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Histoire de l'armée française face à la droite et gauche française


Rochambeau
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Idée proposé par Akhilleus lors d'une discussion sur le PA2.

Bien sur, nous parlerons içi seulement de la période qui concerne après la chute du seconde empire et à la fin de la présidence de François Mitterand.

Comme par hasard, j'ai rien trouvé là dessus sur internet sauf sur l'histoire des parti ... :P

Gauche et droite en politique :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gauche_et_droite_en_politique

Articulation du clivage 

Par la nature relative de cet axe créé par l'évolution des sociétés et donc des regards portés sur celles-ci, sa signification change au cours du temps. L'electorat démocratique lui même peut choisir de rééquilibrer par une alternance

Le thème du retour à la terre cher à Philippe Pétain (donc de droite) a été quelque temps l’une des composantes du mouvement écologiste (surtout dans les années 1970).

La colonisation a été, vers 1870, prônée par une partie de la gauche (Victor Hugo, ou du centre Jules Ferry contre le radical Clémenceau puis contre Jaures…) au nom du devoir d’aide aux populations, et combattue par une partie de la droite (en particulier Adolphe Thiers) au nom du détournement de capitaux dont la métropole avait besoin pour se développer. En 1960, les positions s’étaient inversées.

Plus fondamentalement

En dépit de l'ouvrage classique de René Rémond, Les Droites en France (1954), le concept reste à géométrie très variable au cours du temps. Depuis les années 1980, gauche et droite semblent se définir en France par consensus sur la devise nationale : la droite mettrait l’accent sur la liberté à qui elle donne priorité sur l’égalité, et la gauche donnerait priorité à l'égalité sur la liberté. Ce positionnement présente au moins le mérite de rappeler que ce qui unit ces mouvements est bien plus grand que ce qui les sépare. Il ne s’agit pas contrairement à la vision de Sartre dans les années 1950 d’un combat du bien contre le mal, mais bien selon l’expression de Norman Spinrad d’une opposition dans le cadre démocratique entre deux visions différentes et partiellement incompatibles du bien.

Rappelons d’ailleurs qu’en 1914 la notion d’impôt sur le revenu était considérée comme de gauche et celle d’impôt sur le capital comme d’extrême-gauche. En 2004, la contestation de ces deux impôts est devenue plus que marginale sur le principe, les conflits portant davantage sur les taux à adopter. Deux autres impôts ont été créés depuis (TVA et [[Contribution sociale géquitte à faire ce qu’on nomme en termes de voile du rappel, c'est-à-dire un peu de surenchère. Pour cette raison, aucune maison n’est vraiment propriétaire de son électorat, qui ne se gêne pas d’ailleurs pour le lui faire savoir. néralisée|CSG]]) qui n’étaient réclamés en 1914 ni par la droite, ni par la gauche, puisque la sécurité sociale a été créée en 1945.

Toutefois en dépit de positionnements sur des sujets particuliers qui peuvent être appropriés par un côté ou l'autre, le clivage droite/gauche, est avant tout fondé sur l'opposition conservatisme/progressisme, le conservatisme étant fondé, lui, sur la conservation des hiérarchies économiques et sociales au nom des valeurs "transcendantales" (pour la droite religieuse, l'ordre divin moral et, pour la droite libérale, la loi du marché). Le progressisme a pour but l'égalité sociale et économique des citoyens et leur émancipation des règles traditionnelles, en favorisant la transformation de la société par l'évolution des lois adaptées par et pour les citoyens.

C'est ainsi qu'au cours de l'histoire de la France, les libéraux se sont décalés vers la droite. Au moment de la révolution, les libéraux étaient à gauche de l'échiquier et ont participé aux transformations de la société française de l'ancien régime en participant à la rédaction des constitutions et des lois.

Cependant, avec l'évolution de la société, les inégalités n'étaient plus dues à des privilèges de rang, mais à une propriété économique favorisée par le libéralisme économique. Ainsi, au cours du XIXe siècle, la défense du libéralisme économique s'est-elle rapprochée de la défense des inégalités en faveur d'un patronat capitaliste triomphant au nom de la loi du marché et des libertés économiques.

Dans le même mouvement, la gauche s'est transformée en mouvement d'opposition au libéralisme économique et à la loi "transcendantale" du marché, en faisant la promotion de lois régulant l'économie (Théorie Keynésienne) pour favoriser l'égalité économique et sociale.

Dans l'ensemble, on peut noter un basculement des partis de la gauche vers la droite au fur à mesure des conquêtes sociales. Ainsi on peut prendre l'exemple du Parti radical : à l'extrême gauche au début de la troisième République, il passe progressivement au centre-gauche sous la quatrième, pour terminer aujourd'hui à droite (il soutient l'UMP).

Inversement, lors des retours en arrière, on constate un retour vers la gauche des partis qui étaient passés à droite. On peut citer l'exemple des républicains modérés (ou girondins) : classés à droite dans la république ultra-progressiste de 1792-1794, ils passent au centre au moment du directoire (arbitrant le conflit entre jacobins et monarchistes), puis à gauche au moment de la restauration de la monarchie.

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je réagis à un post du duc de Raguse, sur un autre fil, concernant la connaissance que les français avaient des préparatifs militaires allemands et le fait que la loi des 3 ans était adaptée par rapport aux réalités militaires de cette époque.

Voici, pour prouver le contraire, des extraits de la plaidoireie de Paul Boncour au moment du procès de l'assassin de Jaurès :

Au sujet de la connaissance les Français avaient des préparatifs militaires allemands, voici des extraits de la plaidoierie de Paul Boncour lors du procès de l'assassin de Jaurès, en 1919 :

Au cours de son Histoire socialiste de la Révolution FrançaiseJaurès rencontra la question de la guerre.[...]

Il suit avec passion la formation et le développement de l'armée révolutionnaire, puis la stratégie que lui imposent son origine et les circonstances. Et déjà se précisent dans son esprit les grandes lignes du système que nous allons voir se préciser, au fur et à mesure que les préoccupations politiques actuelles feront monter dans l'horizon le nuage de la guerre.[...]

Il constate que ce qui caractérise l'instrument de victoire créé par la Révolution, c'est, d'un mot, l'armement des masses.

Parce qu'elle était obligée, du fait des circonstances qu'elle traversait, à un effort intense d'énergie, parce que la crise économique jetait beaucoup d'ouvriers sans travail aux armées, parce qu'enfin la Convention se décida à faire la levée en masses, la Révolution eut entre les mains des effectifs dont n'approchaient pas les armées d'alors. On put ainsi opposer aux petites armées de métier de l'ennemi la nation en armes.[...]

Du fait qu'on avait en face de soi des armées de métier, bien exercées, jadis glorieuses, mmais fixées dans de vieilles méthodes, répétant, sans es renouveler, les leçons de Frédéric II, alors qu'on disposait de grandes masses animées d'une vie ardente, Carnot, dans ses instructions aux généraux et aux commissaires aux armées, dans ces lettes, dans ces plans de bataille, conçut cette idée essentielle de victoire qui deviendra le principe même de l'art de la guerre : frapper des coups décisifs, chercher toujours l'écrasement de l'adversaire, et, pour cela, s'arranger pour être le plus nombreux au point choisi pour la décision.

Et les coups de génie de Napoléon lui-même... ne furent possibles que parce qu'il coordonna, amplifia et conduisit à la manœuvre, sur tous les champs de bataille de l'Europe, l'admirable instrument de guerre, forgé en plein orage, dans l’improvisation, par la Montagne.

Puis Jaurès vérifie qu’à toute époque de l’histoire, ceux-là furent vainqueurs, qui surent recueillir les leçons que nous leur avions données, et recourir à l’armement des masses. Ce qui fait le succès de la Prusse dans la campagne de 1813, c’est qu’obligée, après Iéna, d’avoir une armée permanente réduite à 40000 hommes, elle trouve le moyen de créer une réserve, de créer un landsturn, de recourir en somme à la nation armée et de rompre avec la tradition des armées de métier. En 1866 et 1870, les armées allemandes gagnent Sadowa et Sedan avec des armées composées en grande partie de réservistes.[…]

Et Jaurès se convainc que l’Allemagne, continuant avec son esprit de méthode, d’exploiter contre nous, les leçons que nos victoires lui avaient apprises, lancera contre nous, dans la prochaine guerre, des masses dont nous ne soupçonnons pas l’importance, qu’elle lancera contre nous, dans la prochaine guerre, des attaques dont nous ne soupçonnons pas l’envergure, et, par le renouvellement perpétuel des effectifs, une guerre dont nous ne soupçonnons pas la durée.

Notre Etat-Major, lui, part d’un autre point de vue.

Depuis quelques années, il a beaucoup travaillé, il a fait un grand effort de prévision et de labeur, mais par une sorte de réaction contre la tactique défensive que la France avait été obligée d’adopter au lendemain des défaites de 1870-1871, il s’est jeté dans une idée d’offensive à outrance.

Il a été comme ébloui par la fulguration des succès de la tactique napoléonienne, il a négligé les enseignements antérieurs et postérieurs de l’histoire, il a dédaigné de rechercher l’origine révolutionnaire de l’armée napoléonienne elle-même, et comment celle-ci, s’éloignant de ce qui avait fait sa force, fut à son tour battue par des armées nationales.

Enfin, il se fie aux renseignements que laisse filer l’Allemagne, qu’elle laisse apercevoir à ses manœuvres et qu’interprète un service de renseignements, d’ailleurs très insuffisant.

Pour toutes ces raisons, l’Etat-Major croit à une guerre courte.

Il croit à une guerre menée par des effectifs actifs, augmentés seulement de quelques unes des premières classes de la réserve.

Il croit à une décision se produisant dés le début des hostilités et déterminée par quelques grandes batailles.

Dans ces conditions, le devoir qui s’impose est simple : compenser la différence des effectifs actifs en augmentant la durée du service.

La loi des trois ans !

Et dans le système de l’Etat-Major, c’est logique : mauvais Français, ou Français manquant de clairvoyance, celui qui s’y refuse.

Jaurès s’y refuse. Par sa documentation étendue, par l’étude qu’il a faite des différentes guerre, par la pénétration qu’il a des choses de l’Allemagne, de l’esprit de méthode de l’Allemagne, il est persuadé au contraire que ce ne sera pas le schéma de la prochaine guerre : la prochaine guerre sera une guerre des masses, et une guerre longue.

A cette guerre des masses, il veut que nous opposions une offensive des masses; il veut que nous répondions immédiatement par des masses égales, supérieures s’il est possible; que, par conséquent, la nation toute entière soit armée pour sa défense; que l’effort ne se porte pas sur l’armée active mais sur les réserves; il veut que ces réserves, on travaille dés maintenant à les équiper, à les armer, à leur fournir le matériel nécessaire, que, dés le temps de la paix, elles soient organisées dans des formations prévues d’avance, avec leurs cadres, leurs services, leur artillerie, de ma,nière que dés les premiers jours de la mobilisation, on puisse opposer à l’attaque de masse allemande la totalité des réserves françaises.

Donc, guerre des masses. C’est la première caractéristique de sa conception militaire.

Guerre industrielle, ensuite, parce que cette armée de masse suppose évidemment un matériel en rapport. Et Raymond Painlevé et Albert Thomas étaient bien placés pour avoir jugé les insuffisances de notre matériel[…]

Guerre industrielle aussi par l’éducation du personnel et des cadres. C‘est l‘esprit même, dont les leçons de la guerre ont, trop tard, pénétré nos grands chefs[…]

Guerre industrielle enfin, où chacun devait être mobilisé suivant sa compétence : ingénieurs, savants, juristes, spécialistes de toutes sortes.[…]

«Messieurs, disait Jaurès, de tous les témoignages, de tous les documents qui peuvent nous éclairer sur la pensée allemande, il résulte que l’Allemagne ne veut pas seulement procéder à ce qu’on appelle une attaque brusquée, mais qu’elle veut procéder à une attaque de masse. Oui, le mouvement offensif le plus rapide possible… Mais avec des effectifs dont on espère qu‘ils seront supérieurs numériquement aux nôtres. Je dis que cela éclate dans tous les écrits des théoriciens allemands et qu’autant ils répugnent à la grande conception de la nation armée, à la pleine et intégrale utilisation des réserves, autant ils étudient des combinaisons par lesquelles leurs classes de réserve les plus jeunes s’ajouteront dés la première heure à leurs effectifs de caserne pour une tentation d’invasion.

Songez, messieurs, qu’avec le chiffre des contingents annuels, il suffit à l’Allemagne d’ajouter deux de ses classes de réserve les plus jeunes à ses effectifs mobilisés pour qu’elle puisse mettre en ligne contre nous 1400000, 1500000 et 1600000 hommes »[…]

Puis Jaurès nous démontre, en analysant avec pénétration les dernières lois d’armement allemand, le résultat des observations faites à leurs manœuvres, comment l’Allemagne cache, sous ses lois militaires, faites en apparence pour augmenter ses effectifs de caserne, le moyen d’avoir, au jour de la mobilisation, 500000 hommes de réserves de plus.

«Messieurs, si je disais toute ma pensée, je dirais que probablement l’état-major allemand sourit avec une joie profonde de la naïveté par laquelle nous donnons à l’hypothèse d’une bataille brusquée avec un petit nombre d’hommes en place de premier rang, alors que nous paraissons méconnaître la préparation profonde des masses qu’elle mobiliserait dés la première heure.

Ces masses, quel en sera l’emploi ? Quelle sera la stratégie ? Les théoriciens allemands nous répondent avec plus de franchise que les lois du Reichstag : Le général von Bernhardi ne cesse de dire : la masse d’armée rend les opérations manœuvrières plus difficiles, plus pesantes, mais elle ne les interdit pas; elle les oblige seulement à prendre des formes nouvelles; et tandis qu’autrefois, avec des armées plus réduites, c’est la convergence des corps d’armée qu’avaient à organiser les cortèges, maintenant, avec des masses plus fortes, mais sur des espaces plus vastes, ce sera la convergence des grandes armées.»

Et il semble que c’est déjà le mouvement d’enveloppement de la Belgique, qui passe dans cette discussion pathétique de la Chambre.

C’est là le but réel, le danger véritable. L’importance apparente donnée à l’armée active et aux projets d’attaque brusquée par la seule armée active, ne sont là que pour la façade, pour parer à la publicité à laquelle oblige le vote des crédits au Reichstag. Avec une pénétration étonnante, Jaurès pressent que ce sera bien plutôt pour l’organisation des réserves et pour une attaque de masses que seront utilisés ces armements et ces crédits.

Et il conclut :

«Messieurs, s’il en est ainsi, quel est notre devoir ? C’est, contre l’invasion massive, de préparer la résistance massive. Et vous entendez bien qu’il ne suffira pas de jeter rapidement au devant des masses allemandes vos effectifs de caserne; il ne suffirait même pas d’y jeter «J’appelle les armées actives de première ligne».

Si vous ne voulez pas être débordés, si vous ne voulez pas être réduits à ne disposer que d’une armée contre l’Allemagne disposant de deux armées énormes et convergentes, si vous ne voulez pas de cela, ce n’est pas seulement vos effectifs de caserne, ce n’est pas seulement votre armée de première ligne et vos quatre classes les plus jeunes de réserve, c’est la totalité de la force virile de ce paÿs qu’il faut mettre en mouvement.

Voilà le problème, messieurs; et c’est pourquoi depuis des années, suivant avec une attention passionnée le mouvement de pensée et d’organisation qui se produit de l’autre côté de la frontière, voilà pourquoi je ne cesse de dire : c’est la totalité de vos forces combattantes et organisées que vous devez mettre en ligne dés la première heure. Et c’est pour cela que j’ai réagi à l’hypothèse d’une hâtive et imprudente concentration à notre extrême frontière ; c’est pour cela que j’ai dit : «couvrons nos frontières, couvrons-là par des forteresses, couvrons là par la mobilisation de tous les hommes des marches de l’Est, des marches du Nord (des forteresses et des troupes, et les deux!); […]

_ 150000 hommes de plus dans les casernes, dit l’Etat-Major.

_ 1000000 d’hommes de plus sur la ligne de feu au jour de la mobilisation répond Jaurès.

Voilà le débat.

_ Faisons les deux ?

_ Impossible! Ce qui m’inquiète disait Jaurès, dans votre loi, c’est qu’elle absorbe la faculté de servioce de la France au triple point de vue du temps, des hommes et de l’argent, elle détourne précisément de ce que doit être la véritable préoccupation, c’est à dire l’armement des réserves.

Jaurès a raison : il faut choisir.

Jaurès avait choisi.

Charleroi a tranché.

Jaurès avait dit : «Prenez garde! Vous serez attaqué par des masses beaucoup plus considérables que vous ne vous y attendez», et il les chiffrait : 14, 15, 1600000 hommes.

Au jour de Charleroi, ce ne furent pas les 900000 hommes qu’on nous faisait prévoir dans la discussion de la loi des 3 ans que nous eûmes en face de nous, ce ne furent pas les 22 corps d’armée, 25 tout au plus que prévoyait notre haut commandement; nous eûmes à faire face à 34corps d’armées, et à 1400000 hommes, le chiffre même fixé par Jaurès![…]

Jaur7s avait dit : «Prenez garde! Non seulement vopus subirez cette attaque massive, mais cette masse permettra des mouvements convergents, qui ne seront plus la convergence des corps d’armée, mais la convergence d’armées. Ils auront une amplitude que vous ne soupçonnez pas.»

Et ce ne fût pas seulement la bataille classique dans la trouée de Charme et en Woëvre, ce ne fût pas seulement un mouvement d’enveloppement tournant, écornant le Luxembourg belge, ni même celui qui aurait suivi la rive droite de la Meuse. Ce fût le grand mouvement enveloppant par la rive gauche de la Meuse, et l’invasion de la Belgique[…]

Jaurès avait dit : «Prenez garde! Sous la violence de l’attaque, sous l’irruption de ces masses, vous serez peut-être forcés de plier momentanément. Ne craignez pas de préparer le paÿs à cette éventualité[…] Prenez du champ, ne risquez pas la partie décisive, n’engagez pas la totalité des effectifs avant que l’heure en ait sonné. »

Et, sur mon interrogatoire, Messimy vousa dit cette dépêche du maréchal Joffre au soir de Charleroi; elle honore autant l’honnête homme que le militaire qui l’a signée. Elle indiquait les grandes lignes d’un mouvement de repli, tellement vaste, tellement profond qu’on ne peut s’empêcher de se rappeler que Jaurès, pour l’avoir pressenti, a vu se formuler contre lui une calomnie qui, plus qu’aucune autre, l’a mordu au cœur car elle l’accusait de livrer sans défense à l’ennemi un large morceau de territoire français. Ce mouvement, on le considère à juste titre comme une des plus belles pages de notre histoire militaire.

Et, comme conséquence, Jaurès avait prévu que cette guerre de masse et de durée pourrait déborder de la tactique napoléonienne de deux manières : d’abord par ces masses auprès desquelles les armées de Napoléon paraîtront aussi réduites que dans le temps de la Révolution et de l’empire les armées de Louis XIV ; ensuite parce que les paÿs engageant maintenant dans la guerre toute leur destinée, leur fortune et la fleur de leur jeunesse ne laisseront pas le sort de la guerre se régler en quelques batailles; que peut-être il faudra défendre pied à pied le territoire et qu’alors les coups de butoir de la stratégie napoléonienne n’y suffiront pas et qu’il conviendra d’aller chercher dans l’histoire des méthodes plus prudentes et plus tenaces.

Et lui, socialiste amoureux de l’histoire de France, pour l’édification de ces officiers auxquels il aurait aimé pouvoir s’adresser en pleine sympathie, il allait demander des enseignements à l’histoire des guerres du grand siècle, aux campagnes de Turenne et de Condé. Il relisait la campagne d’Alsace de Turenne, ce beau drame de pensée et de volonté, qui toujours, disait t-il, lui faisait battre le cœur. Il y voyait une stratégie qui, sans dédaigner le mouvement et les coups d’audace, savait cependant s’accrocher au terrain, utiliser les lignes de rivière, faire une guerre de position. Il allait demander à la grande âme de Vauban de quoi s’affermir contre cette espèce de folie de destrucytion qui nous faisait renoncer à nos forteresses, qui, dans les années qui précédèrent la guerre, nous firent dégarnir nos frontières du Nord, déclasser ou abandonner Maubeuge, Hirson, Condé etc, dédaigner cette ligne fortifiée de l’ancienne monarchie, où la France de 1793 avait trouvé son abri, où la France de 1914 n’a pu opposer que les poitrines des territoriaux et des réservistes du général Valabrègue.

Comme l’a dit Messimy : « Jaurès avait prévu avec une précision divinatrice, tout ce qui fait l’essentiel de la guerre moderne».

Source :

http://www.passion-histoire.net/phpBB3/viewtopic.php?f=45&t=11798

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