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Hiroshima et l’Irak, sujets tabous


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USA – Censure

Hiroshima et l’Irak, sujets tabous

WASHINGTON (Reuters) — A l’approche du 60e anniversaire de l’utilisation de la première bombe atomique, certains experts des médias américains établissent un parallèle entre la censure exercée à l’époque sur les images des victimes et de la dévastation à Hiroshima et la couverture, aujourd’hui, de la guerre en Irak.

Dans un article publié cette semaine par Editor & Publisher, Greg Mitchell, rédacteur en chef de cette revue spécialisée, rappelle que dans les semaines qui ont suivi le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, les autorités américaines avaient saisi les bobines des films tournés par les militaires américains et les équipes des actualités japonaises.

L’objectif était alors d’empêcher les Américains de voir l’ampleur des dégâts infligés par ces armes «révolutionnaires», dont chacune a fait des dizaines de milliers de morts.

Le film en couleur de l’armée américaine fut classé secret et interdit de diffusion jusqu’au début des années 80. Il n’a jamais été entièrement montré. Le film des actualités japonaises, en noir et blanc, fut rendu aux Japonais à la fin des années 60.

Une chaîne de télévision du réseau câblé américain va finalement diffuser samedi certaines images prises dans les jours qui ont suivi le largage de la bombe, dans le cadre d’un documentaire présenté à l’occasion de ce 60e anniversaire.

«Même s’il y a évidemment d’énormes différences avec l’Irak, il y a aussi certaines similitudes», relève Mitchell, coauteur de l’ouvrage Hiroshima in America.

Eviter les représentations de la mort

«Le principal point de comparaison est qu’on maintient encore les Américains à distance des représentations de la mort, qu’il s’agisse de leurs propres soldats ou des civils irakiens», poursuit Greg Mitchell.

En mai, le Los Angeles Times a publié une étude sur la couverture de la guerre en Irak, sur une période de six mois, par six grands quotidiens américains et deux magazines.

Au cours de cette période, 559 membres des forces de la coalition, en grande majorité américains, ont été tués. Le Los Angeles Times n’a relevé quasiment aucune photo de ces soldats tués au combat et seulement 44 images des milliers d’Occidentaux blessés.

«Il y a un mélange de censure et d’autocensure. Alors que nous sommes dans une ère de l’information, nous ne disposons malheureusement pas d’une information honnête et factuelle», juge Yahya Kamalipour, professeur de sciences de la communication à l’Université Purdue d’Indiana et auteur d’un ouvrage sur la couverture de la guerre en Irak par les médias américains.

Le Pentagone interdit ainsi aux télévisions américaines de filmer les cercueils de soldats morts en Irak lorsqu’ils sont rapatriés aux Etats-Unis. Il poursuit également sa bataille judiciaire pour empêcher la publication de photos ou de vidéos du scandale de la prison d’Abou Ghraïb.

Certains observateurs évoquent également l’autocensure exercée par les responsables des diverses rédactions, qui jugent les images «trop choquantes» pour les lecteurs ou les téléspectateurs, ou pour se mettre à l’abri de toute controverse.

Ne pas prêter le flanc aux critiques

«Tant de médias sont la propriété de grandes sociétés qui s’intéressent davantage aux moyens de gagner de l’argent qu’à prêter le flanc aux critiques de la Maison-Blanche ou du Congrès», assène Ralph Begleiter, ancien journaliste de CNN et désormais professeur de journalisme à l’Université du Delaware.

En octobre 2004, Ralph Begleiter a demandé à la justice de contraindre le Pentagone à autoriser la diffusion d’images des cercueils revenant d’Irak.

En avril, le Pentagone a rendu publiques plus de 700 photographies toutes prises avant juin 2004. Pour Begleiter, il semble que l’armée a cessé de prendre des photos de ces cercueils afin de ne pas être contrainte d’en diffuser.

Le réseau de télévision ABC a, pour sa part, suscité une vive polémique en mai 2004 en diffusant, sans le moindre commentaire, les photos et les noms de 721 soldats américains tués en Irak.

Une société propriétaire de huit chaînes locales d’ABC a interdit la diffusion de ce programme, qualifié de propagande pacifiste par certains conservateurs.

Un mois auparavant, quatre civils américains avaient été tués à Fallouja et leurs corps traînés dans les rues et pendus sur un pont. La plupart des chaînes de télévision américaines n’ont pas diffusé les images. Sur les 20 plus gros tirages de la presse américaine, seuls sept ont choisi de mettre une photo en une.

En 1945, les responsables américains souhaitaient poursuivre le développement de la bombe atomique, puis des armes nucléaires sans risquer l’indignation de leurs concitoyens.

«Ils y sont parvenus, mais le sujet reste très sensible. Les Américains sont encore très divisés au sujet des armes nucléaires. On ne saura jamais quel aurait été l’impact des images, si elles avaient été diffusées, sur la course aux armements nucléaires et sur la prolifération nucléaire, dont nous souffrons et qui nous met en danger aujourd’hui», souligne Mitchell

Plus que la corrélation entre les deux conflits, il serait intéressant de surveiller la réaction des citoyens américains, et la couverture faite, en général, à cet événement historique.

En effet, devant la prolifération et la réactivation de projets militaires majeurs, basé sur « la Bombe ». Comment celle-ci sera-t-elle perçu ?! Comme un moyen « radical » et « nécessaire » pour abréger un conflits, voir sans prémunir. Ou comme, une arme « effroyable » et « inhumaine » qu’il faut bannir.

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Les questions autour du bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki HIROSHIMA (AP) - Tour d'horizon des principales questions autour du bombardement d'Hiroshima, le 6 août 1945. L'OPTION DE L'INVASION Les états-majors américains, à l'été 1945, envisageaient une invasion du Japon et de nombreux Américains pensent que les bombardements atomiques et la reddition consécutive du Japon ont rendu ce débarquement inutile, sauvant ainsi de nombreuses vies. Mais les estimations varient largement. L'historien Rufus Miles estimait en 1985 qu'une invasion du Japon aurait fait au plus 20.000 morts. Le gouvernement américain, en juin 1945 (avant Hiroshima et Nagasaki), tablait sur la perte de 43.500 GI's. Le secrétaire à la Guerre, Henry Stimson, écrivit pourtant en 1946 -après les bombardements atomiques- que les pertes américaines auraient pu dépasser le million, avec un nombre de victimes supérieur au Japon. D'après certains historiens, le Japon, anticipant un débarquement américain sur l'île de Kyushu, dans le sud du pays, y massait ses dernières forces. L'historien Richard Frank pense que les Américains avaient également envisagé un blocus du Japon, pour l'affamer et le pousser à la reddition, plutôt qu'une invasion. UNE DEMONSTRATION DE FORCE ? Les planificateurs américains avaient envisagé une démonstration de force, en faisant exploser une bombe au-dessus d'une région isolée -un essai nucléaire avant la lettre. De nombreuses objections furent rapidement soulevées: la bombe pourrait ne pas fonctionner; les Japonais pourraient amener des prisonniers alliés dans la zone de test; une explosion au-dessus d'une région inhabitée n'aurait pas un impact militaire et psychologique suffisant pour amener la reddition du Japon. Les planificateurs savaient que cette reddition n'était pas garantie. Les lettres et dossiers du président Harry Truman suggèrent qu'il avait de sérieux doutes. Mais les états-majors soulignaient qu'un tir au-dessus d'une ville permettrait au moins d'atteindre des objectifs militaires et psychologiques, même en l'absence de reddition inconditionnelle. LA CIBLE Les planificateurs américains s'accordaient sur le fait que la bombe devait viser un cible militaire légitime. Tokyo, déjà réduite en ruines par de nombreux bombardements classiques, fut écartée. Kyoto fut envisagée pour sa valeur symbolique -la ville fut longtemps la capitale de l'empire- puis rejetée en raison de son importance culturelle et symbolique. Hiroshima, de son côté, avait une longue histoire militaire. La ville abritait le quartier général de la Cinquième Division et de la Deuxième Arméee japonaise. La ville n'avait jamais jusqu'à présent été bombardée, ce qui montre qu'elle ne figurait pas parmi les principaux objectifs militaires américains. Elle manquait en particulier d'usines de matériels d'armements, une des cibles des bombardiers. En définitive, les Américains retinrent le fait que le pouvoir destructeur de la bombe serait facilement évalué sur une ville intacte. LES JUSTIFICATIONS MORALES Larguer une arme de destruction massive sur une ville fortement peuplée soulevait de graves questions de morale. Mais dans le contexte de la deuxième guerre mondiale, le bombardement de civils était devenue chose courante. Des dizaines de milliers d'entre eux avaient été tuées par des bombes incendiaires à Dresde (Allemagne) ou Tokyo. Reste que la mort de milliers de femmes, enfants et vieillards au Japon troublait profondément nombre d'Américains. L'amiral William Leahy, chef d'état-major auprès du commandant en chef de l'Armée et de la Marine, plaçait le bombardement atomique au même niveau que »le code d'éthique commun aux barbares des ères les plus sombres» de l'humanité. AP ll/v/Bg

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