Aller au contenu
AIR-DEFENSE.NET

Comparaison entre Golymin et Eckmühl.


Suchet
 Share

Messages recommandés

Où l’on voit qu’en angle droit on peut combattre…

Ce texte a été rédigé par Frédéric Fédor.

Aux aigles blessés…

Amis de l’histoire, des batailles de 1806 comme de 1809, des raz-de-marée attendus pour le 26 décembre, de Joachim et de Dimitri, de deux manœuvres presque semblables, des chevaux de Lasalle immobiles, de Davout à qui on demande toujours de faire le boulot, bonsoir.

26 décembre 1806, l’armée française a manœuvré les jours précédents, franchi des rivières, combattu le jour de Noël. Le temps est exécrable, la Pologne et la Prusse orientale de cette époque, c’est de la boue dans beaucoup de neige et inversement…Lorsqu’il ne neige pas on ne fait que s’enfoncer qu’aux genoux…Golytsin attend Sacken qui s’est fait saqué les jours précédents…on va souffler en combattant !

Eckmühl 1809, Napoléon est arrivé en retard pour la campagne, il a recadré son armée et veut taper vers le nord-est les troupes de l’Archiduc Charles afin de le couper de la route de Vienne, de le rabattre sur Ratisbonne. Ces deux batailles ont en commun l’arrivée en lice progressive des troupes, davantage pour Golymin, moins pour Eckmühl, le relatif échec stratégique de Golymin vient de là.

A Golymin comme à Eckmühl, des forces françaises sont chargées d’attaquer les bois qui font le sud de la position adverse…Effort stérile, manœuvre vaine, les combats sont ténus, ils durent. Dans les deux batailles la manœuvre salutaire vient de la gauche française et du centre. A Eckmühl on charge dans le village plein centre, repoussant les grenz ; à Golymin, on envoie plein centre avec Desjardins sur Ruskow, au nord Augereau avec Durosnel et Heudelet tiennent devant Galitzin et Tcherbatow.

Stratégiquement le contexte est le même, le coalisé est en plein repli face à un Français qui manœuvre autour de lui… Là diffère les deux attaques, car pour Golymin c’est la cavalerie de Murat qui surgit en premier et n’aura que peu de rôle dans la fin de la bataille, par contre à Eckmühl la cavalerie lourde et légère allemande du côté napoléonien parachève la victoire dans une lutte à la tombée du jour sur des cuirassiers par exemple sans cuirasse dorsale. A Eckmühl, le rapport est du simple au double entre les autrichiens et les français, à Golymin aussi. La défense est aux coalisés, mais si la victoire est grandiose à Eckmühl elle est incomplète à Golymin.

Stratégiquement, Charles croit pouvoir gagner à Eckmühl car il croit les français en cours de réunion et minimise leurs forces totales (voir ouvrage de Molières à ce sujet), à Golymin c’est contraint et forcé et épuisé par un harcèlement de plusieurs jours que Golytsin accepte la bataille.

Murat qui arrive avec les bleus de Klein, les gros talons noirs de Milhaud et les verts de Lasalle par le sud est bloqué par les forêts qui ne se prêtent pas à l’attaque ; à l’intérieur les russes tiraillent, cela suffira. On demande à 15 heures 30 à Morand (3ème corps de Davout) d’attaquer sur le centre russe, Desjardins passe à la gauche de la route de Pultusk, Morand par la droite. Y a-t-il concertation, en tous cas, les français de Rapp et de Morand sont repoussés ; un piège a été placé là par les russes sur une chaussée encadrée de marais…Ce n’est pas le tir au pigeon, c’est ball-trap chez Rapp ! Le terrain a avantagé le russe qui dissimula ainsi ses faiblesses d’effectifs, Murat dira qu’il pensait en affronter 50 000 ! Ils étaient moins de 20 000 ! C’est une sorte de vague française qui vient se briser sur la résistance russe ; Murat abandonne la poursuite, un peu comme plus tard au Heilsberg ! La manœuvre stratégique de Golymin échoue en partie, Bennigsen peut se replier sur le nord, très au nord…Le phénomène d’aspiration que voulait produire Napoléon sur le cours haut de la Vistule, par le vide sur le Narew, et la manœuvre enveloppante plein-est de ses masses n’a pas donné à l’empereur des Français l’effet escompté, il part pour une campagne longue…

En ce qui concerne Eckmühl, en apparence c’est différent : la masse de rupture stratégique de Napoléon 1er entre en jeu sur Eckmühl ; la forte cavalerie donne une large victoire, cependant les autrichiens remontent sur le cours supérieur du Danube, au nord de Ratisbonne, se replie peu à peu vers les lignes de Passau, voire plus loin…Charles qui a eu l’avantage sur Berthier en début de campagne, s’est lui même enfourné dans le piège des multiples barrières topographiques, affluents du Danube, descendant des Alpes allemandes, difficiles et lentes à franchir à l’aller, comme au retour. La surprise comme pour Ulm ne joua pas du côté autrichien, mais du côté français. La route à prendre, était celle venant de Bohême, plus rapide, avec moins d’obstacle. L’autrichien pouvait ainsi se prémunir d’une marche parallèle de Napoléon sur Vienne, en le bloquant avec un corps sur une rivière affluent du Danube, en deçà ou au delà de Munich…

Les deux manœuvres tombèrent à plat : il fallut Eylau, le Heilsberg, Friedland et six longs mois pour terminer la campagne de Pologne, il fallut trois mois en passant par le sac de Ratisbonne et son incendie, la prise de Vienne incendiée comme des turcs vainqueurs, le revers lourd d’Essling et la grande victoire de Wagram pour que tout le monde finissent par faire la paix !

Dans les deux cas, une aile est bloquée, dans les deux cas l’autre aile progresse peu mais englobe en angle droit l’adversaire entouré, dans les deux cas il y a une attaque centrale. Réussie à Eckmühl, avortée à Golymin, et Lasalle de punir par l’immobilité dans l’immobilisme la peur de ces chasseurs à cheval sous le vent du boulet ! Les pertes totales à Golymin sont de plus de 2 000 morts et blessés, les pertes sont atténuées par le fait que l’on tiraille dans les bois, par contre à Eckmühl elles sont plus élevées, la charge crépusculaire et le combat de 4 000 cavaliers lourds ajoutant au pathétique de la poursuite…

Ces deux manœuvres sont des échecs, preuve en est, les camps créés pour la circonstance : Ostrolenka, Osterode, j’en passe pour la campagne de Pologne ; l’île Lobau, Napoléon paradoxalement sur une échelle comme une grenouille par gros temps pour la troisième marche sur Vienne…

A la guerre, lorsqu’on n’a pas d’autre choix, on se rencontre pour commettre une bataille…On perd parfois l’esprit et vingt grammes !

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Restaurer la mise en forme

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

 Share

  • Statistiques des membres

    5 965
    Total des membres
    1 749
    Maximum en ligne
    Aure-Asia
    Membre le plus récent
    Aure-Asia
    Inscription
  • Statistiques des forums

    21,5k
    Total des sujets
    1,7m
    Total des messages
  • Statistiques des blogs

    4
    Total des blogs
    3
    Total des billets
×
×
  • Créer...