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Messages posté(e)s par CortoMaltese
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il y a 3 minutes, metkow a dit :parfois il vaut mieux donner un bon coup en prenant des grosses pertes et de réaliser une percée que de perdre le même nombre d'unités dans des petites attaques sont conséquence.
On l'a bien vu a Adviika ou l'assaut inital des russes a été sanglant mais a permis de prendre pied, un contre-exemple serait l'assaut sur Vuldhar qui a été aussi sanglant mais sans pouvoir créer la rupture
Le problème, c'est qu'après Avdiivka, il n'y a rien eu, malgré les craintes de nombreux observateurs, dont moi. Pas de vrai momentum, pas de percée plus à l'ouest, et on est de retour à une bataille d'attrition 2 km plus loins avec les ukrainiens qui ont reconstitués un front cohérent et s'enterrent. Du coup, si le coup de boutoir initial n'est le prélude à rien, il faut le juger sur pièce, au regard du seul terrain conquis et du rapport de perte. Et à ce jeu, Avdiivka n'est probablement pas une grande victoire russe, elle l'est peut être moins encore que Bakhmout où les russes avaient pu échanger de l'infanterie de très faible valeur (Wagner) contre des soldats ukrainiens expérimentés à un taux avantageux pendant de longs mois, ce qui ne semble pas avoir été le cas à Avdiivka (non que les pertes ukrainiennes aient été légères pour autant), avec en prime des pertes blindées beaucoup beaucoup plus lourdes cette fois si. Ca aurait constitué une victoire en soi si la prise finale d'Adviivka avait entraîné ou la capture/destruction d'un nombre très important d'Ukrainiens (destruction des brigades qui défendaient la ville) ou le début d'une percée. Hors, on a vu ni l'un ni l'autre, et je reste donc extrêmement dubitatif sur les très nombreux assauts blindés débridés auxquels se livrent les russes depuis 1 semaines, sans gain notable et avec des pertes très lourdes au moins en terme de véhicule. Ca me semble aller à rebours de ce qu'ils semblaient avoir appris, et dans la droite ligne des échecs systématiques des deux camps quand ils ont essayés de constituer un "poing blindé" quelque part. Peut être ont ils crus que du fait de l'affaiblissement ukrainien, cette fois si ça serait la bonne, mais ils se sont trompés.
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Après, la question de la réponse à l'augmentation des protections balistiques reste pertinente. On a aujourd'hui des fantassins qui sont protégés contre la 5,56 y compris à courte distance sur le haut du torse et du dos, et avec les progrès faits en terme de légèreté et de souplesse des matériaux, il n'est pas impossible que la zone protégée continue de s'agrandir dans les années à venir. Si à la fin il faut systématiquement toucher la tête ou une jambe pour faire tomber le type en face, ça peut vite devenir compliqué. L'idée de dire qu'avec l'essor des optiques avancées (+ demain avec télémètre et IA) on peut sacrifier un peu de capacité d'emport pour en échange retrouver l'équation "1 balle dans le torse = hors de combat", ce n'est pas bête. Maintenant, je suis moi aussi sceptique sur l'intérêt spécifique de cette munition par rapport au 7,62.
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Le 31/03/2024 à 17:50, Lordtemplar a dit :je ne comprends pas qu'on evoque un possible retrait des US au sein de l'Otan.
Meme si Trump est elu, il ne pourra absolument rien faire.
Le Congres a deja anticipe cette question fin d'annee derniere avec une loi, National Defense Authorization Act, qui interdit a un president US de decider seul de quitter l'Otan. Vu que c'est une loi avec un support des democrates et republicains, il y 0 chance que Trump puisse faire ceci meme avec une cuisante defaite de Biden en fin 2024. Parce me si Trump est populaire il est tres loin d'avoir 2/3 du Senat et de la House of Representatives, ce qu'il est oblige d'obtenir pour changer cette loi.
Ceci dit meme si les US ne se retiront pas de l'Otan cela ne veut pas dire qu'ils interviennent forcement suite a une invasion de la Pologne. Ils peuvent se contenter d'envoyer de la vaseline aux Polonais avec une carte signee "Thoughts & Prayers" en reponse a l'article 5
À mon avis ça passe à côté du fond du problème : l'OTAN, comme toute alliance, n'est qu'un bout de papier. Ça n'engage que ceux qui y croient. Nul besoin de quitter formellement l'organisation pour, de facto, ne plus y participer. Non seulement rien n'oblige Trump à respecter les termes du traité, mais surtout l'article 5 est si flou qu'il peut tout à fait n'impliquer qu'une participation minimale (un peu de renseignement, quelques enablers). Le problème que pose donc Trump est celui de la confiance : en cas de guerre avec la Russie sous Trump, les USA s'impliqueront ils massivement et longtemps ? On peut en douter. Et à partir du moment où il y a doute, il y a danger, car l'ennemi comprend aussi bien que nous l'incetitude qui pèse sur la réponse américaine en cas d'attaque, et cela peut même le pousser à tenter sa chance. Si les choses continuent ainsi, je ne serais absolument pas surpris que le de débat sur la possession en propre d'armes nucléaires devienne très sérieux en Pologne par exemple.
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Lisez "Pensée et culture stratégiques russes" de Dimitri Minic. Ce genre de délires à propos d'armes "psychotroniques" capables de contrôler des gens à distance et que posséderait la CIA sont totalement banals dans les structures de l'état et de l'armée en Russie. Beaucoup y croient sincèrement. Ça permet de remettre les choses en perspective quand on tente d'évaluer la rationalité du comportement desdites personnes.
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Il y a 11 heures, Wallaby a dit :Alliance entre le gouvernement ukrainien et des indépendantistes tchétchènes :
Les jours suivant la reconnaissance ukrainienne de l’Itchkérie – nom donné à la Tchétchénie indépendantiste entre 1991 et 2000 –, les combattants pro-Kiev ont été ramenés à la dure réalité de la guerre : leur bataillon, qui porte le nom du premier président indépendantiste, un ancien général soviétique tué par un missile russe en 1996, a été déployé, samedi 22 octobre, dans les environs de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, où se déroulent depuis le mois de juillet des combats de très forte intensité.
https://fr.wikipedia.org/wiki/République_tchétchène_d'Itchkérie
Le 18 octobre 2022, le parlement ukrainien adopte une résolution reconnaissant la république tchétchène d'Itchkérie comme un territoire « occupé temporairement par la fédération de Russie », un vocable que l'Ukraine emploie également pour parler de ses propres territoires annexés ou occupés par la Russie dans le cadre de la guerre qui l'oppose à cette dernière.
ça t'arrive de temps en temps de ne pas être le relais servile de la désinformation russe via des demi-vérités mélangées à d'énormes mensonges ? par exemple, en évitant de lier la présence d'indépendantistes tchétchène côté Ukrainien à l'attentat actuel, alors que tout pointe vers un truc parfaitement indépendant et extérieur à l'Ukraine, n'ayant même aucun rapport direct avec la Tchétchénie ? Je sais pas, la Russie est en train d'essayer de faire passer un attentat islamiste commis par la branche de l'EI en Asie centrale pour un truc vaguement lié à l'Ukraine contre toutes les évidences, et toi la seule chose que tu trouves à poster ce sont des articles sur la présence de Tchétchènes en Ukraine. Non pas que l'information soit fausse stricto sensu, mais ça n'a juste aucun lien direct avec notre affaire, sinon avec l'idée derrière la tête de faire jouer la petite musique "oui ce que dit le Kremlin est faux, mais ça pourrait être vrai dans l'absolu car, regardez, l'Ukraine héberge des djihadistes !!!!!". Encore une fois, mis à part, la volonté de jouer l'avocat du diable contre toutes les évidences au détriment d'une nation menacée de mort et luttant pour sa survie, j'ai du mal à saisir la motivation.
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L'EI a revendiqué d'après Wassim Nasr (donc source fiable à priori)
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Le design traditionnel des chars de batailles n'est-il pas totalement dépassé face aux nouvelles menaces, notamment celles liées aux drones ?
Le char d'aujourd'hui est une grosse bête avant tout pensée pour résister autant que faire se peut, de face, au feu d'un autre char. Forcément, si vous voulez résister à un obus flèche moderne de 120/125mm, il faut une quantité ahurissante de blindage, qui ne peut donc être appliqué que sur la face avant, et en conséquence négliger pas mal les côtés, l'arrière, et surtout le toit.
En réfléchissant aux RETEX d'Ukraine, il me semble que le char de demain devra adopter une architecture totalement différente. En effet, on constate que les affrontements Char vs Char sont excessivement rares. A l'inverse, le gros des destructions proviennent de FPV, ou de drones largueurs, ou d'ATGM. La plupart du temps, le char n'est donc pas touché sur sa partie la plus protégée, et il n'est surtout pas touché par une munition cinétique puissante et ultra rapide mais par une charge creuse subsonique.
A mon sens il faudrait :
1) Un blindage relativement homogène sur toute la surface du Tank : On abandonne l'espoir de résister à un tir direct par un char, risque qu'on assume, pour offrir en contrepartie une protection minimale au véhicule peu importe l'angle d'attaque. Cela doit évidemment être combiné a du blindage réactif de partout et des grilles anti-FPV/Roquettes réellement englobantes et prévues d'origine, plutôt que les bricolages assez peu efficaces qu'on observe actuellement en Ukraine.
2) Un système de défense active multi-menace, qui doit être capable de traiter le très lent (les drones FPV) et le raisonnablement lent (les ATGM subsoniques). Peut-être est il rentable de différencier les deux systèmes : une tourelle automatique (avec de l'IA) pour traiter les menaces FPV, un système hardkill comme Trophy pour les menaces ATGM/Roquettes.
3) Une tourelle sans équipage, ce dernier devant être placé en caisse. Cela afin d'avoir la tourelle la plus petite possible, et donc la moins lourde. De ce côté, le T-14 allait conceptuellement dans la bonne direction.
Bref, dans ce scénario, on accepte une vulnérabilité accrue face aux autres chars, en l'échange d'une protection très augmentée contre tout le reste. C'est pour ça que, lorsque je vois le MGCS avec sa conception très classique, il me semble en fait assez anachronique face aux RETEX ukrainiens.
On peut même prolonger la réflexion au niveau de son armement : Une partie au moins des chars ne devraient ils pas abandonner leur gros canon anti-char pour un mixte semblable à celui du BMP-3, mélangeant un canon moyenne pression (par exemple le 105 de l'AMX-30RC) et un autocanon (le 40 du Jaguar ?) ? Ceci afin d'assumer pleinement son rôle moderne de soutien d'infanterie et d'aide à la percée. On peut même lui ajouter de l'ATGM.
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il y a 1 minute, gustave a dit :Je comprends, toutefois ces deux propositions me semblent difficilement concevables. Il est recevable de dire que l'agression russe ne peut pas être cautionnée et qu'au vu de notre puissance relativement à la Russie un engagement indirect déterminé peut y parvenir si nous le voulons sans mettre en danger notre modèle, ou que du fait de la puissance russe sa victoire en Ukraine nous menacerait dans notre existence même, mais pas les deux.
Le problème est politique. Le problème de la Russie n'est pas sa puissance absolue, c'est potentiellement sa capacité à faire tanguer l'union et à en profiter pour faire des coups opportunistes en misant sur l'apathie et le manque de solidarité entre alliés. C'est un truc à faire exploser totalement l'Europe entre l'est et l'ouest, et le risque est là. Une Europe unie et qui investi sérieusement dans sa défense n'a rien à craindre de la Russie militairement parlant.
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Un bon thread sur ce qu'on sait des pertes ukrainiennes. Avec d'ailleurs la sources pour les dizaines de milliers de disparus que j'évoquais plus haut (je savais que je l'avais lu, mais je n'arrivais pas à me rappeler où) : c'est le ministre des affaires internes ukrainiens lui même qui indiquait en octobre dernier que le nombre de militaires "disparus" était de 15 000, la plupart étant probablement morts.
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il y a 18 minutes, Albatas a dit :
Je me pose aussi la question des prisonniers. Ça représente un volume important ou c'est négligeable comparé au morts/blessés grave ?
J'avais vu passer le chiffre de 10 000 POW ukrainiens.
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il y a 11 minutes, Manuel77 a dit :
https://www.zeit.de/politik/ausland/ukraine-krieg-news-liveblog
Selenskyj : 31.000 soldats ukrainiens tués jusqu'à présent
Le président ukrainien Volodymyr Selenskyj a pour la première fois donné le nombre officiel de victimes de l'armée ukrainienne : Depuis le début de la guerre d'agression russe il y a deux ans, 31.000 soldats ukrainiens ont ainsi été tués. Lors d'une conférence de presse à Kiev, il a ajouté qu'il ne pouvait pas donner le nombre de blessés. Cela aiderait les planifications de l'armée russe.A préciser que ce bilan n'inclue pas les disparus présumés morts, qui sont très nombreux (plusieurs dizaines de milliers). Même avec cette précision, ça me semble beaucoup trop faible.
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il y a 28 minutes, herciv a dit :
Je parle de perte.
Mon chiffre était pour les tués. 250 000 300 000 pertes ukrainiennes donne, avec un ratio de 1 pertes sur 3 étant un tués, un chiffre de tués entre 80 et 100 000 tués. On retombe plutôt bien sur les pattes de mon calcul de coin de table de 60 000 morts + 20 000 (?) disparus + morts non recensés.
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il y a 6 minutes, herciv a dit :
Ce n'est pas du tout le chiffre qui circule à l'Otan . Lui dit 10000 / 12000 par mois en moyenne depuis le début de la guerre et 15000 pour les russes.
Ce sont peut être les chiffres des pertes, mais certainement pas les chiffres des tués. On en est à 24 mois de guerre, ce ça ferait 300 000 tués pour l'Ukraine. Si on prend un ratio disons de 2 pertes définitives pour un in tué, tu aurais 600 000 ukrainiens hors de combat définitivement, soit 3x (!!!) l'orbat Ukrainien au 24 février. Le chiffre est tout aussi irréaliste pour les russes.
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Ca me fait penser à ce tweet très juste d'Arnaud Vally.
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il y a 8 minutes, metkow a dit :Je ne fais pas confiance a ce genre de calcul, cela prend en compte trop de suppositions :
- Que tout les morts recoivent un avis de déces
- Que tout le monde utilise les réseaux sociaux
- Que tout les morts sont vraiment répertorié (a partir de combien de temps un disparu devient un mort?, il me semble que pour la plupart d'entre eux ils restent a ce statut depuis le début de la guerre)
- et surtout on ne connait pas la proportion de mort/disparu actuelement
Le seule chose qu'on peut dire et que les pertes sont très lourdes pour les deux camps, comme le montre les efforts de mobilisation des deux côtés, il faudra attendre la fin de la guerre pour pouvoir sortir des chiffres
Évidemment, tous les morts ne sont pas comptés, il y a forcément des morts qui passent entre les gouttes. Et bien sûr, ma simple multiplication ne peut prendre en compte le différentiel de mobilisation/volontariat entre les oblasts, le cas des territoires envahis dans les premiers jours de la guerre,etc. Mais le fait que deux sources différentes parviennent à des chiffres très similaires dans des oblasts différents me laisse à penser qu'il y a quelque chose de robuste derrière ces chiffres. Surtout, c'est le seul comptage sur une base factuelle que l'on ait. Le reste c'est des estimations fournies selon des méthodologies totalement inconnues. La même chose s'applique d'ailleurs à la Russie, dont je continue de penser que la plupart des commentateurs surestiment les pertes ('entend encore souvent des gens sensés être sérieux évoquer des bilans à + de 300 000 morts totalement fantaisistes).
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L'article le plus intéressant que j'ai lu à ce jour sur les pertes ukrainiennes, et c'est un média français, en l'occurrence la Croix. Je vous passe les détails mais des groupes d'Ukrainiens comptent les morts dans leur oblasts via les avis de décès et les publications sur les réseaux sociaux. D'après l'article, et sous réserve que le décompte soit fiable (les volontaires affirment que globalement les morts ne sont pas cachées et qu'il n'existe pas de pression particulière du gouvernement pour faire disparaître/retarder les avis de décès), on aurait donc, à date d'il y a quelques semaines :
Oblast de Poltava (pop 2021 : 1 371 000) : 1783 tués soit 1,3 mort pour 1000 habitants
Oblast de Vinnytisa (pop 2021 : 1 529 000) : 2225 tués soit 1,4 morts pour 1000 habitants
Il existe peut être des disparités plus marquées dans certains oblasts, mais en retenant un chiffre de 1,5 mort / 1000 hab et en l'appliquant à la population ukrainienne d'avant guerre, on aurait un chiffre de 61 000 morts, à quoi il faut évidemment ajouter les disparus, (peut être 20 000 ?). L'ordre de grandeur me semble crédible.
RévélationLa Croix
En Ukraine, le difficile décompte des morts
Fabrice Deprez
Le chiffre officiel des pertes militaires ukrainiennes reste, après presque deux ans de guerre, un secret d’État.
Un silence de plus en plus difficile à tenir, alors que la guerre touche tout le pays.
Poltava (est de l’Ukraine)
De notre envoyé spécial
La photo d’Oleksandr Khlistoun est apparue le 5 février sur le site Internet de Poltavchyna, petit média régional de l’est de l’Ukraine. Portrait grisâtre d’un homme mal à l’aise dans sa polaire couleur camouflage, au regard triste cerclé de rides qui tombent comme des larmes le long de ses joues. Une photo et un nom, publié dans la 66e édition d’un article dans lequel Poltavchyna dresse, chaque semaine, la liste des soldats ukrainiens originaires de la région de Poltava tués dans la guerre contre la Russie. Chaque lundi depuis un an et demi, un même titre où ne change que le chiffre : « Durant la dernière semaine, la mort de 24 défenseurs provenant de la région de Poltava a été annoncée. » Les visages des morts de la guerre sont, en Ukraine, partout. À la télévision et sur les réseaux sociaux, où les pages Facebook des conseils municipaux sont bien souvent les premiers à annoncer au public la mort d’un enfant du pays. Sur des affiches collées aux murs ou sur des panneaux érigés dans les centres-villes.
Les morts se comptent enfin dans les cimetières, où s’allonge une litanie de carrés militaires. Omniprésentes, les pertes humaines de la guerre sont dispersées en une interminable succession de nécrologies individuelles alors que, à quelques jours du deuxième anniversaire de l’invasion russe, le 24 février prochain, leur décompte chiffré reste un secret d’État. Seuls une poignée de médias ukrainiens réalisent, comme Poltavchyna, un travail de recensement périodique. « On n’a pas d’ennuis avec les autorités », s’empresse de préciser Viktor Tkatchenko, journaliste de Poltavchyna en charge du projet. « La mort d’une personne individuelle n’est pas un secret, seul le chiffre global l’est. » En scrutant près de 200 pages Facebook des quelque 60 communautés de communes de la région, en se plongeant dans les registres judiciaires et les annonces de décorations attribuées à titre posthume, cet ancien mathématicien de 33 ans ne fait après tout que compiler des informations déjà publiées par des sources officielles. Mais le travail n’est pas à la portée de n’importe quel média, et le sujet reste sensible et difficile à aborder. Les non-dits dominent parfois les nécrologies officielles : absence ponctuelle du nom de l’unité par crainte d’offrir des informations à l’armée russe, omission gênée de la date de mobilisation d’un soldat lorsque celle-ci est trop proche de sa mort, silence inévitable lorsqu’un soldat est porté disparu… Les médias aussi hésitent : à Vinnytsia, dans le centre du pays, la branche locale de la télévision publique Suspilne est un autre rare exemple de média réalisant ce recensement. En plus des noms et biographies, Suspilne indique chaque mois le nombre total de soldats originaires de la région tués depuis février 2022 : 2 225 au dernier décompte. Un chiffre que Viktor Tkatchenko n’inclut pas dans ses articles hebdomadaires. « Je ne sais pas exactement pourquoi… c’est peut-être de l’auto-censure », admet-il.
Après deux ans de guerre, le silence officiel sur les pertes de l’armée ukrainienne pèse de plus en plus face à l’incertitude grandissante. Le sujet a, au mois de janvier, servi de prétexte à des passes d’armes politiciennes lorsque Iouri Loutsenko, soutien de l’ancien président Petro Porochenko et farouche opposant de Volodymyr Zelensky, a enjoint au pouvoir de rendre public le chiffre des pertes, présenté comme catastrophique. Une proposition soutenue en réponse par David Arakhamia, chef du parti présidentiel et proche de Volodymyr Zelensky, assurant que le nombre total de soldats ukrainiens tués est « bien inférieur à 100 000 ».
À Poltava, le nez plongé dans un fichier Excel où défilent les noms de 1 783 soldats de la région tués depuis février 2022, Viktor Tkatchenko hésite : « Le problème, c’est que l’absence de données officielles laisse le champ libre à la spéculation et à la manipulation de la part de l’ennemi. » Invariablement, semaine après semaine, le décompte macabre de Poltavchyna « prend le pouls de la guerre » , note-t-il. Les pertes augmentent brusquement à plus de 100 par mois début 2023, au plus fort de la bataille de Bakhmout. Puis elles chutent de manière d’abord inexpliquée au mois de juin suivant, lorsque l’armée ukrainienne marque une pause juste avant le lancement de son offensive estivale.
L’âge des soldats tués s’avance peu à peu dans le temps : dans la nécrologie du 5 février, Oleksandr Khlistoun fait ainsi partie de six hommes sur 22 à avoir dépassé l’âge de 50 ans. Mobilisé au mois de septembre dans son village de Sourokhabivka, le mécanicien avait murmuré à sa sœur, sa seule famille depuis la mort de leurs parents trente ans plus tôt, qu’il ne pensait pas revenir en vie.
Les nécrologies racontent aussi une guerre qui s’immisce partout, et touche en particulier les campagnes : à deux heures de Poltava, Sourokhabivka est un tranquille village de paysans et de retraités encerclé par les méandres marécageux de la rivière Psel. Sur près de 1 000 habitants, une trentaine d’hommes a déjà été enrôlée depuis le début de l’invasion russe. « Certains ont déjà une expérience militaire, d’autres non… Oleksandr Khlistoun avait servi dans l’armée soviétique en 1986, deux ans en Allemagne », se rappelle Volodymyr Havrilenko, déjà chef du village à l’époque soviétique. La nouvelle de sa mort est tombée trois jours après, le 24 janvier. Deux agents du commissariat militaire, la même institution qui avait, cinq mois plus tôt, envoyé Oleksandr Khlistoun au front, se sont présentés devant la mairie décrépite du village. Volodymyr Havrilenko a enfilé sa casquette en simili cuir noir avant de guider les deux militaires le long de la rue principale.
Valentyna Khlistouna a immédiatement compris, en le voyant pousser son épais portail, flanqué de deux uniformes, l’un tenant dans sa main une trousse médicale. Il a tout de même fallu prononcer les mots : « Valentyna, ton frère est mort. » Deuxième homme du village tué dans la guerre, Oleksandr Khlistoun a été enterré le mardi suivant. Sur le chemin boueux menant au cimetière, les roses jetées au passage de la procession funéraire n’avaient, deux jours avant que son nom n’apparaisse dans l’article de Poltavchyna, pas encore été flétries. À Soukhorabivka, où deux autres soldats du village sont portés disparus, et ailleurs en Ukraine, la scène se répétera à nouveau demain, et le jour d’après.
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il y a une heure, penaratahiti a dit :
Pour Gerasimov, on n'a pas la date de la prise de vue donc ça n'a pas de valeur (comme les affirmations qu'il est mort tant qu'on n'a pas de preuve d'ailleurs).
Honnêtement s'il était mort on le saurait. Les NAFO nous ont déjà fait le coup trente fois avec lui et Choigou. peut être est il en légère disgrâce, peut être à t il un pépin de santé, mais il n'est certainement pas mort.
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Article très intéressant du Guardian sur les collaborateurs ukrainiens actuellement en prison. Les profils et les actes reprochés sont variés : quelques pro-russes convaincus ayant révélés des positions de soldats ukrainiens, des femmes désespérées ayant aidé à tenir un stand lors du référendum d'annexion dans la région de Kherson, etc.
Ils sont un peu plus de 8000 en tout à avoir été condamnés depuis le début de l'invasion, souvent à des peines lourdes, détenus dans des prisons séparées des autres prisonniers. Certains ont subis des abus de la part des autres détenus de droit commun lorsqu'ils étaient en détention provisoire. Aujourd'hui, confrontés à un énorme stigmate social dans une société en guerre, certains demandent à être échangés pour vivre en Russie, quand d'autres souhaitent purger leur peine et faire amende honorable. Mais la Russie semble de toute façon peu intéressée par leur cas pour le moment.
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Les 4 pays nordiques, Danemark, Suède, Norvège et Finlande, viennent de signer une déclaration d'intention en vue d'une intégration très poussée de leurs forces aériennes.
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il y a 6 minutes, g4lly a dit :Ca s'appelle un "ballon d'essai" ... on teste ou prépare l'opinion.
Il faudrait deja determiner si cette histoire a le moindre fond de vérité. À priori, si c'était un ballon d'essai, on le lirait dans la presse occidentale, pas chez RIA Novosti.
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Bonjour
dans Presentez vous
Bienvenu !
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il y a 10 minutes, Wallaby a dit :
Je trouve parfaitement légitime de discuter et de contester ce que j'ai dit sur "surinterpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives".
À la relecture, j'ai l'impression que le "ne... que" donne à ma phrase une tournure un peu intolérante au sens de "c'est ça et rien d'autre", alors mon intention était juste de dire qu'une réaction, c'est moins (moins quoi ???) qu'une initiative (*). Donc j'aurais mieux fait d'écrire "tout au plus réactives" ou si ç'avait été en anglais "merely reactions" (à contraster avec "only reactions"). Le point étant que quand on réagit, on a moins de temps, on réfléchit moins, on bricole plus, on improvise, on pare au plus pressé, alors que quand on prend une initiative on a but plus clair, on sait mieux où on veut aller, on calcule plus le coût et les moyens à mettre en oeuvre etc...
Donc je ne m'accroche pas comme une huitre à son rocher à ce "ne que", et je suis tout à fait ouvert aux propositions du type "il y a une part de réaction, mais il y a autre chose" : une part d'idéologie, de structure mentale ou de logiciel mental préinstallé qui conditionne cette réaction ?
J'ai peur, à te lire, que ce soit commettre un crime de la pensée orwellien que "d'épouser totalement les vues de Poutine", et que Paul Pillar ait commis un tel crime en disant qu'on a exagéré à l'époque les intentions des Soviétiques en Afghanistan en suggérant qu'ils étaient en train de mettre en œuvre un plan pour mettre la main sur l'Océan Indien, car cela reviendrait à "épouser totalement les vues de Léonid Brejnev". S'interdire de penser une chose parce que Big Brother l'interdit, ça ne rend pas les idées claires. Paul Pillar fait peut-être erreur, mais démontrons le par un raisonnement, et non en appliquant un tabou.
(*) https://www.cnrtl.fr/definition/ne
II B [Ne ... que exprime une restriction par rapport à un ensemble dont les éléments sont perçus comme appartenant à une échelle de valeurs]
Ton message me fait craindre que tu n'aies pas compris le raisonnement que je tiens. A la relecture de mes deux principaux posts sur le sujet, il me semblait pourtant tout à fait clair. Tout le passage sur Orwell et Big Brother est assez lunaire je dois dire et je vois mal comment tu as pu inférer ça de mon message qui explique pourtant clairement que... je suis d'accord avec Pillar sur l'Afghanistan (!). Bref, je ne sais pas quelle contorsion d'esprit étrange t'a amené à penser que j'estimais que Pillar brisait on ne sait quel tabou, car honnêtement j'ai beau relire mon message, j'y écrit en toute lettre l'exact inverse.
Je me permets quand même de m'autociter pour qu'il n'y est pas de méprise : "Ce que dit Pillar, c'est que les USA ont mal évalué les intentions soviétiques. Les USA ont cru que l'Afghanistan était une aventure lancée avec un projet offensif, alors qu'elle visait surtout à limiter la casse. En découle l'idée aux USA que l'Afghanistan était une étape intermédiaire dans un plan plus vaste d'expansion soviétique jusqu'à l'océan indien, plan qui n'a jamais existé ailleurs que dans les esprits inquiets du Département d'État. Sur ce point, de ce que j'ai lu (notamment dans l'ouvrage de Sidos) des débats au Politburo entourant l'intervention, ça me semble tout à fait exact." et j'ajoute même "Donc dire que l'action soviétique était réactive (et donc défensive) du point de vu des membres du Politburo me semble exact. Et comprendre la logique d'action des autres états est évidemment une information importante, puisque l'auraient-ils su, les américains auraient peut être géré la question afghane différemment. "
Et même sur l'Iran, si je ne partage pas son avis (et je n'ai pas souhaité développer plus en avant car nos messages sont déjà particulièrement longs et semi-HS donc je pense qu'on va éviter de s'égarer sur les desseins des gardiens de la révolution sur ce fil), c'est un débat tout à fait légitime et parfaitement valable. Tenter d'estimer comment raisonne un dirigeant/une entité/un pays est un exercice toujours légitime - , et généralement nécessaire à toute compréhension de leurs actions.
De même, épouser les vues de Poutine, où les vues opposées d'ailleurs, ou n'importe quelle autre point de vu, ne me pose aucun problème en soi. Mon message ne visait justement pas à critiquer les vues politiques de Poutine ou les tiennes. On pourra en discuter, en débattre (c'est d'ailleurs ce qu'on fait beaucoup, nous et beaucoup d'autres intervenants, sur ce fils depuis bientôt 2 ans), et s'engueuler toute la nuit pour le plaisir de la disputatio et de l'échange de point de vue.
Le problème que j'ai, et je vais essayer de le réexpliquer pour être sûr qu'il n'y a pas d'équivoques cette fois-ci, c'est qu'en prétendant qu'il existerait des actions intrinsèquement réactives tu naturalises un point de vue politique (indépendamment de ce que je pense de ce dernier).
Ce que j'entends par "intrinsèquement réactives", c'est l'inverse "subjectivement réactives".
Tu répondais en effet à Alexis, qui pensait que ce qui explique la politique ukrainienne de Poutine est de nature identitaire, qu'il était inutile d'aller chercher des explications complexes impliquant des hypothèses sur l'idéologie/la personnalité de Poutine car son invasion de la Crimée n'était que réactive. Si tu affirmes cela, c'est donc que tu considères que l'invasion de la Crimée est une conséquence mécanique, automatique, fatale, de Maïdan. Or, comme j'espère l'avoir démontré, cette conception mécaniste des actions humaines est fausse - et j'insiste, fausse, pas tabou, pas politiquement néfaste de mon point de vue, fausse au sens scientifique du terme, comme est fausse la théorie des humeurs ou le sont les prétentions médicales de l'homéopathie. Il n'existe jamais une seule "solution", une seule réponse possible qui s'imposeraient aux acteurs indépendamment de leur volonté et qui pourrait être déduite de la seule situation sans s'intéresser à la nature des acteurs eux-mêmes. Une autre personne que Poutine aurait pu agir différemment. Des milliers de personne, placés devant la même situation que Poutine auraient agis différemment. Et ils auraient agis différemment précisément car ils ne sont pas Poutine, qu'ils auraient lu la situation différemment, auraient poursuivi d'autres objectifs ou auraient choisis d'autres voies pour les atteindre. Beaucoup d'acteurs, placés face à Maïdan n'auraient sans doute même pas estimés qu'il fallait "réagir" à ça. Le propos que je tiens n'est pas dire que ces personnes auraient eu raison, ou que Poutine a eu tort, je ne suis absolument pas ici dans un débat politique sur la valeur morale ou même sur la pertinence en termes de politique internationale des choix faits par Poutine, je suis seulement en train d'essayer de montrer que les actions de Poutine ne peuvent s'expliquer qu'en s'intéressant à Poutine lui-même, étant entendu que d'autres, dans l'exacte même situation, n'auraient pas agis comme lui. On ne peut pas, en adoptant une pure neutralité axiologique dans l'étude des relations internationales (et des relations humaines en général), considérer qu'une action est intrinsèquement plus réactive qu'une autre. Toutes les actions de tous les acteurs sont le fruit des interactions passées et constituent la réponse qu'un acteur spécifique apporte à un contexte spécifique selon sa propre rationalité, ses propres buts, ses propres valeurs, ses propres perceptions. Il n'existe aucune action qui soit dans l'absolu une initiative ou une réaction en termes scientifiques. Ces termes de réaction ou d'initiative n'ont un sens du point de vue des sciences humaines qu'appliqués aux intentions des acteurs. Un acteur a l'impression de réagir, ou a l'impression de prendre une initiative. Et évidemment, pour comprendre pourquoi tel acteur, dans un contexte donné, à l'impression de réagir, et pourquoi il "choisi" de réagir de telle manière et pas d'une autre, il faut comprendre son but, son idéologie, sa réflexion, sa vision du monde, ses valeurs, ses intérêts, sa personnalité, bref toutes les choses qui président à ce qu'un humain agisse d'une certaine manière dans une certaine situation. C'est dans cette acception subjective que les notions de "réactions" ou d'"initiatives" peuvent exister scientifiquement parlant, en respectant la neutralité axiologique que cela implique. On peut essayer en analysant du mieux qu'on peut le processus décisionnel des acteurs, leurs réflexions, et les projets qu'ils ont dans la tête, de déterminer si leur comportant était de nature (de leur point de vu) réactive, si elles étaient (de leur point de vu) défensive ou offensive, etc. En ce sens, dire, parce qu'on a lu les délibérations du Politburo et les débats entourant l'intervention en Afghanistan que le projet soviétique était (pour les soviétiques) défensif et qu'il n'existait vraisemblablement aucune volonté dans l'esprit des leaders soviétiques de rallier l'océan indien, est une proposition scientifique tout à fait valide qui n'implique aucun jugement de valeur moral sur l'action des acteurs. Puisque que nous ne seront jamais dans la tête de Brejnev ou de Gromyko et qu'on est limité à l'étude d'archives plus ou moins exhaustives et éclairantes, on pourra bien entendu en discuter ou ne pas être d'accord, et peut être que d'autres sources viendront un jour contredire l'un et conforter l'autre, mais on est ici dans le cadre de l'étude scientifique de l'action humaine appliquée aux relations internationales.
En prétendant qu'il ne sert à rien de s'intéresser à l'idéologie ou à l'univers mental de Poutine parce que son action n'aurait été qu'une réaction, tu naturalises son point de vue et ses actions, en en faisant les seuls valables, ce qui est bien évidemment une prise de position politique dans la mesure où cela implique mécaniquement que toutes les autres actions possibles dans cette situation seraient à tes yeux fautives (politiquement parlant). Et, pour être sûr qu’il n’y ait aucune équivoque, mes deux messages n’ont jamais abordé mon avis sur cette opinion politique (d’où l’incongruité de tes réflexions sur Orwell et Big Brother), mais simplement le fait que j’estimais que tu te livrais à un procédé malhonnête (consciemment ou non) puisque cette prise de position politique qui était la tienne n’était pas exprimée explicitement mais au contraire dissimulée par la naturalisation des actions de Poutine en donnant au mot réactif une nature intrinsèque, au sens que j’en ai donné plus haut.
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« le régime de Poutine, [doit être considéré] non comme l’exercice du pouvoir d’un monstre extraterrestre subjuguant un peuple passif et demeuré, mais comme un phénomène compréhensible, qui s’inscrit dans la continuité d’une histoire générale de la Russie »
C'est surtout un immense homme de paille. Je ne connais personne de sérieux qui a jamais prétendu ça. C'est au fond mettre dans la bouche de ses adversaires un propos ridicule qu'ils n'ont jamais tenu pour, en comparaison, sembler raisonnable. Dire que Poutine est un phénomène" compréhensible" est un truisme absolu. Tout phénomène historique, à moins de croire à la magie noire ou à l'intervention de forces occultes, est par définition compréhensible dans la mesure où il est possible d'en établir une généalogie, une origine historique et sociologique. Dire qu'il s'inscrit dans la continuité de l'histoire russe est aussi un truisme. Je pense que ça ne demande pas une connaissance extensive de l'histoire complexe de la Russie que de remarquer que la tradition de l'homme fort est une constante historique, et que Poutine, avec des modalités particulières qu'il convient bien sûr d'étudier finement, ne ressemble certainement pas à une anomalie historique sortie de nul part. Si demain l'Islande devient une dictature militariste, j'avoue que je serai surpris. Que la Russie le soit redevenu était concevable par tous. Je n'ai pas lu Shlapentokh, mais si ça thèse c'est ça, elle n'a rien de particulièrement originale ni d'iconoclaste, et je ne vois pas très bien quelle vision prétendument distordue Todd tente de réfuter en le citant. Le tout laisse quand même l'impression d'un type qui n'a pas lu grand chose sur le sujet, qui infère de ses propres biais ce que pensent probablement ses contradicteurs, pour ensuite venir expliquer à tout le monde, l'air supérieur, que le Poutinisme peut être expliqué par l'histoire russe ; comme si c'était une percée conceptuelle formidable.
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- C’est un message populaire.
- C’est un message populaire.
il y a 59 minutes, Wallaby a dit :Est-ce que tu as lu l'article de Paul Pillar, et es-tu d'accord sur le fait qu'on a à l'époque en Occident exagéré l'intention expansionniste des soviétiques, alors qu'ils ne voulaient que conserver l'acquis existant, c'est à dire un gouvernement ami à Kaboul ?
Je l'avais parcouru avant de te répondre et je viens de finir de le lire en entier.
Je pense que Pillar a essentiellement raison pour l'Afghanistan, pour ce que j'en sais (c'est à dire pas mal de bouquins généralistes sur l'histoire de l'URSS et « La Guerre soviétique en Afghanistan » Philippe Sidos comme seul ouvrage spécifique que j'ai lu sur la question) mais tort sur l'Iran.
Mais on est ici sur une définition encore un peu différente du mot réagir. Ce que dit Pillar, c'est que les USA ont mal évalué les intentions soviétiques. Les USA ont cru que l'Afghanistan était une aventure lancée avec un projet offensif, alors qu'elle visait surtout à limiter la casse. En découle l'idée aux USA que l'Afghanistan était une étape intermédiaire dans un plan plus vaste d'expansion soviétique jusqu'à l'océan indien, plan qui n'a jamais existé ailleurs que dans les esprits inquiets du Département d'État. Sur ce point, de ce que j'ai lu (notamment dans l'ouvrage de Sidos) des débats au Politburo entourant l'intervention, ça me semble tout à fait exact.
Je ne rentre pas dans le détail du pourquoi je ne suis pas d'accord avec lui sur l'Iran, mais c'est essentiellement parce que je pense pour le coup que le projet iranien est pour sa part offensif, et qu'ils saisissent toutes les opportunités pour le pousser.
Mais on est là dans l'estimation de l'intention des acteurs, estimation nécessaire notamment pour comprendre quel est le projet plus large poursuivi et quelle est "l'étape d'après". En l'occurrence quand le projet est défensif, il n'y a souvent pas d'étape d'après.
Donc dire que l'action soviétique était réactive (et donc défensive) du point de vu des membres du Politburo me semble exact. Et comprendre la logique d'action des autres états est évidemment une information importante, puisque l'auraient-ils su, les américains auraient peut être géré la question afghane différemment. Dans ce sens, je n'ai aucun problème avec l'usage du mot "réactif", comme je n'ai aucun problème à dire que, dans l'esprit de Poutine, l'invasion de la Crimée et le soutien aux séparatistes était une action au moins partiellement réactive. J'ajoute le partiellement car je pense que la réaction de Poutine est plus complexe. Il a sans doute vu Maïdan comme une menace, mais aussi comme une opportunité. Prendre la Crimée c'est limiter la casse face à une Ukraine qui semble se détacher irrémédiablement, mais c'est aussi décrocher un gain politique inespéré, c'est une opportunité offensive réelle qu'il a sans doute perçu immédiatement. Donc je pense que dans ce cas il y a eu les deux, la défense et l'attaque.
Mais encore une fois, on parle ici du point de vue de Poutine. Si on se détache de l'évaluation de la manière dont il a réfléchi, l'annexion de la Crimée n'est ni plus ni moins "réactif" que n'importe quoi. Un autre dirigeant aurait tout à fait pu, avec des arguments tout aussi convaincants, estimer que s'accommoder de Maïdan était la meilleure option, au moins provisoirement.
Or, je ne crois pas que ton message de réponse à Alexis suggérait un usage du mot "réaction" dans ce sens précis d'interprétation du projet subjectif de celui qui "réagi".
En effet Alexis disait, en gros, que la motivation de Poutine en Ukraine était de nature identitaire, et découlait intimement de l'image très particulière qu'il se fait de l'identité russe comme nécessairement incomplète lorsque l'Ukraine lui est arrachée. À ça, tu lui réponds qu'il faut "se garder de sur interpréter comme des initiatives, des politiques qui ne sont que réactives".
Or, si on utilise le mot "réaction" simplement pour qualifier l'intention subjective de Poutine, il faut bien se demander pourquoi Poutine a eu cette réaction, quel univers mental et quelle vision de la situation l'ont poussé à estimer qu'il fallait réagir, et que cette réaction passait nécessairement par l'annexion de la Crimée, et l'hypothèse d'Alexis sur le caractère identitaire de la politique de Poutine en Ukraine essaye d'y répondre (selon moi de manière tout à fait convaincante). En d'autres termes, Maïdan ne provoque la "réaction" de Poutine que parce que cette dernière est médiée par la vision que se fait Poutine des intérêts de la Russie et de son identité. Avec une idéologie différente dans la tête de Poutine, Maïdan aurait entraîné une autre réaction, ou pas de réaction. Dans cette acception du concept de "réaction", comprendre l'idéologie et le projet de Poutine est justement tout l'enjeu, et la réflexion d'Alexis adresse le noeud du problème.
Donc, si tu lui a répondu ça, c'est bien que tu employais le mot "réaction" dans le sens que je dénonce, celui mécaniste qui voudrait que, parce que selon toi l'invasion de la Crimée était la seule réponse possible et rationnelle pour la Russie, il n'y a nul besoin de s'encombrer d'hypothèses sur la psychée de ses dirigeants : Maïdan -> annexion de la Crimée, point. L'hypothèse sous jacente est que n'importe quel dirigeant russe, gouvernant n'importe quelle Russie (libérale, communiste, démocratique, dictatoriale), avec n'importe quel projet politique, dans n'importe quelle disposition d'esprit, ne pouvait rationnellement que choisir que cette option, car les intérêts russes dans cette situation et les moyens de les défendre sont définis une fois pour toute, comme une donnée fixe et connue, extérieure au problème. Je crois avoir montré dans mon message précédent que cette vision mécaniste de l'action politique est fausse, et charrie systématiquement en sous-marin un jugement de valeur de nature politique dissimulé et naturalisé.
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La technologie contre la démocratie ?
dans Politique etrangère / Relations internationales
Posté(e) · Modifié par CortoMaltese
Il faut séparer le process : si les notes sont écrites, tu peux les donner telles quelles au modèle, si elles sont orales, il faut un outil de transcription (honnêtement aujourd'hui la qualité est telle que 95% du temps il n'a rien à retoucher à ce niveau). Tu peux aller voir du côté de Google Speech to Text (https://console.cloud.google.com/vertex-ai/generative/speech/speech-to-text?pli=1&project=dark-pipe-413316). Une fois que tu as ces notes sous forme écrite, si tu veux les transformer en compte rendu suivant une forme précise, le mieux est encore de créer un prompt personnalisé en fournissant un exemple au modèle (les modèles sont très bons pour comprendre ce qu'on attend d'eux à partir d'un exemple). GPT 4 permet de personnaliser le préprompt (le prompt caché en début de discussion qui donne vie au modèle en tant qu'assistant). Le mieux d'essayer différents exemples fournis et différentes indications (de style, de contenu, de taille) et de faire des tests jusqu'à arriver au préprompt qui donne le meilleur résultat, tout en oubliant pas que par définition, le résultat final ne sera jamais tout à fait identique même avec un prompt et des données similaires. Le "meilleur" résultat devra donc prendre en compte cette variabilité : non seulement le résultat doit être bon mais aussi constant.