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Doctrine nucléaire française jusqu'en 1991 : les armes tactiques


aigle
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Un point m'échappe quant à la place des armes nucléaires tactiques dans la doctrine française entre 1972 et 1991. Avec Mitterrand, ces armes doivent permettre à délivrer un "ultime avertissement". Avant Mitterrand c'était moins clair. Disons qu'il s'agissait d'éviter l'alternative effrayante : défaite classique ou suicide nucléaire sans entrer franchement dans la logique de la riposte graduée.

Je note toutefois que le volume d'armes tactiques (120 Plutons qui auraient dus être remplacés par des Hadès, 30 Jaguars A et 30 Mirages IIIE relevés par 75 mirages 2000N dotés de 60 ASMP) était tout de même suffisant pour briser une offensive militaire soviétique en Allemagne centrale - et notamment pour affaiblir considérable sa puissance aérienne soviétique par la destruction de la plupart des bases aériennes du pacte en RDA, Tchécoslovaquie ou Pologne).

Bref pour un simple message d'avertissement, c'était un peu lourd...Sans l'avouer n'étions nous pas d'une certaine façon assez proche de la riposte graduée ? Il semble d'ailleurs que certains dirigeants du PS aient plaidé pour la réduction du format des armes nucléaires tactiques dès 1981.

Merci d'avance à ceux qui pourront éclairer ma lanterne !

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Les plutons de part leur trés faible portée ne permettaient en aucun cas une frappe sur les profondeurs du pacte de varsovie : ils pouvaient à peine frapper hors de nos frontières...........

Certes : la tâches étaient distribuées ainsi : aux Plutons les frappes de proximité (portée minimale : 17 Km - maxi : 120 - le Pluton devait donc être employé à 10 ou 20 Km en arrière du front et pouvait traiter une zone allant du front à 100 Km vers l'Est) donc sur des objectifs logistiques (ponts) ou purement militaires (PC, lieux de rassemblement d'unité ou de stockages divers). A la FATAC le bombardement des bases aériennes en RDA ou en Tchécoslovaquie.

Par ailleurs quel était l'effet d'un Pluton (puissance de 10 ou 25 Kt)? une frappe pouvait elle détruire un régiment de fusillers motorisés par exemple ? ou un régiment d'artillerie sol-sol classique?

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Par ailleurs quel était l'effet d'un Pluton (puissance de 10 ou 25 Kt)? une frappe pouvait elle détruire un régiment de fusillers motorisés par exemple ? ou un régiment d'artillerie sol-sol classique?

Ca dépend de la dispersion du régiment en question

De mémoire, il me semble que la doctrine soviétique visait à disperser les unités en batteries ( artillerie ) ou compagnies ( blindées ou mécanisées ) de manière à assurer leur survie sur le champs de bataille

De toute façon, à partir du moment où l'un des 2 camps emploie du nuke, la survie des forces militaires des 2 camps devient hautement hypothètique

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  • 2 weeks later...

Il est très dur de trouver sur le net des textes datant des années 1960 ou 1970. Néanmoins, je crois avoir trouver des propos des généraux Maurin et Valentin qui précisent deux points.

D'une part avant 1981, il n'est pas question d'"avertissement" mais de "coup d'arrêt". Les armes tactiques ont donc une finalité opérationnelle claire : briser une offensive soviétique de grande ampleur en Allemagne et mettre un terme au conflit en centre-Europe, le pacte ayant le choix entre faire la paix ou passer aux frappes stratégiques (au risque de subir alors des représailles équivalentes). il ne s'agit pas de délivrer un message mais d'agir.

D'autre part, avant 1981 toujours l'emploi des Plutons était effectué au profit de la Ière armée - qui d'ailleurs était conçue pour être engagée en fonction du feu nucléaire tactique. Il était exclu d'envisager d'engager la Ière armée en Allemagne dans un combat purement classique. De la sorte, la France écartait la 1ère étape de la doctrine de la riposte graduée (combat classique non nucléaire) - mais il est vrai que cette 1ère étape avait déjà eu lieu et avait échoué puisque l'OTAN était réduit à faire appel à la France.

En coupant le lien entre les Plutons et la Ière armée dès 1981, Mitterrand disait avoir respecté la volonté du général de Gaulle. C'est probablement inexact puisque le général n'aurait certainement pas admis un engagement français non nucléaire - c'est-à-dire une application de la riposte graduée.

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Je viens de lire (merci Amazon) l'essai du général Valentin (qui fut major général de l'armée de terre de 1968 à 1972, commandant de la ère armée de 1972 à 1974) sur la politique de défense de la France (publié en 1980). Il présente très finement une doctrine qu'il affirme avoir été conçue par le général de Gaulle. En résumé :

- le nucléaire stratégique rend la guerre absurde pour l'URSS qui sait risquer de perdre 50 millions de morts même si elle peut détruire 100% des Français - la priorité est donc placée à ce niveau (surtout la FOSt et le M4)

- il faut envisager néanmoins l'échec de la dissuasion qui peut prendre deux formes :

       - l'URSS peut contourner la dissuasion "par le bas" : par exemple une bataille navale en Atlantique, le blocus du golfe persique, l'extension de son influence au moyen Orient ou en Afrique - on peut y répondre par la marine et par les forces légères d'action extérieure  - ou bien par des attaques de commandos sur le territoire national - réponse par la DOT;

        - l'URSS peut attaquer "par erreur" car elle aura surestimé sa force et sous estimé notre volonté de défense (jusqu'au risque du suicide nucléaire) : dans ce cas, la Ière armée a pour mission de servir de second échelon à l'OTAN et pourra intervenir en Allemagne centrale pour bloquer l'offensive du pacte puis contre-attaquer vers l'Est pour ramener les chars russes à la frontière inter-allemande. Mais eu égard au volume des moyens engagés par le pacte, une victoire classique semble peu réaliste, dès lors seul le Pluton permettra de donner le "coup d'arrêt" qui mettra un terme à la bataille classique en entre Europe. Dès lors, l'URSS se trouve placée devant une alternative : soit accepter son échec et négocier - soit engager l'escalade vers le extrêmes nucléaires.

En conclusion, le général Valentin (7 citations entre 1940 et 1962 !!!) rappelle que De Gaulle refusait le syndrome de la ligne Maginot : une doctrine rigide appuyée sur un plan stratégique unique supposant une seule façon d'agir pour l'ennemi. Au contraire, la pluralité des armes et des structures doit permettre de faire face à toute hypothèse.

Il s'oppose frontalement à la doctrine du "coup de semonce" qui deviendra l'"ultime avertissement"...imposé par Mitterrand en 1981 et qui retire les Plutons à la Ière armée pour établir un lien étroit avec le pouvoir civil. Il présente cela comme un "retour à l'orthodoxie gaulliste" dont Pompidou et Giscard se seraient éloignés. Si l'on suit Valentin, c'est faux - il faut plutôt y voir une proximité facile avec les thèses de Gallois et sa théorie du sanctuaire qui seul est défendu par l'arme nucléaire.

Le fait est cependant que le couple 2000N/ASMP (conçu sous Giscard)  reste par son nombre et sa puissance inscrit dans la logique du coup d'arrêt (qui aurait alors revêtu la forme d'une frappe sur les arrières du pacte : en RDA, en Pologne...) ayant une efficacité militaire certaine plus que dans celle de l'avertissement quasi-diplomatique ...

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Je continue à me répondre à moi-même !

Je viens de lire les mémoires de Pierre Messmer qui a traité du sujet à deux reprises : en 1966 lorsqu'il propose en tant que ministre des armées au général de Gaulle de faire le Pluton pour remplacer les Honest John puis en 1974 lorsqu'il propose en tant que Premier ministre au Président Pompidou une doctrine d'emploi desdits Plutons.

Sa position est claire : l'arme nucléaire tactique participe de la dissuasion en évitant de placer la France devant le tout ou rien (frappe stratégique ou capitulation).Elle permet de faire comprendre à l'URSS qu'une victoire tactique en Allemagne est peu crédible. Elle place la France dans la même situation que les Etats Unis (qui disposent aussi d'armes tactiques sous leur contrôle). Elle renforce la capacité globale de l'alliance, aux côtés d'Américains qui risquent d'avoir peur d'employer l'arme nuclaire tactique de peur de représailles sur le sol américain et d'Allemands qui risquent de vouloir prolonger vainement la bataille classique sur leur sol.

Dès 1960 la Ière armée (qui n'est pas encore constituée - on parle alors de "force de manoeuvre") est organisée pour combattre dans un contexte nucléaire (avec les Honest John jusqu'en 1966 puis avec les Plutons) soit dans une perspective défensive soit contre-offensive.

C'est pourquoi : il faut

- des armes suffisamment nombreuses pour avoir un impact réel sur le champ de bataille

- une décision nationale pour échapper aux tergiversations allemandes ou américaines qui seraient de nature à laisser croire aux Russes qu'une offensive classique en Centre Europe est possible et gagnable

- cette décision devant être prise (avec délais très courts) par le commandement militaire au vu du contexte tactique et des directives présidentielles

Mesmer condamne le revirement doctrinal de Mitterrand (l'ultime avertissement sur décision du Président sans véritable souci d'efficacité militaire) et compare les armes devenues "préstratégiques" et échappant à la Ière armée à un oursin dans les mains du Président. En effet, selon Mesmer toujours, l'idée que la Ière armée puisse combattre sans que l'arme tactique soit employée en même temps peut créer l'idée que la bataille terrestre classique peut avoir lieu (vice profond de la doctrine Macnamara).

Il précise galement que Si le gnéral gallois avait beaucoup impressionné le général par la force et la cohérence de ses idées, il n'était pas l'inspirateur réel de la doctrine du général de Gaulle qui était fondamentalement pragmatique et voulait disposer des moyens de faire face à de situations diverses et imprévisibles.

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