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Messages posté(e)s par aqva

  1. La gestion du projet est quand même en cause de manière incontestable, au delà du fait que ce projet inutile n'aurait jamais dû être lancé car il ne répond pas à aucune menace. Je précise d'emblée que ce n'est pas un échec d'ingénerie donc la faute à une malchance technique ou à une idée qui semblerait bonne sur le papier, c'est le résultat de processus politique qui condamnaient le projet au plantage quoi qu'il arrive.

     

    L'avion a un cahier des charges incohérent car il n'a cessé d'être allongé en cours de route même tardivement, ce qui augmenté le poids en parrallèle.  Les différentes variantes du F-35 destinées aux trois armées ont des besoins complètement contradictoires (au point que la RAND a conclu qu'il aurait couté moins cher de construire trois avions différents). Les partenaires à l'étranger représentent une couche de complexité supplémentaire qui freine toute réforme ou annulation du projet à cause des accords internationaux, poussent les partenaires à se renvoyer la balle et compromettent la sécurité informatique des données (qui ont d'ailleurs été volées). Le projet est beaucoup trop ambitieux, se reposant sur une technologie qui n'a jamais fonctionné dans le monde réel alors que le cahier des charges était déja bien trop lourd. Enfin la production a été lancée de manière précipitée à partir de seules simulations informatiques ce qui oblige à modifier les défauts de jeunesse tardivement et à grands frais (plus une modification est tardive plus son coût est exponentiel). Si la furtivité montre des failles ou échoue à tenir ses promesses, ce qui est tout à fait possible, un trilliard et demi aura été dépensé pour rien: ses caractéristiques en font un chasseur lamentable.

    Un maximum d'erreurs classiques enseignées en gestion de projet on été commises: tout le monde sait qu'il faut éviter d'empiler les couches de complexité à l'infini, éviter des cahiers les charges irréalistes, éviter les modifications majeures à la dernière minute et ne pas shunter l'étape de test. Il est impossible que ceux qui ont géré le projet aient pu ignorer cela, et ce n'est leur responsabilité mais avant tout un problème politique.

     

    Les très grands projets sont la panacée des industriels et des lobbyistes car ils permettent de toucher de meilleurs marges et de peser politiquement le plus lourd possible, tandis que chaque service du pentagone a cherché à prendre sa part du seul gateau disponible, d'où l'instance à fabriquer un seul type d'avion au cahier des charges saturé. Le lancement en production précipité permet de limiter les risques d'annulation du projet ou de diminution de commandes de même que la coopération avec les partenaires étrangers grave le contrat dans le marbre le plus possible, tandis que le recours à plusieurs partenaires industriels permet de peser davantage auprès du politique. En bonus le règlement tardif des problèmes de jeunesse est une nouvelle source de revenus d'autant plus importante que ce règlement est couteux.

    En réalité le F-35 est très optimisé pour une tâche qui est une parfaite réussite: extraire de l'argent des coffres publics. Sans avoir de preuve ou de noms, la gestion du projet est quand même très suspecte de ce point de vue. La réputation du complexe miltaro-industriel américain n'est plus à faire, je suis peut être cynique mais je pense que c'est inévitable dans un pays qui dépense 4-5% de son PIB en défense alors que ses besoins réels sont bien moindres, le flot de dépenses n'étant entretenus que par une bulle médiatique sur des ennemis imaginaires (le "terrorisme", Saddam Hussein, les communistes, les aliens, etc.).

     

     

    EDIT:

    Concernant le prix de vente à la Hollande, un indice: le but n'est pas de faire du bénéfice pour les USA donc les avions ne sont pas vendus à leur prix réel. En lisant ce que j'ai dit ci-dessus on pourrait même leur trouver une bonne raison de signer un partenariat éventuellement à perte.

  2. En supposant qu'il y aie un accord à Genève2, l'état syrien a ils les moyens de reprendre le contrôle de son territoire?

    Les rebelles "modérés" ne semblent ni assez solides ni motivés à se battre contre les groupes radicaux, si ils proclament leur neutralité ils risquent d'être victimes d'une "OPA hostile" des radicaux. Les réseaux étrangers de soutien aux insurgés sont très nombreux et opaques, additionné à la mauvaise volonté turque et à la porosité libanaise cela rend difficile un contrôle effectif. Assad a déja joué la carte du Hezbollah et de l'Iran, il ne lui reste plus vraiment de réserves d'hommes (le flux de volontaires étrangers disposés à mourir pour un conflit qui ne les concerne plus vraiment désormais que le pouvoir syrien est sauvé sera forcément limité). L'étendue des lignes de front (avec de longs corridors connectés aux grandes villes et des frontières vastes) favorise d'interminables infiltrations.

    A première vue, ça serait plutôt non?

  3. La Corée du Sud, le Japon et Israel sont les plus gros clients américains au monde, ils sont tous sous perfusion des dépenses militaires ou des subventions américaines. Si en plus ça permet de profiter d'un prototype d'avion furtif (vu les quantités commandées et l'état d'avancement du projet, c'est juste un grand nombre de prototypes) à des conditions avantageuses en tant qu'allié, tant mieux pour eux et tant pis pour le contribuable américain.

     

    Tout le concept repose de furtivité repose sur des hypothèses contestables et jamais démontrées dans le monde réel, qui font exploser le cout de l'avion et le rendent si lourd qu'il devra être mis au rencart en cas d'échec. En plus les Etats-Unis ont déja deux projets d'avion furtifs pour les mettre en avance sur tous leurs concurrents au cas où quelqu'un arriverait un jour à démontrer que le concept de furtivité fonctionne (vu les résultats du F-117 et du F-22, il est très possible que ce jour n'arrive jamais). Enfin la flotte de F-16 qui plusieurs de fois de quoi anéantir tous ses adversaires combinés pendant des décennies.

    Quel était l'intérêt de lancer un projet à un trilliard et demi de dollars (=une guerre en Irak, une année de social security) qui ne répond à aucune menace existante ou dans le futur proche, sur un concept qui ne marchera peut être jamais (dans ce cas ce sera la poubelle) et sur lesquels les USA ont déja les deux seuls types d'avions en production?

  4. Une armée qui absorbe à elle seule 40% des dépenses mondiales (beaucoup plus en comptant les vassaux) peut être en situation de rattrapage d'un sous-investissement?! ??? Ah? Sans compter que cette armée n'a aucun ennemi à sa hauteur, se retire de l'Afghanistan (guerre complètement inutile qui aura couté des trillions), comporte de nombreuses gabegies colossales comme le F-35, le tout dans un pays qui devient beaucoup plus indépendant énergétiquement avec le gaz de schiste.

    La politique d'austérité, l'important débat sur la dette au plan national aurait au moins pu espérer voir des coupes dans les dépenses les moins utiles, d'ailleurs l'opinion publique américaine est favorable à une baisse des dépenses militaires.

  5. Info importante: le Sénat a voté de manière normale un budget de compris pour 2014-2015 tout en annulant les coupes automatiques prévues pour le 1er janvier, ce qui fait éloigne la perspective d'un nouveau shutdown. Ce ne s'était pas produit depuis ... bien longtemps. Du coup les dépenses fédérales vont cesser leur baisse.

    A noter que les dépenses militaires qui devaient normalement être coupées (notamment avec le retrait d'Afghanistan) repartent à la hausse: même en temps de forte austérité, en l'absence d'ennemi sérieux pour les Etats-Unis et dans un pays qui représente à lui seul 40% des dépenses mondiales (et dont grande la majorité du restant est le fait d'alliés), le lobbying du Pentagone et des industriels continue à peser lourd.

  6. L'objectif d'Assad est de faire continuer le fonctionnement de son pouvoir corrompu (jusqu'à la moelle) pour se maintenir en poste. Les élites sunnites urbaines sont un allié très important pour Assad, parler de génocide des sunnites n'est vraiment pas sérieux. S'acharner les sunnites ruraux n'est plus non plus son intérêt, cela en fera qu'alimenter l'insurrection et envoyer son régime au fond du gouffre.

     

    Par contre les groupes djihadistes qui vivent de la guerre et de l'anarchie politique ont un intérêt à jeter un maximum d'huile sur le feu pour empêcher toute réconciliation qui remettrait en cause leurs micro-émirats. Cette stratégie a une cohérence historique: AQ en Irak avait la même (campagne d'attentats dont la destructions de lieux chiites).

  7. C'est exactement ça... 100 prototypes avec des contraintes d'utilisation énormes! Et dont la mise à jour ne sera pas un simple update logiciel... Ils commencent bien à livrer des F35c alors qu'ils viendraient juste de faire un nouveau prototype de crosse. Le temps de le valider, s'il marche, et d'adapter tous les "c" sorti, ils ne sont pas prêts d'être opérationnels! Et d'après ce que j'ai compris, on est très loin d'un niveau F1 du rafale. Il est actuellement totalement inutilisable opérationnellement par exemple. Bref, c'est vraiment hallucinant ce programme.

     

    La seule cible du F-35 est le contribuable américain et ce de coté c'est un carton: autant de fric engoulti dans le complexe militaro-industriel qui pèse lourd sur la politique américaine. Rien ne peut justifier ce programme (qui en plus ne fonctionne pas): les US ont dix fois que quoi écraser tout opposant dans les airs et ont déja une avance technologique très confortable. Ca en dit long sur le degré de corruption de la politique américaine par la plus grosse industrie planifiée à la soviétique (avec les mêmes conséquences: des programmes aux ambitions délirantes qui coutent un maximum et ne produisent rien du tout).

  8. Obama lui ne boycottera pas, encore une fois Hollande est plus royaliste que le roi au point de finir isolé...! C'est cohérent avec l'ensemble de sa "politique" étrangère où provoquer la Russie est devenu une habitude, ce qui va encore dégrader un climat déja mauvais. Le prétexte est cette fois les lois russes sur l'homosexualité, alors que le Qatar ou l'Arabie Saoudite (où on n'ose imaginer le sort réservé à un homosexuel) n'ont jamais provoqué l'esquisse d'un pincement de nez. On va probablement perdre des marchés en Russie, comme PSA a perdu le fruit de décénnies d'implantation très réussie en Iran.

    Hollande a réussi l'exploit d'être encore plus néoconservateur et va-en-guerre que Sarkozy, je n'ose imaginer ce qu'il aurait pu faire combiné à un Bush ou un McCain... Je n'ai pas envie de perdre le sommeil.

  9. Vous aurez beau répéter cent fois que ça nous concerne pas. La déstabilisation potentiel de toute la sous régions est un problème qui concerne la france d'un point de vue politique, économique et mème sécuritaire.

     

    Comme déja dit précédemment (relire les pages précédentes), les intérêts économiques de la France en RCA sont nuls, et très faibles dans la sous-région: nos vrais partenaires commerciaux sont le maghreb (qui compte pour 50%), puis des pays non-francophones: AfSud, Nigeria, Angola.

    Ce n'est pas non plus un problème de sécurité, à moins que des centrafricains aient inventé le téléporteur entre temps...

    Quant à l'argument humanitaire, il pourrait justifier tout et n'importe quoi. Aucun pays africain ne satisfait à nos critères humanitaires et on pourrait les invoquer pour attaquer n'importe qui, en s'alliant à n'importe qui d'autre (qui ne vaut pas mieux mais dont les casseroles seront passées sous silence médiatiquement). L'humanitaire est un prétexte, comme les justifications relgieuses de la guerre dans le passé.

     

    Le risque à intervenir continuellement est d'être aussi instrumentalisés par les africains que les USA le sont par Israel, sans que cela soit dans l'intérêt national au contraire. Lobbying, travail d'influence sur les élites, emploi de personnalités françaises au carnet d'adresse bien rempli, bruit dans les médias, voire moblisation de la communauté émigrée, etc. Au final pour une ethnie c'est la diplomatie occidentale qui décide de l'issue des guerres plus que la compétence militaire, et si j'étais à la place d'un chef ethnique le lobbying en occident serait une proportion très importante de mon budget (occulte) de Défense. Tout en entrenant une armée à coté, car on ne peut pas se reposer entièrement sur des puissances étrangères qui peuvent changer d'avis et qu'il faut pouvoir ralentir militarement l'adversaire le temps de récolter les fruits du travail d'influence.

    Ce scénario est nettement plus crédible d'un éventuel intérêt "stratégique" français dont personne n'a pu démontrer l'existence, alors que la nullité des relations économiques entre la France et la sous-région est bien documentée.

     

     

    Choisir un allier locale dans une telle situation c'est soutenir des criminels quel qu'il soit. vu qu'il n'y a rien d'autre.

     

    Ne pas avoir d'allié local, c'est surtout la défaite garantie. On n'a ni les moyens ni les effectifs ni l'intérêt de dépenser d'énormes sommes d'argent pour devenir un acteur local indépendant à 100% (donc le gouvernement de la RCA de fait), ça nécéssiterait de multiplier notre investissement par cent pour controler le pays seuls et d'y rester pendant des années (on ne respecte pas une armée sur le départ qui n'a pas de jeton de négo ni de capacité de rétorsions futures). Même durant la colonisation les pays européens se sont toujours appuyés sur des alliés locaux, sans eux strictement rien n'aurait pu être fait. Quant aux alliés "criminels": on a offert la victoire à l'UCK au Kosovo, armé des islamistes durs en Syrie, appuyé des milices au fonctionnement mafieux et criminel en Lybie, etc. Où est le problème?

     

    C'est pas couteux en argent quelque dizaines de millions d'euros de plus  c'est rien a l'echelle d'un budget comme la France . Il y des depenses beaucoup moin utiles dons personne n'entend jamais parler.

     

    Le Mali coute un demi milliard par an selon Hollande et c'est une sous-estimation. Il faut ajouter l'entretien d'une capacité OPEX importante sans laquelle on pourrait diminuer nos dépenses (hors pensions) à un niveau proche de celles de la bundeswehr (hors pensions), le maintien de bases lointaines plus les dommages humaines invisibles causés par la guerre (problèmes psychologiques). Au total on est très loin de la dizaine de millions, j'ai plutôt quelque chose de l'ordre de la dizaine de milliards par en tête.

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  10. Ce sont les politiques qui décident de la mission et des moyens, pas le CEMA qui n'est qu'un exécutant apportant une expertise technique. Le politique a décidé que ce serait de l'interposition en attendant que les problèmes locaux se résolvent d'eux mêmes (ce qui ne se produit jamais), a refusé de faire des choix (à commencer par celui d'un allié), donc le résultat sera l'humiliation. Peu importe les moyens et la tactique dont ce fil discute longement mais loupe ce qui est de loin le plus important à savoir la stratégie politique. Sans même avoir à rentrer dans des considérations tactiques ou techniques, on sait déja que (sauf changement de la part du politique) le résultat de cette intervention sera lamentable.

    Le pire est que ce conflit ne concerne en rien la France, ne lui rapporte strictement rien, tout en étant couteux en argent et en image.

  11. Pourquoi? Tu crois que les politiques en France (et partout ailleurs en fait) ne font pas exactement la même chose?

     

    J'ai bien précisé "hors gerrymandering partisan". Je ne connais pas d'autre pays où il y'a une politique d'"affirmative gerrymandering" menée au grand jour et disposant d'une relative légitimité, a contrario du "gerrymandering partisan" qui est par nature masqué et profondément illégitime, même si il peut aboutir au mêmes résultats (par "packing and cracking").

  12. En dehors du tripatouillage électoral partisan ou bipartisan, les tracés sont faits pour concentrer chaque communauté (hispaniques, noirs, etc.) dans les mêmes districts ce qui vu par certains comme une manière de leur donner des postes de parlementaires garantis (mais cela se fait au prix d'un poids limité au congrès et d'une asbence de compétition sur le parti vainqueur dans ces districts). Très américain comme raisonnement...

  13. La France n'apportera pas plus la démocratie en RCA qu'en Libye ou que les américains en Irak. C'est très au délà de la capacité d'une armée étrangère ou d'un occupant. Les chefs locaux et les divisions ethniques et religieuses continueront de définir la vie du pays, comme pendant ... les derniers siècles.

     

    Tout ce que ce type d'OPEX apporte au mieux, c'est une rustine douteuse ne réglera strictement rien du tout et nécéssitera de tout recommencer dans 5 ou 10 ans, le tout à grand frais car les OPEX et une armée expéditionnaire content très cher, et sans jamais rien rapporter au pays. Au pire, on aggrave la situation comme en Irak ou en Libye en étant un facteur supplémentaire d'instabilité et de conflit.

     

     

    Je pense que le rayonnement de la France a travers le monde vient en partie des idées que nous défendons . Liberté , égalité , fraternité cela ne vous rappelle rien ?

     

    C'est exactement avec les mêmes arguments humanitaires que la gauche française a justifié la colonisation à la fin du XIXème siècle.

    Ce type d'argument ne pèse rien en intention de vote, ce n'est pas ça qui motive pour de vrai le politique qui a déja de très fortes contraintes à trancher pour rester au pouvoir.

  14. La réalité est que tout le monde commerce avec tout le monde, il n'y a pas de marché réservé car il faut diversifier les fournisseurs et les clients (sinon cela s'appelle être tenu par les burnes). Vu le marché local centrafricain microbien et dont la France n'a qu'une fraction, les côuts de l'intervention sont bien déja supérieurs au gain escompté (uranium compris)...

    En fait intervenir peut être pire économiquement car ça fait des ressortissants et entreprises françaises des cibles (c'est aussi pour ça qu'on les protège en premier). Rappelez vous la Cote d'Ivoire en 2004 où nos expatriés ont payé pour l'intervention, ou l'attaque sur le site du Niger. Du point de vue économique, nos interventions africaines ont un intérêt nul voire négatif, d'autant plus qu'elles ne se passent jamais chez nos premiers partenaires commerciaux africains mais toujours dans des régions marginales.

    Seule la focalisation plus ou moins complotiste sur certaines matières met ces sujets obscurs (et sans grand intérêt) en valeur, ou quand sauver une étude préalable sur un potentiel projet représentant  moins de 1% de l'activité du fournisseur national justifie de griller des milliards dans une intervention. Mieux vaut aller acheter ailleurs au cours du marché mondial à ce prix là, et de loin. Sans oublier qu'un partenaire économique ne se réduit pas à des matières premières qui sont elles mêmes éparpillées dans un grand nombre de pays différents (en grande partie des pays stables qui ont pour point commun d'être vastes: USA, Canada, Russie, Khazakstan, Australie, etc.). Il faut sortir de la caricature des matières premières évidemment toujours produites dans des pays pauvres et en guerre (dont idéalement les habitants ont la peau sombre), dans des conditions honteuses, exploités par les méchantes multinationales et les armées occidentales à leurs service il va de soi. Beaucoup d'entreprises spécialisées dans une matière première, peu importe la nationalité, ont des projets partout dans le monde, là dessus combien aboutissent à quelque chose? On peut trouver un "intérêt" à n'importe quel pays, n'importe où (où il existe une matière première), ce qui permet de crier au nécolonialisme n'importe comment.

     

    Sur le Rwanda, on eu un problème précisément car on est intervenus. Les autres pays sont simplement restés à l'écart. Depuis quand on est responsable d'actes commis par des étrangers, chez des étrangers, sans aucun lien avec la France? Pire, pourquoi devrait on taxer le contribuable français, visiblement coupable d'office de tous les malheurs du monde, pour ça?

     

    On est le seul pays à encore intervenir dans ses ex-colonies: on se demande bien pourquoi. L'autre intervenant extérieur en Afrique étant les américains, mais pour eux ce n'est qu'une sous-partie mineure de leur empire mondial donc c'est nettement plus cohérent.

  15. Au Mali on a pas eu à mener des combats urbains en zone fortement peuplée; Bangui c'est 1.2 millions d'habitants avec la banlieue et des densités de 5 à 10 000 hts km²

     

    On est dans un schéma à la Somalienne en terme de terrain et dans la merde en terme stratégique sachant que choisir ouvertement un camp dans la situation actuelle c'est permettre à ce dernier toutes les exactions possibles et imaginables envers les gens de l'autre ...

     

    Pas simple

     

    Au Mali on aurait pu avoir des combats difficiles à Gao (combattants expérimentés en face plus milices de jeunes), il se trouve que ça n'a pas été le cas. Car on a crée les conditions pour rallier ou faire déserter le maximum de nordistes (qui ne voulaient pas mener une bataille perdue d'avance contre l'armée française), isoler un ennemi bien identifié qui a évacuer le gros des ses forces restantes et rassurer le pouvoir malien ce qui a évité que des milices sudistes dans la panique dégénèrent ou qu'il y'aie une tentative de prendre Bamako via une 5ème colonne (prévue initialement).

    La posture politique et diplomatique a plus compté que le terrain.

     

    En Somalie l'absence de choix clair a aussi été le problème: l'intervention de l'ONU s'est présentée comme étant de l'interposition refusant le terme de guerre et d'ennemi, ce qui n'est jamais convainquant. En plus les actes ont été en contradiction avec le discours car l'ONU n'a combattu qu'une faction somalienne (sans qu'on sache pourquoi publiquement), ce qui a fait de le l'ONU une partie prenante du conflit qui ne s'assumait pas. Le résultat était inévitable.

  16. Au mali, la France avait imposé un black out assez efficace sur le détail des opérations et la circulation de l'information, j'avais trouvé les journalistes étrangement dociles d'ailleurs.

    Ya fort à parier que le mindef réédite ca sur la centrafique, mais celà risque d'être plus compliqué.

     

    Je ne parle pas d'un flou sur les aspects techniciens tactiques ou opératifs (ça c'est normal), je parle d'un flou politique dans le discours public.

     

    Le discours public vis à vis des camps en présence fait aussi partie du tout de l'intervention et c'est une partie au moins aussi importante que l'aspect purement tacito-technicien, cette intervention militaire est un acte politique/diplomatique et ne consiste pas à aligner simplement X hommes et Y matos (aspect technicien sur lesquel les geeks focalisent toute leur attention ce qui leur fait rater l'essentiel).

     

    En ayant un discours public qui laisse toutes les incertitudes ouvertes sur l'avenir et ne tranche rien du tout, tout en ayant crée les conditions de l'instabilité, on peut être sur que personne va désarmer (le désarmement est impossible sans un minimum de coopération des "désarmés"), qu'il n'y aura ni ralliement ni reddition massive, on se prive de l'appui précieux de la population locale qui risque de ne pas comprendre l'attitude de l'armée française (notamment le repli surprise de hier qui a laissé les sélékas se venger sur ceux qu'on devait protéger, idéal pour casser la confiance), on a augmenté le cycle de la violence et on fait du président de la RCA un homme prêt à tout (son camp est en colère et son poste ne tient qu'à un fil).

    En somme on s'est crée les conditions pour rendre l'intervention nettement plus compliquée qu'elle n'aurait dû l'être.

     

    Et non, malgré le black out tactique au Mali, le discours public était extrêmement clair: on reprend le nord pour le compte du gouvernement malien, on en chasse les djihadistes (donc a un ennemi bien identifié à qui on déclare la guerre), on laisse la porte ouverte aux ralliements des autres nordistes. La seule erreur à mon avis à été de ne pas demander au gouvernement malien une plus grande autonomie du nord comme condition de l'intervention, ce qui aurait permis de donner quelque chose au MNLA (et autres ralliés) en échange du règlement de la situation à Kidal.

  17. Le flou de la posture française alimente le cycle de la violence:

    - Si on avait choisi le futur camp dirigeant, on aurait enregistré des désertions et des ralliements qui auraient grandement accéléré la conclusion. Le camp victorieux est inconnu donc chacun est incité à poursuivre le combat pour peser plus face à la France. Evidemment chacun a intérêt à garder ses armes pour peser plus, il ne devrait pas être difficile de les cacher dans les quartiers amis.

    - Se mettre en situation d'interposition nous prive de nos moyens de pressions diplomatiques: on ne peut plus négocier notre soutien (en échange d'une limitation la plus forte possible de la violence) et choisir qui récompenser (donc voir arriver les ralliements).

    - Un coup on désarme l'un, un coup on désarme l'autre, un coup on se retire, ça augmente l'insécurité des habitants (qui peuvent se trouver menacés du jour au lendemain par un revirement d'attitude français) donc ça alimente les attaques "préventives" et les représailles/pillages dès qu'ils sont possibles.

    - Le président centrafricain a été grandement affaibli par les critiques de Hollande mais pas débarqué et n'a pas de certitudes sur son avenir, ce qui fait qu'il est dos au mur et potentiellement prêt à tout pour conserver son poste.

     

    Bien sûr plus le flou dure, plus le cycle de la violence devient difficile à stopper. Trop d'erreurs ont été commises dans le moment critique initial pour que la bataille soit facile et très rapide (alors qu'elle aurait normalement dû l'être).

     

    En résumé c'est l'exact opposé du succès malien. Le mandat de l'ONU n'est pas le problème: il ne l'a pas été au Mali (où on a pu l'outrepasser) et les autres pays se fichent de la RCA donc seule la position de la France pèse diplomatiquement.

  18. Le gouvernement se refuse à parler de guerre et d'ennemi (comme si ça allait impacter un micro pourcentage des voix aux élections?), on retombe dans les travers de l'interposition qui n'a jamais fonctionné et à abouti à nos plus grosses pertes au Liban, en Yougoslavie, en Cote d'Ivoire... Et je dis ça sans rapport avec les deux morts d'aujourd'hui, le problème n'est pas le zéro mort mais la posture officielle française qui en refusant de choisir un camp condamne l'intervention à s'éterniser sans issue et nos forces à être attaquées par les deux camps. Le colonel Goya sur son blog en parle régulièrement. Quand les politiques comprendront ils?

  19. Avant de parler d'opérationnel, il faut déja parler de la stratégie générale. Si c'est une mission d'interposition, l'échec est garanti par avance quelque soit l'opérationnel. Comme l'a pointé le colonel Goya, la liste des missions d'interposition se confond avec celle des humiliations.

    Il vaut nettement mieux dire: on est là pour faire la guerre au séléka pour une durée de quelques mois. En échange de quoi on pourra demander des contreparties au camp que l'on soutient pour éviter les représailles. Le discours officiel français semble extrêmement flou: désarmer les milices, mais pour faire quoi ensuite? Chacun n'a il pas intérêt à éviter le désarmement pour préparer le probable second round, et à résister aux forces françaises (en se servant des quartiers amis comme base arrière)? Si il n'y a pas de clarification très rapide de la stratégie française, on va dans le mur. Alors qu'on est dans le moment "doré" initial où les premiers choix ont un énorme impact.

     

    Et non, la démocratie n'est pas du tout la même chose que le "gouvernement" en RCA et dans l'essentiel de l'Afrique subsaharienne, les normes locales de prédation et de corruption du pouvoir sont incomparables.

  20. Ouep, l'efficacité de l'armée sud-africaine s'est effondrée post-appartheid.

     

    J'espère que notre posture en Centrafrique ne sera pas à nouveau de l'interposition qui a systématiquement échoué. Ca nous transformera en ennemis des deux camps et ajoutera à l'incertitude politique donc à l'escalade militaire. Mieux vaut choisir clairement le meilleur allié local possible et le faire accéder au pouvoir en échange de garanties sur la protection des minorités et le désarmement progressif. Dans la plupart de l'Afrique subsaharienne, comme en Europe durant une grande partie de l'antiquité et du moyen-age, le pouvoir est considéré comme un butin à partager entre le camp vainqueur et tout le monde trouve cela normal (les vaincus espérant faire partie des vainqueurs la fois suivante), on ne peut rien y changer... Quant à l'idée de service du pays, elle n'existe tout simplement pas dans les mentalités.

  21. Surtout, la France n'est pas la grande puissance en Afrique, loin de là. L'expression "pré carré stratégique" est fausse, nos intérêts économiques dans l'Afrique subsaharienne sont très faibles (le poids de l'UE dans le commerce français est écrasant et c'est vers là que doivent se tourner tous les regards) et se trouvent principalement dans les pays non francophones (AfSud, Nigeria, Angola). Comme je l'ai déja dit plus haut, l'intérêt économique français en RCA est au niveau du zéro absolu. Par ailleurs les dirigeants africains font jouer au maximum la concurrence entre les partenaires commerciaux sans faire nous de cadeau particulier, à juste titre. On n'a jamais été capables de transformer notre influence militaire en Afrique en quelque chose qui rapporter économiquement, ce que dit d'ailleurs le rapport de Védrine (et pourtant le rapport lui même est bourré d'illusions). Les chinois sont nettement plus habiles que nous de ce coté. Tout ce qui nous reste sont des illusions de grandeur, l'emphase gaulienne qui va avec et des sommets diplomatiques inutiles.

     

    Il est plus que temps de se retirer de ce qui n'est qu'un gouffre pour le contribuable français, comme l'a été la colonisation, et de faire des économies sur le budget miltaire, alors que nous traversons une terrible crise économique et une cure d'austérité drastique qui ne laissent aucune place à une dépense inutile de prestige.

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  22. Je répondais à l’éternelle accusation des cartes pour les conflits africains. Pardon.

     

    Les cartes basées sur des régions administratives coloniales pour former des états indépendants n'ont certainement pas aidé à la stabilité des pays africains, mais ce n'est qu'un facteur parmi d'autres tout aussi graves. Former des états ethniques eut été difficile: un grand nombre de ces états n'auraient pas été viables (trop petits, enclavés, biscornus, en plusieurs morceaux), ça aurait crée de longs conflits sur la délimitation des frontières qui ne pouvait satisfaire tout le monde, il aurait fallu fusionner des pays francophones et anglophones (ainsi que d'autres langues), que les pays colonisateurs s'entendent pour donner l'indépendance en même temps ainsi que sur le découpage (très difficile sachant qu'ils ont des intérêts et des objectifs géopolitiques divergents), créer des Etats "artificiels" de toutes pièces au lieu de s'appuyer sur les structures administratives et les réseaux politiques existants qui ont le temps de se mettre en place avec la période coloniale, repenser entièrement les schémas de développement économiques calqués là dessus.

     

    Pour revenir sur le petit HS gabonais, la rente pétrolière diminue depuis le pic de la fin des années 90. Ca ne manquera pas de poser de gros problèmes politiques à l'avenir, les revenus passés du pétrole n'ayant pas été investis avec un grand souci de rentabilité et de durabilité.

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  23. Le Gabon est un très riche état pétrolier (un des plus riches d'Afrique en PIB/habitant) , il peut se permettre de gaspiller de l'argent et de payer une partie de la population à ne rien faire pour acheter la paix sociale, par exemple avec des emplois fictifs de fonctionnaire. On voit aussi ce type de problèmatique dans certains états pétroliers du golfe, par exemple l'armée régulière saoudienne. Le Gabon n'est pas comparable avec les autres pays d'Afrique, notamment la RCA très peu insérée dans le commerce international et dans les investissements étrangers.

    Quand on sait à quel point la RCA est inexistante dans les échanges économiques internationaux il est amusant de voir à quel point sont décalées les accusations de "néocolonialisme" (sans jamais pouvoir préciser comment cela fonctionne concrètement) et de "pillage". Nos premiers partenaires commerciaux africains (très loin derrière l'UE) sont les pays du Maghreb, l'Afrique du Sud et le Nigeria, les pays francophones subsahariens sont nettement plus loin et la RCA est parmi les derniers (là on est très proche du zéro absolu). Encore une intervention à fonds perdus pour la France, d'où les tentatives de désengagement français depuis 20 ans (fermeture de bases, réductions d'effectifs, mise en avant autant que possible d'armées africaines et de l'ONU, etc.).

  24. Le but premier est de faire cesser les massacres et je pensent que cet objectif va être rempli, mais derrière?  J'imagine qu'on va pas foutre dehors l'actuel dirigeant, qu'on nous accuse pas d'ingérence, donc on va se regarder en chien de faience pdt 6 mois? C'est quoi le plan, la feuille de route?

     

    Harcèlement de très basse intensité et asymétrique de la part des sélékas qui n'appécient pas notre présence, ainsi que de la part ceux que l'on vient de "sauver" à la minute même où on ne sera plus utiles pour eux (par exemple si on gêne une contre-attaque). Mise en place d'une coalition multi-nationale onusienne, sans valeur militaire comme toujours. Elections sans légitimité qui ne résouderont rien. Prolongation de l'intervention bien au delà de la durée prévue avec des effectifs largement supérieur à ceux prévus, donc qui coutera beaucoup plus cher que prévu (la promesse de Hollande de faire payer l'intervention par d'autres est fantaisiste). On finira peut être par trouver un partenaire local corrompu et douteux mais ayant la solidité minimale pour nous permettre un retrait. Durant toute l'intervention et même après notre retrait l'insécurité restera forte en Centrafrique du fait des bandes armées "au chômage" qui n'ont que le pillage pour vivre et sont impossibles à contenir dans un pays aussi grand et aussi peu densément peuplé.

  25. Sauf que le patron de Goldman Sachs, qui se fait lui l'écho de la communauté financière, a annoncé publiquement la semaine dernière que si l'Angleterre votait par référendum la sortie de l'Europe, il déménagerait à Paris ou Francfort (ce qui veut dire que tous les autres aussi)

     

    Ceci dit, d'autres figues de la City ont déclaré que ce ne serait pas un problème arguant de l'expérience britannique en matière de gestion d'une grande place financière. Je me demande à quel point le patron de GS le pense vraiment et à quel point ce commentaire sert à faire pression sur le gouvernement britannique pour d'autres raisons (en somme un chantage classique à la délocalisation).

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