielle. C'est un fantassin de ligne, c'est sûr, mais la lorica segmentata telle que sur ton illustration ne date que de la 2ème moitié du Ier siècle, elle est plus légère que la lorica hamata (la cote de maille). Et le légionnaire, plus encore, est un soldat entraîné à plusieurs types de combats, apte à être aussi un fantassin léger, un fantassin "médian" allant en petits paquets agiles (et peu protégés) faire la guérilla dans les montagnes, à exercer plusieurs métiers (l'entraînement inclue arc, fronde et équitation, juste pour la note, même si ça n'en fait évidemment pas des vrais cavaliers ou archers).

Mais sa force dans la ligne vient de l'organisation en unités et sous unités coordonnées, pas d'un équipement particulier. Qu'on le classe "lourd" à partir du Ier siècle, pourquoi pas, ceci dit. Personnellement, je le compare plus aux hypaspistes d'Alexandre qu'à ses phalangistes.

En plus faut noter un détail sur la cote de maille qui est la cuirasse majoritaire des légionnaires, des guerres puniques à Auguste: la cote de maille peut être un truc très cher ou moins cher suivant la densité du "maillage" des anneaux de fer. Il semble peu probable que les légionnaires aient bénéficié des modèles lourds et denses des aristocrates gaulois (ou les espèces de véritables "pulls en fer" vus dans la série Rome), surtout vu leur impératif de mobilité et le poids qu'il devaient déjà trimballer sur le dos: leur protection devait plus reposer, à ce niveau, sur une cote moyennement dense et le gambison de cuir qui allait dessous, la cote arrêtant le tranchant des armes, le gambison absorbant une partie de l'impact.

c'est bien une partie du role des auxiliaires

D'après ce que j'ai lu sur le principiat, ici et là, c'est une méconception: les cohors peditata (cohortes de fantassins auxilliaires) et les fantassins des cohors equitata ne semblent pas avoir été équipées ou entraînées différemment des légionnaires, ni employées si différemment. Ce sont des fantassins polyvalents, moins chers (pas légionnaires, leur paie est inférieure), aptes aux mêmes choses jusqu'au niveau cohorte. De même, les loricas segmentata leur étaient accessibles, tout comme les légionnaires recouraient encore aux hamata, ainsi qu'aux squamatas (cuirasse d'écailles): la standardisation n'allait pas jusque là, et la mission, tout comme la région, influait beaucoup sur l'équipement qui était aussi, rappelons le, propriété du légionnaire qui avait une grande latitude de choix. L'idée d'une armée romaine super uniforme est une création de l'historiographie, des romans et du ciné.

Les "fantassins légers" sous l'empire, ce sont en fait les spécialistes, d'une part (archers et frondeurs, les premiers étant désormais équipés comme les autres pros de l'auxiliat, et peut-être quelques formations de javelinistes/vélites sur lesquelles il n'y a pas beaucoup d'éléments), et les socii ou fédérés qui envoient des contingents dans leur propre organisation avec leur propre équipement, en vertu de traités et contre paiement, qui sont des "numeris" grosso modo alignés sur des effectifs gérables et commandés tactiquement par leurs chefs, mais avec la présence d'un officier romain de rang équestre (quelque fois un centurion expérimenté agissant comme un préfet mais sans le titre).

En fait, il y a un problème pour moi dans ce terme "d'infanterie légère" pour ce qui concerne l'armée romaine du principiat et d'après, parce que le problème léger/lourd est décomposable:

- selon l'équipement: là, j'ai du mal à voir une énorme pertinence à ce débat vu qu'il semble que, pour ce qui concerne l'armée romaine professionnelle, les auxiliaires d'infanterie (hors spécialistes, même si pas mal d'unités d'archers semblent avoir aussi de l'équipement lourd) ne semblent pas avoir eu de différence notable d'avec les légionnaires, ni dans l'équipement ni dans l'entraînement. 

- selon le rôle dans un dispositif de bataille rangée; dans ce cas, la question lourd/léger le cède en grande partie à un débat infanterie de ligne (ou de bataille) vs infanterie spécialisée, mais aussi à un débat infanterie de manoeuvre à plusieurs échelons (de la centurie à la légion) vs infanterie de "petits paquets" manoeuvrant à 2 échelons (centurie-cohorte) au sein de son corps de bataille (les ailes), ou encore entre une "infanterie de centre" et une "infanterie des ailes".

Tel qu'il est souvent présenté, le terme "infanterie légère" (hors le cas des spécialistes qui sont en fait les "troupes de missiles") pour les unités de l'empire romain me semble largement sujet à caution, donc. Ce qui semble logique dans une armée aux effectifs somme toute pas énormes vu la taille de l'empire et l'éclatement des garnisons (même les légions ne sont pas forcément concentrées en une seule grande base): une polyvalence de fait, qui voit des fantassins légionnaires et auxilliaires battre les frontières en petites formations pas forcément couvertes de tout leur blindage, n'a rien de si choquant, même si évidemment, la majorité de l'effectif légionnaire semble plutôt jouer la réserve, donc garder un niveau de concentration permanente supérieur. Mais quand il y a concentration des forces pour une campagne "classique", au niveau de l'empire (expédition majeure), d'une zone ou d'une seule province, il semble que légionnaires et auxilliaires ont fondamentalement le même équipement, la même "lourdeur".

Un noyau incontournable d'infanterie de contact, lourde mais apte aux manoeuvres en formation plutot complexe.

Une pincée de cavalerie romaine plutot pas terrible

Et gravitant autour et faisant la basse besogne (archerie, frondeurs, eclaireurs, flancs gardes) des levées auxiliaires ou mercenaires variables selon les lieux et les besoins

Donnant tout ce qui est tireurs à distance (archers, frondeurs), infanterie légère (tirailleurs) ou médiane et cavalerie (manquant cruellement dans l''ordre des capacités romaines)

C'est justement cette vision qui pose problème pour moi, me semble de plus en plus illogique et qui semble pas mal remise en cause par beaucoup d'historiens. Evidemment ça dépend de la période, mais on parle plus ici de l'empire en général et du Haut empire en particulier. Cette vision d'une "basse besogne" me semble hautement contestable, tout comme la répartition des rôles dans une armée professionnelle où l'entraînement est standardisé pour tout le monde (hors spécialité), comme si le regard des commentateurs contemporains, et avec lui celui de l'historiographie pour l'essentiel faite de non militaires ou d'analystes reprenant les standards classiques, accordait par tradition la même importance au rôle de l'infanterie lourde (pas dans la bataille mais dans leur attention) qu'à l'époque ancienne, et surtout en reprise du standard grec: il s'agit d'une vision politique et culturelle, et non tactique. Et le premier à avoir rééquilibré cette vision dans les faits fut Alexandre, ou plutôt son père, qui relativisa l'importance de la Phalange (et en plus d'une phalange plus mobile, pensée et utilisée autrement) au profit d'une vision interarme plus complète et équilibrée, reposant sur des composantes diverses dont chacune avait un entraînement très poussé et une spécialisation considérable, ce qui remplaçait l'ancienne nomenclature des rôles en fonction de la fortune et du rang social. L'infanterie de ligne est l'arme du soldat citoyen, la star du monde gréco latin républicain ou démocratique, celle sur laquelle on met l'emphase moins pour des raisons tactiques que pour des raisons politiques et culturelles. Tant que les affrontements étaient entre cités grecques ayant les mêmes armées, le trip pouvait rester, mais les guerres du Péloponèse, leurs suites, et surtout la période macédonienne ont eu raison de ce regard au moins pour la réalité militaire de la chose, même si pas dans l'esprit et les valeurs des hommes du temps.

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  • 2 weeks later...

donc quelque part ,mon intérêt il y a peu pour l'armée Romaine et tombé en plein dans ta période "Légion Romaine et l'Armée Romaine "

Oui apparemment.... Mais ça vaut pas, je retombe très régulièrement dans les armées antiques, macédoniennes et romaines surtout  :lol:. Là, je suis en train de synthétiser beaucoup de choses, d'avoir un regard plus critique sur mes sources (ça se contredit tellement) et de revoir aussi certaines de mes certitudes. Je crois avoir un portrait plus cohérent de l'armée romaine et de son évolution.

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Oui apparemment.... Mais ça vaut pas, je retombe très régulièrement dans les armées antiques, macédoniennes et romaines surtout  :lol:. Là, je suis en train de synthétiser beaucoup de choses, d'avoir un regard plus critique sur mes sources (ça se contredit tellement) et de revoir aussi certaines de mes certitudes. Je crois avoir un portrait plus cohérent de l'armée romaine et de son évolution.

effectivement  =)

perso ,je me ferais bien des recherches sur les homme des TDM à l'époque Coloniale (Afrique ,Indochine ),connaitre mieux se qu'était leur vie ,organisation des unités ,etc ...

car quelque part ils se retrouvaient un peu dans la position des Romains dans la création de leur empire .et vu les distances ,il y avaient une grande part d'adaptation ,et d'autonomie qui devait ressemblé a se que les Romains devaient peut-être faire (je pose une question aussi en même temps  =) ).

d'ailleurs est-ce que chez les Romains ,il y avait des recherches sur les peuples qu'ils allaient rencontré ?

en gros ,on savait qu'ils faudraient combattre au départ ,mais qu'on pourrait assimilé (ou pas ) les peuples "colonisé" par la suite ,enfin avec se que l'on savait sur eux .

en gros est-ce qu'il y avait des Romains qui faisaient un peu à la "Gallieni" ?

bonjours le grand écart  :lol: ,mais sa peu peut-être permettre de voir des trucs et comparait  =)

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d'ailleurs est-ce que chez les Romains ,il y avait des recherches sur les peuples qu'ils allaient rencontré ?

en gros ,on savait qu'ils faudraient combattre au départ ,mais qu'on pourrait assimilé (ou pas ) les peuples "colonisé" par la suite ,enfin avec se que l'on savait sur eux .

en gros est-ce qu'il y avait des Romains qui faisaient un peu à la "Gallieni" ?

Attention à la tentation des parallèles: j'en fais moi-même beaucoup :-[, mais il faut savoir jusqu'où aller avant de risquer de fausser sa propre compréhension en voulant trop ramener à ce qu'on connaît. Là, la comparaison avec Galliéni est tout simplement impossible: autres temps, autres moeurs, autres sociétés (notamment leurs hiérarchies) autres conceptions de la guerre, de l'Etat/de la collectivité, autres buts de guerre, autres formes de conquête, autre rapport à la vie humaine et au terrain conquis.... Ca peut sembler la même chose, parce qu'au final, conquérir c'est prendre une autre terre, mais c'est tout: quand on s'intéresse à la façon de prendre et d'occuper, la comparaison doit s'arrêter là sous peine de passer à côté du truc.

ALors oui, les Romais se documentaient sur les régions visées, mais au final, ce sont des empiristes, et le renseignement ne peut être fondamentalement compris comme nous le comprenons aujourd'hui: toute proportion gardée, si un décideur actuel avait en main le package "rens" d'un décideur romain, il s'affolerait devant le vide d'informations :lol: et la superficialité des analyses. Les Romains regardent les groupes et dynamiques en place dans une zone (bref, les factions qui s'y trouvent), en ciblent certaines pour les soudoyer/clientéliser mais se lancent assez vite dans une zone, se contentant plus d'un niveau de renseignement purement opérationnel au fil de leur avance. Il n'y a pas de grand service centralisé de renseignement avant le IIème siècle (et il s'agit plus d'un réseau de rens interne, de messagerie confidentielle, de police politique et accessoirement d'ambassadeurs-espions extraordinaires): avant cela, ils collectent plus les récits et impressions de ceux qui vont dans la zone visée (commerçants, diplomates....), se fondent sur une littérature de voyageurs/explorateurs/commerçants qui est au final très très limitée à cette époque, interrogent qui ils peuvent.... Mais ils n'y passent pas beaucoup de temps: le romain avance.

Pour ce qui est de l'occupation: la mentalité antique est étrangère au concept d'assimilation, tout comme le polythéisme est étranger à toute forme de prosélytisme. Les Romains s'installent, obtiennent de gré ou de force l'implication d'une partie des élites (dont une certaine proportion obtient la citoyenneté romaine) et pour le reste, tout ce qui les intéresse est d'y implanter leurs activités et de prélever leur tribut, l'impôt impérial. Avec le temps, une zone pacifiée et romanisée par l'activité a tendance à commencer à s'acculturer, mais il ne s'agit pas d'une politique voulue. Ils peuvent cibler certaines choses, surtout certains cultes jugés problématiques (voire le cas du druidisme en gaule, ciblé comme emmerdement potentiel parce que l'institution est porteuse de la conscience identitaire au-delà des "nations" existant en Gaule), mais il s'agit là d'une activité de "police" préventive, ciblant des adversaires.

Mais l'occupation romaine est brutale dans ses premiers temps, et il faut souvent 2 à 3 générations avant qu'une nouvelle province retrouve un équilibre qui verra la population tendre vers Rome (pour la stabilité, le développement....) et commencer à en bénéficier, parce qu'au début, tous les abus possibles sont là, à commencer par des consuls et prêteurs avides. L'ouverture aux intérêts commerciaux romains est forcée, abusive et sans le moindre égard pour les locaux, sauf les factions "amies" de Rome, qui ont conclu un traité avec elle. Rome n'a pas de connaissance de la science économique (tout comme son époque en général) et se fout bien de savoir comment développer une province à long terme: il se trouve que ça finit toujours par se faire, mais ça ne veut pas dire qu'ils l'ont voulu: la conquête a quasiment toujours des motivations de court terme, il n'y a pas de "vision impériale" précise pour une conquête, sauf quelques exceptions (les Champs Décumates, par exemple). Le butin immédiat, le besoin de capital politique qui vient avec une guerre ou le besoin de taper un voisin remuant ou montant constituent l'essentiel des motifs.

La seule institution qui porte en elle quelque chose de comparable avec la colonisation telle que notre époque peut la comprendre est en fait l'armée qui, sous le principiat, est installée sur la frontière, sorte de "cordon" de romanité où l'Etat dépense beaucoup: une légion et ses unités auxilliaires, c'est une zone couverte de bases avec une grande au centre (celle de la légion), où les vétérans sont incités à s'installer (avec la donation en lopins de terres) et à devenir les notables de ces villes nouvelles. Autour d'un camp de légion, les suivants d'armée, les familles non officielles des soldats (interdits de mariage) s'installent aussi; des constructions y sont réalisées (Thermes, Théâtres, Arènes, Forums....) pour recréer la romanité nécessaire aux vétérans et à leurs familles qui s'accumulent vite. Ces zones sécurisées sont au coeur des nouveaux réseaux routiers (avant tout faits pour des buts stratégiques) et sont du coup des endroits de choix pour être des lieux d'échange au sein d'une province et avec les "Etats" et peuplades voisins, en plus de devenir des zones de stockage (toutes ces populations consomment), des centres administratifs (gouvernement de la province), des centres culturels et des lieux de productions "sophistiquées" (ateliers de la légion, artisans qui s'installent tout autour de ces garnisons

Rome a besoin de ces implantations, autant pour stabiliser les provinces, romaniser un minimum et rendre la vie supportable aux troupes d'occupation que pour éviter d'avoir un flot constant de militaires démobilisés cherchant à avoir des terres en Italie. Alors elle y consacre des efforts et entretient le statut des militaires qui peuvent devenir ainsi des notables locaux, et en tout cas bénéficier d'un niveau de vie élevé par rapport à leur zone d'implantation.

Mine de rien, une légion fixe, en un siècle, crée une masse considérable de vétérans.

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