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FRANCE : 5° puissance économique?


SPARTAN
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il y a 53 minutes, Mistigun a dit :

Au moins ça montre qu'on commence peut-être à savoir gérer notre fric, ce qui doit plutôt être rassurant.

Ce n'est pas ainsi que cela sera vu au nord du continent. 2,6 % de déficit dans un contexte ultra favorable, car 2 % de croissance c'est pas loin du plafond que l'on peut espérer pour le pays, c'est plutôt mauvais signe. Cela signifie que l'on n'est pas en mesure de réduire drastiquement la dette en vue des prochaines secousses. D'ailleurs, sur 2017, la dette publique a continué à s'accroître et on doit en la matière être une exception sur la zone euro. Pour relativiser, la dette française s'est réduite sur les trois derniers semestre de l'année 2017... sachant que le premier trimestre de l'année avait été particulièrement mauvais.

 

il y a 15 minutes, loki a dit :

Ca signifie aussi que toute inversion de tendance sera très mal vue par nos partenaires et qu'il sera probablement conseillé d'avoir un déficit 2018 sous la barre des 2.6% 

A moins que les nouveaux déficits puissent permettent de financer des réformes lourdes. Exemple d'un truc qu'il était difficile à financer pour des raisons comptables : https://www.lesechos.fr/amp/53/2100353.php

 

il y a 7 minutes, Kiriyama a dit :

Est-ce qu'il y a des pays en Europe qui ont un déficit de... 0% ?

Par exemple : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/01/11/20002-20180111ARTFIG00102-l-allemagne-a-enregistre-un-excedent-budgetaire-record-en-2017.php

 

Modifié par Skw
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il y a 13 minutes, Skw a dit :

A moins que les nouveaux déficits puissent permettent de financer des réformes lourdes. Exemple d'un truc qu'il était difficile à financer pour des raisons comptables : https://www.lesechos.fr/amp/53/2100353.php

Avec un coût prévisionnel de 1 point de PIB, il faudra bien plus que la baisse 2017 ( 0.4 point de PIB ) pour compenser.

Le déficit 2018 prévu à 2.9 points de PIB (www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/11/22/20002-20171122ARTFIG00191-budget-2018-la-france-reste-parmi-les-mauvais-eleves-de-la-zone-euro.php  ) laisse peu de marges pour de telles politiques publiques 

 

 

 

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il y a 3 minutes, loki a dit :

Avec un coût prévisionnel de 1 point de PIB, il faudra bien plus que la baisse 2017 ( 0.4 point de PIB ) pour compenser.

C'était plutôt un exemple lancé comme cela, car il serait de toutes manières trop tard pour rendre effective une telle réforme sur l'année 2018.

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Il y a 2 heures, Kiriyama a dit :

Est-ce qu'il y a des pays en Europe qui ont un déficit de... 0% ?

Tu peux regarder cette carte (avec l'évolution de 2013 à 2016). J'ai pas trouvé 2017 mais à priori ca devrait ressembler à 2016 en encore mieux.

https://www.ouest-france.fr/europe/ue/les-deficits-publics-baissent-dans-l-union-europeenne-5275139

 

Modifié par Julien
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En tout cas pour la Suisse l'excédent fait polémique !

Citation

Suisse : l'excédent budgétaire qui met la classe politique suisse en émoi

La Confédération misait sur un petit déficit de 225 millions d'euros. Les comptes 2017 se soldent par un bénéfice de 4,8 milliards... qui font polémique !

A lire ici

Modifié par Kiriyama
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Pour se désendetter réellement, il faudrait surtout ne pas respecter les traités budgétaires européens. Le Portugal, qui le fait (un peu seulement, c'est dire), a chaussé les bottes de sept lieues :

https://information.tv5monde.com/info/portugal-un-redressement-economique-et-social-qui-prend-bruxelles-contre-pied-190588

L'orthodoxie économique est une plaie de ce monde...

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Oui mais ça ne va pas dans l'intérêt des puissants qui préfèrent l'endettement mesuré, le dégraissement et la revente des services publics et les profits qui vont avec. Donc... Avant qu'on ne suive le même modèle... 

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il y a une heure, Nicks a dit :

Pour se désendetter réellement, il faudrait surtout ne pas respecter les traités budgétaires européens. Le Portugal, qui le fait (un peu seulement, c'est dire), a chaussé les bottes de sept lieues : https://information.tv5monde.com/info/portugal-un-redressement-economique-et-social-qui-prend-bruxelles-contre-pied-190588

L'orthodoxie économique est une plaie de ce monde...

Etrangement, chez Capital, ils n'en font pas la même lecture : https://www.capital.fr/economie-politique/deficits-la-lecon-du-portugal-a-la-france-1237821 :laugh:

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Il y a 3 heures, Nicks a dit :

Pour se désendetter réellement, il faudrait surtout ne pas respecter les traités budgétaires européens. Le Portugal, qui le fait (un peu seulement, c'est dire), a chaussé les bottes de sept lieues :

https://information.tv5monde.com/info/portugal-un-redressement-economique-et-social-qui-prend-bruxelles-contre-pied-190588

L'orthodoxie économique est une plaie de ce monde...

L'erreur est de croire que le système mondial pourrait être réparé (supposant un dysfonctionnement...) par des rééquilibrages, sans toutefois comprendre que le déséquilibre perçu est sa nature même. La vérité c'est le Tout du monde, et cette vérité s'exprime chaque jour devant nos yeux pour qui regarde. Alors oui on peut se dire "le responsable c'est les banques et les zélites !" Mais un système ne peut être compris que dans son ensemble, et s'il est vrai que les banques et la circulation monétaire fiducière est aujourd'hui un élément clé du rapport de force et des transferts de richesses, ceux-ci n'ont pas été parachutés du ciel un 14 mai par un temps sombre et orageux, mais sont le produit d'une longue histoire qui contenait déjà en son sein tout ce déroulé qui n'a fait que se formaliser par des hommes faisant l'Histoire en tant que l'Histoire les avait produits.

On jette tout quand on se rend compte que les éventuels bénéfices apportés ne justifient plus les souffrances vécues. Chaque individualité le vit à son échelle dans des expériences concrètes et personnelles, et pour l'Humanité dans son ensemble le choix lui est présenté chaque jour un peu plus clairement:

  • ou bien elle continue à travailler pour rembourser des dettes et équilibrer des comptes de résultats, avec d'éventuels refuges dans la poésie, la discussion des armements dernière génération ou encore la pratique quotidienne du yoga bikram avec Sabrina la superbe professeur bobo (mais physiquement intelligente). Toutefois il faut en même temps accepter les guerres, la pauvreté, la pollution, les attentats et Cyril Hanouna.
  • ou bien elle jette toute cette folie, et se met à produire pour ses besoins et sa jouissance à vivre le monde ensemble.

Le choix est là et pas ailleurs. Le choix de la seconde option approche, mais est encore entravé par beaucoup de "oui mais c'est pas possible parce que l'Homme est fondamentalement mauvais tu sais", "oui mais comment on va faire sans argent?" , "oui mais blablabla" ... 

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Il y a 8 heures, g4lly a dit :

Sérieusement Capital ...

Ce que j'aime bien avec les publications de TV5 Monde et de Capital, c'est que l'on voit à quel point les lunettes que l'on prend modifient complètement l'analyse que l'on peut avoir d'un épisode. Dans le cas de TV5 Monde, on fait abstraction de la baisse radicale du taux de chômage connu par le pays depuis plusieurs années . Dans le cas du Capital, on fait abstraction au choc d'offres opéré sur les dernières années.

Soit dit en passant, dans les deux cas, on fait assez largement abstraction du contexte alors que l'économie portugaise est connue pour être fortement réactive aux tendances économiques européennes et mondiales. Dans les faits, il est donc difficile de déterminer à quel point les réformes en matière de droit du travail ont pu jouer sur cette réduction rapide du taux de chômage ou encore à quel point ce choc de demande a pu jouer sur la vitalité économique du pays. Par ailleurs, pas un mot sur cette fiscalité établie en 2009 et visant à dynamiser l'économie présentielle et de plus en plus pointés par les voisins européens comme une forme de fiscalité déloyale.

Sinon, j'ai particulièrement apprécié le ton sur les premiers paragraphes du papier de Capital... C'était touchant :tongue:

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On peut toujours apporter des nuances à tout constat ou analyse. Mais il faut quand même être assez culotté aujourd'hui pour affirmer que les politiques d'austérité qui sont tout de même très liées aux traités européens et surtout depuis celui de Maastricht, ont produit autre chose qu'une récession carabinée, là où elle a été très dure, et au mieux une stagnation, là où elle était moins cinglante, et des sacrifices totalement inutiles de la part des catégories de populations les moins aisées. Dire cela n'est pas prétendre qu'on peut dépenser tout l'argent qu'on veut sans jamais rendre de compte, mais simplement que la vision strictement comptable des politiques accroit les déséquilibres et n'est pas durable.

La politique menée par le Portugal aujourd'hui n'est pas un exemple de politique hétérodoxe car en effet certaines mesures prises auparavant ont été gardées, notamment les incitations fiscales, restant par là-même dans le grand dumping intra-européen, mais en matière budgétaire, elle reste intéressante bien qu'assez timide, puisqu'elle va à rebours des préconisations serinées par les orthodoxes, sur la ligne allemande, et que cela fonctionne plutôt bien. Mais pour qui connaît les mécanismes assez simples des multiplicateurs budgétaires keynésiens, ce ne devrait pas être une surprise.

Et puisqu'on est dans les nuances, il n'est pas question de dire que seule une politique économique tournée vers la demande peut apporter des solutions efficaces et durables. C'est aussi idiot que de faire l'inverse et de tout tourner vers l'offre. Et c'est pourtant ce dernier cas de figure qui a été appliqué et continue de l'être dans notre pays, entre autres. C'est bien pour cela que se réjouir d'une baisse très ponctuelle du taux d'endettement par rapport au PIB (qui ne veut d'ailleurs pas dire grand chose si l'on rapporte aux actifs nets d'un pays) , sur la seule base du chiffre, donc d'un critère comptable, alors qu'au même moment on continue de détruire des secteurs productifs ou de service nécessaire à une économie équilibrée, c'est un peu comme se réjouir que le régime moteur d'un avion est maintenu alors qu'il vient de perdre une aile...

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Juste parce que je savais pas ou le mettre ... mais intéressant.

La "social-democratie" devrait abandonner "l'austérite" et le "neoliberalisme" ... dans "le monde".

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/04/05/la-social-democratie-devra-se-reinventer-en-refusant-l-orthodoxie-economique_5280845_3232.html

Quote

« La social-démocratie devra se réinventer en refusant l’orthodoxie économique »

Bhaskar Sunkara, le directeur de la revue américaine « Jacobin », remarque, dans une tribune au « Monde », qu’aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne la social-démocratie vit une renaissance. Reprendre le pouvoir signifierait pour elle de faire face à des dilemmes qu’elle a déjà connus.

Le Monde | 05.04.2018 à 06h30 | Par Bhaskar Sunkara (Directeur de la revue américaine "Jacobin")

Tribune. En 1976, le premier ministre suédois Olof Palme présentait ainsi les deux voies qui s’ouvraient, selon lui, aux socialistes : « Soit ils retourn[aient] à Staline et Lénine, soit ils rejoign[aient] la tradition social-démocrate. » Mais au lendemain de la Révolution russe, le choix ne semblait peut-être pas aussi net.

Les sociaux-démocrates refusaient la dynamique révolutionnaire dans laquelle étaient engagés les bolchéviques ; ils s’accommodaient de la République démocratique comme forme politique. Mais, à de rares exceptions près, ils restaient idéologiquement marxistes et le socialisme demeurait leur horizon commun.

Un dogme économique rigide

Pour la plupart d’entre eux, cela signifiait une économie nationalisée où la tyrannie du marché aurait fait place à une planification rationnelle. Pour tous, très abstraitement, cela voulait dire lutter pour un monde qui ne connaîtrait plus l’exploitation de l’homme par l’homme et où les vies ne dépendraient plus des hasards de la naissance.

Dans l’entre-deux-guerres, les sociaux-démocrates ont fait ce qu’ils pouvaient dans l’opposition ou au sein de gouvernements de coalition. Ils avaient une vague idée de ce qu’ils voulaient accomplir, mais sans disposer des moyens d’y parvenir. Aucune entreprise, ailleurs qu’en France, n’a été nationalisée par des gouvernements sociaux-démocrates entre les deux guerres. On constituait plutôt des commissions à ce sujet, où les socialistes se confrontaient, pour la première fois, aux difficultés techniques qu’impliquait la construction d’une nouvelle économie politique.

Quand ils ont été au pouvoir, comme durant le premier gouvernement travailliste de Ramsay MacDonald, les partis sociaux-démocrates ont appliqué un dogme économique rigide : ils voulaient bâtir un avenir socialiste mais n’avaient aucune idée de la façon dont ils pourraient mettre le capitalisme au service des intérêts des travailleurs. Léon Blum a fini par se contenter d’« occuper le pouvoir » afin qu’il ne tombe pas aux mains des fascistes – l’« exercer », et qui plus est le « conquérir », n’était plus qu’un vieux rêve.

Le modèle dépendait de la croissance économique

Il a fallu John Maynard Keynes [1883-1946], un libéral pour qui les socialistes n’étaient rien d’autre que des idiots pleins de bonnes intentions, pour proposer des moyens de dompter le capitalisme. La méthode présentée dans sa Théorie générale devait permettre de créer de l’emploi, de garantir des investissements productifs et d’atténuer les crises. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, quand les élites politiques ont été discréditées, la social-démocratie (qu’elle fût au pouvoir ou influente dans l’opposition) a réussi à faire de la pensée keynésienne (parallèlement à celle de l’Ecole suédoise) une méthode de gouvernance.

On abandonna le projet de construire le socialisme à travers les nationalisations – en 1976, seuls 5 % de l’industrie suédoise appartenait encore au secteur public. Mais les résultats étaient indéniables. Le modèle Rehn-Meidner (du nom de deux experts économiques du syndicat suédois LO) alliait la puissance dynamique du capital et du marché à la force d’un mouvement syndical organisé et d’un Etat social-démocrate pour créer un système égalitaire.

« A travail égal salaire égal » a bénéficié aux travailleurs les moins bien payés et en particulier aux femmes, et tous jouissaient de loisirs et se voyaient garantir l’accès aux biens essentiels à une vie heureuse. On était loin de l’inaliénable « royaume de la liberté » dont avaient pu rêver les socialistes, mais jamais pareil système n’avait auparavant été mis en place.

Le modèle, toutefois, dépendait de la croissance économique. Quand celle-ci a connu un ralentissement et que les travailleurs, dans le même temps, ont cherché à réaliser davantage de profit, les chefs d’entreprise ont commencé à contester le compromis de classe et à suspendre des investissements. Le néolibéralisme – plus de flexibilité pour les employeurs et moins de régulation – a été l’un des moyens de résoudre la crise des années 1970. Les tentatives ratées pour reprendre le contrôle sur le capital-investissement en était un autre.

L’URSS a échoué d’une façon encore plus spectaculaire

En Suède, le système de négociations centralisées a commencé à s’effriter dans les années 1980. Durant la crise financière des années 1990, les politiques de plein emploi ont été abandonnées par les gouvernements sociaux-démocrates. L’Etat-providence s’est transformé à la suite des réformes ayant engagé la privatisation des secteurs clés de la redistribution.

En France, le Programme commun a été un dernier sursaut, comme pour ne pas laisser s’éteindre la lumière sans lutter, mais il n’est pas allé assez loin pour défier les forces alors dominantes. La social-démocratie s’est avérée être moins un système stable qu’un moment passager ; aujourd’hui, son déclin continu voit la politique de solidarité ouvrière remplacée par celle du ressentiment des populistes de droite.

Bien sûr, le système soviétique a échoué d’une façon encore plus spectaculaire. L’Union soviétique avait connu des avancées incroyables à ses débuts, et les pays qui s’étaient calqués sur son modèle étaient souvent capables (mais à quel prix !) de construire une industrie lourde et d’offrir à tous un accès aux biens de première nécessité. Mais au fil du temps, l’économie dirigée de l’URSS s’est enrayée et son système politique autoritaire ne risquait plus de faire beaucoup d’émules.

Quelques années avant l’assassinat d’Olof Palme (le 28 février 1986 à Stockholm) était déjà prononcé le décès à la fois du socialisme d’Etat et de la social-démocratie. Mais les sociaux-démocrates gouvernaient encore dans de nombreux endroits. Depuis le milieu du XXe siècle, ils avaient renoncé jusqu’à l’ambition de construire un ordre après le capitalisme, sachant qu’ils avaient échoué à injecter une certaine dose de socialisme en son sein. Les voilà contraints à présent, comme dans l’entre-deux-guerres, à essayer au moins de conjuguer mesures redistributives et orthodoxie économique.

Sanders et Corbyn offrent des solutions sociales

La « troisième voie » de Tony Blair et de Gerhard Schröder ne bénéficiant plus d’aucun soutien populaire, il serait surprenant que Jeremy Corbyn et Bernie Sanders obtiennent de nombreux appuis dans des pays aussi peu radicaux que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

A première vue, leurs programmes sont classiquement sociaux-démocrates puisqu’ils appellent à la décommercialisation de certaines sphères de vie comme la santé et l’éducation, qu’ils défendent de meilleurs salaires et des droits de négociation collective. Mais les méthodes qu’ils prônent pour y parvenir sont militantes. Sanders ne présente pas simplement un joli tableau du compromis corporatiste, il parle à la colère des Américains ordinaires : vous méritez mieux que ça, ce sont « les millionnaires et les milliardaires » qui sont les responsables, pas les immigrés et les minorités.

Sanders et Corbyn sont les survivants d’un monde politique disparu, mais leurs appels pourtant typiques de la « vieille gauche » ont remporté un succès démesuré auprès des jeunes. Il n’y a là rien d’étonnant. Le chômage des jeunes est au plus haut, nombre d’entre eux sont endettés et la majorité ne peut même pas s’attendre à jouir de la qualité de vie de leurs aînés. Sanders et Corbyn offrent des solutions sociales à ce qu’on nous présentait jusque-là, et depuis longtemps, comme des échecs individuels.

Or même s’ils réussissent, la nouvelle social-démocratie sera confrontée au même dilemme structurel que celui contre lequel a buté la première : elle dépendra de la rentabilité du capital en même temps qu’elle sera soumise aux tendances inflationnistes qui accompagnent la mobilisation des salariés et les politiques de plein emploi.

La résolution de ces problèmes nous obligera à choisir entre deux voies possibles : le retour à l’orthodoxie économique ou l’approfondissement d’une tradition démocratique socialiste plus radicale. Espérons que l’on suivra cette dernière.

(Traduit de l’anglais par Pauline Colonna d’Istria)

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2018/04/05/kevin-kuhnert-la-social-democratie-doit-renoncer-au-neoliberalisme_5280844_3232.html

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Kevin Kühnert : « La social-démocratie doit renoncer au néolibéralisme »

A l’occasion du congrès du Parti socialiste qui se tiendra les 7 et 8 avril, Kevin Kühnert, figure montante du SPD allemand, estime, dans une tribune au « Monde », que la social-démocratie ne survivra que si elle reconnaît ses erreurs et retrouve sa capacité d’indignation.

Le Monde | 05.04.2018 à 06h30 | Par Kevin Kühnert (Président des Jusos, les jeunes sociaux-démocrates allemands, ce diplômé en sciences politiques de 28 ans, a été, au début de l'anné...

[Les 7 et 8 avril, le Parti socialiste (PS) se réunira en congrès à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A cette occasion, le député de Seine-et-Marne Olivier Faure sera officiellement intronisé premier secrétaire. Il est arrivé en tête du premier tour le 15 mars, avant que sa victoire ne soit entérinée le 29 mars. Le 13e premier secrétaire du parti prend la direction d’une formation en pleine reconstruction après les lourdes défaites électorales de 2017. Alors que le PS cherche un nouveau souffle, Le Monde, dans ses versions papier et numérique, a donné la parole à différents intellectuels et acteurs politiques pour réfléchir à l’avenir du socialisme au XXIe siècle.]

Tribune. L’avenir de la social-démocratie reste à écrire. La perception qu’en a le public est peut-être profondément marquée par le déclin du Parti socialiste en France ou du Parti du travail (PVDA) aux Pays-Bas, ou par le fait qu’on ne trouve plus aucun parti de gauche, aujourd’hui, dans nombre de Parlements d’Europe de l’Est. Mais quand on brosse un tableau complet de la situation, on constate que la situation est plus compliquée qu’elle n’y paraît. On remarque par exemple les résultats électoraux éclatants du Parti travailliste britannique (Labour Party) et du PS portugais ; et d’autres partis sociaux-démocrates qui sont au carrefour des possibles, en Allemagne, en Autriche ou encore en Italie.

Lire aussi :   Kevin Kühnert, le frondeur du SPD

Tous peuvent se réclamer d’une tradition vieille de plusieurs décennies ; tous ont gouverné leur pays pendant de longues années, souvent avec succès. Ils ont construit des systèmes sociaux et organisé l’accès à l’éducation. Ils ont humanisé le marché du travail et conquis des droits pour les femmes. Ils ont assuré la paix et aidé l’Europe à resserrer ses liens. Bref : ils ont marqué de leur empreinte toute une époque de ce continent.

Empêtrée dans des débats sur le passé

Mais ils font aujourd’hui une expérience amère : on ne vote pas pour un parti au nom des réussites qu’il a connues par le passé, aussi éclatantes soient-elles. Les partis n’ont pas non plus vocation à la vie éternelle : leur utilité doit être justifiée à chaque instant. Or, depuis près de deux décennies, la social-démocratie a de plus en plus de mal à accomplir cette tâche. Çà et là, ses victoires lui ont coûté la vie et elle s’est empêtrée dans des débats sur le passé – sur son passé, sur les périodes où elle a exercé le pouvoir et sur son bilan politique.

« En clair : des leaders de la gauche politique en Europe ont proposé d’être désormais moins à gauche. »

Depuis la fin des années 1990, c’est une social-démocratie intérieurement déchirée qui doit mener ce combat. Déchirée, parce que les directions des partis qui la représentent ont décidé à cette époque qu’il fallait faire entrer dans une ère nouvelle ce mouvement politique fort d’une longue tradition. Le 8 juin 1999, Gerhard Schröder et Tony Blair présentaient leur texte intitulé « The Third Way » (« La troisième voie »). Leur thèse : en ces temps de mondialisation au cours desquels les processus politiques deviennent plus complexes et plus opaques, il faut trouver une nouvelle voie entre le néolibéralisme et la social-démocratie classique. En clair : des leaders de la gauche politique en Europe ont proposé d’être désormais moins à gauche.

Et c’est ainsi que toute une famille de partis s’est engagée sur la voie d’un changement fondamental de son programme. Ils ont dérégulé les marchés du travail parce qu’on leur avait expliqué que cela garantirait la compétitivité internationale. Ils ont privatisé des pans essentiels des systèmes publics de Sécurité sociale, parce qu’ils s’étaient eux-mêmes persuadés que les organismes privés étaient capables de mieux faire. Ils ont démantelé l’Etat en économisant sur le personnel et en supprimant beaucoup d’éléments que les critères de l’économie de marché faisaient paraître non rentables. En oubliant au passage que la performance historique de leurs partis avait précisément été de dépasser largement ce type de pensée-là. Bref : la social-démocratie a cédé au néolibéralisme, qui avait consacré des années à se creuser obstinément un chemin au cœur de la politique européenne, et qui apporte la même réponse à la quasi-totalité des questions qui se posent : le libre marché.

Réorientation fondamentale

Il est difficile d’évaluer aujourd’hui si un retournement politique de la social-démocratie est encore du domaine du possible. Nos Parlements se diversifient et il devient de plus en plus nécessaire de faire une distinction entre les mouvements politiques. On ne s’interroge pratiquement pas sur ces partis hybrides qui piochent leur idéologie dans des camps différents et dont la réflexion programmatique intègre par avance le compromis politique. Or c’est précisément ce profil que la social-démocratie offre aujourd’hui dans nombre de pays.

« Nous nous sommes laissé imposer l’agenda de l’extrême droite politique. »

Pendant un bon siècle et demi, sa force a été de maintenir des valeurs universelles dans un monde en mutation et de les rendre applicables en permanence, à la lumière du progrès technologique et social. Ce processus s’est arrêté et appelle une réorientation fondamentale. La social-démocratie doit trouver le courage de transformer ses valeurs intemporelles, l’égalité, la liberté et la solidarité, et une confiance en soi suffisante pour les faire entrer dans une ère nouvelle.

La pusillanimité des années passées a ouvert des failles que les populistes de droite, entre autres, ont su utiliser habilement. Lorsque la social-démocratie a cessé de parler de la valeur du travail et de la répartition de la richesse sociale, eux se sont mis à parler des réfugiés et des identités nationales. Nous nous sommes laissé imposer l’agenda de l’extrême droite politique. Et l’impression a fini par s’installer que les migrations et le retour au national étaient les sujets centraux de notre époque.

Retours de flammes sociaux

En réalité, les thèmes de la gauche politique n’ont pas changé et sont visibles de tous. Chaque jour les inégalités de répartition des richesses s’accroissent. De larges fractions des travailleurs n’en tirent pratiquement aucun profit, dès lors que les salaires réels sont en baisse et que la fiscalité du patrimoine est ridiculement basse. La numérisation implique un changement fondamental du monde du travail, mais à ce jour, dans la plupart des cas, elle ne bénéficie qu’aux employeurs à qui elle permet de contacter leurs collaborateurs à tout instant, de les surveiller et de rationaliser leur travail. Les organismes privés n’ont pas fait mieux que les publics et ont fait régresser nos systèmes de Sécurité sociale. Un nombre effrayant de personnes se porte plus mal aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Voilà autant de sujets sur lesquels la social-démocratie, dans un monde global, ne peut pas apporter de réponses purement nationales. L’Europe a besoin, avant même les élections européennes de 2019, d’une idée commune sur la manière de répartir plus justement notre richesse.

Beaucoup considèrent que l’on peut accepter la libéralisation de la société, qui constitue un point important aux yeux de la social-démocratie, pour peu qu’on leur promette qu’eux-mêmes et leurs familles ne seront pas broyés par l’engrenage. Si cette promesse n’est pas tenue, les retours de flammes sociaux tels que nous en connaissons actuellement risquent de se répéter. Tout est lié.

Lire aussi :   Allemagne : SPD, le grand désarroi

Le renouvellement de la social-démocratie repose sur deux piliers. Elle doit, d’une part, être prête à reconnaître et à corriger ses propres erreurs. Personne ne vote pour des gens qui croient tout savoir mieux que tout le monde, et personne ne s’attend à ce que nous ayons déjà des réponses à toutes les questions. Il lui faut, d’autre part, retrouver la faculté d’éprouver une indignation sincère face aux situations sociales injustes, capacité que beaucoup d’entre nous ont perdue avec le temps. La social-démocratie maîtrise aujourd’hui les décrets et les lois, elle a intériorisé le travail accompli dans les moulins que sont les ministères. Retrouver ce sentiment d’indignation est une partie indispensable de la tâche à accomplir. Nous avons aujourd’hui en grande partie perdu la vision émotionnelle de la politique sans laquelle la social-démocratie n’est pas pensable. Nous n’avons pas de produits à vendre : nous défendons les valeurs les plus nobles que nos sociétés aient à offrir. Il serait bon que l’on puisse voir de nouveau en nous la fierté de faire de la politique.

(Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni)

 

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une petite émission qui, a travers l'intégration du trafic de matières illicites dans le PIB, se penche sur ce qu'est le PIB et ce qu'il n'est pas... et un petit peu comment au nom de ce sacro saint critère on nous fait avaler des couleuvres (là c'est moi qui dit ça, sans doute parce que je suis un affreux gauchiste).

 

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il y a 36 minutes, rendbo a dit :

une petite émission qui, a travers l'intégration du trafic de matières illicites dans le PIB, se penche sur ce qu'est le PIB et ce qu'il n'est pas... et un petit peu comment au nom de ce sacro saint critère on nous fait avaler des couleuvres (là c'est moi qui dit ça, sans doute parce que je suis un affreux gauchiste).

 

Savoir que le PIB peut intégrer le calcul de l'économie souterraine n'a rien d'inédit ni nouveau. Le fil d'actu est effectivement un fil gauchiste et il y a une tendance à faire du sensationnalisme avec ça. Le gouvernement est ce qu'il est mais je doute qu'il va revendiquer un chiffre boosté suite à l'intégration de 10% d'économie souterraine.

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