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FRANCE : 5° puissance économique?


SPARTAN
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Le 25/02/2023 à 11:38, Bechar06 a dit :

Ce qui me préoccupe + c'est le déficit du commerce extérieur FR

 

Le 25/02/2023 à 13:07, Ronfly a dit :

Je constate qu'aucun homme politique n'attaque ce dossier : il y a pourtant beaucoup à dire, et trouver des objets de mobilisation de nombreux acteurs 

Alors qu'ils en reste au déficit public et à la dette publique  qui s'accumule 

https://www.douane.gouv.fr/actualites/les-chiffres-du-commerce-exterieur-de-la-france-mars-2023

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  • 2 months later...

https://www.leblogauto.com/actualite/le-vehicule-electrique-creuse-le-deficit-commercial-94656

En 2022, la production automobile hexagonale n'a été que de 1,38 million de véhicules. Dans ce lot, on compte 1 million de véhicules particuliers, et le reste en véhicules utilitaires légers. La chute par rapport à 2019 est catastrophique avec -35%. Surtout, la France ne représente plus que 8,5% de la production européenne et 1,6% de la production automobile mondiale. Le pays inventeur de l'automobile n'est plus que l'ombre de lui-même.

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  • 2 weeks later...
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13 hours ago, Bechar06 said:

ATOS à la dérive ... Rattrapée ... Airbus pense ( pensait ? ) se l'accaparer ...

 

J'ai commencé à suivre cette histoire il y a un certain temps et plus je lis, en particulier les opinions des analystes du secteur et des personnes qui connaissent bien Atos, plus je ne comprends pas cette préoccupation pour tout ce qui est "stratégique" ou qui mérite d'être nationalisé (avec l'argent des contribuables). Même les services les plus sérieux fournis par Atos ne sont pas révolutionnaires ou à forte valeur ajoutée. Il semble plutôt qu'ils soient assez banalisés et qu'ils fassent facilement l'objet d'un appel d'offres auprès d'entreprises alternatives. C'est sans parler de l'autre aspect de l'entreprise qui semble être le résultat d'un surpaiement pour l'acquisition de contrats d'affaires à faible valeur ajoutée d'autres entreprises. Atos semble être la définition de ce que Wall Street appelle une "entreprise zombie", mieux vaut lui donner une exécution rapide et propre que de gaspiller l'argent des contribuables pour une telle entreprise avec peu de perspectives réelles. À moins que vous ne soyez un politicien et que vous pensiez que cela vous permettra de gagner les faveurs d'une partie mal informée de l'électorat. C'est à la fois mon opinion et une distillation de tout ce que j'ai lu au cours de l'année écoulée de la part de personnes plus intimement familières avec Atos. On peut se poser des questions sur Thierry Breton, qui semble constamment changer de poste avant qu'il ne se soit écoulé suffisamment de temps pour que l'on puisse juger de ses performances, une stratégie qui a fait ses preuves dans les rangs des cadres supérieurs et qui permet de préserver un certain degré de réputation et une capacité continue à trouver de nouveaux postes bien rémunérés/profilés.

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il y a une heure, U235 a dit :

Même les services les plus sérieux fournis par Atos ne sont pas révolutionnaires ou à forte valeur ajoutée. Il semble plutôt qu'ils soient assez banalisés et qu'ils fassent facilement l'objet d'un appel d'offres auprès d'entreprises alternatives.

L'histoire de ATOS est celle de multiples rapprochement d'entreprises assez mineures ... Elle est devenue grosse de manière assez surprenante : cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Atos

Et justement elle est ( je ne sais trop comment ) devenue

 

"Supercalculateurs

Atos est le seul fabricant européen de supercalculateurs, face aux États-Unis, à la Chine et au Japon. Son centre de recherche et développement dédié est situé sur trois sites issus de l'entreprise Bull : aux Clayes-sous-Bois, dans les Yvelines , à Échirolles, dans l'Isère, et à Bruyères-le-Châtel, dans l'Essonne. Son centre de fabrication industrielle de supercalculateurs se situe à Angers.

En septembre 2015, Atos livre au Brésil un supercalculateur de classe pétaflopique, capable de réaliser jusqu'à 1 100 téraflops, soit 1,1 million de milliards d'opérations par seconde. Baptisé en l'honneur de Santos Dumont, le système est installé au Laboratoire national de calcul scientifique (LNCC) de Petrópolis et s'applique aux domaines de la météorologie, dynamique moléculaire et dynamique des fluides. Au moment de son installation, l'ordinateur est le 146e plus puissant au monde.

En 2018, Atos finit de livrer au CEA le supercalculateur TERA-1000, capable de réaliser jusqu'à 25 pétaflops, soit 25 millions de milliards d'opérations flottantes par seconde. Le système est destiné au programme Simulation du CEA, qui consiste à reproduire par le calcul les différentes phases de fonctionnement d'une arme nucléaire. Au moment de son installation, l'ordinateur est le 14e plus puissant au monde96.

En juin 2021, Atos livre le supercalculateur Belenos à Météo-France pour effectuer les prévisions météorologiques.

En novembre 2022, Atos livre le supercalculateur Leonardo, 4e mondial, au consortium universitaire CINECA (en) à Bologne"

Calcul quantique 

En novembre 2016, Atos lance un programme de recherche, baptisé « Atos Quantum », qui vise à développer une plateforme de simulation quantique permettant aux chercheurs de tester des algorithmes destinés aux futurs ordinateurs quantiques. Le programme s'appuie, pour ses grandes orientations technologiques, sur un conseil scientifique composé notamment du prix Nobel de physique Serge Haroche, du lauréat de la Médaille Fields Cédric Villani ou du lauréat de la médaille d'or du CNRS et du prix Nobel de Physique Alain Aspect...

Je suppose que ce sont ces métiers là qui sont "stratégiques"  ... J'ai fréquenté cette entreprise il y a + de 20 ans: elle n'avait pas d' "âme".... Depuis :

"Les acquisitions coûteuses de la décennie passée, sous la direction de Thierry Breton, mais également la vingtaine d'acquisitions plus récentes, sont remises en cause ; elles sont qualifiées de « fuite en avant » par une recherche de croissance externe sans que, réellement, l'ensemble de ces entreprises soient intégrées au groupe; elles auraient servi à masquer les difficultés du groupe. Cette « croissance à marche forcée » par le doublement de sa taille en une décennie n'a pas suffi, « le développement des activités d’avenir peine toujours à compenser le recul persistant des activités du passé » précise L'Usine nouvelle. L'infogérance avec son modèle vieillissant voit son déclin accéléré par le confinement; cette activité, en perte de vitesse et de marge, reste pourtant toujours le cœur d'activité d'Atos, même si la branche « big data et sécurité » (BDS) devient de plus en plus profitable" 

 

 

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Le 25/02/2023 à 13:07, Ronfly a dit :

Contribution au sujet :   L’interminable chute du commerce extérieur français : enjeux et perspectives

https://www.areion24.news/2023/10/12/linterminable-chute-du-commerce-exterieur-francais-enjeux-et-perspectives/

"Le déficit commercial français a atteint un niveau record en 2022, entrainant une perte de souveraineté financière et de revenu national potentiel qui fragilise le pays et qui impose une véritable prise de conscience des enjeux de compétitivité et d’attractivité.  ... Enjeux  ( à voir dans la référence )            Quelles perspectives ?

Pour les années qui viennent, la France va bénéficier des premiers effets positifs de la politique de l’offre amorcée depuis dix ans. Le rapport Louis Gallois de 2012 a ouvert une réflexion en France sur la place de l’industrie dans l’économie et dans la société, avec une véritable prise de conscience des enjeux de compétitivité et d’attractivité. On assiste depuis à une mise en cohérence graduelle des politiques économiques avec des objectifs de compétitivité industrielle : fiscalité avec le CICE, le pacte de responsabilité puis les baisses d’impôts de production, marché du travail avec les lois El-Khomri puis les ordonnances de 2017 et la réforme de l’apprentissage, soutien à l’innovation avec France 2030, énergie avec la relance du nucléaire… Certes, la France conserve plusieurs handicaps, notamment au niveau de la fiscalité de production et de l’accès aux compétences, mais cette inflexion permet d’observer une amorce de stabilisation de la base industrielle après plusieurs décennies d’érosion. Les principaux indicateurs que sont l’emploi industriel, le nombre de sites industriels, l’investissement, les annonces d’implantations se sont stabilisés ou bien augmentent depuis quelques années. 

Le rétablissement graduel de l’industrie intervient néanmoins dans un contexte de révolution industrielle, avec la transition écologique, et technologique, avec notamment l’IA et plus généralement la numérisation de l’économie. Il se fait également dans un environnement géopolitique qui favorise la recherche d’une plus grande résilience des chaînes de valeur, et dans certains cas, le rapprochement géographique de la production vers les lieux de consommation. De telles transformations sont de nature à rebattre les cartes de l’industrie mondiale, et interrogent sur l’adéquation des politiques européennes qui régulent l’industrie et les échanges commerciaux. Au niveau européen, la politique commerciale, tout en recherchant prioritairement l’ouverture, prend mieux en compte les enjeux de régulation des flux commerciaux pour assurer des conditions d’égalité de concurrence. Mais celle-ci ne semble pas en capacité de freiner l’arrivée massive de véhicules électriques fabriqués en Chine (certains sous marque européenne), ni de répondre à l’Inflation Reduction Act américain, qui est ouvertement protectionniste. En même temps, la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, dans son architecture actuelle, pénalise la compétitivité industrielle européenne. La crise ukrainienne a remis sur le devant de la scène la question de la sécurité d’approvisionnement et des prix de l’énergie, ceux-ci étant bien plus élevés en Europe qu’aux États-Unis. La régulation de l’IA et des données posent également de nombreux défis. Il y a un enjeu majeur à trouver au niveau européen le bon équilibre entre régulation, ouverture des échanges, concurrence et compétitivité industrielle qui ne soit pas pénalisant pour la France."

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  • 1 month later...
Le 02/09/2020 à 21:25, Bechar06 a dit :

J'écrivais en 2016

( le Commissariat général du Plan...  transformé en Centre d'analyse stratégique (CAS), créé en 2006. Le CAS a de nouveau été transformé en 2013 pour devenir "France Stratégie", administrativement appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), qui est une institution rattachée au Premier ministre.  ... Dont on n'entend jamais parlé ! )  

C'était à propos - exemple - des lignes  classiques de trains   TET http://www.developpement-durable.gouv.fr/Les-liaisons-ferroviaires-d.html  ( trains d’équilibre du territoire ) , fil "des-trains-grande-vitesse-utile-pour-un-pays"

Voilà que nous reviennent les trains de nuit ... et le Commissariat au Plan   

Pour en arriver ( enfin ) là,  on a payé très  cher "l'abandon de l'économie régulée"  il y a 20 ans... Cf. factures des conséquences des Subprimes, puis du Covid-19   ... 20 ans de confiance excessive aux "régulations du marché"  ( abandon partagé par Gauche et Droite, sur l'autel du ( néo ) libéralisme à tout crin ) et en ses acteurs de tous poils, dont pas mal de félons, encouragés par des appâts financiers immoraux  .... Comme si la cohérence pouvait résulter de la somme des intérêts particuliers, sans concertation entre les acteurs 

Voilà du pain sur la planche pour remettre l'économie, les secteurs et les acteurs en marche, avec cohérence ... Sans tomber évidemment dans l'économie dirigée et ses découragements 

On va peut-être enfin passer de la systémique subie ... ( que de constats de phénomènes systémiques, restants des constats passifs, après coup  ) et des cercles de réflexion collective avec une approche systémique recherchée et voulue

Je me permets de reprendre ici un POST de @TarpTent  sur le fil Ariane / ESA

http://www.air-defense.net/forum/topic/18169-arianespaceesa/?do=findComment&comment=1685942       Résumé succinct de TarpTent

Citation

Sur le discours d’E. Macron et France 2030, je pense que l’on aurait vraiment tort de se limiter à quelques phrases d’un tweet. 
Si (pour une fois) on peut laisser de coté les ressentis politiques, il y a beaucoup à analyser, critiquer - positivement ou négativement -, compléter, éclairer, débattre et démonter, parce qu’énormément de sujets sont abordés.
Par contre, pour ce qui est de la qualité de l’écriture, on sent que le discours n’a pas été rédigé et les yeux vont fortement saigner.
Pour les courageux qui liront tout, peu importe les sensibilités politiques, il y a énormément de matière à réflexion et à débat, si possible de manière la moins manichéenne possible.
Je le poste ici, mais ça aurait eu sa place dans 7 ou 8 fils de ce site, au moins pour alimenter les discussions.

Et son lien extérieur direct :    https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/12/11/point-detatpe-du-plan-france-2030-depuis-toulouse

L'ambition

Citation

D’ici 2030, le Président entend faire émerger les champions tricolores de demain qui accompagneront les transitions de nos secteurs d’excellence, tels que l’automobile, l’aéronautique ou encore l’espace, au profit de notre compétitivité et au service de notre souveraineté.  

Depuis le site d’Airbus de Toulouse, le chef de l’État a présenté le bilan des deux premières années de France 2030 mais également sa stratégie pour favoriser l’émergence d’innovations de rupture qui permettront de sécuriser l’accès aux matières premières et aux composants stratégiques, maitriser les technologies d’avenir et devenir les leaders du monde de demain

7 défis ont pour cela été lancés par le Président Emmanuel Macron : 

Accélérer notre décarbonation grâce au stockage d'énergies à moyen et long terme et au nucléaire innovant, dont la fusion ;

Explorer le potentiel de l'hydrogène ;

Développer les technologies de capture de carbone ; 

Cartographier nos ressources en métaux critiques ; 

Franchir un cap en matière de bioproduction et de technologies du vivant, notamment pour appuyer la découverte de nouveaux médicaments et soutenir la prévention en matière de santé ; 

Faire émerger des microcomposants pour le traitement massif des données IA ; 

Gagner la course de l'aventure spatiale.

Rôle du Commissariat au plan ( et de Bayrou ? bien discret sur ses fonction de titulaire  )  à la source de ce plan France 2030 ? 

Qui pour se farcir et résumer le contenu du discours du PR Macron ?  au delà de l'interpellation de TarpTent 

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Il y a 1 heure, Bechar06 a dit :

Je me permets de reprendre ici un POST de @TarpTent  sur le fil Ariane / ESA

http://www.air-defense.net/forum/topic/18169-arianespaceesa/?do=findComment&comment=1685942       Résumé succinct de TarpTent

Et son lien extérieur direct :    https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/12/11/point-detatpe-du-plan-france-2030-depuis-toulouse

L'ambition

Rôle du Commissariat au plan ( et de Bayrou ? bien discret sur ses fonction de titulaire  )  à la source de ce plan France 2030 ? 

Qui pour se farcir et résumer le contenu du discours du PR Macron ?  au delà de l'interpellation de TarpTent 

J’ai lu un peu en diagonale. Je ne sais honnêtement pas comment Macron fait pour donner autant de détails concrets sans notes. Il connaît toutes les boites, où elles sont, l’âge du capitaine etc... 

 

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il y a une heure, Julien a dit :

J’ai lu un peu en diagonale. Je ne sais honnêtement pas comment Macron fait pour donner autant de détails concrets sans notes. Il connaît toutes les boites, où elles sont, l’âge du capitaine etc... 

 

Il était banquier d'affaire. Il est rompu à l'exercice. 

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Il y a 1 heure, Julien a dit :

J’ai lu un peu en diagonale. Je ne sais honnêtement pas comment Macron fait pour donner autant de détails concrets sans notes. Il connaît toutes les boites, où elles sont, l’âge du capitaine etc... 

 

Il a 6 pages de note pile devant lui, il arrive même avec ^^

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  • 2 months later...
Citation

La Cour des comptes sonne l’alarme sur les finances de l’Autorité des marchés financiers

L’institution constate une situation financière « critique » à l’AMF, en évoquant des « erreurs » dans la gestion de certains projets.

https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/03/18/la-cour-des-comptes-alerte-sur-les-finances-de-l-autorite-des-marches-financiers_6222745_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default

 

Douce ironie ...

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  • 5 weeks later...

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/18/francais-de-confession-musulmane-la-tentation-du-depart_6228469_3224.html

Français de confession musulmane, la tentation du départ

Ces citoyens français « bien installés » sont banquier, fonctionnaire, professeur… Ils racontent leur malaise face à la défiance qu’ils pensent susciter, encore plus depuis le 7 octobre 2023, jour de l’attaque du Hamas en Israël. Et dénoncent une « atmosphère suffocante », une « assignation » ou encore un « immense gâchis ».

Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais croisés. Les mots sont pourtant les mêmes, les sentiments partagés, le désarroi, l’impuissance, l’amertume, la colère, la tristesse. Qu’ils aient 30 ans ou 70 ans. Banquier d’affaires, agent des services publics, ingénieur, professeur ou artiste, ce sont des citoyens français « bien installés », comme ils disent. De confession musulmane et d’origine arabe aussi. « Et ça, en France, c’est la double peine, d’autant plus depuis le 7 octobre 2023 [date de l’attaque du Hamas en Israël] », lance Ismail, 59 ans, peintre parisien.

Tous les prénoms ont été modifiés, aucun des témoins n’a accepté de parler à visage découvert. Trop d’ennuis potentiels à la clé, craignent-ils. S’ils ont la conviction que les pouvoirs publics, de nombreux médias et une partie de l’opinion se raidissent chaque année davantage à leur égard, l’attaque terroriste du Hamas en Israël marque, à leurs yeux, un nouveau tournant dans la défiance qu’ils pensent susciter.

Tous dénoncent des discours politico-médiatiques « insupportables » envers les musulmans, une atmosphère « irrespirable, suffocante », un « acharnement des pouvoirs publics » à leur égard. Ils parlent d’un « immense gâchis », évoquent un « déchirement » vis-à-vis d’un pays, le leur, la France, qui leur a « tant donné », qui les a « formés », pour finalement en faire « des citoyens à part », se désolent-ils, « des boucs émissaires sans cesse montrés du doigt », qui se heurtent, professionnellement, à un plafond de verre.

« Quoi qu’on fasse, quels que soient les efforts fournis, quelles que soient nos compétences, nous sommes assignés à nos origines et à notre identité confessionnelle et empêchés dans nos carrières », souffle Haroun, 52 ans, banquier d’affaires bordelais, diplômé d’une prestigieuse école de commerce, qui estime ne pas avoir eu la carrière qu’il aurait dû avoir.

« Les départs se comptent par milliers »

Certains ont la voix qui flanche lorsqu’ils confient leur attachement à une « République qu’[ils] aiment mais qui ne [les] aime pas », est aujourd’hui persuadé Youssef, 62 ans, fonctionnaire d’Etat et militant associatif, résident à Maubeuge (Nord). « Nos parents nous avaient dit que nous n’étions pas dans notre pays, que nous n’étions que des invités, mais nous n’avons pas voulu les croire. Or, aujourd’hui, force est d’admettre que nous ne sommes pas légitimes en France », poursuit-il.

Au point de songer à émigrer. « Il ne s’agit pas forcément de s’exiler dans un pays musulman, mais de choisir de vivre dans un pays où ils auront les mêmes opportunités que n’importe quel autre citoyen à compétences égales », observe Hanan Ben Rhouma, rédactrice en chef de Saphirnews, un site d’actualités sur le fait musulman. « Il y a toujours eu des départs pour faire sa hijra – retour en terre d’islam – mais ce n’est pas à cela que l’on assiste : aujourd’hui, il s’agit d’une émigration silencieuse de cadres moyens et supérieurs musulmans, qui, confrontés aux discriminations, à la présomption de culpabilité permanente et au plafond de verre, décident, dans la douleur, de quitter la France », décrit Abdelghani Benali, imam de la mosquée de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et enseignant-chercheur à l’université Sorbonne-Nouvelle.

Maroc, Emirats, Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni… Chacun d’eux compte, parmi son entourage, des amis ou des membres de leur famille qui ont déjà franchi le pas. Comme le racontent dans leur ouvrage La France, tu l’aimes mais tu la quittes. Enquête sur la diaspora française musulmane (Seuil, 320 pages, 23 euros), à paraître le 26 avril, Olivier Esteves, professeur des universités en civilisation des pays anglophones (université de Lille), Alice Picard, docteure en science politique, spécialiste de la gouvernance de l’islam (laboratoire Arènes), et Julien Talpin, chargé de recherche en science politique au CNRS (Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales, université de Lille).

« Il est très difficile de quantifier l’ampleur du phénomène, mais il est certain que depuis quelques années, les départs se comptent par milliers, peut-être même en dizaines de milliers », relate ce dernier, dont l’enquête sociologique s’appuie sur un échantillon quantitatif de plus de 1 000 personnes et 140 entretiens approfondis, dont 50 % de bac + 5 au moins. Tous ont quitté la France.

« Quoi que je fasse, je ne suis qu’un Arabe et un musulman »

Ismail et Haroun hésitent encore. Tout comme Samir : « Ma femme est médecin, elle est prête à partir, quatre de ses copines, généralistes et dermatologues, sont parties, elles ne sont pourtant pas voilées et ne parlent pas arabe pour certaines, elles sont au Maroc. Mais pour y faire quoi ? C’est le pays de nos parents, pas le nôtre, pas le mien, chez moi c’est la France. »

Samir a 39 ans, un master de sociologie en poche et quinze années de bons et loyaux services dans la fonction publique territoriale, dans le Nord. « J’y croyais à la réussite républicaine, martèle-t-il. J’avais tort, quoi que je fasse, ça n’est jamais assez. Mon nom est sorti dans la presse dans une affaire absurde de soupçons d’“entrisme communautaire” : quand on vit dans les banlieues, les gens pensent qu’on ne fait que foutre le bordel, et quand on en sort, on est suspecté de vouloir “infiltrer” la République. »

Samir en est désormais convaincu : son avenir en France est « fichu ». « J’ai tellement travaillé pour arriver là où je suis, mais quoi que je fasse, je ne suis qu’un Arabe et un musulman, se désespère-t-il. Depuis le 7 octobre [2023], je ne parle plus. On me soupçonne de tellement de choses déjà, je ne veux pas que l’on rajoute “antisémite” à la liste. Tout ça procède d’un climat de merde ! »

Dans le récit de ces citoyens français de confession musulmane, il y a un point de bascule – les attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et du Bataclan de 2015 – et un paroxysme – le 7 octobre 2023. Même s’ils évoquent des précédents de natures très différentes, ici ou ailleurs. Les attentats du World Trade Center, à New York, le 11 septembre 2001, qui ont « changé le regard des Occidentaux sur les musulmans », analyse Youssef. De ce côté-ci de l’Atlantique, la loi sur l’interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les écoles publiques, en 2004, et les attentats de Toulouse et Montauban perpétrés par Mohammed Merah, en 2012, qui « ont contribué à dégrader notre image », analyse Ismail, qui se sent « abandonné » par la France.

A leurs yeux, 2015 marque le début de la suspicion permanente « de la part des pouvoirs publics, au travail, dans certains cercles amicaux », décrit Ismail ; des injonctions à « s’exprimer contre, être contre », raconte Hanan Ben Rhouma, de Saphirnews ; « condamner dans la seconde haut et fort les attentats, les messages de haine sur les réseaux, le voile, l’Iran, le Hamas ou que sais-je encore », énumère Haroun, le banquier de Bordeaux ; et des justifications incessantes. Samir n’en revient pas : « J’ai été contraint de montrer à des gens des photos de ma femme en maillot de bain à la plage et de ma fille en train de faire de la gymnastique pour prouver que je n’étais pas un intégriste. Vous n’imaginez pas ce que c’est humiliant. »

« Il y a une accélération des départs depuis 2015 avec une montée du sentiment de stigmatisation post-attentats, confirme le sociologue Julien Talpin. De nombreuses personnes avec qui nous avons échangé, plus de 70 %, évoquent des expériences de discriminations directes mais beaucoup parlent d’une atmosphère, d’une ambiance dégradée qui fait peser sur eux une pression permanente qui les pousse à faire attention à tout ce qu’ils font, ce qu’ils disent… »

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« Nous sommes le fonds de commerce des politiciens »

Haroun, le banquier, se fait désormais « discret » et masque sa pratique religieuse. Au restaurant, avec ses collègues, pendant le ramadan, il commande une entrée et fait mine de la manger. « Nous sommes devenus des musulmans avant tout, dit-il. J’ai grandi arabe, aujourd’hui je suis arabo-musulman, nous sommes tous devenus responsables de la violence de quelques-uns. » Il songe à émigrer dans un pays anglo-saxon.

Pour imaginer quitter la France, il a fallu huit années « de petites et grandes agressions envers la communauté musulmane », juge-t-il. Entre 2015 et 2023, les « coups » portés « ne se comptent plus », tempête-t-il. « Le malaise et l’inquiétude ne cessent de croître au gré des discours et des débats politico-médiatiques qui cherchent constamment à construire un problème musulman », résume Hanan Ben Rhouma.

Qu’ils soient en accord ou non avec certaines décisions institutionnelles, ils soulignent un effet d’accumulation qui nourrit leur malaise. Dans le désordre, ils listent : la percée du vocabulaire d’extrême droite dans le débat public – « grand remplacement », « séparatisme », « zones de non-France » –, l’omniprésence des discours antimusulmans dans certains médias, principalement les chaînes d’information en continu ; en 2021, la loi « séparatisme » ; la même année, la « chasse » aux « islamo-gauchistes » dans les universités ; la dissolution, en 2020, du Collectif contre l’islamophobie en France ; les polémiques à répétition sur le port du voile ou le burkini ; à la rentrée 2023, l’interdiction de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires ; les fermetures de mosquées ; la disparition, à leurs yeux, de la lutte contre les discriminations des « radars des politiques » ; l’interdiction par la Fédération française de football des pauses lors des matchs pour rompre le jeûne pendant le ramadan ; les attaques, en décembre 2023, contre l’établissement scolaire Averroès, le seul établissement privé musulman sous contrat de France…

« Ça ne s’arrête jamais, nous sommes devenus le fonds de commerce des politiciens et des médias, observe Haroun, par ailleurs professeur dans une école de commerce. Je viens d’un milieu populaire de banlieue, je suis un transfuge de classe, j’ai toujours été opposé aux discours victimaires de mes copains d’enfance, convaincu que la République pouvait tout nous offrir à condition de le vouloir, mais aujourd’hui, je souscris à 100 % à leur discours. » L’adolescent qui s’entraînait à dire le mot « absolument » devant son miroir parce qu’il trouvait que ça faisait « chic et sophistiqué » ne décolère pas et encourage ses étudiants à quitter la France pour avoir « la vie et carrière qu’ils méritent ».

« Il y a toujours une barrière, mais elle est invisible »

A l’image de Mina, Toulousaine de 32 ans, qui craint que la pratique de sa religion ne lui nuise. La jeune femme, titulaire d’un master en informatique décisionnelle, porte le voile. Elle s’est vu refuser tant de postes, notamment dans la sphère commerciale, et donc au contact des clients, qu’elle s’est reconvertie : aujourd’hui, elle donne des cours particuliers de mathématiques. « Je me protège de beaucoup de choses dorénavant et notamment des chaînes d’information en continu que je ne regarde plus, dit-elle. Et je ne cherche plus dans la filière commerciale, même si personne n’a jamais été frontalement insultant, je sais très bien pourquoi je n’ai pas trouvé d’emploi dans ce secteur. »

Ahmed en est lui aussi convaincu. A 52 ans, ce cadre dans l’hôtellerie de luxe de la capitale est amer. Cela fait des années qu’il observe les stagiaires qu’il a formés monter en grade et lui, stagner. « Il y a toujours une barrière, mais elle est invisible, jamais personne ne me dit que c’est parce que je suis musulman et que je fais la prière », dit-il. « Plus personne ne nous traite de “sale Arabe” comme dans les années 1970 ou 1980, abonde Youssef, personne ne nous traite de “sale musulman” non plus, ni ne nous agresse, les mécanismes à l’œuvre sont bien plus insidieux. » Même si les actes antimusulmans restent présents.

« Ce week-end, les mosquées de Valenciennes et de Fresnes-sur-Escaut [Nord] ont fait l’objet de dégradations. Une mosquée des Vosges a aussi été prise pour cible. Je condamne fermement ces actes inacceptables contre nos compatriotes musulmans », déclarait le 30 mars sur X le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, alors qu’une enquête pour « provocation à la haine raciale » était ouverte après la découverte d’une tête de sanglier près d’une mosquée de Contrexéville (Vosges). Le service statistique de Beauvau ne communique aucun détail sur le nombre des faits enregistrés. « Tout ça relève d’une ambiance vraiment crade », commente Youssef, le fonctionnaire du Nord.

« Le politologue Gilles Kepel parle de djihadisme d’atmosphère et ils sont nombreux à l’écouter, nous, nous parlons d’islamophobie d’atmosphère mais personne ne veut nous entendre », souffle-t-il. Mais seuls ceux qui ont les moyens peuvent aujourd’hui prendre la décision de partir, dit-il. Un choix qui le désespère : « La France est en train de perdre beaucoup de talents qu’elle a formés. »

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