Historique : Le renseignement image

Le pays d’élection du satellite-espion d’imagerie est les États-Unis, qui furent les premiers à en lancer un, avec un premier retour d’images en 1960. Ces premiers satellites du programme Corona  utilisaient un film photographique qu’ils renvoyaient sur Terre en la plaçant dans une capsule. La capsule rentrait dans l’atmosphère, déployait ses parachutes et était récupérée en vol par un avion, ou en mer par un bateau. Ce système peut sembler archaïque aujourd’hui, à l’heure des communications haut débit et des appareils photos numériques, mais il perdurera sous diverses formes jusqu’en 1986. La mission du satellite durait quelques jours, le temps que tout le film soit impressionné. La faible durée de la mission n’était pas seulement un défaut : étant donné qu’on ne disposait des images qu’à la fin, une durée courte donnait des images récentes. De plus, les satellites étaient placés sur une orbite très basse pour pouvoir prendre des photos plus précises, et le frottement de l’atmosphère les faisait rapidement s’écraser sur Terre de toute façon.  En parallèle de ces missions d’imagerie, les USA lancèrent un système de détection de lancement de missiles balistiques à partir de 1960 (programmes Midas puis DSP d’alerte avancée).


Corona

En 1976, après avoir considéré envoyer une station habitée militaire, les USA lancèrent le premier satellite du programme KH-11. Ce satellite avait pour particularité de ne plus utiliser un film argentique, mais des capteurs CCD comme dans les appareils photos numériques modernes. Le système n’avait donc pas besoin de renvoyer les films dans une capsule, mais communiquait directement les photos au sol par liaison radio, et l’orbite choisie était plus haute, permettant au satellite de servir pendant quelques années. On pense que ces satellites ont beaucoup de points communs avec le télescope spatial Hubble. Les USA mirent également en place un réseau important de satellites de communication, qui pourraient être utilisés pour accéder aux images des satellites mêmes quand ils ne sont pas accessibles par une antenne au sol. En 1988, un satellite de reconnaissance radar de type Lacrosse fut lancé, apportant un complément aux programmes optiques. Les programmes les plus récents n’ont pas été déclassifiés, et donc peu d’information est disponible à leur sujet.

Le télescope spatial Hubble


Pendant la guerre froide, l’URSS développa également un programme de renseignement spatial, à base de films photographiques d’abord (satellites Zenit, à partir de 1961), puis de capteurs numériques (Yantar-4KS11, 1982) mais les satellites gardèrent une durée de vie courte de moins d’un an. Comme les USA, elle se dota de programme d’alerte avancée. Après la chute du mur, la Russie continua de lancer des satellites à film jusqu’en 2006, et se dota de satellites numériques à longue durée de vie (satellites Persona et Resurs).

Les satellites d’observations optique  et radar sont maintenant accessible à un grand nombre de nations grâce aux progrès dans les capteurs et les communications, et même au grand public à travers des sociétés comme spotImage (maintenant Astrium GeoInformation) en France ou DigitalGlobe aux USA. Certains satellites ont même un usage dual civil/militaire, comme Pléiades en France ou GeoEye aux USA. Néanmoins, tous ces satellites ne se valent pas, et n’offrent pas les mêmes capacités à leurs utilisateurs. Il faut donc comprendre leurs besoins pour savoir ce qu’ils attendent d’un satellite, et quels aspects techniques sont importants.

Pléiades (haut) et Geoeye 2 (bas), deux architectures proches