La production

[b]Le SUE dans la Marine Nationale[/b]. En 1974 le nombre d’avions commandé est ramené de 100 à 80. En conséquence la décision est prise de prolonger les « Crouze » et les IV P de la 16 F jusqu’en 1985. Le schéma industriel est particulièrement complexe. Mais il faut se souvenir qu’en 1974 les chaînes d’assemblage de Bordeaux-Mérignac sortaient 15 à 20 avions militaires PAR MOIS (Mirage III/V, F1, Super-Etendard …). Les vols de réceptions s’enchaînaient jour après jour pour le plus grand bonheur des spoters postés en bout de piste 05/23 qui voyaient voler des F1 sud-africains, des Mirage 5 libyens ou colombiens et les premiers Super-Etendard.
Bref les sous ensemble du SUE furent produits sur plusieurs sites de Dassault ou de ses sous-traîtants. Biarritz-Parme pour l’avant du fuselage, Toulouse-Colomiers pour l’arrière et le tronçon situé derrière le baquet pilote, Boulogne Billancourt fournissait les demi-voilures, Argenteuil le caisson central de voilure, Istres l’empennage horizontal, Hurel-Dubois à Vélizy, Latécoère à Toulouse et Reims Aviation participaient également au patch-work. Tous les sous-ensembles partaient ensuite à Mérignac où ils étaient assemblés sur la chaîne parallèle à celle des F1.

La tête de série vole le 25 novembre 1977 et en avril 1978 cinq options sont levées portant la commande ferme à 65 avions. Le 28 juin 1978 Benno-Claude Vallières pdg d’AMD-BA remet officiellement le n°3 à l’Amiral Lannuzel le Chef d’Etat-Major de la Marine. Le 1 et le 2 restent au CEV pour les essais d’intégration (rôle du Rafale M 1 aujourd’hui) le 3 et le 4 partent au CEPA à Istres (CEAM de la Marine) pour la rédaction des manuels de procédure. Dassault livre un avion par mois et dès le 24 novembre 1978 les n°3 à 7 participent à leur première campagne d’essais sur le Foch. L’arrivée du Super-Etendard signifie pour les deux bâtiments une refonte portant sur la modernisation des équipements de contre-mesure électronique, les ateliers, les soutes à munitions (stockage des Exocet et de l’AN 52).
En mai 1979 six nouvelles options sont levées et ce seront les dernières.

La première flottille opérationnelle est la 11F à Landivisiau le 4 septembre 1978. Puis viennent les « pirates » la 14 F qui abandonne ses Crusader pour être déclarée opérationnelle sur SUE le 1er juin 1979 toujours à Landivisiau. Enfin la 17F d’Hyères est déclarée opérationnelle le 5 septembre 1980. L’escadrille de transformation opérationnelle 59S lâchera-t-elle aussi ses IVM pour passer sur SUE en 1991. Dès lors la Marine dispose d’environ 45 SUE en ligne affectés en trois flottilles opérationnelles plus une escadrille dite de servitude.
[b]Tango Argentin[/b]. En juillet 1979 la junte argentine commande 14 Super-Etendard pour équiper la 2e Escuadra Aeronaval de Puerto Belgrano amenée à opérer sur le porte-avions 25 de Mayo en cours de refonte pour l’occasion. Les avions sont au standard Marine Nationale. Au propre comme au figuré les pilotes argentins sont des moustachus, ayant acquis une très solide expérience sur Skyhawk au sein de la 2e Escuadra Aeronaval. Ils représentent la crème de la Marine argentine et le prouveront en mai 1982.
Les appareils argentins :

  • 0751 marquage d’unité 3-A-201 n° constructeur 49 livré 13 mars 1981
  • 0752 marquage d’unité 3-A-202 n° constructeur 51 livré 13 février 1981
  • 0753 marquage d’unité 3-A-203 n° constructeur 53 livré 07 février 1981 détruit accidentellement le 29 mai 1996
  • 0754 marquage d’unité 3-A-204 n° constructeur 54 livré 13 mars 1981
  • 0755 marquage d’unité 3-A-205 n° constructeur 55 livré 13 mars 1981

Ces 5 appareils ont participé à la guerre des Malouines
Le 202 et le 203 attaquèrent le Sheffield ; le 203 et le 204 furent impliqués dans la destruction de l’Atlantic Conveyor.

  • 0756 marquage d’unité 3-A-206 n° constructeur 56 livré fin 1982
  • 0757 marquage d’unité 3-A-207 n° constructeur 68 livré fin 1982
  • 0758 marquage d’unité 3-A-208 n° constructeur 69 livré fin 1982
  • 0759 marquage d’unité 3-A-209 n° constructeur 70 livré fin 1982
  • 0760 marquage d’unité 3-A-210 n° constructeur 71 livré fin 1982 détruit accidentellement le 1er août 1989
  • 0761 marquage d’unité 3-A-211 n° constructeur 72 livré fin 1982
  • 0762 marquage d’unité 3-A-212 n° constructeur 73 livré fin 1982 détruit accidentellement le 11 décembre 1989
  • 0763 marquage d’unité 3-A-213 n° constructeur 74 livré fin 1982
  • 0764 marquage d’unité 3-A-214 n° constructeur 75 livré fin 1982

[b]Embrouille en Irak. [/b]En février 1983 alors que le régime de Saddam Hussein vient de passer commande d’une 5 ème tranche de 20 Mirage F1 EQ5 notamment prévus pour le tir de l’AM 39, l’Armée de l’Air irakienne sollicite le prêt de Super-Etendard pour familiariser les pilotes avec ce système d’arme complexe.
En mai 1983 cinq avions prélevés sur les stocks de la Marine Nationale sont expédiés en Irak jusqu’en 1985 date de l’arrivée des premiers Mirage F1 EQ 5.
Quatre appareils seront restitués en 1985 l’un d’entre eux, selon toute vraisemblance le n° 67 (c/n 81) ayant été détruit durant l’affaire.