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Russie et dépendances.


Messages recommandés

Il y a 1 heure, FATac a dit :

Quelqu'un a-t-il le pendant pour les origines de la russophilie en France ???

Parce que ce vieux machin n'explique pas le penchant russophile qui a conduit à l'affaire des emprunts russes, à l'hébergement de Russes blancs post-révolution d'octobre, à l'adoption du service "à la russe" sur les tables françaises, en lieu et place du service "à la française", à la renommée des entremets Francorusse (bon, ça, c'est du flanc), et à plein d'autres actions qui exposent un lien quasi d'affection des Français pour la Russie (notamment dans le monde économique et politique). Et très accessoirement, les russophobes que nous sommes censés être ont récemment choisi le pont Alexandre III, offert par la Russie à la France, pour honorer les convois funéraires de nos soldats tombés en service lors d'opérations extérieures.

La russophilie est une réalité mais in fine c'est la russophobie qui a gagné au 20éme siècle pour de bonnes raisons parfois (comme la méfiance tout à fait justifier contre l'URSS), parfois pour de mauvaise, (vision anglo saxonne du monde qui devient dominante chez nous, suivisme pro tazu...). Lorsque la France avait une autonomie stratégique réelle l'entente avec la Russie était importante, en tant que vassaux des tazus elle est inacceptable.

Modifié par nemo
précision, orthographe
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il y a 5 minutes, nemo a dit :

LA russophilie est une réalité mais in fne c'est la russophobie qui a gagné au 20éme siècle pour de bonne raisons parfois (comme la méfiance tout à fait justifier contre l'URSS), parfois pour de mauvaise, (vision anglo saxonne du monde qui devient dominante chez nous, suivisme pro tazu...). Lorsque la France avait une autonomie stratégique réelle l'entente avec la Russie était importante, en tant que vassaux des tazus c'est inacceptable.

C'est une opinion valable.

Pour autant, je ne la rejoindrai pas - sur aucun point.

Accordons-nous, alors, sur un désaccord et acceptons d'avoir des perceptions différentes.

Moi, je suis partisan de la pensée unique.

Révélation

Chacun la sienne !

 

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Il y a 2 heures, Wallaby a dit :

https://www.jstor.org/stable/3004165  (Raymond T. McNally, The American Slavic and East European Review, avril 1958)

Les origines de la russophobie en France : 1812-1830

Dans les deux secondes décennies du dix-neuvième siècle, l'image de la Russie présentée dans les écrits journalistiques français était inspirée par la peur. En particulier, pendant les guerres napoléoniennes et, de manière encore plus prononcée après l'avènement de Nicolas Ier sur le trône, les publicistes français ont lancé des campagnes anti-russes, qui étaient destinées à culminer plus tard au milieu du XIXe siècle comme l'une des causes catalytiques de l'alignement final de la France contre la Russie pendant la guerre de Crimée. L'objectif de cet article est de retracer les origines de cette russophobie dans les pamphlets français, les récits de voyage et autres ouvrages populaires sur la Russie, ainsi que dans les rapports diplomatiques, avant 1830. Pour les années critiques des relations franco-russes, 1819-15 et 1825-26, j'ai également utilisé les comptes rendus des journaux de l'époque pour retracer les racines de la russophobie. L'opinion traditionnelle est que la peur généralisée de la Russie en Europe occidentale a été causée par l'attitude et les actions de Nicolas Ier lorsque les révolutions libérales ont éclaté en France, en Belgique et surtout en Pologne en 1830... Cependant, nous verrons qu'une étude détaillée des écrits populaires en France de 1812 à 1830 nous oblige à modifier sérieusement cette opinion supplémentaire soutenue par la plupart des historiens concernant la montée de la russophobie au début du XIXe siècle. En octobre 1812, paraît l'un des ouvrages les plus influents de toute l'histoire de la russophobie : Des progrès de la puissance russe de Charles-Louis Lesur (1770-1849), fondateur de L'annuaire historique. Dans ce livre, Lesur a publié le tristement célèbre et très mal cité "Testament de Pierre le Grand". Napoléon Ier avait donné l'ordre de publier une série d'articles pour montrer que "l'Europe est inévitablement en train de devenir un butin pour la Russie". Ce "testament" a donc été publié par les soins du ministère français des affaires étrangères. Le "testament" fut à nouveau diffusé pendant la guerre de Crimée ; Napoléon III ordonna qu'il soit affiché sur les bâtiments publics de Paris et dans toute la France.- Adolf Hitler le fit rééditer pendant la dernière guerre. Il ne fait guère de doute que le "testament" était un faux. Harry Breslau dans l'Historische Zeitschrift (1879) a été le premier à le prouver.   

https://tass.com/politics/1419843 (10 mars 2022)

Lavrov fustige la déclaration de Mme Truss selon laquelle la Russie pourrait attaquer les États baltes

Selon Sergey Lavrov, la déclaration de Liz Truss est "tout à fait exemplaire de la culture, de la politique et de la diplomatie anglaises".

"C'est parce que les Britanniques ont écrit le faux testament de Pierre le Grand exactement de la même manière", a déclaré le ministre. "Cela va fondamentalement dans le même sens".

Eh bien là, Lavrov est pris en flagrant délit de fake news. Le faux testament n'est pas anglais, mais français ! Bon, en fait pour départager tout le monde, il est polonais :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Testament_de_Pierre_le_Grand

En 1797 Michel Sokolnicki, général polonais en exil à Paris, transmet un document en quatorze points, Aperçu sur la Russie, décrivant un prétendu « plan légué par Pierre » au directoire qui demeure cependant sceptique.

En 1812, Charles-Louis Lesur publie Des progrès de la puissance russe, depuis son origine jusqu'au commencement du XIXe siècle, reprenant les thèses de Sokolnicki et les prétendus plans stratégiques secrets de la Russie pour conquérir l'Europe.

Le pamphlet a servi de justificatif à la propagande anti-russe tout au long du XIXe siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale.

Sinon, détail de l'histoire peu exploré

Les Russes envahisseurs et occupants en France (1814-1818) Jean Breuillard, 47 p.

Des débuts difficiles :

"De Mézières, début janvier 1816, le commandant de la gendarmerie des Ardennes écrit au ministre de la Guerre: «Si les Prussiens se sont rendus redoutables au peuple par leur conduite, les Russes le sont plus encore. Ils vendent leurs distributions et se font ensuite servir à discrétion chez leurs hôtes; la consommation de l'eau de vie est telle qu'il est des hommes qui en exigent deux litres par jour; [ .. ] la plume se refuse à tracer tous les crimes qui se commettent dans les cantonnements. Nous sommes informés que dans l'arrondissement de Rocroy, les autorités sont insultées et humiliées dans l'exercice de leurs fonctions, les maires renoncent à leur mairie, le peuple émigre dans les campagnes, les femmes et les filles sont ouvertement attaquées et réduites à satisfaire la brutalité des soldats. Les mêmes désordres ont lieu dans l'arrondissement de Vouziers; des villages y sont laissés à la discrétion des cosaques et de la cavalerie russe. [ ... ] Combien [de préfets, sous-préfets et maires,-J.B.] ont été insultés, avilis, bafoués et même égorgés en essayant d'intervenir entre elle [i.e. la force militaire,-J.B.] et l'habitant? »"

Un suite un peu moins rude après un rétablissement brutal de la discipline par le commandement russe  et une fin un peu tendue pour l'occupant russe

https://revues.univ-tlse2.fr/slavicaoccitania/index.php?id=372&file=1

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Il y a 4 heures, nemo a dit :

La russophilie est une réalité mais in fine c'est la russophobie qui a gagné au 20éme siècle pour de bonnes raisons parfois (comme la méfiance tout à fait justifier contre l'URSS), parfois pour de mauvaise, (vision anglo saxonne du monde qui devient dominante chez nous, suivisme pro tazu...). Lorsque la France avait une autonomie stratégique réelle l'entente avec la Russie était importante, en tant que vassaux des tazus elle est inacceptable.

Ce n'est pas de la russophobie, c'est voir la Russie pour ce qu'elle est : un pays qui ne fait pas rêver d'une quelconque manière avec une pauvreté, une corruption, une absence de mœurs politiques décentes démentielles et ce avec un discours aux antipodes de la réalité présentant la Russie comme une victime de l'impérialisme américain, la défenseuse des opprimés, et un pays qui ne peut pas avoir tort quoi qu'il arrive parce que les antifascistes c'est eux. 

C'est oublier justement que l'URSS est surtout tombée pour des raisons internes (les dépenses militaires aidaient même à son maintien plutôt que sa ruine), que la Russie n'a jamais défendu d'opprimés et à la place plusieurs guerres modernes avec des méthodes que l'on peut qualifier de génocidaires (Tchétchénie, Marioupol) ou de simples crimes contre l'humanité (Alep), qu'elle est directement responsable de plus de conflits ces trente dernières années que les fameux impérialistes tazus, ou qu'elle a plus de fachos que l'ensemble des pays d'Europe de l'Est réunis (encore une fois, quand Wagner est soutenu par l'État, Sloboda n'a que 2% aux élections, l'équivalent polonais guère mieux, etc).

La russophilie et l'intoxication de l'opinion française par la propagande russe a bien plus de poids que ta prétendue "russophobie". Sinon on aurait pas autant altermoyé quant aux sanctions à prendre avec la Russie. 

Les Polonais, par exemple, savent parfaitement qu'il n'y a rien à attendre de la Russie poutinienne en-dehors du chaos, des massacres, de la guerre et des crimes.

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Il y a 5 heures, FATac a dit :

Quelqu'un a-t-il le pendant pour les origines de la russophilie en France ???

La montée en puissance de la Prusse et l'intérêt grandissant pour l'alliance de revers, surtout à partir de 1870 ?

Le sentiment d'être flatté par la francophilie des classes dirigeantes russes, qui parlaient français, donc perçues comme civilisées. La correspondance entre Voltaire et Catherine.

L'accueil fait aux émigrés pendant la révolution française ? Comme le duc de Richelieu, nommé gouverneur d'Odessa ?

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Il y a 4 heures, Benoitleg a dit :

Sinon, détail de l'histoire peu exploré

Les Russes envahisseurs et occupants en France (1814-1818) Jean Breuillard, 47 p.

Des débuts difficiles :

"De Mézières, début janvier 1816, le commandant de la gendarmerie des Ardennes écrit au ministre de la Guerre: «Si les Prussiens se sont rendus redoutables au peuple par leur conduite, les Russes le sont plus encore. Ils vendent leurs distributions et se font ensuite servir à discrétion chez leurs hôtes; la consommation de l'eau de vie est telle qu'il est des hommes qui en exigent deux litres par jour; [ .. ] la plume se refuse à tracer tous les crimes qui se commettent dans les cantonnements. Nous sommes informés que dans l'arrondissement de Rocroy, les autorités sont insultées et humiliées dans l'exercice de leurs fonctions, les maires renoncent à leur mairie, le peuple émigre dans les campagnes, les femmes et les filles sont ouvertement attaquées et réduites à satisfaire la brutalité des soldats. Les mêmes désordres ont lieu dans l'arrondissement de Vouziers; des villages y sont laissés à la discrétion des cosaques et de la cavalerie russe. [ ... ] Combien [de préfets, sous-préfets et maires,-J.B.] ont été insultés, avilis, bafoués et même égorgés en essayant d'intervenir entre elle [i.e. la force militaire,-J.B.] et l'habitant? »"

Un suite un peu moins rude après un rétablissement brutal de la discipline par le commandement russe  et une fin un peu tendue pour l'occupant russe

https://revues.univ-tlse2.fr/slavicaoccitania/index.php?id=372&file=1

Etant né à Vouziers... je m'inquiète! aurais je du sang russe dans mes veines???:angry:

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Il y a 2 heures, Heorl a dit :

 plusieurs guerres modernes avec des méthodes que l'on peut qualifier de génocidaires (Tchétchénie, Marioupol) ou de simples crimes contre l'humanité (Alep), qu'elle est directement responsable de plus de conflits ces trente dernières années que les fameux impérialistes tazus, ou qu'elle a plus de fachos que l'ensemble des pays d'Europe de l'Est réunis (encore une fois, quand Wagner est soutenu par l'État, Sloboda n'a que 2% aux élections, l'équivalent polonais guère mieux, etc).

La russophilie et l'intoxication de l'opinion française par la propagande russe a bien plus de poids que ta prétendue "russophobie". Sinon on aurait pas autant altermoyé quant aux sanctions à prendre avec la Russie. 

Les Polonais, par exemple, savent parfaitement qu'il n'y a rien à attendre de la Russie poutinienne en-dehors du chaos, des massacres, de la guerre et des crimes.

Propos pour le moins exagéré et très discutables...

Nous avons déja eu cette discussion sur le génocide de Marioupol (je suppose qu'il y a donc eu génocide à Mossoul?). Notons qu'on peut faire 2% et être soutenu par l'état ou l'inverse, et que Wagner ne me semble pas un groupe idéologiquement connoté, quand bien même certains de ses membres les plus éminents le soient. Le nombre de conflits suscités par la Russie est là aussi très discutable. Et le poids de l'intoxication russe en France me semble bien moindre dans ses conséquences (qui croira que c'est cette intoxication qui a décidé la politique de Macron?) que celui de beaucoup d'autres pays qui veulent certainement notre bien, mais fort commode à dénoncer. Quant à ce que savent les Polonais de la Russie de Poutine...

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Il y a 18 heures, Heorl a dit :

Ce n'est pas de la russophobie, c'est voir la Russie pour ce qu'elle est : un pays qui ne fait pas rêver d'une quelconque manière avec une pauvreté, une corruption, une absence de mœurs politiques décentes démentielles.

L'expression "voir la Russie pour ce qu'elle est", correspond pile poil avec ce que les experts appellent la "prémisse apologétique" qu'est la "naturalisation" de "l'image de l'ennemi" :

Le 08/02/2023 à 13:41, Wallaby a dit :

https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0022343389026002002

Russophobie finlandaise : l'histoire d'une image de l'ennemi

Heikki Luostarinen, Journal of Peace Research, Volume 26, Numéro 2, mai 1989

1. Le principal problème des interprétations psychologiques des images de l'ennemi est qu'elles proposent d'expliquer les phénomènes sociaux sur la base de résultats tirés d'études comportementales. Il s'agit typiquement d'explications circulaires où les constantes psychologiques (biologiques) sont présentées comme si elles étaient l'objet d'une action : elles "agissent", "demandent", "forcent"... Certains modèles sont fondés sur des prémisses apologétiques : ils cherchent à expliquer pourquoi une image de l'ennemi est "naturelle" et, ce faisant, deviennent partie intégrante de cette image. En même temps, ils mettent entre parenthèses toutes les formes d'identification et de communauté caractéristiques de l'homme (voir par exemple Lagerspetz, 1984 ; Statement on Violence, 1986).

-

Il y a 18 heures, Heorl a dit :

Les Polonais, par exemple, savent parfaitement qu'il n'y a rien à attendre de la Russie poutinienne en-dehors du chaos, des massacres, de la guerre et des crimes.

Je vois que tu as pris bonne note du texte de Bruno Drweski (2003) qui fait litière de cette idée que la russophobie polonaise serait "naturelle" : http://www.air-defense.net/forum/topic/19693-pologne/?do=findComment&comment=1608974

 

 

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Il y a 18 heures, Heorl a dit :

Les Polonais, par exemple, savent parfaitement qu'il n'y a rien à attendre de la Russie poutinienne en-dehors du chaos, des massacres, de la guerre et des crimes.

il y a 28 minutes, nemo a dit :

Cette conclusion de Heorl est limite raciste. Je n'imagine même pas ce qui sortirait si on se retrouvait vraiment en guerre. "L'identification de l'ennemi" a vraiment des effets catastrophiques sur notre capacité à examiner sereinement les choses.

Faut pas exagérer non plus. Il a pourtant bien précisé "russie poutinienne". C'est mieux que pire (genre russie Prigojienne) et mieux que rien (pur chaos), mais dans l'absolu, elle a quoi de bon cette russie là ? On peut en espérer quoi de positif, en particulier depuis février 2022 ?

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il y a 14 minutes, nemo a dit :

C'est pour ça que j'ai dit limite et pas franchement raciste. Et oui tu as parfaitement raison il y a plein de raisons de se méfier de la Russie poutinienne ou pas. Après tout tu as identifier l'ennemi.

L'ennemi ? Non. Juste un État qui se trouve avoir des ambitions à l'opposé de nos intérêts. Ce qui en fait un adversaire. Nous n'en sommes pas (encore) au stade de l'ennemi. 

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A un moment, quand tu prends partie dans un conflit ( sanction contre un camp et aide militaire de l'autre ), tu deviens acteur et donc participant à ce conflit.

S'imaginer que nos actions n'auront aucune influence sur les relations futures avec la Russie ( quel qu'en soit le dirigeant ) est de la naiveté et de la mauvaise foi.

Ce n'est pas parce que les politiques disent le contraire que nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. 

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il y a 52 minutes, jean-françois a dit :

A un moment, quand tu prends partie dans un conflit ( sanction contre un camp et aide militaire de l'autre ), tu deviens acteur et donc participant à ce conflit.

S'imaginer que nos actions n'auront aucune influence sur les relations futures avec la Russie ( quel qu'en soit le dirigeant ) est de la naiveté et de la mauvaise foi.

Ce n'est pas parce que les politiques disent le contraire que nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. 

Bien sûr, c'est l'évidence même, sauf à ce que le régime qui succède à Poutine se place en porte à faux total avec la politique de son prédécesseur et fasse même du refus de cette guerre le socle de son identité (style Allemagne post 45), ce qui me semble excessivement improbable en l'état. Donc, étant entendu qu'on aura, dans les années à venir, à faire avec soit Poutine, soit un type de la même trempe, il est très probable que nos relations avec la Russie demeurent exécrables. Mais on a considéré que le risque posé par une victoire de la Russie en Ukraine excédait largement les avantages tirés de notre coopération économique avec Moscou. Le problème de la position occidentale, c'est qu'elle ne parvient pas à manier de carottes. On arrive pas à avoir une position audible qui permettrait de laisser entrevoir à la frange modérée des élites russes, qui existe, un monde où la Russie retrouverai sa place dans le concert européen et, se faisant, on encourage ces gens à se dire que, perdu pour perdu et quitte à être un état paria quoi qu'il arrive, il vaut encore mieux gagner cette guerre. Mais je ne jette la pierre à personne car c'est une finesse de discours extrêmement difficile à doser, surtout quand le "camps" occidental se compose en réalité d'une myriades de nations et où chaque déclaration "molle" peut nous mettre en porte à faux avec nos autres alliés si elles sont mal interprétées. C'est le problème des alliances : pour proposer un "deal" aux élites modérées russes, il faut que ce deal soit crédible, ce qui n'est possible que s'il y a une forme de consensus côté occidental quant au fait qu'on réintégrera économiquement et politiquement une future Russie modérée. Or, ce consensus n'existe pas aujourd'hui. Et c'est pour ça que j'ai beaucoup critiqué les prises de position de Macron depuis 1 an (sur les garanties de sécurité, la nécessité d'intégrer la Russie dans l'architecture européenne, ect.), pas tant parce qu'il aurait tort dans le fond que parce que la manière dont il l'a fait était inaudible tant par les russes (car la France seule ne peut rien dans ce dossier) que par nos alliés, tant est si bien qu'on affaiblissait notre position dans notre propre camps sans faire avancer quoi que ce soit en Russie. 

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il y a 1 minute, Ciders a dit :

La frange modérée des élites russes ? Tu penses à quoi ?

A des profils comme Nabioullina, directrice de la banque centrale russe, qui symbolise assez bien toute une frange de la technostructure russe qui a toujours été partisane depuis 1991 de bons rapports avec l'Occident et d'une priorisation du développement économique. Ca regroupe aussi une bonne partie du personnel politique provincial, pas forcément ravi de l'impact économique de cette guerre, surtout quand le pouvoir central tente d'en faire porter le coût politique et financier aux autorités locales tout en limitant leur autonomie. Ce courant existe. Mais quand on ne propose à la Russie qu'un choix "la victoire ou le chaos et l'humiliation", cette frange n'a d'autre choix que de se rallier au parti de la guerre puisqu'elle estime (et je crois qu'elle a raison) que la meilleure chose qui puisse raisonnablement arriver à la Russie en l'état est qu'elle gagne cette guerre. Mais encore une fois, il était objectivement difficile de faire autrement de notre côté, la ligne de crête est excessivement fine, sans certitude que ce camps puisse réellement s'imposer même si notre drague marchait. 

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il y a 26 minutes, CortoMaltese a dit :

A des profils comme Nabioullina, directrice de la banque centrale russe, qui symbolise assez bien toute une frange de la technostructure russe qui a toujours été partisane depuis 1991 de bons rapports avec l'Occident et d'une priorisation du développement économique. Ca regroupe aussi une bonne partie du personnel politique provincial, pas forcément ravi de l'impact économique de cette guerre, surtout quand le pouvoir central tente d'en faire porter le coût politique et financier aux autorités locales tout en limitant leur autonomie. Ce courant existe. Mais quand on ne propose à la Russie qu'un choix "la victoire ou le chaos et l'humiliation", cette frange n'a d'autre choix que de se rallier au parti de la guerre puisqu'elle estime (et je crois qu'elle a raison) que la meilleure chose qui puisse raisonnablement arriver à la Russie en l'état est qu'elle gagne cette guerre. Mais encore une fois, il était objectivement difficile de faire autrement de notre côté, la ligne de crête est excessivement fine, sans certitude que ce camps puisse réellement s'imposer même si notre drague marchait. 

Je ne suis pas fan de la théorie de la technostructure politiquement neutre. En fait, je n'en suis plus fan depuis que j'ai eu accès à des biographies sérieuses sur Adam Speer et sur le livre de Tooze sur l'économie de guerre nazie. Parce qu'à ce niveau, il faut un minimum de politiquement compatible.

Ceci n'est en rien un point Godwin, je le précise.

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il y a 7 minutes, Ciders a dit :

Je ne suis pas fan de la théorie de la technostructure politiquement neutre. En fait, je n'en suis plus fan depuis que j'ai eu accès à des biographies sérieuses sur Adam Speer et sur le livre de Tooze sur l'économie de guerre nazie. Parce qu'à ce niveau, il faut un minimum de politiquement compatible.

Ceci n'est en rien un point Godwin, je le précise.

Je n'ai pas dit qu'ils étaient neutres, juste qu'ils étaient beaucoup moins partisans d'un affrontement avec l'Ouest que Poutine et son entourage proche (Patrouchev, Narishkin, Bortnikov et consorts). Il y a pas mal de preuves anecdotiques de ça, notamment par leur silence assez gênés dans les premiers mois de guerre. Ce n'est pas une caractéristique inhérente à une technostructure (ton exemple du Reich le montre) mais bien à la technostructure russe actuelle, qui s'explique notamment par le profil, le parcours de ces gens, et la situation de la Russie post 1991. Et Poutine, jusqu'à récemment, a laissé à ces gens d'importantes responsabilités et même une certaine liberté de ton, car ces experts géraient avec talent des parts importantes de l'économie russe. 

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Peut-être parce qu'en tant que techniciens, ils n'ont aucun droit à la parole dans des domaines réservés aux sphères du Kremlin.

C'était à peu près la même chose en ex-URSS. Vous pouviez esquisser une critique si vous aviez un réseau et/ou une stature mais interdiction de toucher aux fondamentaux, aux responsables du Parti ou au Parti. En tout cas, pas publiquement.

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https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230210-russie-afrique-la-nouvelle-tournée-fructueuse-de-sergueï-lavrov-sur-le-continent

Serguei Lavrov revient notamment avec un accord, en cours de ratification, d'un centre de logistique pour la marine russe au Soudan. C'est un pas important pour la Russie qui souhaite de longue date renforcer sa présence navale en mer Rouge.

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https://www.revue-ballast.fr/nastassja-martin-ou-commence-le-vivant-et-ou-sarrete-il/ (12 janvier 2023)

Les personnes que j’ai rencontrées au Kamtchatka n’ont aucun discours politique (au sens de « politisé ») sur le monde. Elles sont presque toutes acculturées à Poutine. Il n’y a aucune contestation politique. Les Even sont persuadés que Poutine est le meilleur président du monde, que la Russie ne fait pas la guerre mais qu’elle se défend. En Ukraine, il y a beaucoup d’autochtones qui se battent pour l’armée russe. Pourquoi ? Parce qu’on leur a tout enlevé. Pour un jeune homme de n’importe quelle nationalité autochtone en Russie, la seule voie de sortie de la pauvreté, allant dans le sens d’une intégration à quelque chose de plus grand que soi, reste généralement l’armée. Il y a donc une espèce d’aspiration de ces collectifs par l’État russe, par son armée. Personne n’en fait la critique. Dans les centres urbains et chez les intellectuels russes, oui, mais loin à l’est, dans des milieux plus précaires, non.

Pour revenir sur le Kamtchatka, quand j’ai commencé à y travailler, j’étais donc ravie qu’il n’y ait aucun discours politique formulé, mais que le collectif Even manifeste une forme de « subversion sans discours », non récupérée, non instrumentalisée, impliquant des choix de vie très concrets. Sauf qu’avec la guerre, et l’absence de réflexivité totale sur la situation, ma posture s’est sensiblement modifiée. Au début du conflit, j’ai eu mon ami Ivan au téléphone lorsqu’il est revenu en ville pour vendre des peaux. Ce qu’il m’a dit sur la Russie en Ukraine, je ne pouvais pas l’entendre. J’ai terminé la conclusion de mon dernier livre en me disant qu’une page se tournait.

J’ai trouvé un collectif qui avait fait les choix que j’imaginais : une reprise du dialogue avec les êtres du dehors, un resurgissement des histoires mythiques pour comprendre l’instabilité écologique, un réapprentissage des manières de rêver « avec d’autres » pour contrer l’appauvrissement des relations pendant toute l’époque soviétique. En réalité, c’était un collectif parmi d’autres, parce qu’il y en a plusieurs de ce genre en Sibérie. Cette rencontre m’a permis de stabiliser plus encore l’idée selon laquelle les structures politiques et étatiques, sous-tendues par les politiques d’assimilation des autochtones, peuvent être débordées. Qu’il y a des manières d’y répondre. À l’est des rêves, c’est ça. Seulement ça.

Pour résumer, l’assimilation en Russie est globalement passée par la conversion des autochtones à l’idée de « culture », quand, du côté américain, elle a été médiée par le concept de « nature ».

Il faut d’abord comprendre comment les Even ont été mis en boîte et instrumentalisés pour participer au projet socialiste soviétique, comment la diversité des formes, des cultures, a été utilisée au détriment des formes concrètes de relation au monde, avant de pouvoir saisir la finesse et la profondeur de leurs réponses. Très souvent, dans nos livres, nous reproduisons cet extractivisme culturel toxique, non seulement pour la pensée, mais aussi envers ceux qui ont rendu possible l’écriture. Lorsqu’on me demande : « Qu’est-ce que les Even ont à nous apprendre grâce à leur cosmologie ? », ou encore « Que peut-on retirer de leur culture ? », je me dis qu’une fois de plus, je me suis mal faite comprendre. Pas à pas, encore et encore, je réexplique ma posture, qui n’est pas simplement théorique mais politique et existentielle.

C’est ce que j’ai essayé de faire dans le dernier chapitre d’ À l’est des rêves, en décrivant la manière dont les Even s’adressent aux éléments et considèrent les transformations météorologiques.

https://www.editionsladecouverte.fr/a_l_est_des_reves-9782359251241

À l'est des rêves

Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich’in, Nastassja Martin a franchi le détroit de Béring pour entamer une recherche comparative au Kamtchatka. Pendant l’époque soviétique, les Even, peuple nomade d’éleveurs de rennes, ont été sédentarisés dans des fermes collectives. Après la chute du régime, beaucoup ont continué d’être les bergers des rennes qui ne leur appartenaient plus, les troupeaux étant aux mains d’entreprises privées. Depuis l’ouverture de la région en 1991, les anciens kolkhozes du Kamtchatka se transforment en plateformes touristiques.

En 1989, juste avant la chute de l’Union soviétique, une famille even aurait décidé de repartir en forêt, recréer un mode de vie autonome fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Était-ce une légende ? Comment un petit collectif violenté, spolié, asservi par les colons avant d’être oublié de la grande histoire s’est-il saisi de la crise systémique pour regagner son autonomie ? Comment a-t-il fait pour renouer les fils ténus du dialogue quotidien qui le liait aux animaux et éléments, sans le secours des chamanes éliminés par le processus colonial ? Quelles manières de vivre les Even d’Icha ont-ils réinventées, pour continuer d’exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l’extractivisme et du changement climatique ?

Dans ce livre, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d’assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l’autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones en restituant leurs puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité.

 

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Il y a 16 heures, olivier lsb a dit :

Sans rire, l'UE aurait interdit l'exportation de toilettes en Russie ??

On vit dans un monde Gorafi, j'espère que vous mesurez cette expérience unique à sa juste valeur 

 

- -

Il y a 3 heures, Alexis a dit :

Les toilettes avec chasse d'eau, encore une technologie de pointe que personne d'autre que des Occidentaux ne saura reproduire !

Moscou peut toujours essayer d'acheter ça chez les Chinois, ils n'y arrivent pas, n'ont pas su développer la technologie.

Un peu de contexte :

https://www.themoscowtimes.com/2019/04/02/indoor-plumbing-still-a-pipe-dream-for-20-of-russian-households-reports-say-a65049 (2 avril 2019)

Plus d'un cinquième des ménages russes n'ont pas accès à la plomberie intérieure, selon des statistiques officielles obtenues par le site d'information RBC mardi.

La Russie est en tête des pays développés avec le pire bilan en matière d'assainissement, selon l'ONG WaterAid, basée à Londres. Une estimation de 2012 citant des données officielles chiffrait à 35 millions le nombre de Russes dont les foyers ne sont équipés que de toilettes extérieures, soit environ un quart de la population.

Sur les 22,6 % de foyers dépourvus d'un système d'égouts centralisé, 16,8 % utilisent un système de tuyaux reliés à des toilettes à fosse, a indiqué RBC citant le service national des statistiques, Rosstat. Les 5,8 % restants sont totalement dépourvus de système d'égouts.

Dans les zones rurales de Russie, près des deux tiers n'ont pas accès à des toilettes intérieures, 48,1 % d'entre eux utilisent des toilettes extérieures et 18,4 % ne disposent pas d'un système d'égouts.

Seuls 9 % de la population urbaine russe ont déclaré ne pas avoir accès à un système d'égouts.

Rosstat a réalisé l'étude auprès de 60 000 ménages dans chaque région russe entre le 15 et le 29 septembre 2018, rapporte RBC.

Après avoir progressivement grimpé à 78 % en 2017, les dernières données indiquent que la part des ménages russes disposant d'une plomberie intérieure a légèrement diminué pour atteindre 77,4 % en 2018.

  • Confus 1
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