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Pourquoi les Cent-Jours ?


Suchet
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La situation: la France est en guerre pratiquement en permanence depuis 1792.

Napoleon a été exilé à l'île d'Elbe et la restauration a permis à Louis XVIII d'acceder au trône. Le roi est loin d'être populaire, mais il donne à la France une chance de récupérer après les guerres de la révolution et napoléonienne.

Puis, en Mars 1815 Napoléon est de retour, le roi Louis a pris la fuite et l'empereur est une fois de plus en guerre.

Sachant que les alliés et les royalistes reprendraient les armes, et donc que la guerre était encore inévitable; pourquoi les Français l'ont tout de même suivis ?

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Tout simplement que Louis XVIII était impopulaire ... Pas facile d'assumer la parenté avec un roi décapité par son peuple et l'étiquette d'émigré. D'autant plus, que Louis XVIII et ses ministres ont quitté la cour précipitamment*. Bref, il ne suffisait a Napoléon de prendre une place vacante ...

Mais je crois pas qu'il y avait autant de ferveur envers Napoléon,  c'était plutôt dans une sorte "indifférence". (Bien, qu'il est eu de l'agitation en Vendée)

* Tôt dans la matinée, un générale qui pensait rejoindre Louis XVIII, trouvait les Tuileries quasiment désertes. :P

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Moins qu'en aucun autre temps on peut parler d'opinion en France: le sud ouest et l'ouest sont assez anti-bonapartistes, mais là n'est pas tellement le point. En effet, la population a accueilli Louis XVIII avec soulagement en espérant surtout la fin de l'effort de guerre permanent, tant du point de vue économique que de celui de la conscription. Cependant, la Charte établie par le nouveau roi déçoit, de même surtout que le personnel gouvernemental et les élites locales qui reviennent, le tout étant résumé par la formule "ils n'ont rien oublié et rien appris". On sent venir diverses mesures (appliquées partiellement bien plus tard) comme la remise en cause de la vente des biens du clergé, le rétablissement de certains privilèges et l'indemnisation des émigrés (le "milliard des émigrés" qui n'arrivera en fait que sous Charles X). Plus encore, l'ambiance de la "Terreur Blanche" se profile déjà, suscitant autant de crainte que de ressentiment. Globalement, les nouvelles élites de tous niveaux apprécient peu de voir remise en cause la place qu'elles ont acquis; et le peuple craint beaucoup de choses, certaines de ces craintes étant justifiées (remise en cause d'acquis de la Révolution, négation de nombreux droits, répression locale....), d'autres non.

Il faut en effet aussi souligner les anticipations, manoeuvres d'agit-prop, effets boules de neige de radio rumeur et le téléphone arabe; dans une population, surtout urbaine, très agitée, ces choses font un effet boeuf.

Mais surtout, personne ne sait qui est Louis XVIII: on n'est pas dans la France d'Internet, mais dans une France rurale, avec une population peu éduquée. Et dans le cas des masses urbaines, l'éducation est souvent partielle, partiale, voire teintée d'idéologie. Beaucoup de rancoeurs subsistent, de haines recuites, de passions frustrées. Et Louis XVIII, personne ne sait qui c'est: il est en exil depuis plus de 22 ans!!! Et c'est pas vraiment un grand charismatique; qui plus est, il n'a pas fait de tournée nationale ni organisé de campagne nationale de publication et d'annonce pour rassurer.

Le pays est à plat, les loyautés inexistantes, l'appareil d'Etat peu royaliste (même s'il est souvent réaliste  ;)), la population assommée par la tension des 22 dernières années.... Mais les passions, les divisions, les idées subsistent. Là-dessus, on a un nouveau gouvernement fragile, instable, incapable d'assurer une majorité à une Chambre purement aristocratique dominée par les ultras. Alors que les besoins sont grands, l'inaction est faible, et surtout, dans l'état où sont le pays et l'Etat, le seul effort significatif ne peut logiquement que se porter vers le redressement des finances et le paiement des réparations aux alliés. Pas vraiment de quoi soulever une population qui n'apprécie déjà pas la défaite, même si ce sentiment est surtout celui de la jeunesse.

Enfin, il ne faut pas mésestimer l'agitation des milieux républicains et bonapartistes, amplifiée par la présence dans tout le pays des "demi-soldes", ces soldats de la Grande Armée dégagés par la monarchie, qui sont renvoyés dans leurs provinces par dizaines de milliers avec beaucoup de frustrations, l'honneur bafoué et le bagage bien léger.

L'agitation est déà certaine dans le pays quand commence à circuler la nouvelle que Napoléon est de retour: parce que lui, toute la France sait qui il est, contrairement au gros Bourbon qui rejette la Révolution en bloc, dont on n'entend parler que de loin, dont on sent peu les bénéfices de sa politique, et dont on ne peut que constater l'instabilité de son gouvernement....

Le Vol de l'Aigle est un fait bien réel, mais qui comme tous les grands événements, repose aussi sur une part d'arnaque et une part de malentendu: des agents préparent le terrain pour acclamer l'Empereur sur son passage, convainquent des personnages clés de se barrer ou de se rallier.... Mais il y a aussi la puissance du fait accompli: t'es pas bonapartiste, mais tout le monde a l'air de gueuler "vive l'empereur". Alors tu suis. Du coup, l'Ogre débarque à Golfe Juan, l'usurpateur remonte le Rhône, Bonaparte arrive à Lyon, Napoléon rallie l'armée et l'Empereur arrive aux Tuileries. Emballé, c'est pesé.

L'une des erreurs de ton interrogation, Suchet, est de parler des français comme d'un tout pensant au même moment, comme s'il y avait une opinion médiatique, qui plus est réagissant en temps réel: on est loin du compte, l'aventure ayant duré 3 mois, ce qui fait peu pour avoir un état de l'opinion clair, une disspation des malentendus mutuels.... Ensuite, une bonne partie des Français ne sait pas nécessairement qu'il y aura la guerre, surtout avec la nouvelle constitution de l'Empire (celle de Benjamin Constant) et les proclamations pacifistes de Napoléon: l'expertise géopolitique n'est pas précisément une compétence répandue. De plus, on ne sait pas si on parle nécessairement d'une majorité du pays; juste d'une bonne partie.

Au final, le moment est court: Louis XVIII, et surtout ce et ceux qu'il ramène d'exil, sont rejetés majoritairement. Napoléon cueille les fruits, et la brièveté de l'aventure a empêché de voir si l'opinion l'aurait accepté, même dans la paix, avec le temps (sans doute que oui, si la paix avait duré).

Comme Talleyrand l'a dit, "la Restauration a ramené avec elle les privilèges, elle n'a pas donné de génie aux privilégiés".

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  • 13 years later...

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